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Tandis que l'ex-amiral Sentomaru était en voyage pour le prochain Marteau, le congrès extraordinaire des forgerons, le Baratie fut pris d'assaut par un équipage pirate des plus spéciaux. Sans la protection de leur célèbre client, les cuistots du restaurant des mers ne firent pas long feu. La passation forcée du pouvoir eut lieu un lundi, leur jour de fermeture hebdomadaire, et les membres vaincus furent enfermés avec la plus grande discrétion dans les cales du navire. Le restaurant rouvrit ses portes dès le lendemain, avec une toute nouvelle équipe en salle et aux fourneaux. La surprise des quelques habitués fut grande, et encore plus lorsqu'ils crevèrent la bouche ouverte, égorgée ou empoisonnée à la suite d'un festin de roi.

Il semblerait qu'une bande de psychopathes venait de prendre incognito le contrôle de l'endroit. Leur but ? Servir le meilleur et dernier des repas à une clientèle aussi coupable qu'hétérogène venue des quatre mers. Quelle que fût l'origine des clients, tous avaient des choses à se reprocher, tous dissimulaient de sombres secrets. Des criminels à la carrière aussi longue que le bras, et quelque fût leur délit, personne ne resterait impuni, le baratin au Baratie n'était plus au menu.

La mise en scène était parfaite, la nourriture étonnamment délicieuse. Les seuls capables de sortir vivant de cet enfer culinaire aux abords du paradis seraient les innocents, et peut-être les fins gourmets. L'intransigeance autant que le souci du détail faisaient partie du crédo de ces fanatiques de la fourchette, bien décidés à être cuistots, juges et bourreaux de leurs futures victimes insouciantes. Mafieux et pirates notoires, commerçants et fonctionnaires véreux, tous avaient reçu un faire-part sur un parchemin aux lettres brodées d'or.

Ce fut dans ce contexte qu'Olek prit place à l'une des dizaines de tables parfaitement dressées. Les invitations étaient nominatives et le nom qui se trouvait devant son assiette n'était évidemment pas le sien. Jeune homme ayant tout juste quitté l'Amerzone, le colosse n'était même pas encore un pirate primé. Il lui faudrait des années avant de pouvoir être invité à ce genre d'événements mondains.

Non, le propriétaire de l'invitation, un dénommé Djé P. Hatchance, se décomposait dans l'un des caniveaux de Logue Town, ceint d'un éternel sourire sanglant à la gorge. Le type, un célèbre vendeur de bateaux, avait tenté d'arnaquer Olek en lui refourguant une barque trouée au lieu de la petite frégate mignonnette qu'il convoitait. Le glaiseux d'Amerzone avait trouvé l'invitation en fouillant la dépouille du misérable qui avait osé tenter de le rouler. Une chance de cocu, du moins le pensait-il alors qu'il s'attablait aux côtés d'inconnus pompeux.

Le discours du Chef allait débuter, les derniers convives s'installaient à la hâte, et Olek comptait le nombre de fourchettes et de couteaux en se questionnant sur leur utilité.
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Une invitation pour un repas sur le Baratie ? J’étais déjà dans une euphorie suite à l’obtention de ma première prime : le gouvernement a enfin remarqué mon existence ! Il ne me restait plus qu’à devenir trop menaçant pour qu’ils n’aient d’autres choix d’accéder à mes requêtes et d’abolir le Buster Call. Je ne laisserais pas les miens mourir en vain. Cette tragédie ne devra jamais plus se répéter !

L’euphorie donc : celle du premier pas vers mon objectif. Et c’est dans ce cadre que je reçus cette fameuse invitation. Moi qui pensais devoir user de mes hormones pour me faire sans cesse passer pour un quidam afin d’éviter toute mésaventure avec des civils, j’étais loin d’imaginer que ma criminalité m’ouvrirait des portes à des civilités.

Mais attends, il s’agit peut être d’un piège ? La marine qui attire ainsi des pirates dans leur début pour nous casquer ? A moins que ce ne soit l’inverse : un rassemblement de criminels pour tisser des liens et s’unir dans un but commun ? Cette éventualité m’obligeait à m’y rendre malgré les risques. Alors je me dépêche de m’instruire à minima et d’apprendre quelques visages primés.

Rassuré en entrant dans le Baratie, je reconnais deux trois têtes, mais je me ravise très vite : ça ne veut rien dire. La marine a peut être tendu un filet plus gros que je ne le pensais. Je vais devoir faire attention, me méfier. Facile pour quelqu’un qui agit en solitaire depuis des années et qui peut changer d’identité d’un claquement de doigt.

Plusieurs tables rondes trônaient dans la grande salle du navire restaurant. Je m’installais dos à Djé P. Hatchance, nous étions sur des tables voisines. Je ne reconnus qu’une seule des six têtes attablées avec moi : une petite prime de 7 millions. Haha, à peine la moitié de la mienne ! Mais ce n’est pas la taille qui compte… Quoique je ne pouvais m’empêcher de jubiler. C’est ma première prime et je suis déjà meilleur ! Allez, viens me proposer tes services, tu me seras peut être utile ! Les autres ne me disaient rien, mais je ne connaissais pas grand-chose aux criminels : mon ennemi étant le gouvernement je ne m’intéressais que peu à mes collègues.

