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[Q] Devenir le meilleur sabreur ! ; Chapitre 2


- « Mais c’est quoi cet endroit ? » S’interrogea Meilan, la mine circonspecte devant l'environnement dans lequel nous avancions.

Et à raison. L’aspect de cet archipel ne donnait pas du tout envie de s’y attarder. A première vue, tout donnait envie de se barrer illico : entre les vagues mugissantes, les récifs qui rendaient les tentatives d’accostage difficiles, les îles qui s’élevaient à la verticale le froid polaire qui y régnait ainsi que la brume quasi-perpétuelle, il y avait de quoi vouloir s’en aller. Pourtant, c’était bel et bien dans cet endroit que se trouvait ma cible. Va savoir ce qu’il foutait là. Retraite pour s’entrainer hein ? Bien probable. Ce type avait l’air bien lunaire. A bien des égards, il ressemblait presque à Don Lope, bien que Yamato devait être moins extravagant que le premier. Toujours est-il que je voulais sa peau et que je n’allais pas tarder à l’avoir. Intuition ? Même pas. Foi d’amiral. Et pour ce combat, j’étais bien décidé à utiliser tout ce qui était en mon pouvoir pour le foutre au tapis. L’honneur du sabreur que j’étais ne primait pas cette fois : je voulais venger feu le vice-amiral Eustache, un point c’est tout ! Et pour ça, si je devais même mobiliser mes hommes de mains et Meilan qui était mon bras droit, je n’hésiterais pas. Ne parlons même pas de mes autres techniques dont je m’étais pourtant privées pour faire uniquement danser ma lame face à Don Lope. Dans cette situation bien particulière, il n’y aurait tout simplement pas de demi-mesure…

Alors que mes hommes s’affairaient à maintenir un cap correct sans savoir exactement où accoster vu la multitude d’îles qui parsemaient l’endroit, je fis signe à la plupart d’affaler les voiles, ainsi que des canots. Perdre de la vitesse, jeter l’ancre en dehors d’un courant trop important et utiliser des canots pour inspecter les environs… Voilà la solution qui me venait à l’esprit. Mes hommes de main s’armèrent aussitôt. Hormis Ania et Yulia, tous allaient descendre dans des canots et inspecter les environs. Tout fouiller avec des cuirassés semblaient assez compliqué. Je pouvais moi-même faire l’effort de descendre sur terre et utiliser mon haki de l’observation pour mâcher le travail, mais je savais que mes fiers soldats voulaient se rendre utiles. Après tout, c’était moi qui allais livrer combat dans un premier temps, ce qui était en soit, la partie la plus compliquée de cette opération -si tant est qu’on pouvait appeler cette descente sur Vertbrume, une opération. Assis donc sur une caisse posée contre le mur un bastingage, je dégustais des nouilles trempées dans une soupe chaude et épicée. Le must pour bien se réchauffer, moi qui étais d’un naturel très frileux. Origine Alabastienne oblige, que voulez-vous ! De quoi m’arracher un rire alors qu’avec mes baguettes, je saisis une grosse lamelle de viande que je tendis à mon kung-fu dugong.

- « Est-ce que tu veux qu’on engage le combat si on le voit ? Ou qu’on l’encercle à minima ? » Me demanda Meilan, légèrement anxieuse pour une raison qui m’échappait.

- « Hein ? Non. Pas de combat… Et puis j’pense pas qu’il fuira… Ou qu’il aura l’occasion de le faire. Faudrait qu’il soit un as de la navigation… Ou qu’il ait un équipage surpuissant, ce qui m’étonnerait vraiment… »

Meilan soupira sans se cacher tout en observant mon animal se repaitre des morceaux de viande que je lui passais. Rien ne pouvait le mettre plus en joie que d’avoir de la bonne bouffe. Lorsque j’essayai néanmoins de lui faire avaler les nouilles, la p’tite bestiole tourna sa tête avec dédain, comme si elle me boudait ou m’en voulait pour mon affront. Nan, vraiment lui, il voulait que de la viande. Sa réaction fit redescendre « la pression » pendant quelques secondes puisque ma cousine et moi pouffâmes de rire. Puis, sous un salut militaire, elle s’en alla. C’est donc quelques minutes plus tard que plusieurs canots se dispersèrent dans l’archipel pendant que toute la flotte était à l’arrêt, au sud de toute la région. Meilan, Bryan, Melvis et Mereleona dirigeait pas moins d’une dizaine de canots. Ania, Koko, Yulia et Glen étaient restés sur place, au cas où. De toute façon, j’interdisais toujours aux deux premières de se battre même si je savais qu’elles étaient assez puissantes pour se démerder sur un champ de bataille. C’est d’ailleurs Koko qui s’approcha de moi pour récupérer le bol de nouilles que j’avais fini de vider cinq minutes après le départ de mes hommes de main. Clope au bec, cette dernière, debout à côté de moi, laissa son regard se perdre un moment à l’horizon peu visible du fait de la brume. Puis, elle prit parole au bout d’une minute de silence :

- « C’est vraiment une opération nécessaire ? »

- « Vous parlez comme si on s’attaquait à un empereur là. C’est rien qu’un supernova de rien du tout. »

- « Un supernova qui a buté un vice-amiral quand même. Et puis, vu dans quel état tu as fini la dernière fois face à Don Lope… »

- « Certes. Mais autant venger un vice-amiral qui n'avait rien demandé, non ? Je suis payé pour ça, moi. On m’a pas promu pour la beauté du geste. »

- « Je n’en disconviens pas, même si contrairement à la dernière fois, je ne le sens pas… »


J’aurai pu répliquer, mais je préférai ne rien répondre pour le coup. Dans un certain sens, je pouvais comprendre l’inquiétude des miens. D’après les ragots, Yamato était bien plus fort que Don Lope. Autant dire que le buter ou l’emprisonner ne serait pas une sinécure. Cela dit, en plus d’avoir été promu amiral récemment, j’avais également progressé. Ne bute pas un membre du dragon de la révolution qui veut. Mais qu’importe. L’essentiel était ailleurs. En voyant que j’étais bien décidé à ne pas changer d’avis, Koko haussa ses épaules et s’en alla silencieusement, suivi par Jo, mon Kung-fu dugong qui n’était visiblement pas rassasié. Je les laissai s’éloigner avant d’avaler une bonne lampée de vin directement au goulot d’une bouteille déjà dévissé. Puis, je me fouillai pour chercher une clope. Manque de pot, je ne trouvai aucune cartouche sur moi. C’était bien ma veine. C’est ainsi que je me levai de mon siège de fortune, avant de fourrer mes mains dans les poches de mon pantalon pour me rendre tranquillement vers ma cabine, quelques ponts plus bas. Mais à peine avais-je effectué quelques pas que mon den-den-mushi portatif sonna. Rapide ! Très rapide, même. La gueule qu’affichait d’ailleurs mon gastéropode était celui de Mereleona. Etait-ce la première à l’avoir trouvé ? Plus qu’un seul moyen de le savoir : décrocher l’appel.


