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Dans l'antre de la paresse

Eh ! Faut se réveiller ! Ou pas, c’est vous qui voyez… Moi ça m’arrangerait de pas me réveiller…

J’ouvre les yeux et émerge péniblement d’un sommeil qui n’a clairement pas été ni suffisamment réparateur, ni au moins ne serait-ce que confortable. Je me redresse avec difficulté le long du mur de pierre contre lequel je m’étais adossé. Devant moi, il y a quelqu’un qui est assis sur le banc en bois et accoudé sur la table qui se trouve au centre de la pièce. Il est habillé d’une longue robe de chambre en velours rouge et dont les coutures sont dorées. Ses longs cheveux noirs et fins tombent sur ses épaules en une ribambelle d’épis entremêlés comme s’il venait de se réveiller et qu’il n’avait prêté aucune attention à son apparence. De son autre main, il gratte une barbichette qui est également peu soignée.

Vous êtes qui, d’ailleurs… ?
Je… Je suis le Commodore Raines, de la 2ème division…
Un marine ? Oh…
Et vous êtes… ?
Fatigué… Si fatigué…
Non mais qui êtes vous ?
Je m’appelle Drake. J’habite ici.
Et c’est quoi ici… ?
Vous êtes à Turpitude. Le nom me parle, mais impossible de situer l’île concrètement sur une carte. Où en ai-je déjà entendu parler ?
Tur… Turpitude ? C’est où ça, exactement ?
Oh… Euh… Vous en avez beaucoup des questions ? C’est juste un phare. Sur une petite île.
Merci… Je… Je dois retrouver mon équipage…

J’essaie de me relever, mais mes jambes ne me portent pas, comme si j’étais un veau qui venait de sortir de sa mère. Je tombe lourdement au sol.

Ne soyez pas pressé, de toute manière il n’y a rien sur cette île, même pas une barque à piquer pour partir, si c’était votre intention… Je peste intérieurement. Il reprend. Vous avez l’air dans un sale état. On dirait que vous avez échappé de peu à la mort. Je vous plains de ne pas avoir pu connaître sa douce délivrance…
Je… J’ai besoin de reprendre des forces… Vous avez quelque chose à manger, et à boire ?

Comme tout bon héros de mythe ou de légende, je tire ma force de la nourriture. Je n’ai aucun doute que me rassasier me rendra au moins ce qu’il faut de forces pour partir à la recherche de mes hommes. Je lance un regard au morceau de pain qui se trouve sur la table.

Ah… Euh… C’est que… Je comptais justement m’en faire un sandwich, de celui-là… Et c’est le dernier morceau de pain… Je laisse échapper un long soupir. D’un autre côté, ma maîtresse va sans doute bientôt revenir… Et il n’y a rien d’autre à manger. Bah !

L’air visiblement agacé, il porte ses mains à sa ceinture et commence… A se frotter le nombril vigoureusement.

Euh… Monsieur Drake, je me vois dans l’obligation de vous rappeler que l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui est punie par l’article 222-32 du Code Pénal…

Il semble ignorer ma mise en garde et continuer, jusqu’à ce que tout d’un coup, un large nuage de fumée bleue apparaisse. La fumée se condense alors rapidement, dessinant les formes d’un spectre barbu dont les muscles évanescents sont saillants, et qui tient dans sa main droite une grande arme d’hast de style bisentô. La moitié basse de son corps n’est pas totalement définie, et est rattachée à la ceinture de Drake.

Vous m’avez appelé, Maître ?
Génie ! Prépare à manger ! Je me sentirais bien de manger une bonne blanquette…
Vos désirs sont des ordres.

La lance de la forme éthérée se transforme alors en couteau de cuisine, et un tablier apparaît sur son corps. Il commence alors à attraper carottes, oignons, poireaux et un bon morceau d’épaule d’agneau qu’il commence à désosser. D’une main experte, il débite la viande, et tranche les légumes en morceaux réguliers.

Que… Qu’est-ce que c’est que ça ?
Je suis le génie de la lampe de Maître Drake. C’est un homme-lampe depuis qu’il a mangé le fruit de la lampe, qui peut m’invoquer et me commander selon ses ordres.

Je hausse le sourcil, épaté de voir devant mes yeux un véritable utilisateur de fruit du démon… Et quelque peu circonspect quant à son utilité. La perspective de pouvoir invoquer un génie qui peut exécuter ses ordres semble utile, mais… Drake semble devoir maintenir sa manifestation physique en frottant sans interruption sa ceinture… Ce qui semble en ôter une bonne partie de sa praticité. Au final, même en invoquant son fantôme, il ne peut se servir que d’une seule paire de mains… Et à l’air un peu étrange, à s’astiquer ainsi le nombril. Je ne commente pas mes pensées à haute voix, estimant que ce pouvoir doit renfermer d’autres spécificités ou utilités que je ne soupçonne pas. Le génie singe la viande, y ajoute les légumes et de l’eau, et commence à porter le bouillon à ébullition.

Voilà, Maître Drake, la cuisson est lancée. Réinvoquez-moi dans une heure et demie pour que je lie la sauce et prépare l’accompagnement.

Drake cesse alors de frotter sa ceinture, et le génie disparaît.

Pratique, n’est-ce pas ? Surtout quand j’ai la flemme… Et ça arrive souvent… Il affiche un air satisfait et fait craquer ses phalanges en s’étirant. Eh, vous m’écoutez ?

Mes yeux se sont petit à petit fermés alors qu’il parlait. Je suis épuisé, et affamé. Et une heure et demie de cuisson, c’est beaucoup trop pour que mon corps encaisse ! Il aurait vraiment pu me donner le morceau de pain !
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L’odeur de la viande cuite et bien parfumée vient me chatouiller mes narines, et me sort de la torpeur dans laquelle je me retrouve. Récupérant pleinement mes sens, je me réveille à nouveau.

Bon retour parmi nous !

