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Les fleurs du Dédale

Orion se trouvait à bord du navire de la Translinéenne, fendant les eaux tumultueuses de Grand Line. Cela faisait bien longtemps qu'il avait quitté Reverse Mountain et il n'avait jamais été aussi libre.
Après son aventure sur l'île loufoque du Royaume de l'Absurde, il était en route pour Astérion. Assis sur le pont, il cherchait un membre de l'équipage avec lequel il pourrait discuter de cette nouvelle destination.

Finalement, il aperçut le marin qui l'avait précédemment averti concernant Innocent Island. L'homme était en train de vérifier des cordages à proximité, le visage marqué par les éléments et l'expérience en mer. Orion s'approcha de lui avec un sourire.

" - N'est-ce pas mon conseiller en aventures ?
- Et revoilà mon plus fidèle client.
- Que pourriez-vous me dire sur notre prochaine destination ? "

Le marin se redressa et croisa les bras, prêt à partager quelques informations.

" - Astérion, hein ? Sachez que contrairement à Innocent Island ou au Royaume de l'Absurde, c'est une toute autre bête. Une île massive, trois grandes villes, un port prospère, et une myriade de villages disséminés partout. C'est un carrefour commercial, gamin. Les marchandises du monde entier passent par là. Mais il y a un hic."

Orion écoutait attentivement.

" - L'île entière n'est qu'un labyrinthe géant. Seuls les locaux en connaissent les chemins. Vous aurez besoin d'un guide, et ces types-là ne sont pas bon marché. Comptez au moins 5 millions de berrys pour avoir un guide compétent. C'est ce qui fait le charme d'Astérion, paraît-il."

Orion fronça les sourcils.

" - Comment ça un labyrinthe géant ? Qui l'a construit ? Et surtout, pourquoi ?
- Ça fait beaucoup de questions gamin. Pour quelqu'un qui souhaite découvrir le monde, il va falloir que tu apprennes à trouver les réponses par toi-même. "

Touché.

" - Un dernier conseil tout de même. Ne t'aventure pas dans la Ville Blanche. L'insomnie y est une maladie courante et... contagieuse. C'est un endroit qui ne dort pas, plus jamais.
- C'est noté. "

Orion descendit du bateau de la Translinéenne, posant les pieds sur le quai de Port-aux-Rois. L'air était lourd d'humidité, et le jeune aventurier était immédiatement frappé par l'atmosphère chaotique qui régnait ici. Des bateaux de toutes tailles étaient amarrés le long du port, et une multitude de personnes s'affairaient à décharger des marchandises, à monter et descendre des caisses, et à vaquer à leurs occupations. Le jeune homme ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine excitation à l'idée de découvrir cette île aux multiples mystères. Il se tourna vers le vieux loup de mer.

" - Encore merci pour les infos. À plus tard !
- Départ dans deux jours, ne soit pas en retard. "

Le marin lui adressa un sourire bienveillant, mais son regard trahissait une pointe de préoccupation. Le jeune homme regarda autour de lui, émerveillé par l'animation qui régnait dans la ville. Les bâtiments étaient imposants, certains d'entre eux ornés de fresques étranges qui semblaient raconter des histoires anciennes. Les rues étaient étroites et tortueuses, comme si elles avaient été tracées par un enfant qui s'amusait à dessiner des lignes aléatoires. Des drapeaux multicolores flottaient au-dessus de sa tête, donnant à la ville un air de fête perpétuelle. Orion s'éloigna du port, attiré par la curiosité et l'envie d'explorer cette ville étrange. Il suivit les ruelles sinueuses, déambulant au hasard, ignorant qu'il était d'ores et déjà perdu.
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    Tandis qu’il luttait pour recouvrer ses esprits, Kant percevait l’écho de voix proches, mais le sens des mots lui échappait dans sa confusion. Les voix s'entremêlaient en un brouhaha inintelligible.

« Il est vivant ? »
« Ouais m’dame, j’pense … S’est noyé… »
« Bravo mon brave, vous venez de lui sauver la vie ! »
« Merci m’sieur… »
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je l’ai vu se jeter à l’eau ! »
« J’sais pô, m’dame. P’tet qui sait pô nager...? »
« L’imbécile ! Bon, filons. »

Kant détestait déjà ce pouvoir. Depuis son départ du Royaume d'Absurde à bord d'un petite caravelle marchande, il avait déjà frôlé la mort deux ou trois fois. Sur Grande Line, les phénomènes météorologiques violents et soudains étaient si fréquents qu'ils faisaient de cet océan un vaste tombeau pour les utilisateurs de fruit du démon. Tomber à l'eau signifiait mourir. Kant le savait, mais il ne voulait l’admettre.

« Ça va mon p’tit m’sieur.. ? Oh, hé ? »

En reprenant ses esprits, Kant fit tout pour retenir ses larmes. Il exprima sa gratitude envers l’inconnu qui venait de plonger dans l'eau pour le sauver, puis fila à travers le dédale d’Astérion. Cette fois, il en était convaincu : il ne pourrait plus jamais nager. Rien ne lui servait de sauter une sixième fois dans l’océan en espérant que tout cela n’ait été qu’un mauvais rêve. Pour épancher sa peine, Kant emprunta le chemin le plus court jusqu’à la taverne la plus fréquentée de Port-aux-Rois. Là, il but, beaucoup.

