L’air frais fouettant son visage, une femme à la peau sombre contemple le port impréssionnant du légendaire Pays des Fleurs. Le navire sur lequel elle est passagère se noie dans un mer de mâts et de voiles. Tous différents, tous obéissant au même flux et reflux de cette Baie. La grande Jing lui fait enfin face. Cette femme, habillé d’un simple veston et de sa combinaison, fixe sa destination l’air placide. Marquée par un drame qu’elle n'oubliera jamais, la saveur de l'émerveillement l’a quittée. Soupirante, elle s’affale sur le bord du navire en patientant l’entrée dans les quais. La petite caravelle se fraye un chemin à travers toute cette intense circulation. A peine accosté, une douleur intense lui prend au cou. Les nécroses sous ses yeux bleus s'étendent pendant quelques instants. Se crispant, elle ploie sur un genou. Le capitaine du navire, un grand moustachu, surgit visiblement inquiet de l'état de sa passagère.
“Trisha, tu veux un peu d'eau, ou un encas? Tu n'as pas mangé de la journée.”
Le poison en elle lui provoque des crises si elle se laisse aller à la détente. Une terrible affliction rongeant son être à petit feu. Repoussant la main venue la soutenir, elle se redresse rapidement.
“Je vais bien.”
Son ton sec coupe court à la tentative du Capitaine. Celui-ci ne semble pas lui en vouloir. Son regard la prend en pitié. Une attitude à son égard qu'elle a toujours haïs. Prenant sur elle, la femme aux paupières tombantes donne une bourse dans les mains de ce monsieur.
“Pour le voyage.
-Mais, ce sont les sous que l'on t’a donné pour votre séjour, ici. Je ne peux pas accepter.
-Je ne manquerai de rien. Tu sais pourquoi je suis ici. Prends le. C'est la moindre récompense pour avoir supporter mes insomnies.”
Sans entendre une nouvelle contestation de sa part, elle quitte le navire les mains dans les poches de son veston. La tête droite, la femme en combinaison avance d’un pas déterminé.
Sur le quai, un homme aux allures d'importance se poste sur son chemin. Il est escorté par plusieurs personnes. Le magistrat s'approche de Trisha pour la saluer. Visiblement, il l'attendait. Une certaine méfiance apparaît dans le regard de la nouvelle venue.
“Bienvenue à Kanokuni, Camarade Trisha Campbell. Toutes mes condoléances pour le désastre du QG d’Aeden. Ce massacre ne sera pas oublié. Même ici nous partageons le deuil.
-Vos condoléances changeront-elles la face de ce monde ? Vous savez ce que je suis venue faire à Jing. Dites moi en quoi une cavalière de la Révolution peut vous aider, Camarade Zao.
-Arum. Certes. Nous sommes ravis de vous accueillir à Jing. La cause révolutionnaire est toute acquise ici bas. On espère que cette mentalité se diffuse progressivement sur tout le pays. Mais, les traditions sont tenaces. La noblesse à encore une crédibilité au sein de notre peuple. Nous restons unis par un consensus fragile mais nous sommes une maison divisée. Et je m'en méfie. J’ai bien conscience que vous objectez de reconstruire votre flotte d’intervention mais, comme vous vous en doutez, j’ai bel et bien un service à vous demander.
-J’écoute.
-Restez quelques temps pour partager votre expérience et votre savoir à nos camarades. Je n’ai pas tout le loisir d’encadrer cette force avec mon poste au Conseil, mais il ne faut pas que la volonté du peuple s’affaisse dans ce foisonnement économique et cette prospérité relative. Nous ne sommes que partiellement maîtres de notre destin.
-Est ce le Télépathe qui vous a demandé de m’attacher à vos terres?
-...
-J'accomplirai cette demande, mais je partirai une fois toutes mes préparations accomplies. J’ai toujours choisi mes combats, alors ne tentais de m’en préserver.”
Sur ses mots, l'irréductible Trisha passe son chemin comme si la première personnalité de ce pays n’était qu’un simple personnage. Zao, l’Etoile jaune, comprend maintenant les mégardes de Niklas d’Aldo auprès des survivants d’Aeden. Le peu qu’ils restent de ce désastre sont des personnes traumatisées et brisées par le drame. L’As de la révolution devra s’attendre à son genre de réponses sèches autant qu’à l’absence de jovialité de leur part. Il va lui falloir les intégrer, malgré tout, au mieux, dont leur meilleur élément en vie, aujourd’hui : Trisha Campbell, l'Éclair bleu.