Le discours débuta lorsque le dernier cocktail de bienvenue fut servi :

« Bonjour à tous, soyez les bienvenus à cette célébration spéciale ! Je me présente : je suis votre hôte et chef : Bona Péti.
Vous devez sans doute reconnaître quelques visages autour de vous, aussi ai-je besoin d’expliciter la nature de ce dîner ?
Je souhaite néanmoins vous dire qu’il s’agit de notre quatrième édition, et que comme les autres nous apportons une attention toute particulière à votre satisfaction. Notre désir ? Que vous profitiez du meilleur repas de votre vie ! Alors n’hésitez pas à nous faire part de vos préférences culinaires, nous nous plierons en quatre pour vous ! Ayez l’estomac plus gros que le ventre, vous ne goutterez jamais plus pareil délice de votre existence !
Je vous souhaite à tous l’ultime régal ! »


Il leva son verre, imité par l’ensemble des convives qui trinquèrent à l’unisson. Si l’hôte lui-même boit, c’est qu’il n’y a pas de piège non ?
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Olek siffla son verre de champagne à la seconde même où le chef terminait sa tirade. Il fut un peu trop rapide, et ses collègues de table lui jetèrent des regards noirs devant un tel manquement à l'étiquette. Leurs verres dressés devant eux, ils s'impatientaient pendant qu'Olek prenait son temps pour les rejoindre. S'excusant, le glaiseux se saisit directement de la bouteille et la fracassa à la mode de chez lui contre les coupes en face. Des morceaux de verre volèrent, manquant de peu d'éborgner la moitié des convives autour de la table. Olek éclata de rire alors que des protestations émanaient à droite et des injures commençaient à fuser à gauche. Il tenta pour une fois de détendre l'atmosphère avant de lancer les premières gifles.

- Calmez-vous, bon Dieu ! Personne n'est mort, je suppose ?
- Pour l'instant !
- Ne croyez pas si bien dire...

Le chef Bona Péti s'était glissé dans son dos sans qu'il s'en aperçoive. Sa voix mielleuse semblait porter une promesse macabre, alertant les sens du colosse. Il ordonna sèchement que la table soit nettoyée, que de nouveaux verres soient apportés aux invités de marque et que le service reprenne. Posant une main amicale sur Olek, le chef cuistot inclut toute l'assemblée dans son regard chaleureux et sa main libre.

- Mettons de côté ce léger désagrément, ne vous en faites pas ! Les amuse-bouches sont enfin prêts !

À ce moment précis, toute une équipe de serveurs sortit des cuisines pour déposer une assiette ridicule devant chacun des convives. Identiques, elles contenaient un unique ingrédient : une carotte. Les convives se regardèrent en quête d'information, quelques rires et murmures naquirent devant la simplicité du plat. Bona Péti virevolta entre les tables comme une ballerine et prit la parole.

- Ne jugez pas trop vite ! Goûtez simplement ! Cet amuse-bouche est accompagné d'un petit jeu préparé spécialement pour l'occasion ! Voyez-vous, s'il y a des amuse-bouches, il faut également amuser la galerie ! La divertir ! Je dois vous faire comprendre que manger n'est pas seulement un besoin primaire, mais une expérience incroyable ! Une chance inouïe qui nous différencie des animaux, qui ne mangent que pour survivre !

Dubitatifs, mais curieux, les convives commencèrent à goûter. Levant le bras de façon théâtrale, Monsieur Péti claqua des doigts, et l'un des serveurs apporta une énorme batte cloutée.

- J'ai intitulé ce numéro : la carotte ou le bâton !

Personne n'eut le temps de réaliser ce qui se passait que le chef fracassait son arme improvisée sur le crâne d'un malheureux qui tardait à manger sa carotte. L'action eut lieu à la table derrière Olek, qui se maudit de ne pas avoir été assez rapide pour assister à la scène. Des cris d'indignation et de colère retentirent, et quelques intrépides se levèrent pour protester. Le chaos éclaterait d'ici quelques secondes, aussi certainement que la tête de la première victime venait d'exploser.

Le colosse, ravi de l'évolution de la situation, se préparait à retourner sa table et à s'en servir comme d'une massue lorsque le bruit de dizaines de mousquets qu'on armait l'en dissuada. Une petite armée de fusilleurs en tenue de serveur venait d'encercler la pièce. Bona Péti hurla pour se faire entendre et apaiser la situation.

- FERMEZ-LÀ OU JE LEUR ORDONNE DE TIRER ! S'IL VOUS PLAÎT !

Ces quelques mots furent amplement suffisants. Les convives se rassirent et attendirent, inquiets de la suite. Le chef, enchanté par le son de sa propre voix et en extase devant son spectacle minutieusement orchestré, reprit la parole plus calmement.

