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Les Chevaliers, la Mort et le Diable ; Buster Call - Acte II

Changement de plan, Raines, tu vas aller assister Jurgen.

La voix du Vice-Amiral Fenyang s’abat sur moi comme un couperet, et la sentence est irrévocable. J’esquisse une moue que j’efface très rapidement pour éviter que mon supérieur ne s’en rende compte, et masque ma déconfiture en effectuant un garde-à-vous. C’est aussi ça, être militaire : il faut parfois obéir aux ordres de sa hiérarchie, même si on n’est pas forcément d’accord. Et contrairement à ce qu’il s’était passé durant la réunion de briefing pré-Buster Call, la situation ne se prête pas vraiment à ce que je fasse une remarque ou essaie de négocier. Les ordres sont les ordres, point. Le Vice-Amiral Fenyang fait demi-tour et part rejoindre ses hommes. De mon côté, je me retourne vers l’officier auquel je viens d’être affecté.

Vice-Amiral Jurgen Phillip. Le chasseur. Je connais bien le dossier militaire de cet homme (comme celui de tous les officiers qui participent à cette opération)... Et à sa lecture, j’ai été frappé de la ressemblance entre son profil et celui de mon père. Il est issu d’une grande famille de marines, et a fait une carrière exemplaire… Jusqu’à ce qu’elle soit également entachée par la trahison d’un fils. Là où sa fille a suivi son exemple et s’est engagée, son fils s’est rebellé contre son éducation trop rigide et trop exigeante et est devenu un forban. Shell Phillip, dit le Punk. Un vagabond violent, alcoolique et sans une once d’honneur, qui n’a sans doute pas le quart du talent de Damian. J’espère qu’il ne finira pas comme lui… Les ressemblances s’arrêtent là. Du moins, je l’espère. Car ce n’est pas un secret de polichinelle que le Vice-Amiral Phillip use sa vie et celle de sa fille à traquer son fils… Sans succès, et ce alors qu’il a la réputation d’être un chasseur et un pisteur hors pair. Alors, exagération ou réalité ? Je n’en ai aucune idée. Dans tous les cas, je refuse de finir dans la même situation. Je trouverai bien assez vite mon frère, le mettrai derrière les verrous, et redorerai le nom des Raines.

Vous avez fait une sacrée impression, lors de la réunion toute à l’heure… Mais vous semblez droit dans vos bottes, et prometteur. C’est bien.

Je suis agréablement surpris. Contrairement à ses collègues, il paraît moins désagréable… Le chasseur se serait-il ramolli, avec le poids des années et la perte de sa main ? Peut-être. Dans tous les cas, je ne vais pas me plaindre de travailler avec quelqu’un qui estime mes compétences et ma droiture. Je relativise quant à ma situation. Je ne peux peut-être pas accompagner le Vice-Amiral Fenyang et briller, ou assister le Vice-Amiral Scar dans son opération de sauvetage des civils… Mais si ses compétences sont avérées, je peux peut-être apprendre une chose ou deux auprès du Vice-Amiral Jurgen qui me seront utiles dans la traque de mon frère… Alors je compte bien ouvrir l'œil…

Nous nous mettons en route vers Elysée, la capitale d’Aeden. Mine de rien, c’est une tâche importante que nous avons… Et avec comme objectif intermédiaire l’extradition de Mountbatten. Comme nos collègues du Cipher Pol, nous devons nous aussi sortir notre contact de ce bourbier. C’est plutôt ironique, que ce soit au Vice-Amiral Jurgen et à moi-même, au vu de notre passé, qu’incombe la tâche de mettre en sécurité un traître de la marine. Même si dans le cas de l’ex-Commandant d’élite, je me permets de garder une certaine réserve : d’après les informations du Vice-Amiral Fenyang, il n’aurait pas vraiment retourné sa veste, et aurait simplement été victime d’un coup monté. Et effectivement, même ses faits d’armes en tant que pirate tendent à prouver que c’est le cas… A titre personnel, je choisis de croire que c’est bien la vérité. Après tout, il paraît invraisemblable que nos supérieurs déclenchent toute cette opération et ce qu’elle implique sur la simple base des informations d’un traître.

Il faut donc sauver l’ex-soldat Mountbatten.

Nous quittons donc le rivage et nous enfonçons dans la Forêt de Brocéliande, qui couvre la majeure partie de cette île à la beauté saisissante. Il s’agit d’une pinède moussue, dans laquelle règne une ambiance calme et presque féérique, qui tranche avec le chaos environnant. Nous progressons lentement, mais sûrement, en nous basant sur les plans transmis par nos différents contacts, parvenons finalement jusqu’à la capitaine révolutionnaire. L’attaque commence alors. Je me prépare à aller assister nos hommes qui partent à l’assaut de la ville et débutent leur confrontation avec les soldats de l’armée révolutionnaire. Peut-être qu’en étant dans la mélée, je pourrai minimiser les pertes des deux côtés, et calmer les ardeurs de nos hommes les plus belliqueux et assoiffés de sang gris… Mais le Vice-Amiral Jurgen m’en empêche, m’ordonnant de rester en retrait.

Mountbatten devait nous retrouver ici avant notre arrivée… Et il est aux abonnés absents. Il souffle dans sa barbe. Le retrouver est une priorité.
Pourquoi ? Ne devrions-nous pas justement nous concentrer sur la prise de la capitale, Vice-Amiral ?
Permettez-moi de ne pas avoir une confiance aveugle dans la parole d’un déserteur. Qu’il soit absent, c’est louche. Je voudrais être sûr de ne pas envoyer mes hommes dans un piège.
Un piège dont l'appât serait le quartier général secret de la révolution sur West Blue, civils y compris ? C’est improbable…
Ne sous-estimez pas la vilenie de la raclure révolutionnaire, Raines… J’esquisse une légère moue. Les révolutionnaires ne sont peut être pas des enfants de chœur, et ils nous ont maintes fois montrés être capables d’une grande cruauté, en particulier envers la marine. Toutefois, je ne les imagine pas comme des stratèges diaboliques qui seraient prêts à sacrifier le peuple pour une victoire contre le gouvernement mondial. Non, la justice absolue, peu importe le coût, c’est plus la griffe de notre Amirale en Chef, ça… Il reprend. Nos hommes savent ce qu’ils doivent faire. Concentrez-vous sur notre objectif et retrouvez Mountbatten.

