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[1629] Qui se frotte au Cactus ne s'y pique pas forcément.

Usine de production d’une des plus grandes usines de jus de Cactus Town.
Quel jus me direz-vous ? La question se pose-t-elle réellement quand la localisation s’appelle « Cactus Town » ? Et bien oui. Il s’agissait pourtant bien de dizaines de milliers de litres de jus de cactus qui étaient en train d’être émulsionnés, produits, pressés, embouteillés tout ça que vous voulez. La nuit était tombée depuis peu sur le site et, depuis voilà maintenant une dizaine de minutes, le contremaître Bramart avait commencé sa sempiternelle ronde le long des cuves et autres appareils industriels divers et variés. Il ne le savait pas encore mais cette ronde en apparence banale allait sans nul doute devenir pour le pauvre hère un des pires moments de sa vie. Pourquoi ? Eh bien, dans quelques instants, le commando Tropicana, commandé par l’infâme bosco Arancia « Oasis » Pulco, allait frapper les cuves avec violence et déverser le divin nectar des contenants sur le sol impie et surtout non-stérilisé de l’usine, ruinant plusieurs mois de dur labeur.

Tapi dans l’ombre d’une grande citerne, Oasis, accroupi, semblait marmonner des paroles inintelligibles. Engoncé dans une immense cape fuschia bien trop flashy et le visage tout d’orange maquillé, le bougre semblait répéter. En tendant une oreille attentive, on aurait pu entendre quelque chose comme :

« C’est ça que vous voulez Bramart ? Finir englué ? Noyé ? Collé à tout jamais ? »

Peu désireux d’attirer les regards, l’homme semblait un peu emprunté dans son costume, lui qui d’habitude ne se départait jamais de son masque de poulet. Après quelques moments passés prostré ainsi, il sembla se recomposer et s’infligea quelques tapettes, irritantes vues de l’extérieur mais ô combien motivantes. Après une inspiration appuyée, il sortit de sa cache, brillant comme un néon à la lumière des spots de l’usine du lieu. Agrippant des deux mains une des échelles d’accès au dispositif de contrôle des cuves, il gravit cette dernière avec une aisance rare et posa ses pieds sur les plaques métalliques qui faisaient office de chemin. Tapotant de la paume les rambardes, il reprit une inspiration pour se donner du courage et entama sa course, faisant glisser les pierreries sur ses doigts contre le garde-corps. La bizarrerie ne manqua pas d’attirer l’attention de Bramart qui, d’un air sec, lâcha un « Hé vous ! Venez ici tout de suite ! » avant d’entamer la poursuite de l’intrus.

Le long des cuves, le bien aimé héritier des Pulco glissait à intervalles réguliers les mains sous son long manteau fuschia, portant la main à un objet aux formes peu distinguables, pour rapidement les jeter dans les cuves dans de jolis bruits de plouf. Jamais il n’aurait cru faire cela vingt-quatre heures auparavant. Mais bon, l’homme fait des plans, la vie les change. C’était bien ça le… Oups. S’embronchant dans sa cape trop longue, l’individu manqua de tomber tête la première dans un des fûts mais se rattrapa par une cabriole circassienne dont il avait le secret. Malheureusement pour lui, le contremaître avait rattrapé la distance et s’époumonait en lui hurlante dessus. Site sécurisé, nanani. Interdit d’entrer. Nanana. Il avait sans doute la détente un peu longue car Pulco dut sortir son flingue et lui poser sur la trogne pour détendre le gusse, qui ne manqua pas de laisser une trace amère de son passage au fond de ses braies. De l’autre main, il arborait l’avis de recherche fraîchement publié de sa bobine orangée. Arancia « Oasis » Pulco. 40 millions de berrys. Pas de quoi faire trembler les sphincters de la moitié de Grand Line mais quand même. Il laissa le contremaître peser ses options et lui sortir son speech savamment répété.

« La Flotte Fuschia ça vous parle ? Sixième flotte d’Aoi D. Nakajima. Vous vous rappelez d’elle non ? »

A voir le type blêmir, il en conclût que oui.

