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Toute la misère du monde

[HRP : Ce RP est la suite directe de ce post suite à mon absence]

Et un cyborg de plus, un !

Je me relève péniblement, la vue trouble, l'entièreté de mon corps tremblotant alors que je commence à réaliser ce qui vient de se passer. Je passe ma main sur mon menton endolori, qui est froid comme de la pierre, et me le remets sommairement en place. Putain, il n’y est pas allé de main morte, l’enfoiré… J’ai de la chance de ne pas avoir complètement été mis K.O. par le coup, au vu de la torsion de ma tête. Ce n’est pas vraiment mon genre de me faire avoir par surprise comme ça, surtout de la part d’un colosse comme lui qui ne passe clairement pas inaperçu… D’autant plus que le Commandant Baal nous avait prévenu…

Je me frotte les yeux, pour essayer de m’habituer à la pénombre. Où suis-je ? La baffe surpuissante du cyborg m’a fait voler sur plusieurs dizaines de mètres, traversant au passage plusieurs murs voire peut-être même un étage. Les tirs de mon allié et de ce nouvel adversaire retentissent au loin, étouffés par mes oreilles engourdies et la distance. Les murs se teintent de faibles lueurs au gré des flashs multicolores des attaques de mon collègue et de notre ennemi. Il y a de la glace, des flammes, des lasers, des cyborgs. Je me pince. Aïe. Non. Je ne rêve pourtant pas. Comment en est-on arrivé à une telle scène de chaos ? J’ai entendu dire que la brigade scientifique avait été capable de rétroingéniérer les capacités de certains pouvoirs démoniaques pour en faire des implants étonnants, mais là, je m’avoue scotché… Et quelque peu révolté que ces chefs d'œuvres technologiques puissent tomber aux mains de criminels.

Je me relève complètement, et baisse les yeux sur mon uniforme lacéré, plein de sang de scorpion, et désormais enduit d’une bouillie dégoutante dont j’ignore la provenance ou la composition. Forcément, il fallait que la vieille dame nous guide jusque dans des égouts ! Et même si ma tenue était déjà fichue, mes vieilles habitudes ont la vie dure : impossible d’être clairement concentré dans ce genre de situation alors que chaque fibre de mon être était aux aguets pour que je ne me frotte pas à un truc dégoûtant qui traînait… Et tout ça pour rien. Encore sonné, je passe la main dans mes cheveux et…

EURGH. QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE TRUC TOUT COLLANT !!??

Comme un second souffle, mon sang fait le tour complet de mon corps en une fraction de seconde, bouillonnant avec une ardeur sans pareille, me donnant l’impulsion nécessaire pour reprendre complètement mes esprits. Il semblerait que j’ai atterri dans une sorte de débarras, éclairé par la seule lumière provenant d’un trou en forme d’Alex Raines dans le plafond. Je fais craquer ma nuque et fais des petits moulinets avec mon épaule histoire de tout remettre en place. Je lève les yeux vers le passage qui m’a fait entrer dans la pièce. Le Lieutenant-colonel Macallan et le Commandant Baal sont au front avec Tif Argilo et ses hommes, et il faut que j’aille les rejoindre… Mais je vais passer par la porte. Mon corps commence à sérieusement accuser le coup de tous ceux que je reçois depuis toute à l’heure…

Et aurait bien besoin de quelques instants de répit.
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J’entrouvre la porte et fais un contrôle rapide des environs. Personne à l’horizon dans ce qui semble être un long couloir mal éclairé, et dans lequel j’avance avec précaution… Jusqu’à tomber sur une porte derrière laquelle j’entends de l’agitation. J’ouvre cette dernière et déboule en trombe.

Je suis le Lieutenant-colonel Raines, vous êtes en état d’arr…

Je ne termine pas ma phrase. Je m'attends à tomber sur des hommes de Tif Argilo, ou au moins des Zauniens hostiles… En revanche, je ne m’attends pas à être confronté à toute la misère du monde. Ou du moins, toute celle de Zaun. Des lampes en mauvais état clignotent et éclairent péniblement une pièce qui sent la douleur et la souffrance. La scène est navrante. Il y a du sang sur les murs. Des brancards entassés ça et là. Des corps léthargiques sont entassés au-dessus et au sol. J’ai reçu ma formation médicale dans des hôpitaux militaires. Lors de mon internat, durant mon entrainement au B.A.N, j’ai servi dans des zones de conflit où la marine d’élite était déployée… Et ce n’était pas joli à voir. Pourtant, je n’ai jamais ressenti cette sensation de bile qui me remonte jusqu’à l’entrée de la gorge. Les pauvres hères qui sont soignés dans ce qui semble de toute évidence être une clinique de fortune ne sont pas des blessés comme j’en ai déjà vu. Ce ne sont pas des soldats, bien que leurs blessures viennent également de combats. Mais ce sont des gens qui vivent dans la misère. Leurs corps sont abîmés par des travaux durs et ingrats, usés par la pollution de cette horrible ville, malnutris et débiles. Ouverts par des coups de surins, entaillés par des tessons de verre. Leurs plaies sont sanguinolentes, et pour ceux qui semblent être là depuis longtemps, parfois purulentes, mal cicatrisées ou gangrenées. C’est un hôpital de fortune. C’est le repaire de Tif Argilo ? J’ai du mal à y croire. Dans tous les cas, il n’y a pas l’air d’y avoir d'hommes équipés de prothèses.

Un homme dont la blouse blanche est tachée de sang et les poches débordent de médicaments et de seringues dont je questionne fortement la stérilité, se précipite sur moi et me toise de ses petits yeux perdus dans ses grands cernes noirs. Il ne semble même pas s’être rendu compte ni du bruit ni du fait que j’ai commencé à me présenter. Comme aucune des autres âmes présentes dans la pièce.

