Orion

Cap des Jumeaux - 1629.

Assis au bord de la falaise rougeoyante de Reverse Mountain, à l’entrée de la « Route de tous les Périls », se tenait un jeune homme au physique aussi solaire que les rayons qui dansaient sur les vagues scintillantes de la mer. Orion, le visage calme et serein, attendait patiemment l’arrivée du bateau qui allait bouleverser sa vie.

Sa silhouette élancée se dessinait harmonieusement contre l'horizon. Le jeune homme mesurait environ 1m75 et si son allure n’était pas très athlétique, chacun de ses muscles lui criaient de partir à l’aventure. Ses cheveux châtains ondulaient doucement au gré de la brise marine et encadraient une paire de yeux verts. Sous son œil gauche, sa légère cicatrice lui donnait l’assurance qui pouvait parfois lui manquer.

Ces deux billes vertes pétillaient de malice et de curiosité. Une lueur d'excitation permanente dans son regard, Orion craignait sans cesse de louper la beauté du monde. Son sourire, chaleureux et rayonnant, était comme les anciens phares du Cap et guidait les bonnes âmes en sa direction. Ce côté solaire se dégageait dans sa démarche et sa voix, empreintes toutes deux d’une sincère gentillesse.

Assis à côté des ruines majestueuses des deux anciens phares, Orion attendait le bateau de la Translinéenne. Ses bras et ses jambes habiles, entraînés par d’innombrables escapades, trahissaient son impatience.

Le jeune homme avait cette habitude charmante de tapoter du doigt quand l'excitation le gagnait, et sa tête se penchait légèrement sur le côté quand quelque chose l'intriguait, signes manifestes de sa curiosité inextinguible.

Sa démarche était légère, presque dansante, comme s'il marchait au rythme d'une mélodie intérieure secrète, une mélodie qui l'appelait vers l'horizon lointain. Orion se tenait là, à l’entrée de Grand Line, prêt à embarquer pour le voyage le plus important de sa vie.

Orion contemplait en silence l'immensité bleue qui s'étendait devant lui à perte de vue. Depuis tout petit il avait toujours été fasciné par l’horizon, cette ligne invisible qui ne pouvait être vaincue que par lui.

Cette énigme scellée dans l'azur infini, s'étirait là, tel un fil d'or suspendu entre les confins du ciel et les abîmes de l'océan. Toujours hors de portée, l’horizon défiait l'audace des âmes aventurières, une frontière mouvante où la réalité et l'illusion se rejoignaient en une douce étreinte.

Dans la douce lueur du crépuscule, cette ligne se parait de teintes de pourpre et d'or, comme si elle dissimulait en son sein les secrets les plus profonds du cosmos. Elle était la gardienne des mystères insaisissables, une énigme intangible que nul n'avait su percer. Certains murmuraient qu'elle recélait des trésors perdus, des terres oubliées, ou peut-être même des mondes miroirs.

Bien des marins téméraires s'étaient lancés à l'assaut de cette frontière impénétrable, mais tous avaient été engloutis par la force mystérieuse de l'océan, leurs navires disparaissant dans les abysses, laissant derrière eux des énigmes sans réponses.

Pourtant, en dépit des échecs répétés, en dépit des ombres qui planaient sur elle, cette ligne d'horizon continuait d'exercer son charme sur Orion. Elle était le symbole de la quête humaine, de l'aspiration à l'inconnu, de la recherche éternelle de ce qui se dissimulait au-delà des apparences. Chaque jour, des âmes intrépides se lançaient à la poursuite de cette ligne, espérant être les premières à dévoiler les mystères qui dormaient dans son sillage.

Elle était le mystère qui enflammait les rêves des poètes, l'inspiration des artistes, la promesse de l'inconnu. La ligne d'horizon persistait, immuable, là où les vagues caressaient le firmament, elle gardait farouchement ses secrets, défiant l'humanité de percer le voile du mystère et de découvrir ce qui se dissimulait au-delà de cette ligne d'horizon, insaisissable et intemporelle.

Dans ces moments de réflexion, sa personnalité émergeait avec éclat. Orion était un jeune homme incroyablement curieux, avide de découvertes et de nouvelles aventures. Son rêve ultime était d'atteindre l'île mythique qui portait le nom de "Bout du Monde", convaincu que c'était là-bas qu'il vaincrait l’horizon.

Il aimait la simplicité de la vie, les petits plaisirs du quotidien, comme un bon repas en bonne compagnie. Orion était un gourmet avéré, s'émerveillant devant de nouvelles saveurs et se régalant de plats exotiques, même s'il avouait humblement qu'il était un cuisinier médiocre lui-même. Les épices, les odeurs, les goûts, tout cela était pour lui une source de joie et de curiosité sans fin. Il imaginait souvent sa vie comme un livre qu’il se devait de remplir. Chaque expérience était pour lui l’occasion de noircir une page.