    Quelques heures plus tard, on l’aperçut accoudé au comptoir, pleurant à chaudes larmes et luttant désespérément pour se maintenir en équilibre sur son tabouret de bar. Il déblatérait des choses incompréhensibles à propos de malédiction, de chaise et de liberté. Curieusement, un client compatissant s’était alors approché de lui pour recueillir ses lamentations. D’aspect extravaguant, il était vêtu d’une multitude de couches de vêtements colorés et dépareillés. Son haut-de-forme, usé et déformé, trônait sur sa tignasse de cheveux roux, gras et ébouriffés. Même la pâleur de son visage maquillé ne suscita aucune méfiance chez Kant, trop heureux d’avoir trouvé une épaule sur laquelle pleurer.

L'alcool aidant, l'homme au haut-de-forme qui se présentait comme un guide parvint finalement à persuader Kant de s'offrir une joyeuse balade dans le gigantesque labyrinthe d'Astérion. Ils négocièrent le prix, initialement exorbitant, s'élevant apparemment à quinze millions de Berries. Cependant, l’affection du guide pour Kant lui valut une ristourne généreuse, puisqu’ils s’élancèrent ensemble à travers le dédale pour la modique somme de cinq millions de Berries.
 

Le lendemain



« On est PERDUS ! »

« Non !  Monsieur Kant !  Nous sommes exactement là où nous devrions nous trouver ! Voyez-vous-même… »

« Arrête de m’appeler ‘Monsieur’ ! Et si ! On est perdus ! On vient de croiser un squelette humain, là ! Pis il me reste que trois bouteilles avec celle-ci, autant dire qu’on est fou…  Oh ! »

S’interrompant, Kant s’élança vers un jeune homme qui, démuni, était adossé à l’un des nombreux angles du labyrinthe. Le pauvre bougre égaré ne semblait guère plus âgé que lui, aussi ressentit-il une sincère compassion à son égard : il ne pouvait, en aucune manière, l’abandonner à son triste sort. Saisissant sa bouteille de vin comme l’on saisirait une arme pour sauver sa propre vie, Kant enfonça le goulot dans la bouche du malheureux. Épuisé et visiblement pris au dépourvu par cette intervention inattendue, le pauvre homme n’eut d’autres choix que de déglutir goulûment de longues gorgées de rouquin bouchonné. Alors qu’il l’aidait doucement à se relever, le visage de Kant s’illumina d’une joie inattendue.

« SUPER ! s’écria-t-il. Moi qui pensais crever ici tout seul avec ce dégénéré de guide ! Kant, enchanté ! Et toi, tu es ma bonne étoile ! »

Enlaçant l’inconnu qu’il venait de secourir, Kant ne remarqua pas immédiatement l’ombre menaçante qui se dressait devant à eux. Émergeant de l’obscurité, une créature humanoïde beuglante et rugissante finit par apparaître. Elle mesurait au moins deux mètres et possédait une tête massive de taureau dotée d’imposantes cornes recourbées. De quoi s’agissait-il au juste ? Seul le guide sembla saisir la gravité de la situation.

« Un minotaure ! s’écria-t-il. Fuyons, Monsieur Kant ! »

Par orgueil, ou par compassion envers le pauvre égaré qui venait tout juste de se relever, Kant prit la courageuse décision de faire face à la créature. Ses errements de la veille l’avaient persuadé d’une chose : il devait tirer parti du démon qui l'habitait, afin d'au moins compenser la perte de sa capacité à nager. Bien qu'il n'ait ni maîtrisé ni même compris la portée et la nature de ses propres pouvoirs, il décida de les invoquer pour se sortir de cette périlleuse situation.

« Ne vous en faites pas, lança-t-il confiant. Je m’en occupe ! »

Puis, invoquant toute la puissance tapie aux tréfonds de son être, le regard défiant, Kant contracta chacun de ses muscles. Il se figea soudainement, puis subitement se métamorphosa. À la stupéfaction générale, il se transforma en une toile de tissu rouge vif, tourbillonnant de manière erratique dans les airs. Puis, comme pris de panique, le tissu s'enroula brusquement autour du visage du pauvre malheureux qui, à n'en pas douter, aurait mieux fait de rester à l'écart.
La créature, elle, chargea tout droit dans leur direction.


Dernière édition par Kant le Lun 9 Oct 2023 - 17:44, édité 1 fois
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Orion se trouvait au cœur du labyrinthe d'Astérion, un dédale complexe où la nature semblait s'être rebellée contre toute forme de logique. Les rues tortueuses, bordées de bâtiments anciens aux murs de pierre grise, semblaient se refermer sur lui, comme si elles avaient décidé de jouer un mauvais tour au jeune homme égaré.

Les haies gigantesques qui avaient donné leur nom au labyrinthe étaient épaisses et touffues, formant un mur impénétrable de verdure. Mais ce n'était là que la partie végétale du défi qu'était devenu le labyrinthe. Des formations rocheuses rectangulaires surgissaient par endroits, formant des murs de pierre solides et inexpliqués. Orion était plusieurs fois passé devant de courts cours d'eau profonds et rapides, impossible à traverser sans risquer sa vie.

