Tu avais lu et relu chaque rapport qui t'avait été soumis, comme pour en comprendre la subtilité, l'intégrité et t'assurer qu'ils n'étaient pas que des ramassis de farces de mauvais goût. Mais ce n'était pas le cas. Loin de là même. Jusqu'ici, dans ta courte carrière au service du Gouvernement Mondial, tu avais déjà pu croiser des Dragon-Célestes. Deux d'entre eux avaient faillit te coûter la vie en te contraignant à te battre à mort dans une arène où les paris étaient contre toi. Tout ça par simple envie sadique, par punition, par volonté puéril de voir leurs jouets se débattre pour survivre. Pour autant, si tu avais condamné cet état de fait que tu t'étais retrouvée face à la potence, tu n'avais jamais blâmer ton devoir.
Imbuvables ou non, cruels ou pas, les Dragons-Célestes étaient la représentation de l'ordre. C'était sur eux que se bâtissaient l'institution dans laquelle tu croyais corps et âme. Qu'importe si leurs individualités venaient à rendre votre vie impossible, c'était le concept même qu'ils représentaient que tu cherchais à protéger. Car tu étais convaincue, un ordre sans limite était le seul moyen d'apporter la paix sur ce monde en guerre perpétuelle.
Car s'il n'y avait plus qu'un unique camp, alors il n'y avait plus d'ennemi. Et sans ennemi, aucune souffrance. Et de tout les maux, tu préférais que ce soit le Gouvernement Mondial qui vienne à dominer, qu'importe les sacrifices et les horreurs que tu devrais commettre en sans nom. L'ordre ne s'accordait que très peu avec l'hésitation et le doute.
Mais ce n'était pas ton allégeance qui était remise en question sur l'instant, mais plutôt celle de la Sainte en question. Tu ne connaissais rien d'elle si ce n'était les rapports qui passaient en interne depuis des mois. Une délurée voulant ridiculiser le monde de la piraterie en se prétendant elle même grande Impératrice des Pirates. Pour son caprice des plus absurdes, elle avait mobilisé une grande partie de la force de frappe de la Marine. Que ce soit les Corsaires ou même l'ancien Amiral en Chef. En soit, le Gouvernement n'avait pas fait les choses à moitié pour assurer sa protection lors de sa grande traversée.
Car elle avait les pleins droits sur vous, et tu respectais cela.
Cependant, cela avait amené sur son sillage son lot de problème. En plus des vautours qui ne rateraient pas une seule occasion pour s'en prendre à elle et cracher sur la réputation du Gouvernement et de ses dirigeants, il y avait aussi les conséquences qu'une traversée de cette ampleur impliquait sur le monde. Alabasta, un royaume que tu savais être cher dans le cœur de Salem.
Si tu n'y avais encore jamais mis les pieds par toi-même, tu avais cru comprendre dans ce rapport que la situation était des plus déplorables depuis un certain. La mort d'un membre imminent de la royauté, mais aussi la disparition de deux princesses... En bref... Le Royaume était en proie à une crise sans pareille et la reine déjà très âgée semblait ne pas vouloir rester passive face à cela.
Alors le Gouvernement s'était dépêché de trouver de quoi faire. Mais ce n'était pas là une chose évidente, loin de là. Les princesses n'avaient pas été kidnappées, loin de là, elles avaient décidé d'elle même de rejoindre les rangs d'un des Corsaire constituant le cortège de luxe de la Sainte. De facto, vous ne pouviez pas foncer tête baisser et forcer les choses sous peine de vous attirer les foudres de bien des institutions. Et en même temps, rester sourde face aux supplications de la Reine d'Alabasta n'était pas non plus une chose des plus avisées.
Le Royaume était grand et puissant. Il valait mieux l'avoir parmi ses alliés que parmi ses ennemis, surtout dans cette guerre sempiternelle face à la Révolution.
Ainsi, on t'avait mandaté, comme bien d'autres pour que vous puissiez trouver une solution personnelle à ce problème. Sur place, tu avais stationné ton navire au même titre que d'autres du Gouvernement sur le rivage de l'île, suffisamment loin de la terre pour ne pas être embêté par la population locale mais assez proche pour intervenir à tout moment. Pourquoi ici ? Car c'était là que la destination de la Dragonne se soldait pour sa prochaine étape et qu'il valait mieux récupérer les princesses maintenant plutôt que prendre le risque qu'elle s'échappe à tout jamais à votre contrôle.
Sur le navire principal, bien plus gros que le tien, il y avait d'autres officiers qui discutaient. Eux aussi avaient reçu les ordres et tout comme toi, ils étaient bien peinés sur comment procéder... La journée allait être très longue...