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Dim 4 Fév 2024 - 12:45, édité 1 fois
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- « Alors ? »

- « Je crois que je l’ai trouvé. Il semble enchainer des katas avec son sabre devant une bicoque, sur une plage déserte. Côté Ouest. »

- « Tu as prévenu les autres avant ? »

- « Non boss. Je m’y attèle juste après. »

- « Bien. Reste planquée. J’arrive dans moins de dix minutes. »


En raccrochant, je hélai l’un de mes hommes pour qu’il aille chercher tout ce dont j’avais besoin : mon manteau d’amiral, ainsi que mes meitos. Quelqu’un d’autre alla prévenir Ania ma toubib qui rappliqua en même pas deux minutes. Joues gonflées et pas forcément chaude à l’idée de me voir aller me battre sérieusement moins d’une semaine après ma promotion, elle me passa quand même des flacons remplies de larmes curatives. Parfait ! Je planquai les flacons dans toutes les poches de mon costard noir avant que le soldat que j’avais envoyé ne soit de retour. Une fois mes meitos rangés et mon manteau enfilé, je fis un signe de main à mes hommes et je confiai le commandement à Koko qui était aussi remontée. Après tout, c’était elle la plus gradée si l’on omettait Ania qui était plus de la scientifique qu’autre chose. Puis, d’un soru, je disparus de mon pont avant de multiplier des geppo pour filer dans le vent comme si j’étais doté d’une paire d’ailes vu comment je planais au-dessus de la mer. En quelques secondes, je foulai le sol de l’île abrupte la plus proche, avant de jouer de mon haki sur tout le territoire. Je fus plutôt étonné de constater qu’il y avait du monde dans cet endroit, ce qui expliquait pourquoi l’endroit était infiltré par le Cipher Pol ; mais je fis très vite de l’ordre dans mes pensées, avant d’affiner ma recherche.

- « Bon… Ça n’aura pas tardé au moins… »

C’est sans effort que je sentis effectivement quelques présences à l’ouest, pas très loin. L’une d’elles semblait effectivement dégager une certaine force. Souriant, c’est d’un bond surpuissant que je regagnai les airs avant d’enchainer une combinaison de soru et de geppo. On avait même l’impression que je glissai sur le vent, sans la grâce qui allait avec vu comment j’y allais rapidement. Slalomant entre les îles qui s’élevaient à la verticale, ce qui était une particularité plutôt étonnante du coin, il ne me fallut pas plus de cinq minutes pour arriver sur un ilot à priori désert qui détonnait un peu des autres îles du coin. Et, force était de constater qu’elle était… « normale ». Certainement l’exception qui confirme la règle. Ceci étant dit, elle n’était pas bien grande. Elle devait faire cinq fois la taille d’un terrain d’entrainement d’une base marine de Grand Line, à tout casser. Sur la plage déserte, se trouvait une petite embarcation faite pour une vingtaine de personnes maximum. Presque un bateau de plaisance. Ce type circulait avec ça sur le Nouveau Monde ? Si c’était le cas, force était de constater qu’il avait des couilles et pas qu’un peu, ce que je respectais. D’ailleurs, de là-haut, je ne tardai pas à voir une silhouette qui semblait effectivement s’entrainer. C’est donc sans hésiter que j’entamai une descente en force et en piqué sur la plage !

BOUM !

Autant dire que mon atterrissage ne fut pas des plus discrets. Mais là encore, peu importe…

- « Je vais même pas te faire l’affront de te raconter des balivernes comme quoi t’es en état d’arrestation ou quoi… »

Alors que la poussière qu’avait causé mon atterrissage ne s’était pas encore dissipé, Yamato put entendre ma voix rauque et décidée. Y’avait pas à dire, ça allait saigner ! Ma silhouette se dessina ensuite derrière le rideau poussiéreux qui persistait toujours, avant qu’un coup de vent ne dégage l’horizon de sorte à ce que nous puissions enfin nous voir. L’un de nous deux avait agité son meito pour balayer cette fumée étouffante. De mon côté, mon visage ne reflétait pas la détermination d’un homme prêt à vivre un duel épique et respectable, non : il était plutôt vengeur ! Ce type avait sali la marine en tuant l’un de nos illustres vice-amiraux et le PIRE dans tout ça, c’est que ça n’avait émeut presque personne dans les rangs ! Comme si tout le monde s’en foutait ou qu’il était loin d’être une priorité. On lui avait foutu une prime plus élevée sur la tronche et… Basta ! Pour l’amiral que j’étais, ça ne passait absolument pas. D’ailleurs, alors même que le combat n’avait pas commencé, je lâchai une vague de haki des rois d’une violence absolu qui se propagea un peu partout autour de nous. L’idée état non seulement de l’ébranler, mais aussi d’évaluer ce qu’il avait dans le ventre ; car ce matin-là, il n’avait non pas un épéiste cherchant à le défier, mais un marine vengeur qui était décidé à lui faire la peau une bonne fois pour toutes !

Avec mon meito à la main, il n’y avait plus qu’à sévir.

- « …J’espère juste que t’es prêt à défendre ta vie. »
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Nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut parfaire son expérience sans épreuves.
Dugongfucius.

L'arrivée des bâtiments de la Marine n'avait rien d'étranger à la présence de Yamato Rinshi sur l'île. Il savait que depuis ses récents faits d'armes, la roue karmique viendrait voir de son côté. Le seul choix qu'il avait eu dans ce qui allait se passer aujourd'hui était porté sur le lieu. Vertbrume. Tout ça parce qu'il avait tué un membre haut gradé de la Marine. C'était triste à se damner. Depuis qu'il avait embrassé la carrière de pirate, Yamato avait toujours observé avec une froide indifférence le cynisme de ce monde. On tuait de pauvres personnes et tout le monde continuait à vivre. On tuait une personne un tant soit peu connue et tout se mettait en branle. Pff. Vice-amiral ou non, cet homme avait choisi de donner sa vie pour le combat qui la lui avait enlevée. Alors parler de justice le faisait doucement rire.