Drake me tend un bol de blanquette qui me met immédiatement l’eau à la bouche, que je m’empresse de lui arracher des mains et d’avaler goulument. La chaleur de la nourriture et les différents nutriments qu’elle contient semble me passer directement dans les veines et instantanément me revigorer. Je soupire lentement, repu, en posant mon écuelle par terre, puis passe ma main dans mes cheveux décoiffés, que je plaque en arrière. Je souffle un coup. Les derniers événements ne m’ont pas ménagé, entre l’épisode d’Aeden et mes retrouvailles avec mon frère… J’aurais bien besoin d’un peu de repos. A trop tirer sur la corde, on finit par craquer. Je sens que le temps que je vais passer ici, à attendre que mon équipage me retrouve et vienne me chercher sera au moins ressourçant… Bien que j’espère qu’il soit bref, car mon compagnon de solitude m’a l’air un peu barbant… Alors autant prévenir mes hommes, et qu’ils viennent rapidement me chercher.

Merci pour votre aide, Drake. Avez-vous un escargophone ici, que je pourrais utiliser ?
Ah, malheureusement, il n’y a rien de ce genre, ici…

Je parviens cette fois à me relever complètement, remercie Drake d’un hochement de tête puis parcourt la pièce jusqu’à l’unique fenêtre de ce rez-de-chaussée. Au loin, il n’y a rien que l’océan à perte de vue, et des vagues qui s’écrasent sur les récifs qui se trouvent au pied du phare. Je tourne la tête vers Drake, qui après avoir baillé, semble à son tour somnoler.

Attendez… Vous n’avez aucune embarcation pour quitter l’île et aucun moyen de communication pour contacter l’extérieur ?
Effectivement…
Du coup, vous ne pouvez jamais bouger d’ici ?
Non…
Pourtant, vous avez des légumes et de la viande fraîche pour cuisiner… C’est votre génie qui vous amène tout ça ? Je suis dubitatif. Le phare dans lequel nous nous trouvons est planté sur un rocher qui est à peine plus large que lui, en plein milieu de Grandline. Autour, tout n’est que pierre escarpée, désolée et rongée par le sel. Impossible qu’il y ait d’autres animaux ici que de rares oiseaux qui viennent nicher dans les cavités dans la roche. Ayant grandi à Kage Berg, je m’y connais en bovidés… Impossible qu’il y en ait dans le coin.

Non, c’est la maîtresse des lieux qui s’en charge.
Ah ? C’est la propriétaire de ce phare ?
En quelque sorte…
Et elle est absente ?
Oui, mais elle ne devrait pas tarder à rentrer…

J’acquiesce en silence sans demander plus d’informations. Je me satisfais de savoir que si cette personne vient sur l’île, elle aura forcément une embarcation qui me permettra de la quitter. Plus qu’à prendre mon mal en patience, alors, et tuer le temps…

Et du coup, vous vous êtes retrouvé ici comment ?
Comme vous, j’ai naufragé sur cette île… Mais j’ai un peu la flemme de vous raconter ma vie… J’aimerais bien aller me recoucher…
Ah… Mais pourquoi vous n’en êtes jamais parti ? Pour vivre une vie d’ermite ?
C’est un peu plus compliqué que ça…

Je hausse le sourcil, un tantinet agacé par ses esquives. D’un côté, effectivement, je lui fais la conversation alors qu’il n’a pas l’air bien disposé à parler. De l’autre… Qu’est-ce que je suis censé faire ? C’est pas comme s’il y avait l’air d’y avoir d’autres activités, sur cette île… Je pourrais reprendre mes entraînements, mais dans mon état, j’aurais peur de faire un pas de plus vers la tombe…

Disons que c’est compliqué de vivre une vie quand on veut mourir…

Je tourne la tête et remarque le bras qui est posé autour de mon cou. Je la tourne alors rapidement de l’autre côté. La tête d’une femme est posée dessus. Sous son tricorne, ses cheveux bruns, longs et fins, tombent de manière éparpillée tout autour de sa tête et devant ses yeux. Au premier abord, je crois que ces derniers sont maquillés… Mais ce que je prends pour du fard à paupières est en réalité d’épaisses cernes qui cerclent ses yeux. Elle a le regard dur, et fatigué, mais affiche un sourire amusé, presque narquois. Je baisse les yeux. Elle a un décolleté plongeant vers sa poitrine généreuse, rehaussée par le corset et le justaucorps qu’elle porte. Je relève les yeux. Sa beauté est captivante… Et presque effrayante. Et puis tout d’un coup vient la réalisation… Quand est-elle rentrée ? Quand est-elle passée dans mon dos et a posé son bras autour de moi ? Et surtout, comment je ne m’en suis pas rendu compte ?

Qu’est-ce que…

Je ne finis pas ma phrase. Tout à coup, alors qu’elle descend sa main et me frôle l’épaule, je suis projeté… Non, ce n’est pas exact. Je suis simplement “déplacé” d’un mètre sur la droite. Comme si elle m’avait poussé, mais sans la moindre force ou le moindre effort.

Ah, Maîtresse ! Bon retour !

Alors voici donc la fameuse maîtresse des lieux, hein ? Elle dégage quelque chose qui me met profondément mal à l’aise, sans que je ne sache trop mettre le doigt sur ce que c’est exactement. Elle inspecte les lieux du regard.

Bon travail Drake, l’endroit est nickel.
Merci Maîtresse. Il effectue une révérence. Est-ce que ça veut dire que vous allez enfin m'ôter la vie ?
Euh, je n’ai pas fait de spécialisation en psychologie, mais je suis un médecin, vous savez… Si vous avez besoin de parler, je peux vous écouter, vous n’êtes pas obligé d’en arriver là…
Vous savez, la douce délivrance de la mort n’est pas une mauvaise perspective… Elle commence, en m'interrompant dans ma tentative de thérapie de ce pauvre Drake que la solitude semble affecter bien plus qu’il ne veut l’admettre. Et qu’est-ce qu’un médecin vient faire à Turpitude ?
C’est simplement un naufragé.
Oh… Dommage. J’aurais aimé que vous soyez venu exprès pour moi ! Elle semble déçue. Mais que vous soyez là par accident ne veut pas dire que nous ne pouvons pas tout de même livrer un combat à mort !

