Quelques heures après avoir été tirés comme des boulets depuis l’île de Bulgemore, Kant et Hayase aperçurent enfin la terre ferme. Elle était loin, cependant, et eux étaient terriblement hauts. Leur trajectoire décrivit une courbe se glissant au travers des nuages, et ils s’approchèrent de plus en plus du sable, des rochers, de la terre ferme. À quelques vingtaines de mètres du sol, Kant se métamorphosa en paravoile. Une sorte de vulgaire petit parachute, mais suffisamment performant pour qu’Hayase s’y cramponne et atterrisse en douceur. Bulgemore était derrière eux.
D’abord, ils ne surent pas où ils étaient. Le sable sous leurs pieds était muet, tout comme l’horizon. Après s’être félicités d’être encore en vie, ils marchèrent en direction de l’imposante barrière végétale qui se dressait devant eux. Maints corridors, plats et grimpants, s’étendaient devant eux, perçant la flore dense çà et là, décrivant des chemins incertains. Kant épuisa ses jambes jusqu’à ce qu’elles vacillent. D’un commun accord, ils décidèrent de dormir au milieu de la jungle, bien que ces enchevêtrements de chemins et d’escaliers dévorés par la végétation n’eussent rien d’accueillant.
Malgré la fatigue qui les tenaillait, ils discutèrent. Hayase évoqua à demi-mots les sévices qu’elle avait subis sur Bulgemore, tout en insistant sur sa hâte de connaître son nouveau corps. Kant l’interrogea bien sûr à propos de celle qui se cachait derrière cette sombre histoire, Devola Maple, mais aussi à propos de la perte de son fruit du démon, du laboratoire… En veillant à éviter certains sujets.
Ils marchèrent toute la journée du lendemain. Après avoir grimpé, trébuché, et enduré des heures durant les piqûres d’opiniâtres moustiques, Kant entendit le son salvateur d’un signe de civilisation. Boum, boum, boum, boum, quelqu’un jouait du tambour, non loin. Il courut, guidé par cet espoir, longeant un ruisseau jusqu’à ce qu’il le vît : un immense temple trônait en contrebas.
Bâtie le long de la cascade, une ville entière prospérait face à un lac éblouissant. D’énormes statues dominaient une multitude de pontons enchevêtrés, au cœur desquels déambulaient tranquillement ce qui semblait être, à première vue, des religieux. Sans perdre une seconde, Kant invita à Hayase à le suivre et ils se précipitèrent dans les allées, à la recherche d’un toit et de nourriture.
Les moines qui vivaient là vouaient un culte à la cuisine, faisant d’eux des maîtres dans l’art de l’hospitalité. Contre quelques broutilles, Kant et Hayase s’offrirent un repas chaud et une chambre confortable pour la nuit. Le lendemain, les deux amis se séparèrent et vaquèrent chacun à leurs occupations : Kant se mit une murge colossale. Il en avait besoin, oh oui, pour oublier la mort qu’il avait semée sur Bulgemore, d’une part ; et, surtout, pour avoir le courage de confronter Hayase. Le soir venu, après être parvenu à retrouver le chemin de l’étrange temple dans lequel il créchait, Kant en poussa les portes battantes avec fracas. Titubant, mais d’un pas sûr, il s’avança jusqu’à Hayase et la prit dans ses bras. L’étreinte fut longue… ou courte ? Il ne s’en souvenait plus.
« Tu t’souviens quand, sur Logue Town, on s’est battus contre l’autre follingue avec ses z’oiseaux ? S'enquit-il, larmoyant.
- Tu sais, tous ces bonds dans les airs… Que tu maîtrisais à la perfection ? On n’en a jamais reparlé, enfin, je crois… Puis la fois où tu prenais ton bain ? »
À ces mots, Kant se tut, comme s’il venait de faire une bourde magistrale. Il replongea cependant son regard dans celui d’Hayase, puis prit son courage à deux mains.
« Une fois… quand tu prenais ton bains … Je r’cherchais quelque chose d’important, un… un de mes outils ! Et du coup, je m’étais retrouvé par hasard tout près de la fenêtre de ta chambre d’hôtel… Il marqua une pause, empourpré.
- MAIS, je devais récupérer quelque chose, hein ?! Enfin, bref… Ce jour-là, je t’ai entendu parler à l’escargophone… »
Sa voix oscillait entre celle d’un ivrogne et celle d’un enfant. Quelque chose de complexe essayait de sortir. Kant lutta, et parvint finalement à poursuivre.