Tu fixais la ribambelle de hauts-gradés tout autour de toi. La plupart étaient comme toi des Commodores mais il y avait quelques Contre-Amiral qui se perdaient dans le lot. Et même parmi eux, il y en avait un qui ressortait bien plus que les autres. Que ce soit par son âge, sa carrure, ou même l'aura qu'il dégageait qui écrasait volontiers tout ceux n'ayant pas la force de river son regard. De ton côté, tu trouvais cela certes impressionnant mais pas de quoi te faire trembler pour autant. Tu avais déjà affronté des colosses tout aussi épais que lui, et cela faisait depuis quelques temps maintenant que tu pouvais te targuer d'être rentrée dans la cour des grands depuis que tu maîtrisais le Haki, même si ta maîtrise était encore incomplète en comparaison de l'Amiral Fenyang.
- Tout ce beau monde pour sauver deux gamines. C'est ridicule !
Telle une caricature de lui-même, il vint à profaner quelques grossièretés avant de tirer sur son immense cigare qui lui coûterait sans doute un sacré cancer dans la décennie à suivre. Cependant, alors que tu fixais la salle autour de toi, tu remarquais que personne n'osait vraiment intervenir, quand bien même ils en auraient l'occasion.
- Contre-Amiral, qu'on le veuille ou non, nous devons les rendre à la royauté d'Alabasta.
Évidemment, tu étais la seule à bien vouloir intervenir. Naturellement, tu venais donc à attirer son attention alors qu'il venait à lever son sourcil bien épais et à poser son regard assassin dans le tiens. Tu ne bronchais pas. Non pas par défiance, tu respectais après tout toujours la hiérarchie, mais simplement car c'était ton devoir que de faire en sorte que la mission se déroule pour le mieux. Toi aussi tu trouvais tout cela ridicule, mais ce n'était pas à toi d'en juger davantage.
- Et tu es qui gamine ?!
- Commodore Pandore. Tout comme vous, j'ai reçu les ordres de planifier une intervention sur Jaya afin d'intercepter les princesses sans créer d'esclandre.
Voilà qu'il vint à faire une moue assez étrange, entre la gène, la confusion et la colère. Il ne devait sans doute pas être habitué à ce qu'on lui tienne tête de la sorte quand bien même tu n'avais fait que répondre à ses premières exclamations. Fondamentalement, tu étais dans le vrai, mais tu avais cette étrange impression qu'il y avait bien plus pour justifier sa réaction à ta présentation.
Pivotant légèrement ta tête sur le côté, tu pouvais voir la réaction des autres. Apparemment, le fait que tu ai officié sous les ordres du nouvel Amiral n'était pas passé inaperçu. Si les Contre-Amiraux pouvaient largement imposer leurs autorités respectives sur toi, ils semblaient l'être bien moins enclins lorsqu'ils savaient désormais qui t'estimait en haut-lieu. D'autant qu'on ne participait pas à un Buster-Call en espérant rester anonyme ensuite. - Très bien. Tu proposes quoi ? Cette île va être un vrai champ de bataille si ça devait mal se passer et on aura d'autres choses à faire que de s'occuper des demandes d'Alabasta.
Car c'était à toi désormais de décider de la suite des choses ? Ou bien cherchait-il à ce que tu te ridiculises devant tout le monde ? Cela était possible mais tu en avais pas l'impression. On ne devenait pas aussi vieux dans ce métier sans avoir un semblant de bon jugement, et il semblait être passé au-delà de ton grade pour t'écouter sincèrement. Soit... Tu avais eu le temps d'y réfléchir depuis que tu avais reçu les rapports d'en haut. - Il ne fait aucun doute que sauver les deux princesses renforceraient nos liens diplomatiques avec Alabasta. Cependant, celles-ci ont rejoint les rang du Corsaire Jack. Et puisque celui-ci fait parti du cortège de Sainte-Adela, il est hors de question qu'on utilise la force contre eux.
C'était davantage une négociation avec des otages victimes de Syndrome de Stockholm plus qu'autre chose qui allait se configurer une fois à Jaya. Une prise d'otage où vous n'aviez clairement pas l'avantage puisqu'en apparence vous n'aviez rien de tangible à proposer pour convaincre Cloclo et Nina.
- Nous pourrions être discrets et essayer de les kidnapper quand tout le monde aura le dos tourné. Je doute cependant que cela arrange notre cas. N'oublions pas qu'elles font parti intégrante de l'ordre de succession de la Royauté d'Alabasta. Nous ne pouvons pas négliger la possibilité qu'un jour, l'une d'entre elle soit au pouvoir même si cela parait improbable. - Ce sont des gamines immatures. Elles l'ont rejoint car elles pensent que c'est lui leur prince charmant. Tu veux pas non plus qu'on leur propose nos gars pour les séduire en retour ?
Un moment de silence plus tard, son visage qui se voulait moqueur vint à se figer dans une certaine stupeur alors que ton absence de réponse en disait long. Tu affichais même une moue pensive face à sa dernière tirade. - C'est pas la pire des idées que j'ai pu entendre dans ma vie. Si ce sont les gorilles qui les attirent, je suis sur qu'on a tous dans nos rangs des soldats à même de correspondre à cette description. Je vous proposerai bien vous Contre-Amiral, mais je crains que vous ne soyez trop vieux pour elles.
