3 Mai 1570. 14H42
Plus aucun vent. Seul toi, la mer et ton bateau. Combien de temps ça fait que tu dégobilles comme une larve? Quelques jours, semaines? Qu'est ce que la vie peut être vache quand elle veut. Y'a de l'eau à perte de vue, mais t'es quand même à crever de soif. Quelle ironie hein? Il ne te reste plus une goutte d'eau potable, et ce, d'puis un bail. Affalé dans ta bicoque, plus qu'à moitié conscient, il ne te reste qu'à admirer un paysage de desert bleu de plus en plus flou. Le bateau voguant sans ton intervention depuis un moment, tu n'sais plus trop où tu es. Le petit mat s'est fait avaler par une vague il y a quelques jours, et la coque commence à être dans un sale état. Un peu comme toi. Tu désespères de n'pouvoir rien faire pour vivre un peu plus. De l'eau, de l'eau et de l'eau à perte de vue... Acun espoir ne semble vouloir pointer le bout d'son nez, tu es fichu. Mort. Cloué. Enterré...
[...]
T'en crois pas ta paire de globes. Tes yeux embrumés croient apercevoir quelque chose d'une couleur moins azurée que d'habitude. Illusion ou non, t'attrapes tes pagaies avec le peu de force qu'il te reste et fais avancer le rafiot tant bien qu'mal. Direction l'paradis, ou la fin du rêve, tu ne l'sais pas encore.
3 Mai 1570. 17H38
Après avoir ramé pendant ce qu'il te parait une éternité, ton zéro mat percute quelque chose ressemblant à d'la terre ferme. Avec appréhension, tes pieds s'osent à effleurer l'paradis. C'est dur, et stable. Tu as gagné. Peu à peu, tes globes s'mettent à presque fonctionner, et tu peux presque comprendre c'qui t'entoure. Tes guibolles se tiennent sur de minuscules pavés recouvrant une grande place. Un paquet d' autochtones s'y promennent. Ta bicoque, quant à elle, git sur c'qui ressemble à une plage. Du sable fin se laisse vivre sur quelques mettres avant de se faire avaler par les pavés.
Mais ça, tu t'en fous. Un seul détail te marque, c'est la fontaine.
Un rêve, vraiment, le plus beau même. Malgré que t'ai perdu l'habitude de les utiliser, tes savates comprennent qu'il faut qu'elles s'activent. Une devant, une dernière, et on recommence. C'est laborieux quand même, tu manques d'écraser ton visage deux trois fois sur le sol et de l'arroser d'une bonne flaque de rouge vermeille. Mais le sol n'a pas soif, toi, si. C'est la tête la première et les dents en avant qu'tu sautes dans ce paradis humide. A cet instant, tu vis l'moment le plus beau de ta vie. Paraitrait qu'c'est ce qu'a ressentit un gars du nom d'Rezusse. La resurection qu'ils appelent ça. Sauf que toi, tu ne l'nommes pas, tu l'vis. Et c'est mieux. Tous tes globules se remettent à papilloner. Ta gorge ne te fais presque plus mal et tu respires même sans trop d'peine.
Sauf que malgré ta chance à faire palir l'gagnant d'Euro Trognon, les bonnes choses arrivent toujours à terme trop rapidement. Même pour toi. C'est à peine si la fontaine réussit à combler ta soif. Pire qu'un ivrogne sortant d'une réunion d'AA. Tu t'goinfres de c'si simple liquide, allongé sur le rachis, au milieu de la fontaine. On pourrait croire que tu souris bêtement, c'est juste qu'tu te sens obligé d'ouvrir au maximum ton bec. Au milieu de c't'océan de bonheur, tu t'permets d'ouvrir les yeux. Bien joué. Ou chanceux, c'est selon. Tout ça pour dire que ça te permet d'voir la fourche s'remuant à pleine vitesse, direction tes douces levres. Tu viens à peine d'échaper à l'en coups qu'une autre mort vient essayer d'te prendre à la gorge. Enfin aux levres. Enfin z'aviez compris. Forcément t'evites la méchante machine d'une rapide roulade sur le côté. Une demi secondes plus tard t'es debout, sur tes gardes. Au bout d'la fourche, deux mains la tiennent. Au bout des bras, t'aperçois un vieux visage tout ridé. C'est un vieil homme auquel il ne reste plus que des cheveux blancs, et encore.
_T'es ti pas fou d'vouloir t'baigner dans la fontaine sacrée l'aticot. J'sens bien qu'une p'tite beuglante te f'ra pas perdre la sauterelle dans ta tête, alors tu vas tater d'l'outil.
Là t'en reviens pas, comment t'aurais pu savoir ça toi? Que c'te fontaine était sacrée! En lisant l'énorme paneau devant la statue au centre? "Baignade interdite, fontaine sacrée". Oui, peut être ... En attendant, t'as pas tout compris à ce qu'a dit l'vieux fou, du vieil argot sûrement. S'il veut t'faire tater d'sa fourche, tu vas quand même pas devoir le faire mordre la poussière?
_Eh l'fossil, j'suis désolé mais c'te fontaine était trop tentante. J'avais soif alors tu vas me laisser tranquille, à moins qu'ta carcasse en ai mare de s'trainer et que tu veuilles en finir avec la vie maintenant.
C'était pas spécialement un beau discours, pourtant t'as attiré la foule. Une trentaine de péquenauds sont maintenant à t'écouter. Tu l'sens un peu mal, parce que là, z'ont l'air de très mauvaise humeur. Ils entourent maint'nant le vieux râleur.