Ola… Vous n'êtes pas d'ici vous... Vous avez l’air d’être en sale état. Vous allez bien ? Où êtes-vous blessé ? Il commence, inquiet, en me balayant du regard.
Hein ? Je… Pardon ? Je baisse les yeux, et parcours mon uniforme du regard. Il est complètement en lambeaux, plein de sang de scorpion et d’une boue particulièrement visqueuse et odorante… D’ailleurs, l'emblème de la marine qui y est brodé en est devenu complètement illisible. Il s’agit sans doute d’ailleurs de la raison pour laquelle aucun des Zauniens présents ne m’a encore fusillé du regard. Je me justifie en secouant la tête. Oh, non, ne vous en faites pas, j’ai pris quelques coups mais tout va bien. D’ailleurs, tout ça n’est même pas mon sang. Surtout le truc tout bleu là.
Attendez… C’était quand même pas vous ce grand bruit de fracas ? Il lance un regard par-dessus mon épaule que je suis encore en train de masser, puis repose ses yeux sur moi.
Oui, mais ne vous en faites pas, j’ai la tête dure.
Alors, allez vous mettre à l’abri. Ici, les blessés affluent.

J'acquiesce silencieusement et m'apprête à faire demi-tour, avant de me figer. Le Lieutenant-colonel Macallan et le Commandant Baal ont besoin de moi dans la bataille... Mais il y a des gens qui ont besoin de moi, ici aussi. Redorer le nom des Raines, c'est faire une carrière exemplaire dans la Marine. C'est être un modèle de justice et d'intégrité, et de ne pas laisser le mal impuni... Mais c’est aussi tendre la main aux plus démunis, et aider. Je me redresse et bombe le torse.

Je suis le Lieutenant-colonel Raines. Je suis ici pour vous aider. Laissez-moi vous donner un coup de main.

L’assemblée ne réagit pas, mais au moins l’introduction est faite. J’aurais pu ne pas me présenter, faire profil bas pendant que je suis sans-doute encore dans une zone où sévissent les hommes de Tif Argilo… Mais que je sois en plein milieu du territoire ennemi et que mon uniforme soit en lambeaux ne change rien au fait que je suis un fidèle serviteur du Gouvernement Mondial, et que je le proclame fièrement.


Dernière édition par Alex Raines le Jeu 7 Sep 2023 - 7:51, édité 2 fois
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Celui qui semble en charge des lieux pouffe en affichant un sourire en coin, et lâche un ricanement empli de sarcasme.

Ne me faites pas rire… La marine débarque une énième fois en trombe et vient foutre le bordel dans le coin, et vous pensez que vous nous aidez ? Non, vous ne faites que laisser des corps derrière nous. C’est toujours nous qui trinquons. Il souffle en balayant la pièce du regard, fatigué et désemparé.
La marine ne fait qu’appliquer la loi. Les criminels et leurs complices n’ont que ce qu’ils méritent. Je récite machinalement ma doctrine, l’air stoïque et sérieux.
Regardez autour de vous. Ces gens-là ne sont pas des criminels. Ce sont des victimes collatérales de conflits qui ne les concernent pas. A Nar Shadaa, les gens naissent simplement au mauvais endroit.

Je marque une pause. La première fois que je suis venu à Zaun, j’ai pensé que l’île ne méritait qu’un Buster Call. Mais ma dernière venue ici et ma mission au Cimetière d'Épaves m’ont effectivement confronté à des situations… Moralement compliquées. Quand on naît dans la misère et la criminalité, qu’on ne connaît que la guerre et la faim, quel avenir à-t-on ? S’engager dans l’élite et espérer que toute cette violence soit mise au service d’une plus noble cause ? Sans doute. Si j’y étais encore justement, dans l’élite, je ne me poserais pas ce genre de questions.

C’est regrettable que des innocents souffrent. Mais si vous pensez que ces conflits ne vous concernent pas, vous vous fourrez le doigt dans l'œil. Zaun est pourrie jusqu’à la moelle, ses habitants en seront forcément des victimes si on n’agit pas. Je commence en faisant quelques pas dans la pièce, essayant tant bien que mal de rembrailler ma tenue ruinée. C’est d’ailleurs déjà le cas. J’ai été en charge de l’arrestation de Mafalda Kripke, la présidente de la M-Boat. Que pensez-vous d’elle ? Qu’elle rendait service à Zaun en y créant des emplois ? Non, elle contribuait surtout à faire de Zaun la plaque tournante du crime sous-marin. Je continue en relevant mon regard vers celui de mon interlocuteur, avant de finir. Et aujourd’hui, c’est parce que ses crimes se propagent au délà de Zaun que je suis ici pour arrêter Tif Argilo, démanteler son opération et détruire ses infrastructures pour empêcher qu’un autre ne prenne sa place.

A l’annonce de son nom, le médecin sursaute de façon quasi imperceptible… Mais suffisamment pour que je m’en rende compte.

Le nom vous parle ?
Bien sûr qu’il me parle. Ici, tout le monde se connaît et tout se sait. Et difficile de ne pas savoir ce qu’il fait. Il répond en reprenant son calme et son assurance.
Et vous n’avez jamais été mêlé à ses activités ?
C’est un interrogatoire ? Il me répond sèchement. Pas étonnant. Ils n’ont ni leur langue dans leur poche, ni les règles élémentaires de politesse à Nar Shadaa.
Interprétez-le comme vous le voulez… Mais non, ce n’est que du bluff. Si c’était un interrogatoire, j’aurais dû formellement vous le déclarer pour être en règle avec la procédure… Ou risquer que les informations reçues soient rejetées du dossier !
Hmpff. Faites ce que vous voulez. Comme d’habitude en fait, pour vous de la Marine. Il continue avec son air sarcastique et caustique. Je ne suis ni un savant fou, ni un détraqué. Ma seule raison d’être ici c’est de sauver. Peut-être que vous devriez vous en inspirer pour voir comment on aide vraiment les gens…

J’esquisse un sourire contrit : il commence à m’agacer, avec ses insinuations et ses piques acerbes. Je suis quelqu’un de plutôt patient, et je sais que je ne dois pas sortir de mes gonds pour préserver mon image mais… Je m’approche de lui lentement, prêt à lui exprimer le fond de ma pensée.

