QG de la marine, bureau des attributions et affectations
7h30, un lundi matin. Pour Tommy, obscur stagiaire du bureau des attributions, une longue et ennuyeuse journée commence.
Au programme, et comme tous les jours, rester seul attablé dans un bureau encombré de paperasse poussiéreuse, boire du café dégueulasse, classer des dossiers, ranger et tamponner des fiches… Bref, un travail passionnant et vital pour la survie de la marine. En habitué des longues journées à meubler, tommy commence doucement, préparation du poste de travail, vérification du matériel, tests des stylos et essais des tampons…
Quand soudain, l’improbable débarque brutalement dans le programme bien rangé de Tommy. Il vient de faire claquer la porte suffisamment fort pour la décrocher du mur, porte un chapeau rouge, très rouge, et un grand manteau de la même couleur. Entre les deux un large sourire irradie l’hypocrisie telle une boule à facette dans une boite disco.
-Salut brave marine, c’est l’heure de mériter ton salaire…
Pour Tommy la surprise est de taille, personne ne vient jamais ici, après tout, il n’est que stagiaire.
-Je suis bien au bureau des affectations et attributions ?
-Euh oui mais….
-Et si je ne m’abuse, c’est donc dans ce bureau qu’on s’occupe de la gestion des attributions de matériel et des affectations du personnel qui l’utilise ?
-Oui mais moi je…
-Alors c’est parfait, vraiment parfait puisque j’ai justement besoin de matos. Pour être plus précis il me faudrait, un bateau, un rapide, capable de passer calm belt, mais un petit, inutile de déplacer trop de monde. Il me faut aussi un équipage pour le manœuvrer et un éternal pose braqué sur l'ile de Citadelle, quatrième voie de Grand Line…
Replongé dans un univers familier Tommy retrouve enfin ses marques et les réflexes hérités de sa brève formation bureaucratique.
-Je suis désolé mais pour ce genre de demande vous devez d’abord passer au bureau des formulaires qui…
-...Me donnera un formulaire de réquisition, à remplir en trois exemplaires, à faire signer par l’amiral, le vice amiral et je ne sais qui d’autres encore. Ne vous fatiguez pas, j’ai déjà passé cette étape, et attention… TADAM
Et voila que le type sort de son blouson une liasse de feuillets qu’il jette à Tommy, et que, incroyable mais vrai, tout ses papiers sont remplis conformément aux procédures complexes de la Marine.
-Mais la signature ?
-La signature ? Regarde attentivement jeune marine, la dernière page de ce document. Un type observateur comme toi doit surement connaitre ces initiales hein ? CP ? Qu’est ce que ça peut bien vouloir dire ?
-Euh Cypher Pol ?
-Cypher Pol, exactement ! Voila un marine promis à une brillante carrière. Et que veut dire Cypher Pol hein ?
-…
-C’est une question rhétorique, inutile de chercher, Cypher Pol mon gars, ça veut dire service secrets du gouvernement, ça veut dire urgence, ça veut dire priorité absolue et surtout ça veut dire, TAMPONNE CE TRUC ET DONNE MOI UN BATEAU TOUT DE SUITE ….
-Oui M’sieur, d’accord, je m’en occupe tout de suite monsieur, désolé…
Et quinze minutes plus tard, Tommy vient de contresigner des papiers autorisant leur porteur à réquisitionner un navire courrier et son équipage pour qu’il le dépose sur une ile perdue de Grand Line.
-Et une dernière chose gamin… Cypher Pol, ça veut dire secret absolu, motus et bouche cousue.. Personne n’est venu dans ce bureau, et personne n’a récupéré un hypothétique navire pour un trajet tout ce qu’ll y a d’inexistant… Clair ? Alors retour boulot, ici il ne s’est rien passé…
L’improbable disparait aussi vite qu’il est arrivé, et la monotonie de son boulot retombe sur Tommy comme une chape de plomb dans son moule…
8h00, un lundi matin. Pour Tommy, obscur stagiaire du bureau des attributions, une longue et ennuyeuse journée commence.
Jour 17 au matin, à bord de la mouette rieuse.
Voila quinze jours que l'agent Red a largué ses obligations de CP5. Ex CP5 c'est quand même quelque chose. Surtout Ex CP5 en vie, ce qui n'est pas si courant que ça. A plus forte raison quand on s'est servi de ses dernières brides d'autorité pour piquer des papiers à entête du service et réquisitionner un navire spécial et son équipage...Bah, aucune importance, qui le saura ?
Red risque un œil vers la fenêtre, avec comme tout les matins une pensée agréable en tête
**Putain de neige de merde…Et mais ? Je vois le soleil ! Pas de neige ? Enfin débarrassé de cette saloperie de tempête ! Youhou c’est la fête. **
Il est temps de se lever et de sortir de ce trou, au programme rassembler l’équipage, choper le capitaine, et dire à tout le monde de se bouger pour rattraper le retard spécial tempête. Mais d’abord, manger un coup.
