La voix du sang est toujours la plus forte

Quelque part sur Grandline.

A quelle vitesse avançons-nous ?
Six nœuds, Commodore Raines, comme prévu.
Ce n’est pas assez rapide. Déployez plus de voilure.
Il y a juste ce qu’il faut de voiles dehors, Commodore. Nous sommes obligés de maintenir cette vitesse pour atteindre notre destination.
Je suis sûr qu’on peut doubler la vitesse, si les hommes font un peu plus d’efforts pour anticiper le cap et… Mon Enseigne s’approche de moi. Je reste immobile, mon regard reste fixé sur l’horizon et les bras croisés. Vos hommes font de leur mieux. Nous avançons le plus rapidement possible.

Je serre les dents et peste intérieurement. On se traîne. Peu m’importe que mes hommes s’épuisent et que nous nous perdions, nous devons aller plus vite. Nous n’avons vraiment pas de temps à perdre, car il nous est compté.

Quelques jours auparavant, alors que je me remettais à peine des événements d’Aeden, j’avais reçu un appel de ma supérieure et commandante de la base G-1 de la marine, la Vice-Amirale Harnam… Qui m’avait annoncé une nouvelle qui avait bouleversé tous mes plans : mon frère avait été aperçu à Imashung, une île voisine d’Alabasta. Mon sang n’avait fait qu’un tour, et il était hors de question de laisser cette occasion me filer entre les doigts. Alors j’avais refusé la proposition du Vice-Amiral Fenyang de l’accompagner, et quitté West Blue en quatrième vitesse pour retourner vers Alabasta. Nous avions alors appris qu’il faisait désormais route vers Dead End, en passant sans doute par l’île du Levain. Nous nous dirigeons désormais à toute allure vers cette dernière, naviguant en suivant un soleil qui se veut timide derrière les nuages, à vitesse constante. Je bouillonne d’impatience. Redorer le nom des Raines en grimpant les rangs de la marine et en devenant un symbole d’intégrité et d’exemplarité est une chose… Mais tant que Damian est en liberté et qu’il commet crimes et atrocités pour contrebalancer, mes efforts sont inutiles. C’est pour ça que rien d’autre n’a d’importance. Rien d’autre que cette vengeance que je vais enfin pouvoir assouvir.

Commodore, vous êtes sûr que tout va bien ?
ლ(¯ロ¯"ლ)
Cela fait cinq ans que j’attends ce moment. Cinq ans que chaque soir, je m’endors en y pensant. Cinq ans que chaque nuit, je m’imagine nos retrouvailles dans mes rêves. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Justement, Commodore, je ne suis pas sûre que vous soyez le mieux placé pour remplir cette mission, compte-tenu de votre implication personnelle…
Au contraire, Enseigne… C’est justement pour ça que c’est moi qui doit le faire. Je marque une pause, fronçant les sourcils. Moi, et personne d’autre. Dans tous les cas, c’est trop tard pour faire marche arrière : la mission nous a été confiée… Et je compte bien la mener à bien.

La tension est indubitablement palpable, et je montre à ma seconde et au reste de mes hommes une toute nouvelle facette de ma personnalité. Celle de mon obsession. Peu m’importe que mes hommes s’épuisent à la tâche, si on peut gagner deux nœuds et garantir de le rattraper. A cet instant, plus rien d’autre n’a d’importance.

Ma seconde hoche silencieusement la tête, puis s’excuse après m’avoir salué au garde-à-vous. La sergent Zaitsev lui emboîte rapidement le pas. Les étoiles s’alignent enfin. Mon frère est à portée de main, et je suis plus puissant que je ne l’ai jamais été, maintenant que je maîtrise le Haki. Cette formidable capacité m’a même permis de combattre et de triompher de Cendre, un révolutionnaire particulièrement puissant… Alors je me sens en confiance, galvanisé. Aujourd’hui, je vais rétablir la justice. Aujourd’hui, je vais mettre fin à cinq années de tourmente et de cauchemars.

Aujourd’hui, je lui fais payer.


Dernière édition par Alex Raines le Mar 23 Jan 2024, 09:46, édité 1 fois
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Je suis happé hors de mes pensées par la sonnerie de l’escargophone à mon poignet.

Commodore Raines, j’écoute ?
Raines, où êtes vous ? L’escargophone se vêtit de noir et fait pousser une coupe afro au sommet de son crâne, signe que l’appel provient de ma supérieure, la Vice-Amirale Harnam.
Nous sommes à une dizaine de miles d’Alabasta, Vice-Amirale, et avançons plein est, comme convenu. Je confirme la direction en vérifiant l’orientation des aiguilles des différents Eternal Poses du poste de navigation au niveau duquel je me situe, et notamment de celui qui pointe vers Nanohana, que nous avons laissé derrière nous.
C’est ce que je craignais, vous allez sans doute devoir faire demi-tour. Vous vous dirigez droit sur une tempête.
Demi-tour, Vice-Amirale ? C’est hors de quest…
Raines. Elle me coupe la parole avec un ton sec. Ne laissez pas votre obstination transformer votre détermination en inconscience. Dois-je vous rappeler que sur Grandline, c’est à nous de nous soumettre aux aléas climatiques ?
Non, Vice-Amirale. Je peste intérieurement et ravale ma langue alors qu’elle tape en plein dans le mille. Elle reprend.
Si je vous ordonne de faire demi-tour, le ferez-vous ?

Je me fige, quelques instants. Le temps que l’idée traverse mon esprit. Serais-je capable de mettre en danger mes hommes ? Serais-je capable de désobéir à ma supérieure ? J’ai peur de connaître la réponse. Alors je ferme les yeux, et je souffle un grand coup. Calme-toi, Raines. Aeden me l’a confirmé. Il faut savoir parler, et ne pas avoir honte d’avoir ses convictions. Quand bien même cette histoire ne concernerait pas mon frère… Aokiji. Kizaru. Akainu. Ryokugyu. Fujitora. Pink Panther. White Bird. Green Wolf. Black Rhino. Ces Amiraux passés et présents, envers qui je tiens la plus haute estime… Ils ont tous une conception différente de la justice, et n’ont jamais eu peur de le scander haut et fort. Obéir aux ordres, être exemplaire et ne pas faire de grabuge… Cela marche un temps, jusqu’à ce qu’il s’agisse de devenir le Colonel d’une petite garnison planquée. Si je veux changer le monde, je dois me démarquer, et être fidèle à qui je suis.

Non, Vice-Amirale.

Un court silence s’installe. C’est bien beau, d’avoir ces convictions… Mais serais-je prêt à risquer la cour martiale pour eux ?