J’acquiesce à contrecœur en me mettant au garde-à-vous, puis commence les recherches. Aux dernières nouvelles, le prétendant au titre de Corsaire (seule solution pour lui de réhabiliter son nom, chose pour laquelle je suis compatissant) devait se charger de l’élimination rapide et discrète du chef de la section révolutionnaire locale, Thomas Bolton, avant de nous rejoindre. Peut-être qu’il a eu un contretemps ou qu’il y a eu un imprévu ? D’une série de Geppous, je me déplace dans les airs en esquivant les projectiles qu’on m’envoie et en me frayant un passage à coup de Rankyakus. J’arrive finalement au bâtiment le plus imposant de la cité, et que je devine être l'hôtel de ville. Logiquement, c’est là que les appartements du chef de la Vox Populi devraient se trouver… Je me propulse au travers d’une des fenêtres en utilisant un mélange de Geppou, Soru et Tekkai, débarquant dans un couloir richement décoré. Deux révolutionnaires, paniqués par l’agitation qui secoue l’île toute entière, m’attaquent alors. Une série de frappes bien placées au niveau du sternum, de la clavicule et du menton incapacitent le premier. Je me saisis du bras du deuxième, qui tente d’en profiter pour me poignarder, le frappe au poitrail de ma main libre et passe dans son dos pour le bloquer en clé de bras. Je le plaque au sol avec force.

Je suis le Commodore Raines de la 2ème division de la marine. Où sont les appartements de Thomas Bolton ?
Fais pas l’innocent, chien de marine ! Tu le sais très bien ! Vous venez de l’attaquer !
Comment ça ? Parle. Je serre un peu plus fort ma prise et menace de déboiter son épaule.
Aaaah ! Je sais pas, il se faisait pourchasser par un type et il s’est barré vers la forêt !
Merci bien.

Je relâche mon emprise et le frappe au niveau de la base de la nuque pour le mettre K.O. puis rentre à toute vitesse vers le camp de base de notre offensive. A ma grande surprise, le Vice-Amiral Jurgen n’est plus là. Je m’approche de son aide de camp, qui semble désormais en charge de l’opération.

Où est passé le Vice-Amiral ?
Ah… Commodore… Et bien… Il a trouvé de son côté une piste qui s’enfonçait dans la forêt de Brocéliande… Alors il est parti la suivre. Il s’excuse, embarrassé que son supérieur m’ait complètement laissé sur le carreau. Je peste intérieurement, mais je me ressaisis rapidement. Hors de question que je ne mène pas cette mission à bien, même si elle ne m’enchante pas plus que ça ! Après lui avoir demandé dans quelle direction il était parti, je me mets en route à pleine vitesse. Finalement, la fameuse piste n’est pas difficile à suivre. Les arbres sont marqués et abimés par le combat qu’ont dû mener Bolton et Mountbatten.

Et puis d’un coup, au loin, il y a un grand bruit de fracas. Comme s’il y avait encore une salve de tirs du Buster Call qui venait de s’abattre, mais sans la détonation et l’odeur de poudre. Non, ce n'est pas ça. Je sais pertinemment de quoi il s'agit. C’est le bruit caractéristiques de coups surpuissants qui s’échangent. Le Vice-Amiral Jurgen serait tombé sur Mountbatten et ce dernier serait hostile ? C’est une hypothèse probable…

A moins qu’il y ait un troisième protagoniste qui change complètement la donne. J'accélère la cadence. Si le Vice-Amiral est en danger, je dois me hâter de l'assister...


Dernière édition par Alex Raines le Ven 27 Oct 2023 - 12:13, édité 1 fois
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Désormais, une bonne partie de la forêt de Brocéliande portait les marques d’un combat titanesque. Les séquelles de la bataille étaient clairement visibles. D'innombrables arbres gisaient détruits, laissant derrière eux un paysage dévasté. Le sol boisé, autrefois verdoyant, avait été piétiné à de multiples reprises par les violentes ondes de choc, laissant des cicatrices profondes dans la nature. Les oiseaux avaient fui à la recherche de nids plus tranquilles, tandis que les humains se livraient à une violence impitoyable.

Niklas Aldo, un homme persévérant et d’ordinaire mesuré, un visionnaire charismatique qui avait tant contribué au succès des armes de la Révolution, était devenu ennemi public numéro un depuis plusieurs années. Chef de la branche développement de l’organisation de Freeman, il était primé à plus d’un milliard de Berries. Un homme dont la dangerosité n’était plus à prouver. Un homme à abattre, une cible de choix pour le Gouvernement Mondial. Ce dernier n’avait pas encore eu l’occasion de lui porter atteinte… Jusqu’à présent.

Face à lui, se dressaient deux hommes, tous deux visiblement plus essoufflés que leur homologue. Jurgen Phillip se relevait avec grande difficulté, ramassant au passage son sabre. Sa cape de vice-amiral traînait sur le sol, tâchée par la terre et la poussière. Devant lui, Mountbatten tenait en garde leur adversaire commun. Le Diable portait bien son nom.

Aldo, aux yeux jaune orangé, les fixait d’un regard perçant et fronça les sourcils.

« - Mais y’a un truc que je ne comprends toujours pas… Pourquoi est-ce qu’un putain de pirate défend un enculé de marine ? J’en ai vu des trucs bizarres dans ma vie, mais ça… » Demanda-t-il, l’air circonspect.

« - Vous n’avez pas besoin de savoir, Aldo. Maintenant, rendez-vous sans faire d’histoires. C’est fini ! » Répliqua Jurgen, désormais fièrement dressé sur ses deux pieds. Il balayait les alentours avec sa main. « Aeden est en passe d’être rayée de la carte. Pensez-vous pouvoir sérieusement résister à la puissance d’un Buster Call ? Folie ! »

Le Télépathe grimaça.

« - Un Buster Call, hein… Enfoirés de marine. Vous savez à quel point ce projet est important ? Pas seulement pour l’Armée révolutionnaire, mais pour l’humanité ! »

Il s’approcha un peu plus de ses deux opposants, tandis que son expression se fit plus menaçante.

« - Aeden, ce n’est pas qu’une base pour nos opérations, non… C’est une fenêtre vers ce qui peut être ! Un aperçu de l’avenir du monde ! Une société plus égalitaire, qui progresse à l’unisson ! Mais vous, vous êtes aveugles, incapables de voir la grandeur de la chose… Tout ce qui vous importe, c’est de réduire à néant toute opposition à votre gouvernement autoritaire et implacable… Aucune alternative n’est tolérée. La seule chose qui compte, c’est d’oppresser les peuples pour le bénéfice de quelques-uns ! Savez-vous seulement tous les sacrifices qui ont été faits pour bâtir un tel endroit ?! HEIN ?! »