- Résister ne sert à rien ! Voyez-vous, le champagne était empoisonné ! C'est un poison lent et indolore, mais aussi mortel que possible ! Le seul moyen d'y survivre est l'antidote qui vous sera servi avec le dessert ! Vous n'avez qu'à jouer le jeu, et tout le monde rentrera chez lui ! Enfin, presque tout le monde...
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Que faire ? Se rebeller tant que nous sommes tous en forme pour récupérer le dessert par nous même ou tenter la montre sans assurance qu’il dise la vérité ? La première option semble plus sûr, et une personne se lève justement pour l’appliquer mais il n’a pas le temps de se redresser complètement qu’une balle lui traverse le crâne.

« … Ça fera un dessert en moins à servir. D’autres désistements ? »

La rébellion fut tuée dans l’œuf et plusieurs mangèrent la carotte, incitant ceux autour d’en faire de même. Certains gardaient la volonté de combattre, mais ils attendaient une ouverture pour se faire, et ainsi personne d’autre n’initia la lutte. Trop de fusils nous braquaient.

Je pris moi aussi la carotte. Je savais que je ne devais pas être le premier à lancer les hostilités : c’est la place du mort, la première cible avec les chances de survie les plus basses. Et la tête en sang de mon voisin qui s’était pris le coup de massue avait de quoi dissuader. Discrètement je m’injectais des hormones pour diminuer ma circulation sanguine et donc la propagation du poison : je tiendrai jusqu’au dessert s’il le faut.

L’entrée fut servie et les règles de courtoisies avaient totalement disparue : sitôt l’assiette présente qu’elle se faisait dévorer sauvagement sans attendre que toute la tablée soit servie. Il fallait manger rapidement pour obtenir le dessert le plus vite possible. Le bruit caractéristique d’un crâne brisé par la massue retentit derrière moi avant l’annonce d’une nouvelle règle.

« Messieurs dames, je veux bien tolérer le manque de civilité car vous voir autant en appétit pour nos plats me remplit de joie. Néanmoins chacun son assiette : n’allez pas empiéter sur l’appétit de vos voisins. »

Plutôt que d’en vouloir à nos bourreaux, les tensions naissaient entre nous, et particulièrement à l’encontre des plus lents pour manger. Très astucieux, à ce rythme nous finirons par nous mettre des coups de massue entre nous. Les encouragements initiaux à manger plus vite se transforment doucement en injures et menaces…
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L'entrée était copieuse, très copieuse, mais pas suffisamment pour Olek qui convoitait l'assiette de son voisin, la sienne étant déjà prête à être rangée tellement il l'avait léchée. Un autre homme en face de lui semblait tout aussi intéressé par ce qu'il y avait dans les assiettes des autres, mais semblait motivé par autre chose que la faim. Aussi large qu'Olek était musclé, son front était couvert de grosses gouttes de sueur et ses joues tremblaient de nervosité. Ne pouvant plus supporter la lenteur de certains convives, il tendit ses mains grasses pour aider les plus lents à terminer.

Cette fois-ci, le colosse était assis au premier rang lorsque le crâne de l'obèse explosa comme une pastèque trop mûre sous l'assaut de la batte cloutée. Olek replia rapidement ses mains sous la table et gloussa dans sa barbe de clochard. À quelques secondes près, c'était sa cervelle qui aurait décoré les murs. Alors que la tirade de Bona Péti se terminait dans un silence pesant, perturbée uniquement par le bruit des couverts raclant les assiettes en porcelaine, l'estomac d'Olek fit entendre sa voix. Un rugissement infernal surgit des profondeurs de son ventre, faisant sursauter le chef et la moitié des convives. Tous les regards se tournèrent vers le coupable qui se gratta les cheveux et haussa les épaules d'un air contrit. Olek devait agir avant de devenir la prochaine victime. Hors de question de mourir l'estomac vide ! Il leva les deux mains en l'air et sourit de toutes ses dents, essayant d'être aussi charmeur que possible.

- Si l'on ne peut pas piquer dans l'assiette du voisin, pourrais-je au moins demander une deuxième portion ?

Si les regards pouvaient tuer, Olek aurait été abattu par une centaine de paires d'yeux hystériques. Cependant, son air de chien affamé sembla plaire au chef Bona Péti, qui éclata de rire.

- Si seulement tout le monde était comme vous ! J'ai même quelque chose de mieux à vous offrir que de vous resservir ! Levez-vous, vous êtes automatiquement qualifié pour la deuxième épreuve ! Il ne me manque plus qu'un dernier volontaire ! Cette surprise se découvrira en duo ! Un repas est tellement meilleur lorsqu'il est partagé !

Il balaya l'assemblée du regard et fronça les sourcils en ne voyant, sans grande surprise, aucune main levée. Ses dents grinçèrent désagréablement pendant quelques secondes avant qu'il ne retrouve sa fausse bonne humeur. Son choix se porta alors sur un homme des plus ordinaires. Les cheveux bleus, un mètre quatre-vingts, athlétique sans excès, séduisant sans extravagance. Le genre d'homme qui passait inaperçu et survivait grâce à sa rationalité, l'opposé du colosse.