Les arbres, quant à eux, semblaient avoir choisi de pousser de manière chaotique, leurs branches s'entremêlant et formant un réseau dense au-dessus des rues. Orion avait parfois l'impression de marcher dans une forêt miniature, bien que les bâtiments alentour lui rappellent qu'il était toujours en ville.

" - On se croirait au Royaume de l'Absurde... "

Un frisson parcourut sa nuque à l'évocation de cette île ubuesque.

On se trouvait à un carrefour où plusieurs rues s'entrecroisaient, chacune d'entre elles semblant l'inviter à s'y perdre. Le jeune homme se tourna dans tous les sens, cherchant désespérément un indice pour le guider. Mais tout ce qu'il voyait, c'était l'obscurité, les murs de pierre, les haies infranchissables et les arbres tordus.

Il commença à ressentir la frustration monter en lui. Il avait déjà vécu de nombreuses péripéties au cours de son voyage, mais se perdre dans ce labyrinthe vivant était une expérience à part. Il savait qu'il lui fallait un guide pour s'en sortir, mais il était loin de posséder les cinq millions de berrys nécessaires pour s'offrir les services d'un local.

" - Il est hors de question que je moisisse ici comme ce squelette. "

Percuté de plein fouet, Orion faillit tomber à la renverse.

« - SUPER ! Moi qui pensais crever ici tout seul avec ce dégénéré de guide ! Kant, enchanté ! Et toi, tu es ma bonne étoile !
- Euh ... Bonjour, moi c'est Orion. "

Était-ce un guide avec lui ? Le jeune explorateur retrouva instantanément le sourire.

" - Un guide ? Génial ! Ça fait des heures que je marche. J'ai bien essayé de garder la main collée à la paroi gauche, comme dans les films, mais... "

Alors qu'Orion parlait, il sentit le verre froid d'une bouteille s'enfoncer dans bouche. Le liquide chaud de l'alcool descendit le long de son œsophage. Le jeune homme n'avait jamais été un grand buveur. Lors de sa dernière cuite il avait montré ses fesses du haut des phares jumeaux de Reverse Mountain, et il ne souhaitait pas renouveler l'expérience.

" - Tiens, qui a éteint la lumière ? "

Orion était complètement confus. Trop d'informations lui parvenaient, sans que son esprit parvienne à les trier efficacement. Un guide, un minotaure, un maudit ? Pour l'heure, et heureusement, l'instinct de survie prit le dessus, éclipsant toutes les pensées qui se bousculaient.

" - Le Minotaure ! Fuyons, Monsieur Kant !
- Et n'oubliez pas Monsieur Orion ! "

Le tissu rouge vif semblait exciter la bête qui ne les lâchait pas d'un sabot.

" - Il se rapproche ! "

Alors que la course poursuite battait son plein, Orion remarqua que les yeux du bovidé ne lâchaient pas le tissu.

" - Monsieur Kant... "

Pourquoi fallait-il toujours qu'il prenne les tiques de langage de ceux qu'il côtoyait ?

" - Que se passerait-il si le tissu venait à se déchirer ? "

Avait-il manger le fruit du tissu ? C'était la première fois qu'Orion rencontrait un maudit. Le Minotaure gagna encore du terrain tandis qu'Orion pouvait presque sentir son souffle chaud s'écraser contre sa nuque. À chaque virage il prenait le risque de déraper sur ce sol. Courir ainsi n'allait les mener nul part : il fallait contre-attaquer ! Sa respiration haletante et son cœur battant la chamade lui signalaient qu'il ne tiendrait pas plus longtemps. Sans perdre de temps, il agita le tissu au-dessus de sa tête, créant un éclat rouge vif dans l'obscurité du labyrinthe. Le minotaure, comme prévu, fut instantanément attiré par le mouvement du tissu. Il changea brusquement de direction et se rua vers Orion avec une détermination féroce. Le jeune homme se positionna devant un mur, les jambes fléchies, tendu comme un arc. Dans sa main droite, le tissu rouge tant convoité, comme un étendard provoquant.

" - Que faîtes-vous ?! Courrez ! "

Le minotaure rugit de rage, ses yeux fixés sur le tissu rouge agité par Orion. Comme une bête enragée dans une arène, la créature se précipita en avant avec une puissance brutale. Ses sabots résonnaient sur les pavés du labyrinthe tandis qu'elle chargeait, aveuglée par la couleur écarlate qui semblait la narguer. Les phalanges du jeune homme blanchirent tandis qu'il maintenait fermement le tissu.

Alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres, Orion bondit sur le côté, jetant le tissu dans les airs, trop haut (il l'espérait) pour que le Minotaure ne l’atteigne. La bête, incapable de s'arrêter, percuta le mur de plein fouet et s'écroula, sonnée.

Ploc, ploc...

Orion sentit une vive douleur au niveau des cotes tandis que du sang se répandait sur son haut. Visiblement il avait bondi trop tard et une des cornes du minotaure l'avait blessé.  

" - Merde ... "

Même s'il n'était pas grièvement blessé, nul doute que cela laissera une cicatrice.