Mes excuses, je n’aurais pas dû dire ça. Il commence, en frottant ses yeux cerclés de cernes. Et puis… Votre nom ne m’est pas inconnu. Lieutenant-colonel Raines… Votre réputation vous précède, même jusqu’ici. On dit de vous que vous êtes quelqu’un de droit et de bien.

Douce musique à mes oreilles. Voilà ce que j’espère un jour entendre dans la bouche de tout le monde, sur toutes les mers de ce globe. Nos yeux se croisent, et je lis dans son regard que son sentiment est honnête. J’opine sans rien dire.

Dites-moi ce que je peux faire pour aider. Je suis médecin de formation alors n’hésitez pas à me solliciter.
Très bien. Vous pouvez prendre des compresses et du linge propre dans le placard derrière vous et changer leurs pansements.

Je m'exécute sans trop réfléchir, automatiquement. Bien que je ne lui ai pas montré, je ne suis clairement pas au sommet de ma forme et j’accuse difficilement le coup que j’ai reçu dans la mâchoire. Je farfouille néanmoins parmi les étagères, collecte les objets demandés, et commence mon tour de cet hôpital de fortune. Je m’approche d’un des lits. Un homme y est allongé. A première vue, il semble souffrir de multiples traumatismes au bras et aux jambes. J’écarte son gilet pour révéler un torse couvert de contusions.

Ce n’est pas d’un changement de pansements ou de serviettes que cet homme à besoin : il a besoin d’être examiné et opéré. Il a manifestement des côtes cassées, et possiblement une perforation pulmonaire. Je souffle entre mes dents. Cet homme ne survivra pas, s’il reste dans ces conditions. Confronté à cette souffrance, le médecin en moi a clairement repris le dessus sur le soldat.
Vous pensez que je l’ignore ? Je n’ai malheureusement pas le choix. Je n’ai pas de moyens, pas de personnel, pas d’équipement. Pour pallier la douleur, mes seuls analgésiques c’est de leur mettre un coup sur la tête ou leur donner de l’eau sucrée…

Je ne réponds pas, et regarde à nouveau la blessure de ce bien malheureux patient. En silence, je lui change ses pansements, espérant pour lui que j’ai fait une erreur de diagnostic…


Dernière édition par Alex Raines le Jeu 7 Sep 2023 - 7:51, édité 1 fois
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J’ai mal…

SBAFF.

Sa tête tombe lourdement sur l’oreiller, sans qu’il ne puisse dire un autre mot, sous le regard ébahi des autres patients qui sont encore conscients.

Quelqu’un d’autre veut un anti-douleur ?

Tous hochent violemment la tête de droite à gauche.

N-non m-merci… J-juste de l’eau et du s-sucre, s’il vous plaît…

Une vingtaine de minutes se sont écoulées, durant lesquelles j’ai effectué un tour des patients pour les soigner du mieux possible. Le tumulte dehors s’est calmé, ce qui me laisse penser que le Lieutenant-colonel Macallan et le Commandant Baal ont fini leur combat contre l’imposant cyborg et doivent être en train de procéder à l’arrestation de Tif Argilo. De mon côté, mes oreilles ont enfin arrêté de bourdonner. A croire que les propriétés thérapeutiques de l’eau sucrée viennent d’être prouvées…

J’avoue que je ne m’attendais pas à ce qu’un soldat panse aussi bien… Merci du coup de main, c’est du beau boulot. Vous n’usurpez pas votre réputation. Le médecin me félicite alors qu’il passe un rapide coup d'œil derrière moi. J’acquiesce en le remerciant.
Merci… D’ailleurs je ne connais toujours pas le votre, de nom.
Fletcher. Roland Fl… Il commence, avant d’être interrompu par la porte de la salle qui s’ouvre violemment. Deux hurluberlus portant comme leurs camarades que j’avais déjà rencontrés au Cimetière d'Épaves, costumes noirs, lunettes de soleil et prothèses métalliques débarquent alors.

Fletcher ! Faut se bouger et évacuer ! La marine est là et vient de coffrer Argilo ! Le docteur veut qu’on détrui… Il se fige en m’apercevant. Eh ! Vous êtes qu…

Je ne suis plus le Raines médecin, je suis redevenu un soldat impitoyable formé par l’élite. Il n’a pas le temps de finir sa phrase que je me retrouve à son corps-à-corps en une fraction de seconde grâce au Soru, et que je le frappe directement avec ma combinaison à une main fétiche : jab à la gorge avec mes phalanges repliées, suivi d’un Shigan dans la clavicule et complété d’un coup de coude en uppercut au niveau du menton. Exécuté avec une grande rapidité, l'enchaînement réduit au silence mon adversaire, le prive de son bras dominant, et le sonne sérieusement. Son camarade, rapide à réagir, tente de m’envoyer un crochet avec son bras métallique, que j’attrape avant qu’il ne rentre en contact avec mon visage. J’effectue une rapide rotation du poignet puis tire d’un coup sec. Dans un bruit strident de crissement métallique, j’arrache sa prothèse, l’empoigne comme une batte et le gifle littéralement avec sa propre main, l’envoyant instantanément dans les vapes contre le mur du couloir. En un instant, c’est terminé, et les deux corps tombent au sol. Ils n’ont pas encore touché le sol que j’utilise à nouveau le Soru pour me retrouver au contact du dénommé Fletcher. L’attrapant violemment par le col, je le plaque avec force contre le mur près duquel il se tenait. La pierre se craquèle derrière lui alors que je positionne mon avant-bras contre sa gorge.

Putain, vous vous êtes bien fichu de moi. Je commence, furieux. D’habitude je suis un plutôt bon juge de caractère, donc je suis d’autant plus courroucé de m’être trompé à son sujet. Alors comme ça depuis le début vous êtes de mèche avec Tif Argilo ? Donnez-moi une bonne raison de ne pas vous mettre dans le même état que vos patients.

