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Prescience


- « T’es vraiment pas croyable Salem ! On aurait pu fêter ta promotion un peu plus ! »

- « KWAAAAAK !!! »


Pendant que Meilan me grondait presque et que mon kung-fu dugong pétri entre ses gros nibards braillait pour appuyer ses dires, je me contentais pour ma part de lire tranquillement la une d’un quotidien qui faisait mes éloges. Si ma cousine avait raison et gardait un air boudeur les joues gonflées, j’étais personnellement serein mais surtout décidé à en découdre avec ma nouvelle cible que nous allions rejoindre bientôt : Yamato, le plus grand sabreur de ce monde encore en vie et meurtrier de feu le vice-amiral Eustache. L’information m’avait bien entendu été donné par quelques Cipher Pol qui m’avaient vendu la mèche alors que j’étais encore en pleines festivités. De quoi me pousser à me précipiter hors de Mariejoa pour prendre la direction du nouveau monde, au grand dam de mes hommes. D’ailleurs, dehors, la tempête était impressionnante et les vagues mugissantes faisaient tanguer les trois navires de ma flotte dans tous les sens. En dépit de l’expérience de mon équipage, certains soldats ne supportaient pas les intempéries du nouveau monde contre lesquels le commun du mortel ne pouvait rien. On pouvait donc entendre des cris, des prières et autres litanies du genre dans tout le navire. Allongé sur un canapé-lit, le voyage ne m’émouvait absolument pas. C’était presque avec le sourire que je lisais les éloges qu’une journaliste (que je connaissais très bien) avait fait sur ma personne. Au-delà de mon expérience en navigation, c’était la solidité de nos cuirassés qui me confortait dans l’idée que nous ne risquions rien ; hormis une attaque ennemie venue de nulle part, ce qui serait, ma foi, très peu probable…

Surtout en pleine tempête, heh !

Mais à peine avais-je pensé à cette éventualité que notre navire fut complètement ébranlé par un je ne sais quoi ! Les secousses, presque sismiques, projetèrent çà et là des objets ou des êtres humains, le tout sous des cris de détresse ; si bien que l’intérieur du navire fut sens dessus dessous en un clin d’œil ! Ma toubib principale et accessoirement l’une de mes bras-droits plana de sa place pour finir par s’écraser complètement sur moi ! Sans avoir compris ce qui s’était passé, je m’étais soudain retrouvé avec une grosse paire de seins m’étouffant complètement ! Et, même pas le temps de réagir qu’un « Kyaaaaaaaah ! » aussi strident qu’aigu vrilla mes tympans, le tout suivi d’une baffe bien sentie sur l’une de mes joues qui devint immédiatement rouge ! Ouais. Ania venait de me baffer alors que j’avais même pas bougé le petit doigt pour avoir ma tronche dans ses gros nichons ! Elle se releva ensuite promptement, toute rouge, avant de se rendre compte de sa bévue et de se confondre carrément en excuses. Pour ma part, c’est complètement boudeur que je restai avachi sur mon canapé-lit, pendant que mes autres hommes de main s’étaient mis à se moquer allègrement de moi ! Paie ton autorité hein. Ces enfoirés oubliaient quand même que j’étais devenu un amiral là ! Mais là encore, même pas le temps de grommeler correctement qu’un autre choc fit vibrer les fondations de notre navire, comme si quelque chose cherchait à nous renverser et à nous faire chavirer. Le bateau oscilla très dangereusement dans tous les sens sans pour autant couler ; et alors qu’Ania allait une nouvelle fois perdre pied, je la tins après avoir jailli de nulle part.

- « A-Amiral… ?! » Balbutia-t-elle immédiatement.

Une vision. J’avais eu une vision. Comme un flashforward qui me montrait ce qui allait se passer. De ce fait, mon corps avait alors bougé tout seul d’un soru et hop, derrière la jeune médecin comme par magie. La pauvre était toute aussi étonnée que moi et surtout toujours aussi rouge. Calée contre un mur, Meilan n’en revenait pas non plus. Si son niveau lui permettait de suivre mes mouvements, elle ne l’avait tout simplement pas vu venir. Il en allait de même pour mes autres hommes présents dans cette salle de réunion (ou plutôt de repos ?) qui me dévisagèrent comme s’ils avaient aperçu un fantôme. Autant dire que tous hallucinaient. On me savait rapide, certes, mais pas autant. Tandis que je me posai moi aussi des questions, un hurlement sourd et animalier vint nous sortir de notre torpeur. C’est au pas de course que nous quittâmes la salle dans laquelle nous nous étions retranchés pour débouler sur le pont de mon cuirassée. Une fois dehors, force était de constater que la tempête faisait rage ! Les vagues déferlaient dans tous les sens et se fracassaient même sur les flancs du cuirassé, qui, lui, ondulait dans tous les sens… Le vent était assez fort pour que les matelots se cramponnent à tout ce qui pouvait leur éviter de passer par-dessus bord… Et l’ombre massive qui faisait face à notre cuirassé ne laissait place à aucun doute possible : un roi des mers voulait nous becter avec bon cœur. Normal quoi. Voilà qui expliquait enfin les secousses récentes. Pour se faciliter la tâche, la bestiole souhaitait nous faire couler et se servir directement dans l’eau ensuite. Classique. De quoi me faire soupirer un bon coup…