Plus aucun vent. Seul toi, la mer et ton bateau. Combien de temps ça fait que tu dégobilles comme une larve? Quelques jours, semaines? Qu'est ce que la vie peut être vache quand elle veut. Y'a de l'eau à perte de vue, mais t'es quand même à crever de soif. Quelle ironie hein? Il ne te reste plus une goutte d'eau potable, et ce, d'puis un bail. Affalé dans ta bicoque, plus qu'à moitié conscient, il ne te reste qu'à admirer un paysage de desert bleu de plus en plus flou. Le bateau voguant sans ton intervention depuis un moment, tu n'sais plus trop où tu es. Le petit mat s'est fait avaler par une vague il y a quelques jours, et la coque commence à être dans un sale état. Un peu comme toi. Tu désespères de n'pouvoir rien faire pour vivre un peu plus. De l'eau, de l'eau et de l'eau à perte de vue... Acun espoir ne semble vouloir pointer le bout d'son nez, tu es fichu. Mort. Cloué. Enterré...
[...]
T'en crois pas ta paire de globes. Tes yeux embrumés croient apercevoir quelque chose d'une couleur moins azurée que d'habitude. Illusion ou non, t'attrapes tes pagaies avec le peu de force qu'il te reste et fais avancer le rafiot tant bien qu'mal. Direction l'paradis, ou la fin du rêve, tu ne l'sais pas encore.
3 Mai 1570. 17H38
Après avoir ramé pendant ce qu'il te parait une éternité, ton zéro mat percute quelque chose ressemblant à d'la terre ferme. Avec appréhension, tes pieds s'osent à effleurer l'paradis. C'est dur, et stable. Tu as gagné. Peu à peu, tes globes s'mettent à presque fonctionner, et tu peux presque comprendre c'qui t'entoure. Tes guibolles se tiennent sur de minuscules pavés recouvrant une grande place. Un paquet d' autochtones s'y promennent. Ta bicoque, quant à elle, git sur c'qui ressemble à une plage. Du sable fin se laisse vivre sur quelques mettres avant de se faire avaler par les pavés.
Mais ça, tu t'en fous. Un seul détail te marque, c'est la fontaine.
Un rêve, vraiment, le plus beau même. Malgré que t'ai perdu l'habitude de les utiliser, tes savates comprennent qu'il faut qu'elles s'activent. Une devant, une dernière, et on recommence. C'est laborieux quand même, tu manques d'écraser ton visage deux trois fois sur le sol et de l'arroser d'une bonne flaque de rouge vermeille. Mais le sol n'a pas soif, toi, si. C'est la tête la première et les dents en avant qu'tu sautes dans ce paradis humide. A cet instant, tu vis l'moment le plus beau de ta vie. Paraitrait qu'c'est ce qu'a ressentit un gars du nom d'Rezusse. La resurection qu'ils appelent ça. Sauf que toi, tu ne l'nommes pas, tu l'vis. Et c'est mieux. Tous tes globules se remettent à papilloner. Ta gorge ne te fais presque plus mal et tu respires même sans trop d'peine.
Sauf que malgré ta chance à faire palir l'gagnant d'Euro Trognon, les bonnes choses arrivent toujours à terme trop rapidement. Même pour toi. C'est à peine si la fontaine réussit à combler ta soif. Pire qu'un ivrogne sortant d'une réunion d'AA. Tu t'goinfres de c'si simple liquide, allongé sur le rachis, au milieu de la fontaine. On pourrait croire que tu souris bêtement, c'est juste qu'tu te sens obligé d'ouvrir au maximum ton bec. Au milieu de c't'océan de bonheur, tu t'permets d'ouvrir les yeux. Bien joué. Ou chanceux, c'est selon. Tout ça pour dire que ça te permet d'voir la fourche s'remuant à pleine vitesse, direction tes douces levres. Tu viens à peine d'échaper à l'en coups qu'une autre mort vient essayer d'te prendre à la gorge. Enfin aux levres. Enfin z'aviez compris. Forcément t'evites la méchante machine d'une rapide roulade sur le côté. Une demi secondes plus tard t'es debout, sur tes gardes. Au bout d'la fourche, deux mains la tiennent. Au bout des bras, t'aperçois un vieux visage tout ridé. C'est un vieil homme auquel il ne reste plus que des cheveux blancs, et encore.
_T'es ti pas fou d'vouloir t'baigner dans la fontaine sacrée l'aticot. J'sens bien qu'une p'tite beuglante te f'ra pas perdre la sauterelle dans ta tête, alors tu vas tater d'l'outil.
Là t'en reviens pas, comment t'aurais pu savoir ça toi? Que c'te fontaine était sacrée! En lisant l'énorme paneau devant la statue au centre? "Baignade interdite, fontaine sacrée". Oui, peut être ... En attendant, t'as pas tout compris à ce qu'a dit l'vieux fou, du vieil argot sûrement. S'il veut t'faire tater d'sa fourche, tu vas quand même pas devoir le faire mordre la poussière?
_Eh l'fossil, j'suis désolé mais c'te fontaine était trop tentante. J'avais soif alors tu vas me laisser tranquille, à moins qu'ta carcasse en ai mare de s'trainer et que tu veuilles en finir avec la vie maintenant.
C'était pas spécialement un beau discours, pourtant t'as attiré la foule. Une trentaine de péquenauds sont maintenant à t'écouter. Tu l'sens un peu mal, parce que là, z'ont l'air de très mauvaise humeur. Ils entourent maint'nant le vieux râleur.
Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Jeu 27 Oct 2011 - 13:15, édité 4 fois