Niklas Aldo était maintenant à une portée plus qu’inconfortable de Mount et de Jurgen. Alors, le premier décida de passer à l’action. Sur la fin du beau discours de l’idéaliste, le Fantôme traversa en un instant l’espace qui les séparait, ses deux meitous venant se frotter au bras renforcé d’haki de l’armement du Diable. Enma et Consternation, deux des meilleures lames au monde, semblaient impuissantes à briser la défense d’un seul bras d’Aldo. Pourtant, l’ancien commandant d’élite concentrait toute sa force dans ses attaques. Le choc provoqua un bruit strident, et le visage de Mountbatten devint de plus en plus rouge à mesure qu’il s’acharnait. Ses veines ressortaient. Il serrait les dents. Aldo était un des adversaires les plus coriaces qu’il eut à affronter. Rien à voir avec Thomas Bolton, l’ex-patron du Vox Populi, dont le cadavre reposait quelques dizaines de mètres plus loin. Son ennemi actuel ne montrait aucun signe de faiblesse. Bien au contraire d’ailleurs, il arborait la même mine qu’avant, quoique le souffle ébouriffa un peu plus sa chevelure noire. Puis, Aldo dégagea le vétéran de Vindex d’un coup de poing latéral, venant s’écraser sur ses côtes. Bien que protégé par une combinaison de Tekkai et d’haki de l’armement, celui-ci fut propulsé sur un tronc plus loin, laissant le Chasseur seul pour un moment contre le révolutionnaire.

« - Alors c’est quoi cette histoire, Jurgen ? Depuis quand la Marine rappelle les employés qu’elle a virés pour faire son sale boulot ?

- Le cas Mountbatten est… Spécial, on en conviendra.

- Encore une preuve de la corruption de votre fichu système. Quand ouvriras-tu les yeux, Jurgen ? Quand ? Combien d’innocents dois-tu tuer avant de comprendre ce que beaucoup ont compris avant toi ? »

Le quinquagénaire aux cheveux et à la barbe grisonnante toisait son interlocuteur d’un air réprobateur. Les paroles d’Aldo n’étaient pas dénuées de vérité, mais Jurgen, bien que sensible à certaines critiques, avait ses ordres à suivre. Ce n’était pas maintenant ni ici qu’il comptait remettre en question son engagement de plusieurs décennies dans la Marine. Il comptait bien mettre ses ordres en application. La Justice a ses raisons que la raison ignore, aimait-il dire. Aussi pouvait-il apparaître exceptionnellement inflexible avec les révolutionnaires et pirates. Quant à Mountbatten, il était nécessaire qu’ils travaillent ensemble. Il suivait les ordres, et les ordres venaient d’en haut, encore plus haut que son rang. Il avait choisi d’obéir à la hiérarchie et de défense les valeurs de la Marine.

« - C’est fini, Aldo… Livrez-vous, et vous serez humainement et dignement traité.

- Comme si j’allais te croire. Disparais ! » Clama Aldo, avant de s’engager face au vice-amiral.

S'ensuivit un bras de fer, qui tourna rapidement en faveur du Télépathe. La différence de puissance dans les coups et dans la rapidité d’exécution était flagrante. D’un côté, Jurgen paraissait épuisé. Il avait toujours le niveau d’un vice-amiral, mais était nécessairement moins vif qu’avant. Son âge avançait, il n’était plus à sa forme optimale. De l’autre, Aldo était un trentenaire débordant d’énergie et de dynamisme, enragé par le Buster Call sur l’île utopique. Au-delà de l’aspect physique, leurs deux volontés étaient trop différentes pour assurer un combat équitable, mais Jurgen faisait de son mieux pour ne pas faiblir. Il ne pouvait pas se le permettre, lui qui devait accomplir ses ordres. Toutefois, un homme qui n’avait rien à perdre était inévitablement plus dangereux qu’un autre qui ne faisait ‘que’ son travail. Alors, Aldo saisit Jurgen après avoir stoppé net sa lame de son bras gauche, et l’envoya valser à terre, enfonçant le corps abîmé de Phillip dans un cratère.

Dans le même temps, un autre marine rejoignit les lieux à toute vitesse, s’arrêtant au niveau du Fantôme, qui venait de se remettre sur pied. Tous deux regardaient la scène qui se déroulait face à eux, une vingtaine de mètres plus loin.

« - Arrête-toi. Tu vois le mec avec ton chef ? Niklas Aldo. Il risque de t’anéantir sur place si tu fais la moindre erreur. » Dit-il à l’officier, avant de détourner sa tête du combat vers le jeune homme.

« - Si tu veux aider, t’es le bienvenu. Mais tu ne pourras pas dire que je ne t’ai pas prévenu… »

L’œil unique du Fantôme fixait le nouveau venu. Ce dernier avait tout du parfait marine, presque premier de la classe… Son expression trahissait une sorte de naïveté douce teintée d’un idéalisme certain. M’enfin, Mount balayait d’un revers de la main ces pensées, car il avait peu de temps pour réfléchir. Peu lui importait, finalement. Si son aide pouvait être utile, tant mieux. Si tant était qu’il pouvait survivre au Diable... D’ailleurs, ce dernier s’apprêtait à tourner son attention sur les deux hommes, après avoir mis la misère à Jurgen… Il se déplaçait d’un pas lent, avec une assurance indéniable, laissant derrière lui le vice-amiral au sol. Il bougeait toujours, mollement, et se mit à chercher misérablement son sabre dans les alentours immédiats, tout en restant allongé.
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Les événements qui ont lieu depuis ce matin mettent mes convictions au défi. Ils me donnent la nausée, me font ressentir comme une boule au ventre. Et là, à l’instant t, alors que cet homme avance vers nous… Je ressens tout ça à la puissance mille. J’ai peur. Non, je suis terrorisé. Rien que sa présence me donne envie de prendre mes jambes à mon cou et de fuir à toute vitesse. Niklas Aldo. Le numéro deux de la révolution… Du moins, si on croit aux chimères comme quoi Adam Freeman serait bien une personne plutôt qu’un concept, un idéal. Non, Niklas Aldo est véritablement le leader de l’Armée Révolutionnaire, l’ennemi public numéro et le responsable du meurtre d’une des cinq vénérables Etoiles du Gouvernement Mondial. On le surnomme le Télépathe, et je ne sais pas si c’est un épithète qui lui est justement attribué. En revanche, son autre surnom, le Diable… Semble tout à fait justifié. Est-ce notre punition ? Une forme de purgatoire pour avoir déclenché le Buster Call sur une île dont le but était d’être un paradis ?

Je dois lutter et donner tout ce que j’ai dans les tripes pour ne serait-ce que résister à l’envie irrépressible de reculer mon pied. Je sue à grosses gouttes. J’ai chaud. J’ai le souffle court. Mon rythme cardiaque s’accélère de seconde en seconde, comme si mon cœur voulait exploser ma cage thoracique et surgir de ma poitrine pour s’enfuir, lui aussi. L’homme que j’ai deviné être Mountbatten, au vu de la description physique qu’on m’en avait faite, m’a mis en garde contre lui… Sans rire ? Comme si j’avais besoin d’une mise en garde ?! Rien que l’aura qu’il dégage me tétanise… C’est la même chose que ce que j’ai ressenti lorsque le Vice-Amiral Fenyang m’a fixement regardé, durant la réunion… Je me suis complètement écrasé par sa volonté. Mon regard tremblant se porte sur le Vice-Amiral Jurgen, qui rampe péniblement au sol derrière lui. Je souffle un grand coup. Peu importe ce que me disent ma raison et mon cœur, mon devoir m’intime de prêter assistance à mon supérieur.