Tu souriais, avant d'être rejoint par un éclat de rire, gras et puissant de sa part. Apparemment, vous aviez déjà un début de solution si jamais vous n'arriviez pas à les convaincre de manière conventionnelle.
L'ordre avait été très simple. Trouver des volontaires, à la plastique parfaite, pour constituer une brigade d'intervention lorsque Sainte-Adela et son cortège finirait inévitablement par mettre pieds à terre. Le but de cette brigade était de simplement séduire les deux princesses, elles qui devaient sans doute rêver de princes charmants allaient en avoir à la pelle, cadeau du Gouvernement Mondial. Il y avait définitivement mieux qu'un Corsaire pour s'imaginer vivre la vie avec. D'autant qu'ils restaient quand même des soldats de la marine, même sans compétence particulière, tu attendais d'eux qu'ils puissent t'appuyer si jamais il devait y avoir une bataille à ciel ouvert.
Après tout, le problème pouvait s'avérer être bien plus imposant que ce que laissait en présager les rapports. Si l'ennemi en profitait pour frapper, il allait falloir protéger Sainte-Adela ainsi que les princesses. Les corsaires eux avaient suffisamment de puissance pour se défendre eux-même et ce n'était sans doute pas toi qu'on enverrait pour garder leurs flancs. Qu'importe, ton seul objectif était de ramener les joyaux d'Alabasta et balayer tout ennemi se mettant sur ton chemin s'il devait y en avoir.
- Commodore. Nous avons réunis le maximum de soldat correspondant à votre description et voulant se porter volontaire.
Arquant un sourcil, tu fixais la lieutenante à lunette, les joues empourprées de rouge. Elle avait même bégayé la fin de sa phrase et clairement, ce n'était pas à cause de toi. A l'inverse du Contre-Amiral, tu n'intimidais encore personne et c'était très bien ainsi.
- Et où est le Contre-Amiral... ?
- Il nous a dit que vous saurez gérer la suite et qu'il avait reçu d'autres ordres à préparer.
Tss ce vieil homme. Si ce plan l'avait amusé, cela avait été presque évident qu'il allait te décharger le bébé dans les bras. En même temps, tu pouvais le comprendre. Il ne semblait pas personne à vouloir monter une opération de gorille simplement pour séduire deux donzelles sans défense. Quoi que... Tu étais presque sûr qu'il cachait pas mal de chose derrière sa longue carrière. Lui aussi avait-été jeune fut un temps. Sans doute.
- Commodore ! Nous avons tous accepté cette mission pour sauver les princesses de ce vil Corsaire ! Comptez sur nous !
Arquant un sourcil, tu venais à pencher ta tête sur le côté pour fixer la ribambelle de beau gosse qui s'était tous mis en rang devant toi. Pour la plupart, ils étaient presque débraillés, leurs uniformes laissant apparaître leurs abdos saillants et finement taillés. Des vrais statues grecques en puissance qui semblaient cependant ne pas vraiment avoir la lumière à tout les étages. Pour pas dire con.
- Et vous êtes... ?
- Sergent Ken. - Ken comm...
- Juste Ken Madame !
Clignant des yeux, tu avais du mal à continuer cette conversation des plus lunaires. Tu avais beau être une machine à tuer sur ton temps perdu, tu n'étais pas insensible à la haute teneur de testostérone dans l'air si bien que tu devais faire preuve de toute ta volonté pour détacher tes yeux de sa musculature parfaite. Et le fait qu'ils étaient tous comme ça n'aidait clairement pas ton cas.
- Bien juste Ken. Ca ne va pas être de tout repos là-bas, et vous avez intérêt à être le plus séduisant possible une fois sur place. Jusqu'ici, j'ai l'impression que vous serez tous capable de gérer.
C'était peu dire. Tu pouvais même sentir une goutte de sueur perler sur ton front, et peu à peu tu rejoignais l'état de la Lieutenante qui étonnement était restée bien silencieusement à tes côtés comme une petite souris ne voulant pas manquer une seule seconde de cette scène des plus absurdes.
- Madame ! Nous avons juré de servir ! Nous servirons !
Et en plus ils étaient sacrément denses ces mecs. Eleonore aurait sans doute eu beaucoup moins de mal à gérer tout ce troupeau d'Apollon, elle en aurait sans doute profiter pour se rincer l’œil elle aussi. Tu te promettais d'en ramener quelques uns pour elle si jamais la mission venait à se dérouler avec brio. Dans tout les cas, il te fallait t'assurer qu'ils comprennent tous l'ordre de mission dans le moindre détail. Un malheureux coup de feu précoce pourrait déclencher un accident diplomatique des plus abyssales qui retomberaient inévitablement sur toi.
Pas étonnant que le Contre-Amiral t'avait confié le bousin.
Never-Utopia
