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Quand le cœur de l'empire saigne.

Les textes suivants sont le pendant des évènements d'une quête jouée par Trisha Campbell ici.
Ils ont pour but, en plus de montrer l’ignominie du mouvement révolutionnaire et de ses procédés, de redorer les lettres de noblesse des sages hommes et femmes de lignage certain qui depuis des années suent sang et eau pour porter au firmament l’Empire.


Partie 1 : Le Conseil du Dragon d’Or

La peste révolutionnaire n’avait que trop gangréné leur île. Après toutes ces années et les conflits larvés interminables, les luttes avaient atteint leur paroxysme. La Cité Rouge était en proie à de violentes joutes verbales lors de chacune des séances du Conseil. D’une part, le parti de la Tradition, avec son histoire vieille de plusieurs centaines d’années, tentait de reprendre le pouvoir en récupérant son statut d’antan, chargé de pouvoirs exécutifs et législatifs plus importants. De l’autre, l’immonde révolution tentait de prospérer par le biais des jeux politiques avec leur tête de file locale, Zao, pour obtenir plus de pouvoir également. A force de manœuvres et de coups tordus, la situation avait fini par escalader et cette séance du Conseil était de loin la plus tendue à laquelle Feng avait pu assister, bien qu’il soit en poste depuis plus de six ans maintenant.

Lee Yan, vêtu d’une impeccable tenue verte de soie richement brodée, paradait à la tribune principale, terminant un long discours dans lequel il clouait les premiers morceaux de bois du cercueil de son ennemi juré Zao. Le stratagème avait été longuement préparé car la révolution, « ancienne amie », était devenue un poison pour le parti de la Tradition. En effet, elle s’était il y a peu retourné contre eux dans un moment assez critique. Il fallait donc en finir avec le mouvement ; le Gouverneur de la Péninsule du Tigre était donc décidé à agir définitivement. Le peuple souffrait. L’Empire était en péril depuis plus d’une dizaine d’années. Les ingérences extérieures se faisaient de plus en plus nombreuses.
Il était donc passé à l’attaque. Par le biais d’un savant jeu d’alliance avec la famille Chinjao dont Feng ne percevait que les contours brumeux, il avait collecté force documents corroborant le lien d’établissements localisés dans la Baie de Jing et reliés à Zao à des financements de sources révolutionnaires avérées. Les corsaires avaient dû en échange recevoir de sérieux avantages mais Feng n’osait pas se l’avouer. Aussi était-il assis sur son siège dans l’immense salle du conseil, écoutant son Sifu avancer ses pions.

« Et à cela s’ajoutent encore d’autres éléments que je me fais fort de vous faire parvenir, chancelier Sima. Cela nous permettrait de…
- Camarade Lee, je ne comprends pas ce que vous cherchez à insinuer. Vous voulez dire que… lâcha un Zao ayant perdu de sa superbe après ce coup reçu en plein visage.
- Ce que je veux dire, secrétaire Zao, c’est que si le moindre de ces financements réussit à vous être associé, j’ose espérer que vous aurez encore la décence et le sens moral de prendre les mesures qui s’imposent.
- Foutaises, lâcha-t-il dans un brouhaha naissant. Le pays est au bord du gouffre et… et… »

Il semblait chercher ses mots, blanc comme un linge. Le round de chauffe avec les discussions liminaires sur les levées de taxes paysannes semblait l’avoir entamé. Tout homme d’expérience savait qu’il valait mieux tenir la distance sur les séances du Conseil. Le Gouverneur de la Péninsule des Tigres avait donc commencé par rajouter un nombre interminable de points à l’ordre du jour dont il n’avait que faire mais pour lesquels son adversaire politique se devait d’intervenir un minimum, au risque d’écorner sa côte de popularité. Après tout, il était question de prolétariat…

Un mouvement dans l’assistance de Zao attira l'œil de Feng. Un de ses secrétaires venait de lui glisser un billet. A la lecture de celui-ci, il vit la tête de file révolutionnaire reprendre des couleurs. Cela ne sentait pas bon… Et en effet. L’Atout de la Révolution venait de se relever et, d’une vigueur nouvelle, avait repris la joute avec une rare intensité.