Un roi des mers. Entre 6500 et 7000 dorikis.:

- « Un peu plus de 6000 dorikis à vue de nez quand même hein… Faut croire que c’est jamais d’la rigolade, le nouveau monde… » Qu’avais-je fini par déclarer, presque blasé.

- « Il est assez massif quand même. Il a soulevé de la fonte ou quoi ? » Ajouta Meilan, railleuse.

- « Il… Il… Il fait peur… » Qu’ajouta Ania, pratiquement cachée derrière moi et toute tremblotante.

Puis, soudain, j’eus une deuxième vision. Celle d’une gigantesque vague qui s’abattit sur le navire à bâbord et qui le secoua assez pour le renverser sur l’autre flanc. Lorsque je revins à moi, le gigantesque monstre aquatique qui nous faisait face semblait bouger une partie de son corps : sa queue, plus exactement. Il voulait sans doute générer la vague destructrice que j’avais vu dans le flash qui s’était imposée à moi. Alors, quelques secondes avant la catastrophe, je dégainai l’un de mes meito, avant de balancer une grosse lame de vent vers la gauche. En voyant mon attaque qui se transforma aussitôt en un rhinocéros d’air qui fonçait dans le vide, la plupart de mes hommes furent ahuris pendant quelques secondes. Néanmoins, l’ahurissement laissa place à une surprise lorsqu’ils virent une gigantesque vague se former sur la gauche, avant que mon attaque ne l’éclate  pour prévenir tout déluge sur nous. « Quoi ?! » « Comment ?! » « Mais ?! » Des questions et interjections de surprises fusèrent un peu partout sur le pont et c’est d’un air pantois que tout le monde m’observa, avant de reporter leur attention sur le monstre qui rugissait de frustration. Lui non plus semblait ne pas avoir compris ce qui se passait. Et puis, la même action se déroula quelques secondes plus tard, mais cette fois-ci à tribord : j’avais anticipé avec brio la prochaine attaque à distance du mastodonte qui nous faisait face et qui nageait littéralement en pleine confusion. Serrant ce qui s’apparentait à des poings, l’animal tapa dans l’eau, ce qui créa des vibrations aqueuses secouant le navire et rappelant à mes hommes qu’ils avaient mieux à faire que de rester immobiles.

- « Comment tu as fait ça ? » Me demanda Meilan, peu surprise contrairement aux autres, mais tout de même curieuse sur le moment.

- « Mon haki de l’observation, surement. Faut croire que je peux voir quelques secondes dans le futur, maintenant… »

Pour le coup, ma déduction ne sortait pas de nulle part. Quelques mois auparavant, j’avais pu me battre contre Mountbatten et ce dernier possédait ce don de prescience qui m’avait posé pas mal de problèmes. Comme un don du ciel, j’accédais enfin à cet ultime palier de l’empathie sur lequel je m’étais documenté. Certains le développaient avec de l’entrainement assidu. D’autres l’éveillaient plutôt d’un claquement de doigts. Je faisais partie de la seconde catégorie, mais était-ce vraiment étonnant pour une personne de ma trempe ? Après tout, j’étais enfin amiral et l’un des hommes les plus puissants de ce monde. Sans aucun fruit du démon qui plus est. C’était d’ailleurs sur ces solides acquis que je voulais défaire Yamato une fois pour toute. Venger le vice-amiral Eustache et devenir le meilleur bretteur de ce monde, c’était tout bonnement mêler l’utile à l’agréable. Mais bien avant de pouvoir m’amuser à faire ça, il restait une chose à faire : se débarrasser du lourdaud qui voulait clairement nous bouffer séance tenante. Il n’était même pas un gros problème en soi puisque je pouvais le décapiter en une seule attaque, mais… Il ferait du coup un bon sparring-partner pour affiner le pouvoir que je venais d’acquérir et qui me serait surement d’un grand secours à l’avenir. Prévoir à l’avance ce qui allait se passer… N’était-ce pas génial ?! Il n’y avait qu’à voir mon sourire pour comprendre ma satisfaction. Après des années à fuir ces mers, j’avais bien fait de venir y faire un détour, enfin. Cela me permettait également d’exorciser mes vieux démons, à savoir ma défaite contre Kiyori et une bonne partie de sa flotte…