Le plus grand sabreur du monde avait donné à ses accompagnateurs, de riches marchands de bibelots de luxe, des instructions simples. Revenir sur l'île d'ici quelques mois pour le récupérer. Fantasques, les deux dirigeants de la Compagnie des Colifichets du Bazar d'Orichalque avaient trouvé la demande assez hilarante pour accepter. Son petit navire avait été chargé avec assez de vivres pour qu'il puisse passer un long moment à s'entraîner ici. La demande du sabreur, bien qu'étrange, n'était rien par rapport à tous les monstres, marins ou humains, qui s'étaient pris à leurs navires et que Yamato avait défait. Depuis il était ici, sur cet endroit isolé de tous. Et voilà ce qu'il avait décidé de faire S'entraîner jusqu'à ce que la roue karmique ne vienne le percuter. Aussi, quand son haki de l'observation avait senti du mouvement autour de son îlot, il avait souri. Il savait que le destin venait à sa rencontre avec la vitesse d'un boulet de canon.

Vêtu d'un simple haori de soie sur un kimono gris délavé, l'homme se tenait debout sur le bord de la plage, discutant avec quelques pêcheurs qui venaient de caboter quelques heures auparavant. En termes un peu secs mais polis, il leur indiqua rapidement un lieu plus propice pour la pêche et les invita à ne pas revenir de sitôt. Sentant une présence se rapprocher de lui par les airs avec une vitesse peu commune, le sabreur inspira longuement et plaça le long de son corps ses mains avant de les faire danser avec une précision toute millimétrée. Un kata à proprement parler. Fouettant l'air de ses bras dans une danse chorégraphiée en inspirant et en expirant au gré du vent qui fouettait la plage. Au loin, les deux pêcheurs peinaient à tenir en respect l'impétueuse rafale qui les secouait avec leur rafiot bien mal entretenu. Au sommet de son crâne, il sentait la présence qui descendait sur lui et il ferma les yeux. Comme dans un rêve, son corps glissa lentement sur les grains de sable tandis que sa main trouvait la poignée d'une lame qui aurait pu faire partie de lui. Le choc retentit sur toute la plage, soulevant un épais nuage.

Quand il entrevit le visage de l'homme qui s'époumonait en face de lui, Yamato eut un sourire amer. Evidemment. Pour laver l'honneur, ils avaient envoyé le nouveau toutou. Alheïri S. Fenyang. Un amiral fraîchement nommé donc. La vague de Haki Royal qui se déchaina sur lui rencontre une résistance étrange. C'était comme si toute l'animosité contenue dans cet assaut semblait s'éroder contre quelque chose de gigantesque. Comme si tout un million de vagues clapotaient doucement le bloc de Haki de l'Amiral. Du sabreur se dégageait une immense aura de calme. Semblable à une statue, il faisait face à l'un des trois plus hauts gradés de la Marine avec une assurance et une sérénité pareille à nul autre. Après tout, l'individu en face de lui n'était qu'un homme. Comme tous les autres.

« Venir exclusivement pour me tuer ? Nous ne sommes pas obligés d'en arriver là. Et si effectivement nous en arrivons là, bien d'autres innocents mourront. De votre main et de la mienne. Ce serait stupide. »

Dans le regard du plus grand sabreur du monde, on pouvait lire une immense tristesse. Le sang allait couler aujourd'hui comme durant toutes les saisons passées. Il repensa à ses jeunes et folles années où il lavait dans le sang les affronts et les manquements à l'honneur. A l'époque, cela paraissait nécessaire et digne. Cela l'avait aussi fait passer de l'autre côté de la barrière. Du côté des méchants comme le disait si bien le gouvernement mondial et sa montagne de fonctionnaires bien pensants et de dictateurs infâmes et moralement rongés. A quoi cela avait-il servi ? Il s'était posé la question pendant bien longtemps et, maintenant, il n'avait plus le même regard sur les choses. Il avait suivi la voie du sabre et voici où elle l'avait mené. Aucune justification n'était nécessaire à cela. Il menait sa vie comme il l'entendait et en répondrait devant quiconque. Plantant son regard dans les yeux du marine, ses prunelles s'animèrent d'une intensité froide avant qu'il ne lâche quelques mots supplémentaires.

« Mais ça, je suppose que vous le savez déjà. »

Pour le commun des mortels, il aurait suffi d'un clignement de cil pour croire que Yamato Rinshi avait levé le bras au ciel. Pourtant, le cri déchirant de Chimère sortant de son fourreau venait de faire dresser les poils de quiconque à cent mètres à la ronde. Personne ne l'avait réellement entendu, c'était plutôt de l'ordre d'un ultrason jouant avec la limite auditive de l'homme. Une immense lame d'air verticale venait de parcourir la distance qui séparait les deux hommes. Un simple mouvement de iaijutsu. Le premier qu'avait appris Yamato après avoir maîtrisé l'intégralité des styles de toutes les écoles de Wano. Batto. La chauve-souris. Une frappe semblable à un cri. Rien que son adversaire ne puisse déjouer mais cela lui permettrait de se remettre les idées en place.

Le marine vengeur en face de lui ferait mieux de vite corriger le tir. S'il venait ici pour jouer une scène de théâtre dramatique, il perdrait la vie. Tout comme la désormais centaine d'autres personnes qui avaient joué à ce jeu idiot de l'ami, de l'amant, du membre de la famille ou du collègue éploré et en colère.

HRP:

    Comme au tennis, un revers du plat de ma lame s’en suivit. C’était tout ce qu’il m’avait fallu pour dévier sur ma gauche l’onde tranchante qui menaçait de me hacher menu. L’attaque venteuse alla piteusement mourir dans la mer, provoquant par la même occasion une explosion aqueuse semblable à un gigantesque geyser, qui fit un boucan aussi assourdissant que mon entrée en scène d’il y seulement une minute. La gigantesque masse d’eau qui jaillit dans les airs retomba alors dans les environs sous la forme d’une averse qui nous mouilla à souhait. Autant dire que le spectacle était aussi majestueux qu’effrayant ! En une seule passe d’armes, une partie de la plage était déjà marquée à jamais par une ournière presque semblable à une crevasse. C’était la preuve même que je jouais moi aussi ma vie. Cela étant dit, plus que son attaque, c’étaient les tremblements de mon meitou qui me laissait un tant soit peu circonspect. Grâce à mon haki de l’observation ô combien aiguisé, j’avais perçu cette étrange vague d’énergie se propager dans les environs. Si elle ne m’avait pas fait ciller, l’affaire était toutefois différente pour mon épée maudite. Une sorte de haki, peut-être… ? Va savoir. Il me faudrait l’expérimenter une à deux fois pour pouvoir trancher sur ce fait. Ceci état dit, même mon deuxième meito toujours rangé dans son fourreau semblait subir le même sort : des vibrations qu’on pourrait facilement apparenter à des spasmes de peur.

    Vraiment étrange… Et plutôt inquiétant même. Mais qu’importe.