Mes poils se hérissent et tous mes sens se mettent aux aguets alors que je sens la menace qui plane sur moi. Je serre les poings et commence à monter ma garde, m’attendant à me faire attaquer. Il est vrai qu’elle a tout l’accoutrement du pirate… Et qu’elle dégage quelque chose de particulièrement menaçant. Au vu de mon état physique, si ce sont bien des pirates et qu’ils viennent à m’attaquer… Je ne sais pas si je suis capable de m’en sortir.

Allons, détendez vous… Comment comptez-vous me tuer, si vous êtes tout crispé comme ça ? Je déglutis lentement alors qu’elle marque une courte pause, affichant un sourire amusé sur son visage. Elle reprend. Ne vous inquiétez pas ! Je doute que vous en soyez capable, de toute façon, et ce même si vous étiez en pleine forme !

Je prends sur moi d’ignorer son commentaire vexant. Et puis d’un coup, comme si j'assemble les pièces du puzzle dans le bon ordre, la situation me paraît plus claire. Une pirate d’une grande beauté mais à l’aspect fatigué, solitaire et qui vit dans un phare quelque part sur Grandline, sûre de sa force et avec un penchant bien trop prononcé pour la mort… Je soupire un grand coup.

Vous êtes Anaha Douri. La corsaire Sloth.
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Bonne réponse !

C’est peut-être l’effet Barnum qui parle, mais maintenant que je sais qui se tient devant moi, je sens à quel point son aura est écrasante. Ce n’est pas la plus puissante des sept Capitaines corsaires pour rien. Pourrait-elle rivaliser avec les Empereurs et les Amiraux ? Avec les monstres comme le Vice-Amiral Fenyang ou Niklas Aldo ? De ce que j’en sais, oui, sans doute.

Et vous êtes… ?
Je suis le Commodore Raines, de la 2ème division.
Un jeune Commodore, mmh ? Pas étonnant que vous ne soyez pas de taille… Revenez me voir dans une dizaine d’années, si je ne suis pas déjà morte quand vous serez un Vice-Amiral…

Les remarques cinglantes de la corsaire me piquent à vif. Quand bien même je suis obligé de reconnaître qu’elle est sans doute bien plus forte que moi, je suis un peu agacé qu’elle arrive à cette conclusion sans m’avoir vu à l'œuvre. Mes états de service sont excellents, et j’étais même le major de ma promotion au B.A.N…

Je suis un Commodore de la marine, dont les faits d’armes sont excellents. Qu’est-ce qui vous fait dire que je n’aurais pas les capacités de vous tuer ? Je ne sais pas pourquoi je le formule comme ça, alors que je n’ai aucune intention d’essayer… Et que je n’ai jamais eu un ego démesuré. A croire que mes récentes débâcles, contre Aldo et mon frère, me font plus grincer des dents que ce que je veux bien l’admettre. Même ma victoire contre Cendre, qui était pourtant un puissant As de la Révolution, ne suffit pas à m’enlever ce goût amer de la bouche. La réalité est bien décevante. J’ose prétendre que mon idéal est une justice totale et absolue, où le mal est éradiqué et chaque innocent sauvé. La vérité, c’est que je suis systématiquement impuissant dans la plupart des situations… Et j’ai juste la force d’à peine survivre à mes affrontements avec les adversaires les plus faibles. A peine le grade pour être au premier plan des massacres sans avoir le pouvoir de les empêcher. Je serre le poing.

Ce qui me fait le dire ? Elle avance lentement vers moi. C’est ça.

Elle pose son index sur mon torse, et pointe le milieu de ma poitrine. Je ne comprends pas vraiment ce qu’elle insinue. C’est une métaphore ? Elle désigne mon coeur ? C’est mon cœur qui me ferait défaut ? J’ai du mal à y cr… Je suis interrompu dans mes pensées lorsqu’elle pousse sur son doigt et que sa main vient se placer à plat sur mon sternum. L’instant d’après, je me retrouve à l’extérieur du phare, sur l’île de Turpitude, propulsé au travers de la porte d’entrée. J’atterris à toute vitesse et dans un grand fracas contre les rochers qui bordent l’édifice. Le choc est particulièrement violent, et je peux sentir les pierres tranchantes, aiguisées par le fracas de vagues, me rentrer dans le dos et y mordre ma chair. J’étouffe un cri de douleur en serrant les dents. J’essaie de reprendre mes esprits, d’analyser la situation. Je n’ai que des blessures superficielles : j’ai eu de la chance de ne pas m’éclater le crâne contre les pierres…

C’est la seule chose à laquelle j’ai le temps de penser. Car l’instant d’après, Sloth apparaît déjà devant moi, à une vitesse surhumaine. Je vois sa main approcher de moi. En réponse, je place mes bras en croix devant mon visage, prêt à garder un éventuel coup… Mais une fois de plus, elle pose simplement sa main à plat sur un de mes avant-bras. Le sol se dérobe à nouveau sous mes pieds. Le monde entier tremble. Je sens l’accélération coller mon cœur au fond de ma cage thoracique, comme quand j’effectue le Soru… Mais en décuplé. Mes yeux peinent même à s’habituer au paysage qui change brusquement… Si bien que je mets quelques secondes à me rendre compte… Que je suis dans les airs. A plusieurs centaines de mètres du sol. Sous moi, je peux apercevoir le phare, ainsi que la totalité de la petite île de Turpitude.

Je commence à tomber, mais je me ressaisis rapidement, et me rétablis dans les airs en utilisant le Geppou. Je prends quelques courtes inspirations pour essayer de reprendre mon souffle. La corsaire Sloth est toujours au sol, à l’endroit où je me trouvais quelques secondes auparavant. Bien, tant qu’elle ne bouge pas, j’ai le temps de réflé… Elle disparaît.

