Tempête de sable
Laisse ton regard trouver le détail
Laisse ton oreille entendre la faille
Au cœur de l'agitation du plus grand marché de Madinat, se tenait un petit stand exposant divers tissus et vêtements. En bois clair, il était couvert de tentures chatoyantes qui attiraient l'oeil des passants par la vivacité de leurs teintes. Une flopée de breloques brillantes étaient suspendues à son débord de toit. Ces anneaux, pendentifs et morceaux de fer ou de verre, souvent ouvragés en formes géométriques, renvoyaient les rayons du soleil, projetant ainsi des centaines de petites tâches de lumière colorées en tous sens. C'était presque féerique.
Les habitués du marché et autres promeneurs s'arrêtaient pour admirer cette nouvelle curiosité. Nombreux étaient ceux qui s'extasiaient face aux vêtement de haute couture présentés sur des croix de bois ou accrochés à des cintres. La qualité de leurs tissage et leurs coupes travaillées ne laissaient pas de doute quant au talent de leur créateur. On voulait toucher les étoffes précieuses, essayer les tenues et frôler de sa tête les drôles de décorations qui ornaient la boutique éphémère.
Au milieu de toute cette agitation, Reda tâchait de garder l'oeil ouvert. Il craignait les vols et n'avait pas l'habitude de travailler ainsi, dehors, entouré de badauds de toutes sortes. Le calme de sa boutique à Nanohana lui manquait déjà, ses riches et distingués clients également...Mais il n'avait pas le choix : pour payer son voyage, il allait devoir travailler de cette façon fort déplaisante.
- Faites attention, Monsieur, c'est fragile...murmura-t-il à un homme qui était en train de tripoter une des suspensions en verre. L'objet tournoyait au-dessus de sa tête et semblait beaucoup l'amuser. Peut-être souhaitez-vous l'acquérir ?
- Ah ! Pardon ! Non, je regardais juste. C'est marrant ces machins...
- Ils viennent de Nanohana.
- Ah ? D'accord...
- C'est de là que vous venez, n'est-ce pas ? Intervint une femme d'un âge mûr, apparemment très intéressée par l'un des kimonos de soie qui était exposé.
- On ne peut rien vous cacher, Madame. Répondit le marchand en lui adressant un sourire (faussement) radieux. Reda Jallab, pour vous servir...Ajouta-t-il en exécutant une petite courbette pour se présenter.
- Comme c'est charmant !
Cela faisait une bonne semaine que ce marchand s'était installé dans le coin. On disait qu'il venait d'Alabasta et que c'était un doux enjôleur, ce qu'il venait de confirmer. Il semblait humble et heureux de partager son art avec la population d'Imashung.
- Dites-moi, fit-elle la vieille dame en se penchant un peu vers lui d'un air amusé, certains prétendent que vous avez été le couturier officiel des Nefertari. Elle lui sourit innocemment.
- Hé bien...Une de mes créations est effectivement dans la garde-robe de la reine Nefertari, Madame. Mais je serais bien prétentieux et menteur de me considérer comme le couturier officiel de la cour ! Ce n'était qu'une commande ponctuelle à laquelle j'ai humblement répondu.
La curieuse resta bouche bée. Elle s'était attendue à un démenti total de cette rumeur et était parfaitement stupéfaite d'apprendre qu'une partie était vraie.
- Vraiment ?! S'exclama-t-elle en manquant de s'étouffer.
Reda sourit et exécuta une nouvelle courbette. C'était plutôt bon pour ses affaires alors autant en profiter. La vieille dame bouscula un peu l'homme qui jouait toujours avec les breloques et s'empressa de montrer au vendeur tout l'intérêt qu'elle portait désormais réellement au kimono.
Il était simple, plutôt court, blanc, avec un majestueux motif d'arbre brun qui courait de la hanche droite jusqu'au coude du même côté. Le fin obi (ceinture) qui le fermait était brun lui aussi, avec quelques lignes dorées. L'ensemble logiquement ample et droit dans la coupe proposait cependant un col volontairement plissé sur tout son contour, ce qui rendait le vêtement innovant.
- Voulez-vous l'essayer, Madame ? Il est à 70 000 berries, mais vous m'êtes sympathique donc je peux vous le faire à 65 000 si vous le désirez...