    « Restez tous à cinq kilomètres de là. » Qu’avais-je fini par dire à mon escargophone accroché à mon poignet gauche que j’avais approché de ma gueule. « Dites à Meilan seule de trainer à un peu moins d’un kilomètre à la ronde tout en se faisant discrète. Qu’elle me prévienne dès qu’elle est en position. »

    - « B-Bien reçu boss ! On prie pour votre victoire ! » Que me répondirent l’un de mes hommes dans un grésillement aigu, qui prouvait que même nos appareils de communication avaient subi de légères interférences à cause de ce qui s’était produit tout à l’heure.

    Y’avait pas à dire : j’allais douiller sévère comme avec Don Lope ! Même la réponse de mes hommes avait sonné comme un certain ouf de soulagement, quelque part. De leur position, ils avaient dû voir ce qui venait de se passer et il y avait de quoi flipper. Après tout, Yamato n’était pas la fine lame qu’il pensait être pour rien. La mort du vice-amiral Eustache était la preuve même de son talent sans égal depuis un bon moment. Mais plutôt que de me défiler, je desserrai ma cravate avant d’inspirer profondément. Un mince sourire étira même mes lèvres : au-delà de la vengeance du vice-amiral, c’était aussi ma fierté d’épéiste qui était en jeu. De notre affrontement naitrait la plus grande lame de cette génération, tout simplement. D’une pierre deux coups hein ? Vraiment, je ne pouvais pas espérer mieux ! « Des innocents qui vont mourir hein ? J’avoue que je veux bien voir ça… » Et sans attendre, je déclenchai, c’est d’un mouvement fluide que j’engendrai devant moi une gigantesque vague de vent. Celle-ci se distordit dans tous les sens pour finalement prendre l’apparence d’un gros rhinocéros de plusieurs mètres fonçant à toute vitesse vers l’ennemi. Mais alors qu’on aurait pu croire que j’allais me contenter que d’une seule technique, c’est d’un clin d’œil que je me retrouvai dans les airs grâce à quelques geppo couplés à du soru. Là, je déclenchai une deuxième lame d’air qui prit elle le design presque trop précis d’un dragon oriental colossal…

    - « Jamais deux sans trois hein… »

    Et comme j’étais d’humeur généreuse, j’enchainai des sorus et des geppo dans l’ombre de mon gigantesque dragon redescendant comme un piquet vers Yamato, gueule grande ouverte. Là encore, je me retrouvai derrière lui, en quelques secondes seulement, avant de projeter une dernière fois une lame de vent qui prit l’apparence d’un loup tout aussi rapide et titanesque que les deux autres animaux qui menaçaient déjà la vie du plus grand épéiste. Ces attaques, plus contondantes que tranchantes avaient tout simplement pour but de jauger ses capacités physiques : vitesse, réaction, esquive, force physique, dextérité à manier un sabre et pourquoi pas capacité à contre-attaquer. Si j’avais une vague idée de son niveau qui était sans aucun doute proche du mien et pas qu’un peu, l’observer se débattre face à ces calamités prêtes à lui bousiller la tronche me permettrait de savoir avec précision son niveau et de décider de quoi faire pour la suite. D’ailleurs, plutôt que de rester bêtement derrière lui, sur place, je me mis à enchainer des déplacements instantanés autour de la scène grâce à des sorus, générant malgré moi des images rémanentes dans mon sillage pour qui avait la possibilité de me suivre du regard -ce qui serait certainement son cas, s’il avait seulement le loisir de pouvoir le faire. L’idée était également de chercher des failles en fonction de ses réactions.  A voir s’il arriverait par la suite à venir croiser le fer avec moi malgré ma furtivité…

    Hrp - Résumé du tour:
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    L’énorme déferlante de vagues venteuses qui chahutaient l’environnement n’altéra en rien le calme olympien du sabreur. Ecoutant son adversaire parler avec sa troupe qui devait naviguer non loin, il ne pût s’empêcher de sourire. Venir si nombreux uniquement pour lui. C’était tout autant flatteur que déplacé. Mobiliser autant de vies pour en entraver une seule. Ce gouvernement et le monde tournaient décidemment bien mal. Regardant son opposant dénouer sa cravate dans un sursaut coquet de galanterie, Yamato l’écouta railler sa capacité à éliminer des innocents. Etait-il simplement désireux de le voir passer à l’acte ? Sur son ordre, des navires pouvaient aller piller, détruire, tuer, ravager et bien plus encore. Il avait un escargophone lui aussi. Des hommes qui étaient prêts à se battre en son nom également. Alors à quoi bon ? Pour dissimuler la gigantesque vague de vent qui prit la forme d’un rhinocéros peut-être ?
    Avec brio, le fraîchement nommé amiral venait de démontrer sa maestria et de déchainer trois féroces animaux bien trop détaillés pour être réellement dangereux. Son adversaire avait atteint le stade de la création. Soit. Il était donc doué pour matérialiser à sa guise de nombreuses attaques parées du couvert de l’imaginaire. Par respect pour cela, le plus grand sabreur du monde lui montrerait donc le début de son jeu. Non pas que les véloces bonds de son adversaire l’y forcent mais disons plutôt que cela permettrait de montrer à cet adepte de la voie du sabre quelles étaient les lacunes qui restaient dans sa technique.

    Au-delà de l’art de la création, il existait une voie que seuls les plus grands sabreurs étaient en mesure de suivre. Elle était propre à chacun et se distinguait en ce qu’elle était unique pour chacun d’entre eux. D’aucuns sabreurs avaient surnommé cela l’Art du Sabre, l’Essence du Sabre. Pour le Rinshi, il n’y avait jamais rien eu d’autre que des choses simples. Aussi avait-il nommé sa voie Baransu. L’équilibre. Des mouvements simples, efficaces, équilibrés. Rien de trop démonstratif par opposition à son compère. Cela cachait bien entendu plus que cela mais seule cette partie serait montrée pour l’instant. Histoire de se dévoiler progressivement comme lors d’une rencontre entre deux jeunes tourtereaux.

    Chimère effectua donc une jolie ronde d’un coup de poignet en direction du rhinocéros. Un mouvement simple et basique qui s’accompagna d’un demi-tour pour que Yamato puisse apprécier les détails du loup. Le dragon ? Il en avait déjà bien trop vu pour s’y intéresser. La lame d’énergie du rhinocéros implosa comme si elle venait de traverser un fil à couper le beurre. Pire encore, elle percuta le dragon qui descendait en piqué et le choc libéra un grondement sourd. La colonne d’air souffla les alentours du ronin en une magistrale tempête alors que ses deux pieds s’ancraient dans le sol avec une grâce désintéressée. Chimère passa au-dessous de sa tête par un repli de bras, son compère invitant le loup à se repaître.