- Toi ! Oui, toi ! Tu as décroché le gros lot ! Lève-toi et suis-nous !

Ils ne se déplacèrent pas très loin, juste dans la pièce voisine, dont le contenu était retransmis sur des écrans géants récemment installés dans la salle de banquet. Une immense cage en forme d'octogone avait été construite pour l'occasion, et à l'intérieur, un ours géant mâchouillait ce qui semblait être un os de fémur humain, reposant sur un lit d'osselets. Bona Péti sautillait sur place comme une jeune fille à son premier bal, ses yeux pétillant d'excitation sordide et de folie meurtrière. Il s'adressa autant au duo qu'au reste du public, en présentant son deuxième acte.

- Vous connaissez tous le dicton : "Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué" ? Chez nous, on préfère dire : "Il faut manger l'ours avant de le tuer !". Les règles sont simples : réussir à manger un morceau de Bébert sans le tuer ! Bébert, c'est lui, le gros méchant dans la cage ! Bon courage !

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Grâce à mon grand talent de réflexion, je sus rapidement que Bébert n’était pas le squelette éparpillé en morceaux mais bien l’ours. Comment l’ai-je su ? Parce qu’on ne devait pas tuer Bébert, et qu’eux sont déjà morts. A moins qu’il ne s’agisse de mon binôme ? Mais alors je ne vois pas le lien avec l’expression choisie, celle de l’ours tout ça.

Non, la cible devait être l’animal, mais dans cette cage qui ici était la proie ou le prédateur ? Pour survivre le mieux était d’être le dernier à rejoindre le combat, comme dans toute bataille.

Heureusement pour moi mon coéquipier était de ceux qui réfléchissent avec leurs poings et leur estomac. Il fonça vers l’ours, se proposant ainsi pour cible de la bête. C’est le moment idéal ! Pendant qu’ils échangent une épreuve de force, je me faufile derrière l’animal et le mords de toutes mes forces. Le sang jaillit dans ma bouche et les poils chatouillent mon palais, manquant de me faire vomir.

« Ah ah ah, aucun gâchis ne sera toléré ! »

Sans blague. Je ferme les yeux et tente d’avaler en mâchant le moins possible, ça ne doit pas rester dans ma bouche où je vais rendre. Au prix d’un effort surhumain, je parviens à déglutir et je me dirige vers l’entrée de la cage mais la porte reste close.

« N’ai-je pas dit que vous formiez un duo ? » Se contenta de dire Bona Peti.

Je me retourne alors et vois le colosse allongé au sol, ses mains plongées dans la mâchoire du monstre qui le surplombe et qui tente de croquer sa tête. Je dois intervenir avant que ça ne tourne mal, avant que l’un des deux ne tue l’autre, car je perdrai aussi dans les deux cas ! Je bondis vers l’ours et lui plante mes doigts dans le flan avant de le voir s’effondrer sur Olek.

« Pas de fruit avant le dessert ! L’usage de pouvoir est prohibé ! » s’exclame Bona.

L’hormone du sommeil a fait des merveilles.

« Toujours en vie ? Fais attention, le mordre le réveillera. »

A priori c’est un gros mangeur, il devrait avaler rapidement, mais juste au cas où je me dirige déjà vers la sortie.
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Olek, sans perdre une seule seconde, s'était lancé dans un face-à-face dantesque pour savoir lequel, de lui ou de l'ours, était le plus fort. Il n'usa d'aucune attaque, aucune technique, rien que sa puissance brute en la mesurant à celle de son adversaire. Il crut même être capable de remporter la victoire et de réussir à soumettre l'ours, lorsque son partenaire d'épreuve eut le culot de se glisser derrière la bête et de lui arracher un bout de fesses à pleines dents.

- Vicieux, mais bien joué ! Un morceau de choix en plus !

Bébert hurla autant de rage que de douleur, décuplant ses forces le temps de quelques secondes. Olek qui riait de bon coeur fut submergé et tomba à la renverse, lâchant prise de surprise. In extremis, il parvint à agripper la mâchoire de l'ours grande ouverte et à la tenir à une distance respectable de sa gorge. Ses triceps tendus tremblaient sous l'effort et ne tarderaient pas à lâcher, mais le colosse était bien trop fier pour demander de l'aide.

Et il n'eut pas à le faire. Comme pour se rattraper d'avoir agi en fourbe, son acolyte du moment vint le sortir de cette mauvaise passe en endormant Bébert d'un tour de doigts magiques. Olek poussa la bestiole de côté avant de se faire écraser par son poids et grogna en guise de remerciement. Un sentiment d'inachevé lui tiraillait cependant l'esprit, il n'aimait pas gagner aussi facilement, le colosse voulait une victoire écrasante, surtout après avoir perdu la première manche aussi lamentablement.