**Tiens ? Bizarre, le mousse n’a pas apporté le plateau p’tit déj aujourd’hui, y’a du relâchement dans l’air, il est vraiment temps que je pointe le nez hors de ma cabine pour pousser une gueulante**
Red se lève mollement et part en quête de nourriture, première étape le pont, deuxième la cambuse, et ensuite un gros gueuleton pour fêter l’arrivée du beau temps. Un programme simple qui foire aussi vite qu’il est pensé. Red est à peine sur le pont que son sixième sens se met en mode alarme, aiguisé par des années d’infiltration son cerveau encore embrumé fournit immédiatement une analyse lucide de la situation
**Tiens c’est curieux, il n’y a personne sur le pont. Sont tous partis faire la fête à terre ou bien ? Moi qui croyais les marines sérieux et disciplinés…**
-OH LA MARINE ! DEBOUT C’EST LA GUERRE !
Réponse néant, silence de mort….
-Euh les gars ? Merde quoi ? Répondez, c’est quoi ce bordel ?
-Ils sont tous partis m’sieur... (Reniflement pleurnichard)
**Ah tiens, vla l’embarqué volontaire, comment il s’appelle déjà le mousse, Alfred, Albert ? Bof, aucune importance**
-Euh parti ? Comme dans parti sans me le dire ? Y’a plus de respect bordel … Bon, et ils sont parti ou ?... Et môme chiale pas, je suis la tout baigne, explique ce qui se passe…
Quinze minutes d’explications embrouillées plus tard, la situation commence enfin à se clarifier
-Donc je résume, des marins sont descendus faire la fête à terre et ne sont pas revenus, ensuite le second est allé les chercher avec des hommes et n’est pas revenu, et puis le capitaine a fait pareil…
J’ai bon ? Et toi t’es tout seul, t'es perdu, et tu ne sais pas du tout ce qui se passe…
-J’y suis pour rien m’sieur, j’savais pas quoi faire…
-Pas grave gamin, t’inquiète pas, maintenant je gère le problème, toi tu gardes le bateau, tu fais un truc à manger, et moi je vais chercher le petit personnel…
Premiers pas à terre depuis quinze jours, ça fait presque curieux de sentir un sol qui ne bouge pas sous ses pieds. Ça donne envie de rester un peu sur place le temps de habituer, ce qui tombe bien, il est temps de faire un point sur le décor.
L’ile est tout ce qu’il a de petite et d’ordinaire. Une unique montagne bêtement conique et recouverte de neige au sommet, une forêt d’arbres quelconques à mi pente. Et en bas, dans la seule crique vraiment abritée, un village tellement classique qu’on a l’impression de le connaitre. Des maisons miteuses serrées les unes contres les autres, des rues à peine pavées, un port abritant quelques bateaux de pèches mal radoubés… Et surplombant le tout une baraque plus grosse qui doit être la propriété de ce qui tient lieu de chef dans le coin… Quel trou pourri.
Pas franchement motivé, Red se met en marche vers les bâtiments les plus proches. Objectif, trouver des gens à questionner.
**Tiens, une auberge, la taverne du port, et original avec ça…**
L’intérieur est aussi classe que l’emballage, une salle basse, à l’atmosphère rendue irrespirable par des générations de fumeur, aux murs protégés par une couche de crasse dont les strates les plus profondes doivent remonter à la fabrication de l’ensemble. La faune attablé dans le coin est à l’avenant, des types patibulaires, puants, mal rasés, couverts de cicatrices et de pièces rapportés. Occupés pour la plupart à écluser sec et à jouer avec des armes tranchantes. Tous s’arrêtent de concert pour lancer des regards aussi noir que possible à l’intrus qui vient de débarquer. On sent que l’accueil a été bien répété.
Pas impressionné plus que ça, Red traverse la salle jusqu’au comptoir et commande un alcool suffisamment violent pour vaincre la flore bactérienne encore vivante dans les verres. Puis, n’ayant pas de temps à perdre il opte pour une recherche simple.
-Salut les chéris, moi c’est Red, je suis pressé et je cherche une bande de gars de la marine qu’ont du passer dans le coin. Ça dit quelque chose à quelqu’un ?
Dans une taverne un peu mieux tenue, on assisterait surement au passage d’un ange pour illustrer le malaise, ici il se ferait probablement tirer son auréole avant d’avoir traversé la salle. Du coup il n’y a qu’un silence à tailler au couteau… On grince des dents, on sort les armes, on se regarde en chien de faïence en se demandant qui va faire le premier pas pour donner le premier gnon.