    « Que cherchez-vous en venant ici ? Et cette femme, là-bas, dit-il d’un signe de tête dans la direction où se trouvait Meilan, qui est-elle pour vous ? Pour que vous risquiez sa vie en venant chercher la mienne ? Je dois avouer que j’aimerais comprendre avant d’aller plus loin. Peut-être pourrions-nous discuter un instant ? »

    Les yeux du samouraï se plantèrent alors dans ceux de Salem en un instant tandis que Chimère déchiquetait le flanc du loup dans un mouvement fluide et agile. De la même manière, la dernière des gigantesques lames de vent explosa dans un grondement strident, fouettant les habits du Rinshi avec une violence peu commune. Il ne voulait pas s’en prendre à cet homme à vrai dire. Il comprenant le sens de sa mission, le besoin pour lui de rapporter de bonnes nouvelles à l’administration mondiale. Et, au fond de lui sans doute, voulait-il un peu se mesurer à la légende. C’était la seule des raisons qui faisait que Yamato tentait de discuter avec lui. Dans sa main, Chimère semblait s’exciter doucement à la venue de l’amiral. Comme si elle trouvait en lui un nouveau jouet. Foutue lame. Il l’aimait autant qu’il la détestait. Sans doute projetait-il sur elle un bon nombre des émotions et des pensées qui le lestaient. Dans l’attente de la réponse du Fenyang, le simple mortel qui tenait Chimère frissonna doucement en se laissant doucement envahir par la pureté du moment.

    HRP:

      Sans attendre un seul instant de plus, je fondis sur mon adversaire du jour. Un coup d’estoc s’en suivit ! Aussi brutal que véloce. Seulement, le meilleur sabreur du monde réussit à le contrer avec brio, avant qu’une pluie de coups ne s’en suivent de part et d’autre. C’était intense, rapide, véhément, si bien que des étincelles apparaissaient à chaque fois que nos lames s’entrechoquaient et grésillaient dans un vacarme assourdissant ! Bien évidemment, la force destructrice des coups échangés provoquaient des brises d’air qui soulevaient la poussière et occasionnaient tout autour de nous des volutes de fumées qui se muèrent en un écran presque opaque. Autant dire que la vue des spectateurs lointains n’était pas la plus optimale pour le coup. Un énième coup brutal nous fit reculer chacun de plusieurs mètres, tandis que je sentais encore mon meito trembler et ne pas être optimal pour un combat contre le type qui me faisait face…

      - « La jeune femme dont tu parles a 9000 dorikis. De ce que j’ai pu constater, tu en as autant que moi, à savoir plus ou moins 13000 dorikis. Tu penses pouvoir l’achever d’un seul coup ? Tout en sachant que je suis dans les parages ? »

      Voilà qui posait les bases. Même si nos meitos faisaient la gueule pour une raison qui m’échappaient encore, penser à tout détruire comme si de rien était sur son passage relevait de l’utopie. Mais était-ce vraiment de sa faute d’avoir un égo aussi démesuré ? Il avait tellement trusté le sommet des sabreurs que tout devait lui paraitre bien fade. Cela étant dit, j’étais étonné de constater que Don Lope avait rivalisé avec lui. Il y avait pourtant un réel écart entre cet homme et l’ex-célèbre bretteur que j’avais pourtant tué au prix de nombreuses blessures… On pouvait clairement dire que j’y avais laissé des plumes et pas qu’un peu d’ailleurs… « Si on se met à deux, tu mourrais salement… Et ce même en emportant l’un de nous deux dans la tombe. » Bien évidemment, les statistiques ne faisaient pas tout, mais Meilan était de mon acabit : une dangereuse bretteuse qui tutoyait les sommets et qui avait pratiquement les mêmes aptitudes que moi.

      - « Alors autant te taire et faire parler ta lame, non ? »

      J’aurai pu rajouter un bon « t’es un sabreur bordel, pas une gonzesse qui sait pas la fermer », mais c’était inutile. S’il continuait de vouloir être nonchalant, il pouvait clamser. Ça m’ferait des vacances, de toute façon. Sur cette pensée, je dégainai lentement Griffon. Il vibrait anormalement lui aussi, mais passer à un style de deux lames ne serait pas superflu. Intrinsèquement, j’devais avouer qu’il semblait sensiblement au-dessus de moi en termes d’escrime pure, même si j’avais l’ascendant sur la force brute. Yamato avait l’air serein et raffiné inhérent aux plus grands noms qui n’aient jamais existé en la matière : Mihawk… Ryoma… Vista… Là, où j’avais plus la prestance d’un Roronoa Zoro ou d’un Don Lope qui passaient en force. J’aimais le sabre… Mais pas au point d’être aussi poétique. Pas besoin d’être un esthète de toute façon. Seul le résultat comptait à mes yeux. Le reste était inutile à mes yeux. L’opposition de style était assez évidente, in fine.

      Soudain, je déclenchai une nouvelle vague de vent tout aussi gigantesque que les précédentes, à la différence que cette dernière avait une teinte mate. J’y avais insufflé une bonne dose de haki de l’armement. Mais plutôt que de m’arrêter là, je disparus aussitôt que mon attaque fut lancée, combinant encore une fois ma grande vitesse à mon soru pour me retrouver sur son flanc droit en un clin d’œil ! Là, tout se jouerait dans un mouchoir de poche, à la seconde près, carrément. Alors qu’il était menacé par une attaque qui lui fonçait droit devant, mes deux meitos fendaient déjà l’air et s’apprêtaient à le saigner salement. Mon Shodai Kitetsu visait tut simplement son cou pour une décapitation nette. Mon Griffon, quant à lui visait son flanc et donc son bide et lui offrirait un seppuku d’une violence inouïe s’il ne faisait rien. Dans tous les cas, il allait devoir se sortir les doigts du cul et défendre sa vie s’il ne voulait pas crever sur cet archipel…


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      Les dorikis, c'est comme les berrys, moins on en a, plus on les étale.
      Dugongfucius.

      La réaction de l'Amiral ne tarda pas et les deux hommes discutèrent avec l'acier et non des mots pendant un moment. Chimère prenait un plaisir intense à dévorer la lame du Black Rhino tandis que ce dernier lui exposait les mérites des bien nommés dorikis. Franchement... Mesurer ses membres là? Maintenant ? Yamato Rinshi était exaspéré. Vouloir prendre son titre et faire preuve d'autant d'acrimonie lui foutait les nerfs en pelote. Don Lope, malgré son caractère flamboyant, avait au moins le mérite d'être un homme de valeur. Parler de mort, de combat en deux contre un. Par quelles horreurs l'homme avait-il dû passer pour se permettre d'oublier autant de valeurs fondamentales du respect et de l'harmonie ? Il voulait que les lames parlent. Très bien. Une vibration parcourut l'air de manière quasi-imperceptible.

