Première partie: ICI
Après deux jours, la météo était devenue plus clémente, permettant au jeune cornu de prendre la direction de Bighorn. Conformément aux instructions de Méria, il donna les consignes de cette dernière au contre-amiral Herltarson. Revenant en vie, ce qui était déjà un bel exploit, il expliqua aux deux pirates que les locaux acceptaient de payer la rançon. La Peste avait du mal à croire que la marine et les nantis de l’île plient si facilement. Tout cela n’indiquait rien qui vaille. Pour autant, elle n’était pas spécialement craintive. Les choses seraient différentes cette fois. La seconde rencontre entre la louve et le géant serait sans commune mesure avec la première, il ne pouvait en être autrement.
Contrairement à ce qui était prévu à la base, Méria, durant le temps où elle était restée enfermée, avait pensé que de donner rendez-vous sur place aux marins n’était finalement pas la meilleure chose à faire. Inspectant ensemble une carte trouvée sur place, les deux pirates avaient donc décidé de changer le lieu du rendez-vous pour un phare qui se trouvait à une dizaine de kilomètres de Bighorn.
Le jour venu, le trio quitta le village enneigé avec le roi sous le coude. Ledit monarque n’était pas en très bon état. Même s’il n’était pas particulièrement blessé, on ne pouvait pas dire que les flibustières avaient été aux petits soins avec lui. Peu nourri, manquant de sommeil et ses quelques blessures non prises en charge, il avait perdu de sa superbe, mais ses jours n’étaient pas comptés.
Avant même d’arriver sur place, les pirates se rendirent compte qu’elles n’arrivaient pas les premières. Fidèle à elle-même, Méria demanda donc au cornu de marcher devant, à environ cent mètres. Jouant les éclaireurs malgré lui, il approcha du phare. Plus bas, en contrebas d’une falaise escarpée, la mer était agitée à cause du vent qui soufflait. De manière globale, il fallait bien avouer que la météo du jour n’était pas si clémente, mais au moins le blizzard était passé.
Dans le plus grand secret, à seulement un mille marin, le sous-marin de la Louve était dissimulé et prêt à surgir en cas de danger. En d’autres termes, et contrairement à son habitude, la Peste avait prévu une solution de secours en cas de danger. Heltarson l’ayant déjà battu par le passé, mieux valait ne pas trop pêcher par excès de confiance. Depuis des mois, l’orgueil immense de la pirate l’avait conduit dans d’horribles situations et elle préférait éviter cela à l’avenir.
Arrivant finalement à destination avec Lamia à ses côtés, Méria ne manqua pas de constater que le contre-amiral l’attendait fermement. Son immense hache rouge posée face à lui, il y prenait appui en affichant un air ostensiblement colérique. Rien qu’à sa façon d’être, il montrait qu’il était là pour se battre. malgré tout, il se retenait bien de le faire. La vie du roi étant en jeu, il restait immobile, toisant les pirates de son regard sombre. Constatant la présence du monarque bâillonné, il grogna avant de faire un léger signe du menton. Sortant des rangs, deux soldats approchèrent. Chacun portait la poignée d’une grosse caisse en bois. La posant à dix mètres des pirates, il ne tardèrent pas à reculer.
« Votre paiement. Relâchez le roi.
- Bien sûr. On va vérifier qu’il y a tout d’abord.
- Dépêchez vous dans ce cas ! »
Furieux, le géant avait du mal à se retenir de se jeter sur les pirates. Malheureusement, l’épée de Lamia étant bien trop proche de la gorge du monarque, il ne pouvait se permettre ce genre de fulgurances.
« Mon ptit bouc, va compter. Deux cent millions, oublie pas. »
Si par hasard il y avait un piège dans le coffre, la perte du cornu ne serait pas bien grave. Vu sa faible utilité, mieux valait qu’il prenne ce risque potentiel. Pour Méria, cela semblait naturel.
ciitroon
Liberté, Liberté Chérie !