D’ailleurs, ce dernier se relève, empoigne fermement son sabre de sa seule main valide et tente de porter un coup à Niklas Aldo. Son bras et sa lame se teintent alors d’une couleur aussi noire que le jais, si bien qu’on pourrait penser que son épée est faite d’obsidienne. Qu’est-ce que c’est que ça ? Un pouvoir de fruit du démon ? Le bras du Diable se recouvre alors également de cet espèce de revêtement et il vient parer l’attaque, sur son bras nu… La manche de son veston de costume n’est même pas entamée par le choc avec la lame. Et pourtant, j’ai pu jauger d’ici que Jurgen avait mis de la force dans sa frappe. Alors qu’est-ce que c’est ? Une forme de Tekkai ? Mountbatten, qui reprenait jusque-là son souffle à côté de moi, repart à l’assaut, portant une lame dans chaque main… Et elles aussi sont recouvertes de ce truc ! Je peste intérieurement, n’y a-t-il que moi qui ne sait pas faire ça ? Vu que Mountbatten et le Vice-Amiral Jurgen attaquent tous les deux en utilisant cette technique, et que Niklas Aldo l’utilise pour se défendre… J’imagine que c’est quelque chose qui sert à renforcer physiquement leurs corps et leurs armes. C’est la seule explication quant au fait que leurs corps, et de manière plus impressionnante leurs armes et leurs vêtements résistent aux violents chocs de leurs échanges. La première chose qui me traverse l’esprit, c’est que savoir faire la même chose pourrait m’être particulièrement pratique pour éviter de tout le temps voir mon bel uniforme se faire massacrer par mes ennemis…

Jurgen se fait immédiatement balayer par Aldo avec une facilité déconcertante. Malgré son âge, son handicap et ses blessures, le Vice-Amiral est vif, rapide et précis. Pourtant, Aldo lit en lui comme dans un livre ouvert… Au point où je me demande notamment même comment c’est possible. Aldo combat trois lames, réparties entre deux adversaires. Et quand bien même il semble physiquement dominer l’affrontement, il ne manque pas une seule parade avec son espèce de revêtement noir. Il semble anticiper chaque action de ses adversaires, en particulier Jurgen, même quand elles viennent de son angle mort. C’est à croire qu’il a des yeux derrière la tête, ou qu’il lit en lui comme dans un livre ouvert. A cette pensée, son surnom de Télépathe fait de suite un peu plus de sens. Ceci étant dit… Mountbatten se montre bien plus efficace pour porter ses coups. La différence de niveau entre lui et le Vice-Amiral Jurgen est-elle si grande ? Ce dernier a-t-il autant perdu de sa superbe ? Ou est-ce que l’ex-Commandant d’élite a simplement un style qu’il ne parvient pas à contrer efficacement ?

Et alors que les deux hommes sont malmenés par le leader révolutionnaire… Que suis-je en train de faire ? Je suis planté là, immobile. Mon courage et mon sens du devoir me poussent à aller me battre aussi… Mais ma raison fige mes jambes. La rage monte en moi. J’ai peur, mais je me dégoûte. Je suis un soldat de la marine exemplaire, et il est hors de question qu’on livre mes propres batailles à ma place ! Alors quand, à la suite d’un échange de coups, le Vice-Amiral Jurgen se fait désarmer et se prépare à recevoir une frappe en plein dans les côtes, je n’écoute plus que mon instinct. Utilisant mon Soru, je bondis à toute allure pour m’interposer entre le poing d’Aldo et le flanc de mon supérieur. Je bloque avec mon Tekkai, contractant tous les muscles de mon corps, qui sont alors plus durs que l’acier. Pourtant, sa main s’enfonce dans ma chair comme si je n’avais pas utilisé ma technique. Le coup est lourd. Surpuissant. Je m’enfonce dans le Vice-Amiral Jurgen et nous sommes projetés dans le décor à toute vitesse. Je me relève péniblement. Encore plus effrayé que je ne l’étais auparavant, lorsque je comprends qu’en plus, il n’a clairement pas mis toute sa force dans ce coup qui était à deux doigts de me briser le bras et l’épaule.

A la niche, les chiens de la marine.

Alors qu’il prononce ses mots, je sens comme une vague d’énergie me heurter de plein fouet. C’est tout comme l’intimidation du Vice-Amiral Fenyang… En mille fois pire. Car ce que j’avais ressenti avec ce dernier, bien que m’ayant fait chanceler, n’était qu’une mise au défi, une leçon de la part d’un supérieur… Là, c’est une menace de mort. Mes genoux se liquéfient et cèdent instantanément. Je tombe au sol, comme si la gravité venait de se décupler. A côté de moi, le Vice-Amiral Jurgen n’en mène pas large non plus, et nous nous effondrons côte à côte. Comment est-ce qu’un simple regard, une simple phrase, une simple présence peuvent me mettre à mal à ce point ? C’est illogique. Incompréhensible.

Pu… Putain… Son Haki est trop puissant… Il est d’un tout autre niveau… Le Vice-Amiral Jurgen souffle, alors qu’il tremble de tout son corps.
Son Haki ? Le même mot qu’avait utilisé le Vice-Amiral Fenyang. Je commence petit à petit à comprendre. Peut-être que ce n'était pas le pouvoir du fruit du démon, mais bien autre chose… C’est ça qui le rend aussi fort ?
Vous ne savez pas ce que c’est ? Les yeux du Vice-Amiral Fenyang s’écarquillent. Et bien ouvrez bien vos yeux, parce que c’est sans doute la dernière chose que vous verrez avant de mourir…

Il parvient à se dresser sur un genou, et tente de se relever en prenant appui sur son sabre planté dans le sol. De mon côté, je ne parviens toujours pas à bouger. J’ai à peine combattu, et le Vice-Amiral Jurgen a à peine été touché, et pourtant… Nous sommes quasiment hors combat. Mountbatten, quant à lui, se retrouve à nouveau seul face à ce monstre de puissance…
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Aldo venait de faire mouche sur les deux marines. Pas de doute, Jurgen n’était plus au niveau. Son subalterne l’était encore moins... Une vague d’haki des rois avait suffit pour paralyser ce dernier. Elle avait bon dos, la Marine. Et ironiquement, le seul qui tenait encore la route était un ancien de la maison, un que le Gouvernement Mondial avait jugé dispensable au profit de causes plus importantes.