      « Ainsi soit-il. »

      Laissant dégainer une seconde arme à son adversaire, le Rinshi se raidit, intuitant la nouvelle vague de vent qui allait se présenter vers lui, chargée des teintes caractéristiques du Haki de l'armement. L'Amiral faisait une nouvelle fois preuve de son talent de guerrier. Deux attaques simultanées en plus de la lame de vent. Chimère s'arqua dans les airs et frappa tandis que Yamato fonçait vers l'amiral d'un air plus déterminé que jamais. Son visage se raidit et, d'un simple mouvement de lèvres, lâcha un cri féroce qui emplit l'air près de deux kilomètres autour d'eux. Le Cri du Lion. Les membres du Fenyang se raidirent malgré leurs mouvements mortels tandis que Chimère, couverte d'un noir de jais, dévorait la lame de vent et percutait le Shodai Kitetsu avec une lame inouïe.

      L'Amiral, peut-être surpris, ne perdit pas le nord et laissa Griffon labourer le flanc du samouraï. La lame avait touché, c'était certain. Pourtant, l'homme qu'il venait de dépasser restait stoïque, son kimono se teintant d'un rouge léger. Cela faisait bien longtemps que la légende n'était pas retournée au statut d'homme. Il saignait donc hein ? L'équilibre était rompu. La Voie de Baransu bien loin. D'ailleurs, le Shodai Kitetsu ne ressentait-il pas de la peur en ce moment ? Une envie de fuir le plus loin possible. Chimère vibrait d'impatience, son cri remplissant de malaise les sabres en présence. L'heure n'était plus à la recherche de la perfection. Le Rinshi venait de se rappeler bien des choses. Des choses qu'il croyait oubliées. Pendant un instant, un silence se fit et sa tête se redressa avant de se lever au ciel.

      Un immense cri du lion parcourut l'île toute entière et une bonne partie des flots tandis que Yamato se retournait, plus mortel que jamais. Cet homme ne voulait pas discuter. Il voulait du sang. Il en aurait donc. Ignorant sa blessure au flanc, il découvrit un sourire carnassier tandis que revenaient à lui les souvenirs de ses jeunes années à parcourir les mers en quête du titre de meilleur sabreur.

      « Kuroi Sora »

      La frappe fût quasi instantanée. Chimère entièrement couverte de noir, frappa en ligne droite après que Yamato se soit déplacé quasi-instantanément sur Salem. Sans une parade réflexe, l'Amiral en aurait pris pour son grade. Et de ça il pouvait être certain car Griffon qui avait servi à parer, venait elle de subir une blessure grave, son tranchant ayant été avalé par la Chimère. Le long du fil de la lame, on pouvait voir qu'il manquant sur près d'un pouce d'acier de la matière. Un demi-cercle d'air venait donner à la lame une allure biscornue désormais. Certes, c'était réparable mais l'âme de l'arme en serait marquée. Quelque chose dans l'aura de Yamato venait de changer. Son corps était désormais entouré d'une aura noire.

      « La chute du cerisier »

      Pas de répit désormais. Réduisant une nouvelle fois la distance, le samouraï repassa à l'acte tandis que l'Amiral découvrait avec surprise l'étendue des talents du sabreur. La chute des cerisiers. Au-delà de son nom poétique, cette technique condensait un savant barrage de coups qui, après de nombreux échanges, laissait entrevoir un cerisier en train de perdre ses fleurs. Le problème ? Au bourgeonnement des fleurs, celles-ci tranchèrent de nombreuses fois la peau du gradé et de nombreuses traces de rouge vinrent suinter contre la veste de l'Amiral tandis que celui-ci posa un genou à terre, se retrouvant dans une situation inverse à celle de quelques instants auparavant. Plus d'équilibre, plus d'harmonie. Juste un combat à mort désormais.

      HRP:

        Je vais crever…

        La phrase tournait en boucle dans mon esprit presque brisé et complètement sens dessus dessous. Mais il n’y avait pas que mon esprit qui subissait une tourmente sur le moment. Tout mon corps était sur le point de lâcher. Ses coups étaient tellement rapides et efficaces que j’ne faisais que reculer. Reculer et encaisser. Ses assailles étaient affreusement lourdes, semblables à des coups de marteaux que j’arrivais à peine à contenir ! Ils résonnaient d’ailleurs avec une telle ampleur, que même mes hommes, de loin, entendaient tout et commençaient à paniquer. Armée de jumelles qu’elle braquait sur notre combat depuis le début, Meilan avait la boule au ventre. Elle pouvait apercevoir les gerbes de sang qui jaillissaient çà et là à mesure que Yamato déroulait ses attaques sans failles. Les yeux larmoyants et la mâchoire serrée, la contre-amirale mordit sa lèvre inférieure à sang avant de se résoudre à quitter son perchoir pour rejoindre le champ de bataille à coups de geppou et de soru ! Laisser son cousin mourir, c’était hors de questions ! A deux, elle était persuadée que le problème serait résolu. Un avantage numérique dans ce genre de confrontation titanesque faisait toujours la différence. Encore quelques minutes et ce serait bon…

        Pour ma part, je ne la sentis même pas approcher. A vrai dire, j’étais au bord de l’évanouissement. Mes tympans étaient percés. Son hurlement bestial avait perforé mes tympans au point que mes oreilles saignaient abondamment et que je ne percevais plus que des acouphènes. Fatalement, cette attaque fourbe avait eu raison de mon équilibre qui était complètement précaire. Sans le peu de force d’esprit qui me restait, je serai déjà au sol, voire si pieds sous terre. Pour ne rien arranger, je continuais de subir ses assauts encore et encore, sans pouvoir contre-attaquer ou en placer une ! La brutalité de ses coups engourdissait complètement mes membres et me rendait lourd, lent, moins apte à suivre sa fameuse chute du cerisier ; d’où les nombreuses entailles qui se multipliaient sur mon corps. Un ou deux sorus furent effectués, mais l’homme ne me lâchait pas d’une semelle. Il était lui aussi d’une très grande rapidité. A croire que je l’avais sous-estimé du tout au tout. La mort de vice-amiral Eustache prenait tout son sens et l’impuissance du vice-amiral Shoga avec. Ce type était une bête. Quasiment du niveau d’un empereur. Qu’est-ce qu’une calamité pareille foutait toute seule ?! C’était à n’y rien comprendre, très franchement…

