Cela faisait maintenant de longues semaines que le duo formé par les deux vieux pirates avait commencé son voyage. Leur route les avait fait passer par plusieurs, depuis le Nouveau monde jusqu'au Blues, en passant par la Route des toues les périls. Depuis longtemps, Nadir pouvait dire qu'il avait tout d'un marin et d'un aventurier. Depuis plus de vingt ans, il avait appris à aimer la mer et c'était certainement là qu'il se trouvait le mieux. Voyager en compagnie de sa vieille connaissance, ce bon vieux Marc Page, était un véritable plaisir. Tout comme lui, l'homme était un érudit, un véritable puits de connaissances. Le Rhétalien aimait les gens comme lui. Quitte à faire route pendant des mois avec quelqu'un, mieux valait qu'il ait de la conversation. De passage sur West Blue, les hommes avaient fait route pour l'île aux Esclaves. Ce n'était certainement pas la première fois que l'esclavagiste de la famille Ibn Halim s'y rendait, bien au contraire. Avant la guerre contre Bliss, et par extension le Gouvernement Mondial, c'était pour lui une destination de choix. Les nobles de Saint Uréa n'avaient jamais été particulièrement regardant sur l'origine des esclaves qu'ils employaient dans leurs champs. Tout cela appartenait au passé bien sûr. Une fois sur place, les forbans prirent la direction du comptoir local de la Guilde des Usuriers. Affiliés à l'Empereur Red, ses membres étaient donc par extension des alliés de Reyson, autrement dit, leur employeur et capitaine pour l'un des deux.
Après un brin de repos, le duo apprit que le non moins célèbre capitaine Clotho cherchait des hommes pour un travail. Mis en contact par escargophone avec ce dernier, ils apprirent qu'il cherchait à obtenir des informations détaillées sur l'île du Don des Saints. Une fois encore, l'endroit était loin d'être inconnu aux yeux du Rhétalien. Ensemble, les deux pirates décidèrent d'y faire escale. L'endroit n'était pas dans le trajet prévu de base par Reyson, mais un appel vers ce dernier leur apprit qu'il était d'accord. En plus de renforcer les relations du capitaine Anstsis avec l'un de ses homologues, c'était également un moyen pour lui de glaner les mêmes informations pour son propre profit. L'île étant entre les mains des Yonesku, célèbre famille de dragons célestes, ce pourrait potentiellement être une cible intéressante pour l'aider dans son projet d'éradication du Buster Call. Les choses étant entendues, les pirates reçurent des usiniers de fausses identités qui leur permettraient de se faire passer pour d'humbles marchands.
Au départ de l'île aux esclaves, un modeste galion fut affrété avec les deux pirates à bord et fit voile vers le Don des Saints. Après plusieurs jours de mer calmes et sans encombres, le navire arriva à bon port. D'emblée, et comme à l'époque, la splendeur de l'endroit ne manqua pas d'impressionner Nadir. La fortune absurde des Yonesku leur avait permis de faire de cet endroit un véritable paradis sur terre. Pour le Rhétalien, lui-même issu d'une famille riche et puissante, il fallait reconnaître qu'une telle chose forçait le respect. Si aujourd’hui les dragons célestes étaient ses ennemis, il ne pouvait s'empêcher de respecter à la fois leur puissance et leur fortune. Même Édénia, la sublime capitale de sa propre île, ne faisait pas la fière face à une telle exubérance.
« Cet endroit n'a pas changé le moins du monde. Ou bien peut-être en mieux, qui sait. »
Quand le galion fut autorisé à effectuer sa manœuvre d’accostage, les deux faux marchands enfilèrent leur plus beaux atours et attendirent de descendre par la coupée. Prenant la tête du duo, Nadir salua les gardes du port et déclina les fausses identités ainsi que les papiers pour montrer que le navire était en ordre. Comme il n'y avait rien de suspect, les marins à bord commencèrent à décharger la cargaison. Le navire transportait en effet une véritable cargaison, dans le but de faire plus authentique. Cette dernière était essentiellement composée d'étoffes exotiques originaires d'Alabasta, mais également de quelques meubles sculptés par les célèbres artisans d'Hand Island. En somme, de quoi tirer une belle petite somme, mais surtout, d'attirer l’œil des dignitaires locaux.
« Que dirais-tu d'aller prendre un bon repas avant de commencer ? Je connais un excellent établissement dans le centre. »
ciitroon