« Aussi, à la lumière de ces accusations hors de propos et gravement dommageables à notre institution, je me vois dans l’obligation d’en appeler à l’état d’urgence. Mes chers confrères, je suis navré. »

Un grand gong résonna dans le hall, signant la fin de la session extraordinaire du Conseil. Ce crétin avait-il vraiment eu cette audace ? Il avait osé ? Sérieusement ? Lee Yan avait déjà réagi. A peine descendu de l’estrade où il se trouvait, il avait traversé les escaliers en direction d’une issue, passant à côté de Feng en lui donnant rendez-vous dans son bureau. Les choses venaient clairement de dégénérer.

Lâchant son siège, Feng se dirigea immédiatement vers l’endroit indiqué. Invoquer l’état d’urgence ? Ce malade n’avait-il donc aucun scrupule ? Tous les votes, toutes les procédures en cours… Il avait tout bonnement gelé la quasi-intégralité de l’activité impériale en quelques phrases. Une fureur sourde animait Feng et il n’osait imaginer celle qu’éprouvait Lee. Ils allaient devoir demander l’avis de l’Empereur. Et au vu de la situation…
Quelques dizaines de minutes plus tard, dans le dit bureau.

« L’Empereur ne fera rien et tu le sais très bien. Il a perdu son pouvoir et quand bien même il en aurait encore, il est loin d’avoir la vigueur du tigre et tu le sais bien.
- Sifu… Tout de même, je pense que…
- L’heure n’est plus à la réflexion Feng. Ne nous voilons pas la face. L’issue est devant nous. Je t’ordonne de convoquer le général Zhang. Le temps d’obtenir les ordonnances nécessaires et la fin de non-recevoir du Palais Impérial, il sera déjà avec nous avec l’intégralité de ses troupes. Alors file !
- Oui Sifu.
»

Il claqua la porte pour témoigner de son mécontentement manifeste. Le sang du peuple allait probablement couler et il ne pourrait rien faire pour arrêter cela. Pour l’heure, il devait faire parvenir au général Zhang les instructions qu’il avait reçu.
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Partie 2 : Sans l’honneur, il ne nous reste que le devoir.

La plaine qui s’étalait devant eux allait faire office de grand champ de bataille dans les heures qui suivraient. Beaucoup d’hommes, de femmes, d’enfants parfois même allaient y mourir. Tout ça par la faute de certains de leurs pairs désireux d’obtenir un peu plus de pouvoir. Un peu plus de force. Feng haïssait cela. Il haïssait d’autant plus cela que la majorité des cadres derrière cette farce n’étaient que des éléments extérieurs à Kanokuni venus soutenir la révolution. Leurs renseignements avaient même indiqué la présence d’une dangereuse révolutionnaire surnommée l'Éclair Bleu qui était venu grossir les rangs de la troupe qui se massait en face d’eux. Elle jouissait d’une certaine réputation et Feng avait hâte de la voir la tête au bout d’une pique. Mais il avait d’autres ordres. Aussi ne contribuerait-il pas à la mettre dans cet état même s’il le ferait avec plaisir, dusse l’occasion venir à lui. Sa tâche était bien autre. Aujourd’hui, il tuerait. Mais pas n’importe qui. Le renseignement avait localisé les principaux conseillers politiques de Zao. Lee Yan entendait les sortir de la partie définitivement ce jour. Ne serait-ce que pour éviter la débâcle qui avait eu lieu au Conseil et causé l’état d’urgence. Et pour empêcher une reprise politique décente des activités de Zao après sa fin de carrière, qu’elle vienne par sa mort ou son exil de la scène publique.

A la tête d’une unité triée sur le volet de quinze cavaliers d’élite, Feng allait devoir ouvrir la voie et éliminer les cibles. Silencieux et certains de leur destinée, les hommes de cette petite compagnie étaient tous en train d’échanger une dernière coupe de baijiu à l’abri de leurs montures. Tendus et nerveux, ils se fendirent tous d’un sourire de circonstance quand Feng blagua avec eux avant d’enfourcher sa monture.

« N’oubliez pas… Pas besoin d’attendre la fin du speech barbant du Gouverneur avant d’y aller. Mais qui voici ? »

Lee Yan, vêtu de son armure la plus pratique, étincelait sur une monture de guerre apprêtée pour l’occasion. Malgré les horreurs qui allaient se dérouler, il arborait l'air confiant et serein de l'homme qui sait de quoi il retourne. Du chef, du vrai.

