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♫Viva la revolucion!♫

3 Mai 1570. 14H42

Plus aucun vent. Seul toi, la mer et ton bateau. Combien de temps ça fait que tu dégobilles comme une larve? Quelques jours, semaines? Qu'est ce que la vie peut être vache quand elle veut. Y'a de l'eau à perte de vue, mais t'es quand même à crever de soif. Quelle ironie hein? Il ne te reste plus une goutte d'eau potable, et ce, d'puis un bail. Affalé dans ta bicoque, plus qu'à moitié conscient, il ne te reste qu'à admirer un paysage de desert bleu de plus en plus flou. Le bateau voguant sans ton intervention depuis un moment, tu n'sais plus trop où tu es. Le petit mat s'est fait avaler par une vague il y a quelques jours, et la coque commence à être dans un sale état. Un peu comme toi. Tu désespères de n'pouvoir rien faire pour vivre un peu plus. De l'eau, de l'eau et de l'eau à perte de vue... Acun espoir ne semble vouloir pointer le bout d'son nez, tu es fichu. Mort. Cloué. Enterré...

[...]


T'en crois pas ta paire de globes. Tes yeux embrumés croient apercevoir quelque chose d'une couleur moins azurée que d'habitude. Illusion ou non, t'attrapes tes pagaies avec le peu de force qu'il te reste et fais avancer le rafiot tant bien qu'mal. Direction l'paradis, ou la fin du rêve, tu ne l'sais pas encore.

3 Mai 1570. 17H38

Après avoir ramé pendant ce qu'il te parait une éternité, ton zéro mat percute quelque chose ressemblant à d'la terre ferme. Avec appréhension, tes pieds s'osent à effleurer l'paradis. C'est dur, et stable. Tu as gagné. Peu à peu, tes globes s'mettent à presque fonctionner, et tu peux presque comprendre c'qui t'entoure. Tes guibolles se tiennent sur de minuscules pavés recouvrant une grande place. Un paquet d' autochtones s'y promennent. Ta bicoque, quant à elle, git sur c'qui ressemble à une plage. Du sable fin se laisse vivre sur quelques mettres avant de se faire avaler par les pavés.
Mais ça, tu t'en fous. Un seul détail te marque, c'est la fontaine.


Un rêve, vraiment, le plus beau même. Malgré que t'ai perdu l'habitude de les utiliser, tes savates comprennent qu'il faut qu'elles s'activent. Une devant, une dernière, et on recommence. C'est laborieux quand même, tu manques d'écraser ton visage deux trois fois sur le sol et de l'arroser d'une bonne flaque de rouge vermeille. Mais le sol n'a pas soif, toi, si. C'est la tête la première et les dents en avant qu'tu sautes dans ce paradis humide. A cet instant, tu vis l'moment le plus beau de ta vie. Paraitrait qu'c'est ce qu'a ressentit un gars du nom d'Rezusse. La resurection qu'ils appelent ça. Sauf que toi, tu ne l'nommes pas, tu l'vis. Et c'est mieux. Tous tes globules se remettent à papilloner. Ta gorge ne te fais presque plus mal et tu respires même sans trop d'peine.


Sauf que malgré ta chance à faire palir l'gagnant d'Euro Trognon, les bonnes choses arrivent toujours à terme trop rapidement. Même pour toi. C'est à peine si la fontaine réussit à combler ta soif. Pire qu'un ivrogne sortant d'une réunion d'AA. Tu t'goinfres de c'si simple liquide, allongé sur le rachis, au milieu de la fontaine. On pourrait croire que tu souris bêtement, c'est juste qu'tu te sens obligé d'ouvrir au maximum ton bec. Au milieu de c't'océan de bonheur, tu t'permets d'ouvrir les yeux. Bien joué. Ou chanceux, c'est selon. Tout ça pour dire que ça te permet d'voir la fourche s'remuant à pleine vitesse, direction tes douces levres. Tu viens à peine d'échaper à l'en coups qu'une autre mort vient essayer d'te prendre à la gorge. Enfin aux levres. Enfin z'aviez compris. Forcément t'evites la méchante machine d'une rapide roulade sur le côté. Une demi secondes plus tard t'es debout, sur tes gardes. Au bout d'la fourche, deux mains la tiennent. Au bout des bras, t'aperçois un vieux visage tout ridé. C'est un vieil homme auquel il ne reste plus que des cheveux blancs, et encore.