Le soleil était désormais bien levé. Au loin, les coups de feu, les cris et les entrechoquements de lame se faisaient entendre de plus belle. La pluie continuait toujours de s’abattre sur Aeden, prenant un malin plaisir à mélanger le sang des hommes à la terre salies par les bombardements, dans une mélasse immonde. L’odeur pestilentielle de chair pétrifiée, combinée à la poudre à canon, empestait les villes côtières, et se propageait progressivement vers l’intérieur des terres. La bataille pour Aeden battait son plein ailleurs, tandis qu’à Brocéliande, trois hommes tentaient d’abattre l’un des membres les plus puissants de l’Armée révolutionnaire. Le Diable avait bien mérité son surnom. C’était un monstre de puissance, que rien ne semblait faire flancher.

« - D’habitude, je prends un grand plaisir à éliminer des ordures de pirates. Mais il semble que ta réputation soit tout autre, Mountbatten. » Dit-il, accompagné de son expression toujours aussi inflexible.

« - Ça dépend. Qu’est-ce que t’as entendu ?

- On raconte que tu ne tues que des marins, des agents du Cipher Pol, des pirates et des camarades à nous. Mais pas de civils, pas d’innocents. Est-ce vrai ?

- Qu’est-ce que ça change. Tu ne me croirais pas.

- Tu peux toujours essayer. Je crois à la rédemption. »

Les deux combattants se faisaient face à bonne distance. L’expression d’Aldo était remplie de malice. Il arborait un grand sourire énigmatique, presque énervant tant était-il impénétrable. Le Télépathe n’avait certainement pas volé son poste. Il avait la carrure, la force, le charisme pour une telle responsabilité. Certains pensaient même que Freeman n’était qu’une chimère, et que c’était lui qui dirigeait le mouvement. Pas de doute, Mount était arrivé dans la cour des grands. Le petit caporal d’élite qu’il était à son entrée dans la Marine il y a trois ans n’était plus. Maintenant, c’était un candidat sérieux au poste de grand corsaire. Et pour gagner sa place, voici qu’il se retrouvait face à une des figures les plus importantes de ce monde. Le Fantôme ne pouvait que jubiler à l’idée de ramener sa tête sur un pic, lui qui méprisait tant les révolutionnaires.

« - C’est vrai, oui. Je ne m’y résoudrais jamais. On ne peut pas en dire autant pour les vermines de ton espèce. »

Aldo ricana.

« - On a tous des idéaux au début. Et puis, la vie suit son cours… La lutte finit par nous corrompre. Ne le nie pas, toi aussi, tu as fini par te brûler les ailes.

- Parle pour toi, raclure. Tu n’as aucune idée de ce dont tu parles. »

Puis, Mountbatten bondit d’un seul coup, préparant ses deux Meitous, comme si les paroles de son interlocuteur avaient touché une corde sensible. D’un mouvement net, ses sabres vinrent se loger sur les deux coudes de Niklas. Leurs hakis de l’armement se confrontaient en un seul point ; si bien que des éclairs jaillirent du choc. Pour la première fois, Aldo recula sous le poids de l’attaque. Il dérapait sur plusieurs mètres, alors que le Marijoan continuait à donner se donner de l’élan à l’aide de geppous. Mais au bout de plusieurs secondes, son adversaire stoppa sa course. L’impulsion initiale avait été résorbée par Aldo, et ce dernier se mit à contre-attaquer. Le rapport de force changea : le haki du révolutionnaire était simplement d’un autre niveau. C’était comme s’il redirigeait toute sa force vers son adversaire, comme si son haki projetait une vague d’énergie hostile sur l’ancien commandant d’élite. Sa force, de plus en plus écrasante, finit par faire céder les défenses de Mount, qui fut propulsé quelques mètres plus loin.

Malgré ce revers, son attaque avait fait mouche. Le Diable semblait avoir été atteint, à en juger les quelques égratignures qui parsemaient ses deux bras. L’homme n’était donc pas invincible. Donner de l’espoir à un adversaire était quelque chose de très dangereux… Ça n’incitait qu’à l’obstination et à l’acharnement. Non, le vétéran de Vindex ne comptait pas lâcher prise, désormais qu’il le savait à sa portée.

Pendant ce temps, Jurgen et son acolyte foncèrent sur Aldo, le prenant par derrière. Mais le Télépathe avait prévu l’attaque, encore une fois. Mountbatten regardait la scène de loin. Aldo se retourna sans sourciller, et para sans difficulté les deux marines. Son expression était joueuse, moqueuse. Mount l’avait deviné grâce à son propre mantra, mais il venait d’avoir la confirmation en temps réel que le Diable avait lui aussi maîtrisé le haki de l’observation. Lui qui misait sur la vitesse d’exécution de ses attaques et la surprise pestait. Il allait être nettement plus dur de le battre s’il pouvait, comme lui, lire dans le futur.

« - Vous n’avez pas compris. » Dit le révolutionnaire, avant de lancer un violent coup de pied latéral qui balaya le vice-amiral et le commodore en un claquement de doigts. Le chasseur put opposer son propre haki de l’armement à l’attaque, et résista bien mieux que son collègue. Il resta debout, bien que légèrement déboussolé, tandis que l’autre fut envoyé dans l’un des rares troncs d’arbre restants dans les environs.

Jurgen Phillip ne se fit pas attendre, et repartit à l’assaut. Après les cuisantes humiliations qu’il venait de subir, il enrageait de plus belle. Alors, il fit virevolter sa lame dans une chorégraphie macabre, renchérissant à chaque coup de vitesse, de précision et de force. Mais à chaque fois, Aldo esquivait, en mettant un pas de côté, en reculant, en se baissant. Leurs volontés s’affrontaient, tandis que la rage de Jurgen contrastait avec la sérénité de son adversaire. Très clairement, le Télépathe survolait le combat. Un drame ne tardait qu’à arriver. Le vice-amiral, seul face à Aldo, ne ferait pas long feu. Alors, le Fantôme repartit à l’assaut.

