Les deux soldats qui montaient la garde à l’entrée de l’aile Ouest s’étonnèrent de voir s’approcher un soldat isolé et frigorifié. Ils échangèrent d’abord un regard intrigué, puis l'un d'eux se hâta vers le naufragé des neiges pour lui porter assistance. À pas lents, ils rejoignirent le modeste abri qu’offrait l’entrée du laboratoire : une immense porte en fer fichée sur des gonds robustes, dont l’éclat impénétrable ridiculisait les deux pauvres soldats plantés devant. Pourtant, c’était là qu’ils avaient été affectés, figés dans l’attente glaciale du retour des rondes chargées d’éloigner les animaux violents.
«
D’où que tu sors, toi ? bougonna l’un d’eux. Flanqué contre la porte, les mains callées sous ses aisselles, il reniflait continuellement, ce qui lui donnait un air des plus suspicieux.
Où est le reste de ton groupe ? »
Kant transpira à grosse gouttes.
La polaire de la Marine qu’il portait le réchauffait considérablement, mais c’était à peu près tout. Les manches étaient trop longues, l’ajustement hasardeux et Kant ne possédait aucun des équipements réglementais assignés aux bleus lors des patrouilles.
«
C’est terrible ! s’exclama Kant, se voulant convaincant.
Mon groupe s’est fait annihiler par un animal cybernétique, il …-
Hein ? un "animal cybernétique" ? s’étonna le soldat venu lui prêter main forte.
-
Sujets mécanisés… soupira l’autre.
-
Il est impossible qu’un seul sujet terrasse trois dizaines d’hommes sans qu’aucun d’eux ne parvienne à établir de communication ! Pourquoi n’auraient-ils pas donné l’alerte ? -
Et c’est de lequel ton groupe ? »
Kant hésita, longtemps. Trop longtemps. Mobilisant toute son érudition, tout le savoir acquis au fil de longues nuits de lecture sur la Marine, ses rouages, ses grades et sa hiérarchie, il finit par s'exclamer d'un ton assuré et certain :
«
Le groupe 3 ! »
À ces mots, le plus rustre des deux soldats brandit son arme et mit Kant en joue, qui répliqua en encordant une flèche aussitôt. L’autre soldat dégaina une épée à deux mains, hésitant ; il semblait profondément troublé par la situation.
«
Seules deux rondes patrouillent autour de l’aile Ouest ! » lança le soldat, tout en plissant un œil pour mieux viser de l’autre.
Aucun des balbutiements de Kant ne parvint à le convaincre d’abaisser son arme. Avant qu’il ne presse la détente, l’archer tendit sa corde et décocha. La flèche transperça la gorge du soldat juste avant qu’il ne presse la détente. Le sang jaillit à gros bouillons noirs et fumants. Sorti de sa stupeur, le second soldat fit tournoyer son épée imposante et l’abattit comme une masse sur l’usurpateur. Kant esquiva habilement l’attaque, et riposta avec un uppercut maladroit, plongeant son adversaire dans l’inconscience.
La suite s’enchaîna à une vitesse folle. Sans plus songer à ses victimes, Kant se métamorphosa en Bake Tanuki et déchaîna toute sa force contre la porte blindée. Sous cette forme hybride, il revêtait les traits d’un Tanuki d’environ deux mètres à la bedaine rebondie et aux testicules non moins prodigieux. Sans la moindre retenue, il empoigna ses bijoux de famille, qui ne cessaient de grossir, grossir…. Sa paire atteignit une taille colossale tandis qu’elle se teintait d’un noir de jais, enrobée du Haki de l’Armement. Enfin, il l’abattit violemment contre la barrière métallique. Une fois, puis deux, et enfin une troisième fois, jusqu’à ce que la porte se dégondât dans un fracas assourdissant.
Si la folie enjoignait Kant à sauver son amie à tout prix, il n’était cependant pas crédule au point de penser qu’il pourrait conquérir une base de la Marine par sa seule force. Après avoir dégondé la porte, le jeune révolutionnaire retrouva son apparence humaine et s’effondra aux côtés des deux soldats vaincus. Les yeux clos, il attendit, immobile, étendu dans la neige.
Comme il l’escomptait, une horde de soldats se rua bientôt en furie à l’entrée de l’aile Ouest. Parmi eux se trouvaient certainement plusieurs combattants aguerris qu’il s’agissait à tout prix d’éviter. Les ordres fusèrent : certains hommes furent chargés d’inspecter les environs de la porte enfoncée, d’autres d’entrer en contact avec les rondes patrouillant aux alentours du laboratoire et, enfin, quelques soldats s’occupèrent des blessés. Couché sur un brancard aux côtés du soldat qu’il venait d’assommer, Kant se réjouit en silence : son plan semblait porter ses fruits. Son déguisement n’était peut-être pas parfait, mais dans le feu de l’action, nul ne s’aperçut de la supercherie. Sans être inquiété, il fut transporté jusqu’à l’infirmerie du laboratoire, traversant sans encombre les nuées de soldats belliqueux et de machines armées déterminées à intercepter l’intrus.
