Comme un parfum de révolte
Hayato se promenait. Voilà déjà plusieurs jours qu'il avait posé le pied sur le « Sultanat de Pétales », avant de laisser sa curiosité naturelle le pousser à explorer les lieux. Il avait été surpris par de nombreuses caractéristiques de l'île, à commencer par sa non affiliation au gouvernement mondial. Il avait d'ailleurs pris bonne note de cette information capitale : le pari était possible, sans être instantanément rayé de la carte. Par ailleurs, le choc architectural et culturel avait été total, par rapport à son île natale de Las Camp !
Il avait débarqué à Rosetta, après avoir voyagé plusieurs jours avec des pêcheurs amicaux. La ville l'avait émerveillé, construite grâce à des champignons géants venus de Grand Line. Des heures durant, il avait sinué dans les rues végétales, ébahis devant ces prouesses techniques. Il n'avait pas mis un pied dans la forêt, cela dit, du fait des nombreuses rumeurs lui prêtant une dangerosité sans pareille. L'épéiste avait, par contre, quitté sans un regard en arrière les vizirats de Verminia et d'Essence. Si le premier était dépourvu d’âme, le second avait assailli les sens du vagabond jusqu'à lui en donner la nausée, à force d'effluves toutes plus exotiques les une que les autres.
Ses pas le dirigeaient actuellement vers Tricastin. Evidemment, il ne s'attendait pas à se voir ouvrir les portes de l'écrin de velours où les nobles locaux se prélassaient. Il avait suffisamment laissé traîner ses oreilles, ces derniers jours, pour comprendre le gouffre qui séparaient leurs mondes respectifs. En jouant les curieux, il avait d'ailleurs glané d'autres informations intéressantes. L'histoire de cette nation avait été marquée par la guerre civile, jusqu'à ce que la nouvelle famille régnante d'émerge. Des rumeurs qu'Hayato avait pu glaner, même si les Pavois avaient remis à flot le pays, certains grognaient dans l'ombre. D'aucuns prétendaient même que les aristocrates au pouvoir avaient eu recours à des intrigues politiques, en lieu et place de l'histoire traditionnellement contée, pour accéder au trône. L'ancienne famille royale aurait été destituée par la ruse, avant que la nouvelle ne s'élève.
Par expérience, Hayato savait quel genre de personne distillait ce genre d'écho sous cape. Si son instinct ne s'y trompait pas, l'armée révolutionnaire devait avoir un pied dans l'île. Quant à savoir où ils se terraient, il s'agissait d'une tout autre affaire ! Mais pour l'heure, les révolutionnaires ne l'intéressaient pas plus que cela. L'épéiste était bien plus intrigué par Castinlet, le point de rassemblement de la caste en bas de l'échelle : les serviteurs. Serviteurs, ou bien esclaves. Car s'il en croyait les ragots, la pratique était légale sur ces terres. L'idée lui fit froid dans le dos. Lui qui vivait libre comme l'air, avait du mal à s'imaginer la souffrance qu'une telle vie représentait.
*Je ne pourrais pas leur apporter une grande aide, seul, mais peut être pourrais-je en apprendre un peu plus sur eux... et revenir les aider dans quelques années.*, se dit-il en pensée.
Petit à petit, il aperçut les champimaisons grandir. Au fur et à mesure qu'il progressait dans la direction de Castinlet, Hayato découvrit tout un village. Ce dernier semblait littéralement pousser depuis le sol de la forêt, en une botte immense d'habitations aux toits sphériques. Pourtant, ces maisons particulière semblait receler un minimum de confort : elles toutes éclairées et isolées grâce à la main de l'homme. Pour autant, là s'arrêtait cette impression chaleureuse.
Si l'intérieur pouvait avoir été aménagé, les rues dégageaient une impression sordide d'insécurité. Partout où se posait son regard, le voyageur découvrait des hommes et des femmes aux mines fermées. Il sentait des regards lorgner vers lui, avant de glisser ailleurs, devant son aspect dépenaillé. Après tout, un étranger en kimono bleu rapiécé et aux sandales élimées n'avait sans doute rien à offrir. Le fait qu'il porte un bokken à sa ceinture devait finir de décourager les plus téméraires.
Hayato soupira.
*Je ne m'attendais pas à un comité d'accueil, mais tout de même...*, songea-t-il .
D'un pas leste, l'épéiste avança vers un champignon orné d'un écriteau. Apparemment, même au sein de la misère, une taverne poussait sans mal. Il passa la porte en bois, inséré dans le mur végétal, et embrassa l'assistance du regard. Quelques mines curieuses se levèrent dans sa direction, avant de retomber bien vite dans leur verres. L'odeur de la sueur, de l'alcool et de l'humus lui assaillit les narines. Il passa outre et s'avança jusqu'au bar en bois, avant de s'y installer et de saluer l'homme chauve et bedonnant derrière le bar:
- Bonsoir patron, est ce que vous auriez un verre d'eau, s'il vous plait ?
- Si tu consommes autre chose, ouais.
Après un rapide grattement de barbe, l'épéiste tenta avec un sourire bon enfant :
- Vous acceptez les échanges de bon procédés, en guise de paiement ?
- Pas vraiment. Réessaie quand tu pourras payer.
Et le patron se désintéressa totalement de lui, avant de retourner remplir les verres de ses clients payeurs. Habitué à ce genre de réponse, le sabreur inclina la tête avant de se trouver un coin au calme. Il en profita alors pour se faire tout petit et écouter les conversations autour de lui. Avec un peu de chance, il trouverait une occasion de se rendre utile.