Rappel du premier message :
Plus de deux années avaient passées.
Deux années à parcourir West Blue de fond en comble. Deux années à voyager et à découvrir un monde toujours plus complexe, toujours plus violent et sombre. Si Hayato avait vécu l'expérience hideuse de la vie, lors de son périple, il avait pu aussi – et fort heureusement – rencontrer de belles personnes. Son voyage de retour à Kanokuni marquait un pas de plus dans son initiation. À présent rodé, il n'était clairement plus le jeune homme hésitant quant à la marche à suivre. Bien qu'il lui reste encore un long chemin à parcourir, le futur criminel sentait avoir passé un cap. La raison en incombait notamment à sa formidable volonté et à son indéfectible foi en l'avenir vu par son défunt père. Mais il aurait été aussi égocentrique qu'injuste, d'exclure des louanges une certaine personne.
C'était pour cette raison qu'il l'avait contacté, à peine quelques jours auparavant.
Comment remercier un homme qui avait su voir en vous un potentiel unique ? Comment rendre la pareille, face à une main tendue qui détient déjà tout, alors que vos poches sont simplement emplies de belles promesses ? Voilà l’énigme que le vagabond avait tenté de résoudre, durant ces deux années. Les simples possessions matérielles semblaient bien futiles, pour un notable de l'empire aussi haut placé. Quelle expérience un homme sans le sou pouvait il bien proposer à un noble, qu'il ne puisse s'offrir lui-même ? Il avait beau manquer de sagesse et d'expérience, l'épéiste espérait que son approche saurait toucher du doigt un début de réponse.
Alors qu'il accostait tout juste dans la baie de Jing, le bretteur salua le petit navire de pêcheurs et les remercia de leur bonté. Ils étaient bien les premiers depuis des mois, à lui avoir proposé de le transporter sans contrepartie. De ses sandales abîmées, il foula le plus grand port de l'île. Capitale commerciale de Kanokuni, la cité s'étendait à perte de vue, regorgeant de commerçants et de battisses à l'architecture locale si typique. Le vent porta les fragrances d'épices lointaines, les cris des mouettes et les échos des marchands en pleine négociation. Si Hayato avait changé, le port, lui, n'avait pas bougé d'un iota. Son paquet soigneusement emballé en mains, le guerrier se dirigea de sa démarche souple au travers de la foule.
Alors qu'il souhaitait passer sur South Blue, pour débuter la suite de son voyage initiatique, il tenait à faire ce détour. Ou plutôt, son sens moral le poussait à retourner aux sources de son épopée, afin de remercier comme il se devait Feng Han. Il eut été parfaitement impoli et inconvenant, de voir rester comme lettre morte sa bonté. En usant d'un denden mushi prêté pour l'occasion, ils avaient pu se donner rendez-vous, dans un temple attenant à la cohue de la baie de Jing. Car si cette dernière regorgeait d'étals et de boutiques, la beauté des temples attirait également le touriste et, donc, faisait fructifier les affaires. Une façon habile de mettre en avant la culture du pays et, naturellement, d'en faire payer le prix aux curieux étrangers, dépaysés devant leur architecture splendide.
À force d'arpenter les rues, le vagabond finit par trouver ce qu'il cherchait. Il arriva devant un édifice religieux, dont l'enceinte était frappée du sceau de la famille Han. De multiples statues aux reflets d'or gardaient les murs du temple, contre les esprits malins autant que les familles ennemies, disait on. Avec un sourire aux lèvres, l'épéiste entra par une arche massive, son cadeau à la main. Il traversa une cour impeccable, laissant ses sandales crisser sur le sable fin, tandis qu'il appréciait les multiples arbres et arbustes floraux, taillés à la perfection, qui égayait le passage et dégageait une douce fragrance. Bientôt, il arriva à un escalier massif conduisant au bâtiment principal qui culminait à plus de cinq mètres de haut. De chaque coté de l'impressionnante porte d'entrée trônait deux gigantesques statues, sans doute sensés représenter d'importants personnages de la famille Han mais dont, à sa grande honte, il ignorait l'identité. Il salua un moine en tenue orange et rouge, qui inclina son crane rasé en guise de réponse.