Allongé sur un lit médicalisé, Kant conservait les yeux clos, mais tendit l’oreille. L’alerte battait son plein dans l’aile Ouest, et toute la base redoutait une attaque de pirate, craignant l’éventuelle intrusion de criminels. Dans la station de soin, le médecin de l’aile et le soldat chargé d’assurer sa sécurité conversaient.
«
Ces deux-là sont des blessés légers, quant à l’autre…-
Mort qu’il y est, non ?-
En effet, il est décédé. Mais d’une blessure tout à fait singulière, il s’agirait… d’une flèche.-
Une flèche ? Mais l’avait un gros calibre sur lui, comment que ce fait ? »
Kant ouvrit les yeux. D’un bond, il quitta son lit et abattit le manche de son ciseau à bois contre la tempe du soldat, qui s’effondra en glapissant. Poursuivant son mouvement avec une implacable précision, le révolutionnaire saisit fermement le col du médecin et pressa la lame de son outil contre sa gorge. Une pointe de sang perlait à la pointe de la lame.
«
Hayase Yorha. Où est-elle ? »
La détermination de Kant à cet instant le submergeait tant qu’il se sentait prêt à tuer de sang-froid. Le froid de sa lame s’appuyait sur la jugulaire du médecin, qui répondit d’une voix étranglée, pétrifié.
«
Il n’y a pas… pas d’Hayase Yorha, je vous en prie…-
Je sais qu’elle se trouve dans ce laboratoire, répondez ou… Répondez, ou je vous saigne !-
Je vous en prie, je vous le jure… Nous ne détenons aucun prisonnier. S’agit-il d’une soldate ? Je ne sais pas, je ne sais pas, je vous en prie…-
Elle est blessée ! Elle est ici, je le sais. Crachez le morceau, ou c’est la trachéotomie à coup de flèche ! »
Peu accoutumé à proférer ce genre de menaces, Kant manquait d’assurance. Néanmoins, il appuya un peu plus la pointe acérée de son ciseau contre le cou du médecin, incisant une légère entaille d’où s’échappa un filet de sang.
«
Non ! Elle n’est pas là ! Les blessés sont systématiquement amenés ici ! Sauf si…-
Sauf si ?-
Au sous-sol ! Monroo ! Le Dr Monroo ! Parfois, certains patients sont transférés au bloc opératoire du Docteur Monroo, mais je n’en sais pas plus, je vous en prie… »
Kant pressa la lame avec plus de fermeté contre le cou de son otage. Un écoulement de sang ruisselait à présent le long de la lame, s’infiltrant entre ses doigts crispés sur son arme.
«
Où se trouve son bloc ?-
Vous êtes… Vous n’êtes pas loin de l’entrée ! Traversez le couloir principal et, et... sur la gauche, au bout du second couloir, une trappe vous y mènera ! Je vous en prie… »
À cet instant, Kant aurai préféré avoir le courage de mettre fin aux jours de cette ordure de la Marine. Pourtant, il ne voyait là qu’un homme exécutant de vils ordres, un médecin, qui plus est. Il renonça à l’exécuter. Empoignant l’homme par le col de blouse blanche, il l’envoya valser contre un lit médicalisé, renversant le matériel qui y était soigneusement entreposé. C'est alors qu'une voix, portée par l'escargophone fixé dans le coin de la pièce s'exclama :
« À TOUTES LES UNITÉS DE L’AILE OUEST ! INTRUSION CONFIRMÉE ! L’ANALYSE DU VIDÉO DENDEN LE CONFIRME : L’INTRUS PORTE L’UNIFORME DE LA MARINE ET SE TROUVE ACTUELLEMENT À L’INFIRMERIE ! »
Kant prit une profonde inspiration. Ces paroles scellaient son sort, jamais plus il ne serait libre, la quiétude qui berçait ses journées jusqu’à présent s’éclipsait à jamais : il devint, à cet instant, un ennemi déclaré du Gouvernement Mondial. Écartant ces pensées, animé par l’unique espoir d’arracher Hayase à son triste sort, il ouvrit la porte de l’infirmerie. D’un faible élan, il s’élança en se métamorphosant en pièce de monnaie grâce à aux pouvoirs de son fruit du démon. Ainsi, il parcourut quelques mètres en roulant sur la tranche, à l’insu des nombreux soldats déferlant dans le couloir principal… Jusqu’à ce que l’un d’entre eux marche malencontreusement sur lui. Dans un râle qu’il aurait préféré étouffer, il reprit forme humaine. Là, dans ce couloir bondé de soldats alerte, il comprit qu’il n’était désormais plus possible de s’infiltrer.
