La Hyène Jaune et la Panthère Rose, terreurs de la basse ville

“M'écoutes-tu, Andrea? Il nous faut une base secrète. Je ne veux pas que ma famille me retrouve.”

Devant le reflet d'une flaque derrière une ruelle de la basse ville, une jeune fille aux cheveux blonds y est accroupie pour se contempler. Ciseaux en main, elle prend une de ses longues mèches dorées et la coupe d'un coup.

“Je connais encore mal ce quartier. Mère… enfin cette mégère ne m'a jamais laissé le temps de l'explorer à part au Carnaval. Gnihihi! Dire qu'à partir d'aujourd'hui, ce sera le carnaval tous les jours.”

Sectionnant ses dernières mèches, la petite bourgeoise adopté un tout nouveau style de coiffure. Un frange sur le front et une longueur de sa chevelure ne dépassant pas les épaules, une nouvelle apparence pour un départ. Rangeant son ciseaux dans une de ses poches, elle se redresse soudain les mains sur les hanches, face à son ami.

“Première étape d'une fugue réussie : Survivre ! Hihi ! Après la planque, il nous faut de la nourriture. Après de la nourriture, de l'argent à donner. Après de l'argent, des sous-fifres. Après des sous-fifres, toujours plus de confort et de nourriture !”

Après l'enthousiasme affiché par la jeune adolescente, elle pose une main sur son menton. L'air en pleine réflexion, la blonde continue de penser à voix haute.

“Hum. Il nous faudrait des surnoms. Si tu m'appelle Capulina devant tout le monde, mon nom risque d'alerter ma famille de ma présence, ici. Quelque chose qui faire peur? Oh ! Je sais. Je serai la Hyène Jaune. Hihi ! Tiens, changer de style vestimentaire serait utile pour notre nouveau domaine d'activités. Tant de choses à faire, c'est donc cela la liberté ! C'est tellement excitant ! Hihi !”

Levant les bras au ciel, la jeune Capulina semble prendre une grande inspiration. Un tout nouveau monde s'offre à elle et elle veut l'enlacer de toutes ses forces. La phase rebelle d'une bourgeoise perchée atteint ainsi un stade nouveau où toutes les barrières sociales de son enfance ne la freinent plus.

"Une base secrète ? Je connais quelques endroits qui pourraient convenir. Vu ce que tu m'a dit sur ta mère, je doute même qu'elle puisse envisager que tu te planques dans l'un de ces endroits la.

Alors que son ami se coupait les cheveux, Andrea ne pouvait s'empêcher de jouer avec la mèche qui dépassait légèrement du bérêt qui dissimulait quasi-totalement sa tignasse. Une planque... Il y avait bien le grand arbre au milieu du parc, près de la place de l'obélisque, qui était assez grand et robuste pour supporter une cabane, mais ça les exposerait à trop plein de gens, et la daronne de Capu serait au courant.

L'ancienne usine textile situé vers les côtes pourrait faire l'affaire, mais il serait trop excentré du centre-ville, ce qui rendrait chiant les approvisionnement. De plus, ça impliquerait aussi de devoir se battre avec les gangs locaux qui se donnent rendez-vous dans cette même usine.

Il lui restait cependant une dernière alternative, et il la préférait autant qu'il la redoutait. Une petite église aux portes de l'abandon, se situant à la jonction entre la cité intérieure et cité bass. Il était familier avec cet endroit, car il s'y rendait tout les dimanches avec ses parents écouter le prêche du vieux père Cornelio. Délaissé depuis que l'Eglise de la place de l'obélisque a ouvert ses portes, il y demeure néanmoins un aspect authentique propre aux édifices religieux qui ont traversé les époques en véhiculant inlassablement le même message de paix et de miséricorde.

Je crois avoir un endroit Capu. Dans la cité intérieure, pas loin du mur d'enceinte qui la sépare de la ville basse, il y a une église abandonné. Elle pourrait nous servir de planque. Et avec tout les commerces à côté, la bouffe ne sera pas un problème. T'en penses quoi ?

Puis, elle commença à partir en roue libre à imaginer un surnom ? D'ou une Hyène Jaune ça faisait peur ? C'était surtout plus proche d'un méchant absurde de cartoon qu'autre chose. Mais il n'osa pas le dire à Capu, ou il en verrait pas la fin. C'était pareil pour le style vestimentaire. Hors de question qu'il se sépare de son béret. Il manquerait plus qu'il subisse à nouveau les moqueries pour ses cheveux bizarres. Il rangea discrètement sa mèche son son couvre chef avant de s'adresser à son ami.

"Appelle moi Panthère dans ce cas. Mais avant qu'on se dirige vers la planque, viens on va faire un tour en ville ! Il y a une foire marine actuellement. C'est pas le carnaval mais c'est tout aussi chouette ! Suis moi ! Tu vas voir tu vas kiffer !

Il prit la main de la jeune bourgeoise rebelle avant de s'élancer vers une ruelle adjacente. Tant qu'il n'est pas seul, il sera toujours libre, pensait-il.

Traîné par le bras, Capulina est amené dans une rue commerçante. Une odeur enivrante de poissons frits titillent les narines de la petite blonde. Une petite faim se fait ressentir. Du monde circule dans cette allée portuaire où toutes sortes de produits et de jeux y sont proposés. Des jeux ? Il lui fallait un moyen de subsistance. Sa brochette de poisson frits, elle l’aura sans attirer l’attention de la Marine surveillant le coin.

“Alors qu’est ce que l’on attend ? Allons voir le stand de tir là-bas !”

Trottinant, la petite adolescente prend l’initiative après avoir repéré un jeune homme en grande difficulté devant ce défi. Approchant le comptoir, le duo peut percevoir la discussion.

“Alors mon petit gars, il ne reste plus qu’un tir.”

Le vieux forain semble d’excellente humeur. Le sourire taquin, il pense bien être tombé sur un très bon client. L’air benêt, celui-ci jette un regard à sa bien-aimée lui tenant le bras. Il veut à tout prix lui offrir un lot. Fronçant les sourcils, le jeune homme se galvanise comme si ce tir déterminait le futur de sa relation. La petite Capulina lève la main interrompant le tireur mal avisé.

“Une minute, mon brave ! Vous tenez bien mal votre crosse. Tenir son arme en joue est tout un art, vous savez.
-Mais qu’est ce que tu en sais petite?
-Mon père est dans la Marine. Et figurez vous que mon frère sait tirer. Nous pouvons vous aider à gagner un lot si vous le souhaitez.
-Hum…
-Oh jeunot, tu vas pas faire confiance à une gamine? Montre que tu es un homme à ta donzelle, un peu.
-Ne vous laissez convaincre par ses mots. Il n’y a aucun mal à rater sa cible avec un fusil truqué. Nous en savons ce que c’est. Hihi !
-Qu’est ce qu’elle dit la vermine?!
-Hihi ! Allons, je vous propose de laisser tirer mon frère. S’il réussit nous prendrons que la moitié du prix d’une nouvelle tentative. Qu’en dites-vous?
-Déguerpis ! Petite morv…
-Je veux bien essayer.
-Oh, la jeunesse. Je te jure, que des lâches et des débiles. On n'est pas sorti.
-C’est ce que nous verrons, l’ancien. Hihi !”

Le fusil en main, Capulina le donne à Andrea avec un grand sourire. Une tentative innovante de se faire de l’argent facile. Dans ce nouveau monde qu’est la basse ville, la jeune bourgeoise explore de nouvelles façons de magouiller. Même si cela repose sur les épaules de son ami, elle se dit qu’il doit être habitué aux événements de cette foire.