Année 1626, Palais impérial de Kanokuni, appartement du médecin Liu.
C’était une chaude nuit d’été qui alourdissait les esprits et poussait aux excès. Le médecin impérial Liu avait réuni un petit comité dans ses appartements afin de s’attirer leurs bonnes grâces. Je faisais partie des invités et j’observais silencieusement la joyeuse congrégation en train d’engouffrer des quantités indécentes d’alcool et de rôtisseries laqués.
Liu était un homme ambitieux mais qui avait le malheur de n’être guère brillant et compétent, alors il compensait par le léchage de bottes. Un exercice où il était particulièrement assidu et ne ménageait pas ses efforts.
Depuis mon arrivée au Palais en tant que jeune officier ayant fait ses preuves au bureau des douanes de Jing, il n’avait cessé de me courtiser en espérant que mon ascension rapide lui permettrait d’être mis en valeur s’il était suffisamment proche de moi. D’ordinaire je ne lui accordais qu’une attention limitée mais depuis quelques mois il avait fait preuve d’une audace dans son office de médecin en employant des techniques nouvelles ou originaires de pays particulièrement éloignés. Ce changement m’intriguait et je désirais comprendre ce qui le provoquait. Mon entrée au palais devait me permettre de trouver les espions de la Révolution qui s’y était infiltré et je devais suivre n’importe quel changement étrange ou suspicieux.
Une coupe d’alcool brusquement placée sous mon nez me tira de mes pensées. La main tenant la coupe appartenait à Liu dont la face avinée tentait maladroitement de me faire comprendre de boire. Je lui rendis un sourire éclatant avant de m’en saisir pour la boire cul sec en pérorant sur mon plaisir d’être en si bonne compagnie. Heureusement pour moi, l’entrainement du Cipher Pol intégré l’art de boire sans se saouler.
Je balayais subrepticement la congrégation d’un regard pour me tenir informé de l’état des invités. Il y avait le vieux maître Eisei, un bureaucrate dont les heures de gloire étaient derrière lui mais qui conservait une certaine influence. Cuang, un jeune militaire fameux pour avoir mis un terme à un début de révolte paysanne et enfin Chu En, le biographe personnel de l’Empereur. Les autres invités comataient dans leurs fluides et ne valait guère que je m’y intéresse.
Si ceux que j’ai cité étaient tous fortement alcoolisé, Eisei me semblait intriguant car son expression interdite ne me laissait pas deviner s’il était fin saoul ou encore maitre de ses pensées.
Sur un ton amusé alors que je resservais la coupe de Liu, je l’interrogeais sur les vertus médicinales de l’alcool. Sans une hésitation il se lança dans une grande explication pseudo-scientifique mais surtout à la diction bancale sur le sujet. Il adorait être flatté sur ses connaissances ce qui me permit d’attirer l’attention de tous sur son “immense” savoir et sur comment il parvenait à maîtriser tant de sujets.
Pris au piège de l’ébriété et de l’attention de tous, il ne put s’empêcher de glisser fatalement vers ce qui m’intéressait. Il eut un instant d’hésitation qui le coupa en pleine tirade puis essayant tant bien que mal d’avoir l’air solennel, nous fit promettre sur nos ancêtres de garder son secret.
Cuang était un jeune beaucoup trop pétri d’honneur pour ne pas être pleinement sérieux lorsqu’il jura. Eisei n’avait pas la réputation de colporter des racontars, quant à Chu En il était trop pusillanime pour vouloir s’attirer l’hostilité de quelqu’un, même celle de Liu. Pour ma part, un subtil numéro de charme mêlé à des références au respect des traditions et de l’honneur de la parole donnée fit s’abattre ses dernières réticences à nous parler.