Grâce au soru, il se hissa à hauteur de son ennemi, déjà occupé par son collègue de la Marine, et se lança lui aussi dans une série d’attaques à l’aide de ses deux lames. Mais plus que de simples attaques de katanas, c’étaient les âmes de ses deux Meitous qui se réveillaient. Enma dévoilait au fur et à mesure des coups son potentiel destructeur. Le sabre était assoiffé. L’œil de bretteur de Mountbatten pouvait le voir, le déceler : une sorte d’aura enrobait cette lame maudite, une lame réputée pour être très difficile à manier et qui ne se laisser dompter que par les meilleurs escrimeurs. Légitimement donc, il se demandait si Enma révélerait ses réelles capacités en affrontant un tel ennemi. En tout cas, la puissance grandissante du Meitou suggérait qu’elle appréciait le défi qui se présentait à elle. Aldo parait cette fois-ci avec sa jambe et esquivait certains coups en mouvant son corps tel un serpent. Par ailleurs, Consternation, que le Marijoan avait pris sur la dépouille d’un officier de la Révolution d’Aeden, semblait-elle aussi s’enthousiasmer. On racontait que cette lame puissante était synonyme de déloyauté et de déshonneur. Dans le passé, elle avait été utilisée pour commettre des régicides. La coïncidence voulait que Mountbatten fût précisément accusé d’avoir assassiné le roi de Vindex, et c’était la raison pour laquelle il était désormais pourchassé par le Gouvernement Mondial.

Il le sentait, ses deux sabres se lâchaient. C’étaient comme deux chiens enragés qu’il tenait difficilement en laisse. Deux entités dont la tranquillité apparente avait fait oublier leurs passés et leurs caractères. D’ailleurs, Aldo l’avait remarqué aussi. Il reculait devant les coups combinés du primé et du vice-amiral, qui redoublait d’énergie. Chaque coup de katana cassait de plus en plus cette défense de haki : des éclairs de plus en plus impressionnants en émanaient. Le Fantôme accélérait la cadence. Chaque nouveau mouvement de bras transpirait la colère, l’envie et l’orgueil. Colère d’abord, parce qu’il haïssait profondément l’Armée révolutionnaire pour ce qu’elle avait fait à ses proches. L’envie, parce qu’il devait abattre son opposant pour obtenir ce qu’il voulait, à savoir un poste de corsaire. L’orgueil enfin, car il avait une réputation à préserver et un blason à redorer. Surtout, il ne pouvait pas concevoir de perdre aux mains d’une immondice de révolutionnaire. Quitte à faillir, autant le faire contre des adversaires qu’il admirait, ou au moins qu’il respectait.

Finalement, Niklas Aldo vit sa défense brisée en deux par les deux hommes. Un moment de faiblesse, pourtant prévisible avec son haki de l’observation, ouvrit une rare fenêtre d’opportunité aux assaillants, qui eurent un malin plaisir à lacérer toute partie de son corps qu’il exposât. Son sang jaillit à de multiples endroits, et pour la première fois, son visage abandonna le calme et la maîtrise au profit de la douleur et de l’énervement. Ils continuèrent pendant un instant, avant que le Diable ne se saisisse du sabre de Jurgen, lui qui était bien trop occupé à renforcer ses attaques. Il l’arracha de ses mains, le retourna, et le planta de toutes ses forces en plein torse. Pendant ce temps, Mount continuait à le frapper avec ses sabres : mais ces derniers rencontrèrent un haki de l’armement bien plus renforcé qu’auparavant. Le haki qu’Aldo avait placé contre Jurgen avait disparu, et il utilisait cette énergie toute retrouvée pour contrer frontalement les coups du Fantôme, alors qu’il achevait Jurgen.

Ce dernier, déjà au bout de ses forces, affaibli par les combats et les attaques précédentes du Diable, ne put esquiver ni parer son propre sabre. La lame pénétra profondément son corps et ressortit dans son dos. Il sursauta, puis plus rien ne sortit de sa bouche, qui restait grande ouverte. L’air était comme figé dans ses poumons. Aldo retira la lame, et immédiatement, le chasseur s’effondra sur place. Tout son poids résonna sur la terre battue. Ses yeux étaient restés figés, comme le reste de son visage.

Ainsi tombait un vice-amiral de la Marine, battu par sa propre lame.
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« - Et toi… Quel gâchis. » Dit Aldo, s’adressant à son seul adversaire restant.

Le Diable repoussa Mount de toutes ses forces, combinant une vague d’haki des rois et à son haki de l’armement. Celui-ci fut propulsé quelques mètres plus loin, tout en restant debout. Il tourna son buste pour faire complètement face au Marijoan, laissant derrière lui la dépouille ensanglantée de l’officier de la Marine.

Jurgen baignait dans son sang. La flaque grandissait à vue d’œil. Sa carrière impressionnante prenait donc fin ici, dans un combat acharné face à une des figures les plus importantes de la Révolution. Une mort digne et honorable, enviable même aux yeux de l’ancien commandant d’élite. Périr au combat était d’après lui le comble pour un soldat. Étrangement, d’ailleurs, c’était une envie viscérale autant qu’une peur qui animait tout homme : une sorte de vœu morbide, d’apothéose incompréhensible pour le commun des mortels. Pourtant, c’était aussi un idéal qui se devait de ne pas être atteint, auquel cas devenait-il pitié et désolation. Nombreux étaient ceux qui rêvaient de gloire en s’engageant, qu’ils soient marins, pirates ou révolutionnaires. Beaucoup s’imaginaient des parades illustres, que leurs noms résonnent jusqu’aux cieux. Mais la mort au champ d’honneur se révélait souvent plus cruelle et infâme. Innombrables étaient ceux qui n’avaient pas vu le scintillement d’une couronne, eux qui courraient pourtant derrière. Et c’était dans ces derniers instants, durant lesquels chacun perdait toute force et toute volonté de vivre qu’ils se rendaient compte de l’arnaque que l’affaire était. On leur avait vendu des mille et des cent, pour un rêve qu’ils ne touchèrent même pas du doigt. Les soldats étaient les perdants de l’histoire, les grands oubliés, ceux qui se battaient pour des causes qui se foutaient éperdument d’eux. Jurgen était de ceux-ci, un idéaliste comme d’autres qui gisait comme un gibier, dans son sang, dans la boue, et bientôt dans l’oubli.

Mountbatten était comme lui, fut un temps. Mais les choses en avaient décidé autrement. Dans le grand schéma du monde, l’insignifiance de sa personne avait accéléré sa perte. Lui, qui était promis à atteindre les plus hautes instances de la Marine d’élite, avait fini par être pourchassé par l’institution qu’il avait pourtant défendue bec et ongles au péril de sa vie. Il en gardait toujours un souvenir amer.

« - Trahi par le Gouvernement Mondial, jeté comme un chien. Et voilà que tu les aides, encore. Tu n’as pas compris la leçon ?

- Tu n’en sais rien, Aldo. Et qu’importe, au final.

- Les journaux disaient que tu avais assassiné un roi pour de l’argent. Mais ça n’a pas l’air d’être ton genre. Que s’est-il passé sur Vindex ?

- Pourquoi veux-tu savoir ?

- Simple curiosité.

- N’as-tu pas tes propres sources ?