Ignorant l'avertissement du type aux cheveux bleus et pour le plus grand plaisir de Bona Péti, il réveilla Bébert d'une gifle sur le museau. Ses narines tressaillirent, ses yeux roulèrent dans leurs orbites avant de se figer définitivement sur le pirate en une promesse de mort. Le combat reprit de plus belle, alors que la bestiole dressée sur pattes arrières sortait ses griffes, Olek fermait et armait ses poings. L'un lacérait la peau à nue tandis que l'autre fracassait les os sous la fourrure crasseuse.

Le pirate finit par arriver à bout de Bébert, le torse zébré de griffures impressionnantes mais superficielles, il envoya l'Ours désarticulé au tapis d'un uppercut fatal. Toujours vivant bien qu'en piteux état, la cage thoracique de la bête se gonflait au rythme de respirations difficiles et saccadées. Le contrat était respecté, ne manquait plus qu'à croquer un morceau, mais pas n'importe lequel.

Olek s'agenouilla, et devant les regards écœurés et les mines effarées, arracha d'une main experte les testicules de Bébert. Il en jeta une dans les airs qu'il rattrapa d'un coup de dent en la mangeant comme une cacahouète, puis tendit l'autre à son partenaire.

- Tiens l'ami, j'en ai gardé une rien que pour toi ! C'est bourré de protéines, et la légende raconte que ça augmente autant la libido que la croissance musculaire !

Olek sourit de toutes ses dents ensanglantées et contracta ses deux biceps de chaque côté de sa tête pour appuyer ses propos.
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J’eus effectivement la preuve que mon partenaire était de ceux qui ne pensent qu’avec leurs bras. Heureusement pour lui, il semblerait que sa force soit à la hauteur de sa bêtise et il l’emporta sans écoper de blessures sérieuses. Tant mieux, néanmoins sa proposition m’étonna pour le moins.

« Sans façon, j’ai déjà mangé ma part. Puis côté libido et croissance musculaire, j’ai déjà tout ce qui faut. »

Mes hormones m’octroient tout ce dont j’ai besoin. Alors que les costauds comme Olek doivent leur force à un entraînement ou un usage quotidien, sans quoi leurs muscles fondraient, je n’ai rien à faire pour obtenir la carrure dont j’ai envie. De même pour la libido…

« On a fait ce que vous nous avez demandé ! Ouvrez-nous ! »

D’après le temps que Bona prit à répondre, il ne s’attendait absolument pas à ce que ça se termine ainsi. D’ailleurs, nous pouvions entendre quelques acclamations venir de la grande salle, suivis d’un coup de massue et le silence. Une fois la situation de nouveau sous contrôle et après avoir rappelé aux convives la crainte qu’ils doivent éprouver, l’on vint enfin nous ouvrir. On nous mena, Olek et moi, de retour dans la grande salle où ils avaient disposé une petite table pour deux personnes au centre de la salle et des autres invités. Suivant les ordres, nous nous installâmes et l’on vint déposer une petite coupelle chacun : une boulle de glace à l’intérieure d’une boisson probablement alcoolisée et gazeuse.  

« Ma foi, je me dois de vous féliciter pour vos efforts, vous méritez amplement ce dessert qui, je le rappelle, est l’antidote au poison que vous avez tous bu d’entrer de jeu… »

Ca y est Olek ! On est sorti d’affaire ! On a plus qu’à…

« Néanmoins, comme Bébert n’est plus disposé, il ne peut y avoir de plats de résistances pour les autres. Ce qui signifie que ces deux desserts seront les seuls que nous aurons le plaisir de servir… »
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Comme les trois quarts des invités, Olek mit quelques secondes à comprendre ce que signifiaient les dernières paroles de Bona Péti. Les sourcils froncés, il regardait à tour de rôle son dessert, Bébert et le reste des convives. Ses yeux s'écarquillèrent soudainement et sa bouche fit un énorme O de surprise.

- Il n’y en a pas assez pour tout le monde et du coup, vous voulez qu'on s'entretue pour ces deux desserts ?
- Et bien oui ! Qui vole un œuf vole un bœuf ! À vous de voir qui est l'œuf et qui est le bœuf !
- Putain, mais c'est génial !

Nullement inquiété, Olek s'esclaffa devant l'ingéniosité mesquine de leur hôte avant de se redresser pour faire face à la moitié de la salle. Tournant le dos à son dessert et à son coéquipier de fortune, il se saisit de sa chaise qu'il arma dans les airs.

- Je te propose qu'on se partage ces salopards affamés ! Histoire de pouvoir profiter dans le calme de notre dessert ! Au passage, moi c'est Olek !


Le colosse ne s'était pas retourné pour parler et n'eut pas le loisir d'entendre la réponse. Les manches retroussées, la bouche grande ouverte et les yeux haineux, la première vague de criminels désespérés se jeta déjà sur le duo. Sonnant les hostilités, Olek accueillit le plus rapide en lui fracassant la chaise sur le sommet du crâne. Le bois explosa, et le malheureux s'effondra tel un pantin désarticulé. Le pirate, adepte malgré lui de ce genre de situation, ne perdit pas une seule seconde et planta dans la gorge du deuxième arrivé le pied en bois qui lui était resté dans la main.