Je préfère que vous soyez honnête, Raines… Je comprends vos raisons, et je serais sotte de ne pas vous faire confiance au vu de vos excellents états de service. Elle marque à nouveau une courte pause, durant laquelle je soupire de soulagement, puis elle reprend : Entre Megavega et Bulgemore au nord et les navires de la marine qui y patrouillent, il y a plus de chances qu’il esquive la dépression par l’autre côté. Contournez la tempête par le sud, et vous devriez pouvoir les rattraper. Mais ne prenez pas de risque inconsidéré… Et si vous ne le rattrapez pas, faites demi-tour et rentrez à Nanohana. Je hoche lentement la tête, bien qu’elle ne puisse pas me voir.
A vos ordres, Vice-Amirale.

Je raccroche et sors du poste de commandant, pour m’appuyer sur la balustrade du pont supérieur. Le vent commence à s’intensifier et balaie mes cheveux impeccablement coiffés. Au loin, la foudre tonne et les nuages se montrent de plus en plus menaçants.

Alors Commodore, quels sont vos ordres ?
On va frôler la tempête par le sud. Prévenez les hommes, ça risque d’être mouvementé… Ah, et oubliez les six nœuds… Je veux qu’on aille à pleine vitesse.
Mais, Commodore… La Colonelle Bashir a été formelle, si on ne garde pas scrupuleusement la même vitesse, on n’atteindra jamais l’île du Levain...
Peu importe. Ce n’est pas l’île, notre objectif…

Je marque une courte pause, et tourne mon regard vers l’horizon.

C’est l’opprobre de la famille Raines.
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Plusieurs heures plus tard.

Commodore !

Mon Enseigne fait irruption dans ma cabine sans frapper, défonçant presque la porte. A ce moment-là, je sais qu’elle ne se serait permise cette action que pour une seule et unique raison. J’esquisse un sourire en coin.

On les a rattrapés.

Je me lève d’un coup en poussant mon fauteuil derrière moi, enfile mon manteau d’officier au-dessus de mes épaules en vitesse, et lui emboîte le pas alors qu’elle sort de ma cabine.

Bateau pirate en vue !

La voix de la vigie peine à se faire entendre, alors qu’elle se fait recouvrir par les puissantes bourrasques de vent. Cela fait bien longtemps que le soleil a disparu derrière les nuages. L’air est chargé d’une pluie épaisse, voire parfois même carrément de grésil. A babord, sur plusieurs miles, une tempête d’une rare violence fait rage. Mon Enseigne se saisit d’une longue vue.

Quel est le pavillon ?
L’emblème du Malvoulant. Entouré d’une paire d’ailes.
(ノ°益°)ノ !
Oui Zaitsev… C’est bien eux.

Les Ailes Noires. L’équipage que mon frère commande au sein de la flotte du Malvoulant. Depuis la défaite de ce dernier sous la lame du Capitaine Red… Ou plutôt de l’Empereur Red, désormais… Damian agit comme un électron libre. Imashung, l’île du Levain, Dead End… Il traîne dans les zones de non-droit. D’après la Vice-Amirale Harnam, il renflouerait ses rangs qui se sont retrouvés diminués suite à la bataille… Dans quel but exactement ? Aucune idée. Et puis ça n’a pas d’importance : quel que soit son projet, il prend fin aujourd’hui.

Ils virent à bâbord et replient leurs voiles !
Ils foncent droit dans l’orage ?!
Rentrez les cacatois et les voiles d’étai ! On les suit !
Commodore, vous êtes sûr ?
(°ロ°) !
Bien évidemment ! Hors de question de les laisser s’échapper ! Mon Enseigne semble marquer une courte hésitation. Enseigne, ne me faites pas me répéter !

Elle finit par s’exécuter, et s’en va donner mes directives à mes hommes. Si Damian pense qu’envoyer son navire dans une tempête peut le mettre à l’abri de ma colère, il se fourvoie fortement… Mon navire réduit sa voilure et se met à accélérer alors que sa résistance au vent diminue. Alors que nous prenons de la vitesse et pénétrons l’orage, pour couper leur trajectoire, le climat devient de plus en plus mauvais.

Carguez la voilure au maximum ! On ne garde que la voile d’artimon ! On gagne du terrain !

Je suis obligé de hurler pour me faire entendre… Mais aussi parce que je ne parviens plus à contenir ma rage et mon impatience. Nous gagnons du terrain… Mais trop lentement. Et le bateau commence à subir le roulis et à tanguer dangereusement. Celui des Ailes Noires, à l’horizon, disparaît périodiquement au gré des flashs stroboscopiques des éclairs qui traversent le ciel autour de nous. Une grande vague nous frappe de plein fouet sur le flanc du navire. J’encaisse le choc en serrant mes mains si fort sur la balustrade que je manque de la déformer. Je ne fais plus attention à rien, mes yeux étant rivés sur l’embarcation que nous rattrapons petit à petit.
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Je reviens à moi lorsqu’une main vient se poser sur mon épaule.

Commodore ! On ne va pas y arriver, c’est trop dangereux !
..・ヾ(。><)シ

Il s’agit de la main de mon Enseigne. Mon regard se pose sur elle. Son uniforme est trempé par la pluie qui est désormais battante. Ses cheveux mouillés sont plaqués sur son visage terrifié. Au travers de ses lunettes embuées, je décèle dans ses yeux une panique qui ne lui ressemble pas. A côté d'elle, la Sergent Zaitsev, comme à son habitude, ne réagit pas… Mais l'émoticône apeuré qu’elle affiche sur sa poitrine en dit long sur la situation. Un éclair frappe le sommet du grand mât et fait trembler le navire tout entier… Et ma colère laisse place à la détresse. Que suis-je en train de faire ? De mettre mes hommes en danger par pur égoïsme ? De prendre des risques inutiles ? Je fais tout ce contre quoi la Vice-Amirale Harnam m’avait mis en garde. Pourtant, je ne peux pas abandonner et le laisser filer. Pas quand il se trouve à portée de main. Alors je prends une décision.

Enseigne ! Mon regard a légèrement changé. La colère a laissé place à une détermination sans faille. Je vous laisse le commandement du navire, rentrez à Nanohana et stationnez-y jusqu’à nouvel ordre !

Ses yeux s’écarquillent lorsqu’elle comprend mon plan.