" - Il faut qu'on file avant qu'il ne retrouve ses esprits ! Alors, où est la sortie ? "
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    Voltigeant d’abord au gré du vent, puis empoigné comme une vulgaire serviette, Kant fut assailli par l’insupportable sensation de sa servitude involontaire. Vulnérable, pris au piège par ses propres facultés, il constata impuissant l’usage que le jeune gaillard faisait de lui. Le destin s’était donc réellement joué de lui en lui conférant le pouvoir le plus stupide qui soit ? Toujours est-il que l’habileté du jeune homme permit de se débarrasser du Minotaure, du moins pour quelques minutes. Une fois dans les airs, Kant reprit sa forme humaine et atterrit maladroitement sur le sol, le visage rougie de honte. Il aurait tant aimé que personne ne soit témoin de sa métamorphose ridicule.

« Bon, bon… dit-il en s’époussetant. L’essentiel, c’est le résultat, n’est-ce pas ? »

En prononçant ces mots, Kant chercha le soutien de ses deux comparses, qui n’avaient guère conscience du sentiment de honte et de désarroi qui le traversait. Ces derniers, remit de leur stupeur, l’encouragèrent à partir sans plus tarder.

« Oui ! Monsieur Orion a raison ! Monsieur Kant ! Nous devons filer ! »

« Arrête de m’appeler Monsieur ! » dit Kant, visiblement vexé. Puis, apercevant le sang dégoulinant de la blessure d’Orion, il s’exclama : « Et merde, bonne étoile ! T’es blessé ?! Tiens, bois un coup, tu l’sentiras moins… » Il tendit généreusement sa bouteille de picrate à Orion, puis ils se remirent en route.

    Tandis qu'ils parcouraient les allées labyrinthiques, suivant leur guide loufoque avec une confiance aveugle, Kant et Orion engagèrent la conversation. Enfin, pour être précis, Kant se lança dans un interminable monologue. De son enfance sur Tanuki jusqu’à son arrivée sur Astérion, en passant par tout un tas de récits décousus sur les femmes, le bois ou la révolution, le jeune sculpteur papillonnait d’anecdotes en anecdotes, s’interrompant uniquement pour siroter son vin. Outre sa volonté sincère de se lier d’amitié avec Orion, Kant évitait délibérément d’aborder le sujet de la " sortie " du dédale ; car, s'il partageait généreusement le guide qu'il avait payé, ce n'était pas pour échapper au labyrinthe, mais bien pour s'y enfoncer davantage. Au bout d’une nouvelle heure de marche, tandis qu’ils arrivaient à un carrefour identique en tout point aux précédents, le guide s'arrêta.

« Deux itinéraires se présentent à nous, Monsieur Kant ! En prenant à droite, nous nous dirigerons vers les Jardins comme vous le souhaitiez, mais en prenant à gauche, nous pourrions parvenir à Brelock avant la tombée de la nuit. »
« Ben prenons à droite ! »
« M’enfin Monsieur Kant, reprit le guide sur un ton inhabituel, votre camarade est blessé. Ne devrions-nous pas privilégier la route menant aux greniers de Brelock ? »
« À droite. »
« Nous pourrions y trouver un médecin… »
« À droite. »
« Et l’endroit est connu pour ses brasseries et sa bière de qualité… »
« Allons ! À gauche toute ! » s’exclama Kant.

L’itinéraire ainsi modifié, les trois hommes parvinrent rapidement aux greniers de Brelock. Les murs de pierres laissèrent place à de hautes haies épaisses qui formaient d’imposantes cloisons naturelles. L’endroit ressemblait plus à une forteresse qu'à une ville, avec de hautes tours et son clocher qui s’élevaient au-dessus du dédale. Les murs compacts étaient renforcés de contreforts massifs, ornés par différents reliefs, créant une ambiance à mi-chemin entre un monastère et une église. Les habitants, vêtus de toges et au crâne rasé, se déplaçaient avec une certaine solennité. Orion fut rapidement pris en charge par un médecin, dont Kant régla généreusement les honoraires, avant de se hâter vers la brasserie la plus proche.

    La nuit tombée, Kant échoua au coin du feu qui crépitait dans la cheminée du modeste dortoir qu’il avait loué pour la nuit. Il y avait trois lits, l’un d’entre eux déjà occupé depuis un moment par le guide qui ronflait paisiblement. Orion entra dans la pièce à son tour et s’installa près du feu.

« Alooooors, s’exclama Kant, passablement ivre. Y va mieux la bonne étoile ? ‘Sont sympas les gens par ici, hein ? M’ont fait goûté de ces spiritueux ! C’est pô d’l’eau bénite, j’te le dis ! On mourra pas d’soif sur la route jusqu’aux Jardins ! »

Sans même lui en avoir officiellement fait la proposition, Kant était persuadé qu’Orion l’accompagnerait inévitablement jusqu’aux légendaires Jardins d’Astérion. Plongeant son regard vitreux dans le sien, il reprit.

« Bon alors… Raconte, tu viens d’où toi ? »


Dernière édition par Kant le Jeu 28 Sep 2023 - 22:50, édité 1 fois
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Le jeune homme regarda avec fascination la serviette redevenir humaine.

« - Bon, bon… dit-il en s’époussetant. L’essentiel, c’est le résultat, n’est-ce pas ?
" - C'est incroyable ... »

Loin de considérer cette métamorphose comme ratée, Orion était subjugué par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux.