De la carotide perforée, une gerbe de sang gicla sur le parquet parfaitement lustré et fit glisser une demi-douzaine d'assaillants. Olek ricanait comme un gosse devant ce spectacle morbide et ne vit pas venir la fourchette qui se planta dans sa tempe. Il grimaça de douleur, et son regard engloba la salle à la recherche du responsable. À une vingtaine de mètres, debout sur une table, un type en costume jaune et à la tête de souris lui balançait des couverts avec une précision chirurgicale. Un couteau à beurre se planta dans l'avant-bras d'Olek, qu'il avait mis en protection, et une cuillère manqua de l'éborgner.

Une belle saloperie ! Le colosse haïssait par-dessus tout les attaques à distance, le recours des faibles et des lâches. Sa bonne humeur envolée, il décida de se venger en faisant voler autre chose. Olek attrapa par les chevilles les deux cadavres au sol qu'il souleva sans effort. Un dans chaque main, il balança le plus léger de toutes ses forces sur le rat qui se croyait en sécurité. L'avantage d'un gros projectile et d'une petite cible était qu'aucune précision n'était nécessaire. Le sniper du banquet se retrouva écrasé et broyé par le boulet de canon humain avant de finir sa course contre le mur de la salle qui s'effondra sous l'impact.

- STRIKE !

La brèche faite dans le bateau dévoila les joyeux rayons de soleil d'un début d'après-midi et une mer aussi déchainée que le chaos qui régnait à l'intérieur du Baratie. Sans en être vraiment un, un nouveau choix s'offrait aux prisonniers, en plus de celui de mourir empoisonnés ou écrasés par un duo en passe de devenir iconique, ils avaient maintenant la possibilité de tenter leur chance dans une mer infestée de monstres marins.

Cette accablante vérité fut la goutte de trop, la cerise sur le gâteau, et toute rationalité disparut de leurs regards. Les combats reprirent, mais cette fois-ci, pas même Bona Péti n'était à l'abri. Déments et suicidaires, la majorité des invités se jetèrent sur les geôliers, les véritables responsables de leur mésaventure. Le reste, semblable à une meute de hyènes affamées, ne lâchait pas des yeux les deux desserts, qui, mis à part la glace fondue, étaient encore intacts.


Dernière édition par Olek le Dim 17 Sep 2023 - 9:49, édité 1 fois
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Intactes ? Ou presque. Alors qu’Olek s’était levé pour faire face aux assaillants dès le départ, je m’étais jeté sur mon dessert duquel j’en pris une grosse goulée, me glaçant les dents et la gorge, avant de devoir participer à la bataille. Le poison qui coulait dans nos veines était la priorité ! J’avais à présent la possibilité de fuir, l’antidote était dans mon estomac ! Mais aucune issue ne s’ouvrit à moi : nous étions au centre du champ de bataille, des adversaires de toute part et une colère redoublée par mon acte.

Olek protégeait la table à dessert de son côté, moi du mien. Ou plutôt je me protégeais moi, ce qui revenait au même. Tout était propice à servir d’arme, jusqu’à la cuillère mise à disposition pour le dessert qui faisait une très bonne allonge pour frapper le haut du sternum et bloquer la respiration. La chaise pour se protéger comme pour attaquer. Tout sauf la serviette : inutile. Et la nappe de table : utile pour obstruer suffisamment la vue, mais il ne faudrait pas risquer de faire tomber les desserts qui s’y trouvent.

Un joyeux bordel entre le camp de Bona Péti dont les fusils tonnèrent leur sérénade sitôt que le premier d’entre eux fut attaqué, et le camp des chacun pour sa peau, dont Olek et moi faisions globalement parti et où chaque individu formait finalement son propre camp. Une belle symphonie chaotique dont les notes pouvaient surgir de tout côté et de toute sorte d’instrument. J’ai même vu un tableau filer à travers la salle et se briser à l’arrière du crâne de quelqu’un. A gauche, un homme s’effondre sur une table et fait tomber les couverts et assiettes qui explosent, plusieurs personnes se servent immédiatement parmi les éclats de verre des bouteilles et des verres pour s’en servir comme d’armes improvisées. A droite, sur la scène, Bona Péti règne sur la salle et admire sa création, protégé par cinq fusilleurs qui empêche quiconque de le rejoindre.

Tous les camps subissent des pertes pour, une demi-heure plus tard, qu’il n’y ait plus que quelques-uns debout. Olek, au corps parsemé d’ustensiles de cuisine mais encore debout. Moi, harassé, des hématomes et du sang qui perlent de blessures ci et là, de l’autre côté de nos desserts. Deux invités encore conscients mais affalés au sol, cherchant à lutter pour se redresser et revenir à l’assaut de l’antidote, et trois fusilleurs ainsi que Bona Péti sur sa scène. L’accalmie avant la tempête. Le moment idéal pour Olek de manger son antidote à son tour.