« Eh bien on est revenus récupérer des trucs ici pour le compte de la boss. Et on a des comptes à régler. A commencer par vidanger toute la merde que vous trafiquez ici. Jus de cactus ? Et pis quoi encore, dit-il en forçant de sa main de nouveau libre son interlocuteur à regarder le jus verdâtre glouglouter cinq mètres plus bas. C’est ça que vous voulez Bramart ? Finir englué ? Noyé ? Collé à tout jamais ? Tout ça que vous voulez ? Tututututu. On va vous débarrasser de tout ça. »

Regardant sa trotteuse courir, l’agent Cruise commençait sérieusement à baliser. Il avait réalisé sa part du contrat. Foutre un joyeux bordel et mettre des charges d’explosif dans chacune des cuves. Mais que pouvait bien foutre sa camarade ? Pour masquer sa peur d’être largué ici comme un minable agent de catégorie II, Costa Cabana éclata d’un gros rire bien bizarre comme le faisaient tous les pirates dignes de Grand Line. KAH. KAH. KAH. KAH. KAH. Puis il regarda de nouveau sa montre, encore plus nerveux.


Dernière édition par Carnival Cruise le Ven 13 Oct 2023 - 15:49, édité 1 fois
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Cher journal,

Le soir tombe sur la petite ville de Cactus Town. Le soleil glisse lentement derrière les incroyables monticules géants qui dominent l’île, étalant ses reflets comme une rivière orangée sur les maisons couleur sable. L’effervescence gagne les rues tandis que les saloons commencent à se remplir de joyeux travailleurs et travailleuses, heureux de se délasser après une journée bien remplie, ce qui donne à la bourgade des airs de fête. Fête qui ne va pas durer…

BANG ! BANG !

Voilà que déboule sur la grand-place une bande d’étrangers tapageurs, armés de sabres et de pistolets, criant, riant et vociférant ! L’aspect peu recommandable qu’ils ont l’air joyeux et éméché, tout dans leur accoutrement désigne en eux un équipage de pirates. Tout y est : chapeaux, cache œil, sabres, un ou deux crochets, et quelques têtes de mort brodées sur les vêtements. On aurait voulu paraître plus pirate qu’on n’aurait pas réussi !
De l’ensemble du groupe, c’est mon costume qui est le plus réussi, et je l’affirme sans la moindre once d’humilité ! J’arbore un splendide chapeau garni d’une plume couleur fuchsia, un pantalon en soie colorée, une veste élégante, et surtout un grand manteau de capitaine pirate que je porte posé sur les épaules en guise de cape.
J’écarte théâtralement mes compagnons pour m’avancer face aux habitants, qui se sont regroupés instinctivement derrière les plus courageux d’entre eux, peut-être leurs meneurs, et qui nous dévisagent l’air incrédule. Un ou deux de mes compagnons pirates tirent en l’air pour faire bonne figure tandis que je m’exclame :

« - Kyahahaha ! Tremblez miséreux, devant la sixième flotte de la commandante Aoi D. Nakajima, le terrible équipage Fuchsia ! »

Certains blêmissent tandis qu’ils reconnaissent mon visage, placardé depuis peu sur tous les murs de la ville, et publié abondamment (et complaisamment) dans les journaux diffusés en ville :

[1629] Qui se frotte au Cactus ne s'y pique pas forcément. Rnmw

Rassure-toi, journal, je ne suis pas en train de vriller, ni d’être touchée par le mal qui affecte tous les CP en manque de repères, recrutés à la va-vite et mal formés, et qui sont nombreux à quitter nos rang quand ils réalisent que l’ampleur de leur travail les dépasse…
Crois-le ou non, coiffée de mon couvre-chef de pirate, je suis en train d’œuvrer pour la plus grande gloire du Gouvernement Mondial !

Je ris encore tandis qu’un petit groupe de Cactustowniens (c’est comme ça qu’on appelle les habitants de Cactus Town ? Mince, j’aurais dû me renseigner avant de venir… Cactusois ? Cactusiens ?) à l’air un peu plus dégourdis que les autres se détachent du lot pour me faire face.

« - Tu as fait une grosse erreur en venant ici, la pirate. Tous les habitants de cette ville sont des chasseurs de primes ! Les bandits comme vous, c’est notre spécialité.
- Mais c’est bien gentil à toi de nous offrir ta jolie petite tête primée sur un plateau !
- Et puis on a un petit compte à régler avec ta commandante !
- Héhéhé !
- Hohoho ! »

Je ris de plus belle, plus fort qu’eux, pour couvrir les propres ricanements et leur faire comprendre que leurs commentaires sont malvenus :

« - Kyahahaha ! Taisez-vous pauvres sots ! Je suis venue ici car vous allez devoir répondre d’un crime terrible ! Vous… »

M’interrompant de la manière la plus grossière, les chasseurs de primes dégainent leurs armes et se ruent sur moi ! Gloussant comme la digne méchante que j’incarne, je fais virevolter ma cape avec élégance, et tire des replis de mon vêtement plusieurs petites bombes de ma confection. Je les laisse tomber devant moi, tout sourire, et le gaz explosif qu’elles contiennent détonne dans une réaction en chaîne :

Bang ! Bang bang ! Bang !