L’atmosphère est tendue. Qu’il choisisse bien ses mots s’il ne veut pas se retrouver sur un brancard…


Dernière édition par Alex Raines le Jeu 7 Sep 2023 - 18:51, édité 3 fois
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Vous pensez que j’ai fait ça par bonté de cœur ? A votre avis, qui paie le matériel qu’on utilise ici ? Vous pensez que le gouvernement Zaunien en a quelque chose à faire des gens, ici ? Non, j’ai dû faire un choix difficile. Accepter de l’argent sale et les conséquences qui allaient avec. J’esquisse une moue de dégoût et appuie un peu plus fort avec mon avant-bras contre son larynx.
Quel est votre rôle dans tout ça ? Vous aidez ce malade à charcuter ceux que vous considérez comme vos patients ? Ceux que vous dites aider ?
La plupart seraient morts à l’heure qu’il est, si je n’avais rien fait. Ou alors ils se seraient d'eux-mêmes offerts à Tif Argilo pour se faire soigner. Ou “augmenter”, selon ses dires.
Augmentés ? Ne me faites pas rire, ces types vivent avec une cartouche de poison dans la tête. Vous avez contribué à en faire des esclaves, voilà tout. Je lui pointe du doigt les deux hommes de main d’Argilo, qui sont inconscients et gisent au sol.
Je n’ai rien fait de tout ça, moi ! Tif Argilo se sert de cet endroit comme annexe de son laboratoire… Il y stocke du matériel, des dossiers… Et de temps en temps, il sélectionne un de mes patients, quand il l’estime prometteur. Pour chaque personne qu’il récupère, j’en sauve une vingtaine. Comme je vous l’ai dit, j’ai dû faire un choix difficile pour sauver le plus grand nombre.

Mon sang ne fait qu’un tour, et je commence à armer mon poing… Puis frappe le mur sans retenue, à quelques centimètres à peine de la tête d’un Fletcher qui a gardé ses yeux grands ouverts. La pierre explose juste à côté de son oreille, laissant une grande trace d’impact dans le mur, et pourtant il n’a pas sourcillé. Soit c’est un manipulateur expert, soit il est réellement convaincu de ce qu’il avance.

Je ne partage pas votre point de vue. Ma vision de la justice est qu’elle doit être totale et absolue. Collaborer avec des criminels c’est cautionner leurs actions. C’est pourquoi nous allons arrêter les agissements de Tif Argilo et l’empêcher de nuire à jamais, pour qu’il ne puisse plus faire la moindre victime.
Je m’en doute bien. Pourquoi croyez-vous que je ne vous ai rien dit ? Ce n’est pas par peur de représailles de votre part ou de la justice, non, j’assume mes décisions. Mais vous avez parlé de détruire les infrastructures de Tif Argilo… Et cela inclurait aussi cet endroit… Les gens d’ici ont besoin de cet hôpital. Ils ont besoin de moi. C’est un risque que je ne peux pas prendre.

Voilà donc la raison de sa détermination. Et il a eu bien raison. Mes rapports sont systématiquement rédigés dans les moindres détails… Et au vu des informations que j’ai désormais sur cet endroit, si je les mentionne, il y a fort à parier que le Commandant d’élite Bathory va ordonner sa destruction.

Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne suis pas dans une situation très confortable. J’ai envie de vous croire. J’ai envie de vous aider. Mais je ne peux pas décemment me parjurer et mentir dans le rapport que je ferai à ma hiérarchie. Je commence, en relâchant mon emprise sur lui. D’un autre côté, si je suis honnête et 100% transparent, mes collègues entendront parler de cet endroit, et de son lien avec Tif Argilo. Et bien qu’ils soient compétents, ils n’ont pas la finesse suffisante pour en comprendre les enjeux. Je marque une pause et le relâche complètement. Alors que ses talons touchent à nouveau le sol, il masse sa gorge endolorie en toussotant. Mais je suis sûr que l’on peut trouver un arrangement, où je n’ai pas besoin de mentir et où cet endroit peut continuer à exister. Mais je vais avoir besoin de votre collaboration totale.

Il acquiesce.

Qu’avez-vous en tête ?
Commencez par me dire la vérité, et toute la vérité, sur vous, et sur cet endroit. Je l’aide à finir de se relever et lui époussete les épaules alors qu’il acquiesce à nouveau.

Je suis né ici. Dans cette misère. Sans volonté de m’intégrer à la machine infernale Zaunienne, de bouffer ou d’être bouffé. Alors je me suis enfui. J’ai embarqué clandestinement sur un bateau, et puis un autre. Et je me suis retrouvé sur l’île de Drum. C’est là que je suis devenu médecin, que j’ai appris tout ce que je sais. Que je suis aussi devenu plus sensible aux problèmes des gens, et que j’ai réalisé qu’il fallait éradiquer la misère et la souffrance, et non pas les fuir. Alors je suis rentré à Zaun… Et au lieu d'officier à Ord Mantell, j’ai voulu aider ici.

Tout en continuant de parler, il me fait signe de le suivre. Nous enjambons alors les corps inconscients des deux mafieux augmentés, et passons la porte pour nous retrouver dans un long couloir.