Commodore, je ne peux pas vous laisser faire ça !
Commandant Moriarty ! Elle se fige, sans doute choquée que je l’appelle par son grade effectif… Et son nom. Un peu comme un enfant qui s’attend à se faire gronder lorsque ses parents l’appellent par son nom complet. C’est un ordre ! Je vous commande de ramener ce bâtiment à bon port et d’assurer la sûreté de l’équipage !
Commodore…
。・゚゚*(>д<)*
Commandant !
A vos ordres…

Elle se met au garde-à-vous et me fixe fermement malgré les éléments qui se déchaînent autour de nous. Nous échangeons un dernier regard, puis je me retourne et saute la balustrade, prenant de l’élan sur le pont du navire. Lorsque j’arrive au bout de celui-ci, je fléchis mes jambes, contractant mes cuisses au maximum, et m’élance dans les airs. Je parcours les mètres qui me séparent du navire des Ailes Noires avec une série de Geppous que je parviens à effectuer malgré les conditions climatiques. Alors que je suis à mi-chemin entre les deux navires, je me rate et je tombe à l'eau. Je prends conscience de la situation : je suis seul, au milieu de la tempête, sans équipage et sans renforts, et je me jette dans la gueule du loup. Mais c'est pour le mieux. Je me débats dans la houle et parviens, en frappant l'eau avec mes jambes, à m'en sortir et à remonter dans les airs. Lorsqu’il ne me reste qu’une enjambée pour arriver sur le bateau pirate, j’accompagne mon Geppou d’un Soru pour me retrouver immédiatement sur le pont, sous les yeux des forbans qui s’y trouvent. La foudre zèbre le ciel, accompagnée d’un vacarme assourdissant. Pourtant, le bruit est masqué par mon cœur qui bat la chamade, comme s’il allait exploser hors de ma poitrine. Le son s’accentue et s’intensifie, jusqu’à ce que pareil à des acouphènes, je ne puisse entendre rien d’autre lorsque mes yeux se posent sur lui. Il se tient debout au milieu du pont. Ses cheveux noirs comme le jais, décoiffés par le vent et trempés par la pluie, retombent sur son front. Ils entourent ses yeux qui luisent d’un rouge de la couleur des rubis.

Alex… ? Frangin ?
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Frangin ? Quand m’a-t-il déjà appelé frangin ? Mes yeux s’écarquillent. Les siens sont doux. Il me sourit. Il s’avance vers moi… Et me prend dans ses bras. Je reste stoïque, figé par la surprise, incapable de bouger le petit doigt dans ma confusion. Un éclair traverse le ciel. La pluie et le vent redoublent d’intensité. Et je suis planté là. Cela fait cinq ans que je m’imagine ce moment. Que j’imagine et que je prépare ce que je vais lui dire. Tout ce que j’ai sur la conscience. Que je m’imagine l’insulter, lui dire qu’il a détruit notre famille, qu’il a détruit mes rêves et la confiance que j’avais en lui. Que je m’imagine lui demander pourquoi, comment il a pu en arriver là. Que je m’imagine lui demander pourquoi il ne m’en a pas parlé, pourquoi il ne m’a pas laissé l’aider. Et puis, je m’imagine aussi parfois ne rien dire de tout ça, et simplement le frapper au visage. Et frapper, encore et encore, jusqu’à ce que mes poings soient recouverts de sang. Hésiter entre le capturer, et l’exécuter sur le champ. Le scénario s’est joué des centaines de fois dans ma tête, avec à chaque fois des variantes subtiles mais différentes. Mais jamais je ne me serais imaginé qu’il m’enlacerait dans ses bras. Ses hommes ne bougent pas.

Je suis si content de te voir, tu m’as tant manqué !

C’est comme si j’étais revenu dans le temps. Comme si ces cinq dernières années ne s’étaient pas écoulées. Plus que ça même. C’est comme si nous étions à nouveau des enfants. Je ne parviens même pas à balbutier quelques mots. Il n’y en a qu’un qui sort de ma bouche.

Damian… ?

Et puis, tout d’un coup, je prends conscience de ma situation. C’est surréaliste. Je suis sur un navire pirate, membre de la flotte du Malvoulant, dans la tempête qui fait rage, en plein milieu de Grandline… Dans l’étreinte de la personne que je hais le plus au monde… Et qui ‘m’accueille à bras ouverts ? Non, je n’y crois pas. Le déni survient quand la réalité impose à une personne une situation intolérable. Un autre mécanisme peut alors entrer en jeu : le rejet, qui permet d’évincer la réalité. Je le repousse.

Je… Ne fais pas comme si de rien n’était, tu es un traître à la marine et au gouvernement mondial ! Tu penses que tu peux m’amadouer en me faisant les yeux doux ?
Alex… Tu n’es pas au courant ?
Au courant de quoi ?
Je n’ai jamais trahi… Je suis en mission. En infiltration au sein de la flotte du Malvoulant, en coopération avec le Cipher Pol.

Mon regard fuit le sien lorsque j’entends ces mots. Ce serait vraiment possible ? Le doute s’est installé en moi. Je suis à nouveau un petit garçon qui boit les paroles de son grand frère. Quelque chose au fond de moi me pousse à le croire… Ma détermination et ma conviction qui sont d’habitude sans faille sont érodées. Chancelantes. Pourtant, c’est illogique. Où sont passées ces années de fureur accumulée ? Les fondements de l’homme que je suis devenus peuvent-ils être à ce point ébranlés, en juste quelques phrases, et un sourire ? La foudre frappe à nouveau, non loin du bateau. Comme un enfant qui ne saurait s’exprimer, je ne parviens quasiment pas à lui répondre.

Q… Quoi ?
C’était une infiltration de longue durée, dont le but était d’affaiblir le Malvoulant pour accélérer sa chute. Il marque une courte pause, durant laquelle je reste immobile, comme si j’étais pris de catalepsie. Il pose ses mains sur mes épaules. Je suis si content de pouvoir enfin te revoir, et te le dire ! Ça m'a fendu le cœur de ne pas pouvoir vous prévenir, père, mère et toi… Tu es devenu Commodore ? Je ne suis pas étonné ! Je suis si fier de toi, frangin !

Je ne réponds toujours pas. Je n’en crois pas mes oreilles. Je relève la tête vers lui, et plonge mon regard dans le sien. Il est si chaleureux. Si doux. Et si c’était vrai ? Le Cipher Pol a déjà monté des coups bien plus tordus que ça… Mais pourquoi n’aurais-je pas été mis au courant ? C’est mon frère, tout de même… Et nos parents, dans tout ça ? Non, c’est impossible… Tout tend à prouver qu’il ment… Il n’y a aucune logique, aucune raison derrière ce comportement. Alors pourquoi est-ce que je doute comme ça ? Pourquoi une partie de moi veut y croire, plus que tout au monde ?

