Eh ! Faut se réveiller ! Ou pas, c’est vous qui voyez… Moi ça m’arrangerait de pas me réveiller…
J’ouvre les yeux et émerge péniblement d’un sommeil qui n’a clairement pas été ni suffisamment réparateur, ni au moins ne serait-ce que confortable. Je me redresse avec difficulté le long du mur de pierre contre lequel je m’étais adossé. Devant moi, il y a quelqu’un qui est assis sur le banc en bois et accoudé sur la table qui se trouve au centre de la pièce. Il est habillé d’une longue robe de chambre en velours rouge et dont les coutures sont dorées. Ses longs cheveux noirs et fins tombent sur ses épaules en une ribambelle d’épis entremêlés comme s’il venait de se réveiller et qu’il n’avait prêté aucune attention à son apparence. De son autre main, il gratte une barbichette qui est également peu soignée.
Vous êtes qui, d’ailleurs… ?
Je… Je suis le Commodore Raines, de la 2ème division…
Un marine ? Oh…
Et vous êtes… ?
Fatigué… Si fatigué…
Non mais qui êtes vous ?
Je m’appelle Drake. J’habite ici.
Et c’est quoi ici… ?
Vous êtes à Turpitude. Le nom me parle, mais impossible de situer l’île concrètement sur une carte. Où en ai-je déjà entendu parler ?
Tur… Turpitude ? C’est où ça, exactement ?
Oh… Euh… Vous en avez beaucoup des questions ? C’est juste un phare. Sur une petite île.
Merci… Je… Je dois retrouver mon équipage…
J’essaie de me relever, mais mes jambes ne me portent pas, comme si j’étais un veau qui venait de sortir de sa mère. Je tombe lourdement au sol.
Ne soyez pas pressé, de toute manière il n’y a rien sur cette île, même pas une barque à piquer pour partir, si c’était votre intention… Je peste intérieurement. Il reprend. Vous avez l’air dans un sale état. On dirait que vous avez échappé de peu à la mort. Je vous plains de ne pas avoir pu connaître sa douce délivrance…
Je… J’ai besoin de reprendre des forces… Vous avez quelque chose à manger, et à boire ?
Comme tout bon héros de mythe ou de légende, je tire ma force de la nourriture. Je n’ai aucun doute que me rassasier me rendra au moins ce qu’il faut de forces pour partir à la recherche de mes hommes. Je lance un regard au morceau de pain qui se trouve sur la table.
Ah… Euh… C’est que… Je comptais justement m’en faire un sandwich, de celui-là… Et c’est le dernier morceau de pain… Je laisse échapper un long soupir. D’un autre côté, ma maîtresse va sans doute bientôt revenir… Et il n’y a rien d’autre à manger. Bah !
L’air visiblement agacé, il porte ses mains à sa ceinture et commence… A se frotter le nombril vigoureusement.
Euh… Monsieur Drake, je me vois dans l’obligation de vous rappeler que l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui est punie par l’article 222-32 du Code Pénal…
Il semble ignorer ma mise en garde et continuer, jusqu’à ce que tout d’un coup, un large nuage de fumée bleue apparaisse. La fumée se condense alors rapidement, dessinant les formes d’un spectre barbu dont les muscles évanescents sont saillants, et qui tient dans sa main droite une grande arme d’hast de style bisentô. La moitié basse de son corps n’est pas totalement définie, et est rattachée à la ceinture de Drake.
Vous m’avez appelé, Maître ?
Génie ! Prépare à manger ! Je me sentirais bien de manger une bonne blanquette…
Vos désirs sont des ordres.
La lance de la forme éthérée se transforme alors en couteau de cuisine, et un tablier apparaît sur son corps. Il commence alors à attraper carottes, oignons, poireaux et un bon morceau d’épaule d’agneau qu’il commence à désosser. D’une main experte, il débite la viande, et tranche les légumes en morceaux réguliers.
Que… Qu’est-ce que c’est que ça ?
Je suis le génie de la lampe de Maître Drake. C’est un homme-lampe depuis qu’il a mangé le fruit de la lampe, qui peut m’invoquer et me commander selon ses ordres.
Je hausse le sourcil, épaté de voir devant mes yeux un véritable utilisateur de fruit du démon… Et quelque peu circonspect quant à son utilité. La perspective de pouvoir invoquer un génie qui peut exécuter ses ordres semble utile, mais… Drake semble devoir maintenir sa manifestation physique en frottant sans interruption sa ceinture… Ce qui semble en ôter une bonne partie de sa praticité. Au final, même en invoquant son fantôme, il ne peut se servir que d’une seule paire de mains… Et à l’air un peu étrange, à s’astiquer ainsi le nombril. Je ne commente pas mes pensées à haute voix, estimant que ce pouvoir doit renfermer d’autres spécificités ou utilités que je ne soupçonne pas. Le génie singe la viande, y ajoute les légumes et de l’eau, et commence à porter le bouillon à ébullition.
Voilà, Maître Drake, la cuisson est lancée. Réinvoquez-moi dans une heure et demie pour que je lie la sauce et prépare l’accompagnement.
Drake cesse alors de frotter sa ceinture, et le génie disparaît.
Pratique, n’est-ce pas ? Surtout quand j’ai la flemme… Et ça arrive souvent… Il affiche un air satisfait et fait craquer ses phalanges en s’étirant. Eh, vous m’écoutez ?
Mes yeux se sont petit à petit fermés alors qu’il parlait. Je suis épuisé, et affamé. Et une heure et demie de cuisson, c’est beaucoup trop pour que mon corps encaisse ! Il aurait vraiment pu me donner le morceau de pain !
