Posté Mar 12 Déc 2023 - 14:16 par Trisha Campbell
Parfois, la vie paisible et tranquille nous fait languir une meilleure destinée.
Ce que ressent Trisha lorsqu'elle pose le pied sur ce village côtier de Kage Berg, Braumarkt. Laissant son navire partir un peu plus loin de l'île pour éviter d'attirer l'attention de la Marine, elle a dû avec une partie de son équipage s'intégrer aux mœurs locales. Ce peuple chaleureux et très accueillant dénote grandement avec la grande politesse et la distance des Kanokuniens. Cette chaleur lui rappelle sa vie familiale et son enfance choyé. Cela paraît si loin à ce jour. Ayant tout perdu à Aeden, reconstruit une partie à Kanokuni, le chemin est long vers cette vie accomplie sans lutte ni souffrance, juste du travail, du lait et du miel. Très long. Tellement long, qu'elle en a abandonné l'idée.
Le corps rongé par un poison incurable, le traumatisme du massacre d'Aeden, il n'y a plus grand chose qui lui fait tenir debout. Comme les dernières volontés d'une condamnée, elle désire porter les espérances perdues de ses anciens camarades. Féconder une relève qui prendra le relais lorsqu'elle se reposera dans l'éternité. La Révolution n'a plus beaucoup de représentants de ce paradis perdu. Il n'y a plus qu'elle pour porter la Vengeance.
Cela fait plus d'une semaine que les Pluies Pourpres sont sur les lieux. Le regard constamment fatigué à cause de ses nuits toujours aussi chaotiques. La Cavalière est installée sur la table d’une petite auberge familiale. Entouré de ses hommes, le séjour n'est pas trop cher mais elle pense à une installation plus durable. Tous avec la boisson typique, du lait au miel, savourant ce petit déjeuner en discutant avec légèreté. La vie en ces contrées attendrit bien facilement les cœurs. Trisha brise ce moment de plaisance en recentrant leurs objectifs.
“Camarades. Cessez d'être distrait. Nous devons élaborer nos plans.”
Le retour au silence ne se fait pas prier. Les Kanokuniens des tables alentour s'inclinent pour écouter leur capitaine. Tous se sentent investis car ils se disent chanceux d'avoir été sélectionnés pour assister la Cavalière, là où les autres sont restés avec le second à naviguer autour de l'île, surveillant la Marine.
“La meilleure manière de rentabiliser nos compétences semble dans l'apiculture. D'après mon analyse, l'art du Climat pourrait faciliter les envolées nuptiales des Reines ou les collectent des ouvrières.
-Nous ne pouvons pas dévier les odeurs du bétail? J’ai vu beaucoup de plaintes à ce sujet.
-Certainement. Mais, cela ne suffira pas.
-Cette boisson est délicieuse. Elle ferait fureur chez nous.
-En effet, notre but sera de développer son exportation dans des îles déjà conquises à la cause. Mais, pour cela, il nous faudra un comptoir proche du petit port.
-Le pêcheur a une vieille cabane.
-Il nous faudrait plus grand. Mais nous aurons le temps de nous pencher dessus plus tard. Avez-vous pu discuter avec la population ?
-Un peu. Ils n'ont pas vraiment de contact avec le Gouvernement. Le Gouverneur envoie un collecteur de taxe, de temps en temps, et la Marine les protège sans vraiment connaître ce village. Il est comme oublié.
-En effet, et ils en sont satisfaits. Éveiller les esprits sera bien plus long que je l'imaginais. Mise à part ça, Braumarkt fera un point d’appuie idéale.”
L’équipage acquiesce. Les Pluies Pourpres doivent resserrer leur lien avec les locaux pour trouver un angle d’approche. Trisha voit déjà toute la difficulté. Elle devra penser à un plan de secours. Cependant, une petite surgit soudainement de nul part sur la table. Tous ses camarades reculent de surprise. Agitant un vieux bâton de marche, cette enfant énergique semble montrer fièrement ses mouvements.
“Ah Ah Ah ! Regarde, Trisha ! Moi aussi je peux faire comme les autres !
-Je t’ai déjà dit que tu es trop jeune, Esther.
-Non ! J’ai 8 ans et 3 mois ! Je suis grande ! Je peux faire des éclairs comme toi !”
Alors qu’elle agite ce bâton, la petite parvient à la grande stupéfaction de la Cavalière à créer un minuscule nuage chargé. Trisha saute de sa chaise. Son bâton est en réalité un véritable outil climatique. L’empoignant, elle essaie d'empêcher Esther de faire une bêtise.
“Qui t’as donné un tel bâton ? C’est dangereux.
-Non, il est à moi !”
Décidément, cette enfant fait tout pour attirer son attention depuis qu’elle est arrivée sur cette île. La Cavalière lance un regard sur ses camarades. Il y a forcément l’un d’eux qui a appris à cette petite les bases de l’Art du Climat en lui donnant un bâton climatique. Elle tombe dénue lorsqu’elle les voit tous éviter son regard. Tout l’équipage est complice. Soupirant, elle lâche le bâton. Elle se penche vers cette agitatrice en posant sa main sur sa tête.
“Même si tu es talentueuse, tu ne pourras pas me suivre. Ta mère va s’inquiéter.
-Si ! Je vais devenir forte comme Trisha ! Maman a dit que si j’arrivais à te battre je pourrais venir !
-Elle a dit ça ? Dois-je comprendre que tu es ici pour me défier ?”
Si les avertissements ne fonctionnent pas, la peur pourra peut-être l’en dissuader. Elle sait pourquoi cette petite désire tant partir en voyage avec les Pluies Pourpres. Esther veut retrouver son père, bien longtemps parti en les laissant ici. Cet homme, la Cavalière, n'en connaît que le nom : Jacob Alpert. Alors que ses autres enfants se sont accommodés de la vie au village, Esther est la seule à désirer ardemment partir à l’aventure. Droite, regardant de haut cette enfant, la météorologue canalise des étincelles électriques formant une aura intimidante. D’abord, frissonnante, la petite effronté se recompose rapidement pour pointer son bâton vers Trisha. Concentrant toute la puissance de son petit nuage, un minuscule éclair frappe le ventre de son idole. Un grand silence retentit dans l’auberge. Un de ses hommes le brise en pouffant de rire. Ce qui ne manque pas de déstabiliser la gamine, si sur d’elle au départ. La Cavalière est tiraillée. Elle voit en cette petite l’enfant qu’elle a été et ne peut se résoudre à briser son enthousiasme.
“Ne t’en fais pas. Continue tes efforts jusqu’à que tu parviennes à me blesser et peut-être que, dans ce cas, je t'autoriserais à rejoindre notre équipage.”
L’équation est simple. Si Esther parvient à la blesser, elle a toutes les capacités pour survivre à ses côtés. Cependant, Trisha est convaincue qu’elle n’y arrivera pas. Malgré tout, ces mots ont redonné un grand espoir à cette petite.
“Ouiii ! Je reviendrai !”
La boule d’énergie saute de la table et se met à courir à travers toute l’auberge pour sortir.