Et c’est justement car la vie lui paraissait si précieuse que le jeune homme était un fervent défenseur des opprimés, prêt à prendre leur parti, même si cela devait le mettre en danger. Cette tendance le poussait parfois à être trop confiant envers les inconnus, croyant toujours au meilleur des intentions de chacun. C'était une qualité charmante, mais parfois risquée.

En conclusion, Orion était un june homme solaire, toujours souriant, répandant la joie autour de lui autant que possible. Il voyait le monde comme un endroit rempli de merveilles à découvrir, de rencontres à faire, et de leçons à apprendre. Pour lui, chaque jour était une aventure, et il l’abordait la vie avec une innocence rafraîchissante. Innocence qui pouvait parfois cacher une bêtise innocente. En effet, les concepts mathématiques complexes le dépassaient souvent, et il était davantage célèbre pour ses erreurs de calculs que ses prouesses d’explorateur.

Alors, debout sur les ruines du phare, Orion laissa ses pensées vagabonder dans l'océan infini devant lui, rêvant de l'île du Bout du Monde, souriant à l'idée des aventures à venir, et ignorant les complexités du monde qui, pour lui, restait un mystère fascinant à percer.

Comme à son habitude, le jeune homme se perdit dans ses pensées dont il n’émergea que de longues heures plus tard.

Orion est né dans l'une des rares habitations situées sur la rocailleuse Reverse Mountain. Peu de temps après sa naissance, une tempête furieuse s’est abattue sur l'île et a emporté la vie de ses parents, de modestes pêcheurs qui avaient bravé la mer pour subvenir à leurs besoins. Orion était ainsi devenu orphelin à un très jeune âge, sans avoir jamais eu la chance de connaître ses parents ni de se rappeler leur visage.

Toutefois, le jeune garçon s’est avéré très courageux en grandissant. Malgré le drame qui avait marqué son enfance, il a hérité de l'optimisme et de la joie de vivre de sa mère, ainsi que de la ténacité et de la résilience de son père. Il fut élevé par Roger, le patron de la nouvelle taverne partenaire de la Translinéenne. Il grandit avec un sourire radieux qui illumina même les jours les plus sombres, et sa gentillesse naturelle ayant gagné le cœur de ceux qui l'entouraient.

Sa vie quotidienne sur Reverse Mountain était un défi constant. Les ressources étaient rares, les tempêtes fréquentes, et la vie sur cette île isolée était difficile pour quiconque. Ne souhaitant pas être une charge pour Roger, Orion dû développer un certain sens de la débrouillardise. Dès son plus jeune âge, il avait découvert un moyen de se faufiler en cachette au restaurant "Au Céphalopode Mort," situé au bas de la montagne, pour y voler de la nourriture. C'était son petit secret et sa petite fierté, une manière de satisfaire sa faim tout en évitant des dépenses inutiles.

À force d’abnégation, le jeune homme parvint à se faire embaucher en tant que serveur, devenant rapidement le favori du restaurant, charmant les clients avec son sourire et sa gentillesse. Malgré ces années de travail au restaurant, Orion ne parvint jamais développer son talent de cuisinier, et préféré rester en salle à écouter les récits des voyages des marins.

Depuis son plus jeune âge, il avait rêvé d'explorer le monde au-delà de l'île, de découvrir les secrets de la ligne d'horizon qui le narguait chaque jour. Ce rêve était devenu sa raison de vivre, une étoile brillante qui guidait chacun de ses pas.

Il avait passé des heures à écouter les récits des marins qui faisaient escale au port du Cap des Jumeaux, rêvant du jour où il monterait à bord d'un de ces navires pour partir à la découverte de l'inconnu. Il avait appris tout ce qu'il pouvait sur la navigation, les étoiles, et les océans, étudiant les cartes marines et les récits d'explorateurs légendaires. Chaque jour, il se préparait mentalement et physiquement à son futur voyage, sachant que la route serait semée d'embûches, mais refusant de se laisser décourager.

Encouragé par Roger, le jeune homme continua de tisser des liens avec les marins et les habitants du Cap des Jumeaux. Sa confiance en l'avenir et sa foi en ses rêves étaient contagieuses, et il était devenu une figure respectée et aimée par tous.

Le jour de ses vingt ans, Orion savait que l'heure de réaliser son rêve était enfin venue. Il était prêt à franchir l'infranchissable, à percer les mystères de la ligne d'horizon, et à découvrir ce qui l'attendait au-delà de Reverse Mountain. Le sourire radieux qui avait illuminé sa vie depuis sa naissance ne faiblissait pas, il était plus éclatant que jamais, une étoile qui guidait sa route vers l'aventure, la découverte, et peut-être, la réponse à toutes ses questions. Orion était prêt à prendre son envol vers l'inconnu, prêt à écrire le prochain chapitre de sa vie, sur les vagues de l'océan infini qui l'appelaient depuis toujours.