Damian, je… Je baisse les yeux, embarrassé.
Oh… Ne me dis pas que tu y as cru ?
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Je relève la tête et croise à nouveau son regard. La douceur a complètement laissé sa place à quelque chose d’autre. A quelqu’un d’autre. Quelqu’un de purement malveillant. Ses yeux rouges me transpercent. Ils ont la couleur du sang versé, la couleur des flammes de l’enfer. Tout d’un coup, la peur et la rage s’engouffrent en moi à toute vitesse. Je le sens, jusqu’au plus profond de mes entrailles… Et je sens son genou frapper mon ventre à pleine puissance. Je crache une épaisse gerbe de sang.

Hahahahahaha ! Je relève la tête vers mon frère, qui rit à gorge déployée. Oh… Tu as tellement gobé ça ! Tu aurais dû voir ta tête quand j’ai mentionné père et mère ! C’était si drôle !

Il se décale rapidement sur le côté et m’assène un puissant coup de pied, à nouveau en plein dans l’estomac. Je décolle dans les airs, et m’étale plusieurs mètres plus loin sur le pont du bateau. Je pose ma main sur les planches trempées par la pluie, et me relève péniblement. Il s’approche de moi en marchant, toujours en ricanant.

Tu es pathétique Alex. Tu as toujours été pathétique… Tu as vraiment hésité ? Tu as vraiment pensé que ça pourrait être vrai ?

Il me frappe encore avec son pied, balayant ma main et me faisant lourdement chuter contre le bois, tête la première. Ses hommes, toujours immobiles, ricanent de leur côté. Ce n’est pas la première fois qu’ils observent leur capitaine laisser libre cours à ses pulsions sadiques.

Je sais pertinemment que tu me traques… Tu commences à avoir une petite réputation, tu sais ? J’attends d’ailleurs ta venue depuis quelque temps ! Comme quand nous étions enfants, tu ne sais pas vivre ailleurs que dans mon ombre !

Il frappe encore, de concert avec la tempête qui gronde tout autour de nous. Je n’arrive toujours pas à bouger. Est-ce parce qu’il a raison ? Durant toute ma jeunesse, on m’a comparé à lui. Je me suis comparé à lui. Celui qui était un véritable génie, un prodige comme on en voit qu’une poignée par génération. Et aujourd’hui encore, je ne vis que pour le retrouver et me venger, et laver l’affront qu’il a fait à ma famille. Mais ce n’est pas pour autant que je vais lui donner raison. Alors qu’il s’apprête à me frapper à nouveau, j’encaisse son coup de pied avec ma main, et tire de toutes mes forces sur sa jambe pour le balayer. Il change rapidement d’appui, esquive et fait un petit bond en arrière pour se dégager. J’en profite pour me relever.

Tu me trouves pathétique ? Peu m’importe. Ce n’était pas un moment de faiblesse. J’ai simplement… Espéré. Mais au fond, je pense que je savais bien que tout ça n’était que des mensonges. Je marque une courte pause et commence à avancer vers lui. Tu es un sale traître Damian, et la honte de notre famille… Je n’en doute pas. Je veux juste comprendre pourquoi. Pourquoi tu as fait tout ça. Tu avais un avenir brillant ! Une famille aimante ! Je te prenais pour un modèle ! Tout le monde te prenait pour un modèle !b
Tu penses que j’ai quelque chose à faire, de l’admiration et des louanges de la plèbe ? Quand on est médiocre, on s’extasie de peu. Et j’ai toujours été entouré de gens médiocres. Prisonnier d’une cage dorée, en apparence, dans laquelle je ne pouvais pas étendre mes ailes. Il n’y a qu’en étant libre que je peux enfin atteindre mon plein potentiel.
C’est vraiment ça, la raison ?
Je ne m’attends pas à ce que tu puisses comprendre. Personne ne peut.
Ce n’est pas une question de comprendre ou non. Je suis juste choqué que ce soit une raison aussi stupide que l’orgueil qui ait motivé ta trahison.

Je serre fort le poing. C’est pour ça qu’il a tout envoyé au charbon ? J’aurais préféré qu’il me fasse une longue tirade sur la pression à exceller que lui mettait nos parents, ou qu’il blâme le sort… Il admet juste que c’est pour des raisons vaines et égoïstes qu’il a trahi. Pour un banal complexe de supériorité. C’en est presque décevant. Mais surtout, cela attise d’autant plus ma fureur et ma colère.

Comme ce doit être agréable, d’avoir des capacités et une vision des choses aussi limitées…
Tu insultes, Damian. Tu dis que tu étais entouré de gens médiocres. Mais on ne peut pas dénigrer, rabaisser les autres personnes sans se diminuer soi-même.
Je vois que tu n’usurpes pas ta réputation… C’est à coups de proverbes, de dossiers bien rédigés et flatteries que tu as pris ton grade ?
Non, c’est en capturant et en envoyant croupir en prison les pirates dans ton genre.

S’il justifie sa trahison par un complexe de supériorité, j’ai de mon côté toujours eu un complexe d’infériorité vis-à-vis de lui. Alors forcément, tout ce qu’on peut se dire va forcément faire sortir l’autre de ses gonds.

Ah… Parce que tu penses que tu pourrais me battre ? Hahahaha ! Ne me fais pas rire !
Je pense que tu serais surpris. Je me mets en garde et fais craquer mes phalanges. Lorsqu’il m’a frappé avec sa série de coups de pieds, j’ai pu avoir un aperçu de sa force. Ses coups étaient lourds, assurément… Mais rien d’insurmontable, surtout si j’utilise le Rokushiki. Assurément, il est plein d’arrogance et de suffisance… Mais moi, cela fait cinq ans que je m'entraîne durement, chaque jour. Alors s’il pense qu’il y a toujours une grande différence de niveau entre nous, il se met le doigt dans l'œil.
Très bien, Alex… Puisque tu sembles ne pas comprendre… Il marque une courte pause, et ses yeux rouges se fixent sur moi. Il n’avait que de la moquerie et de l'arrogance dans le regard, mais je peux clairement sentir que ceux-ci ont laissé place à une haine sans limite. Il est temps que je remette les déchets à leur place.

Il fonce sur moi à une vitesse qui rivalise presque avec celle du Soru. Il tente de m'asséner un coup de poing au visage. J’esquive avec le Kami-E, glisse sur le côté, et riposte avec une série de jabs dans son flanc. Il réagit avec une vitesse surhumaine, et pare chacune de mes attaques de ses mains bandées. J’anticipe un coup de pied circulaire qu’il me porte aux côtes en encaisse dans le biceps, en repliant mon bras droit. Abaissant mon centre de gravité et pivotant sur place, j’essaie de lui rendre le coup en visant sa tête avec mon talon droit grâce à un coup de pied retourné… Qu’il bloque aisément de la main, une fois encore, avant de me repousser. Ca ne va pas être de la tarte… Effectivement, c’est un véritable prodige du combat. Mais je peux y arriver. Et puis… S’il y a un combat ou je dois tout donner, c’est bien celui-là.