La phase de brutalité qui suit est nécessaire pour établir le contact, et son issue tout à fait prévisible. Que peuvent une poignée de pilier de bar aussi méchant soient’ ils contre un agent du Cypher Pol maitrisant certaines facettes du Rokushiki…
Une fois les loubards dispersés dans le décor la violence cesse aussi vite qu’elle a commencé, laissant place à un début de dialogue.
-Bon alors les gars, une bande de marines ? Des ptits gars en uniformes tout beaux tout neufs et qui ce sont paumés en ville ça vous dit quelque chose ?
-…
-les gars, on va pas se refaire la phase de baston, on sait tous ce que ça va donner non ?
-Ouais on les a vu…
[color=darkred]-Et ben voila, je savais bien qu’on allait arriver à s’entendre… Vas-y garçon, développe un peu pour voir
-Ils sont allé jouer au Palace, une maison de jeux en haut de la ville. Et le gros Tony les a capturés…
-Ouais c’est vrai, il veut les revendre à la marine ou à des pirates …
-C’est un gros dur, un mafieux…C’est lui qui fait la loi sur cette ile. Sa tête est mise à prix au moins 800 000 berrys…
-Ah ouais quand même, 800 000 berry, ben dites donc ça fait peur…. Et du coup c’est chez lui que je peux trouver mes marines…. Bon et ben merci les gars merci. Sur ce je vous laisse, on se dit pas à la prochaine, mais le cœur y est hein…
Quinze minutes plus tard Red se retrouve dans le bureau du maire local, un pauvre type ressemblant à une fouine. Et qui pour l’heure contemple avec un certain malaise le type en rouge vautré sans aucune gêne dans le fauteuil en face de lui.
-Donc vous dites que vous êtes un agent du gouvernement, et que vous êtes prêt à me débarrasser du gros Tony en échange d’un tonneau de mon meilleur cognac ? C’est bien ça ?
- Dans l’idée on n’est pas loin. Mais en fait je disais plutôt que je vais me débarrasser du gros Tony et que pour ça, je réquisitionne votre meilleur cognac. Tout est dans le détail vous voyez la nuance ?…
-Et bien j’ai un vieux fut de …
-Ce sera parfait…
Un poil plus tard, et de nouveau sur la mouette qui finalement ne se marre pas tant que ça.
-Tu vois gamin, pour un type qui n’y connait rien, il est très facile de transformer une infâme piquette en bon vin tout à fait acceptable. On va prendre quelques futs de mauvais vin, changer les étiquettes, diluer un peu cet excellent cognac pour en faire un très bon vin vieilli en fut. Et on va multiplier la valeur de ces tonneaux par cinquante.
-Mais qu’est ce qu’on va faire de tout ce vin…
-Enfin môme, réfléchis, on va tout bonnement échanger nos barils contre l’équipage… Qui résisterait à dix futs de ce nectar tout droit sorti des meilleurs vergers de…Boah d’une mer quelconque…
Gros Tony. Un surnom facile quand on le colle sur un type dont la tête culmine à plus de deux mètres et dont le poids doit frôler les deux quintal… un beau bébé adepte du culturisme, des fringues de cuir et de la barbe sauvage façon haie mal taillée. Faut aimer le style…
-Alors voila ce que je vous propose, vous avez mes marins et vous voulez me les revendre. Bon très bien, chacun son bizness, je conteste pas. Manque de bol j’ai pas vraiment de liquidités sous la main. Mais ce que j’ai par contre c’est dix barils d’un excellent vin. Tellement bon que j’ai pour ordre de le mener droit à Marijoa pour qu’il servi à la table des plus grands, c’est dire…. Une valeur inestimable en tout cas…Alors je récupère mon équipage, et je vous donne le vin…
-Du vin de Marijoa hein ? Et on peut le gouter ?
-Bien sur, je vous ai amené un échantillon.
Stylé et bien éduqué, Tony arrache le robinet du tonnelet d’un coup de dent avant de le vider d’un trait en épongeant le trop plein avec sa barbe. Il lâche ensuite un rot retentissant et hoche la tête.
-Ouais, y’a pas à dire, c’est autre chose que la pisse locale. Mais qu’est ce qui m’empêche d’aller me servir sur ton bateau et de garder tes hommes hein ?
-Soyons sérieux deux minutes, je ne serais pas ici sans avoir pris d’élémentaires précautions. J’ai évidemment piégé le bateau et je le ferais évidemment sauter en cas de problèmes. Franchement c’est limite insultant de penser le contraire.
-On ne sait jamais… C’est ok pour le deal, tes marins contre les barriques…
-Parfait, prête moi quelques uns de tes hommes je vais superviser le déchargement pendant que tu commences à faire sortir mes marins…
Un fois l’affaire conclue le reste n’est qu’un banal problème logistique, l’atmosphère tendue en plus. Le transport des futs, l’échange entre les marins et la bande de mafieux. En une heure tout est terminé.