Mes compagnons enjambent la fumée qui se dissipe à peine, se saisissent de mes assaillants, jettent à terre ceux qui ne le sont pas encore, et leurs distribuent quelques claques pour la forme ! Quant à moi, plus fanfaronne que jamais, je m’adresse à tous les autres habitants, aussi bien chasseurs de primes que civils (même s’il semblerait que très peu des occupants de l’île puissent prétendre à cette seconde appellation), qui se sont prudemment reculée pour éviter d’être pris dans la bagarre :

« - Kyahahaha ! Je disais donc, je suis ici pour que vous répondiez de vos crimes ! » Je pointe solennellement mon doigt vers l’assemblée : « et vous serez mes premières victimes ! »

Je désigne du même doigt le bar le plus proche, une petite cantina à la devanture colorée avec quelques tables et parasols en terrasse.

« - Pirates ! Apportez-moi tout ce que cet établissement miteux possède en stock de jus de cactus !
- Oui capitaine ! »

Quelques-uns de mes sbires grimés en pirates se ruent dans l’établissement, et en ressortent quelques instants plus tard en faisant rouler plusieurs tonneaux jusqu’au centre de la place.

« - Bien. Maintenant, chers Cactsuto… chers habitants de Cactus Town, place à la torture ! Vous allez boire le contenu de ces tonneaux de leur contenu répugnant jusqu’à la dernière goutte !
- Mais madame ?
- Quoi ?!
- Ce n’est pas une torture !
- Bien sûr que si ! Qui pourrait imaginer un pire châtiment que de devoir ingurgiter ne serait-ce qu’une gorgée de cette mixture qui est une insulte au concept de boisson ?!
- On adore tous ça, ici !
- Eh bien… si vous avez aussi peu de goût, vous méritez votre châtiment. Allez, buvez ! Je veux que vous vidiez ces tonneaux ! Ensuite, on ira faire le tour de tous les autres saloons, et on recommencera ! Et si vous cachez du jus de cactus dans vos caves ou vos maisons, je vous le ferai vider aussi. Je détruirai vos distilleries, démantèlerai votre production. Et en plus je vous forcerai à regarder pendant que je déverserai les dernières gouttes de jus de cactus dans la poussière de votre ville minable !
- Vous … vous êtes vraiment cruelle !!
- Mais oui ! Exactement ! Je suis une pirate, kyahahaha ! »

Et à ce moment, dans une synchronisation théâtrale parfaite, une énorme explosion retentit à l’autre bout de la ville. Une pluie de gouttes de jus de cactus s’abat sur Cactus Town…
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En moins de temps qu'il ne fallait pour dire "Arrachez-vous là bande de gaufrières, vous allez me foutre du jus de cactus partout !", Arancia "Oasis" Pulco décampa du haut de sa cuve, ne manquant pas de faire tomber le contremaître Bramart dans cette dernière dans un gloub-gloub affolé. Une fois cela fait, il rejoignit rapidement le toit de l'usine et parcourut le vide entre plusieurs toits avant qu'un grand boum ne se fasse entendre derrière lui. Stressé à l'idée d'avoir abîmé sa belle cape fuschia, il l'épousseta tandis qu'il vérifiait si les membres du commando Tropicana, à savoir lui-même uniquement, n'étaient pas blessés. Rien de cela. Ouf. Une bonne chose de fête. D'un air rieur, il regarda l'immondice verte gluante s'écouler dans les rues alentours avec une force inouïe. Comme l'avait prévu l'ingénieur géomètre, géographe et géo-expert de la Marine, qu'ils avaient contacté quelques heures plus tôt, la topologie du lieu était parfaite pour ce plan un peu fou.

Dans quelques dizaines de minutes, il aurait mérité son surnom d'Oasis en noyant cette partie-ci du complexe. La masse verte poisseuse gagnerait en fluidité avec la chaleur et commencerait à dévaler la butte sur laquelle l'usine se trouvait. Il n'avait donc pas le temps de s'attarder. De bonds rapides, il s'exerça à réduire la distance entre lui et la position prévue d'Oranginadège, la capitaine de la flotte Fuschia, tout en devançant la marée verte qui se dirigeait en direction du centre-ville. Elle devait avoir fini son speech et la population de chasseurs de primes devait commencer à se sentir lésée. Juste assez pour voir Pulco sauter du toit d'un immeuble dans un KAH KAH KAH caractéristique et retomber sur la place dans une marée de mélasse verte.