Mais, tandis qu’il se penchait sur la table pour récupérer la glace – plutôt le liquide à présent – contenu dans le verre, je suis pris d’une violente quinte de toux accompagné d’un peu de sang. Pourtant je n’ai pas été blessé à ce point. Je balaye la salle à la recherche d’une explication et je remarque que ma vue commence à se troubler et que je me sens davantage essoufflé encore. Pourquoi ? Pourquoi suis-je le seul à avoir toussé ainsi ? Bona Péti se gausse sur sa scène, prit d’un fou rire satisfait. Ne me dis pas qu’il… Que… Non ?  
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- NAAAAANIIIIII ?!

Olek hurla de surprise et de rage, son visage une nouvelle fois défiguré sous l'emprise d'émotions aussi fortes. Lui qui pensait avoir vaincu et enfin atteint le célèbre "repos du guerrier", pour pouvoir savourer tranquillement son dessert tant convoité, voilà que la vérité le frappait en pleine figure. La coupe de glace fondue, loin d'être le saint Graal, n'était en réalité que le piège final du chef Bona Péti ?

Impensable ! L'injustice autant que l'esprit machiavélique du chef ne l'amusaient plus. Il existait certaines limites qui ne devaient jamais être franchies. Voir le sang jaillir abondamment des narines de son nouveau partenaire de soirée lui nouait les tripes et lui hérissait les poils du cul. Il devait agir, sauver cet homme qu'il ne connaissait pas, mais avec qui il avait risqué sa vie. Selon son code de la Bromance, à l'heure actuelle, Reyson aurait tout aussi bien pu être son frère de sang.

Le colosse était de ces êtres sincères, légèrement simples sur les bords, pour qui le mensonge était un crime bien plus grave que n'importe quel acte de violence. Ce que vous voyiez était ce que vous aviez, en l'occurrence, plus de trois mètres et près de trois cents kilos de joyeuse chair à ne pas pousser à bout. Sous peine de se retrouver avec un véritable cataclysme à gérer sur les bras. La catastrophe naturelle nommée Olek fit ce que personne n'aurait anticipé. Il avala son dessert d'une seule gorgée avant de laisser échapper un rot si puissant qu'il fit trembler les quelques fenêtres encore intactes.

- Jamais je ne me le pardonnerais si j'étais le seul à survivre ! Un pour tous et tous pour un !

Sa tirade ridicule, aux relents de stupidité sans nom, n'en était pas moins pourvue d'une solidarité louable, tant elle était poussée à son paroxysme. À quoi cela les avançait-il ? À rien. Absolument rien. Olek venait littéralement de se suicider sans aucune contrepartie. À moins peut-être qu'il ait réussi à faire baisser la garde de leurs tortionnaires par son geste imprévisible ? Les trois gardes du corps restants avaient lâché leurs fusils et étaient pliés en deux sur le sol, victimes d'un fou rire incontrôlable. Bona Péti lui-même peinait à tenir debout, ses jambes flageolantes dansant au rythme de ses gloussements saccadés. Qui a dit que le ridicule ne tuait pas ?
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Le cocktail de bienvenu empoisonné était donc un leurre : voilà pourquoi Bona Péti en avait bu lui aussi et que personne ne s’est plaint du moindre symptôme tout du long ! Un plan très bien ficelé, il faut l’avouer : trop concentré sur notre survie nous n’avions pas suffisamment réfléchi et finalement nous nous sommes tous battus pour le véritable poison et non l’antidote. J’aurais bien applaudi la fourberie du Bona si je n’avais pas été la victime du processus. Et cet Olek qui… A se demander dans quel camp il est vraiment. Pourtant sa naïve sottise permit une ouverture en baissant la garde de nos ennemis.

Comme plus aucune règle ne tient, je m’injecte allègrement des hormones dans mes bras qui doublent immédiatement de volume et je me saisis de la table à dessert que je lance sur les trois fusilleurs.

« Fouille les cuisines tant que tu es en état ! »

Avec ma vue qui s’obscurcit je ne suis pas le candidat idéal pour ça. Mais là où les desserts ont été préparés est le meilleur endroit où chercher l’antidote. Olek doit se dépêcher avant que le poison n’agisse, d’autant plus qu’il risque d’y avoir quelques cuisiniers sur son chemin encore. Quant à moi, il me reste une chose à faire ici, et il est possible que le grand chef de toute cette mascarade possède lui aussi l’antidote sur lui.