_T'es ti pas fou d'vouloir t'baigner dans la fontaine sacrée l'aticot. J'sens bien qu'une p'tite beuglante te f'ra pas perdre la sauterelle dans ta tête, alors tu vas tater d'l'outil.

Là t'en reviens pas, comment t'aurais pu savoir ça toi? Que c'te fontaine était sacrée! En lisant l'énorme paneau devant la statue au centre? "Baignade interdite, fontaine sacrée". Oui, peut être ... En attendant, t'as pas tout compris à ce qu'a dit l'vieux fou, du vieil argot sûrement. S'il veut t'faire tater d'sa fourche, tu vas quand même pas devoir le faire mordre la poussière?

_Eh l'fossil, j'suis désolé mais c'te fontaine était trop tentante. J'avais soif alors tu vas me laisser tranquille, à moins qu'ta carcasse en ai mare de s'trainer et que tu veuilles en finir avec la vie maintenant.

C'était pas spécialement un beau discours, pourtant t'as attiré la foule. Une trentaine de péquenauds sont maintenant à t'écouter. Tu l'sens un peu mal, parce que là, z'ont l'air de très mauvaise humeur. Ils entourent maint'nant le vieux râleur.



Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Jeu 27 Oct 2011 - 13:15, édité 4 fois
    Cela fait maintenant dix-neuf ans que la mauvaise herbe s'est mise à pousser. La mauvaise herbe, c'est toi, sauvage, irraciablement indécrottable. T'as poussé dans un jardin bien de trop fleuri pour toi. Alors t'es parti à la recherche d'une fosse à purin, pour ne plus faire tâche. Mais te voilà ici. Entouré d'une bande d'autochtones au langage aussi inhabituel que le tien. Ils semblent tous bien habillés. Des toges de toutes les couleurs drapent leurs corps et cheveux. De chaque côté de la place, de grands bâtiments de pierre surplombent les environs, chacun d'eux devant faire plus d'une dizaine de mètres. Parfois entrecoupés de chemins dallés, ils arborent de nombreuses décorations et parfois des noms d'échoppes au-dessus des portes. Debout au milieu de la fontaine, tu donnes plutôt une sale image. Les cheveux ébouriffés partant dans tous les sens, les habits dégoulinant et la barbe brune hirsute te donnent l'air d'un chien sauvage. L'eau dans laquelle tu t'es allongé a pris une couleur noirâtre, salis par tes semaines de voyage. Les gens autour, continuent de te dévisager, d'un air méfiant, hostile. T'aurais bien aimé pouvoir te reposer un peu, et tu sais bien que ta fatigue va te tomber dessus dès que tu feras un infime effort. Déjà, ta roulade t'a affaibli, et il t'a fallu quelques secondes pour arrêter de voir tourbillonner des étoiles.