« Bien long est son sommeil…
- Mais jamais ne dort le dragon, répondirent à l’unisson les hommes.
»

Autour d’eux, le temps se dégradait à une vitesse anormale mais personne ne semblait vraiment le remarquer. La bataille avait aiguisé leurs esprits pour ce qui allait suivre mais les considérations météorologiques leur importaient peu. Elles auraient dû pourtant. Seul concerné par ceci, Lee Yan décida donc d’avancer son discours en défilant devant les troupes. Son sens du leadership n’était plus à faire aussi le général Zhang lui laissa se charger du discours précombat.

« Soldats, aujourd’hui, nous allons purger l’âme de notre nation. Vous affronterez malgré tout notre peuple. Des hommes, des femmes, des enfants. »

Il marqua un temps d’arrêt et reprit de plus belle.

« Qu’importe. Ces personnes-là ont décidé de risquer leur vie pour ce en quoi ils croient. C’est tout à leur honneur. Mais vous Mesdames et Messieurs, soldats, si vous êtes là tout comme moi, c’est pour leur montrer votre sens du courage, du devoir. Pour témoigner de votre attachement à la nation. Pour la protéger, envers et contre tous, des ennemis de l’extérieur comme des ennemis de l’intérieur. Êtes-vous prêts à répondre à l’appel de l’Empire ? »

De grands vivats s’élevèrent parmi les troupes impériales. Le moral était bon et les troupes du général Zhang bien entraînées. Les pronostics d’une victoire étaient pour eux. Surfant sur la vague de ferveur des soldats, Lee Yan lança donc le début des hostilités, s’élançant en tête dans la plaine avec sa garde rapprochée, suivi de très près par une immense volée de flèche. Dans la même foulée, l’unité de Feng prit le chemin de leur aile droite en partant du centre en formant un fer de lance aiguisé, assez rapidement pour voir le climat se dégrader encore plus et la salve de flèche se voir amputée par une bourrasque. De ce qu’il en voyait, la jeune femme de la Révolution se trouvait également dans ces rangs-ci. Cela allait rendre leur percée plus compliquée.

Après une trentaine de secondes de course, leur formation s’écrase contre la première ligne ennemie dans un fracas tonitruant. Là où un régiment de cavalerie de choc aurait profité de la confusion pour rompre le combat et relancer une charge, l’unité de Feng s’enfonça encre plus loin dans les lignes ennemies, la guandao de Feng ouvrant la voie dans des gerbes de sang spectaculaires. Derrière eux, la vague de cavalerie du général Zhang arrive dans un roulement de tambour effrayant. Du haut de sa monture déchaînée, Feng ouvre la voie dans une marée humaine de gens désespérés et entrevoit l'Éclair Bleu de la Révolution sur son chemin, fracassant le crâne de soldats non loin et invoquant le tonnerre pour se battre.

Foutue étrangère, pensa Feng. Tu aurais mieux fait de rester loin de Kanokuni.

Redirigeant sa monture vers la Cavalière, Feng la vit s’emparer d’une lance et abattre un membre de sa troupe d’un puissant mouvement de bras. Men Ru venait de s’effondrer, lourdement touché. Son sang ne fit qu’un tour et sa charge l’emmena proche de la cavalière. La guandao scintilla haut dans le ciel déchiré et trancha. Le bras d’une jeune femme, une jeune fille peut-être ? Feng ne s’en aperçut même pas, son acier venait d’ôter la vie à Peng Mou, un des conseillers politiques de Zao. L’Eclair Bleu n’était pas passé loin mais il avait des ordres. A charge de revanche. D’ailleurs ne venait-elle pas de s’effondrer au sol ? La mêlée se referma sur lui comme la mer emporte les navires. Son cheval fut bousculé, des lances fusèrent vers lui, quelqu’un l’agrippa et le tira au sol. Il perdit son arme principale et dégaina son jian, juste à temps pour dévier un coup de masse de forge. Autour de lui, quelques gueux se pressaient à savoir qui aurait sa peau le premier. Une fente et trois coups d’estoc bien mis eurent raison de deux d’entre eux. Entre un soldat et un civil, la différence était flagrante. Son unité semblait avancer encore un peu, suivie par la troupe impériale à pied. Parant et sabrant, il parvint à se hisser dans la traînée laissée par le cheval d’un membre de son unité, en vue du centre de commandement rapproché duquel partaient les ordres des deux derniers conseillers politiques qu’il avait à tuer ce jour. Cinq autres soldats avaient réussi à le rejoindre, non sans accuser de plus ou moins sérieuses blessures.

