Ton départ de Carcinomia datait déjà d’une semaine. Tu ne savais pas vraiment où ta route te conduisait, mais tu continuais d’avancer. Ne jamais reculer, ne jamais avoir peur, ne jamais oublier. C’était le credo que tu suivais désormais. Ainsi, encore légèrement affectée par la perte de ton meilleur ami, il y a déjà trois mois de ça, tu cherchais un but à atteindre.
Ainsi tu voguais dans ce sous-marin que tu avais volé sur le corps encore chaud de Jack Thompson. La fatalité t’avait conduit vers East blue. Les matelots te craignaient assez pour t’obéir, mais cela ne pouvait durer très longtemps.
La nouvelle lame qui traînait dans ton dos commençait à te démanger. Alors, tandis que tu faisais les cent pas dans la salle des commandes, il te prie de regarder à travers le périscope. Au début, aucune forme ne se détacha à l’horizon. Calme plat. Une mer d’huile.
Mais après avoir opéré une révolution complète, tu repéras une brisure dans la ligne parfaite de l’onde. Un navire progressait vers Red Line. Un pavillon battant couleur du Sultana des fleurs flottait sur le grand mât. Un navire marchand ? C’était l’occasion rêvée pour tromper l’ennui et tâter de cette nouvelle arme.
Tu ordonnas donc de changer de cap tout droit dans cette direction. Ils étaient réticents, mais n’ont eu d’autre choix que d’obéir. Après une demi-heure, vous arrière à une centaine de brasses. Il émergea de l’eau, et tu sortis du sas qui perdait encore son eau. Tu regardais la coque qui se dessinait de plus en plus près à mesure que vous vous rapprochiez.
Tu aurais pu tuer un à un les bougres qui t’avaient fait voyager tout ce temps, mais il n’en était rien. Ils vivraient encore longtemps. Peut-être qu’un jour ils recroiseraient ta route, et par ce fait le fils de ton engin de mort ? Mais pour l’heure, ils seront saufs. La mort savait se montrer magnanime parfois.
Une fois à la bonne distance, tu sautas, ta faux déployée, pour rejoindre le pont supérieur de ce bateau, laissant par là même retourner le sous-marin dans les profondeurs des abysses. Ce n’était pas vraiment une surprise pour eux quand tu atterris. Ils t’avaient déjà repéré quand tu étais apparue à la surface de la mer.
Les marins s’étaient donc préparés en conséquence. Armés d’épées, de sabres, de pistolets, ils te tenaient tous en joue, prêts à t’abattre sur le champ. Vous vous toisâtes un long moment, personne n’osa bouger et tu savouras en retour cette tension palpable. Enfin, quand le premier qui ne tint plus s’avança vers toi, tu brisas le grand-mât à sa base, le faisant s’écrouler. Cela déclencha les hostilités.
Une grêle de balles se déversa sur toi. Tu pris soin de les esquiver ou de les dévier grâce à tes ailes. Et leurs attaques, une bagatelle pour toi. Tu dansais avec eux, jouais avec eux. En un rien de temps, il n’en resterait rien. Mais qui avait-il dans les cales ? De la marchandise ? Des gens ? Tu allais vite le savoir.
Alors que tu les massacrais, les uns après les autres, le mât finit sa course et opéra une brèche dans le plancher. Tu sautas par l’ouverture, alors qu’ils essayaient de t’arrêter. C’est la que tu les vis. Des gens parqués comme des animaux. Des esclaves ? Des prisonniers ?
Le narrateur est la faucheuse, elle fait partie intégrante à l'histoire, quand elle intervient, le texte est en italique (sauf dans les dialogues)
- Moissonneuse et Désespoir/poussière:
Désespoir et Poussière
La Moissonneuse
Dernière édition par Jessica Hellhound le Mer 17 Jan 2024 - 23:50, édité 2 fois