- Bonjour, je m'appelle Suisou Hayato, déclara-t-il. Je cherche messire Feng Han, nous avons convenu d'un rendez-vous ici.
- Certainement, répondit le moine d'un ton neutre. Néanmoins, je vais devoir vérifier le contenu de votre paquet, jeune homme.
Après une brève hésitation, l'épéiste lui remit le présent. Avec des gestes rapides et précis, son hôte déballa rapidement le papier, sans en déchirer un seul centimètre, afin de découvrir une boite en bois simple. Il en souleva le couvercle et, bien malgré lui, laissa échapper un murmure appréciateur. Sous un écrin en bois d'une simplicité presque décevante, se cachait un petit bijou. Peu de temps après leur rencontre, Hayato avait passé des semaines entières, sur une île reculée de West Blue, à collecter l'argile, les pigments naturels et les feuilles de thé nécessaires à la conception de l'objet. À force de nombreuses tentatives et d'efforts, il avait surtout réussi à modeler lui même, puis sublimer, ce qu'il comptait offrir un Feng.
Aux yeux non initiés, il s'agissait d'une simple théière aux reflets carmins. Mais pour des connaisseurs, la beauté de la pièce ne résidait pas dans ses courbes, ou sa coupe simple et délicate, mais dans l'âme que l'on y ressentait sans mal. Des mois durant, chaque jour, Hayato avait effectué une cérémonie du thé avec cette même théière, partout sur West Blue. Peu à peu, les pigments du thé avaient créé cette magnifique patine que seuls le temps, ou une patience démesurée, pouvaient créer. Or, puisque la pièce était signée à même l'argile par son créateur, elle ne laissait nul doute quant à l'origine de sa beauté. Religieusement, le moine remballa le précieux cadeau, avant de s'incliner de nouveau :
- Par ici, je vous prie.
Sans un mot, le vagabond le suivit.
KoalaVolant
Retour aux sources et nouveau départ
Plus de deux années avaient passées.
Deux années à parcourir West Blue de fond en comble. Deux années à voyager et à découvrir un monde toujours plus complexe, toujours plus violent et sombre. Si Hayato avait vécu l'expérience hideuse de la vie, lors de son périple, il avait pu aussi – et fort heureusement – rencontrer de belles personnes. Son voyage de retour à Kanokuni marquait un pas de plus dans son initiation. À présent rodé, il n'était clairement plus le jeune homme hésitant quant à la marche à suivre. Bien qu'il lui reste encore un long chemin à parcourir, le futur criminel sentait avoir passé un cap. La raison en incombait notamment à sa formidable volonté et à son indéfectible foi en l'avenir vu par son défunt père. Mais il aurait été aussi égocentrique qu'injuste, d'exclure des louanges une certaine personne.
C'était pour cette raison qu'il l'avait contacté, à peine quelques jours auparavant.
Comment remercier un homme qui avait su voir en vous un potentiel unique ? Comment rendre la pareille, face à une main tendue qui détient déjà tout, alors que vos poches sont simplement emplies de belles promesses ? Voilà l’énigme que le vagabond avait tenté de résoudre, durant ces deux années. Les simples possessions matérielles semblaient bien futiles, pour un notable de l'empire aussi haut placé. Quelle expérience un homme sans le sou pouvait il bien proposer à un noble, qu'il ne puisse s'offrir lui-même ? Il avait beau manquer de sagesse et d'expérience, l'épéiste espérait que son approche saurait toucher du doigt un début de réponse.
Alors qu'il accostait tout juste dans la baie de Jing, le bretteur salua le petit navire de pêcheurs et les remercia de leur bonté. Ils étaient bien les premiers depuis des mois, à lui avoir proposé de le transporter sans contrepartie. De ses sandales abîmées, il foula le plus grand port de l'île. Capitale commerciale de Kanokuni, la cité s'étendait à perte de vue, regorgeant de commerçants et de battisses à l'architecture locale si typique. Le vent porta les fragrances d'épices lointaines, les cris des mouettes et les échos des marchands en pleine négociation. Si Hayato avait changé, le port, lui, n'avait pas bougé d'un iota. Son paquet soigneusement emballé en mains, le guerrier se dirigea de sa démarche souple au travers de la foule.