Vous connaissez le Rokushiki ? Pas mal... Je peste intérieurement, tournant la tête à gauche lorsque je me rends compte qu’elle est juste à côté de moi… Et de la vitesse à laquelle elle a effectué le déplacement. Le Soru ? Elle connaît le Rokushiki, alors c’est possible qu’elle en maîtrise également cette technique… Mis à part qu’elle est bien plus rapide que moi. ... Mais insuffisant. Je tourne la tête à droite. Elle est de côté, maintenant ? Putain. Impossible de la suivre. Je suis de plus en plus convaincu que ce n’est pas le Soru, mais bel est bien un pouvoir de téléportation, sans doute venant d’un fruit du démon, au vu de la vitesse à laquelle elle bouge. De l’autre côté ! Je tourne une fois de plus la tête. Mais elle n’est plus là. Je sens une pression incroyable au sommet de mon crâne. Comme si je heurtais un mur… Ou plutôt l’inverse. C’est le mur qui vient me heurter. Je fuse à toute vitesse vers le sol. Cette fois, j’ai le temps de raidir mes muscles et d’utiliser le Tekkai et de revêtir mes points vitaux de Haki pour me protéger. J’accuse tout de même le choc lorsque je m’enfonce à nouveau dans la roche. Je sens la botte de la corsaire Sloth s’appuyer au milieu de mon dos.

Un bref échange qui vous prouve que vous n’êtes pas à la hauteur, hmmm ?

Je serre le poing au sol, battu. Je le lève lentement, et je frappe lentement la roche, alors que j’entends ses pas s’éloigner et retourner en direction du phare. Putain. Je n’ai rien pu faire. Et encore, j’ai le sentiment qu’elle n’a pas été sérieuse… La différence de niveau est-elle écrasante à ce point ?

Je me retourne sur le dos et regarde le ciel, qui est encore teinté du gris de la formidable tempête qui s’éloigne de Turpitude. Et maintenant, quelle est la suite ? Je suis coincé sur cette île, sans moyen de contacter mon équipage vu que mon escargophone s’est fait la malle durant le naufrage. Je suis bien trop faible et pas assez inconscient pour tenter ma chance au hasard et essayer de rejoindre une île à la nage. Alors je tourne la tête vers le phare. Après cette démonstration de puissance de sa part et cet aveu de faiblesse de la mienne, je n’ai pas vraiment d’autre choix que de ravaler ma fierté et d’aller leur demander assistance…

Je peste à nouveau, me relève, et commence à marcher en direction du phare.
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... Donc après la salsa, nous reverrons le tango et la bachata, c’est entendu ?
Maîtresse, je ne vais pas vous mentir, j’ai un peu la flemme…
Tu ferais mieux de mentir, Drake, si tu veux que je te tue un jour…
Oui Maîtresse…

Il n’y a que sur l’île de Turpitude que la vraie menace que l’on profère est de ne pas tuer ceux qui y habitent… Voilà ce que je me dis en poussant la porte de la petite pièce à vivre qui se trouve au pied du phare. La corsaire Sloth et Drake se tournent vers moi.

Vous êtes encore là ? Vous avez le béguin pour moi, Commodore ? A moins que vous n’ayez pas encore eu votre compte…
Navré de vous décevoir, mais je suis tout simplement coincé sur cette île. Je n’ai nulle part où aller. Ma réponse est sèche, un peu amère. Je ne digère pas de m’être fait malmener à ce point par cette femme. D’ailleurs, comment êtes-vous arrivée ? Je ne crois pas avoir vu de bateau, sur l’île… Et j’en ai pourtant eu une assez bonne vue, depuis les airs, avant de m’y écraser…

Allons, Commodore Raines. Vous avez vu ce que je peux faire ? Vous pensez réellement que j’ai besoin d’un bateau pour me déplacer sur Grandline ? Je ne commente pas, et me contente d’afficher une moue.
Est-ce que vous auriez au moins un escargophone que je pourrais emprunter pour contacter mon équipage ?
Tenez ! Elle porte la main à la poche de son veston, et me lance son gastéropode téléphonique, en arborant toujours un sourire à peine narquois. Elle semble fière de m’avoir remis à ma place. Je la remercie tout de même d’un hochement de tête silencieux, puis commence à composer le numéro.

Qu’est-ce qui fait que la différence entre nous deux est aussi écrasante ? Je relève la tête et la tourne vers elle alors que l’escargophone compose le numéro de mon navire et commence à établir la ligne. Je repense aux paroles de mon frère. C’est la maîtrise du Haki, c’est ça ?
Entre autres. Les combattants les plus puissants de ce monde ont souvent mangé des fruits du démon qui leur donnent des pouvoirs formidables… Et de manière générale ont des capacités hors du commun. Lorsque vous combattez ce genre d’adversaires, vous devez réagir et vous adapter bien plus vite. Le Haki est l’élément clé pour ça.
Pourtant je connais le Haki… Je noircis ma main et la lui présente. Elle me lance un regard amusé et particulièrement évocateur.
Vous pensez que le Haki se réduit à ça ?

Je repense alors à la différence avec ce dont j'ai été témoin contre Damian. A la démonstration de maîtrise et de puissance de Niklas Aldo. Cela n’a rien à voir. Je ne sais même si on peut vraiment appeler ça la même chose.

Comment est-ce que je peux en apprendre plus à ce sujet ? Depuis que je suis sur Grandline, tous les gens que j’affronte n’ont que ce mot à la bouche ! Mais moi je n’en ai jamais entendu parler, comme si c’était un secret de polichinelle !

La vexation et l’amertume laissent leur place à la colère. J’ai l’impression que toutes ces années, j’ai été mis à l’écart de cette connaissance. De notre conversation, je sais que mon frère s’y est éveillé plus tôt que moi. Est-ce qu’il est donc trop tard pour moi de développer cette capacité ? Suis-je condamné à n’être qu’un figurant dans l’histoire de ce monde parce que j’apprends l’existence de ce pouvoir bien trop tard ?

Allô ?

La voix de mon Enseigne, qui vient de décrocher à l’autre bout combiné, me happe hors de ces pensées rageantes. Alors que je m’apprête à lui répondre, Sloth prend la parole.

Vous voulez vraiment savoir ?

Je me fige.

Allô ?