Les marins sont à nouveaux rangés sur la mouette rieuse, et les futs au fond de la cave du Palace. Ne reste qu’à se séparer en bons copains…
-Bon et bien Tony, je crois qu’on s’est tout dit. (Red balance sa clope dans un coin et tapote un des futs de la main) vous avez les futs, j’ai mes hommes. Et dans moins d’une heure on aura quitté l’ile. Ce fut un plaisir…
-Pareil ptit gars, pareil. Et la prochaine fois que tu as une cargaison à vider, n’hésite pas à repasser…
S’ensuit une poignée de main aussi peu fraternelle que possible et un vidage des lieux général…
Fin de l’histoire, sur la mouette…
-Euh agent Red ? Je suis passé à l’armurerie et il y a un problème…
-Oui ?
-Nous n’avons plus de poudre, plus du tout… et il nous manque aussi les mèches lentes …
-Oui, je suis au courant, ne vous faites pas de soucis, tout est normal, je vous ferais une décharge…
-Quand même, ça fait une sacré quantité de poudre…
Au loin l’ile s’éloigne, paysage tranquille, à peine dérangé par la terrible explosion qui disperse le Palace de Tony et ses occupants à travers les airs. Transformant l’unique casino de la ville et sa bande de truands en une pluie de débris divers… C'était pourtant marqué sur les futs, l'abus d'alcool nuit gravement à la santé.
-Au fait, quelqu’un a une clope ? J’ai laissé ma dernière à terre…
-Euh au fait capitaine? Vous auriez pas vu Alphonse? vous savez, le ptit mousse qu'on a embarqué par erreur. Parce qu'on le cherche partout mais personne l'a vu ...
-Oh non ? Me dites pas qu'on oublié sur l'ile ?
-Pas de bol chef....
7h30, un lundi matin. Pour Tommy, obscur stagiaire du bureau des attributions, une longue et ennuyeuse journée commence.
Au programme, et comme tous les jours, rester seul attablé dans un bureau encombré de paperasse poussiéreuse, boire du café dégueulasse, classer des dossiers, ranger et tamponner des fiches… Bref, un travail passionnant et vital pour la survie de la marine. En habitué des longues journées à meubler, tommy commence doucement, préparation du poste de travail, vérification du matériel, tests des stylos et essais des tampons…
Quand soudain, l’improbable débarque brutalement dans le programme bien rangé de Tommy. Il vient de faire claquer la porte suffisamment fort pour la décrocher du mur, porte un chapeau rouge, très rouge, et un grand manteau de la même couleur. Entre les deux un large sourire irradie l’hypocrisie telle une boule à facette dans une boite disco.
-Salut brave marine, c’est l’heure de mériter ton salaire…
Pour Tommy la surprise est de taille, personne ne vient jamais ici, après tout, il n’est que stagiaire.
-Je suis bien au bureau des affectations et attributions ?
-Euh oui mais….
-Et si je ne m’abuse, c’est donc dans ce bureau qu’on s’occupe de la gestion des attributions de matériel et des affectations du personnel qui l’utilise ?
-Oui mais moi je…
-Alors c’est parfait, vraiment parfait puisque j’ai justement besoin de matos. Pour être plus précis il me faudrait, un bateau, un rapide, capable de passer calm belt, mais un petit, inutile de déplacer trop de monde. Il me faut aussi un équipage pour le manœuvrer et un éternal pose braqué sur l'ile de Citadelle, quatrième voie de Grand Line…
Replongé dans un univers familier Tommy retrouve enfin ses marques et les réflexes hérités de sa brève formation bureaucratique.
-Je suis désolé mais pour ce genre de demande vous devez d’abord passer au bureau des formulaires qui…
-...Me donnera un formulaire de réquisition, à remplir en trois exemplaires, à faire signer par l’amiral, le vice amiral et je ne sais qui d’autres encore. Ne vous fatiguez pas, j’ai déjà passé cette étape, et attention… TADAM
Et voila que le type sort de son blouson une liasse de feuillets qu’il jette à Tommy, et que, incroyable mais vrai, tout ses papiers sont remplis conformément aux procédures complexes de la Marine.
-Mais la signature ?
-La signature ? Regarde attentivement jeune marine, la dernière page de ce document. Un type observateur comme toi doit surement connaitre ces initiales hein ? CP ? Qu’est ce que ça peut bien vouloir dire ?
-Euh Cypher Pol ?
-Cypher Pol, exactement ! Voila un marine promis à une brillante carrière. Et que veut dire Cypher Pol hein ?