« Mission accomplie Cap'. Si vous le permettez, on passe à la phase deux du plan. Mauve ! Apporte-moi le Maire ! »

Ainsi, Mauve le Mauvais, comme le voulait la rumeur, aussi appelé Pierre de Gourgantois-Louvrac, homme-poisson-rascasse de son état et fier acteur à ses heures perdues, traversa la foule sous le regard ahuri de pas mal de monde pour y jeter un homme sur la cinquantaine, ligoté et le regard haineux. Le maire du coin. Ou un type de passage. Difficile à savoir tant la rascasse l'avait baffé. Mais bon. Au vu du regard de pas mal de gens, il avait l'air d'en imposer un peu. Donc ce devait bien être le maire après tout. Braquant un pistolet sur sa tempe, Pulco fanfaronna :

« Je vous remercie pour votre attention renouvelée. Comme l'a si bien dit ma capitaine, on est venus pour la big boss Aoi. Et on a des ordres. Donc vous allez nous vider vos stocks de cactus si vous voulez pas qu'on vous fasse encore plus mal. A vous ou au maire, dit-il en appuyant le canon sur le crâne du vioque. Puis vu qu'on est ici, on va imposer quelques nouvelles règles. Fini le cactus... Place au... AU... ? »

Il sortit de sa poche un fruit de quelques centimètres à l'allure de prune, au goût amer, continuant de sonder la foule du regard. Sa capitaine aussi devait se poser la question sur sa santé mentale ou sur sa performance d'acteur mais il n'en démordit pas. Quitte à jouer le pirate, autant faire un grand coup.

« A la goyave ? tenta honteusement un chasseur de primes peu porté sur l'arboriculture. »

BANG. Son corps heurta le sol tandis que Pulco ré-éclatait d'un KAHKAHKAH. Quels idiots.

« Ftpeu. On appelle ça une baie de fuschia. Et vous allez en planter partout ! »

De là à ce qu'ils renomment Cactus Town en Fuschia Town et créent un conflit administratif avec une île des Blues, il y avait encore un certain gap...
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Il est habituel que des navires de la marine fassent escale à Cactus Town. C’est l’occasion de recevoir l’accueil d’une communauté chaleureuse, ayant porté à un haut niveau l’art de l’hospitalité et de la fête. C’est aussi l’opportunité de faire la tournée des bars, de remplir les soutes, et surtout d’échanger les criminels que n’auront pas manqué de capturer les chasseurs de primes locaux contre de belles liasses de berrys. Cette fois pourtant, se sont le désarroi et la désolation qui règnent dans la petite ville…

« - Ils ont tout vidé capitaine, tout ! Ils ont renversé nos tonneaux, siphonné nos cuves, détruit nos plantations cactus, réduit nos distilleries en cendres… et en plus ils l’ont fait en se moquant méchamment !
- Quel bande de pirates ! Et vous dites que c’est la criminelle Aoi Nakajima en personne qui a fait ça ?
- Exactement ! C’était elle !! Enfin presque. Ce sont surtout ses fidèles lieutenants qui ont fait le coup, mais plein de gens disent qu’ils l’ont vue en personne !
- C’est vraiment fâcheux.
- Comme si ce n’était pas assez horrible, ils ont planté des graines de leurs fichus fuchsia un peu partout ! Pas seulement dans nos plantations mais aussi dans les rues, à la place des pots de bégonias, sur les toits des maisons, et même sur le panneau d’accueil de la ville ! Ils nous ont dit qu’ils reviendraient bientôt, et que si la Cactus Town n’était pas couverte de fuchsias à ce moment-là, ils la raseraient entièrement !
- Mes pauvres… et vous étiez sans défense. »

Un sursaut d’égo semble tout de même traverser le cactustownien :

« - Nous ne sommes pas des gens sans défense ! Nous sommes des chasseurs de primes, et des bons ! Si la première voie de la route de tous les périls est la plus sûre, c'est grâce à notre travail et à la moisson de pirates que nous faisons ici. Mais face à l’équipage d’une lieutenante d’empereur aussi puissante, même les meilleurs ne peuvent rien faire… »

Et de se lamenter :

« - Que lui avons-nous fait pour qu’elle nous en veuille à ce point… ? »

La capitaine de la marine au physique atypique (de grande taille, elle est dotée de jambes vraiment courtes, d’un buste immense et de bras et d’une tête relativement petits) offre au chasseur de primes un tapotement d’épaule compatissant avant d’annoncer :