        Je vais crever…

        Cette maudite phrase continuait constamment de pourrir mon état d’esprit. La peur qui y découlait était insidieuse. Elle suintait dans mon corps, mon esprit et même mon âme ! Il était rare que je craigne pour ma vie, mais il n’y avait qu’à voir comment il me malmenait complètement pour comprendre que je n’étais rien de plus qu’une marionnette entre ses mains. Du reste, c’est comme un symbole que Griffon se brisa complètement sous l’un de ses revers dévastateurs ! Alors que je voulus stopper son attaque du plat de ma lame, celle-ci éclata en mille morceaux, sous mon regard ahuri ! On aurait pu croire que ce serait la seule perte de mon côté, mais son attaque se poursuivit du fait d’un mouvement ample, rapide et létal ! Résultat des courses ? Un bras en moins. Le gauche. Qui, malgré mon haki de l’armement, se détacha de mon corps, avant de s’envoler bien loin sous une large effusion de sang qui macula nos deux visages ! D’un mouvement de coupe, Yamato venait de me rendre manchot. Et là, la peur ne fit qu’un avec ma personne, au point de décomposer effroyablement ma gueule ! Choqué par cette perte, j’esquissai une nouvelle fois un soru pour me tenir loin de son courroux, mais j’avais réveillé une furie…

        Un monstre qui n’avait plus qu’un mot d’ordre : me buter.

        Et c’est ce qu’il fit en apparaissant brusquement devant moi et me plantant son arme dans le bide, bien profond…

        Il y était presque…

        Seulement, avant même qu’il n’effectue un autre geste pour m’ouvrir salement le ventre façon hara-kiri, ma chevelure s’allongea à une vitesse vertigineuse pour s’enrouler autour de son poignet et l’immobiliser une ou deux secondes. Quelques secondes amplement suffisantes pour que j’agite ma main armée à vitesse grand V pour lui rendre la pareille d’un coup sec ! La coupure fut aussi nette que la sienne. Œil pour œil. Bras pour bras. Pour clore l’action, j’enchainai à bout pourtant sur un rankyaku du pied droit qu’il dut esquiver d’un mouvement réflexe pour se retrouver à quelques mètres de moi… Sans son avant-bras droit (ou gauche ?) et sans son meito planté dans mon bide. Pour ma part, je titubai pendant un moment, avant de retirer son arme d’un coup sec et de la jeter à mes côtés, son bras avec. Ensuite ? « BLEEEEEEEUUUAAARRRGRGGG ! » je rendis mes tripes et une quantité faramineuse de sang. Mes dernières forces me permirent de planter mon propre meitou dans l’eau et de fouiller fébrilement l’intérieur de ma veste de ma main valide. Je trouvai alors deux flacons remplis d’un liquide translucide que j’ouvris et avalai d’un coup sec. Aussitôt et comme par magie, mes affreuses blessures se résorbèrent très rapidement…

        J’venais d’user de larmes réparatrices. Un miracle du fruit de la Guérison que ma toubib avait bouffé…  Et dire que ce salaud m’avait obligé à utiliser mon dernier recours, huh…

        - « SALEM !!! »

        C’est à cet instant précis que Meilan atterrit brusquement à mes côtés, le visage baigné de larmes en venant me rattraper alors que je failli tomber à la renverse…

        - « T-T’en fais pas… Ça roule... J’suis en vie. De peu, mais j’suis en vie… »

        - « T-Ton bras… S-Salem… »


        Repoussant ma cousine de mon bras valide en silence, je me penchai pour récupérer mon arme dans l’eau, avant de faire face à Yamato. Si le fruit de la guérison guérissait les blessures et plein d’autres choses encore, il ne régénérait pas les membres, loin de là -d’où le fait que je n’avais plus qu’un moignon au bras gauche. Mon bide transpercé ne présentait plus qu’une cicatrice, comme toutes les entailles qu’il m’avait infligées. Mes tympans avaient été également soigné. Plus de saignements non plus. Autant dire que j’étais paré pour un deuxième round… Ou plutôt un dernier, vu comment ça se présentait maintenant. J’avais perdu des plumes, mais je m’en tirais finalement pas trop mal. Trop focalisé à l’idée de le défaire et de restaurer ma dignité (vu comment j’m’étais fait dessus en quelques secondes), j’m’occupais même pas de mon nouvel handicap. Moi qui m’foutait parfois de la gueule de Boïna, me voilà bien beau maintenant… « Prends son arme avec toi… » Aussi paniquée qu’excédée, Meilan finit néanmoins par s’exécuter et récupéra le meito de mon adversaire du jour, qui était sans arme et dont le bras saignait continuellement. A ce rythme-là, il était bon pour une bonne anémie des familles. Le vent semblait tourner encore…

        - « T’as 30 secondes pour fuir. Considère que c’est ma manière à moi de te montrer mon respect. »

        C’était dit.

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        Quel surprenant coup du sort. Malgré le retournement de situation en faveur de Yamato, celui-ci avait étrangement su au fond de lui comment les choses se termineraient. Brisant le sabre de l'Amiral et lui enlevant un bras par une occasion toute similaire, le Rinshi venait de se rassurer et de rappeler au monde qu'il était le meilleur sabreur de sa génération. Un homme simple, aux passions violentes et à l'esprit affûté. Devenu une légende. Autour d'eux, le paysage tout entier avait été marqué des traces de leur affrontement. Tandis que la cousine de l'Amiral se rapprochait d'eux avec toute la vitesse dont elle pouvait faire preuve, ce n'était la question que d'une poignée de secondes avant que le combat ne se déséquilibre totalement. En réalité, n'avait-il pas été déséquilibré dès le départ ? Les cheveux qui l'immobilisèrent et la lame qui lui trancha l'avant-bras gauche ne lui firent ressentir aucun douleur. Venir aussi nombreux pour un seul homme ? Ha. De ses yeux gris, le samouraï regarda lentement l'amiral extraire Chimère de sa blessure tandis qu'il crachait une quantité de sang énorme. Lui aussi se vidait de son côté. Il savait. Que c'était fini. Que sa légende prenait fin ici, seul, sur une île isolée. Pourtant, une flamme brûlait dans son regard, comme un dernier crachat jeté à la face du monde.

        Meilan arriva en trombe tandis que les blessures de l'Amiral se refermaient à vue d'oeil. Un as dans sa manche. Prévisible et malin. A la hauteur de l'homme en somme. Chimère gisait là au sol, de marbre. Elle aurait pu hurler quand l'impure soldate du gouvernement la saisit. Témoigner sa colère, sa fureur. Lui prendre un membre. Mais il n'en fut rien.  Pour la première fois depuis plus d'un siècle, la lame s'était tue. Quand danserait-elle de nouveau sur la longue voie du Sabre ? Peut-être jamais. En tout cas pas aujourd'hui. En ce jour funeste, elle rendait hommage au meilleur sabreur du monde et à sa longue carrière, à ses exploits, à sa vie. Alors que les mots de Alheïri S. Fenyang portaient dans les oreilles du Rinshi, ce dernier et Meilan aperçurent alors que la vie de Yamato Rinshi avait pris fin. Son corps était figé, débout, dans une posture digne de la légende de Benkei.