" - C'est la première fois que je vois les pouvoir d'un maudit de mes propres yeux. Les pirates de Reverse Mountain m'ont raconté tellement d'histoires à votre sujet... Est-ce vrai que depuis vous ne pouvez plus nager ? Et si vous prenez un bain ? Vous êtes devenu célèbres ? "

C'était peut-être la dernière fois que le jeune homme rencontrait un utilisateur de fruit du démon, il souhaitait tout savoir. Toutefois, son sauveur semblait plus préoccupé par son état de santé que les réponses qu'il pouvait lui apporter.

« Et merde, bonne étoile ! T’es blessé ?! Tiens, bois un coup, tu l’sentiras moins… »

L'alcool aidant, Orion se sentit bien plus décontracté. Subitement, être perdu dans le labyrinthe lui semblait bien moins terrifiant.

" - Bonne étoile ? C'est mignon comme surnom... Je vais la demander en fiche technique. Mais... Qu'est-ce que je raconte. "

La longue histoire de Kant lui permis de faire bonne figure, tandis que la marche intensive réduisit drastiquement son taux d'alcool dans le sang. Lorsque son camarade évoqua la révolution, un frisson d'excitation parcourut la peau du jeune homme. Était-ce un révolutionnaire ?

" - Encore merci de m'aider à sortir de cet effroyable labyrinthe... "

...

Orion ne s'inquiéta pas outre mesure. Le silence gênant qu'il percevait pouvait avoir de nombreuses causes. Preuve qu'il se faisait des films : Kant avait payé ses frais de santé et il s'apprêtait à vivre sa première soirée pyjama.

" - Encore merci Monsieur Kant !
- Alooooors... Y va mieux la bonne étoile ? ‘Sont sympas les gens par ici, hein ? M’ont fait goûté de ces spiritueux ! C’est pô d’l’eau bénite, j’te le dis ! On mourra pas d’soif sur la route jusqu’aux Jardins ! »

Orion recula légèrement devant Kant. Le jeune homme avait une haleine chargée en éthanol, et aussi proche d'un feu de cheminé Orion n'était pas rassuré.

« - Bon alors… Raconte, tu viens d’où toi ? »

Orion se blottit profondément dans son lit, les souvenirs heureux pleins la tête.

" - Je suis originaire de Reverse Mountain ... "

Orion se releva près du feu de camp qui crépitait doucement.

"Quel endroit incroyable", murmura-t-il, le sourire aux lèvres.

Il se remémora les jours passés sur cette montagne renversée, à la frontière de Grand Line. Les hauts rochers qui semblaient toucher le ciel, les eaux tumultueuses de l'océan qui tournoyaient autour d'elle. Durant un été Orion avait été le gardien du phare du port des Jumeaux, une tâche qu'il avait accomplie avec fierté.

"Les phares Jumeaux", poursuivit-il, ses yeux brillant de nostalgie. "Deux phares au sommet de Reverse Mountain. Les pirates de passage venaient souvent me rendre visite, en quête de repos et de récits de mer. Je me souviens de leurs histoires extravagantes, de leurs chants sur les plus belles femmes du monde."

Il sourit en repensant à ceux qui avaient fréquenté le port des Jumeaux. Des gens de tous horizons, chacun avec sa propre histoire à raconter. Orion avait écouté attentivement, appris de leurs aventures et partagé les siennes en retour.

"Les nuits étoilées sur Reverse Mountain étaient inoubliables", continua-t-il. "Les étoiles semblaient plus brillantes là-haut, comme si elles savaient que nous étions plus près du ciel. Et la vue depuis le sommet... c'était à couper le souffle. Des pics rocheux qui défiaient l'apesanteur, des falaises escarpées plongeant dans l'océan déchaîné."

Orion soupira de bonheur en se remémorant les couchers de soleil spectaculaires qu'il avait admirés depuis les phares. Le mélange de couleurs chaudes et de reflets dorés sur les eaux tumultueuses de Reverse Mountain avait créé des tableaux dignes des plus grands artistes.

"Ce sont tous ces pirates extraordinaires qui m'ont donné envie de partir." conclut-il avec un sourire mélancolique. "Je veux explorer le monde, atteindre le bout du monde et vaincre l'horizon. "

Orion, grand dramaturge, laissa planer le silence quelques secondes.

" - C'est mon rêve. "

" - Et vous Monsieur Kant, quel est le vôtre ? Avoir un mangé un fruit du démon doit grandement vous faciliter la tâche. Pour être honnête, je vous envie presque. "
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    S’il était épris de poésie, Kant l’était d’autant plus lorsque celle-ci se dévoilait subtilement dans les récits d’aventures et les souvenirs contés par ses amis. Or, le jeune Orion semblait avoir un don pour convoquer de belles images et communiquer sa propre sensibilité à la beauté du monde. Ivre comme un coing, Kant l’écoutait passionnément raconter les épisodes de sa vie à Reverse Mountain. Rien qu’à l’évocation de cet endroit, son cœur se serrait, assailli par une nostalgie presque douloureuse : il repensait à sa propre traversée de l’entrée de Grand Line en compagnie de ses camarades d’antan.