    Sauf que les gars, en face, vont pas tarder à te foncer dessus. Sur la vingtaine de gens, la moitié est constituée de soldats. Ils portent des armures de métal, de grands casques gris finissant en pic au dessus du crane et de longues capes rouges. Ils sont tous armés d'une grande lance de fer. Dans le reste, âges et sexes se confondent mais le papi à qui tu as parlé semble être le plus vieux. T'as quand même pas trop le temps d'admirer le spectacle : l'un des soldats tente de t'embrocher avec sa lance. Grâce à un pas sur le côté, tu évites le coup, mais ton tee short se fait quand même emporter avec un lambeau de peau. C'était juste, à quelques millisecondes, c'était les intestins qui sortaient.
    Ne prenant pas trop les minutes nécessaires à une analyse détaillée, tu réagis au quart de tour et te sers de ton six-coups comme d'un appareil chirurgical. le gars n'a pas le temps de sourciller que t'es déjà en action. Tu as cru voir que son oeil méritait une intervention rapide. Après deux trois farfouillis à l'interieur du globe, le garde commence à hurler de douleur. Une seconde et demi après qu'il ait essayé de te tuer, son oeil pend au bout de ton canon. Ca a un peu refroidi les autres soldats. Mais pas assez apparemment. L'agonisant s'est allongé dans la fontaine, et semble faire une crise d’épilepsie. Pendant ce temps, une paire de soldats franchit les quelques mètres vous séparant. Tu t'dis à cet instant qu'ils doivent vraiment tenir à leur fontaine pour réagir comme ça. Ils foncent leurs lances en avant. Deux lances, t'as deux pieds, ça tombe bien. Sautant en l'air, tu te sers de leurs armes comme d'un tremplin pour rebondir plus haut. Grâce à un salto bien placé, tu retombes sur leurs visages les poings en avant. Leurs yeux, non protégés par le casque, se retractent sous l'impacte et les deux hommes s'écrasent dans l'eau accompagnant leur ami. Au moment de poser le pied à terre, tu glisses sur une flaque et manques d'exploser ta trogne sur les pavés. Les étoiles et papillons ont refait leur apparition. Bientôt tu verras un zoo complet si ça continue.


    _Kof...Kof ...C'est pas l'tout de râler sur moi les gars, mais y'en a trois autres qui désobéissent là, et vous leur dîtes rien!

    Sur ces paroles, tu pointes rapidement les trois abimés du doigt. Ils n'ont vraiment pas l'air d'aller bien, alors tu décides de les aider. Prenant l'une des lances tombées à terre, tu t'en sers pour l'enfoncer sur les visages des trois hommes. Tu ne fais pas dans l'détail, et essayes d'être rapide, les autres vont pas te regarder t'amuser longtemps. Depuis qu't'es arrivé, c'est la deuxième fois que tu refais la couleur de l'eau. Y'a pas à dire, le rouge sang c'est bien mieux que le noir.



    Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Mer 26 Oct 2011 - 13:40, édité 7 fois
      Les guss font déjà moins les malins. Z’ont compris que t’étais pas d’humeur à rire. Les civils commencent à décamper, le seul qui reste, c’est l’papi. Entouré des huit gardes qui restent, il fait quand même moins l’fier qu’au début, et tu sens qu’la colère laisse peu à peu place à la peur. Tu profites de leur airement pour un peu récupérer, histoire que les étoiles disparaissent un minimum et que tu puisses tenir debout sans mal. Tu te tiens quand même la côte gauche, le coup de lance n’a rien arrangé à ta condition et te fais pas mal souffrir. Le problème, c’est que t’es obligé de continuer à faire le gars sûr de lui, sinon, t’es un homme mort. S’ils se jettent tous sur toi, c’est fini. Contre huit mecs armés à la fois, tu ne pourrais rien faire. Le plus costaud des gardes s’avance vers toi, l’air méchant.

      _T’as décidé de mettre la ville à feu et à sang, ou je me trompe ? Qu’est ce qu’un gars comme toi peut bien faire ici ? T’es pas un marine, autrement on aurait vu un vaisseau et pas une barque pourrie. T’es pas non plus un pirate, sinon tu ne serais pas venu seul. La seule chose qu’il reste, c’est révolutionnaire, et c’est vrai que t’as la gueule de l’emploi. Mais si c’était le cas, t’aurais pas tué des soldats innocents …

      _On va pas dire non plus que vous m’avez laissé l’choix hein. C’était eux ou moi, et désolé mais j’suis trop jeune pour mourir.

      _C’est ça ton excuse pour avoir mis fin à la vie de trois pères de famille ? Sale petit merdeux !

      _Eh, tu vas mieux m’parler, j’pourrais être ton père.


      _Quoi ? Pour l’âge, t’as au moins dix printemps d’moins que moi.

      _Non pas pour l’âge, mais parce que j’ai baisé ta mère.