Mon Enseigne répète sa question, mais je reste muet. Je ne peux pas répondre. Peut-être que ma présence sur Turpitude, peut-être que cette opportunité de parler avec Sloth est une chance que je ne peux pas me permettre de gâcher. Cependant, mon devoir m’intime de répondre à ma seconde. De reprendre la mer, et de continuer ma mission. Je suis partagé par ce choix cornélien. Que faire ? Je tourne la tête vers Sloth, qui affiche toujours son sourire narquois. Je serre les dents et ferme les yeux.

Allô ?! Commodore, c’est vous ?
Enseigne, je… Je suis désolé. Je vous recontacte bientôt.

Je raccroche le combiné escargophonique et rouvre les yeux, fixant la corsaire. Je tourne le dos à mes hommes. Je tourne le dos à ma mission. Mais j’ai le sentiment que je n’ai pas d’autre choix. Je ne peux pas continuer comme ça. Je dois savoir.

Oui. Je vous en prie. Dites-moi. S’il vous plaît.


Dernière édition par Alex Raines le Mar 23 Jan 2024 - 15:52, édité 1 fois
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Hmmm… Non.

La réponse de la corsaire résonne en moi comme le bruit d’une vitre qui se brise.

Pardon ? Je… Je ne comprends pas…
Je suis loyale à la marine parce qu’être corsaire, c’est être l’ennemi de tout le monde… Et que ça, ça me permet de trouver des adversaires suffisamment forts pour me donner la mort que je recherche depuis si longtemps… Elle marque une courte pause, puis reprend en baillant. Mis à part ça, j’ai un peu la flemme de vous faire un cours magistral sur le Haki.

Je bouillonne intérieurement de rage, et serre le poing avec énervement… Bien que ce ne soit pas pertinent. Je ne comprends pas pourquoi elle joue comme ça avec moi… Et je fulmine de savoir que je serais incapable de lui faire payer son affront. Mais cette colère est également teintée de désespoir. Je suis prêt à tout pour cesser de stagner à mon niveau. Même à courber l’échine devant une pirate. Je me mets à genoux devant elle, puis pose mes mains puis mon front contre le sol en position de dogeza.

S’il vous plait, je ferais n’importe quoi.
Bien que le fait de voir un marine supplier un pirate est une scène teintée d’une douce ironie dont je me délecte… Non.

Je peste ouvertement alors qu’elle tourne les talons. Même sacrifier mon honneur et ma dignité ne suffisent pas ? Je relève légèrement la tête, et mes yeux se posent sur Drake. N’est-il pas son second ? Probablement que si… Mais de la conversation qu’il m’a semblé capter plus tôt, il lui sert plutôt de partenaire de danse. Néanmoins, elle n’est pas aussi solitaire que sa réputation le fait croire. Alors il y a une chance, même si elle est infime. Réfléchis, Raines. Comment puis-je lui être utile ? Que puis-je sacrifier d’autre ? Et puis l’idée me vient à l’esprit comme une évidence. Je me relève complètement.

Sloth… Elle se retourne vers moi. Je ne vous ferai pas l’affront de vous offrir ma vie en échange de votre tutelage… Alors permettez-moi de vous offrir votre mort.
Pardon ? Elle hausse le sourcil.
Enseignez-moi. Aidez-moi à devenir plus fort. Et en échange… J’exaucerai votre souhait de vous tuer.

Elle soupire.

Ce n’est pas que je doute de vos capacités, mais…
Alors voyez ça comme un défi ! Non… Un investissement, plutôt ! Je lui coupe la parole, puis continue. Apprenez-moi ce que vous savez… Je vous demande deux mois… Non, même pas. Un mois. Enseignez-moi pendant un mois ! Vous pouvez être aussi dure que vous le voulez ! Et laissez-moi ensuite une année pour m’entraîner… Et je vous jure sur mon honneur et sur mon nom que je reviendrai vous affronter. En combat à mort. Vous n’avez rien à perdre. Je sais que vous que le gouvernement vous a mis à la botte de Sainte Adéla et que ça ne vous enchante pas… Ça ne peut pas être pire que ce qu’elle vous fait faire. En revanche… Vous avez tout à gagner.

Je brode les mots au fur et à mesure qu’ils fusent dans mon esprit. Je ne sais pas ce que je raconte. Un mois à ses côtés ? Puis un an tout seul pour assimiler ? Est-ce suffisant pour combler cet écart de puissance que j’ai ressenti durant notre bref échange ? Bien sûr que non. Qu’est-ce qui m’a pris ? Alors que je me morfonds, suant à grosses gouttes, Sloth éclate de rire.

Hahahaha ! Elle frappe dans ses mains. Là vous commencez à m’intéresser ! J’ai bien envie de vous prendre au mot ! Elle s’avance vers moi, pose à nouveau la paume de sa main sur mon torse. Elle me plaque contre le mur en me poussant avec cette même sensation étrange qu’auparavant. C’est entendu ! Je vous enseignerai pendant un mois ! Mais je crois que vous ne vous rendez pas compte à quel point c’est une durée ridicule par rapport à l’immensité de la tâche que ça représente… Vous allez en baver. Sérieusement. Vous allez tellement en baver que vous me supplierez de vous tuer… Et je me régalerai de vous le refuser.

Je déglutis lentement. Dans quoi me suis-je embarqué ?


Dernière édition par Alex Raines le Mar 23 Jan 2024 - 15:55, édité 2 fois
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Depuis que je suis jeune, je suis prêt à tout donner, même ma vie, dans chacun de mes entraînements ou dans chacune de mes missions. Je ne compte pas les fois où j’ai failli y passer. Alors pourquoi est-ce que j’aurais peur, dans cette situation ?

Toutefois… Elle exerce une pression supplémentaire sur ma poitrine. Ne m’en voulez pas de n’accorder aucune valeur au fait que vous promettiez sur votre nom et votre honneur… Je vais souscrire une garantie.