Reda conclut rapidement l'affaire et empocha les berries. Cette vente attira d'autres clients qui vinrent s'agglutiner autour du stand. Enfin, après quelques heures de chahut, le marché se vida quelque peu et le jeune homme put enfin se permettre de s'asseoir sur le petit tabouret de bois qu'il avait emporté. Toujours visible derrière son comptoir et ses étoffes, il croisa les jambes et ferma les yeux une poignée de minutes.
Madinat lui plaisait, malgré son aspect chaotique. Ici, il réussissait à vendre sa marchandise et à glaner des informations assez facilement. Les gens étaient agités, certes, mais également très bavards, ce qui l'arrangeait bien. Pour retrouver la trace de l'équipage qu'il recherchait, il avait d'abord pensé se rendre dans la crevasse d'Accham. Malheureusement, la caravane qui l'avait ramassé à son arrivée ne se rendait qu'à Médinat. Un mal pour un bien peut-être ? Il valait mieux voir les choses ainsi. Après tout, il avait aisément trouvé une chambre potable dans l'auberge du Voldétourneaux et obtenu dès le deuxième jour l'autorisation d'exposer son art au marché. C'était assez inespéré ! Et puis, cela lui permettait de brouiller les pistes quant à son périple et d'éviter ainsi ses anciens clients et les membres de sa famille susceptibles de tenter de le ramener à Alabasta.
Reda soupira. Qu'avait-il appris depuis son arrivée ? En évoquant le capitaine Rud Von Rift dans différents pubs, il avait réussi à apprendre que son navire se nommait la Vandale et que c'était une caravelle, choses qu'il avait complètement oubliées avec le temps. Il avait également entendu que son équipage avait bel et bien appareillé à Imashung onze ans plus tôt et qu'il avait créé du remue-ménage au port principal de l'île à cause d'une sombre histoire de barils de rhum volés. Là, Reda n'avait pas tout compris, aussi avait-il gardé sur un calepin le nom et l'adresse de l'ivrogne qui lui en avait parlé, histoire de pouvoir avoir une nouvelle discussion avec lui à un moment plus opportun. Par contre, il avait beau décrire sa soeur, personne ne semblait l'avoir croisée. Son nom ne disait rien à personne.
Rouvrant les yeux, le marchand se massa un peu la nuque et quitta son tabouret pour venir s'adosser à une des poutres latérales de sa boutique. Il remit en place les multiples bracelets de ses poignets qui avaient tendance à remonter sur ses avant-bras et entreprit de faire de même avec ses nombreux colliers.
Les habitués du marché et autres promeneurs s'arrêtaient pour admirer cette nouvelle curiosité. Nombreux étaient ceux qui s'extasiaient face aux vêtement de haute couture présentés sur des croix de bois ou accrochés à des cintres. La qualité de leurs tissage et leurs coupes travaillées ne laissaient pas de doute quant au talent de leur créateur. On voulait toucher les étoffes précieuses, essayer les tenues et frôler de sa tête les drôles de décorations qui ornaient la boutique éphémère.
Au milieu de toute cette agitation, Reda tâchait de garder l'oeil ouvert. Il craignait les vols et n'avait pas l'habitude de travailler ainsi, dehors, entouré de badauds de toutes sortes. Le calme de sa boutique à Nanohana lui manquait déjà, ses riches et distingués clients également...Mais il n'avait pas le choix : pour payer son voyage, il allait devoir travailler de cette façon fort déplaisante.
- Faites attention, Monsieur, c'est fragile...murmura-t-il à un homme qui était en train de tripoter une des suspensions en verre. L'objet tournoyait au-dessus de sa tête et semblait beaucoup l'amuser. Peut-être souhaitez-vous l'acquérir ?
- Ah ! Pardon ! Non, je regardais juste. C'est marrant ces machins...
- Ils viennent de Nanohana.
- Ah ? D'accord...
- C'est de là que vous venez, n'est-ce pas ? Intervint une femme d'un âge mûr, apparemment très intéressée par l'un des kimonos de soie qui était exposé.
- On ne peut rien vous cacher, Madame. Répondit le marchand en lui adressant un sourire (faussement) radieux. Reda Jallab, pour vous servir...Ajouta-t-il en exécutant une petite courbette pour se présenter.
- Comme c'est charmant !