Liu - “ Mes amis, je suis...” un rôt intempestif l’interrompit. “Je suis un homme de science comme vous le savez. En homme de science je suis tombé il y a quelques temps sur une créature fascinante que j’étudie depuis.” Il resta un instant l’oeil vitreux à nous regarder en silence puis reprit. “Ce qui est le plus fascinant au-delà de son apparence est ce qu’elle sait ! Un savoir médical immense qu’un érudit tel que moi doit reconnaître et je dois bien admettre qu’elle m’a été d’une aide précieuse”.
Nous restâmes un instant circonspect devant la révélation ne sachant s’il s’agissait du délire d’un homme ivre ou d’un mensonge éhonté pour noyer le poisson. Cuang fut le premier à réagir.
Cuang - “Une créature Ah ! Mais bien sûr vieille fripouille ! Et pourquoi pas un dragon aussi ? Un dragon qui exauce les souhaits des médecins” Lança-t-il dans un rire guttural.
Le visage de Liu se rembrunit non pas sous l’effet de l’alcool mais de l’orgueil piqué au vif.
Liu- “Je ne suis pas un menteur jeune Cuang ! Sachez que cette créature existe bel et bien et qu’elle est même dans l’enceinte du Palais”.
Cuang éclata d’un rire pataud. Les imbéciles ont bel et bien leur utilité car l’occasion était trop belle.
Cai - “Tenez votre langue Cuang, j’ai toute confiance en maître Liu et j’ai la certitude qu’il va nous prouver ses dires et faire fermer votre clapet”.
Je perçus la gêne passer sur le visage de Liu.
Cai - “Maître Liu est un homme d’honneur qui a fait promettre sur nos ancêtres. Croyez-vous vraiment qu’il réclamerait pareil engagement s’il ne pouvait nous montrer la créature ! La jeunesse est une chose Cuang mais l’insolence en est une autre.”
Cuang - “Eh bien qu’il nous la montre donc !”
Le jeune militaire semblait également piquer au vif. Rien de mieux que deux imbéciles orgueilleux pour se pousser mutuellement.
Liu - “Je...Je ne sais pas si je devra..”
Cai - “Maitre Liu ?”
Mon regard imitant la sincérité du respect qui vacille face au doute eut raison de son ultime réserve.
Il se leva et s’empara piteusement d’une bougie afin de pousser un meuble dissimulant une trappe.
Liu - “Suivez-moi !”
Liu était un homme ambitieux mais qui avait le malheur de n’être guère brillant et compétent, alors il compensait par le léchage de bottes. Un exercice où il était particulièrement assidu et ne ménageait pas ses efforts.
Depuis mon arrivée au Palais en tant que jeune officier ayant fait ses preuves au bureau des douanes de Jing, il n’avait cessé de me courtiser en espérant que mon ascension rapide lui permettrait d’être mis en valeur s’il était suffisamment proche de moi. D’ordinaire je ne lui accordais qu’une attention limitée mais depuis quelques mois il avait fait preuve d’une audace dans son office de médecin en employant des techniques nouvelles ou originaires de pays particulièrement éloignés. Ce changement m’intriguait et je désirais comprendre ce qui le provoquait. Mon entrée au palais devait me permettre de trouver les espions de la Révolution qui s’y était infiltré et je devais suivre n’importe quel changement étrange ou suspicieux.
Une coupe d’alcool brusquement placée sous mon nez me tira de mes pensées. La main tenant la coupe appartenait à Liu dont la face avinée tentait maladroitement de me faire comprendre de boire. Je lui rendis un sourire éclatant avant de m’en saisir pour la boire cul sec en pérorant sur mon plaisir d’être en si bonne compagnie. Heureusement pour moi, l’entrainement du Cipher Pol intégré l’art de boire sans se saouler.
Je balayais subrepticement la congrégation d’un regard pour me tenir informé de l’état des invités. Il y avait le vieux maître Eisei, un bureaucrate dont les heures de gloire étaient derrière lui mais qui conservait une certaine influence. Cuang, un jeune militaire fameux pour avoir mis un terme à un début de révolte paysanne et enfin Chu En, le biographe personnel de l’Empereur. Les autres invités comataient dans leurs fluides et ne valait guère que je m’y intéresse.