La pression exercée est de plus en plus forte. Bien plus que celle de n’importe quel coup que j’ai pu recevoir. Pourtant, alors que je m’attends à ce que sous l’effet d’une force aussi intense mon thorax cède et s’enfonce… Je semble ne subir aucun dégât. La pression n’est pas physique. Elle est sur mon esprit. Non. Sur mon être tout entier. Je n’ai jamais rien ressenti de tel. C’est comme si mon essence était repoussée, plaquée au fond de ma poitrine… Puis hors de mon corps. Et soudain, la pression n’est plus. Une petite bulle translucide, que la corsaire Sloth attrape dans sa main, s’échappe de moi. La sphère éthérée flotte dans sa paume, devant mes yeux incrédules. Qu’est-ce que c’est que cette chose ?

Qu’est-ce que c’est ?
Un petite partie de votre âme.

Mes yeux s’écarquillent. Est-ce qu’elle vient vraiment de dire que cette chose était une partie de mon âme ? Quelle partie ? Je ne suis pas sûr d’être très à l’aise avec le fait qu’elle m’ait arraché un morceau d’âme, si c’est bien la vérité… Mais c’est impossible, n’est-ce pas ? C’est forcément une mauvaise blague, n’est-ce pas ?

Pardon ?
Rassurez-vous… C’est simplement une manière plus élégante de dire que c’est un morceau de “vous”.
C’est le Haki qui vous permet de faire ça ? Elle soupire… Puis ricane.
Ah, effectivement on part de loin… Ce sera un mois définitivement intéressant ! Elle rit de ma candeur. Non, il s’agit de mon pouvoir démoniaque. J’ai mangé le fruit des coussinets, qui me permet de tout repousser avec mes mains. Elle fait flotter la sphère “d’âme” devant elle, ôte un de ses gants et me révèle la paume de sa main, qui, effectivement, est dotée d’un coussinet de patte de chat. Je ne suis pas tout à fait sûr de saisir le rapport entre ce fruit et le pouvoir qui lui confère… Mais je suis forcé de la croire sur parole. Elle se retourne et se dirige vers une commode, et ouvre un tiroir dans lequel elle se met à farfouiller. Elle en sort ce qui semble être une boussole… Dans laquelle elle vient pousser la boule diaphane qui contiendrait une partie de moi. La sphère pénètre l’objet dans un flash lumineux de faible intensité accompagné d’un chuintement à peine audible. Elle me présente ensuite le résultat. Vous connaissez les vivre cards ? Même principe. Hormis le fait que je ne mise pas sur le fait que vous gardiez la carte sur vous. Cette boussole contient un morceau de votre âme… Et ce morceau voudra à tout prix revenir faire partie de vous à nouveau.

Elle bouge la main dans laquelle se trouve la boussole devant moi de gauche à droite. Dans tous les cas, l'aiguille reste pointée vers moi avec une précision déconcertante. Je déglutis lentement, comprenant où elle veut en venir.

Le compte à rebours est lancé. Dans un an et un mois, je suivrai cette boussole et viendrai vous trouver. Où que vous soyez sur la surface de ce globe. Et je vous affronterai.

Un frisson parcourt ma colonne vertébrale. J’en tremble, de la pointe des pieds jusqu’au sommet de mon crâne. Qu’est-ce que j’ai fait ? Je viens de me placer une terrible épée de damoclès au-dessus de la tête. J’aurais peut-être pu prendre le temps. Trouver une autre méthode. Rejoindre le Vice-Amiral Fenyang, accepter son offre. Ou demander à la Vice-Amirale Harnam. Ou n’importe quel autre Vice-Amiral, en fait. Des marines qui maîtrisent le Haki, il doit bien y en avoir. Ce serait bien plus logique et bien moins dangereux de faire appel à eux. Alors pourquoi est-ce que j’ai accepté cette valse avec le diable ? Parce que j’ai le sentiment que c’est ici et maintenant que Raines doit mourir et renaître plus fort ? Parce que je ne veux pas attendre, et faire les choses à mon rythme ? Je chasse ces pensées de mon esprit. Ce qui est fait est fait. Et chaque seconde que je perds à considérer comment les choses auraient pu se dérouler autrement est une des précieuses secondes de mon mois d’entraînement. J’acquiesce en réponse à la corsaire, sans me décomposer.

Parfait, ça me va. Quand commençons-nous ?

Elle sourit à pleines dents.

Drake ? Réveille-toi, espèce de tire-au-flanc. Elle interpelle Drake, qui s’était visiblement assoupi sur la table de la pièce à vivre pendant que nous parlions.
Zzzzz… Gné ? Hein… Euh… Oui Maîtresse ?
Accompagne le Commodore Raines à l’étage, montre lui dans quel coin il pourra dormir et se poser. Il va rester un petit moment avec nous.

Drake traîne les pieds, visiblement réticent à l’idée d’effectuer le moindre effort, mais acquiesce tout de même en silence en obéissant à sa maîtresse, sans doute par peur des représailles.

Quant à vous, Commodore Raines… Reposez-vous. Il n’y a pas d’intérêt à ce que vous soyez épuisé pour démarrer. Je vous attends dehors aux premières lueurs de l’aube.

Je hoche la tête, quasiment prêt à me mettre au garde-à-vous avant de me rappeler qu’elle n’est pas ma supérieure. Je suis simplement intimidé par son aura, par la prestance autoritaire qu’elle dégage. Alors que j’emboite le pas de Drake en montant l’escalier en colimaçon qui mène vers les niveaux supérieurs du phare, je souffle en tremblant pour me détendre. Les dés sont jetés. J’ai un mois devant moi. Une trentaine de jours qui détermineront mon sort. Vais-je simplement mourir, dans un an, en pleine fleur de l’âge, sans avoir accompli mes objectifs ? Ou est-ce un second souffle qui va permettre de justement les atteindre ? Seul l’avenir le dira.

Une chose est sûre… Ce mois promet d’être infernal.
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Les premiers rayons du soleil commencent à apparaître à l’horizon. Le vent balaye l’île – ou plutôt le morceau de rocher – qu’est Turpitude. Il fait bien trop frais… Mais la flamme de la motivation qui brûle à l’intérieur de moi me réchauffe bien assez. Je n’ai quasiment pas réussi à fermer l'œil cette nuit, et j’ai même eu du mal à finir ce qui est pourtant mon petit-déjeuner préféré, une portion de flocons d’avoine nature et de l’eau tiède. C’est sans doute à cause du stress… Je souffle un grand coup et ferme les yeux pour me calmer.