«
LÀ ! ICI ! » beugla l’un des soldats. Tous les regards se portèrent sur Kant, qui s’élança.
Les premiers hommes qui s’opposèrent à lui succombèrent sans endurer de supplice. Armé de ses ciseaux à bois, il trancha tout ce qui se dressa devant lui. Ses lames labourèrent aveuglément la chair, percutant à l’épaule, transperçant au sternum, tranchant à la jugulaire. Le sang jaillit en de grandes éclaboussures, tapissant les murs du couloir d’un carmin morne. Sans cesser d’avancer, Kant rengaina rapidement ses ciseaux puis sortit son arc. D’un souffle, il banda la corde à de nombreuses reprises, laissant filer des flèches aux pointes embrasées. Certains soldats prirent feu, la panique s’empara des rangs ennemis, qui ne cessaient pourtant de grossir. Une épaisse fumée s’éleva dans le couloir, tandis que les cris se mêlaient à l’odeur de chair rôti. Esquivant les lames de justesse, s’évaporant sous les balles sifflant en sa direction, Kant ne cessa d’avancer à travers le long couloir. Semant la mort sans rencontrer la sienne, il finit par atteindre le tournant et prit sur sa gauche. D’autres soldats l’attendaient de pieds ferme.
Une première flèche siffla dans l’air et s’abattit sur le crâne d’un ennemi, libérant un nuage de poudre verdâtre. Une demi-douzaine d’hommes sombrèrent dans un profond sommeil. D’autres jaillirent, et Kant se résolut de nouveau à dégainer ses ciseaux à bois. Esquivant un coup de hache, il sectionna une paire de bras à la jointure du coude. Puis, sans cesser de progresser, il se fraya un chemin en tailladant derechef tout ce qui se trouvait sur son passage. Au terme d’une effroyable boucherie, il n’eut qu’une seule opposante se dressant entre lui et la trappe au bout du couloir. Lorsque sa lame croisa celle du soldat, l’acier sonna contre l’acier. Il ne s’agissait plus là du menu fretin. Dressée sur d’étranges patins à roulettes, la commandante d’élite maniait un imposant sabre à deux mains. D’un puissant revers, elle envoya Kant s’écraser contre un mur tapissé de sang.
Coleen Derby
Commandant d'élite
Dorikis : 3200
«
Du pirate ici, mais que fout le 68ème régiment ? soupira-t-elle.
-
J’suis pas un pirate, Ô beauté incommensurable ! -
Qui que tu sois, ta folie touche à sa fin ici même. »
D’un bond, Kant s’élança sur son adversaire en assénant un coup de taille. Habile sabreuse, la marine para l’assaut en présentant sa lame tranchante. Des étincelles jaillirent à l’impact des lames qui se croisaient avec fracas. De sa main libre, Kant s’empara d’une fiole à sa ceinture et la lança au visage de son adversaire. En se brisant, elle émit un nuage de poudre mauve. Soudain, un étrange sourire se dessina sur le visage de la commandante d’élite…
«
Oooooh, dit-elle émerveillée, tout en abaissant son immense sabre.
D’où sortent ces jolis poissons-rouge qui parcourent les murs ? »
La marine sur patins venait d’inhaler un extrait de
fleurs d’Astérion, une poudre aux puissantes propriétés hallucinogènes. En un instant, l’attention de la commandante d’élite se porta sur les murs tapissés de sang. Profitant de ce court répit, Kant s’engouffra dans la trappe.
° ° °
Le sous-sol de l’aile Ouest du laboratoire était aussi vaste que l’étage du dessus. De la même manière, les murs étaient revêtus d’acier et de nombreux escargophones interconnectés ornaient les encoignures du plafond. Mais les dieux auraient-ils, pour une fois, exaucés les prières de Kant ? Bien sûr que non : tandis que nombre de soldats étaient toujours à sa poursuite, le jeune révolutionnaire fit face à de nombreuses créatures cybernétiques. Chiens, chimpanzés, loups et autres animaux pourvus de prothèses mécaniques se dressaient devant lui.
Inutile d’affronter toutes ces bestioles, pensa-t-il en jetant un rapide coup d’œil à la vivre-card d’Hayase, qui frétillait nerveusement.