Malheureusement, dans la santé comme ailleurs, l’argent est le nerf de la guerre. Les infirmiers et les médecins doivent se nourrir. Le matériel médical est coûteux et doit être acheminé jusqu’ici. Et Zaun est clairement la pire nation du globe en termes de politique sociale. Ici, les gens se réjouissent quand les plus faibles et les plus pauvres meurent. Alors je suis vite tombé à court de moyens. Et puis un jour, il y avait cet homme, qui était mourant, et dont toute sa famille avait besoin pour subvenir à leurs besoins. Je savais comment le guérir. Je manquais juste d’argent.
Et c’est à ce moment-là que Tif Argilo vous a contacté ?
Non, il avait déjà tenté à plusieurs reprises de me faire collaborer avec lui, sans succès. Cette fois-ci… Il marque une pause, et soupire. Comme s’il essayait de se contenir. Comme s’il se dégoûtait lui-même. Non, pire... C’est moi qui suis allé vers lui. Il m’a fourni du matériel en échange de “services”. Je me suis juré que ça n’arriverait qu’une fois. Et puis quand ça a été au tour d’un enfant de tomber malade, dans une situation similaire, j’ai recommencé. Et je suis tombé dans une spirale infernale. Jusqu’à ce que je lui sois complètement dépendant et redevable. Jusqu’à ce que je m’enterre dans ma mission, et que je ne pense à plus rien d’autre pour pouvoir me regarder dans une glace.

Pendant qu’il parle, nous marchons dans le couloir jusqu’à atteindre une porte, que Fletcher ouvre. Nous entrons alors.

Jusqu’à ce qu’elles me soient renvoyées en plein dans la figure.

Et il allume la lumière.


Dernière édition par Alex Raines le Jeu 7 Sep 2023 - 7:52, édité 1 fois
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Dans cette pièce, il y a encore des lits et encore des patients. Mais là où les patients que j’ai pansé quelques minutes auparavant étaient des Zauniens tout ce qu’il y a de plus normaux, on ne peut pas dire la même chose deux ceux-là. Tous les patients présents ici sont équipés de prothèses. Ils sont également en meilleur état : bien que certains soient alités, la plupart sont conscients et effectuent ce qui semble être des exercices de rééducation… Tout en étant harnachés de machines sophistiquées.

Qu’est-ce que c’est que ça ?
Voici la “Décharge”, selon Tif Argilo. Commence Fletcher en balayant la pièce du regard, et en saluant les quelques infirmiers qui s’occupent de leurs patients. C’est ici que finissent les “rebuts”. Ceux qui s’adaptent mal aux prothèses, qui n’atteignent pas les résultats ou qui tout simplement servent d’essai pour les prototypes.

J’ai un haut le cœur si prononcé que je peux presque sentir la bile du bout des lèvres. Tif Argilo traite les êtres humains comme s’ils n’étaient que de vulgaires objets. Quelle honte pour notre profession. Alors que je parcours la salle des yeux, plusieurs individus me retournent un regard mort, dénué d’espoir. Pour quelqu’un comme moi qui cherche justement à incarner ce sentiment sur les mers en ces temps troublés, c’est d’autant plus dur à encaisser. Mon regard s’arrête alors sur un individu alité, à la vue de la teinte plutôt mate de sa peau. Je m’en approche et, sortant de la poche intérieure de ma veste une photo froissée et rongée par les affrontements et l’air marin, ne tarde pas à le reconnaître. Adel Al-Jawhara. Ou du moins, ce qu’il en reste. Le jeune noble n’est plus que l’ombre de lui-même. En m’approchant, je constate que ses bras et jambes ont été amputés sous les coudes et les genoux, et remplacés par des prothèses. Il a également l’air d’avoir des plaques et des appareils en métal tout le long du torse. Le pire, c’est que son organisme semble rejeter les greffes : sa peau est boursouflée et rouge, et les nombreux bandages qui couvrent la totalité de son corps sont imbibés d’une quantité de sang qu’aucun homme ne devrait perdre et être encore vivant.

Celui-là est très amoché. On a dû le plonger dans un coma artificiel. Vous le connaissez ? Fletcher souffle à côté de moi.
Je suis à sa recherche depuis plusieurs semaines. Je vais devoir appeler mes hommes pour qu’il vienne ici et procèdent à son évacuation.
... Vos hommes ?
Dignes de confiance, ne vous en faites pas. Et puis, croyez-moi, vous préférez les avoir eux plutôt que de voir le Cipher Pol débarquer. Je sors mon escargophone de ma poche. Enseigne ?
Lieutenant-colonel ! Heureux d’avoir de vos nouvelles. Le Lieutenant-colonel Macallan s’inquiétait pour vous.
Repos soldat. Pas d'inquiétude. J’ai eu un léger contretemps. Comment ça s’est passé, de votre côté ? Mon regard croise celui de Fletcher.
Le Lieutenant-colonel Macallan et le Commandant d’élite Baal ont appréhendé Tif Argilo, ainsi qu’une bonne partie de ses hommes. Et… Euh… Je crois qu’à l’heure actuelle, le Lieutenant-colonel est en train de… De foutre le feu à tout ce qu’il trouve. On dirait que ça lui fait sacrément plaisir, d’ailleurs. Vous nous rejoignez ? Il suffit de suivre la fumée… Cette fois-ci, c’est Fletcher qui me lance un regard, à la fois inquiet de savoir que je disais la vérité, mais également rassuré qu’il soit tombé sur moi et non pas sur un de mes collègues zélés.
Non, Enseigne. C’est vous qui allez me rejoindre. Je vais envoyer quelqu’un vous chercher. Je sais que c’est peu orthodoxe, mais… Je marque une pause, tant la décision m’arrache le cœur. Mais je sais que c’est pour le mieux. Peut-être que je pourrais être transparent, notamment avec mes collègues. J’arriverais peut-être à raisonner Macallan, et Baal suivrait. Mais je n’ai aucune garantie, surtout sur ce dernier. Alors il vaut mieux jouer la sécurité. Soyez discret. Prenez le minimum d’hommes avec vous. Et pas un mot à Macallan ou Baal.
Roger.
Non, moi c’est Raines. Terminé.

Je raccroche. Fletcher, sans que j’ai besoin de le lui dire, comprend ce que j’attends de lui et ordonne à une de ses aides d’aller chercher mes hommes. Reste à savoir comment extrader Al-Jawhara sans éveiller les soupçons… Mais au pire, je peux compter sur le soutien du Sous-Amiral Niromoto. Après tout, c’est surtout lui qui a la corde au cou, au niveau de cette mission qui ressemble bien plus à une opération des services secrets qu’à une opération militaire… Tant que mon nom ressort de manière positive d’une manière ou d’une autre, je prends.