Alors je dope mes jambes pour m’élancer d’un bond sur Bona Péti. Malheureusement, je rate ma cible d’un bon mètre et je m’écrase contre le mur qui cède en partie. Le poison commence à avoir raison de mes capacités. Je suis moins endurant et moins précis. Quant à Bona, c’est Olek qu’il vise de son pistolet. Les cuisines seraient le bon endroit où chercher ?
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Effectivement, tout n'était pas perdu. Olek avait encore une belle grosse demi-heure avant de commencer à sentir les effets du poison, peut-être même plus étant donné son physique de gorille. L'idée de Reyson était logique et la seule qu'ils avaient en réalité. Le sablier du temps s'écoulait et il était hors de question de gaspiller même un seul de ses grains. Tandis que son acolyte se transformait comme par magie en un bodybuilder disgracieux et disproportionné, le colosse s'élança en direction des cuisines.

Le son d'un tir de fusil suivi d'une souffrance qu'il ne connaissait que trop bien vint le faire chuter alors qu'il atteignait les escaliers. Étouffant un cri de douleur, il dévala la trentaine de marches sans aucun contrôle, incapable de discerner le haut du bas ou la gauche de sa droite. Les nombreux couverts logés dans sa peau s'y enfonçaient plus profondément à chaque impact, transformant des blessures superficielles en véritable hémorragie. Son crâne fut la première chose à arriver en bas et fit littéralement office de tête de bélier, défonçant une porte battante cadenassée et deux misérables gardes effrayés. Le tout fut broyé en un mélimélo de chair, de bois et d'aciers que le corps malmené d'Olek surplombait, victorieux.

Haletant et pissant le sang, le pirate tomba nez à nez avec toute une équipe de cuistots enchaînés et la mine effrayée. La vision d'horreur qu'il leur offrait, celle d'un hérisson métallique mutant aux portes de la mort, couplée au désespoir qui en découlait, se confrontait avec la joie et l'espoir qu'ils avaient d'être enfin libérés. Certains gardaient devant eux leurs hachoirs et ustensiles de cuisine en protection. Un type avec un chapeau de dandy et une barbichette soigneusement taillée s'approcha courageusement du monstre, les paumes ouvertes en signe de paix.

- Moi c'est Jazz Kintoki ! Je suis le gérant du Baratie !
- C'est vous qui nous avez empoisonnés ?!

Déjà injectés de sang, les yeux d'Olek s'assombrirent un peu plus sous la colère. Il saisit le misérable par le col et s'apprêta à lui plonger la tronche dans la friteuse sans autre forme de procès.

- NON ! Arrête ! On a été faits prisonniers et forcés à faire ce menu ridicule ! Je peux faire l'antidote ! Je connais le poison qu'il a utilisé !

Le colosse à l'esprit embrumé mit quelques secondes à comprendre ce que cela signifiait, fronçant les sourcils sous l'effort que lui causait une telle réflexion. La mine contrite, il finit par reposer délicatement le fameux Jazz sur le sol et lui épousseta la poussière invisible de ses épaules en guise d'excuse.

- Et bien moi, je suis fatigué, empoisonné et je crève de faim ! Et tout ça à cause de l'autre connard de Bona Péti !

Usant de ses dernières forces, il arracha les chaînes et les cadenas qui emprisonnaient les véritables cuistots dans leur propre cuisine depuis des semaines. Ses jambes finirent par lâcher et avant de tourner complètement de l'œil, Olek parvint à articuler quelques mots.

- Y'a mon pote là-haut, il est empoisonné aussi ! Faut que je j'aille l'aid...
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Le pote en question tenta de plonger une nouvelle fois sur Bona Péti qui était tourné vers le passage qu’Olek prit, mais je le ratai encore et m’affalais juste à côté de lui. L’instant suivant, je sentis une forte douleur me transperçait la cuisse gauche : Bona me tira dessus pour m’empêcher de me relever. Il se mit à rire, ou à crier : ses lèvres remuaient mais je n’arrivais pas à comprendre. Tout devenait de plus en plus obscur autour de moi. Je le vis bouger : il voulait suivre Olek. Tendant le bras, j’agrippai pathétiquement sa cheville qu’il balança tel un serpent dans différentes directions, seulement je tenais bon. Alors il piétina ma main sans ménagement, mais je tenais encore, je ne pouvais le lâcher, je ne pouvais le laisser partir. Une balle traversa mon bras, m’arrachant un cri et libérant Bona dont la tâche qu’il formait dans mon champ de vision s’éloignait déjà vers les escaliers. Nous avions perdu ? C’est ainsi que mon histoire s’achève ?

Je ne peux l’accepter.

Dans un ultime effort, je me redressais, les dents serrées comme si je mordais dans un bâillon pour ignorer la douleur qui affligeait tout mon corps, et je bondis encore une fois. Cette fois, c’est bien contre un corps humain que j’ai atterri.

Mais c’est tout ce dont je me souvins.

Les célèbres cuistots du Baratie purent reprendre le contrôle de leur navire. Bébert fut remis en liberté et Bona Péti livré à la justice locale : le supplice de la planche. Quant à ses hommes, ils sont dorénavant de service à la plonge. Lorsque je revins à moi trois jours plus tard, j’étais allongé dans un lit et Olek était mon voisin, déjà bien éveillé et un sourire benêt aux lèvres à me demander :

« Tu veux du dessert ? »
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