      Tu l’auras cherché celle là qu’tu te dis. Le bon point, c’est que ça fait bien rire le vieux, l’est plié en deux, et n’arrive pas se ret’nir de rire. On doit l’entendre à des kilomètres. Le point négatif , c’est qu’à la fin de tes belles paroles, le costaud se jette sur toi, fou de rage. Tellement énervé qu’il te laisse une grosse ouverture pour lui enfoncer la lance que t’as encore dans les mains. Tu essayes de la placer au niveau des côtes du bonhomme, mais ce gars là est rapide malgré sa masse et esquive magnifiquement le coup. Avec le bout non filé de son arme, il te frappe au niveau de l’estomac et tu n’as le temps que d’encaisser partiellement. Une magnifique gerbe de sang gicle de ta bouche. Si t’avais pas fait l’jeune pendant des jours, le repas serait sortit avec. C’aurait été une superbe ribambelle de couleurs. Là encore, t’as pas le temps de te remettre et dois te plier en deux pour esquiver le coup suivant porté au niveau du visage. Te jetant au niveau de ses jambes, tu tentes un plaquage. Miracle, ça marche, tu t’écrase avec lui contre les pavés. Cette fois, c’est lui qui doit encaisser le choc, sa masse t’ayant permit d’amortir la chute. Son casque étant tombé, tu te relèves rapidement pour bloquer ses bras avec tes jambes et l’enchainer : gauche droite, uppercut, droite gauche… Ca dur dix secondes avant qu’un autre garde s’en mêle et t’es obligé de sauter en arrière pour l’éviter. Le costaud en profite pour se relever difficilement, l’est plus que sonné et il lui faut un moment pour faire tenir ses guibolles droites.


      Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Mer 19 Oct 2011 - 18:47, édité 1 fois
        Essuyant la giclée rouge qui t'es restée sur les lèvres, tu t'mets à leur parler, peut être qu'avec deux trois mots un peu plus sympas, tu pourras t'en sortir vivant.

        _Bon les gars, je m'serais fait un plaisir de vous foncer dans l'gras, mais au départ, j'voulais juste boire un coup moi. A croire que z'avez jamais crevé d'soif. Tout ça pour dire, que si on en restait là, ça m'arrangerait.

        Les soldats ont presque l'air de réfléchir à ton idée de pacte de paix. Toi t'en reviens pas d'avoir osé proposer cette idée. Tu dois vraiment être crevé pour ne pas accepter un combat.

        _ Tu crois vraiment que tu peux t'en tirer comme ça, après avoir tué trois de nos hommes? Gardes, emmenez-le à l'ombre, ça le calmera un peu!

        Là, t'es vraiment mal barré, les sept soldats se jettent sur toi en même temps. T'évites trois coups de lances qu'avaient décidé de t'embrocher la tronche et te baisses pour esquiver un autre au niveau du ventre. Les trois premiers gardes, pris dans leur élan sont maintenant trop près de toi, et tu as le temps de cogner l'un d'eux. Sauf que les coups de lances volent à tords et à travers. Toi qui croyait qu'ils voulaient te foutre en zonzon, t'as plus l'impression qu'ils veulent faire des grillades. Le fait est que t'as maintenant plus le temps de frapper. Tu sautes à gauche et à droite, t'agenouilles une mili-secondes, te penches sur le côté, etc ... Les lancent foncent à une vitesse folle en ta direction, et ton crane se met maintenant à tambouriner dur. Un kangourou a décidé de jouer avec ton cerveau. Foutu cagnard, foutu manque de bouffe, foutu efforts physiques... Au bout d'un moment, tu deviens trop lent et les lames de leurs armes commencent à t'égratigner de toutes parts. Tu ne tiens pas longtemps avant de t'effondrer, à bout de force.

        ...

        ...

        _Mouarf quergg...Kof Kof ...leushouprs... Kof Kof Kof ...

        ...

        ...