Vous êtes là tôt, Commodore.

La voix de la corsaire Sloth me sort de ma méditation.

Vous avez dit de vous retrouver aux premières lueurs de l’aube. C’est les premières lueurs de l’aube.
Hahaha ! Ce qui est bien avec vous les militaires c’est que vous savez obéir aux ordres !

Je masque mon agacement quant à son commentaire et décide de ravaler ma fierté. C’est son caractère, d’être sarcastique et moqueuse comme ça… Je ne dois pas réagir. Toutes ces intéractions superflues sont une perte d’un temps qui m’est bien trop précieux… Et je crois que Sloth le comprend dans mon regard.

Je vois que vous êtes déterminé ! Bien ! Commençons ! Elle me fait signe de m’asseoir sur un rocher et elle fait de même en face de moi. Si vous voulez devenir plus fort, vous n’avez pas beaucoup d’options. La force physique se développe lentement, avec la pratique et les combats. Le fait que vous pratiquiez le Rokushiki montre qu’à ce niveau là, je ne peux rien vous apprendre. Elle marque une courte pause, puis continue. Et si vous n’avez pas la chance de tomber sur un fruit du démon particulièrement puissant et le manger…
C’est dans mes plans. Je souhaite devenir Amiral, alors c’est une étape à laquelle je ne pourrai pas me soustraire. Ajouté-je. Bon, effectivement, l’Amirale-en-chef Makuen et le Vice-Amiral Fenyang, qui prétend au poste laissé vacant depuis la mort de l’Amiral Tetsuda n’ont tous les deux pas de pouvoir démoniaque… Mais à mon sens, et même si je les admire, il s’agit là d’un nivellement par le bas de cette noble fonction. C’est mon devoir de redorer cette fonction.
Il est difficile de forcer le destin, à ce niveau-là… A moins que vous ne soyez riche ou que vous ayez des connexions avec les Dragons Célestes. Je lui fais non de la tête. Alors votre seule véritable option est de maîtriser le Haki… Et notre bref échange d’hier m’a confirmé que vous ne connaissez que la surface émergée de l’iceberg.

J’acquiesce sans rien dire.

Dites-moi ce que vous en savez, d’ailleurs.

Comme la veille, je me contente de noircir ma main et de la lui présenter.

Quand j’ai affronté mon frère, il était capable de la même chose, mais en bien plus puissant… Ses attaques se réverbéraient en moi et il lui a suffi de deux coups pour me terrasser… Je commence à lui expliquer, en utilisant mes mots. Je poursuis. Je sais également qu’il est possible de ressentir les intentions, ou les émotions de ses adversaires… Et de s’en servir pour anticiper les mouvements… Mais je n’en suis pas capable. Enfin, je suis capable de ressentir les gens qui sont autour de moi… Mais c’est tout. Mon frère m’a dit que c’était une question de talent, je ne sais pas s’il y a un moyen de s’y éveiller ou s’il y a des prédispositions…
Bon, oui, c’est pas tout à fait ça…

Elle se racle la gorge et se lève.

Le Haki… C’est la manifestation de la volonté et de l’énergie vitale d’un être vivant. Ambition, fluide, esprit, force vitale, aura… Appelez ça comme vous voulez, chacun a son interprétation personnelle. Toutes les créatures vivantes sont capables de s’éveiller et de manifester le Haki. Ceux qui le maîtrisent en revanche, sont plus rares…

Je soupire de soulagement lorsque j’entends son explication. Le Haki me fait un peu penser au Rokushiki, dans un sens. Un œil mal avisé pourrait croire que ces capacités surhumaines ne sont accessibles qu’à ceux que la nature a doté d’une constitution physique hors du commun à la naissance… Mais c’est faux. J’ai vu de jeunes marines parvenir à le maîtriser et à en percer les secrets rien qu’à la force de la volonté. Si le Haki n’est pas bloqué derrière des limites que je ne suis pas capable de surpasser… Alors je le maîtriserai.

... Du moins sur les mers bleues, et même sur Grandline. Par contre, les individus les plus puissants, et donc une grande partie de ceux qui sont capables de s’aventurer dans le Nouveau Monde en maîtrisent au moins les bases… J’acquiesce en silence à nouveau, désireux de ne pas l’interrompre et d’en apprendre le maximum. Quoiqu’il en soit, ce qu’elle me dit me semble juste, ou du moins concorde avec l’esbroufe de mon frère… De la manière dont je vois les choses… Le Haki est le sixième de nos sens. Quelqu’un qui se bat sans Haki contre quelqu’un qui l’utilise comme une extension de son propre corps… C’est comme si un aveugle ou un infirme essayait de se battre contre quelqu’un de valide. Le combat est forcément inégal.

Elle marque une courte pause, puis lève sa main gantée qui présente trois doigts dressés.

Le Haki se manifeste sous trois formes. Elle baisse deux de ses doigts et laisse son index dressé. La première, c’est le Haki de l’Armement. Il permet de manifester son esprit et de le revêtir comme une armure pour renforcer ses attaques ou se défendre. Ce que vous m’avez montré est le premier stade de maîtrise de ce Haki, qu’on appelle aussi “peau noire”. Les degrés d’évolution du Haki de l’Armement sont assez simples à comprendre : au plus on le développe, au plus le corps devient résistant, et au plus ses capacités offensives augmentent également. A un niveau de maîtrise avancé, on peut utiliser son Haki pour imprégner des objets, créer une armure invisible autour du corps et les utilisateurs les plus experts comme moi peuvent même le déverser dans sa cible à l’impact pour causer des dommages internes importants.

Lorsqu’elle mentionne ce dernier point, il me paraît évident que c’est ce que mon frère a utilisé contre moi. Je peste intérieurement. Bien que je connaisse finalement les bons termes pour qualifier les techniques qu’il a utilisées, cela veut malheureusement dire qu’il est un expert de la maîtrise du Haki, là où je n’en suis qu’un néophyte. La route sera encore longue jusqu’à ce que j’atteigne son niveau…

Mais ma détermination ne faiblit pas.