Alors qu'il souhaitait passer sur South Blue, pour débuter la suite de son voyage initiatique, il tenait à faire ce détour. Ou plutôt, son sens moral le poussait à retourner aux sources de son épopée, afin de remercier comme il se devait Feng Han. Il eut été parfaitement impoli et inconvenant, de voir rester comme lettre morte sa bonté. En usant d'un denden mushi prêté pour l'occasion, ils avaient pu se donner rendez-vous, dans un temple attenant à la cohue de la baie de Jing. Car si cette dernière regorgeait d'étals et de boutiques, la beauté des temples attirait également le touriste et, donc, faisait fructifier les affaires. Une façon habile de mettre en avant la culture du pays et, naturellement, d'en faire payer le prix aux curieux étrangers, dépaysés devant leur architecture splendide.
À force d'arpenter les rues, le vagabond finit par trouver ce qu'il cherchait. Il arriva devant un édifice religieux, dont l'enceinte était frappée du sceau de la famille Han. De multiples statues aux reflets d'or gardaient les murs du temple, contre les esprits malins autant que les familles ennemies, disait on. Avec un sourire aux lèvres, l'épéiste entra par une arche massive, son cadeau à la main. Il traversa une cour impeccable, laissant ses sandales crisser sur le sable fin, tandis qu'il appréciait les multiples arbres et arbustes floraux, taillés à la perfection, qui égayait le passage et dégageait une douce fragrance. Bientôt, il arriva à un escalier massif conduisant au bâtiment principal qui culminait à plus de cinq mètres de haut. De chaque coté de l'impressionnante porte d'entrée trônait deux gigantesques statues, sans doute sensés représenter d'importants personnages de la famille Han mais dont, à sa grande honte, il ignorait l'identité. Il salua un moine en tenue orange et rouge, qui inclina son crane rasé en guise de réponse.
- Bonjour, je m'appelle Suisou Hayato, déclara-t-il. Je cherche messire Feng Han, nous avons convenu d'un rendez-vous ici.
- Certainement, répondit le moine d'un ton neutre. Néanmoins, je vais devoir vérifier le contenu de votre paquet, jeune homme.
Après une brève hésitation, l'épéiste lui remit le présent. Avec des gestes rapides et précis, son hôte déballa rapidement le papier, sans en déchirer un seul centimètre, afin de découvrir une boite en bois simple. Il en souleva le couvercle et, bien malgré lui, laissa échapper un murmure appréciateur. Sous un écrin en bois d'une simplicité presque décevante, se cachait un petit bijou. Peu de temps après leur rencontre, Hayato avait passé des semaines entières, sur une île reculée de West Blue, à collecter l'argile, les pigments naturels et les feuilles de thé nécessaires à la conception de l'objet. À force de nombreuses tentatives et d'efforts, il avait surtout réussi à modeler lui même, puis sublimer, ce qu'il comptait offrir un Feng.
Aux yeux non initiés, il s'agissait d'une simple théière aux reflets carmins. Mais pour des connaisseurs, la beauté de la pièce ne résidait pas dans ses courbes, ou sa coupe simple et délicate, mais dans l'âme que l'on y ressentait sans mal. Des mois durant, chaque jour, Hayato avait effectué une cérémonie du thé avec cette même théière, partout sur West Blue. Peu à peu, les pigments du thé avaient créé cette magnifique patine que seuls le temps, ou une patience démesurée, pouvaient créer. Or, puisque la pièce était signée à même l'argile par son créateur, elle ne laissait nul doute quant à l'origine de sa beauté. Religieusement, le moine remballa le précieux cadeau, avant de s'incliner de nouveau :
- Par ici, je vous prie.
Sans un mot, le vagabond le suivit.