« - Soyez sans crainte. Il ne sera pas dit que la marine abandonne qui que ce soit à la merci des pirates ! Nous resterons ici. Nous patienterons le temps qu’il faudra, et lorsqu’ils viendront nous défendrons la ville à vos côtés ! »

♦♦♦♦

Cher journal,

La base secrète improvisée « Lipton » est un endroit plutôt confortable : il s’agit d’une tente en forme de sphère, garnie de fauteuils épais, de canapés moelleux et de tapis, regorgeant de provisions (y compris une importante réserve de jus de fruits), et dotée de tout ce que l’on peut désirer en distractions, jeux de société et lecture ; suffisamment pour consoler au moins un peu ses occupants du manque criant d’espace. Et de l’attente interminable. Et de l’odeur tenace de jus de cactus qui en imprègne chaque centimètre carré.
C’était par ailleurs un exploit d’avoir réussi à la hisser au sommet de l’un des cactus géants qui dominent Whiskey Peak, avant de la peindre en vert et de la faire passer pour une excroissance parmi tant d’autres. Une idée de camouflage parfaite à priori, même si je dois avouer que j’ai un peu déchanté en constatant que nous nous étions implantés sur un cimetière géant, dont ce qui passe pour des piquants de cactus vu de loin sont en réalité autant de pierres tombales.

M’efforçant d’oublier ce détail sordide qui rend les nuits un peu compliquées, je mène une partie de cartes effrénée en compagnie des agents Cruise et Fauques, en buvant sans trop d’entrain un thé glacé tiédasse (je ne sais plus qui de Cruise ou Fauques a proposé d’utiliser une des tombes comme glacière, mais j’ai refusé d’y souscrire !).
Soudain les parois de la tente s’écartent, laissant apparaître Larbin Numéro 1 (je ne m’embête pas à retenir les noms des larbins, ils n’ont qu’à devenir de vrais agents s’ils veulent obtenir un peu de considération !), vêtu d’un complet noir avec le chapeau assorti, très chic bien que recouvert de poussière et de sable.

« - Je viens au rapport !
- Il était temps ! Vous avez réussi à retrouver la cantine contenant nos réserves de chocolat ?
- Euh… non, je suis désolé. C’est le travail de Larbin numéro trois (non contente de ne pas retenir leurs noms, je leur impose d’utiliser ceux que je leur attribue. Bein oui, sinon on ne sait jamais de qui on parle !), et il y met toute son énergie ! Je reviens de ma mission d’observation en ville.
- Oh. Oui c’est vrai. Et alors ?
- L’équipage de la marine a pris contact avec la population. Je les ai vu décharger des troupes et du matériel de leur navire. On peut espérer qu’ils aient obtenu l’autorisation de s’installer sur place, au moins provisoirement, dans la crainte du retour des pirates. »

J’échange un sourire ravi avec mes collègues :

« - On dirait que la crainte de finir recouverts de petites fleurs roses a fait son effet ! Si on les laisse mariner encore un peu, ils devraient être prêts pour notre grand spectacle final. »

Puis en particulier à l'agent Cruise:

« - Partant pour une petite mission de repérage ? »

On pourrait laisser cette tâche aux larbins, mais l’attente oisive perchée sur un cactus-cimetière à trois cent mètres de haut n’est pas si passionnante, même pour une hédoniste comme moi.
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Cher journal,

Qui dit équipage pirate dit navire évidemment, et un drapeau noir qui vole au vent ! Faute de vent, on a enduit le nôtre d’amidon, afin qu’il offre à la vue de tous son profil annonciateur de malheur !
Comme notre sens du spectacle parle avant celui de la stratégie, nous effectuons notre retour en pleine journée. A midi, en plein soleil, face au port et à la vue de tous. Nos sommes encore loin du quai lorsque le son des cloches de la ville nous parvient : ils savent que nous sommes là. Histoire de leur répondre, j’ordonne à mes sbires-pirates de tirer quelques coups de canon bien sentis !

♦♦♦♦

BOUM !

Alors que les premiers tirs des pirates avaient été plutôt malchanceux, l’un d’eux s’abat finalement en plein sur le toit d’une des maisons en face des docks ! Des cris se mêlent au bruit du bois qui éclate et de la pierre qui s’effrite, et un instant plus tard les occupants du bâtiment sortent dans la rue et s’enfuient en courant !