Dernière édition par Alex Raines le Mar 23 Jan 2024 - 10:37, édité 1 fois
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Sloth lève un deuxième doigt et poursuit son explication.

La seconde forme est le Haki de l’Observation… Et qui pour le coup est un véritable sixième sens comme on l’entend. Là où le Haki de l’Armement consiste à extérioriser sa propre aura, le Haki de l’Observation est la faculté de ressentir l’aura des autres êtres vivants. Il permet de détecter la présence des hommes, des animaux, et même des végétaux jusqu’à des portées prodigieuses… Et à un degré de maîtrise avancé, de percevoir leurs émotions et leurs intentions. Certains individus parviennent même à développer des capacités de prescience grâce au Haki de l’Observation.

Je continue d’acquiescer en silence, affichant un sourire en coin sur mon visage. Bien que je ne connaissais pas tous les détails qu’elle me présente, je ne suis pas étranger à cette forme du Haki, que je suis également capable d’activer sommairement pour au moins sentir la présence de ceux qui m’entourent. Une fois de plus, elle fait mouche avec ses explications et je comprends comment Damian, Niklas Aldo ou même elle-même sont capables d’anticiper et d’esquiver les attaques grâce à cette capacité.

Quant à la troisième forme… Elle lève le troisième doigt. On l’appelle le Haki des Rois. Mais il n’y a pas vraiment d’intérêt à s’y intéresser pour le moment.
Pourquoi ça ? Ma question, posée avec hâte, ne masque pas du tout ma déception. Je bouillonne d’envie d’apprendre tout ce que Sloth peut me transmettre. Ma soif d’apprendre ce qui peut me faire devenir plus fort est insatiable.
Parce que même si tout le monde possède de l’énergie vitale et peut apprendre à la manifester où à détecter celle des autres… Tout le monde ne possède pas les qualités qu’il faut pour être un roi. Le Haki des Rois n’est pas quelque chose qu’on peut obtenir en s’entraînant. C’est une capacité innée, présente chez moins d’une personne sur un million. C’est la capacité d’imposer sa volonté et de dominer autrui. Avec, on peut inspirer ses hommes, et faire trembler ses adversaires d’un seul regard. C’est la marque des grands de ce monde, de ceux qui veulent et peuvent changer le monde, Empereurs et ceux qui prétendent au trône du roi des pirates, et Amiraux et Colonels d'Élite.

Tout prend sens désormais. Cette sensation invasive de l’esprit d’autrui qui pénètre le mien et lui force à ployer le genou. Je la connais. Le Vice Amiral Fenyang, Niklas Aldo, mon frère… Ses dernières paroles que j’ai pu entendre, avant de sombrer dans l’inconscience à bord de son navire après notre duel, me reviennent alors en tête. Le Haki des Rois. Il m’en avait parlé, mais je ne connaissais pas le sens de ses mots à ce moment. Et puis d’un coup, cette épiphanie laisse la place à un moment d’inquiétude. De doute. Voilà ce que je redoutais. Je ne crois pas avoir manifesté ce pouvoir. Est-ce que c’est parce qu’il sommeille encore en moi, dormant ? Ou en suis-je tout bonnement incapable ? Est-ce que mon frère a raison, quand il dit qu’il est un génie, un prodige, et que je suis ordinaire ?

Je peux sentir votre désarroi, mais n’y prêtez pas attention. Je vous assure qu’il y a sur ces mers des individus surpuissants et qui ne sont pas capables de manifester le Haki des Rois. En tout cas, je ne serais pas déçue si celui qui me tue n’en est pas capable.

Je lâche un ricanement nerveux, ignorant que celle qui est désormais ma professeure en est elle-même incapable. Elle hausse le sourcil.

Ne vous en faites pas. J’ai la certitude d’un jour devenir Amiral et de changer ce monde. Il est impossible que je n’éveille pas un jour ce pouvoir. Je lui souris à pleines dents, comme possédé. Il me paraît aujourd’hui évident que le Haki ainsi que mes vraies capacités ne se sont jamais réellement éveillés en moi parce que j’ai toujours vécu par procuration de mon frère. J’ai grandi dans son ombre… Et à l’âge adulte, j’ai pourchassé son spectre. Mais plus aujourd’hui. Aujourd’hui, je me libère des liens du sang qui m’entravent depuis trop longtemps. Aujourd’hui, j’écris ma propre histoire. Je reprends.

Enseignez-moi à maîtriser les Hakis de l’Armement et de l’Observation. Le reste suivra. Je suis prêt à tout pour devenir plus puissant.
J’y compte bien ! J’aime cette attitude, Raines ! Elle ricane à son tour.
Par quoi commençons-nous ?
Par ne pas mourir !
Je vous demande pardon ?

Tout d’un coup, elle me frappe le torse avec sa paume, avec une vitesse surhumaine. Je n’ai le temps de rien faire alors que le sol disparaît sous mes pieds. Exactement comme lors de notre bref échange d’hier… En mille fois pire. J’ai l’impression d’être propulsé si vite que j’ai peur de quitter l’orbite de notre belle planète. Eh… Eh… EH ! Ce ne semble pas être qu’une impression. En quelques secondes à peine, le phare et l’île de Turpitude disparaissent de ma vue, et je fends les cieux à une vitesse prodigieuse… Sans aucun signe de ralentissement en vue. L’air autour de moi fait un boucan effroyable, et la pression qu’il exerce sur moi me rend incapable de ne serait-ce que remuer le petit doigt…

Je ne comprends pas bien les motivations de Sloth, mais elle m’a semblé être une femme de parole. Et puis, je pense qu’elle n’aurait pas dépensé autant d’énergie à me parler et à m’expliquer les concepts du Haki si c’était pour me tuer juste après. Alors je ne peux que lui faire confiance, dans ce baptême de l’air qu’elle m’offre.

De toute manière je n’ai pas vraiment peur du vol…

C’est plus l’atterrissage qui m’inquiète.
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