Après tout, c’est le combat de toute une vie.
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Les coups s'enchaînent et pleuvent sans discontinuer… Illustrant parfaitement nos styles de combat respectifs. Le mien, scolaire, s’inspire de toutes les formes différentes que j’ai pu étudier et pratiquer avec le temps. Les milliers d’heures passées à répéter ont gravé en mois les diverses techniques et enchaînements qui me rendent aussi fort aujourd’hui… Mais ce n’est pas tout. Les stratégies et les tactiques que j’emploie, les réflexes défensifs et offensifs sont également le résultat de ma détermination et de ma persévérance. Et à côté de ça… Il y a Damian, qui se révèle être complètement imprévisible. Il base tout sur son instinct et ses capacités hors du commun, tout en étant d’un flegmatisme… Et si effectivement son complexe de supériorité ne semble pas justifié, j’en comprends l’origine en échangeant quelques coups avec lui. Un frisson parcourt ma colonne vertébrale. Le talent à l’état brut… C’est véritablement effrayant.

Comme contre l’Agent Devon, à Drum, où le combat était un véritable étal de maîtrise du Rokushiki, cet affrontement se règlera par de la pure technique… Et sans doute au Haki. Je garde cette capacité comme un atout dans ma manche, mais j’ai le mauvais pressentiment que Damian fait la même chose… Il faut que je sois décisif et que je le force à faire des erreurs. Je raidis l’index et le majeur de mes deux mains, et commence à l’attaquer avec une série ambidextre de Shigans en jabs. Il pare tout à la dernière minute, dégageant mon bras en le frappant avec justesse et précision au niveau du poignet, ou décalant sa tête et son épaule au dernier moment… Et riposte avec tout autant de vitesse et d’efficacité. Ses coups sont lourds… Mais si je ne les bloque pas, ils viennent s’écraser sur mon Tekkai sans que je ne subisse de dommages.

Il vient effectuer une frappe verticale du tranchant de la main, pour viser ma tête. Je bloque en levant mes avant-bras croisés. Le choc est puissant, et je sens le bois craquer sous mes pieds à l’impact. Je retourne et ouvre une de mes mains pour me saisir de son poignet et, ramenant mon poing à ma taille, le tire violemment vers moi, tout en faisant levier sur son coude avec mon autre bras. Ma prise d'aïkido l’envoie dans les airs sans qu’il ne puisse contrer. Je ne lui laisse pas de répit. D’un Soru, je décolle à sa poursuite à toute vitesse. Mais ce n’est pas assez efficace. Il bloque tous mes coups depuis le début de notre affrontement avec une facilité déconcertante. Il faut que mes coups soient décisifs, imprévisibles, trop rapides et puissants pour qu’il puisse les contrer. Alors au lieu de l’attaquer de front, je change au dernier moment de direction avec mon Kamisori, effectuant une feinte d’attaque. Puis une autre. Puis encore une autre. Finalement, je fonds sur lui après un quatrième changement de direction aérien. Impossible qu’il ait anticipé ça. Mais pourtant, il est prêt à me recevoir, et alors que je fonce sur lui avec la pleine vitesse du Soru, son regard de braise se pose sur moi. Il a prévu mon mouvement, ou il y a simplement réagi avec une vitesse surhumaine ? Toujours est-il qu’il parvient, une fois de plus, à bloquer mon attaque.

Nous continuons d’échanger les coups. C’est un combat serré, bien plus que je ne le pensais… Mais c’est clairement à mon avantage d’un point de vue psychologique. Il a visé juste, juste avant, lorsqu’il a dit que je vivais dans son ombre. J’ai passé tant d’années à penser que je ne lui arriverais pas à la cheville, et pourtant nos niveaux sont plus proches que je ne l’aurais jamais imaginé. Si de mon côté cette conclusion me galvanise, je commence à sentir que ce n’est clairement pas le cas du sien. Il commence à afficher une moue de dégoût (pour moi ou pour lui-même, ça je ne saurais le dire)... Et est étrangement silencieux, pour quelqu’un qui a passé tout le début de nos retrouvailles à faire de l’esbroufe et à me rabrouer. Sa performance martiale commence même à décliner. Même si la différence est infime, le combattant expérimenté que je suis parvient à sentir qu’il n’est plus en phase avec son propre rythme. Son arrogance commence à le perdre. Il riposte moins, et se contente simplement de repousser mes attaques. Il essaie de nous prouver à tous les deux qu’il m’est supérieur.

Alors je saisis ma chance. J’accélère la cadence, enchaînant les jabs et visant son visage, avançant par petits pas courts et nerveux. A chaque fois, il bloque avec la paume de sa main. Je frappe en restant léger sur mes appuis. Une fois. Deux fois. Et à la troisième, je mets tout ce que j’ai dans mon coup, de ma hanche jusqu’au bout de mon bras. Tout ce que j’ai, du plus profond de mon corps et de mon âme. Mon avant-bras se noircit de Haki jusqu’à mon poing et frappe sa main avec une rare intensité, traversant sa garde et allant fracasser son nez. Il dérape en arrière sur plusieurs mètres. Un éclair traverse le ciel, accompagné du grondement fracassant de la foudre. Et dans cette scène teintée de nuances du gris sombre du ciel et des vagues, deux yeux rouges brillent de mille feux. Ils brûlent de haine. J’en tremble. A-t’il toujours eu ce regard, même quand nous étions enfants ? Étais-je simplement aveugle ? Non, définitivement non… Il passe sa main sur son nez et le côté de son visage, qui saignent abondamment. Il regarde cette dernière, puis repose ses yeux glaçants sur moi.

Oh tu dois te sentir fier, n’est-ce pas ? Il crache un glaviot ensanglanté par terre. Tu te penses fort ? Tu te crois mon égal ?
A toi de me dire, qui de nous deux a versé le premier sang ? Ce n’est pas mon genre de provoquer un adversaire gratuitement… Alors pourquoi ? Parce que je veux lui prouver qu’il a tort ? Parce que je veux croire que les années d’entraînement et d’efforts suffisent à surpasser le talent naturel. Ou peut-être que c’est parce que je le hais, et que je voudrais qu’il souffre comme j’ai souffert ?

Ah, tu veux jouer à ça ? Très bien… Je vais être un peu sérieux et te montrer la différence entre un génie et le commun des mortels… Et tu apprendras à resterà rester à ta place.