Bien. Argilo est hors d’état de nuire, et mes hommes sont en route. Au moins, cette histoire est terminée. Je me relâche et souffle un grand coup en disant ces mots.
Hem… Fletcher se racle la gorge. Oh non, ça ne me dit rien qui vaille.
Qu’est-ce qu’il y a ?
Eh bien… Malheureusement, je crois que Tif Argilo n’était qu’un rouage dans une machine bien plus grosse. Je manque de m’étouffer.
Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
Je n’ai pas beaucoup côtoyé Tif Argilo, mais… Je l’ai quelques fois entendu parler à Patrick, son homme de main, d’un certain “Docteur” chez qui il aurait puisé l’inspiration pour ses créations.
Les rapports de la Marine le décrivent comme un boucher pour la pègre, avec en plus cette “excentricité”, cette fascination morbide pour ses prothèses. Vous pensez qu’il partageait cette folie avec d’autres ? Il acquiesce en silence, lentement. Je continue. Vous avez dit que Tif Argilo se servait également de cet endroit comme bureau ? Rassemblez toute la paperasse que vous trouverez, je vais passer tout ça au peigne fin.

Il hoche la tête une fois de plus sans rien dire et s’exécute, quittant la pièce. Je souffle nerveusement en balayant cette dernière du regard. Il semblerait que je sois toujours dans une belle galère.


Dernière édition par Alex Raines le Jeu 7 Sep 2023 - 7:52, édité 1 fois
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Plusieurs minutes plus tard.

Lieutenant-colonel. Mon Enseigne se présente au garde-à-vous accompagné de mes hommes, guidés jusqu’à l'hôpital par un des aides de Fletcher.
Enseigne. Avez-vous facilement trouvé ? Êtes-vous sûr de ne pas avoir été suivi ?
Soyez sans crainte, Lieutenant-colonel. Les seules personnes que nous avons rencontré étaient des hommes d’Argilo, et ils ne parleront plus… Je comprends aussitôt.
Même mode opératoire qu’au Cimetière d'Épaves ? Empoisonnement au cyanure dès que vous les avez appréhendés ?
Affirmatif, Lieutenant-colonel.
Alors inutile de s’attarder sur ces pauvres hères. Déployez-vous et sécurisez le périmètre. Il effectue un garde-à-vous rapide et s’exécute aussitôt.

Mes yeux se perdent plusieurs minutes, le long des différentes cicatrices qui parsèment le corps d’Al-Jawhara, égaré dans mes propres pensées. Revenant à moi, et sans quitter le jeune noble plongé dans le coma; je m’adresse aux deux soldats qui sont à côté de moi.

Évacuez-le. Emmenez-le avec le lit et les différents appareils qui y sont branchés, et faites particulièrement attention. Il est dans un état stable mais pourrait se dégrader à tout moment. Et nos ordres sont clairs : sa famille veut le revoir vivant. Je relève la tête et pointe du doigt les différentes machines qui le maintiennent en vie. Les deux hommes hochent la tête et s’affairent à l’évacuer. Je hausse la voix pour que l’ensemble de mes hommes m’entende. L’objectif à l’heure actuelle est juste d’extraire Al-Jawhara ainsi que ceux qui sont dans une condition critique. Ceux qui sont conscients ou dans un état stable restent ici. Tous acquiescent en silence.
Lieutenant-colonel ?
Enseigne ?
Il faut que vous veniez voir ça. Il m’indique du doigt un des lits qui se trouve dans le fond de la pièce, et vers lequel nous nous dirigeons. Une jeune femme aux cheveux aux reflets argentés est assise dessus, adossée contre un coussin plaqué contre le mur. Tout le bas de son visage est dissimulé par un masque prothétique. Ses yeux, qui semblent être également des implants, brillent d’une pâle lueur rosâtre alors que son regard est perdu dans le vide. Comme si son âme n’était plus présente dans son corps. Ses bras ont été intégralement remplacés par des membres artificiels, eux aussi. Après avoir vu Al-Jawhara, un frisson me traverse : quand on compare le “travail” effectué sur l’un et sur l’autre, c’est le jour et la nuit. Je suis époustouflé par la qualité des finitions de ses greffes, par le travail de chirurgie. Je ne crois pas que je serais capable d’un travail aussi propre, dans un contexte où cela pourrait sauver une vie. J’en suis subjugué, presque admiratif, et cette simple pensée me donne un haut le cœur.
Lieutenant-colonel… Regardez ce qu’on a trouvé sur elle. L’Enseigne m’extirpe de mes pensées et me tend une plaque militaire abimée, que je reconnaîtrais entre mille. C’est le genre de plaquettes métalliques que portent les soldats de la Marine, sur lesquelles figurent nom, grade et matricule afin de pouvoir identifier les corps en cas de mort violente. Plus particulièrement, c’est une plaque de l’élite, exactement comme celle que j’avais au B.A.N.

C’est une marine ? La question est rhétorique.
C’est ce qu’il semblerait. La plaque est trop détériorée pour lire quoique ce soit. Les infirmiers ne savent pas qui elle est non plus. D’après leurs dires, elle ne dit rien et est complètement impassible et se contente de s’alimenter au minimum.