    Pour épater Orion, Kant eut l'envie de lui révéler qu'il avait lui-même traversé Reverse Mountain, sur le dos d'un poisson rouge géant, auquel était harnachée une maisonnée qu'il avait contribué à construire. Mais il se retint ; la discussion filait vers un sujet autrement plus profond : celui des rêves. Orion souhaitait atteindre le bout du monde. Un autre jour, Kant s’en serait peut-être moqué, mais la sincérité de son camarade l’intimait au respect. Quand il fut à son tour invité à parler de son rêve, Kant s’arracha un sourire.

« Mon rêve… ? » S’interrogea-t-il. Puis, ignorant délibérément la question portant sur son fruit du démon, Kant prit une grande lampée de bière et s’allongea confortablement, les yeux fixés au plafond. « Ouais… C’est p’tet bien un moment propice aux grandes éli... élicu…élucubrations ? aux grandes élucubrations philosophiques ! Mon rêve à moi, bonne étoile ? Ben j’en ai pas, j’crois. Ou plutôt, je le vis déjà. Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est d’être libre, rien de plus. Rien sur mon ch’min, pas d’cailloux dans mes bottes, le bras assez long pour saisir c’qui me plaît : ÇA c’est du rêve ! »

Puis, saisissant sa chope de bière, Kant songea à toutes ses implications passées dans la vie d’autrui. Il pensa aux vies qu’il avait ôtées, à celles d’innocents qu’il avait préservées : tout cela découlait toujours de ses propres choix, de ses libres décisions d’emprunter des chemins plus laborieux que d’autres… Il reprit.

« Maaaaais… en vérité, parfois, ou plutôt à chaque fois que je croise la route de gens qui ne peuvent pas se l’offrir, ce rêve, ben… j’interviens. D’une manière ou d’une autre, mais j’interviens. La liberté, c’est un cadeau qui se partage. »

À ces mots, il fournit un incommensurable effort pour se lever et marcher jusqu’à son lit, titubant. À peine allongé, la face à moitié enfoncée dans son matelas, il poursuivit.

« En tout cas, bonne étoile, quitte à atteindre le bout du monde, autant profiter du chemin. Je veux trouver les "Fleurs d’Astérion", et selon l’gros ronfleur là, il marqua une pause en désignant le guide endormi du doigt, elles se trouvent dans les Jardins d’Astérion. »
Il conclut avant de s’endormir. « Accompagne-moi là-bas. »

Puis, malgré ses efforts pour entendre la réponse de son interlocuteur, Kant finit par s’endormir sans y parvenir.


    La nuit s’avançait. Le feu de l’âtre ne crépitait presque plus et l’obscurité silencieuse offrait aux voyageurs les meilleures conditions pour un sommeil reposant. Les heures s’écoulèrent tranquillement jusqu’aux prémices de l’aube.
Même imbibé jusqu’au trognon, Kant n’avait jamais le sommeil léger. Aussi, lorsqu’un grincement de porte suivi de bruits de pas se firent entendre, il ouvrit les yeux. Devant lui, un homme revêtu d’une toge noire fouillait son sac. Un second se penchait dangereusement vers Orion, poignard en main, tandis qu’un troisième guettait à la porte.

« C’est mon sac… OH ! » s’exclama Kant en se redressant d’une traite.

D’un geste vif, il lança son oreiller sur l’intrus qui menaçait Orion. Les trois hommes sursautèrent, stupéfaits, et tentèrent de s’échapper dans un élan de panique. En un éclair, ils franchirent la porte, laissant tout juste le temps à Kant d’apercevoir l’un d’entre eux s’enfuir en emportant sa bourse. Sans hésiter, il saisit son arc, bondit dans le couloir et décocha une flèche. Elle fendit l’air et transperça le bras du voleur qui, poussant un cri de douleur, laissa tomber son butin. Les intrus disparurent dans la nuit.  

« Mes p’tits sous ! » dit Kant en s’agenouillant pour ramasser sa bourse. Puis, il aperçut Orion dans l’embrasure de la porte. Ce dernier, déconcerté, lui fit remarquer que le guide n’était plus là.

    Au bout d’une heure, les premiers rayons du soleil baignaient les greniers de Brelock d’une lumière chaude. Kant et Orion patientaient à l’extérieur de l’auberge. Après le départ précipité des voleurs, ils avaient fouillé le bâtiment de fond en comble à la recherche de leur guide qui avait mystérieusement disparu. Ce n’est finalement que vers midi qu’ils retrouvèrent sa trace, alors qu’ils s’apprêtaient à s’aventurer seuls dans le labyrinthe.

« Monsieur Kant ! Monsieur Orion ! s’exclama l’homme au haut-de-forme accourant vers eux. Les dieux soient loués, vous êtes sains et saufs ! »

Terrifié par l'irruption des intrus, il avait précipitamment fui par la fenêtre de la chambre, puis s’était réfugié dans un coin de rue, tétanisé. Fort heureusement, il parvint enfin à retrouver ses clients.

« Nous pouvons y aller, Monsieur Kant ! J’ai pris soin d’acquérir quelques merveilleuses bouteilles de spiritueux. Les Jardins nous attendent ! »

Enjoué par cette délicieuse nouvelle, Kant n’en demanda pas plus et les trois comparses s’élancèrent joyeusement à travers le dédale. Au bout d'une heure de marche, le guide sortit une bouteille de sa besace et la présenta en cadeau à son client.