Si ceux que j’ai cité étaient tous fortement alcoolisé, Eisei me semblait intriguant car son expression interdite ne me laissait pas deviner s’il était fin saoul ou encore maitre de ses pensées.
Sur un ton amusé alors que je resservais la coupe de Liu, je l’interrogeais sur les vertus médicinales de l’alcool. Sans une hésitation il se lança dans une grande explication pseudo-scientifique mais surtout à la diction bancale sur le sujet. Il adorait être flatté sur ses connaissances ce qui me permit d’attirer l’attention de tous sur son “immense” savoir et sur comment il parvenait à maîtriser tant de sujets.
Pris au piège de l’ébriété et de l’attention de tous, il ne put s’empêcher de glisser fatalement vers ce qui m’intéressait. Il eut un instant d’hésitation qui le coupa en pleine tirade puis essayant tant bien que mal d’avoir l’air solennel, nous fit promettre sur nos ancêtres de garder son secret.
Cuang était un jeune beaucoup trop pétri d’honneur pour ne pas être pleinement sérieux lorsqu’il jura. Eisei n’avait pas la réputation de colporter des racontars, quant à Chu En il était trop pusillanime pour vouloir s’attirer l’hostilité de quelqu’un, même celle de Liu. Pour ma part, un subtil numéro de charme mêlé à des références au respect des traditions et de l’honneur de la parole donnée fit s’abattre ses dernières réticences à nous parler.
Liu - “ Mes amis, je suis...” un rôt intempestif l’interrompit. “Je suis un homme de science comme vous le savez. En homme de science je suis tombé il y a quelques temps sur une créature fascinante que j’étudie depuis.” Il resta un instant l’oeil vitreux à nous regarder en silence puis reprit. “Ce qui est le plus fascinant au-delà de son apparence est ce qu’elle sait ! Un savoir médical immense qu’un érudit tel que moi doit reconnaître et je dois bien admettre qu’elle m’a été d’une aide précieuse”.
Nous restâmes un instant circonspect devant la révélation ne sachant s’il s’agissait du délire d’un homme ivre ou d’un mensonge éhonté pour noyer le poisson. Cuang fut le premier à réagir.
Cuang - “Une créature Ah ! Mais bien sûr vieille fripouille ! Et pourquoi pas un dragon aussi ? Un dragon qui exauce les souhaits des médecins” Lança-t-il dans un rire guttural.
Le visage de Liu se rembrunit non pas sous l’effet de l’alcool mais de l’orgueil piqué au vif.
Liu- “Je ne suis pas un menteur jeune Cuang ! Sachez que cette créature existe bel et bien et qu’elle est même dans l’enceinte du Palais”.
Cuang éclata d’un rire pataud. Les imbéciles ont bel et bien leur utilité car l’occasion était trop belle.
Cai - “Tenez votre langue Cuang, j’ai toute confiance en maître Liu et j’ai la certitude qu’il va nous prouver ses dires et faire fermer votre clapet”.
Je perçus la gêne passer sur le visage de Liu.
Cai - “Maître Liu est un homme d’honneur qui a fait promettre sur nos ancêtres. Croyez-vous vraiment qu’il réclamerait pareil engagement s’il ne pouvait nous montrer la créature ! La jeunesse est une chose Cuang mais l’insolence en est une autre.”
Cuang - “Eh bien qu’il nous la montre donc !”
Le jeune militaire semblait également piquer au vif. Rien de mieux que deux imbéciles orgueilleux pour se pousser mutuellement.
Liu - “Je...Je ne sais pas si je devra..”
Cai - “Maitre Liu ?”
Mon regard imitant la sincérité du respect qui vacille face au doute eut raison de son ultime réserve.
Il se leva et s’empara piteusement d’une bougie afin de pousser un meuble dissimulant une trappe.
Liu - “Suivez-moi !”