Cette putain allait payer un jour…

- « GROOOOOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRR !!!!! »

- « Que tous les canons à bâbord fassent feu ! »
Ordonnai-je sous le cri effrayant de la bête !

Celle-ci acheva d’effrayer Ania qui préféra décamper du pont pour aller se réfugier à l’intérieur du navire, au moment où la bête plongea la tête la première dans l’eau, occasionnant ainsi une houle presque dangereuse vu comment les vagues firent balloter le cuirassé çà et là. Tandis que le monstre était sous l’eau et qu’il prévoyait de foncer à la gauche du navire, une pluie de boulets de canon s’abattit impitoyablement sur lui. La pauvre bestiole émergea de l’eau blessée à plusieurs endroits, tout en gueulant sa douleur. Plusieurs points sanglants se distinguaient çà et là sur son corps. Et, lorsque le roi des mers voulut ouvrir la gueule pour cracher une boule d’eau contondante sur nous, il récolta plutôt une boule d’air dans sa bouche qui lui éclata complètement les crocs, sans qu’il puisse comprendre ce qui lui arrivait. L’anticipation dont je faisais preuve bluffa complètement tous mes subordonnés, avant que je ne disparaisse d’un coup de soru du pont. Je me retrouvai en l’espace de cinq secondes derrière le monstre, au-dessus de l’eau, à multiplier de mini-geppo pour rester au même niveau. La bestiole, consciente qu’elle allait certainement mourir se retourna pour entamer un repli, mais se figea une fois qu’elle me vit sur son chemin. Cette fois-ci, la peur se lut sur sa gueule. Ses actions semblaient trop prévisibles pour moi, mais il faut dire que la capacité que je venais de contracter était tellement surpuissante que je pouvais comprendre sa détresse. Et dire qu’il ne m’avait fallu que quelques minutes pour m’en accommoder. L’apanage des plus grands de ce monde hein ? Plus qu’à m’habituer à ce statut…

- « Un coup de patte frontal en désespoir de cause hein ? »

J’eus un petit rire après que le monstre se mit à armer sa patte droite pour m’assener une patate de forain bien sentie ! Mais à peine balançait-il sa paluche qu’elle fut fendue en plusieurs morceaux sans qu’il ne comprendre quoique ce soit. J’avais une énième fois anticipé son mouvement tout en lui infligeant des lames de vent aussi rapides que destructrices. La chose hurla de plus belle et voulut plonger dans la mer pour s’y réfugier, mais une autre lame de vent, plus grande et bien plus meurtrière trancha net sa gueule, de sorte à le décapiter proprement. Le reste du corps retomba dans l’eau dans un fracas assourdissant, tandis que je me réceptionnai sur le pont après quelques coups de soru et de geppou couplés. Je rengainai mon meito et j’observai les environs en essayant de les sonder à l’aide de mon haki. Il n’y avait pas grand-chose dans le coin… C’était parfait. Le périple pouvait donc continuer. C’est en me rendant dans les ponts inférieurs, sous le salut militaire de mes hommes admiratifs, que je fus rattrapé par Meilan qui se posta à mes côtés avant d’ouvrir la bouche. Mais à peine voulut-elle prononcer son premier mort que je pris les devants : « Entre cinq et dix secondes à peu près. J’imagine que c’est ma limite actuelle… Mais je suis même pas sûr que je puisse aller au-delà. » Choquée par ma réponse, Meilan pouffa de rire alors que nous nous engouffrâmes dans les étages inférieurs du navire. Pour le reste, mes soldats allaient gérer jusqu’à ce que nous atteignions Vertbrume, là où ma cible était située -si les informations du CP étaient bonnes. Faire face à des orages de ce genre serait formateur pour les plus faibles.

Quant à moi, je n’avais plus qu’à aiguiser le nouveau pouvoir que j’avais.

J’étais même prêt à parier qu’il me servirait lors de mon prochain combat…
  • https://www.onepiece-requiem.net/t13084-ft-de-salem
  • https://www.onepiece-requiem.net/t606-alheiri-salem-fenyang-achevee#6727