Cela faisait une bonne semaine que ce marchand s'était installé dans le coin. On disait qu'il venait d'Alabasta et que c'était un doux enjôleur, ce qu'il venait de confirmer. Il semblait humble et heureux de partager son art avec la population d'Imashung.
- Dites-moi, fit-elle la vieille dame en se penchant un peu vers lui d'un air amusé, certains prétendent que vous avez été le couturier officiel des Nefertari. Elle lui sourit innocemment.
- Hé bien...Une de mes créations est effectivement dans la garde-robe de la reine Nefertari, Madame. Mais je serais bien prétentieux et menteur de me considérer comme le couturier officiel de la cour ! Ce n'était qu'une commande ponctuelle à laquelle j'ai humblement répondu.
La curieuse resta bouche bée. Elle s'était attendue à un démenti total de cette rumeur et était parfaitement stupéfaite d'apprendre qu'une partie était vraie.
- Vraiment ?! S'exclama-t-elle en manquant de s'étouffer.
Reda sourit et exécuta une nouvelle courbette. C'était plutôt bon pour ses affaires alors autant en profiter. La vieille dame bouscula un peu l'homme qui jouait toujours avec les breloques et s'empressa de montrer au vendeur tout l'intérêt qu'elle portait désormais réellement au kimono.
Il était simple, plutôt court, blanc, avec un majestueux motif d'arbre brun qui courait de la hanche droite jusqu'au coude du même côté. Le fin obi (ceinture) qui le fermait était brun lui aussi, avec quelques lignes dorées. L'ensemble logiquement ample et droit dans la coupe proposait cependant un col volontairement plissé sur tout son contour, ce qui rendait le vêtement innovant.
- Voulez-vous l'essayer, Madame ? Il est à 70 000 berries, mais vous m'êtes sympathique donc je peux vous le faire à 65 000 si vous le désirez...
Reda conclut rapidement l'affaire et empocha les berries. Cette vente attira d'autres clients qui vinrent s'agglutiner autour du stand. Enfin, après quelques heures de chahut, le marché se vida quelque peu et le jeune homme put enfin se permettre de s'asseoir sur le petit tabouret de bois qu'il avait emporté. Toujours visible derrière son comptoir et ses étoffes, il croisa les jambes et ferma les yeux une poignée de minutes.
Madinat lui plaisait, malgré son aspect chaotique. Ici, il réussissait à vendre sa marchandise et à glaner des informations assez facilement. Les gens étaient agités, certes, mais également très bavards, ce qui l'arrangeait bien. Pour retrouver la trace de l'équipage qu'il recherchait, il avait d'abord pensé se rendre dans la crevasse d'Accham. Malheureusement, la caravane qui l'avait ramassé à son arrivée ne se rendait qu'à Médinat. Un mal pour un bien peut-être ? Il valait mieux voir les choses ainsi. Après tout, il avait aisément trouvé une chambre potable dans l'auberge du Voldétourneaux et obtenu dès le deuxième jour l'autorisation d'exposer son art au marché. C'était assez inespéré ! Et puis, cela lui permettait de brouiller les pistes quant à son périple et d'éviter ainsi ses anciens clients et les membres de sa famille susceptibles de tenter de le ramener à Alabasta.
Reda soupira. Qu'avait-il appris depuis son arrivée ? En évoquant le capitaine Rud Von Rift dans différents pubs, il avait réussi à apprendre que son navire se nommait la Vandale et que c'était une caravelle, choses qu'il avait complètement oubliées avec le temps. Il avait également entendu que son équipage avait bel et bien appareillé à Imashung onze ans plus tôt et qu'il avait créé du remue-ménage au port principal de l'île à cause d'une sombre histoire de barils de rhum volés. Là, Reda n'avait pas tout compris, aussi avait-il gardé sur un calepin le nom et l'adresse de l'ivrogne qui lui en avait parlé, histoire de pouvoir avoir une nouvelle discussion avec lui à un moment plus opportun. Par contre, il avait beau décrire sa soeur, personne ne semblait l'avoir croisée. Son nom ne disait rien à personne.
Rouvrant les yeux, le marchand se massa un peu la nuque et quitta son tabouret pour venir s'adosser à une des poutres latérales de sa boutique. Il remit en place les multiples bracelets de ses poignets qui avaient tendance à remonter sur ses avant-bras et entreprit de faire de même avec ses nombreux colliers.