Les Louves de Givre avaient la bougeotte. Depuis Shabondy, elles avaient fait route vers le Royaume d'Alabasta, ce qui faisait déjà une sacrée route. Si l'on prenait en compte le fait qu'elles venaient à la base d'Armada, on pouvait effectivement dire qu'elles avaient pas mal voyagé durant les dernières semaines. En dehors de Jeyne, la seconde de la capitaine Marianne, aucune des skjaldmös ne savait pourquoi elles agissaient ainsi. Après le sac de la boutique du corsaire Greed sur l'archipel aux groves, voilà qu'elles allaient sur l'une des premières îles de la voie la plus célèbre de Grand Line. Hedda et Melkorka, les deux lieutenantes et responsables des troupes, ne cessaient de revenir à la charge vers leur cheffe, posant toujours plus de questions. Encore et encore, elles faisaient face à un mur. Malgré l'inconnu, les guerrières continuaient d'avancer.
Par le passé, la Peste était déjà venu sur Alabasta. D'abord quand elle était membre de l'équipage d'Aoi, la Reine Rouge, puis ensuite en compagnie des Sandstorm Pirates lors du sac de Nanohana. Méria D. Marianne n'était pas une inconnue sur ces terres. Pour cette raison, elle avait donné l'ordre à ses flibustières de ne pas afficher ses couleurs. Incognito, les Louves de Givre firent escale à Katorea. Ville sur le déclin et peu touristique, elle convenait parfaitement aux plans de la Peste. Une fois les navires amarrés, les skjaldmös se firent discrètes pour ne pas énerver les gardes. Soucieuse d'assurer ses arrières, la capitaine offrit même quelques pots-de-vin à plusieurs officiers à la moralité douteuse. Menées par leur cheffe capuchonnée et dont la couleur et la coupe de cheveux n'était plus la même qu'à l'accoutumée, les Louves prirent la direction du centre-ville. Il ne payait pas de mine, mais il y avait malgré tout un certain nombre de restaurants, d'hôtels et autres débits de boisson. L'endroit grouillant de marins locaux, c'était finalement assez logique. Le choix de Méria se porta sur une auberge qui oscillait entre le miteux et le passable. Peu de clients, une hygiène douteuse et des plats dignes des pires bouges. Parfait pour les guerrières avides de dépenser leur argent.
Toujours plus ou moins à part, Jeyne et Méria s'isolèrent à une table, buvant seules. Tandis que les skjaldmös buvaient et festoyaient, elles semblaient comploter. Plus en retrait, Hedda et Melkorka, proches du comptoir, les observaient de temps en temps avec un regard méfiant. Il était clair qu'il y avait une certaine tension dans l'air, et le fait de ne rien savoir sur les plans de leur capitaine n'aidait certainement pas. La borgne, Melkorka, serrait les mâchoires. D'un geste agacé, elle avala une gorgée de bière en grommelant.
« Arrête donc de t'exciter comme ça.
- Tsss, ta gueule blondasse. Elle veut nous la mettre à l'envers.
- Elle a ses méthodes, mais tu peux pas nier qu'elle nous fait gagner un paquet de berrys.
- Y'a pas que l'argent dans la vie.
- Non, mais ça reste important.
- Nos valeurs et nos coutumes également.
- J'ai pas dis le contraire, mais ça sert à rien d'essayer de se mettre dans sa tête.
- Tu parles, j'aimerai mieux la voir séparée de ses épaules.
- Hum, ce serait un beau spectacle, mais garde donc les pieds sur terre, elle t'a déjà battu.
- Je sais. Et toi aussi ce serait pareil si tu avais le courage de la défier.
- Prudence n'est pas couardise.
- Pff, c'est bien une phrase de lâche ça. »
Levant les yeux au ciel, Hedda se détourna de son acolyte pour retourner vers certaines de ses guerrières fidèles. Même au sein des anti-Méria, soit à peu près tout le monde, demeurait une scission importante. Parfois, un ennemi commun n'était pas suffisant pour rallier des gens qui se haïssaient. Laissant la blonde partir, Melkorka retourna également auprès de ses subordonnées. Jusque là, tout allait pour le mieux.
ciitroon
Liberté, Liberté Chérie !