-…
-C’est une question rhétorique, inutile de chercher, Cypher Pol mon gars, ça veut dire service secrets du gouvernement, ça veut dire urgence, ça veut dire priorité absolue et surtout ça veut dire, TAMPONNE CE TRUC ET DONNE MOI UN BATEAU TOUT DE SUITE ….
-Oui M’sieur, d’accord, je m’en occupe tout de suite monsieur, désolé…
Et quinze minutes plus tard, Tommy vient de contresigner des papiers autorisant leur porteur à réquisitionner un navire courrier et son équipage pour qu’il le dépose sur une ile perdue de Grand Line.
-Et une dernière chose gamin… Cypher Pol, ça veut dire secret absolu, motus et bouche cousue.. Personne n’est venu dans ce bureau, et personne n’a récupéré un hypothétique navire pour un trajet tout ce qu’ll y a d’inexistant… Clair ? Alors retour boulot, ici il ne s’est rien passé…
L’improbable disparait aussi vite qu’il est arrivé, et la monotonie de son boulot retombe sur Tommy comme une chape de plomb dans son moule…
8h00, un lundi matin. Pour Tommy, obscur stagiaire du bureau des attributions, une longue et ennuyeuse journée commence.
Journal d’Alphonse, premier jour à bord de la mouette rieuse
Ça y est, j’ai enfin pris la mer et je commence mon premier journal de bord. Bientôt je serais un vrai marin. Il était temps. Ce n’était pas prévu évidemment, ce matin j’étais juste de corvée de nettoyage sur le pont de la mouette rieuse, un des bateaux courriers assignés à la base. J’en étais au gaillard arrière quand ce type en rouge a débarqué sur le navire…Un agent du Cypher Pol !! Je n’en avais jamais vu en vrai. Il avait l’air terrifiant. Et tellement sur de lui…En tout cas il a rassemblé l’équipage, à sorti un ordre de réquisition immédiate et a lancé le branle bas. Le temps que je réalise et on avait quitté le port. Et comme me l’a dit le second quand il s’est aperçu que je n’avais rien à faire la, hors de question de faire demi tour pour me ramener, dommage gamin qu’il a dit…
Qu’est ce que je vais me faire engueuler au retour…
Jour 4
La mouette rieuse est vraiment un sacré bateau, on longe déjà le Calm Belt. Tout parait calme, mais d’’après les marins il ne faut pas se fier à sa surface. En dessous c’est bourré de monstres. Mais grâce à notre coque spéciale, nous pouvons le traverser. Le voyage se passe bien, mais tout le monde se moque de moi parce que je me suis perdu, et j’ai encore plus de ménage à faire qu’a la base. L’agent du Cypher Pol a pris la cabine du capitaine, et il ne sort jamais. Je me demande ce qu’il fait… J’ai demandé au second, mais il a dit que s’il me répondait il serait obligé de me tuer. Alors je suis retourné nettoyer le pont.
Jour 6
Nous avons traversé Calm Belt sans encombre, et l’agent du Cypher Pol n’est toujours pas sorti de sa cabine. Je n’ai pas beaucoup de temps pour écrire, trop de travail …Les marins m’ont dits qu’ils étaient contents que je sois la. Comme ça si on tombe à court de vivres ils auront quelque chose à manger. Je crois qu’ils plaisantaient mais je n’ai pas trouvé ça très drôle.
Jour 8
Aujourd’hui il s’est passé un truc incroyable. Ce matin l’agent du Cypher Pol est sorti sur le pont pendant la manœuvre. L’équipage était en train de transférer au palan les caisses de vivres entreposés à l’avant pour les ranger dans la soute.
J’étais tellement occupé à regarder l’agent que je me suis pris les pieds dans un cordage. En tombant j’ai lâché ma bassine d’eau chaude sur l’équipe qui tenait le palan, et eux ils ont lâché la corde. Du coup la caisse qu’ils tiraient est tombée droit sur l’agent. Et ben il n’a pas bougé. J’étais juste à coté et je crois même l’avoir entendu pousser un soupir en levant les yeux vers la caisse. Et il a dit un truc comme tekkai.Mais je n’ai pas compris. Et la caisse s’est brisée sur sa tête ! Il n’avait même pas une égratignure. Je comprends mieux pourquoi tout le monde à peur d’eux. Quand il s’est retourné et que tout les marins m’ont montré du doigt j’ai eu très peur. J’ai cru qu’il allait me tuer. Mais il s’est contenté de hocher la tête, et il est rentré se nettoyer. J’ai aussi appris son nom, il s’appelle Red.
Quand je serais grand je ne veux plus être un marine, je veux être agent du Cypher Pol .
