La coque du navire fendait les flots avec discrétion. S’il n’avait pas fière allure, le bateau dérobé par Clotho était néanmoins solide et rapide. Quant à l’équipage à son bord, ce n’était rien de plus qu’un ramassis de gueules affamées, ventres ballonnés et pauvres laissés-pour-compte amochés par l’existence. Ce lot d’hommes cramoisis, Clotho l’avait déniché à Nar Shaada, dans les entrailles lugubres de Zaun : un endroit sans foi ni lois où résidaient, parmi les rats et les scorpions géants, tous les exclus, tous les parias de la société élitiste Zaunienne.
Clotho hélait les hommes sur le pont en ordonnant de maintenir la cadence, de hisser ou d’affaler telle ou telle voile, et tous s’exécutaient, bien heureux de servir de nouveau à quelque chose. Tous, sauf deux opiniâtres mutins. D’un côté, Kant, qui abhorrait la navigation et se refusait à toucher quoi que ce soit sur le moindre navire. De l’autre, un vieil homme sénile, à en juger par la chansonnette qu’il poussait, assis dans son coin.
♫ Po, po, po, les symboles du gravier ! ♪ ♫
♪ Le chant des rochers ! ♫
♪ Épopées, légendes oubliées ! ♫
♫ Po, po, po, la voix des cailloux ! ♪ ♫
♪ Les cailloux, les cailloux, pourvu qu’on les écoute, ♫
♪ Ils nous disent tout ! ♪ ♫
Il chantonnait d’une voix profonde et enjouée, joyeux et insouciant. Kant l’observa longuement. Sur son crâne pointait un vieux chapeau bossué, orné de longues plumes et d’un compas. Petit et trapu, sa longue barbe blanche descendait jusqu’à ses genoux. Kant s’étonna d’ailleurs quelle fut si soigneusement entretenue, en dépit de l’atmosphère marécageuse qui régnait dans les entrailles de Zaun. Venait-il vraiment de Nar Shaada ? Il portait un long manteau rouge, et de grandes bottes jaunes, exempts de toute saleté. Soudain, il posa son regard sur Kant, ses joues étaient parcourues de centaines de rides malicieuses.
« Ce n’est pas pire, Kant, dit le vieil homme en levant les mains. Rocailleuse, certes ! Mais sèche ! Hospitalière ! Communicante, cette roche-ci ? ♪ Non. Non, Nico Jaag sait. ♪ ♫ Ta drôle d’humeur grouille de doutes, comme Rokade de grottes ! »
Complètement ahuri, Kant se tint là, immobile. Comment connaît-il mon nom ? Il voulut ouvrir la bouche pour s’adresser au vieil homme, mais la voix autoritaire de Clotho retentit comme un cinglant coup de fouet.
« Rokade en vue ! Préparez-vous à débarquer, et que personne ne traîne ! »
Clotho hélait les hommes sur le pont en ordonnant de maintenir la cadence, de hisser ou d’affaler telle ou telle voile, et tous s’exécutaient, bien heureux de servir de nouveau à quelque chose. Tous, sauf deux opiniâtres mutins. D’un côté, Kant, qui abhorrait la navigation et se refusait à toucher quoi que ce soit sur le moindre navire. De l’autre, un vieil homme sénile, à en juger par la chansonnette qu’il poussait, assis dans son coin.
♫ Po, po, po, les symboles du gravier ! ♪ ♫
♪ Le chant des rochers ! ♫
♪ Épopées, légendes oubliées ! ♫
♫ Po, po, po, la voix des cailloux ! ♪ ♫
♪ Les cailloux, les cailloux, pourvu qu’on les écoute, ♫
♪ Ils nous disent tout ! ♪ ♫
Il chantonnait d’une voix profonde et enjouée, joyeux et insouciant. Kant l’observa longuement. Sur son crâne pointait un vieux chapeau bossué, orné de longues plumes et d’un compas. Petit et trapu, sa longue barbe blanche descendait jusqu’à ses genoux. Kant s’étonna d’ailleurs quelle fut si soigneusement entretenue, en dépit de l’atmosphère marécageuse qui régnait dans les entrailles de Zaun. Venait-il vraiment de Nar Shaada ? Il portait un long manteau rouge, et de grandes bottes jaunes, exempts de toute saleté. Soudain, il posa son regard sur Kant, ses joues étaient parcourues de centaines de rides malicieuses.
« Ce n’est pas pire, Kant, dit le vieil homme en levant les mains. Rocailleuse, certes ! Mais sèche ! Hospitalière ! Communicante, cette roche-ci ? ♪ Non. Non, Nico Jaag sait. ♪ ♫ Ta drôle d’humeur grouille de doutes, comme Rokade de grottes ! »
Complètement ahuri, Kant se tint là, immobile. Comment connaît-il mon nom ? Il voulut ouvrir la bouche pour s’adresser au vieil homme, mais la voix autoritaire de Clotho retentit comme un cinglant coup de fouet.
« Rokade en vue ! Préparez-vous à débarquer, et que personne ne traîne ! »