Effectivement, elle semble dénuée d’émotions. Dénuée de vie, même. D’une manière générale, tous les hommes de main augmentés que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant ne sont pas particulièrement loquaces… Sans doute parce qu’ils ont une capsule de cyanure dans la tête, prête à être déclenchée à tout moment… Mais ça ne semble pas être son cas, comme pour Al-Jawhara. Ou alors, le dispositif est sacrément mieux dissimulé que sur les autres… Je m’approche d’elle pour m’en assurer, et passe mes doigts dans ses cheveux pour les écarter du côté de son crâne. Elle ne réagit pas du tout. Après une inspection rapide, il semble n’y avoir ni trace d’incision ni de cicatrice, même ancienne. Je ferme ma main sur la plaque et la met dans ma poche, puis je me met face à la jeune femme. Je me saisis ensuite d’une lampe posée sur une table basse et effectue un test de réflexe pupillaire. Quand je saisis son visage, puis ses paupières, elle ne bouge toujours pas d’un iota… Et ce malgré le fait que ses yeux cybernétiques bougent au gré de la lumière et présentent bien une réponse photomotrice. Tif Argilo lui aurait grillé le cerveau en l’opérant ?

Que faisons-nous, Lieutenant-colonel ? On l’amène avec nous ?
S’il s’agit effectivement de l’une des nôtres, alors sa place est avec nous. Je continue de l’observer, sentant que son visage m’est familier. Suis-je biaisé depuis que je sais qu’elle a potentiellement été formée au B.A.N. et que nous avons l’air d’avoir le même âge ? Et puis d’un coup, ça me revient, comme une décharge électrique dans ma mémoire. Le souvenir fugace d’une jeune femme aux cheveux et aux yeux bruns, dont le nom me vient à peine au lèvres.

Zaitsev ?

Et contre toute attente, elle tourne légèrement la tête vers moi, et son regard plonge dans le mien, comme si nous nous étions connecté un bref instant.


Dernière édition par Alex Raines le Jeu 7 Sep 2023 - 7:53, édité 1 fois
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Lieutenant-colonel ?
Enseigne, elle a réagi ! Je m’exclame alors à lui, avant de me retourner vers elle. Vous êtes bien Illiana Zaitsev, n’est-ce pas ? Je suis le Lieutenant-colonel Raines. Elle hoche lentement la tête, l’air un peu hagarde, comme un mannequin brisé. Je précise, en me pointant à nouveau du doigt. Alex Raines. Nous avons fait nos classes ensemble au B.A.N. C’est bien vous ?

Elle hoche à nouveau la tête, puis lève son bras vers moi. Elle ferme sa main mécanique et mime une sorte de pince avec son pouce et son index et la fait trembler… Elle fait mine d’écrire !

Enseigne, allez lui chercher un papier et un stylo.

Mon subordonnée s’exécute, et quelques secondes plus tard lui amène un crayon et un calepin dont elle se saisit. Elle se met alors à griffonner sur le papier, la main tremblante comme une enfant. Peu étonnant. J’imagine qu’un temps d’adaptation est nécessaire, Qui sait comment elle est arrivée dans cette situation ? S’il s’agit bien du soldat Zaitsev, avec qui j’ai été formé, nos chemins se sont séparés lorsque j’ai quitté l’élite pour rejoindre la régulière et nous avons perdu contact. A-t-elle été blessée au combat ? A-t-elle perdu l’usage de ses bras lors d’une mission ? Ou était-elle valide avant de tomber dans les griffes de Tif Argilo ? La vision du corps déchiqueté d’Al-Jawhara me revient alors à l’esprit, et fait bouillir mon sang de rage. Ce ne sont pas des docteurs. Ce sont des bouchers, qui jouent à un jeu sadique, arrachant et jetant des membres humains comme si c’étaient des pièces détachées. Je suis extirpé de mes pensées lorsque Zaitsev me retourne le calepin vers moi et me montre ce qu’elle a écrit.

Un deux-points et une parenthèse ? Qu’est-ce que c’est que ce charabia ? Je me retourne vers mon Enseigne. Enseigne, il semblerait que je me sois fourvoyé, elle délire encore. Elle reprend le calepin et griffonne à nouveau quelques caractères qui n’ont pas plus de sens. Deux-points, apostrophe, parenthèses… Cela n’a pas plus de sens. A moins que vous ne pensiez que ça soit du code ? Un message crypté ?
Non, Lieutenant-colonel… Ce sont des émoticônes.
Pardon ?
Ce sont des manières stylisées d’exprimer des émotions, sur le papier. Regardez, la ça fait un sourire, et la un bonhomme qui pleure. Vous ne vous êtes jamais échangé ce genre de messages, à l’académie ? Ou plus jeune ?
Non, jamais… Quel est l’intérêt éducatif ?
Et bien… Il n’y en a pas. C’est plutôt récréatif.
Quel est l’intérêt de les utiliser à l’académie alors ?
Aucun, c’est juste que… C’est un truc d’enfants.

Je ne saisis pas le concept. Mais je sais aussi que je n’ai pas eu une enfance et une éducation standardes. Dans ma famille, les études étaient prises très au sérieux, et c’est pourquoi j’ai reçu un tutorat avec un professeur privé à domicile. Alors toutes ces espiègleries enfantines… Ce n’est pas vraiment mon rayon.

Et du coup, qu'est-ce que ça veut dire ?
Qu’elle est heureuse, je suppose ? Et un peu triste que vous pensiez qu’elle délire…
C’est bien ça ? Je confirme auprès d’elle, et elle hoche la tête en réponse, toujours impassible.

Je ne réponds pas. Elle a beau exprimer ses émotions par ses dessins, son visage est toujours inexpressif, apathique. C’est possible qu’elle ait subi un puissant traumatisme psychologique qui a entraîné une paralysie faciale sévère…

Bien. Je tourne la tête alors que j’aperçois Fletcher revenir dans la pièce où nous nous trouvons. Je continue à m’adresser à mon Enseigne. Préparez l’évacuation de mademoiselle Zaitsev, d’Al-Jawhara et des autres. Je vous emboîte le pas. Il acquiesce, se met sommairement au garde-à-vous et s’exécute. Je me retourne vers Fletcher, qui porte une grande boîte cartonnée qui semble remplie de documents. Vous avez trouvé quelque chose ?
Malheureusement, oui… C’est comme nous le pressentions. Tif Argilo n’est pas seul. Il a un complice.