Pressé par le temps, Zoa ne la course pas. Il a réussi à lui donner un but à Jing. L’homme laisse donc ses camarades sur place tisser des liens avec cette âme meurtrie. Il met rapidement le cap vers la Cité Rouge où son poste au Conseil l’attend. Ce retour dans les débats acharnés contre les parties bien peu acquises aux idées révolutionnaires ne l'enchantent pas plus que cela, mais il est de son devoir de persévérer. Trisha, quant à elle, continue son chemin, sa première escale dans une modeste auberge. L'hôtel des Thés. Ici, la Cavalière de la Révolution logera et déjeunera.
“Trisha, tu veux un peu d'eau, ou un encas? Tu n'as pas mangé de la journée.”
Le poison en elle lui provoque des crises si elle se laisse aller à la détente. Une terrible affliction rongeant son être à petit feu. Repoussant la main venue la soutenir, elle se redresse rapidement.
“Je vais bien.”
Son ton sec coupe court à la tentative du Capitaine. Celui-ci ne semble pas lui en vouloir. Son regard la prend en pitié. Une attitude à son égard qu'elle a toujours haïs. Prenant sur elle, la femme aux paupières tombantes donne une bourse dans les mains de ce monsieur.
“Pour le voyage.
-Mais, ce sont les sous que l'on t’a donné pour votre séjour, ici. Je ne peux pas accepter.
-Je ne manquerai de rien. Tu sais pourquoi je suis ici. Prends le. C'est la moindre récompense pour avoir supporter mes insomnies.”
Sans entendre une nouvelle contestation de sa part, elle quitte le navire les mains dans les poches de son veston. La tête droite, la femme en combinaison avance d’un pas déterminé.
Sur le quai, un homme aux allures d'importance se poste sur son chemin. Il est escorté par plusieurs personnes. Le magistrat s'approche de Trisha pour la saluer. Visiblement, il l'attendait. Une certaine méfiance apparaît dans le regard de la nouvelle venue.
“Bienvenue à Kanokuni, Camarade Trisha Campbell. Toutes mes condoléances pour le désastre du QG d’Aeden. Ce massacre ne sera pas oublié. Même ici nous partageons le deuil.
-Vos condoléances changeront-elles la face de ce monde ? Vous savez ce que je suis venue faire à Jing. Dites moi en quoi une cavalière de la Révolution peut vous aider, Camarade Zao.
-Arum. Certes. Nous sommes ravis de vous accueillir à Jing. La cause révolutionnaire est toute acquise ici bas. On espère que cette mentalité se diffuse progressivement sur tout le pays. Mais, les traditions sont tenaces. La noblesse à encore une crédibilité au sein de notre peuple. Nous restons unis par un consensus fragile mais nous sommes une maison divisée. Et je m'en méfie. J’ai bien conscience que vous objectez de reconstruire votre flotte d’intervention mais, comme vous vous en doutez, j’ai bel et bien un service à vous demander.
-J’écoute.
-Restez quelques temps pour partager votre expérience et votre savoir à nos camarades. Je n’ai pas tout le loisir d’encadrer cette force avec mon poste au Conseil, mais il ne faut pas que la volonté du peuple s’affaisse dans ce foisonnement économique et cette prospérité relative. Nous ne sommes que partiellement maîtres de notre destin.
-Est ce le Télépathe qui vous a demandé de m’attacher à vos terres?
-...
-J'accomplirai cette demande, mais je partirai une fois toutes mes préparations accomplies. J’ai toujours choisi mes combats, alors ne tentais de m’en préserver.”
Sur ses mots, l'irréductible Trisha passe son chemin comme si la première personnalité de ce pays n’était qu’un simple personnage. Zao, l’Etoile jaune, comprend maintenant les mégardes de Niklas d’Aldo auprès des survivants d’Aeden. Le peu qu’ils restent de ce désastre sont des personnes traumatisées et brisées par le drame. L’As de la révolution devra s’attendre à son genre de réponses sèches autant qu’à l’absence de jovialité de leur part. Il va lui falloir les intégrer, malgré tout, au mieux, dont leur meilleur élément en vie, aujourd’hui : Trisha Campbell, l'Éclair bleu.
Pressé par le temps, Zoa ne la course pas. Il a réussi à lui donner un but à Jing. L’homme laisse donc ses camarades sur place tisser des liens avec cette âme meurtrie. Il met rapidement le cap vers la Cité Rouge où son poste au Conseil l’attend. Ce retour dans les débats acharnés contre les parties bien peu acquises aux idées révolutionnaires ne l'enchantent pas plus que cela, mais il est de son devoir de persévérer. Trisha, quant à elle, continue son chemin, sa première escale dans une modeste auberge. L'hôtel des Thés. Ici, la Cavalière de la Révolution logera et déjeunera.