        4 Mai 1570. 01H12

        Le kangourou s’est remis à taper sur le crane. Tu te réveilles, encore plus engourdis qu’avant. La pièce est noire, et sale, une odeur de rance t’empêche d’ouvrir tes narines sans grincer des dents. A croire qu’ici, le mot chiotte n’existe pas. […] En effet, il n’existe pas. Après un rapide coup d’œil, tu te rends compte que t’as bien fini à l’ombre. Une seule lumière réussit à percer dans l’coin, une minuscule ouverture de moins d’un mètre permet à quelques rayons de passer. Placée bien en hauteur, et barreaudée par six tiges de fer, elle ne te laisse aucune chance de t’échapper. C’est une pièce carrée, simple et froide, aucun lit, matelas ou quoi que ce soit. Juste de la terre battue couverte de déchets de toute sorte. Les prochains jours s’annoncent sympas.

        T’as pas le temps de profiter de ta semi conscience qu’on vient déjà te chercher. Trois gardes t’empoignent sans dire un mot. L’un d’eux te fous un sac sur la tronche pour pas que tu voies où ils t’amènent. Ils t’attachent maintenant les mains après t’avoir assis sur une chaise en bois. Les choses marrantes vont commencer. Toi qu’avait décidé de quitter ton île pour éviter les emmerdes, faut croire que tu les attires vraiment. T’as le droit à tout un tas de machins dont t’aurais jamais imaginé l’existence. Le genre de choses qui t’assomme au bout de quelques secondes, t’es pas une gonzesse mais t’enfourner un pic brulant dans le cul, ça fait aucun bien.
        De temps en temps, ils t’arrosent pour te poser quelques questions, sauf que t’es plus en état de parler. Z’ont l’air de vouloir t’affaiblir pour le jour du jugement. Dans 48 heures apparemment, tu seras encordé pour triple meurtre. T’as quand même le droit de te reposer, ça arrive même qu’ils te laissent presque dormir avant de revenir te chercher. Tu sais pas trop bien comment sortir de là, p’t’être même que c’est la fin de l’histoire.

        Dans ta cellule depuis quelques minutes, t’essayes de pioncer un peu, histoire de récupérer. T’entends le cliquetis de la serrure. C’est reparti pour un tour. Cette fois z’ont l’air de n’être que deux, enfin t’es plus trop sûr de rien, bien de trop abimé pour que la conscience puisse vraiment t’être utile. Tu sens quand même qu’un truc ne tourne pas rond, t’as pas de masque sur la tronche et le chemin que t’es en trin de faire semble changer. Oui, ça change bien, maint’nant tu vois d’la lumière, trop d’lumière. T’arrives même plus à ouvrir les yeux tellement t’es sonné. Tu sens quand même qu’on te fous dans une chariote, et t’entends quelques coups de feu avant d’retomber dans les vapes.



        Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Mer 23 Nov 2011 - 20:07, édité 4 fois
          5 Mai 1570. 13H08


          Apparemment, t'aurais dormis pendant plus d'une journée. N'empêche que maintenant t'es en forme. Tu ne sais pas trop où tu te trouves, ni même pourquoi on t'a sauvé, mais t'es encore en vie, et c'est le plus important, alors tu savoures. T'avalles autant d'air que tu peux, et profites de chaque secondes pour admirer la vie. Pis surtout les dessous d'la fille en face de toi. Jupe courte, tailleur blanc, et de jolis yeux verts, elle doit être du genre à remettre un homme debout rien qu'en souriant. T'es assis sur un lit de camp dans une pièce tout à fait bannale. Des murs blancs, deux rideaux beiges et une grande fenêtre servent de seul mobilier avec ton matelas et la chaise de la dame. Cette pièce semble avoir vécu, et les cloisons sont décorées d'un paquet de graffitis, trous et autres traces de la vie. Miss secrétaire est assise en face de toi et admire ton réveil difficil. Ca doit faire un peu plus de deux minutes que t'as réouvert les yeux. Dès qu'elle t'a vu faire autre chose que ronfler, tu crois bien l'avoir aperçu sortir de la pièce et rentrer juste après. Le problème c'est que depuis, bah ... plus rien. Elle te regarde, tu la regardes, et ça continue à se turlinguer en chiens de faillance. Tu t'exaspères un peu, gigottes dans tous les sens, mais pas moyen de la faire péter un coup. Elle continue à te regarder sans bouger le moindre sourcil. Tu te grattes la têtes pour remuer c'qu'il y a à l'interieur, p't'être que ça te permettra d'y trouver une idée. Ca ne marche pas, alors tu te lèves, et prends la porte qui se trouve derrière Miss muette. Elle ne bouge toujours pas, alors tu t'en vas, et avant de fermer la porte, lui adresse quand même un mot, parc'que ça ferait bien d'trop mal poli de partir comme ça.