Et merde.
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Dites-moi ce que vous avez trouvé.
Vous voulez la mauvaise nouvelle, ou la pire ?
C’est pas censé être une bonne et une mauvaise nouvelle ?
Pas dans ce cas-là… Il souffle, sérieux. Et merde. Je me résigne.
Commencez par la plus mauvaise, alors.
Il semblerait que Tif Argilo n’ait rien inventé. Il s’est juste inspiré de quelqu’un d’autre. Celui qui est à la tête du réseau, qui aurait tout commencé et orchestré.
Vous voulez dire que ce n’était qu’un vulgaire imitateur ?
Un imitateur, un pion, un rouage dans la machine… Formulez ça comme vous le voulez. Toujours est-il qu’il n’était que la partie émergée de l’iceberg.
Ce qui veut dire que le plus dur reste à venir.

Et l’autre nouvelle ?
J’ai trouvé pas mal de documents dans les affaires de Tif Argilo… Mais la quasi-totalité semble cryptée. Il y a sans doute des informations, mais impossible d’en tirer quoique ce soit de concret. Commence Fletcher. Je peste intérieurement… Mais je lui concède à raison qu’effectivement, c’est une meilleure nouvelle que la précédente. Tant qu’il y a des informations, c’est un avantage pour moi. Une petite collaboration avec le Cipher Pol devrait pouvoir s’envisager pour déchiffrer ce que Tif Argilo a laissé comme indices. Il continue. La seule chose qui semble ressortir autour de cette personne-mystère, ce sont les mots “Docteur” et “Drum”.

Docteur ? Drum ? Ce réseau s’étendrait sur Grandline ? Ou du moins serait commandé depuis là-bas ? C’est cohérent. Il y a des incohérences dans le travail de Tif Argilo, ça crève les yeux quand on regarde les opérations réalisées sur Al-Jawhara et Zaitsev. S’il a un supérieur, il n’y a aucun doute que c’est un médecin talentueux et expérimenté… Alors ce n’est pas absurde de penser qu’il pourrait avoir été formé ou exercer dans l’île reine de la médecine dans le monde : Drum.

Au plus j’y réfléchis, au plus la présence d’une personne de l’ombre derrière Tif Argilo me paraît sensée. Si Tif Argilo n’est qu’un intermédiaire, ça explique pourquoi les deux hommes ont fait irruption dans la clinique plus tôt au lieu de fuir. Ils voulaient sans doute détruire les preuves et les pistes pour ne pas qu’on puisse remonter à l’instigateur de cette opération… Et c’est mauvais signe, car qui que soit cette personne, elle semble diablement fourbe, intelligente et surtout… Prudente. Elle passe par des chaînes d’intermédiaires. Efface les preuves. Ne commet pas d’imprudences. D’ailleurs, sans la double coïncidence de l’enlèvement d’un jeune noble qui a conduit à une enquête et l’opération de la marine à Zaun, jamais je n’aurais pu remonter sa piste…

Que comptez-vous faire, du coup ?
Quelle question. Je vais embarquer pour Drum et trouver celui ou celle qui est derrière toute cette opération.
Votre mission ne se résumait pas à simplement retrouver Al-Jawhara et arrêter Tif Argilo ? Je me tourne vers lui, et voit dans son regard l’étincelle d’une question innocente… Et qui se trouve être pertinente.
Tout à fait. Je marque une courte pause. Je suis quelqu’un de très procédurier. Et ma mission est effectivement terminée. Mais j’ai également prêté un serment. J’ai une mission qui supplante toutes les autres. Celle de servir les intérêts du Gouvernement Mondial et de ses citoyens. Comme Zaitsev, ou Al-Jawhara. Et tous ceux qui seraient amenés à souffrir si ce fameux “Docteur” peut continuer ses agissements.
C’en est aussi presque devenu personnel. Et puis… Si je m’arrêtais là, j’aurais l’impression de ne pas avoir parfaitement rempli ma mission. Je ne serais pas allé dans le sens d’une justice totale et absolue.

Bien. Je vais me mettre en route. Quelques-uns de mes hommes vont rester ici pour superviser l’endroit le temps que l’opération du Commandant d’élite Bathory se termine. Je commence, en enfilant sur mes épaules ce qui reste de mon manteau d’uniforme.
Vous aviez parlé d’un arrangement si je me montrais coopératif, et il me semble l’avoir été. S’agit-il simplement de laisser des soldats postés devant l’entrée ?

Je me saisis de la page du calepin et du crayon à bois laissés par Zaitsev, et griffonne mon contact dessus avant de le donner à Fletcher.

Voilà mon numéro escargophonique. Cette clinique, cet hôpital, cet hospice… Appelez-le comme vous le voulez… Est sous l’égide du Lieutenant-colonel Raines. Fletcher semble décontenancé, et regarde le numéro sur le papier en chien de faïence. Cela veut dire que vous allez me préparer un devis pour la rénovation des lieux et l’achat de matériel neuf et décent, et un budget de fonctionnement qui comprend salaires et consommables… Et je le prendrai personnellement en charge. A la prononciation de ces mots, il semble surpris et ne sait pas trop savoir comment réagir. J’attire votre attention sur le fait que je lie mon nom à cet endroit. J’attends que vous serviez ceux dans le besoin avec le plus grand soin. Et au moindre problème, je veux en être notifié.

Il commence à bégayer quelques remerciements, mais ce ne sont que des balbutiements qui sortent de sa bouche. A croire qu’il ne s’attendait pas à ce qu’un soldat s’investisse à ce point dans une œuvre aussi désintéressée. Enfin, pas totalement…

Ah ! J’oubliais ! Prévoyez également une plaque avec mon nom à l’entrée ! Il hausse le sourcil. J’attends de vos nouvelles prochainement, docteur Fletcher ! Lui tournant le dos, je m’adresse à mes hommes. On rentre au port ! J’ai des rapports à écrire… Et un départ pour Drum à préparer !
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