- J’ai eu quelques échos. Je veux savoir ta version. »

Les deux hommes se faisaient face. Le corps du vice-amiral était toujours là, les coups de canon et les cris résonnaient encore au loin. Quelques colonnes de fumée se dressaient au-dessus de la cime des arbres de Brocéliande. Rien n’avait changé ; pourtant, l’atmosphère entre les deux s’était subtilement métamorphosée. Il n’y avait plus d’hostilité, non. De la méfiance, certainement. De la curiosité, assurément.

« - Ce foutu Cipher Pol m’a posé un traquenard. J’y ai survécu, et ils m’ont foutu une prime sur le dos. » Répondit-il, d’un ton froid.

« - Pourquoi aider la Marine à faire ce Buster Call alors ? Tu admettras que ça n’a pas de sens…

- En apparence, oui. Mais vois-tu, ta tête et cette… Opération, m’assureront la place vacante de corsaire.

- Corsaire ? Non… Tu ne peux pas être aussi stupide que ça. Il n’y a que les idiots ou les gens malhonnêtes qui convoitent un tel poste. Et tu n’as pas l’air d’être malhonnête ; au contraire.

- Tu parles sans savoir. Admets-le, Aldo. T’en sais rien, tu n’y comprends rien. Et ce n’est pas grave, parce que tout ça n’a pas d’intérêt.

- Si. Tu vois ce Buster Call ? Il n’y a qu’une poignée de vice-amiraux et des subordonnés qui ne valent rien… Avec ton aide, on pourrait repousser leurs troupes, et mettre un poing bien salé dans la face du Gouvernement Mondial. L’échec d’un Buster Call. On n’aurait jamais vu ça ! Et puis je ne suis pas seul. Ombre est ici, et doit terminer d’achever un de leurs hauts-gradés à l’instant où je te parle. Alors réfléchis bien… Souhaites-tu réellement revenir chez ceux qui t’ont craché dessus ? Ceux qui t’ont humilié de la sorte ? Ils t’ont jeté la première fois, ils n’hésiteront pas la deuxième fois. Et un corsaire ? BAHAHAH ! Laisse-moi rire… Ils ne s’embêteront même plus des formalités cette fois-ci… »

Niklas eut tout juste fini sa tirade que Mountbatten repartait déjà à l’assaut. Le révolutionnaire avait beau essayer, rien ne pouvait ébranler la conviction du Fantôme à ce stade. Certes, ses arguments n’étaient pas dénués de sens. Et sous certains aspects, ils visaient juste. Mais le fait était que son interlocuteur ne pouvait pas saquer les gris à cause du passé.

Ronde mortelle.

Alors, tout autour d’Aldo, un curieux spectacle se produisit. Une multitude d’images rémanentes du Marijoan apparurent, dans un cercle dont il constituait le centre. Malgré son haki de l’observation, les mouvements incessants de son ennemi rendaient toute prédiction, toute anticipation, difficile à réaliser. Après un moment de flottement, dans lequel il resta en position défensive, Mount passa à l’attaque. Rapidement, il sortit de ses propres images pour abattre ses deux sabres sur le membre du Dragon. Souvent, sans succès : mais à plusieurs reprises arriva-t-il à lacérer un peu plus son opposant.

Malgré tout, cette technique n’était pas sans faille. Au fur et à mesure, elle perdait en intensité, en vitesse, en précision. Mountbatten devenait fatigué du combat. Il était lessivé par l’ensemble des événements de la journée. Il était sur le qui-vive depuis plusieurs jours déjà : et il avait dû œuvrer nuit et jour pour préparer le Buster Call. Et à l’aube, il avait éliminé plusieurs des têtes pensantes d’Aeden pour brouiller la riposte défensive des révolutionnaires. Tout ça avait eu un coût à ses capacités combattantes, qui faiblissaient à vue d’œil.

Et le Diable l’avait bien compris. Lui, qui était un batailleur aguerri, possédait une chose qui augmentait d’autant plus sa dangerosité : une intelligence de combat. Il pouvait analyser son adversaire en un coup d’œil, comprendre efficacement le style de son opposant. Alors, il saisit le moment opportun et agrippa d’une poigne de fer Mountbatten pour le projeter au sol. L’impact fut saisissant : son corps s’enfonça de plusieurs mètres dans le sol, créant un cratère remuant toute la terre autour. De la poussière s’introduisit dans la bouche et dans les narines des deux hommes. Mais ils n’eurent pas le temps d’en déguster l’amertume. Aldo ne s’arrêta pas là, et continua à enchaîner Mount. Il le frappa à de nombreuses reprises : uppercuts, coups droits, front kicks, crochets gauches, coups de genoux, side kicks… Aldo était un adepte assidu des arts martiaux, et il ne faisait que le prouver une fois de plus.

Le corps endolori du Marijoan se déplaçait donc au gré des attaques du Télépathe, parant avec difficulté certaines, prenant de plein fouet d’autres. Grâce à tekkai, heureusement, les dégâts étaient mitigés. Une mort certaine se transformait donc en une mise hors de combat en bonne et due forme. Enfin, Aldo propulsa l’ancien commandant d’élite avec un coup de pied surpuissant, qui l’envoya contre un talus. Du sang coulait de son visage, recouvrant presque entièrement son cache-œil. Ses vêtements étaient lacérés et empreints eux aussi d’un rouge bordeaux. A quelques mètres de son endroit d’atterrissage, le subalterne de Jurgen paraissait désemparé, tandis que le corps de son supérieur se refroidissait.
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Évidemment, celui qu’on surnommait le diable n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Galvanisé par le fait qu’il avait tué l’un de ses adversaires, il enchainait Mountbatten de coups, dorénavant conscient qu’il était hors de question de l’épargner. Ce dernier, surtout, avait été bien trop entreprenant pour que la clémence soit une option. Aldo eut même un soupir mi-amusé et mi-dépité lorsqu’il vit l’autre jeune marine battre en retraite, sans doute choqué par la mort à laquelle il venait d’assister : celle d’un vieux briscard qui avait fait trembler les mers par son aura et son appétit pour la chasse aux hors-la-loi. Jurgen était définitivement six pieds sous terre pour le plus grand bonheur des gris et de cette île. Ile qui était toujours en danger, cependant. De leur position, les bruits lointains de canons ne faisaient place à aucun doute, sans compter que le dragon pouvait également sentir, à travers son haki de l’observation, les nombreux affrontements qui avaient lieu sur la terre ferme. Ce n’est d’ailleurs qu’à cet instant précis qu’il fut alarmé par un constat des plus désagréables : l’aura d’Ombre s’était complètement dissipée. Fronçant ses sourcils, le fameux télépathe fouilla l’une de ses poches et sortit une vivre card qui se consuma complètement jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Là, il resta pantois pendant de longues secondes, la mine déconfite, réalisant ce qui venait d’arriver. Si la révolution avait porté un grand coup à la marine en tuant un vice-amiral, cette dernière venait également de faire mouche en abattant un membre du Dragon et pas n’importe lequel. Aldo fut submergé par la colère d’un seul coup. Mais alors qu’il comptait se mettre à tout dévaster sur son passage, il sentit une présence proche… Très proche… Trop proche même… Et bien trop dangereuse d’ailleurs…