« - Nous devrions riposter ! » s'exclame le chef des chasseurs de primes. « S’ils continuent comme ça, ils vont raser la ville !
- Sans notre navire, nous n’avons pas la puissance de feu suffisante pour faire jeu égal avec un vaisseau bien armé. Cela pourra venir avec un peu de temps, lorsque nous aurons bâti une véritable base fortifiée digne de ce nom. » La capitaine de la marine jette un discret regard en coin à son interlocuteur, et constate avec plaisir que ce dernier ne semble pas vouloir la contredire sur ce dernier point. « Et si nous avions laissé notre propre navire au port, ils n’auraient pas osé venir se jeter dans notre piège avec autant de d’assurance. Faites moi confiance : protéger les villes, c’est mon métier ! »

♦♦♦♦

La cloche a cessé de sonner. La ville semble déserte, comme si tous ses habitants l’avaient quittée. Nous avons cessé de tirer au canon : chaque boulet coûte cher au contribuable, et ce n’est même pas amusant si ça ne fait fuir personne.
Tout l’équipage est prêt, grimé comme de bons pirates. Nous avons quitté le navire pour des chaloupes, et nous nous dirigeons vers le quai à la force des rames. Pendant que les sbires triment je me tiens debout à l’avant de ma barque, fixant la côte telle une capitaine prête à partir à l’aventure !
Lorsque la chaloupe atteint le quai, je dégaine mon sabre et m’écrie :

« - En avant les pirates, au pillage ! Kyahaha !
- Hourra !
- Yoho ! »


De nos trois chaloupes se déversent une trentaine de faux pirates qui s’élancent dans la ville. J’avoue que j’appréhende un peu la suite, et j’admets être soulagée lorsque j’entends un :

« - Plus un geste, forbans ! »

Des fenêtres des maisons surgissent des hommes et des femmes en uniforme blanc qui pointent des fusils et des pistolets. D’autres se positionnent de manière à bloquer l’accès aux rues principales, et même au reste du quai.

« - Par ordre de la marine, vous êtes en état d’arrestation !
- De la marine, et des chasseurs de primes de Whiskey Peak ! »

Nous avons beau jouer le rôle de pirates et adorer notre employeur, le grand et magnifique Gouvernement Mondial, il n’est pas question de sacrifier plusieurs dizaines de sbires dévoués du Cipher Pol pour une simple mission. Comme convenu, la plupart de mes subordonnés déposent leurs armes et lèvent les bras en l’air.

« - Oh non, la marine est là ! » s’exclame un de mes sbires-pirate, un des plus mauvais acteurs que je n’ai jamais entendus.
« - On est fichus ! »

Cependant, il n’est pas question de leur rendre la tâche trop facile : il en va de la crédibilité de la protection sauvetage de la marine ! Ainsi, quelques-uns parmi notre groupe, dont l’agent Cruise et moi, nous exclamons :

« - Jamais ! »

D’un geste, j’écarte ma cape et en laisse échapper une grappe de grenades fumigènes qui tombe à mes pieds, libérant un épais nuage de gaz mauve, opaque, et sentant bon la cerise ! L’usage de grenades est complètement superflu puisque le gaz est généré par le pouvoir de mon fruit du démon, mais il servent à ma couverture, et à parfaire mon personnage.

Une salve de tirs nous répond. D’un élan, nous nous précipitons vers les abris les plus proches : pour ma part, je me rue en avant, passe à travers une fenêtre, empoigne le chasseur de primes qui s’y tenait et roule avec lui sur le plancher !

« - Tu vas voir si je me rends, kyahaha ! »

L’homme se débat, me donne un vilain coup de crosse dans les côtes, et je réplique en lui montant le nez ! Il me lâche en poussant un cri et en tenant à deux mains son appendice endolori, et je m’écarte de lui en lui lançant une des grenades de ma fabrication.

POF !

Un nuage de gaz soporifique lui éclate à la figure, et le chasseur part dans des quintes de toux tandis que je déguerpis. Bien m’en prend, puisqu’au moment où j’atteins la porte à l’arrière de la pièce pour quitter la maison, cette dernière s’ouvre et deux marines armés pointent leurs armes dans ma direction, et tirent sans réfléchir !
Hé ! Attention un peu ! On est censés donner du spectacle, pas s’entretuer ! Heureusement que je suis plus rapide qu’eux : je me baisse pour éviter le tir, et plonge à travers l’embrasure de la porte pour atterrir dans la rue. Je roule dans le sable, une main posée sur mon couvre-chef pour éviter de le perdre et me redresse, une autre grenade à la main.