Quand on provoque le taureau, il ne faut pas s’étonner de se frotter à ses cornes… Alors, je dois me tenir prêt. Mais le temps que je le réalise, il est déjà sur moi, le bras recouvert de Haki. Les yeux injectés de sang… Et il frappe.
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Je place les bras en croix devant moi, les noircit de Haki et me prépare à encaisser son coup. Sa main n’est pas encore entrée en contact avec ma garde et pourtant, je sens déjà comme une force qui me repousse et qui s’écrase contre moi. Lorsque sa frappe arrive, une chaleur vibrante me traverse. Mais pas la chaleur réconfortante d’un feu de cheminée, ou la chaleur étouffante du soleil de midi. Non, c’est une chaleur brûlante, qui me consume de l’intérieur. C’est comme si je me faisais foudroyer, comme si je me faisais transpercer des milliers d’aiguilles. La première chose qui me traverse l’esprit, c’est que la sensation me rappelle le Rokuogan de l’Agent Devon, lors de ma mission à Drum… En dix fois pire. Je suis violemment projeté en arrière sur plusieurs mètres. Je frappe du poing par terre et tente de me relever, crachant une épaisse gerbe de sang par terre. Qu’est-ce que c’était que ça ? J’ai bloqué son coup. J’en suis sûr. Et avec du Haki, qui plus est. Alors comment se fait-il que l’attaque me cause autant de dégâts ?

Je relève la tête et constate que Damian fond à nouveau sur moi… Et qu’il a clairement augmenté sa cadence et sa vitesse par rapport à toute à l’heure. Et surtout… Il semble enragé. Il plonge, jambe en avant, et tente de m’écraser la tête avec un puissant coup de talon. N’ayant pas le temps de me relever et de me mettre dans une position qui ne me mette pas immédiatement en danger, j’esquive en roulant sur le côté. Son pied se plante dans le bois du pont du bateau, le fracassant sous l’impact… Dont je me sers, une fois remis à plat ventre, pour m'éjecter dans les airs en poussant avec mes paumes. Je me stabilise, à la diagonale, en effectuant un Geppou, et me propulse sur lui avec le Soru. Mes doigts de mes deux mains raidis par le Shigan, je lui assène une véritable volée de coups… Qu’il ne bloque pas comme auparavant. Non, au lieu de ça, il se contente simplement d’esquiver… Hormis que ses esquives n’ont rien de simple. Elles sont millimétrées. Mes doigts passent à chaque fois à quelques centimètres de son corps… Si bien que j’ai l’impression de me battre contre un fantôme, ou d’essayer d’attraper un souffle.

La panique commence à me gagner. Je serre les dents pour prendre sur moi alors que je ressens toujours la douleur de son coup précédent. Je pense aux dégâts que j’ai subi alors que j’ai pourtant utilisé mon Haki pour me protéger. Si ce n’était pas le cas… Je ne sais pas dans quel état je serais. Et cette pensée me terrifie. Pourtant, mes mouvements ne perdent ni en assurance, ni en précision. Alors qu’est-ce qui explique que la différence est aussi écrasante ? Surtout par rapport à toute à l’heure où nous semblions presque au même niveau ?

Je continue de frapper, encore et encore, presque désespérément. Sur une de ses esquives, il effectue un petit spin et me balaie ma jambe d’appui avec son talon, ce qui me déséquilibre. Il tente immédiatement de me frapper au visage… Sans doute en représailles de l’avoir précédemment fait saigner du nez. En réflexe, je colle mes deux avant-bras l’un à l’autre, les recouvre de Haki, et les porte à ma tête pour me préparer à encaisser… A ma grande surprise, il passe à côté de ma garde, comme s’il m’avait manqué… Non. Là encore, il m’a esquivé. Je sens alors son bras passer derrière ma tête et sa main se serrer sur ma nuque. Il me tire alors violemment vers lui… Et m’assène un coup de genou surpuissant dans le ventre. Cette fois encore, je sens une vague d’énergie me traverser à toute vitesse… Et une ampleur démesurée par rapport au coup précédent. J’avais à peine eu le temps de contracter mes muscles abdominaux avant que son coup ne m’atteigne… Et mon Haki étant concentré sur mes bras… Je ne m’étais absolument pas protégé. J’étais un homme nu face au blizzard de son Haki… Et j’en paye le prix.

Je m’effondre par terre, plié en deux, vomissant un flot de sang noir. Mon corps tout entier tremble. J’ai des douleurs à l’estomac, au foie, aux reins. Je crois que mon coeur est en train de fibriller. Chaque bouffée d’air me brûle jusqu’au plus profond de mes poumons. Après avoir encaissé deux fois son attaque, j’en arrive à la conclusion logique que lorsqu'il me frappe avec son Haki, ce dernier s’immisce en moi et me détruit de l’intérieur, comme un poison d’une rare virulence. Semblant s’être un peu calmé, Damian s’avance lentement vers moi. Je ne sais pas quelles sont ses intentions. Mais je dois bouger. Je suis terrorisé. Comme une proie face à son prédateur, sentant que je pourrais mourir à chaque instant. A ce moment-là, mon instinct de survie prend le dessus sur mes désirs de vengeance et toute cette haine accumulée depuis cinq ans... Je sais que ce n'est clairement pas un combat que je peux gagner. Je dois fuir. Et pourtant, je m’étais souvent juré que j’exaucerais mon souhait de vengeance quitte à en mourir. Mais confronté à cette inéluctable issue… Je veux fuir, et vivre. Et j’en suis incapable. Je suis tétanisé, face contre le bois, mes bras serrant fortement mon ventre qui va exploser. Mes cheveux détrempés par la pluie battante sont collés sur mon visage alors que je sue à pleines gouttes. Sur Aeden, j’avais été confronté à cette peur si réelle de la mort, lorsque le Seigneur Ombre, du Conseil des Dragons de l’Armée Révolutionnaire était apparu. Mais à Aeden, le Vice-Amiral Fenyang était là. Là, je suis seul.

Sans renforts, sans mes hommes. Seul dans la tempête.

Seul face à la mort.
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Hahaha ! Voilà, tu vois que tu as fini par trouver ta place, Alex ! Tu grouilles par terre comme un insecte. Tu ne m’arrives pas à la cheville.

Je relève péniblement la tête vers Damian, qui s’est accroupi juste devant moi. Ses yeux rouges me glacent le sang. Je tousse une nouvelle giclée de sang que la pluie étale sur les planches du pont du navire des Ailes Noires. Je rassemble mes quelques forces restantes pour prendre la parole.

Kof… C-comment… ? Kof… Kof… Comment c’est possible ?