Elle ne doit pas être loin…Occupé par ses pensées, Kant ne vit pas le missile qui fusait sur lui. Les animaux cybernétiques se ruèrent à l’assaut. Touché au visage par l’explosion du missile, sa survie ne tint qu’à son Haki de l’Armement. D’un bond, il esquiva de nouveaux projectiles et s’élança par-dessus les bêtes hargneuses. S’ensuivit une énième course-poursuite, qui prit fin lorsque Kant s’engouffra au travers de la première porte qui se présenta sur son chemin. Précipitamment, il la referma et la barricada avec tout ce qui lui passait sous la main, avant de dégainer son arc pour faire face aux nouvelles menaces.
«
Kant ? »
Devant lui se dressait une femme dénudée, une femme à la silhouette élancée, mais au corps entièrement cybernétique. Interloqué par cette inconnue qui s’adressait à lui par son prénom, Kant plissa les yeux, suspicieux. Il ne reconnaissait pas ce corps si singulier, ni ce visage, ni ces yeux… mais cette voix…
«
C'est bien toi, Kant ? »
Cette voix, c’était celle d’Hayase. Le jeune révolutionnaire abaissa son arme. Se pouvait-il vraiment… cette femme à l’apparence nouvelle, cette androïde avec son doux visage comme seul vestige de son humanité, se pouvait-il vraiment que ce soit…
«
Hayase ? »
Les souvenirs se bousculèrent dans l’esprit de Kant à mesure que des larmes inondaient ses yeux. De leur rencontre à Logue Town, jusqu’à leur séparation sur Grand Line, en passant par la bataille sur Innocent Island et l’agréable saveur de tous les moments passés en tête-à-tête avec elle… D’un bond, Kant se rua sur Hayase et l’enlaça.
«
Hayase ! Je te retrouve enfin, lâcha-t-il tandis que ses larmes gouttaient sur l’acier froid de sa poitrine.
Je me suis tant inquiété, tu es en vie ! En vie ! Mais… que t’est-il arrivé ? »
Retirant la polaire volée au soldat de la Marine pour recouvrir son amie, Kant laissa son regard désemparé se balader sur son corps mécanisé. Comme elle n’avait pas l’air d’être au courant de la situation, il l’informa précipitamment de leur localisation, des évènements survenus à l’étage et du danger qu’ils encouraient.
«
J’ai un plan pour sortir d’ici, mentit-il allégrement pour la rassurer.
Il suffit de remonter à la surface, quitter cet enfer et se cacher dans la forêt ! J’en viens, je saurai nous guider ! D’abord, il faut… »
Un immense fracas vint interrompre Kant. La porte barricadée céda sous le feu d’une immense explosion et, tandis que la fumée se dissipait lentement, une immense silhouette apparue.
«
Oy Oy, Monroo ! lança une voix rauque à l’adresse de son escargophone.
Ton cobaye est réveillé, et il semble vouloir se faire la malle avec l’intrus ! »
Rykor "Contrôle" Jean
Responsable de la sécurité et du contrôle des pirates
Dorikis : 3789
Entièrement revêtu d’une armure de couleur bronze, l’homme soulevait un immense marteau par-dessus son épaule. Tout autour de lui, une pléthore d’animaux cybernétique semblait prêt à en découdre.
«
Si toi et ton acolyte du N.I.E.R vouliez bien vous ramener, avant que je n’abîme votre précieuse marionnette et son prince charmant ! »
- Techniques utilisées:
# Priape (forme hybride #2) : Les testicules de Kant deviennent géants et il peut s’en servir pour cogner ses adversaires ou contrer une attaque. Couplée à l’utilisation du Haki de l’Armement, cette technique offre une protection efficace et permet causer des dégâts considérables.
# Micro-polymorphie : Sous n’importe laquelle de ses formes, Kant est capable de se métamorphoser instantanément en un petit objet et de se mouvoir. Il peut s’agir d’une clé, d’une pierre, d’une boussole ou même d’une pièce de monnaie. (La durée de la transformation est d’une minute/1000 dorikis de l’utilisateur.)
# Bógen Wärme : Cette flèche enflammée est munie d’une pointe incendiaire. En grattant la pointe contre la mince surface en silex de son arc, Kant créé une étincelle qui sert de détonateur pour enflammer son projectile.
# Kanpo Kenpō Nemuri : Sous forme de poudre ou d’élixir, cet extrait de diverses plantes soporifiques a pour effet, lorsqu’il est inhalé ou avalé, de rendre la cible somnolente ou de la plonger dans un profond sommeil (selon le différentiel de dorikis).
# Kanpo Kenpō Genkaku : Sous forme de poudre ou d’élixir, cet extrait de fleurs d’Astérion aux puissantes propriétés hallucinogènes a pour effet, lorsqu’il est inhalé ou avalé, de plonger la cible dans un état second et de la transporter dans un univers enchanté, où la réalité se confond avec l'imaginaire.