« - Je te tiens, Oranginadège la pirate ! »

La situation se corse tout à coup. En face de moi se tient une femme d’assez haute stature, au visage juvénile, parée d’un manteau de capitaine de la marine. Elle est une de ces individus au physique très atypique comme on en rencontre lorsque l’on voyage à travers les mers dangereuses : plus haute que moi d’une cinquantaine de centimètres, son buste immense fait paraitre tout petits ses bras, ses jambes, et même sa tête sur laquelle est vissée sa casquette de la marine. Son sabre, d’assez bonne taille lui aussi, accentue encore la démesure de son corps aux proportions insolites. Elle le manie néanmoins avec une aisance d’experte, effectuant quelques moulinets qui suffisent à capter mon attention.

« - Que tu crois, kyahahaha ! »

Je la regarde droit dans les yeux, prête à bondir. Elle fait de même, et nous commençons à nous tourner autour à pas mesurés. Nos équipages respectifs, ainsi que les chasseurs de primes, se sont massés autour de nous mais n’osent pas intervenir. D’une main, je pointe mon sabre vers elle tandis que de l’autre je prépare une nouvelle grenade.

« - En garde, marine ! »

Clang ! Nos armes s’entrechoquent ! Je la provoque en avançant résolument vers elle et attaquant sans relâche ! Je bondis, feinte, tente une taillade à droite suivie d’un vif estoc vers le bas ! Elle pare à chaque fois, évite mes feintes, et contre-attaque avec violence et efficacité ! Alors que j’essaie de l'amener près des habitations, à l’abri d’éventuels tireurs postés sur les toits, elle me repousse sans ménagement au milieu de la rue, à la vue de tous.
Plus j’attaque, et plus je constate que ni elle ni moi ne faisons semblant. Elle cherche vraiment à me toucher, cette affreuse, elle se bat pour gagner ! Et je fais de même, parce que mon ego m’interdit de perdre comme ça ! Alors je frappe pour blesser, et tant pis pour elle ! Tout en la visant avec mon sabre, je lance vers elle la grenade explosive tenue dans ma main droite. BANG ! Mais alors qu’elle aurait dû l’atteindre en plein visage, la capitaine tord son immense buste à la manière d’une tige en caoutchouc ! Solidement campée sur ses deux jambes, elle lui fait effectuer une rotation à vive allure, et me heurte en plein dans l’abdomen !

Secouée comme si je venais de me faire percuter par un bélier, je recule en trébuchant. La marine ne me laisse pas un instant de répit et s’abat sur moi, sabre en avant, le buste toujours oscillant comme s’il était monté sur un ressort ! Elle fend les airs et frappe dans toutes les directions à la fois, et je me retrouve à devoir fuir ses coups plus que je ne les pare !

« - On va voir si tu es si maline ! »

Ça se voit que je suis un peu vexée ? En tout cas, j’affiche un grand sourire provocateur en lâchant une grenade à mes pieds ! Une fois de plus c’est un parfait prétexte, un emballage vide dans lequel je glisse un peu de gaz de ma fabrication, un gaz aussi inoffensif que parfaitement opaque, d’un rouge profond. Et je profite de ce que mon adversaire ait la vue obstruée pour m’écarter vivement ! Je prends appui sur un mur, m’agrippe à une gouttière, et, en quelques sauts habiles, me voilà montée sur un toit !
Sans même prendre la peine de regarder, je jette derrière moi une nouvelle grenade explosive et l’écoute détonner avec satisfaction tout en entendant le bruit caractéristique de quelqu’un qui fuit à vive allure pour éviter la déflagration !

Je regarde en bas et aperçois mon adversaire qui, sitôt l’explosion dissipée, se rue vers la maison où je suis perchée. Je l’accueille avec une grappe de projectiles détonants qui l’obligent à reculer à chaque fois.

BAM !

« - Prends ça, hihihi ! »

RE-BAM !

Bang ! Une munition file juste au-dessus de ma tête, traversant de part en part mon beau chapeau de pirate !
En face de moi, perché sur l’un des toits voisins, je repère un chasseur de primes qui me vise avec un fusil. Je l’identifie comme étant l’un des meneurs, un de ceux qu’on a malmenés lors de notre premier passage. Et si j’avais le moindre doute, le voilà qui s’écrie :

« - Et ça c’est pour nous avoir forcée à vider nos tonneaux !
- Il est nul votre alcool de cactus, de toute façon ! »