Jour 10
Nous sommes arrivés sur une ile, il y fait plutôt froid. L’agent du Cypher Pol avait l’air assez content au début, mais apparemment ce n’est pas la bonne. Nous y restons une journée pour refaire de l’eau. Peut être que je vais pouvoir descendre à terre… Je serais le premier mousse de la base à avoir mis les pieds sur une ile de Grande Line. Au retour les autres vont être vert de jalousie.
Jour 11
Il y a une tempête de neige qui s’est déclaré d’un coup dans la nuit. Le climat est vraiment bizarre ici. Je crois que c’est aussi l’avis de l’agent Red. Ce matin il sortait toutes les quinze minutes pour demander au capitaine si la tempête était suffisamment calmée pour qu’on parte. Quand le capitaine lui a dit qu’il y en avait au moins pour au moins cinq jours il a fait une drôle de tête. Je crois que même le capitaine a eu peur. Puis l’agent Red est parti s’enfermer dans sa cabine.
Jour 12
Les marins ont eu droit à une permission à terre. Mais pas moi. Du coup je suis presque tout seul à bord avec l’agent Red. J’aimerais bien descendre à terre mais le capitaine me l’a interdit. Je crois qu’il a peur de m’oublier en partant.
Jour 13
Des hommes descendus à terre ne sont pas rentrés ce matin. Le capitaine n’a pas l’air inquiet. Il dit qu’ils doivent probablement cuver dans une taverne et qu’ils rentreront quand ils n’auront plus mal au crane. Si ils sont punis ça me fera moins de travail. Et peut être que je pourrais descendre.
Jour 14
Les hommes ne sont toujours pas rentrés. Le capitaine a envoyé le second les chercher. Il a l’air soucieux.
Jour 15
Le second n’est pas rentré non plus. Le capitaine à décidé de descendre à terre à son tour pour chercher les hommes. Je crois qu’il aimerait bien que l’agent Red vienne avec lui, mais il n’ose pas le déranger.
Jour 16
Le capitaine n’est pas revenu non plus. Je suis tout seul sur le bateau et je commence à avoir peur. J’ai l’impression que des gens bizarre rodent sur les quais et observent le bateau. Il faudrait vraiment que j’aille prévenir l’agent Red. La tempête à l’air de se calmer, demain je le ferais.
Jour 17 au matin, à bord de la mouette rieuse.
Voila quinze jours que l'agent Red a largué ses obligations de CP5. Ex CP5 c'est quand même quelque chose. Surtout Ex CP5 en vie, ce qui n'est pas si courant que ça. A plus forte raison quand on s'est servi de ses dernières brides d'autorité pour piquer des papiers à entête du service et réquisitionner un navire spécial et son équipage...Bah, aucune importance, qui le saura ?
Red risque un œil vers la fenêtre, avec comme tout les matins une pensée agréable en tête
**Putain de neige de merde…Et mais ? Je vois le soleil ! Pas de neige ? Enfin débarrassé de cette saloperie de tempête ! Youhou c’est la fête. **
Il est temps de se lever et de sortir de ce trou, au programme rassembler l’équipage, choper le capitaine, et dire à tout le monde de se bouger pour rattraper le retard spécial tempête. Mais d’abord, manger un coup.
**Tiens ? Bizarre, le mousse n’a pas apporté le plateau p’tit déj aujourd’hui, y’a du relâchement dans l’air, il est vraiment temps que je pointe le nez hors de ma cabine pour pousser une gueulante**
Red se lève mollement et part en quête de nourriture, première étape le pont, deuxième la cambuse, et ensuite un gros gueuleton pour fêter l’arrivée du beau temps. Un programme simple qui foire aussi vite qu’il est pensé. Red est à peine sur le pont que son sixième sens se met en mode alarme, aiguisé par des années d’infiltration son cerveau encore embrumé fournit immédiatement une analyse lucide de la situation
**Tiens c’est curieux, il n’y a personne sur le pont. Sont tous partis faire la fête à terre ou bien ? Moi qui croyais les marines sérieux et disciplinés…**
-OH LA MARINE ! DEBOUT C’EST LA GUERRE !
Réponse néant, silence de mort….
-Euh les gars ? Merde quoi ? Répondez, c’est quoi ce bordel ?
-Ils sont tous partis m’sieur... (Reniflement pleurnichard)
**Ah tiens, vla l’embarqué volontaire, comment il s’appelle déjà le mousse, Alfred, Albert ? Bof, aucune importance**
-Euh parti ? Comme dans parti sans me le dire ? Y’a plus de respect bordel … Bon, et ils sont parti ou ?... Et môme chiale pas, je suis la tout baigne, explique ce qui se passe…
Quinze minutes d’explications embrouillées plus tard, la situation commence enfin à se clarifier
-Donc je résume, des marins sont descendus faire la fête à terre et ne sont pas revenus, ensuite le second est allé les chercher avec des hommes et n’est pas revenu, et puis le capitaine a fait pareil…
J’ai bon ? Et toi t’es tout seul, t'es perdu, et tu ne sais pas du tout ce qui se passe…
-J’y suis pour rien m’sieur, j’savais pas quoi faire…
-Pas grave gamin, t’inquiète pas, maintenant je gère le problème, toi tu gardes le bateau, tu fais un truc à manger, et moi je vais chercher le petit personnel…
Premiers pas à terre depuis quinze jours, ça fait presque curieux de sentir un sol qui ne bouge pas sous ses pieds. Ça donne envie de rester un peu sur place le temps de habituer, ce qui tombe bien, il est temps de faire un point sur le décor.
