Un nouveau départ.
Feat. Red
Le petit matin est là, rien ne semble pourtant l’indiquer lorsque l’on voit l’état d’agitation du cadran affilié aux Neufs Flibustiers. Les quais attenants sont en parfaite ébullition, et bon nombre de marins, pirates, forbans et autres corsaires sont d’ores et déjà en train de se masser sur le navire géant du conseil des Neufs ! Et pour cause, l’un des Flibustiers a utilisé sa pièce pour convoquer l'ensemble du conseil, et ce sous le regard de la piraterie ! Même si la réunion sera à huis clos, le conseil doit se présenter devant les badauds et les autres militants du Code.
L’Ancre crache de la vapeur, et les roues à aubes commencent à décélérer. Les autres navires sont amarrés depuis belle lurette, et d’autres sont là depuis plusieurs jours. Il faut croire que Luis est bel et bien le dernier. Le navire amarre sans réelle difficulté, mais la manœuvre prend du temps. Une fois le navire accosté, Luis fait signe à ses quartiers-maîtres de prendre congé et aux marins d’aller se ressourcer quelque temps. D’un pas assuré, il met pied à terre avant de rejoindre un énième ponton menant à la passerelle du navire géant.
Une foule immense se trouve ici, et si Luis possède un faciès passe-partout, peu de gens le reconnaissent et préfèrent s’attarder sur des arrivées plus triomphales, comme celle de Triste-Lune et de son armure rutilante, ou l’attitude rebelle de Lamia, ou encore l’étrange démarche de Katabolonga. Mais comment ne pas être envouté par Bellissa Nacroma ? Définition même de l’amour vache ! Les regards se tournent irrémédiablement vers la Reine Naga : Togashi Tomoe, encore trempée par son bain matinal. Puis, Luis avance d’un pas pour être enfin reconnu. Les acclamations cessent au bruit sourd du bâton qui heurte le pont, le chef et représentant des Neufs en personne est ici pour présenter le conseil sous l’œil mal avisé de la piraterie, il tient dans ses mains un livre, un précieux livre : le Code des pirates. Objet de convoitise pour certains, tissu d’âneries pour d’autres, ou encore véritable bible, quel que soit le choix, ce livre est farouchement gardé et appliqué par les Neufs. Le vieil acariâtre se met alors à parler, laissant une main en l’air avec son bâton.
« Nous sommes réunis ici ! Car Luis D. Santiago : membre des Neufs… Aurait décidé de faire valoir sa pièce des Neufs pour convoquer le conseil pour une affaire qu’il estime urgente et juste ! Si nous devons discuter en privé… Le sujet de la réunion quant à lui n’est pas un secret ! Luis… Annonce veux-tu… »
Luis s’avance à nouveau d’un pas et scrute ses pairs puis l’assemblée. Il se met à marcher autour du cercle formé par la piraterie. Cherchant ses mots, il affiche un large sourire de séducteur.
« Mettez-vous bien dans la tête qu'un pirate n'a jamais gagné une guerre en mourant pour ses idées… On gagne une guerre en faisant ce qu'il faut pour que les pauvres idiots d'en face meurent pour leur cause. Pirates, Forbans, Corsaires… On n'a pas cessé de vous dire qu’Armada ne voulait pas se battre, qu'elle voulait rester en dehors des guerres. Tout ça, c'est du baratin. Les pirates, de tout temps, ont aimé se battre. Tous les vrais pirates aiment se battre. Ils aiment se battre, ils sont comme ça. Quand vous étiez des gosses, ils vous impressionnaient vous aussi, les supernovas, les commandants de flottes, les Empereurs, et vous les admiriez. Les pirates aiment les vainqueurs. Les perdants, chez nous, on n'en veut pas. Les pirates se battent pour gagner quel que soit le prix, et nous ne paierons jamais assez cher pour rester des hommes libres ! Quoi qu'il arrive ! C'est pour ça que les pirates n'ont jamais perdu une guerre ! Et c'est pour ça que jamais ils n'en perdront ! Tout simplement parce que l'idée de perdre est intolérable aux pirates. Autre chose, la piraterie c'est une équipe. Vous devrez vivre et vous battre comme dans une équipe. Et ce qu'on vous a raconté sur l'individualisme on s'en tape. Les pauvres bougres qui pensent