J’ouvre les yeux et émerge péniblement d’un sommeil qui n’a clairement pas été ni suffisamment réparateur, ni au moins ne serait-ce que confortable. Je me redresse avec difficulté le long du mur de pierre contre lequel je m’étais adossé. Devant moi, il y a quelqu’un qui est assis sur le banc en bois et accoudé sur la table qui se trouve au centre de la pièce. Il est habillé d’une longue robe de chambre en velours rouge et dont les coutures sont dorées. Ses longs cheveux noirs et fins tombent sur ses épaules en une ribambelle d’épis entremêlés comme s’il venait de se réveiller et qu’il n’avait prêté aucune attention à son apparence. De son autre main, il gratte une barbichette qui est également peu soignée.
Vous êtes qui, d’ailleurs… ?
Je… Je suis le Commodore Raines, de la 2ème division…
Un marine ? Oh…
Et vous êtes… ?
Fatigué… Si fatigué…
Non mais qui êtes vous ?
Je m’appelle Drake. J’habite ici.
Et c’est quoi ici… ?
Vous êtes à Turpitude. Le nom me parle, mais impossible de situer l’île concrètement sur une carte. Où en ai-je déjà entendu parler ?
Tur… Turpitude ? C’est où ça, exactement ?
Oh… Euh… Vous en avez beaucoup des questions ? C’est juste un phare. Sur une petite île.
Merci… Je… Je dois retrouver mon équipage…
J’essaie de me relever, mais mes jambes ne me portent pas, comme si j’étais un veau qui venait de sortir de sa mère. Je tombe lourdement au sol.
Ne soyez pas pressé, de toute manière il n’y a rien sur cette île, même pas une barque à piquer pour partir, si c’était votre intention… Je peste intérieurement. Il reprend. Vous avez l’air dans un sale état. On dirait que vous avez échappé de peu à la mort. Je vous plains de ne pas avoir pu connaître sa douce délivrance…
Je… J’ai besoin de reprendre des forces… Vous avez quelque chose à manger, et à boire ?
Comme tout bon héros de mythe ou de légende, je tire ma force de la nourriture. Je n’ai aucun doute que me rassasier me rendra au moins ce qu’il faut de forces pour partir à la recherche de mes hommes. Je lance un regard au morceau de pain qui se trouve sur la table.
Ah… Euh… C’est que… Je comptais justement m’en faire un sandwich, de celui-là… Et c’est le dernier morceau de pain… Je laisse échapper un long soupir. D’un autre côté, ma maîtresse va sans doute bientôt revenir… Et il n’y a rien d’autre à manger. Bah !
L’air visiblement agacé, il porte ses mains à sa ceinture et commence… A se frotter le nombril vigoureusement.
Euh… Monsieur Drake, je me vois dans l’obligation de vous rappeler que l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui est punie par l’article 222-32 du Code Pénal…
Il semble ignorer ma mise en garde et continuer, jusqu’à ce que tout d’un coup, un large nuage de fumée bleue apparaisse. La fumée se condense alors rapidement, dessinant les formes d’un spectre barbu dont les muscles évanescents sont saillants, et qui tient dans sa main droite une grande arme d’hast de style bisentô. La moitié basse de son corps n’est pas totalement définie, et est rattachée à la ceinture de Drake.
Vous m’avez appelé, Maître ?
Génie ! Prépare à manger ! Je me sentirais bien de manger une bonne blanquette…
Vos désirs sont des ordres.
La lance de la forme éthérée se transforme alors en couteau de cuisine, et un tablier apparaît sur son corps. Il commence alors à attraper carottes, oignons, poireaux et un bon morceau d’épaule d’agneau qu’il commence à désosser. D’une main experte, il débite la viande, et tranche les légumes en morceaux réguliers.
Que… Qu’est-ce que c’est que ça ?
Je suis le génie de la lampe de Maître Drake. C’est un homme-lampe depuis qu’il a mangé le fruit de la lampe, qui peut m’invoquer et me commander selon ses ordres.
Je hausse le sourcil, épaté de voir devant mes yeux un véritable utilisateur de fruit du démon… Et quelque peu circonspect quant à son utilité. La perspective de pouvoir invoquer un génie qui peut exécuter ses ordres semble utile, mais… Drake semble devoir maintenir sa manifestation physique en frottant sans interruption sa ceinture… Ce qui semble en ôter une bonne partie de sa praticité. Au final, même en invoquant son fantôme, il ne peut se servir que d’une seule paire de mains… Et à l’air un peu étrange, à s’astiquer ainsi le nombril. Je ne commente pas mes pensées à haute voix, estimant que ce pouvoir doit renfermer d’autres spécificités ou utilités que je ne soupçonne pas. Le génie singe la viande, y ajoute les légumes et de l’eau, et commence à porter le bouillon à ébullition.
Voilà, Maître Drake, la cuisson est lancée. Réinvoquez-moi dans une heure et demie pour que je lie la sauce et prépare l’accompagnement.
Drake cesse alors de frotter sa ceinture, et le génie disparaît.
Pratique, n’est-ce pas ? Surtout quand j’ai la flemme… Et ça arrive souvent… Il affiche un air satisfait et fait craquer ses phalanges en s’étirant. Eh, vous m’écoutez ?
Mes yeux se sont petit à petit fermés alors qu’il parlait. Je suis épuisé, et affamé. Et une heure et demie de cuisson, c’est beaucoup trop pour que mon corps encaisse ! Il aurait vraiment pu me donner le morceau de pain !