Je veux comprendre. Nous nous ressemblons tellement physiquement qu’il n’y aucun doute quant à notre fraternité. J’ai emboité ses pas, le suivant comme son ombre pour la plus grande partie de ma vie. Je me suis crevé à la tâche, je n’ai jamais raté un seul jour d’entraînement pour espérer l’égaler. Pourtant, la différence de niveau et de puissance entre nous deux est abyssale. Et je suis incapable de me l’expliquer.

Ha… T’en fais pas Alex. Tu te débrouilles vraiment bien… Pour quelqu’un de lambda. Tu vois, on m’a souvent dit que j’étais orgueilleux… Mais quand le génie et le talent sont là… Est-ce vraiment de l’orgueil ? Suis-je vraiment dans le tort alors que je ne fais que dire la vérité ? Il commence à discourir, et je me rends qu’il a complètement viré dans la mégalomanie. Quel psyché torturé doit-on avoir pour finir dans cet état-là ? Alors que toi… Tu aurais dû rester humble, au vu de tes… Limites. Ça y est, tu es capable d’utiliser un tant soit peu ton Haki et tu te crois à mon niveau ? S’il te plait…
Kof… Un… Un tant soit peu ? Kof… Je manque de m’étouffer, et tousse à la place un nouveau glaviot ensanglanté. Depuis que j’ai éveillé ce pouvoir, j’ai passé des dizaines d’heures à le pratiquer et à l’affuter. Désormais, je peux renforcer mes membres pour qu’ils soient bien plus durs que l’acier sans Tekkai, et ressentir la présence des êtres vivants à des centaines de mètres autour de moi. Et ça, c’est un tant soit peu ? Kof…
Non, sérieusement Alex ! Hahaha ! Tu penses vraiment que c’est ça, maîtriser le Haki ? Tu es encore plus pathétique que ce que je pensais ! Il rigole à gorge déployée, attrape mes cheveux et soulève ma tête en tirant dessus. Ce que tu fais, je savais déjà le faire alors que j’étais encore à Kage Berg ! Et dans le Nouveau Monde, un gamin sur deux sait faire bien mieux !

Je me décompose intérieurement. Me dit-il ça uniquement pour me faire souffrir, comme toute à l’heure ? Non. Il se targue dans son orgueil d’être honnête et franc. Il exagère peut-être un peu, mais… Dans le fond, il doit dire la vérité. Je peste intérieurement. Il relâche ma tête qui vient s’écraser lourdement au sol, puis il se relève et commence à faire quelques pas. Je crache à nouveau du sang.

Et encore… Les Hakis de l’Armement et de l’Observation, tout le monde peut le faire. Même les plus débiles… Projeter son Haki et détruire ses adversaires de l’intérieur, ressentir les intentions et les émotions voire même prévoir l’avenir… En y mettant le temps et l’effort… N’importe qui peut faire ça… Non… Il se retourne vers moi, avec un large sourire sadique gravé sur son visage. Le vrai Haki, c’est celui de l’ambition. Celui des génies, des conquérants, de ceux qui laisseront leur trace dans ce monde. Le Haki des Rois.

Son regard s’intensifie et je suis tout à coup pris d’un malaise. Mon cœur se serre au fond de ma poitrine et je sens toute son aura pénétrer mon esprit, jusqu’à m’en donner la nausée. La sensation est particulièrement similaire au coup de pression que m’avait mis le Vice-Amiral Fenyang… Mais maintenant que je l’ai expérimenté une seconde fois, je suis clairement capable de différencier la nature de l’aura qui assiège mon esprit. Comme si elle était teintée de toute l’individualité de la personne qui l’expulse. Et dans le cas de Damian… Je peux sentir toute sa malveillance, sa suffisance et son mépris pour moi. Je m’étouffe à nouveau. Je sens que la réaction est purement psychosomatique… Mais elle est tout de même bien réelle : je suis complètement à sa merci. La domination est totale : physique, psychologique, et même mentale… Et je ne sais pas quoi faire. J’ai l’impression que la seule issue que j’ai, c’est d’abandonner. Et d’espérer qu’il en finisse vite.

Allons, fais pas cette tête là Alex… C’est pas parce que c’est sans espoir pour toi qu’il faut déprimer !

Il s’avance à nouveau vers moi et me donne un léger coup de pied, comme s’il s’assurait que j’étais mort… Et bien que je le sois presque physiquement (mais pas tout à fait), c’est mentalerment cas.

Déchet.

Il crache sur mon visage. L’eau mêlée de mon sang coule sur le pont et vient glisser sous ses chaussures.

Capitaine, désolé de te déranger pendant que tu t’amuses, mais… La tempête nous fait dériver vers l’Archipel de Boyn. Je vois du coin de l'œil un de ses hommes, qui se tenait immobile depuis toute à l’heure, approcher.
Hmpf… Tu penses que j’ai peur de quelques plantes ?
Toi non… Mais c’est pour le bateau que je m’inquiète. Les eaux autour des îles sont couvertes de sargasses dans lesquelles les navires s’enlisent… Et puis, dans tous les cas, on n’est clairement plus sur le Cap de l’île du Levain. Alors tant qu’à faire…
Bah… Tant pis. Il essuie sa botte sur mes cheveux, puis fait demi-tour. Cap sur Dead End. On retentera d’y aller depuis là-bas. Et puis ça nous donnera l’occasion de bien se rincer et de se trouver quelques recrues.
Et lui, qu’est-ce qu’on en fait ? Il me pointe du doigt.
Pfff… Damian souffle et se retourne vers moi. C’est un déchet. Et les déchets, on les balance à la flotte. Jette-moi ça par-dessus bord.
Hé… Je croyais que la mer c’était pas une poubelle… Héhé.
Fais ce que je te dis si tu veux pas finir dans le même état.
Aye Capitaine…

Il m’attrape par les cheveux et commence à me traîner sur le pont. Je pourrais me débattre. Je pense que je pourrais l’affronter en un contre un. Mais après, quoi ? Damian se retourne sur moi et me tue proprement, cette fois ? Non. J’en suis terrorisé. Je ressens encore sa présence dans mon esprit. Mon crâne sous sa botte, prêt à craquer. Si nous devions nous affronter à nouveau… Je sais que je ne pourrais pas combattre… Mais je crois également que je ne pourrais même pas fuir. Je resterais à nouveau planté là, stoïque, tétanisé par l’angoisse. Alors qu’il me hisse sur le bastingage du navire et qu’un énième éclair zèbre le ciel, Damian se retourne.

Bon débarras.

Je chute par-dessus bord et plonge dans les eaux glacées de Grandline. Seul. Et avec pour seuls goûts dans la bouche ceux du sang, de la défaite, et des ambitions brisées.