que l'individualisme est sacré peuvent tous aller rôtir au fin fond des enfers. Ils ne savent pas plus ce que c'est qu'une bataille qu'ils ne savent que c'est que faire l'amour à la plus belle des femmes de Tortuga ! Nous avons tout d'abord le meilleur équipement car nous le volons à la Marine ! Un moral à toute épreuve et nos troupes sont les meilleures du monde car présentes partout. Entre nous, je vous assure, j'ai vraiment pitié de ces enfants de putain contre qui on va se battre. C'est vrai, je trouve ça triste. On ne va pas se contenter de tuer les soldats de la Marine. On va aussi leur faire sortir les tripes et les boyaux du ventre, et ça vous servira à graisser les ponts de vos navires. Il faut qu'on leur montre ce qu'on vaut à ces salopards de Marine. Pas de pitié. Je sais, il y en a parmi vous qui ne sont pas rassurés et se demandent, quand ça chauffera, s'ils n'auront pas la trouille, s'ils ne ficheront pas le camp. Je suis sûr que non. Le Code sait que vous ferez votre devoir. Les Marines sont nos pires ennemis, rentrez-leur dedans, massacrez-les sans pitié, écrasez-les comme des punaises. Et ce ne sera pas encore assez. Quand vous verrez de la bouillie près de vous, à la place qu'occupait une minute avant votre meilleur ami, alors vous saurez. Vous saurez ce qui vous reste à faire. Il y a une chose dont vous devrez vous souvenir. Je ne veux pas entendre de message disant " Nous restons sur nos positions, car nous ne savons pas ce qui nous attend ". Nous ne restons sur rien du tout, nous laissons ça aux soldats de la Marine. Nous n'arrêterons pas d'avancer, et nous ferons ce qu'il faut pour ça. Nous refusons de tenir quoi que ce soit, excepté nos ennemis. On va les tenir par la peau des fesses, on va leur botter le cul, on va tous les faire ramper dans la merde. Et si avec ça ils n'ont pas compris, on leur coupera les bijoux de famille. Bon, vous avez de la chance, quels beaux souvenirs pour plus tard, quand ce joyeux merdier sera fini. Et il faudra remercier le Code pour ça. Quand vous serez des vieux messieurs et que vous fumerez votre pipe au coin du feu, vos petits-fils assis sur vos genoux, et qu'ils vous diront " où est-ce que tu étais au cours de la bataille contre les forces armées de la Marine? ", vous n'aurez pas à répondre " Eh bien, moi, je faisais les latrines du navire ". Je vous ai tout dit, enfants de salauds. Vous savez ce que je pense. Et je vous en donne ma parole, je serai heureux et fier de vous conduire au combat, n'importe où, n'importe quand... Nous allons prendre les devants et humilier la Marine une bonne fois pour toutes ! Marineford ce n’est pas suffisant ! »
La foule, haranguée, se met à hurler dans tous les sens. Si certains des Neufs applaudissent le discours enflammé de Luis, d’autres sont plus restreints dans leurs émotions et intimident à leurs équipages de faire de même. L’équipage de La Malbaude, qui est aussi présente, se met à scander le nom de leur capitaine.
« Santiago ! Santiago ! Santiago ! Santiago ! »
Les capitaines pirates doivent attendre plusieurs minutes pour que la foule se calme. Des jets de rhum volent çà et là, des coups de feu sont tirés en l’air, et des épées claquent sur les fourreaux. L’heure est à la guerre pour Luis, il est las de voir la Marine piétiner sans cesse les avancements de la piraterie. En tant qu’homme libre, il veut faire de ce combat son fer de lance.
« Voici la raison de ma convocation ! Je veux que nous humiliions la Marine un grand coup. Je veux que nous menions cette guerre ensemble ! Je demande à ce que les équipages s’unissent dans les défis pour venir mettre à mal l’ordre mondial ! NOUS SOMMES DES PIRATES LIBRES ! »
De nouveaux hurlements s’élèvent tandis que l’Abbé frappe avec son bâton sur le sol pour ramener le calme. Puis, ses quartiers-maîtres forment un couloir en direction de la cabine principale dans lequel s’engouffre le conseil… Les négociations ne font que commencer…
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