L’ile est tout ce qu’il a de petite et d’ordinaire. Une unique montagne bêtement conique et recouverte de neige au sommet, une forêt d’arbres quelconques à mi pente. Et en bas, dans la seule crique vraiment abritée, un village tellement classique qu’on a l’impression de le connaitre. Des maisons miteuses serrées les unes contres les autres, des rues à peine pavées, un port abritant quelques bateaux de pèches mal radoubés… Et surplombant le tout une baraque plus grosse qui doit être la propriété de ce qui tient lieu de chef dans le coin… Quel trou pourri.
Pas franchement motivé, Red se met en marche vers les bâtiments les plus proches. Objectif, trouver des gens à questionner.
**Tiens, une auberge, la taverne du port, et original avec ça…**
L’intérieur est aussi classe que l’emballage, une salle basse, à l’atmosphère rendue irrespirable par des générations de fumeur, aux murs protégés par une couche de crasse dont les strates les plus profondes doivent remonter à la fabrication de l’ensemble. La faune attablé dans le coin est à l’avenant, des types patibulaires, puants, mal rasés, couverts de cicatrices et de pièces rapportés. Occupés pour la plupart à écluser sec et à jouer avec des armes tranchantes. Tous s’arrêtent de concert pour lancer des regards aussi noir que possible à l’intrus qui vient de débarquer. On sent que l’accueil a été bien répété.
Pas impressionné plus que ça, Red traverse la salle jusqu’au comptoir et commande un alcool suffisamment violent pour vaincre la flore bactérienne encore vivante dans les verres. Puis, n’ayant pas de temps à perdre il opte pour une recherche simple.
-Salut les chéris, moi c’est Red, je suis pressé et je cherche une bande de gars de la marine qu’ont du passer dans le coin. Ça dit quelque chose à quelqu’un ?
Dans une taverne un peu mieux tenue, on assisterait surement au passage d’un ange pour illustrer le malaise, ici il se ferait probablement tirer son auréole avant d’avoir traversé la salle. Du coup il n’y a qu’un silence à tailler au couteau… On grince des dents, on sort les armes, on se regarde en chien de faïence en se demandant qui va faire le premier pas pour donner le premier gnon.
La phase de brutalité qui suit est nécessaire pour établir le contact, et son issue tout à fait prévisible. Que peuvent une poignée de pilier de bar aussi méchant soient’ ils contre un agent du Cypher Pol maitrisant certaines facettes du Rokushiki…
Une fois les loubards dispersés dans le décor la violence cesse aussi vite qu’elle a commencé, laissant place à un début de dialogue.
-Bon alors les gars, une bande de marines ? Des ptits gars en uniformes tout beaux tout neufs et qui ce sont paumés en ville ça vous dit quelque chose ?
-…
-les gars, on va pas se refaire la phase de baston, on sait tous ce que ça va donner non ?
-Ouais on les a vu…
[color=darkred]-Et ben voila, je savais bien qu’on allait arriver à s’entendre… Vas-y garçon, développe un peu pour voir
-Ils sont allé jouer au Palace, une maison de jeux en haut de la ville. Et le gros Tony les a capturés…
-Ouais c’est vrai, il veut les revendre à la marine ou à des pirates …
-C’est un gros dur, un mafieux…C’est lui qui fait la loi sur cette ile. Sa tête est mise à prix au moins 800 000 berrys…
-Ah ouais quand même, 800 000 berry, ben dites donc ça fait peur…. Et du coup c’est chez lui que je peux trouver mes marines…. Bon et ben merci les gars merci. Sur ce je vous laisse, on se dit pas à la prochaine, mais le cœur y est hein…
Quinze minutes plus tard Red se retrouve dans le bureau du maire local, un pauvre type ressemblant à une fouine. Et qui pour l’heure contemple avec un certain malaise le type en rouge vautré sans aucune gêne dans le fauteuil en face de lui.
-Donc vous dites que vous êtes un agent du gouvernement, et que vous êtes prêt à me débarrasser du gros Tony en échange d’un tonneau de mon meilleur cognac ? C’est bien ça ?