        Le meilleur sabreur du monde était mort. Alheïri S. Fenyang aurait-il l'audace de s'arroger ce titre ? L'avenir le dirait.

        _______________________________

        Adokuni
        Hauteurs de Sakaku


        Sur une immense montagne enneigée, un moine couvert de lourdes et épaisses hardes progressait difficilement dans la neige. Au vu de la buée sortant de sa bouche, il était en plein effort et l'abondante masse d'eau poudrée lui trempait les chausses jusqu'à mi-mollet. Avançant sur une sente épaisse et étroite, celui-ci sortit de la piste au bout de quelques minutes au bout d'un moment pour s'engouffrer dans un épais taillis de mélèzes. Une anfractuosité rocheuse se distinguait derrière les frondaisons et le moine la reconnut sans mal. L'Antre de la Bête. C'était de là qu'il était parti il y a des années prendre la mer avec ses camarades. Ils avaient été connus pendant des années sur les flots puis lui était rentré. Il n'était pas la Bête bien au contraire. D'ailleurs, ils n'étaient tous que des hommes en désaccord avec le Shogun à l'époque.

        Lui était rentré. Pour veiller sur leur futur à tous. Alors, pénétrant dans la paroi rocheuse dans un silence de glace, il découvrit une caverne un peu plus grande et un peu moins chaude que dans ses souvenirs. Au fond de celle-ci, deux torches éclairaient une grande enseigne de bois marquée d'une dizaine de noms. Sous chacun de ses noms, de petits fanions, tous noirs sauf deux blancs, étaient cloués sur des feuilles de papier.
        Au centre de la place, un jeune homme torse nu était assis, comme prosterné devant l'édifice. Le moine passa à côté de lui en silence et entreprit de se rapprocher de la grande enseigne. Une fois placé devant elle, il souleva le fanion blanc disposé au centre du pan de bois et fit passer ses doigts sur la feuille de papier pliée située sous celui-ci. La feuille était raide comme la pierre et on aurait pu la confondre de loin avec une étoile de mer. Sauf que cette étoile n'avait que quatre branche, la cinquième étant coupée. Le moine se sentit pris d'émotion quelques instants et saisit le fanion blanc dans ses mains. Sortant délicatement de son sac un fanion noir, il le reposa où se trouvait le fanion blanc quelques instants auparavant et contempla encore les noms inscrits sur l'enseigne. Il les connaissait tous. Le sien y figurait également. Ecrit au-dessus du seul fanion blanc de l'oeuvre. Il était le dernier. Un profond sentiment de respect l'animait. Il n'aurait jamais cru être le dernier. L'homme dont il venait de remplacer le fanion était mort. Son plus grand rival mais aussi son meilleur ami. Celui pour qui il aurait donné sa vie sur un simple regard.

        Derrière le moine, le jeune homme se releva. Il avait tout juste vingt ans et avait hérité des mêmes yeux gris que son père. Il s'appelait Katsuro. Un nom arrogant pour un père qui l'était tout autant à l'époque. Katsuro Rinshi se releva doucement et rejoignit le moine. Il posa une main sur l'épaule de ce dernier qui sembla s'affaisser sous le poids des ans.

        « Il est temps l'ancêtre. La promesse qui me liait à cette île vient de disparaître avec la vie du vieil homme. Préviens les autres. »

        Sans un mot, le moine sentit la main sur son épaule se retirer et il se tourna vers l'unique héritier des Rinshi qui se dirigeait vers l'entrée de la caverne où il récupéra une arme et son fourreau, posés sur un rocher à l'entrée. Aujourd'hui, le Shogun venait de perdre une de ses meilleures lames. Et les Mers ne tarderaient pas à découvrir un nouveau fléau.

        Le mot de la fin:

          Il y a de ces victoires qui sont amères…

          Celle-là n’avait jamais été aussi douloureuse et humiliantes que les précédentes…

          En constatant le trépas de mon adversaire, mes dents se serrèrent et ma gueule se froissa horriblement sous le coup de la colère.

          Ou plutôt… De la frustration.

          « TU TE FOUS DE MOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ?!!!! »

          L’instant d’après, mes autres hommes de main investirent l’île pendant que je tombais dans les pommes dans les bras de ma cousine qui se hâta de me rattraper.

          ***

          La nouvelle s’était bien évidemment répandue comme une trainée de poudre dans le monde entier. Yamato Rinshi était mort. Au prix fort de son bras gauche et de l’une de ses lames, Black Rhino le nouvel amiral avait vaincu le plus grand sabreur de cette génération.

          Étant donné qu’il s’était précédemment occupé de Don Lope, un autre prétendant au titre, les unes de toutes les gazettes du monde étaient dithyrambiques à son égard. La conclusion pour tous était implacable :

          Alheïri Salem Fenyang était dorénavant le plus grand sabreur sous les cieux de cette nouvelle décennie qui approchait à grands pas…

          Qu’en était-il de l’intéressé ? Qu’en pensait-il de tout ça ?

          - « Meilleur sabreur du monde ? Avec un bras en moins ?! Quelle ironie… » Avais-je répondu amèrement en lisant l’un de ces quotidiens qui se froissaient dans ma pogne au fur et à mesure que je le parcourais.

          J’avais été bien évidemment rapatrié à Marijoa où je profitais d’une petite convalescence deux jours plus tard. La perte de mon bras n’était pas aussi problématique pour moi qu’on aurait pu le penser. Celle du meito de deuxième rang non plus. Par contre, j’étais toujours aussi bougon. C’était quoi cette mort de merde ?!

          - « On peut rien y faire... » Répondit Meilan assise à mes côtés entrain d’éplucher une mandarine, tandis que mon kung-fu dugong était étalé sur mon torse et ronflait comme jamais. « T’as pas d’autres choix que d’envisager une prothèse, monsieur le meilleur sabreur. »

          - « Mouais. J’imagine qu’un amiral manchot serait mal vu, hein… » Maugréais-je en jetant plus loin le journal avant de passer ma seule main sur la tête de mon animal qui dormait paisiblement.

          - « C’est quoi la suite ? »

          - « J’en sais rien. Me reposer pour l’instant. On verra pour le reste plus tard. »


          Ma seule vraie consolation dans le lot ? Avoir vengé feu le vice-amiral Mont-Victoire.
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