- « Qu- »

Pas le temps de trop cogiter que son corps bougea tout seul, comme par réflexe. Habitué au combat depuis sa jeunesse et homme se situant clairement au sommet de la pyramide de ce monde, le télépathe réussit à esquiver un coup de lame destiné à le décapiter sans autres formes de procès. Il bougea ensuite comme une anguille et se réceptionna plus loin sur le tronc d’un arbre avant de porter son regard acéré sur celui qui venait de l’attaquer et qui avait failli réussir à l’avoir. Et là, il comprit instantanément qui avait réussi à tuer Ombre. « Alors, c’était toi… » Le murmure d’Aldo me poussa à hausser des épaules. Ses états d’âmes, je n’en avais rien à foutre. Par contre, un bref coup d’œil dans les environs me permit de comprendre ce qui s’était passé… Et de constater surtout que le vieux Jurgen avait rendu son dernier soupir. Un gros nerf se forma au niveau de ma tempe droite, pendant que mes poings se refermaient, preuve que je vrillais dangereusement dans une colère qui ne disait pas son nom. Néanmoins, Meilan vint poser sa main droite sur l’une de mes épaules, ce qui me calma instantanément. Mine de rien, elle savait y faire… Et puis surtout, elle sentait clairement que ce type était d’un tout autre niveau qu’Ombre. Conscient que nous avions plus ou moins le même niveau et certain que j’y perdrais des plumes si je fonçais tout seul (bien que l’idée ne m’effrayait aucunement), je fouillai mes poches et sortit un dernier flacon lacrymal que je balançai à Mountbatten encore en vie. Ce dernier se hâta de boire le contenu sans se poser de questions et vit ses blessures se résorber petit à petit…

Digne d’une vraie sorcellerie…

Aldo, s’il garda son calme, comprit le merdier dans lequel il était…

Entre Mountbatten remis sur pieds, Meilan et moi, il allait crever, qu’importe les scénarios qu’il se dessinait en tête.

- « Tu capitules ou bien on te plante à trois ? Parce que tu devines bien que j’vais pas la jouer fair-play comme avec Ombre… » Qu’avais-je dis en levant mon meito vers lui, non sans continuer… « En fait non, toi, c’est clair qu’on peut pas te garder en vie… » Conclus-je en adoptant une posture de combat.

A peine avais-je prononcé ces paroles menaçantes que le gris lâcha une grosse vague de haki des rois. Si Meilan et Mountbatten furent bien évidemment chamboulés, son fluide ne me fit rien de mon côté, sauf me surprendre pendant une poignée de secondes. Je me repris très vite néanmoins, avant de foncer vers lui d’un soru éclair. Lorsque ma lame et son poing se croisèrent, le contact fut tellement violent que l’onde de choc balaya l’atmosphère autour de nous et ce jusqu’au ciel qui fut divisé en deux ! Sur tout le périmètre de la forêt et de ses alentours, les nuages furent chassés d’un seul coup et la pluie avec. Meilan et Mountbatten se remirent tant bien que mal du haki et purent apercevoir ensuite la multitude d’attaques qui s’en suivit. L’échange était d’une rare brutalité ! Aucun d’entre nous ne prit l’ascendant pendant quelques minutes. Cependant, un énième choc puissant nous fit reculer l’un l’autre sur plusieurs mètres, avant que l'on ne se jauge du regard pendant une seconde… Puis, Aldo disparut en un clin d'oeil des suites d’une technique semblable au soru. Ayant été confronté à cette tactique (presque lâche) avec Ombre, je fus plutôt surpris qu’il fasse la même chose ; mais c’est en y regardant de plus près que je vis que le télépathe… Se barrait réellement ! Médusé par cette décision (même si elle se comprenait vu qu’un trois contre un se dessinait inévitablement), j’eus donc un temps de latence avant de m’élancer à sa poursuite… Mais c’était trop tard… Car au bout d’un virage sinueux et tel un véritable diablotin, il s’était tout simplement volatilisé dans la nature… Tel un voleur !

Une capacité propre au télépathe ? Ou une trouvaille scientifique ? Va savoir…

Toujours est-il que je n’y avait vu que du feu…

- « Tu veux qu’on le poursuive ? » Me questionna Meilan qui m’avait discrètement rejoint.

- « Avec quelle piste ? Je pense pas qu’on le retrouvera. Par contre, contacte les autres vice-amiraux pour qu’ils soient sur le qui-vive et annonce la mort de Jurgen. »

Meilan s’écarta alors pour communiquer via son denden portatif, tandis que j’eus un long soupir de mon côté. J’avais non seulement perdu la trace d’un des types les plus recherchés de la révolution (pour ne pas dire le numéro deux à bien des égards), mais nous avions aussi accusé une perte colossale. Il était peut-être en fin de carrière, mais le chasseur avait inspiré bon nombre de marines. Faut croire que la marine prenait un tout nouveau tournant, si l’on voulait être optimiste : celui du renouveau. Et puis, il fallait bien s’y attendre. Même une attaque surprise pareille n’aurait pas pu être propre à 100%. J’aurai pu hausser les épaules, mais je m’abstins par égard pour mon défunt collègue. Si je ne l’avais jamais eu comme mentor, j’imaginais la tristesse qui s’abattrait sur tous ceux qui l’avaient côtoyé et qui l’appréciaient. C’est donc en silence que je grillai une clope à son hommage sous le bruit lointain des canons qui faisaient toujours autant de boucan. D’un point de vue extérieur, le Buster Call était vraiment une arme effrayante. Je comprenais mieux pourquoi Reyson nous faisait du chantage pour l’abolition de cette pratique ; quoiqu’il déchanterait lorsqu’il apprendrait que j’avais nettoyé une ville sur les blues. C’était de toute façon l’une de mes nombreuses cibles à abattre. Lui et son capitaine. Mais je patientais volontiers pour ces deux-là. Tout vient à point qui sait attendre. En pensant à ces pirates, je finis par me souvenir qu’un forban était de notre côté. C’est sur ce rappel que je me retournai vers Mountbatten. Avec les larmes du fruit de la guérison, il avait l’air d’aller mieux. Pas une mauvaise chose…

- « Désolé pour le retard. Et bon boulot, Mount. Tu peux maintenant te reposer, on se charge du reste. »

Je ne sais pas ce qu’il allait retorquer, mais toujours est-il que le Buster Call tirait à sa fin…
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