- Dans l’idée on n’est pas loin. Mais en fait je disais plutôt que je vais me débarrasser du gros Tony et que pour ça, je réquisitionne votre meilleur cognac. Tout est dans le détail vous voyez la nuance ?…
-Et bien j’ai un vieux fut de …
-Ce sera parfait…
Un poil plus tard, et de nouveau sur la mouette qui finalement ne se marre pas tant que ça.
-Tu vois gamin, pour un type qui n’y connait rien, il est très facile de transformer une infâme piquette en bon vin tout à fait acceptable. On va prendre quelques futs de mauvais vin, changer les étiquettes, diluer un peu cet excellent cognac pour en faire un très bon vin vieilli en fut. Et on va multiplier la valeur de ces tonneaux par cinquante.
-Mais qu’est ce qu’on va faire de tout ce vin…
-Enfin môme, réfléchis, on va tout bonnement échanger nos barils contre l’équipage… Qui résisterait à dix futs de ce nectar tout droit sorti des meilleurs vergers de…Boah d’une mer quelconque…
Gros Tony. Un surnom facile quand on le colle sur un type dont la tête culmine à plus de deux mètres et dont le poids doit frôler les deux quintal… un beau bébé adepte du culturisme, des fringues de cuir et de la barbe sauvage façon haie mal taillée. Faut aimer le style…
-Alors voila ce que je vous propose, vous avez mes marins et vous voulez me les revendre. Bon très bien, chacun son bizness, je conteste pas. Manque de bol j’ai pas vraiment de liquidités sous la main. Mais ce que j’ai par contre c’est dix barils d’un excellent vin. Tellement bon que j’ai pour ordre de le mener droit à Marijoa pour qu’il servi à la table des plus grands, c’est dire…. Une valeur inestimable en tout cas…Alors je récupère mon équipage, et je vous donne le vin…
-Du vin de Marijoa hein ? Et on peut le gouter ?
-Bien sur, je vous ai amené un échantillon.
Stylé et bien éduqué, Tony arrache le robinet du tonnelet d’un coup de dent avant de le vider d’un trait en épongeant le trop plein avec sa barbe. Il lâche ensuite un rot retentissant et hoche la tête.
-Ouais, y’a pas à dire, c’est autre chose que la pisse locale. Mais qu’est ce qui m’empêche d’aller me servir sur ton bateau et de garder tes hommes hein ?
-Soyons sérieux deux minutes, je ne serais pas ici sans avoir pris d’élémentaires précautions. J’ai évidemment piégé le bateau et je le ferais évidemment sauter en cas de problèmes. Franchement c’est limite insultant de penser le contraire.
-On ne sait jamais… C’est ok pour le deal, tes marins contre les barriques…
-Parfait, prête moi quelques uns de tes hommes je vais superviser le déchargement pendant que tu commences à faire sortir mes marins…
Un fois l’affaire conclue le reste n’est qu’un banal problème logistique, l’atmosphère tendue en plus. Le transport des futs, l’échange entre les marins et la bande de mafieux. En une heure tout est terminé.
Les marins sont à nouveaux rangés sur la mouette rieuse, et les futs au fond de la cave du Palace. Ne reste qu’à se séparer en bons copains…
-Bon et bien Tony, je crois qu’on s’est tout dit. (Red balance sa clope dans un coin et tapote un des futs de la main) vous avez les futs, j’ai mes hommes. Et dans moins d’une heure on aura quitté l’ile. Ce fut un plaisir…
-Pareil ptit gars, pareil. Et la prochaine fois que tu as une cargaison à vider, n’hésite pas à repasser…
S’ensuit une poignée de main aussi peu fraternelle que possible et un vidage des lieux général…
Fin de l’histoire, sur la mouette…
-Euh agent Red ? Je suis passé à l’armurerie et il y a un problème…
-Oui ?
-Nous n’avons plus de poudre, plus du tout… et il nous manque aussi les mèches lentes …
-Oui, je suis au courant, ne vous faites pas de soucis, tout est normal, je vous ferais une décharge…
-Quand même, ça fait une sacré quantité de poudre…
Au loin l’ile s’éloigne, paysage tranquille, à peine dérangé par la terrible explosion qui disperse le Palace de Tony et ses occupants à travers les airs. Transformant l’unique casino de la ville et sa bande de truands en une pluie de débris divers… C'était pourtant marqué sur les futs, l'abus d'alcool nuit gravement à la santé.
-Au fait, quelqu’un a une clope ? J’ai laissé ma dernière à terre…
-Euh au fait capitaine? Vous auriez pas vu Alphonse? vous savez, le ptit mousse qu'on a embarqué par erreur. Parce qu'on le cherche partout mais personne l'a vu ...
-Oh non ? Me dites pas qu'on oublié sur l'ile ?
-Pas de bol chef....