Il me vise à nouveau, mais trop tard : une autre de mes grenades file déjà vers lui, et explose dans un nuage de fumée dorée qui sent bon la frangipane.
Hélas pour moi, cette diversion a suffi à me faire perdre de vue ma principale adversaire. Et la voilà qui surgit sur le toit, prête à en découdre à nouveau ! Semblant toujours montée sur un ressort, elle frappe vers moi avec un rythme soutenu et des trajectoires anarchiques ! Imprévisible, elle manque de me trancher à plusieurs reprises, tandis que je peine à l’atteindre. Je bondis sur la rambarde, mais elle me suit avec agilité. Je frappe, feinte, mais elle me repousse et manque de me cisailler avec sa lame ! J’évite de justesse un coup à la tête, bondis en arrière pour me protéger d’un autre à l’abdomen, et lui présente mon sabre pour en parer un troisième.
Peu à peu, coup après coup, mon adversaire me repousse de plus en plus au bord du toit. Je n’ai bientôt plus nulle part où reculer, tant sa grande envergure me bloque de chaque côté. Nos sabres se croisent, et elle s’appuie de toutes ses forces contre moi.

« - Tu t’es bien battue, mais c’est terminé. »

Evidemment, elle a raison. Je suis juste là pour assurer le spectacle, et on peut dire que ma mission est accomplie. Seulement… je me sens d’humeur peste !

« - Je n’ai pas envie, kyahaha ! »

D’un geste rapide, je profite de notre proximité et de notre immobilité pour dégainer de ma main libre un nouvel explosif ! Elle tente de me retenir en saisissant mon poignet, mais son bras est trop court et j’arrive à me faufiler jusqu’au col de sa veste. Je laisse tomber l’explosif à l’intérieur, puis recule d’un pas et saute dans le vide tandis que la marine crie et vocifère :

« - Non, attends ! Espèce de f… »

BANG !

« - Et alors ? Tu n’espérais quand même pas un combat facile ?! Tu vas devoir mériter tes médailles, la marine. Kyahaha ! »

Je m’interromps, surprise par le spectacle que je vois se dérouler sous mes yeux. Je ne lui avais pas asséné une explosion trop forte donc je m’attendais bien à ce que mon adversaire l’encaisse, mais là…
La capitaine de la marine laisse tomber son manteau déchiré, et sa veste roussie par l’explosion, dévoilant la supercherie : il ne s’agissait pas d’une seule et même personne, mais de trois petites filles aux visages enfantins, juchées chacune sur les épaules de l’autre ! L’une assurant la marche, la seconde les mouvements si improbables du buste, et la dernière la tête et les bras.

« - Hééé ! Tu n’avais pas le droit de dévoiler notre secret !
- Tu vas voir un peu !
- On va t’apprendre à nous respecter ! »


Les trois petites filles se séparent. L’une garde le sabre qui fait pratiquement le double de sa taille, la seconde dégaine deux pistolets, et la troisième un filet… qu’elle me lance dessus ! Je m’écarte d’un pas pour éviter le projectile grossier, mais quelque chose me retient, et je trébuche alors qu’on me fait un croche-pied ! Co… ? Je croise le regard malicieux d’une des petites triplées, qui me donne un vilain coup de pied dans la cheville avant de s’écarter ! Avant même que je sois tombée au sol, la seconde fait feu avec ses pistolets, qui m’aspergent d’un liquide gluant et collant ! Je roule au sol, tente de chercher l’abri d’un mur pour rebondir, et m’apprête à lancer un nouveau fumigène lorsque la troisième me stoppe dans ma course, m’épinglant comme un insecte sur un mur en y embrochant mon manteau par le col, et moi avec !
Les trois filles se tiennent devant moi, bientôt rejointes par le reste de leur équipage ainsi que les chasseurs de primes. Si j’en crois les visages que je vois autour de nous, je ne suis pas la seule surprise par ce qui vient de m’arriver.

« - Alors ?!
- On fait moins la maline, hein ?
- Excuse-toi maintenant !

- Je… suis désolée. Pardon. Et je me rends. »

♦♦♦♦

Nous avons été escortés sous bonne garde jusqu’au navire. Là, à l’abri des regards indiscrets, nous avons pu tomber les masques ! Notre équipe est heureusement intacte, à quelques blessures et commotions près, et nous profitons d’un réconfort bien mérité après l’effort !

Il a fallu cependant attendre une journée entière avant de quitter l’île, le temps que des renforts arrivent et viennent relever nos vainqueurs. Journée que les vainqueurs en question ont passée à faire la fête et à manger, tandis que nous étions réduits à nous faire discrets dans la cale de leur navire.
Enfin ! A présent, il semble admis qu’un équipage de la marine aura toujours ses quartiers à Whiskey Peak.
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