« FORMATION DU LOTUS, J'OUVRE LA VOIE. POUR L'EMPIRE ! aboya Feng pour couvrir le fracas des armes. »

Sa main déviait, tuait et perçait avec une précision déconcertante. Toutes ces années à l’académie militaire avaient fait de lui un homme capable de tuer mais la détermination qui l’animait en faisait une machine à tuer. Il ne réfléchissait pas. Enlever une vie aussi simple que respirer. Il savait très bien qu’il y aurait un contrecoup après la bataille, un prix à payer. Pas maintenant. Son groupuscule réussit à enfoncer la ligne jusqu’à De Quai et Huen Dol. Ceux-ci les virent arriver avec une mine effarée, presque surpris de voir que certains hommes et une femme avaient pu percer leur ligne aussi loin. En éviscérant le premier, Feng s’aperçut qu’ils étaient en train de sonner le repli. Il tua donc le second. La partie était gagnée. Jusqu’à ce qu’il entende le crépitement anormal du ciel et qu’il voie un éclair s’écraser sur le champ de bataille avec une violence inouïe, générant des arcs électriques qui fauchèrent nombre de vies. Comment est-ce que ? BONK. Un méchant coup venait de lui être porté à l’arrière du crâne et sa vue se brouilla. Non, il ne fallait pas qu’il… Sentant ses forces se dérober sous jambes, il tituba jusqu’à une pile de corps et s’écroula dessus. Il fallait juste qu’il se repose quelques instants. Juste quelques instants…
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Partie 3 : Une pilule difficile à avaler.


« Le Gouverneur, où est le Gouverneur ? lança Feng affolé.
- Calmez-vous seigneur Han. Il va bien calmez-vous.
- Remettez-lui une dose de lait de pavot.
- Non je… Laissez-moi… Je…
- Repassez le voir dans quelques heures, il doit se reposer.
»

Les brumes jaillirent devant les yeux du fils de l’empire tandis qu’une demi-douzaine de personnels médicaux se pressaient autour de lui. Ses mains se crispèrent quelques moments dans un ultime effort puis il se fit happer par les effets du puissant sédatif et sombra de nouveau dans l’inconscience. D’un sommeil froid et sans rêve, il émergea une nouvelle fois en entendant du bruit devant sa porte. Des gens semblaient se disputer. D’un oeil savamment encollé, il distingua des hommes en armure chamailler un groupe d’individus puis un autre moment passa et une étonnante procession entra dans la chambre d’hôpital. Là, nu comme un ver sous son slip de papier, Feng, comme frappé par la foudré, comprit avec une sagacité étonnante ce qui allait se passer. Si son sabre avait été à portée, il aurait… il aurait… Sa main essayait de se crisper de rage mais le pavot l’engourdissait encore. Aussi, le héraut impérial détaché et habillé pour l’occasion déroula un long vélin de papier devant lui et se mit à le lire, imperturbable.
Feng Han, à compter de ce jour et par ordre de l’Empereur Zhou Quang, vous êtes immédiatement démis de toutes vos fonctions officielles et représentatives. Au titre de collusion avec le Gouverneur Lee Yan, également démis de ces fonctions, vous êtes dorénavant et à compter de ce jour interdit de tenir séance ou de participer à la vie politique du pays. Par ailleurs, les tarifs commerciaux préférentiels qui vous sont appliqués pour…

La litanie cessa au bout d’une demi-douzaine de minutes et le porte-parole de l’Empire s’en fut. Feng n’était même pas sonné ou hébété. Au contraire, il vivait cet instant comme si le choix fait était des plus lucides. Il ne l’acceptait pas bien entendu mais il percevait la décision comme rationnelle. Peu importait l’issue de la bataille, l’Empereur achetait la paix sociale en faisant d’une pierre deux coups. Le parti de la Tradition prenait du plomb dans l’aile, son chef de file allait sans doute être jugé, et la Révolution se “calmait” du moins temporairement dans ses revendications sociales, le temps aux dynastes de mettre en œuvre de nouveaux plans pour mieux les contrer. Le chapitre était clos pour lui. Il allait lui falloir du temps pour s’en remettre car la simple pensée de devoir gérer les conséquences de sa perte de titre auprès de sa lignée lui déclencha de violentes douleurs un peu partout dans le corps. Il n’était pas en aussi bon état qu’il l’eut cru. Et la décharge intense qui parvenait de l’arrière de son crâne n’arrangeait rien. Il devait y avoir eu trauma. Privé de toute mobilité, Feng aperçut sur sa table de chevet un mot et un bouquet de fleurs colorées. Qui avait pu lui envoyer cela ? Force était de constater qu’il avait plus de connaissances que d’amis et sa famille n’était qu’une bande de rapiats avides de pouvoir. Non il devait y avoir quelqu’un qui… Sa main commença à trembler et ses yeux se brouillèrent de nouveau. Qu’est-ce que ? Dans l’encadrement de la porte, une femme portant des habits d’infirmière lui sourit. Il était sur d’avoir vu cette femme quelque part. Où? Et puis le noir encore.