« Maple, là… Elle t’a appelé "Agent" Yorha… T'es "Agent" de quoi, au juste ? »
Au fond, la vérité lui était connue. Mais seul un aveu sincère d'Hayase pouvait sceller la confiance absolue qu’ils devaient à présent se vouer.
D’abord, ils ne surent pas où ils étaient. Le sable sous leurs pieds était muet, tout comme l’horizon. Après s’être félicités d’être encore en vie, ils marchèrent en direction de l’imposante barrière végétale qui se dressait devant eux. Maints corridors, plats et grimpants, s’étendaient devant eux, perçant la flore dense çà et là, décrivant des chemins incertains. Kant épuisa ses jambes jusqu’à ce qu’elles vacillent. D’un commun accord, ils décidèrent de dormir au milieu de la jungle, bien que ces enchevêtrements de chemins et d’escaliers dévorés par la végétation n’eussent rien d’accueillant.
Malgré la fatigue qui les tenaillait, ils discutèrent. Hayase évoqua à demi-mots les sévices qu’elle avait subis sur Bulgemore, tout en insistant sur sa hâte de connaître son nouveau corps. Kant l’interrogea bien sûr à propos de celle qui se cachait derrière cette sombre histoire, Devola Maple, mais aussi à propos de la perte de son fruit du démon, du laboratoire… En veillant à éviter certains sujets.
Ils marchèrent toute la journée du lendemain. Après avoir grimpé, trébuché, et enduré des heures durant les piqûres d’opiniâtres moustiques, Kant entendit le son salvateur d’un signe de civilisation. Boum, boum, boum, boum, quelqu’un jouait du tambour, non loin. Il courut, guidé par cet espoir, longeant un ruisseau jusqu’à ce qu’il le vît : un immense temple trônait en contrebas.
Bâtie le long de la cascade, une ville entière prospérait face à un lac éblouissant. D’énormes statues dominaient une multitude de pontons enchevêtrés, au cœur desquels déambulaient tranquillement ce qui semblait être, à première vue, des religieux. Sans perdre une seconde, Kant invita à Hayase à le suivre et ils se précipitèrent dans les allées, à la recherche d’un toit et de nourriture.
Les moines qui vivaient là vouaient un culte à la cuisine, faisant d’eux des maîtres dans l’art de l’hospitalité. Contre quelques broutilles, Kant et Hayase s’offrirent un repas chaud et une chambre confortable pour la nuit. Le lendemain, les deux amis se séparèrent et vaquèrent chacun à leurs occupations : Kant se mit une murge colossale. Il en avait besoin, oh oui, pour oublier la mort qu’il avait semée sur Bulgemore, d’une part ; et, surtout, pour avoir le courage de confronter Hayase. Le soir venu, après être parvenu à retrouver le chemin de l’étrange temple dans lequel il créchait, Kant en poussa les portes battantes avec fracas. Titubant, mais d’un pas sûr, il s’avança jusqu’à Hayase et la prit dans ses bras. L’étreinte fut longue… ou courte ? Il ne s’en souvenait plus.
« Tu t’souviens quand, sur Logue Town, on s’est battus contre l’autre follingue avec ses z’oiseaux ? S'enquit-il, larmoyant.
- Tu sais, tous ces bonds dans les airs… Que tu maîtrisais à la perfection ? On n’en a jamais reparlé, enfin, je crois… Puis la fois où tu prenais ton bain ? »
À ces mots, Kant se tut, comme s’il venait de faire une bourde magistrale. Il replongea cependant son regard dans celui d’Hayase, puis prit son courage à deux mains.
« Une fois… quand tu prenais ton bains … Je r’cherchais quelque chose d’important, un… un de mes outils ! Et du coup, je m’étais retrouvé par hasard tout près de la fenêtre de ta chambre d’hôtel… Il marqua une pause, empourpré.
- MAIS, je devais récupérer quelque chose, hein ?! Enfin, bref… Ce jour-là, je t’ai entendu parler à l’escargophone… »
Sa voix oscillait entre celle d’un ivrogne et celle d’un enfant. Quelque chose de complexe essayait de sortir. Kant lutta, et parvint finalement à poursuivre.
« Maple, là… Elle t’a appelé "Agent" Yorha… T'es "Agent" de quoi, au juste ? »
Au fond, la vérité lui était connue. Mais seul un aveu sincère d'Hayase pouvait sceller la confiance absolue qu’ils devaient à présent se vouer.