Posté Jeu 14 Mar 2024 - 19:33 par America
Cassandre était soucieuse. America à ses côtés, ils attendaient tous les deux à l'angle d'un mur. La grande place se dévoilait derrière eux mais elle était loin de les intéresser. Les deux révolutionnaires avaient les yeux rivés sur autre chose. Deux marines postés au garde à vous, attendant quelqu'un au vu de leur regard détaillant les lieux et de leur doigts serrés autour du manche de leur arme. Ils étaient impatients, ou mal à l'aise. Le homme du gouvernement que la femme et le chien avait intercepté plutôt leur avait assuré que les marines ne connaissaient pas son visage. Une chance pour eux. Cependant, Cassandre ne pouvait s'empêcher de douter. Peut-être qu'il leur avait menti. Après tout, leur seul garantie était que quand un homme voyait ses bijoux de famille menacés par les crocs d'un America agressif, il avait rarement tendance à mentir. Mais cela n'était pas véritablement un gage de sureté. Alors les deux révolutionnaires observaient en attendant. La nervosité de Cassandre, America la ressentait fortement. Il était nerveux lui aussi, trépignant sur les pavés du chemin. Puis il finit par se tourner vers sa maitresse de mission, lui adressant un regard interrogateur. Lui, il ne comprenait pas véritablement pourquoi la jeune femme attendait autant, ni même hésitait. Il finit par venir coller son museau contre la cuisse de la femme, cachant un côté de son visage près d'elle.
- "Tu as raison America. Quand faut y aller ..."
Après une rapide caresse pour se donner du courage, la femme s'approcha des marines suivit du chien. Elle voulait éviter de se faire dévoiler rapidement et préféra jouer la carte du silence. Agent du Cipher Pol était bien mystérieux, surement même pour les marines. Seulement, cette carte fut très vite retiré du jeu.
- "Que voulez-vous ?"
Ada avait revêtit les vêtements de l'agent du gouvernement, ne sachant pas véritablement à quoi s'attendre, elle avait voulu mettre toutes les chances de son côté. Et si les marines la dévisageaient de haut en bas, ils attendaient tout de même une réponse :
- "Je viens pour le prototype."
Un regard méfiant en réponse, Cassandre espérait tout de même en avoir dit assez pour éviter de devoir plus détailler. Car même elle ne savait pas véritablement à quoi s'attendre. Une main d'un des marines se leva pour se diriger vers la poignet et lui ouvrir la porte. Laissant alors la révolutionnaire entrer. America avançait de quelques pas, suivant Cassandre avant de se faire arrêter par les marines.
- "Il est avec moi ! Il ... m'aide ... pour mes angoisses ... c'est un chien de thérapie !"
À nouveau ce regard méfiant qui fit douter de la révolutionnaire. Elle se voyait déjà les fers au poigné enfermé dans une des nombreuses prisons du gouvernement. Et jamais elle n'aurait su pourquoi !
- "Ah oui ma cousine aussi avait des angoisses. C'est les endroits confinés c'est ça ?"
- "Euh oui, oui tout à fait ! Je panique un peu de rester dans une pièce close."
- "Vous pouvez laisser la porte ouverte si vous voulez."
- "Euh non ! Parce que j'angoisse aussi que des gens me regarde travailler !"
Alors que les marines avaient enfin laissé le chien passer et qu'America avait rejoins Cassandre à l'intérieur de la petite pièce, cette dernière referma la porte avec empressement. Il ne fallait pas trop parler. Jamais. Car trop parler créait des incohérences et les incohérences rendaient méfiants même le plus stupide des marines.
- " Ca doit pas être facile tous les jours."
- " N'importe quoi tsss."
- " Un peu d'empathie ne te tuera pas Francis !"
La discussion des marines continuaient sans que les révolutionnaires n'y porte plus d'attention. Se tournant alors vers l'intérieur des lieux, Cassandre et America découvrirent alors une pièce étriquée. De la pierre sur les murs et le plafond, du bois au sol, en face une fenêtre donnant sur une ruelle et à leur gauche une table, une chaise et une espèce d'escargophone. C'était donc d'ici que le gouvernement devait déblatérer son discours pour tester son prototype. Prototype qui n'était ni plus ni moins que des haut-parleurs diffusants dans l'ensemble de la place. Peut-être que pour la marine de Saint-Uréa, cela valait le coup de d'être nommé "technologie" mais pour Cassandre venant de Citadelle, cela ressemblait surtout à une banalité affligeante. Presque déçu, la révolutionnaire soupira.
- "Bon, pas de bruit America. Je vais tacher de faire vite."