« Voici pour vous, Monsieur Kant ! Pour m’excuser de vous avoir causé du souci, à vous et à ce cher Monsieur Orion ! »

Ravi, Kant étancha sa soif sans attendre. Le spiritueux qu’il goûtait pour la toute première fois avait un goût étrange, mais tout à fait somptueux. L’alcool était si raide et si brûlant qu’il en avait les larmes aux yeux, mais il ne pouvait s’arrêter d'en boire. Contrairement à ses habitudes, il conserva la bouteille pour lui, la serrant précieusement. Soudain, il aperçut face à lui une énorme forme orangée, écailleuse : son poisson-rouge gisait là, au milieu du labyrinthe ! Perché dessus, un chat rose arborant un large sourire le guettait. Puis, tout aussi soudainement, le sol devint vert, herbu, parsemé de fleurs. Kant fut pris de fous rires ubuesques et s’élança en courant vers le poisson rouge.

Quelque peu décontenancé, Orion s’arrêta. Son nouvel ami semblait nager en plein délire. Le guide s’approcha de lui pour lui murmurer à l’oreille.

« Il tenait tant aux "Fleurs d’Astérion", le voilà conquis ! » chuchota-t-il, le timbre de sa voix marqué d’une inquiétante malice. « Les graines de cette maudite plante ne servent qu’à créer une puissante drogue hallucinogène. Elles poussent un peu partout sur l’île, et certainement pas au cœur de soi-disant Jardins ! »

Sans laisser à Orion le temps de réagir, il poursuivit sur un ton macabre.

« Écoute-moi, Orion. Ce nabot ne possède pas moins de cinquante millions de Berries, sonnants et trébuchants, et les trimballe naïvement dans son sac ! Dans quelques minutes, il s’effondrera : nous n’aurons plus qu’à nous servir ! Vois-tu, juste derrière ce mur se trouve la "Ville blanche"... Là-bas, nous aurons tout le loisir de dépenser cet argent comme bon nous semble ! Qu’en dis-tu ? »
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" - Qu’en dis-tu ? "

C'est alors qu'Orion discerna, sous d'épaisses couches de vêtements colorés, une trace de sang coagulé.

" - Cette blessure au bras ... C'était vous ce matin !
- Euh oui... À vrai dire je pensais que mon monologue était suffisamment clair...

Orion sentit son cœur se serrer. Il était tellement déçu !

" - Par toutes les mers de Grand Line", marmonna-t-il, les poings serrés. " - Est-ce que tous les habitants de cette partie du globe sont des manipulateurs ?"

Kant passa dans son champ de vision, occupé à chercher dans l'herbe les écailles d'un mystérieux poisson rouge. Cette apparition le fit redescendre. Au fond de lui, le jeune homme savait que ce n'était pas le cas. Toutefois, cette trahison récente venait de le rendre plus méfiant, plus vigilant.

" - Vous savez quoi ? Il y a quelques temps je n'aurais sûrement jamais osé vous confronter. Mais depuis que je voyage sur les mers ... blablabla ...
- Euh ... C'est à dire que je suis pressé...
- Le voyage ça forge le caractère. Ça me rappelle ma première escale sur Innocent Island ! À cette époque... blablabla ...
- Si je dérange faut le dire...
- Kant !
- Poisson rouge ? C'est bien toi ?
- Euh, oui ? Transforme toi en canon et réglons lui son compte ! "

Cependant, l'alcool et la confusion semblaient rendre la transformation de Kant difficile à maîtriser. Au lieu de se changer en un puissant canon, il se transforma en une vieille théière ébréchée. Le jeune homme, armé alors de la vieille théière ébréchée, se retrouva face au guide, brandissant un couteau long et acéré. La situation n'était clairement pas en faveur d'Orion, qui n'avait que son ingéniosité et une arme peu conventionnelle pour se défendre. Le guide se jeta sur lui avec une agilité surprenante, donnant le premier coup de couteau. Orion réussit de justesse à bloquer l'attaque en utilisant la théière comme bouclier improvisé, mais la force du coup le fit trébucher en arrière. Sous pression constante, le jeune homme tenta désespérément de riposter. Il porta un coup maladroit, mais le guide esquiva facilement, se jouant de l'arme improvisée d'Orion. Chaque coup de couteau était méticuleusement calculé, tandis qu'Orion défendait vaillamment avec sa théière en essayant de parer les attaques. Le jeune homme était résolu à protéger son nouvel ami, mais le guide était plus fort et mieux entraîné.

Alors, Orion décida de faire preuve de ruse. Il se recula brusquement et s'éloigna du guide, le provoquant à le poursuivre. Le guide, aveuglé par la perspective de la victoire, et les berrys qui en découleraient, ne réfléchit pas. C'était l'ouverture qu'Orion attendait. D'un mouvement rapide, il se baissa et saisit discrètement une fleur étrange fleur qui poussait à proximité.

Espérons que ça soit la bonne... pensa t-il.

Le guide s'approcha avec un sourire triomphant. Il s'accroupit à côté d'Orion, se moquant de lui en ricanant avec arrogance.