Cette fois-ci, son esprit fut perturbé par allers-retours dans cette phase d’inconscience. Il voyait des scènes de bataille jaillir dans son esprit. Le bruit sourd de la course des chevaux carapaçonnés, un bras d’enfant montant au ciel dans une arabesque pourpre, un éclair fendant le ciel avec une violence inouïe. Il s’agita dans son sommeil. Longtemps. Très longtemps. Trop longtemps. Lorsqu’il émergea pour une troisième fois, il prit la peine de faire les choses dans l’ordre.

« Quel jour sommes-nous ? lâcha-t-il d’une voix pâteuse.
- Jeudi messire, déclara Peng avec une mine désolée.
- J’ai dormi 4 jours ?! se surprit-il à dire d’un air ahuri.
- Oui. Puis-je faire quoi que ce soit pour v…
- Son éminence Yan ?
- En vie ? Oui. Libre non. Ils l’ont emprisonné au mont Fang. Quelques jours après la bataille. Le secrétaire Zao lui a taillé un costume qu’il n’est pas prêt d’enlever.
»

Feng regarda par la fenêtre d’un air irrité. Ils s’étaient fait avoir comme des bleus. Et ce n’était pas un coup dont ils se remettraient de sitôt. Le mont Fang était réputé pour être inviolable en plus d’être une montagne sacrée dans la tradition. En faire évader quelqu’un repoussait plus Feng qu’un crime de lèse-majesté. Les commanditaires, Zao en tête, de ce tour de force les connaissaient bien. Une furieuse envie de partir tuer Zao de ses mains monta lentement dans les entrailles de Feng. Peng dut le sentir car il ajouta :

« Messire, avant d’aller plus loin, dit-il de l’air de celui qui savait, vous devriez sans doute recevoir ces hommes et femmes à la porte. Ils vous veillent depuis que vous êtes ici. »

Son regard portait vers la porte d’où dépassaient le visage de quatre soldats qui avaient servi avec lui quelques jours plus tôt. Dans l’unité d’élite. D’un signe de main, Feng les invita à entrer. Il les considéra un instant et sut que tout le reste de leur groupe avait péri. Tous voulaient le remercier de les avoir protégé sur le champ de bataille. Apparemment, il s’était relevé après son coup à la tête et avait protégé la retraite des quelques survivants. Sortie de la bouche d’autres personnes, cette vérité aurait eu un goût de mensonge. Il les considéra un à un et éluda leurs questions sur sa mise au ban de la vie politique dont ils avaient eu vent quand le héraut était passé. Au bout d’une bonne vingtaine de minutes, ils prirent congés avec une nouvelle vague de remerciements.

Peng resta là sans rien dire un bon moment puis il aida son maître à prendre ses cachets. Le vieux domestique l’aida sans rien dire à se redresser dans son lit malgré les vertiges qu’il éprouvait. Les deux hommes se pratiquaient depuis assez longtemps pour ne pas avoir besoin de parler tout le temps. Au bout d’une demi-heure de contemplation depuis la fenêtre de sa chambre, Feng lâcha enfin les quelques mots qui lui brûlaient le bout des lèvres.

« Combien ?
- 326 morts avérés dont quelques révolutionnaires de l’étranger. Au moins le double de blessés.
- Très bien, lâcha amèrement Feng. Très bien.
»

Il ne cacha pas son effort intense pour masquer la haine qu’il avait pour les instigateurs de cette tuerie. Finalement, le peuple avait souffert une nouvelle fois des deux mêmes maux. La faiblesse de l’Empereur et les ingérences étrangères. Il prendrait sa revanche. Quoi qu’il lui en coûte.
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