Rapidement, Cassandre s'assit à la table avec l'escargophone. America resta devant l'entrée, fixant la porte puis la révolutionnaire. Il se demandait ce qui allait se passer ensuite, mais quoi qu'il arriverait, il était heureux d'être avec Cassandre. Sa queue était toujours battante, comme depuis le début de leur route pour venir jusqu'ici. Elle aussi ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui se passerait lorsqu'elle aura commencé à diffuser son message. En entendant des parole anti-gouvernemental, en influant espoir dans les détracteurs du GM, en appelant les gens à l'opposition, les marines gardant la porte ne resteraient pas à attendre sagement. Et America serait incapable de maintenir en place la porte le temps de finir le discours. Alors elle eut une idée qui illumina son visage et fit pencher la tête interrogative du chien.
- "Tu vas t'assoir ici et répéter tout ce que je dis !" Clama-t'elle un peu fort avant de se reprendre. "Tout mot à mot."
Le chien en était-il capable. Il entendait les sons, son système cybernétique était capable de les entendre et de les retranscrire, mais il était bien loin d'en comprendre le sens profond.
- "Allez America !"
Le chien prit donc place sur la chaise alors que Cassandre plaçait son dos contre la porte, prête à empêcher d'entrer au premier cherchant à le faire. Puis elle se mit lui à dicter, et lui à répéter :
- "Peuple de Saint-Uréa, vous qui crevez de faim, de soif, de froid . Qui chaque jour subissez les injustices de cette cité sans rien dire. Sachez qu'un jour, tout cela sera finit ! La révolution est là, toujours présente. Elle est discrète mais pas disparu. Chaque jour, elle gratte un peu plus de terrain pour libérer cette terre de l'oppression des grands nobles et rétablit un peu plus la justice que la marine ne peut pas et ne veut pas vous prodiguer !"
Une patte sur le bouton d'activation, les haut-parleurs d'America retranscrivent sans discontinuer les paroles de la révolutionnaires. Si elle parle avec force et conviction, le cyborg est bien incapable de retranscrire les émotions. Cependant, son ton semble conserver, mimant tout de même un discours passionné.
Les marines commençaient à tambouriner à la porte.
- "Putain mais c'est quoi ce bordel ?!"
- "Francis, on avait dit plus d'insulte ! Demande lui poliment ..."
- "Qu'est-ce que tu branles ?! S'il te plait."
Cassandre retient la porte de toutes ses forces mais elle semblait avoir surestimer sa capacité à retenir deux marines armés et costauds. Le bois craquelait alors qu'elle continuait son discours :
- "Saint-Uréa sera sauvé ! Vous serez sauvé de cette existence de misère qui vous attends, vous et vos enfants. Gardez espoir, soyez patient ! L'Armée Révolutionnaire vous soutiens ! Et si vous vous sentez vous aussi de participer à la destruction des castes vous enfonçant chaque jour un peu plus dans la pauvreté, alors trouvez les agents de la révolution. Ils sont toujours ici, ils se battent pour vous ! Et un jour, tous ensemble, nous rendrons au peuple sa cité ! Vive la liberté ! Vive la révolution !"
Et sur ces derniers mots, Cassandre ne put retenir d'avantage les marines tambourinant avec force en lui hurlant d'arrêter. La porte se brisait et elle était emportée vers l'avant. America sauta de la chaise pour se retrouver au fond de la pièce, en dessous de la fenêtre. La révolutionnaire, d'instinct, saisit la chaise avant de l'écraser dans la vitre et de la briser dans un éclat bruyant. Elle sauta alors à travers l'encadrure, se griffant l'intérieur des main avant d'appeler le chien. America prit un pas d'élan avant de sauter à son tour et de partir en courant, suivant Cassandre au travers de la place. Rapidement, le jeune femme mit sa capuche et détalla comme si sa vie en dépendait. Les deux marines hurlaient alors de les poursuivre, mais nombreux étaient les passants juste subjugués par le message qui venait de leur être dicté. Beaucoup s'interrogeaient, puis quelqu'un applaudit. Et un autre, Une petite vague de validation s'éleva de la foule. Ce mouvement solidaire n'était pas une assurance de nouveaux partisans, mais au moins, elle était la preuve que le message avait été entendu. Une larme de joie coula sur la joue de la révolutionnaire, alors qu'America aboyait face à l'excitation ambiante, continuant leur course pour fuir la marine et rejoindre les hommes à la taverne. Ils avaient accomplis leur mission, et bien plus encore, ils avaient insuffler un peu plus d'espoir dans les cœurs des pauvres de saint-Uréa.