Dernière édition par Alex Raines le Sam 27 Jan 2024, 15:19, édité 1 fois
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Je sors la tête de l’eau et prend une grande bouffée d’air. Je suis au bord de la noyade, ayant à peine la force de me garder au-dessus des flots. Et les vagues et la tempête n’aident pas… Tout mon corps me fait atrocement souffrir… Mais c’est un peu devenu une habitude, que je passe mon temps et mes missions à me faire grièvement blesser. Tant que mon cœur est encore en train de battre, je ne me laisse pas mourir. Une énorme vague vient me frapper de plein fouet, et je bois la tasse. J’émerge à nouveau. Je n’y vois rien du tout. La météo est bien trop mauvaise pour que j’ai une quelconque visibilité. En temps normal, je ne m'inquièterais pas tant que ça si je devais nager dans les eaux de Grandline – c’est un entraînement que j’effectue régulièrement. Mais là, en pleine tempête, en n’ayant aucune idée de la direction de la terre la plus proche…

Je ne parviens même pas à rester à la surface quelques instants, le temps de réfléchir, de collecter mes pensées, et de prendre la meilleure décision. Chaque mouvement, chaque geste que j’effectue est un véritable combat contre la douleur, qui assaille chaque parcelle de mon organisme. Les moments où je parviens à me pousser jusqu’à la surface pour prendre une bouffée d’air sont de plus en plus brefs. A chaque fois, de l’eau manque de s’engouffrer dans ma gorge… Et si cela vient à se produire et que je m’étouffe, je ne sais pas si j’aurais l’énergie nécessaire pour continuer à nager. Des pensées macabres traversent mon esprit. Est-ce que c’est comme ça que je vais mourir ? Seul, au milieu de l’océan ? Sans qu’on ne puisse retrouver et enterrer mon corps ? Oublié de tous parce que je n’ai pas réussi à accomplir mes objectifs ?

Et puis, il y a un flash lumineux jaune-orangé qui traverse le ciel. Au vu de sa couleur, ce n’est ni un feu de Saint-Elme, ni un éclair, mais bien une lumière produite par une flamme. Serait-ce la lanterne d’un bateau ? Je suis sûr et certain que Damian est loin à l’heure qu’il est… Alors il s’agit d’un autre navire ? Quoiqu’il en soit, c’est une chance… Ou plutôt, c’est ma seule chance. Je puise dans mes réserves, et pousse de toutes mes forces sur mes jambes pour me sortir de l’eau. Je me propulse dans les airs, et effectue un Geppou imparfait pour me maintenir à quelques mètres au-dessus de la surface, tournant la tête dans tous les sens dans l’espoir d’apercevoir l’embarcation providentielle… Mais il n’y a rien. Rien d’autre que l’immensité de l’océan et du ciel qui se déchaînent autour de moi.

Alors que je suis en train de retomber et qu’une vague vient me happer, le flash lumineux se produit de nouveau. Je heurte la surface de l’eau. Je ne me suis pas laissé tomber de très haut, mais la douleur semble être amplifiée et se réverbérer dans tout mon corps. Je sors la tête des eaux et prends une grande inspiration. Le flash lumineux n’a duré qu’un court instant… Mais je crois être parvenu à déterminer l’emplacement de son origine. Je serre les dents, et prends sur moi pour que la douleur ne me fasse pas m'évanouir… Et je mobilise mes dernières forces pour nager parmi les vagues vers la fameuse lumière. De temps en temps, je sors la tête de l’eau pour m’assurer que je me dirige toujours dans la bonne direction… Et je suis les flashs lumineux à mesure qu’ils se produisent à nouveau, et se répètent périodiquement…

Jusqu’à ce que je comprenne, lorsque j’en suis suffisamment proche. Cette lumière de lampe qui grandit à mesure que je m’en approche et qui produit un flash régulier… Il s’agit d’un phare ! Et là où il y a un phare, il y a la côte et la terre ferme ! La pensée d’à nouveau poser le pied sur le plancher des vaches me galvanise et me revigore. Je parviens à effectuer les dernières brassées qui me séparent des premiers rochers de ce qui s’avère non pas être une île, mais un îlot. Les vagues commencent à m’emporter, et à me pousser vers des rochers tranchants. Je raidis mon corps avec le Tekkai et rebondis sur les pierres, parvienant tant bien que mal à éviter de m’empaler dessus. Mais la fatigue me gagne peu à peu. Allez Raines, du nerf ! Plus que quelques mètres ! Finalement, une ultime vague me soulève et me pousse dans une petite crique. Je m’échoue et m’étale de tout mon long sur une plage de galets, la face vers le ciel. La pluie diluvienne tombe sur mon visage alors que je halète et peine à reprendre mon souffle. Je suis en sale état… Mais je suis en vie. Et pour le moment, je ne demande rien de plus.

Quelques minutes s’écoulent, qui me sont absolument nécessaires pour reprendre mes esprits et ma respiration, durant lesquelles je reste immobile… Et durant lesquelles je pense être tombé inconscient. D’ailleurs, je ne saurais dire si ce ne sont que quelques minutes ou plutôt plusieurs heures qui ont passé. Durant la tempête, la nuit est tombée, et avec elle les températures également. Je ne peux pas rester là, et après avoir survécu à la noyade, mourir bêtement d’hypothermie : je dois atteindre le phare et y trouver refuge. Je me relève péniblement. Mes jambes endolories parviennent à peine à me porter… Mais le pire, c’est mon ventre. Tous les muscles de ma ceinture abdominale, mon diaphragme et les organes du bas de mon corps sont sévèrement endommagés… Et le simple fait de rester debout, surtout après les miles que j’ai dû nager, me fait atrocement souffrir. Plié en deux, à moitié avachi, je me hisse hors de la crique et commence à escalader l’ilôt, me dirigeant vers le phare.

Après plusieurs minutes à lentement crapahuter sur la roche glissante, j’atteins désormais la porte de l’édifice. Alors que je m’effondre dessus, elle cède sous mon poids et s’ouvre, et je tombe face contre le sol. Je rampe sur le plancher, pousse la porte du pied pour la fermer et me retrouver enfin au sec, puis m’adosse à un des murs de pierre. Je ferme les yeux un instant. J’ai mal partout et je suis épuisé. Je me sens sombrer dans l’inconscience, presque sans m’en rendre compte. Mes sens de l’observation et mon bon sens engourdis par la fatigue et l’épuisement, je m’endors rapidement, dans ce lieu inconnu. Sans même me faire la réflexion qu’il est étrange que le phare soit en fonctionnement, s’il est inhabité. Sans même me demander qui a allumé le feu de cette cheminée, ou apporté le morceau de pain qui se trouve sur la table. Sans même m’assurer que les présences que je sentirais faiblement, si j’utilisais mon Haki, sont bien alliées et non hostiles…
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