" - Oh, petit gamin, c'est la fin pour toi. J'espère que tu as savouré ces derniers instants. "

Orion ne répondit pas. À la place, il toisa le guide qui se penchait plus près, son visage à quelques centimètres du sien. C'était le moment. Orion saisit la fleur et l'enfourna au fond de la bouche du guide. Le regard triomphant du guide se transforma en panique alors qu'il réalisait ce qui venait de se passer. Il mordit la main d'Orion avec violence, mais le jeune homme tint bon. Mut par l'instinct de survie et le désir de protéger Kant, il hurla de douleur sans pour autant retirer sa main sans être sûr que le guide n'avait rien ingéré. Les secondes semblaient durer une éternité alors que le guide se débattait, transperçant l'épaule du jeune homme avec son couteau. De son autre main Orion maintenu fermement le couteau enfoncé dans sa chaire, le guide ne pouvait plus le déloger. Les larmes ravageaient le visage du jeune homme tandis que le guide s'affaiblit enfin. Ses yeux se brouillèrent et il lâcha complètement prise.

" - Bonne pioche... "

Le guide, désorienté et drogué par la fleur d'Astérion, tituba en arrière, son couteau glissant de sa main. Sa vision se troubla davantage. Ce dernier commença rapidement à montrer des signes d'intoxication, perdant son équilibre et sa coordination.

" - Oh c'est toi maman ? Où... où devons-nous aller ? " bafouilla-t-il, les yeux vitreux.

Orion, pansa comme il le put ses blessures avant de lui répondre en reniflant : "Aux jardins d'Astérion".

Sans qu'il s'en aperçoive, la vieille théière venait de reprendre forme humaine.
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    Dès lors que son poisson rouge lui intima de se transformer, Kant ressentit une allégresse toute particulière, celle-là même qui vous envahit lorsque vous faites plaisir à un ami. Puisant donc dans ces heureux sentiments, il se métamorphosa instantanément en théière ébréchée. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il aperçut, face à lui, une grande échalote momifiée tenant d’une fleur d’Hortensia ! Il voulut s’écrier "Grimmjack !" mais il n’émit aucun son. Peu importait, la joie de retrouver un vieil ami le submergeait. La suite fut tout à fait savoureuse.

Manipulé par les douces nageoires de son camarade, Kant valdinguait au grès des caresses florales que lui assénait Grimmjack. Cette danse effrénée qu’exécutaient les trois amis était semblable à un paisible rêve, un rêve où s’enchevêtraient les murs du labyrinthe, les bandelettes de Grimmjack et la poésie d’Orion. Quelle joie ! Tous parlaient le langage du cœur. Aussi, les grands feux de l’amour s’embrasèrent à l’instant où Grimmjack déposa un baiser sur la nageoire du poisson rouge, tout en caressant son épaule avec son hortensia. Du poisson rouge jaillirent des pétales de roses rouges, comme autant de témoins de ce magnifique moment d’amitié. Bien qu’il semblât voir la scène à travers une brume suave et épaisse, Kant fut submergé par l’émotion.

    Finalement, la danse prit fin. Kant reprit forme humaine, sans pour autant s’être débarrassé de ses hallucinations. Orion eut un mal fou à le faire tenir en place. Contrairement aux dires du guide, il ne s’effondra pas et continua à errer çà et là entre les murs du dédale. Bientôt, son attention se porta sur un très vieux sorbier, dont les longues branches verdoyantes s’étendaient vaillamment. Kant enlaça longuement le pied de l’arbre et engagea avec lui une conversation qui dura. À l’aide de ses ciseaux à bois, il mutila le tronc pour y tailler un visage serein et souriant, avec qui il tenta désespérément de partager son vin. L’arbre ne semblant pas apprécier le raisin, l’alcool coula le long de l’écorce et se répandit sur le sol poussiéreux. Kant y vida ses quatre bouteilles, puis, il se mit à pleurer.

    Trois heures et une courte sieste plus tard, Kant reprit ses esprits. Orion était assis dans un coin, adossé au mur du labyrinthe. Une tache rouge habillait son épaule. Non loin de là, le corps du guide gisait inanimé, plongé dans un profond sommeil. Heureux de retrouver enfin son camarade, Orion lui expliqua tout ce qui s'était passé, sans rien omettre : la trahison du guide, le vol nocturne, les fleurs d'Astérion et leurs effets redoutables… Une fois la honte dissipée, Kant fut accablé d’une sincère déception : les jardins d’Astérion n’existaient donc pas ? Ou bien était-ce encore une fourberie de la part guide ? Quoi qu’il en fût, la priorité était tout autre : Orion devait -de nouveau- recevoir des soins.

    Tandis qu’il remplissait son sac de fleurs, Kant suggéra qu’ils se hâtent jusqu’à la Ville Blanche. L’endroit était tout près, à tel point que l’on pouvait déjà en percevoir les bruyants échos et les tintements de cloches. Seulement, Orion se souvint de la mise en garde qu’il reçut de la part du marin, en débarquant sur l’île : « Ne t'aventure pas dans la Ville Blanche. L'insomnie y est une maladie courante et... contagieuse. C'est un endroit qui ne dort pas, plus jamais. »

Ainsi, les deux amis se retrouvèrent plantés là. L’unique solution qui se présentait à eux était d’attendre le réveil du guide pour retourner à Port-aux-Rois, ou bien au contraire, pour s’aventurer encore plus profondément au cœur du curieux labyrinthe….
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