          _Euh ... Merci pour l'aceuil.

          Elle t'a bien mis mal à l'aise comme il faut, et t'es sorti en baissant la tête, comme si tu lui avais piqué ses gosses et en avais fait des grillades aux chamalos. Rendu sur l'pas de la porte, tu aperçois des champs, des champs et des champs. Rien qu'un tas de verdue à pert de vue. Tu te regrattes la tête, comme si ça allait arranger les choses. L’esprit encore un peu embrumé, t'essayes de te repérer, mais rien à y faire, tu ne connais pas du tout cet endroit. La maison dans laquelle tu te trouvais il y a un instant est un petit foyer qui ne doit pas faire plus de trois pièces, à un étage. La pièce où se trouve encore miss silence n'est pas reliée aux autres et une deuxieme porte d'entrée se situe à quelques mètres de celle que tu as utilisé. Le bâtiment surplombe une plaine verte où forets et paturages se confondent. De temps en temps, t'aperçois un ou deux animaux se faufilant entre les arbres. Quelques autres habitations se perdent ci ou là, seules traces de vie humaine. Où est-ce que t'as atterri? Tel es la question.

          Alors que tu te rends compte que pour seuls habits, tu portes un grand nombre de bandage, tu entends une porte grincer dans ton dos. Dans un premier temps, t'observes l'état dans lequel tu te trouve. Comme souvent, ce n'est pas beau à voir : de nouvelles cicatrices recouvrent tout ton corps, le bout de tes doigts est brûlé et tu ne sens plus tes mains. Miss muette semble vouloir sortir de son silence et ose s'avancer vers toi. Elle te tend même la main, ce serait presque un signe de sympathie.


          _ C'est vous qui m'avez fait tous ces bandages?

          Cette question voit comme réponse un simple hochement de tête stricte. Ni plus ni moins. Tu te sens alors obligé de la remercier, en faisant tout autant dans la simplicité, un bête "merci" sort de ton bec, brut de pomme. Tu as dit merci, mais dans le ton, ç'aurait tout aussi bien pu être des noms d'oiseaux. Te rendant comte de ta maladresse, tu ne sais encore plus où te mettre. Dans ce méli-mélo de maladresse, de grattement de tête et de sourire crispé apparaît un groupe de 4 hommes. Ils sont sortis de la deuxième porte, en coup de vent par un e frappe du pied sur les battants. Celui qui semble être le meneur te toise maintenant de haut, te décortiquant de haut en bas comme la dernière des fosses à purin. Âgé d'une vingtaine d'année, la clope au bec et les cheveux dans le vent, il semble se donner un air de chien fou rebelle. Il y arrive bien, Tu ne sais pas pourquoi, mais ce gars là te donne une impression de puissance des plus impressionnante. Pourtant, à sa façon de te regarder, tu sens bien que tu n'vas pas pouvoir t'empêcher de lui enfourner ton joli poings dans son mignon petit visage.

          _C'est donc toi qu'la sœur a voulu qu'on sauve... Tu peux t'mettre à genou et la remercier, moi je t'aurais bien laissé finir la corde au cou. T'es si bête que ça pour avoir voulu boire l'eau sacrée ? BAKA !

          _Ça m'a paru sympa sur le coup, mais quand j'vois ta gueule, j'me dis que j'étais aussi bien dans ma cellule !

          Tes deux poings se sont serrés et s'en suit quelques frappes partant en tout sens. Des noms d'oiseaux volent aussi vite que les coups portés et tu finis vite par terre. Pas encore remis de tes blessures, n'ayant pas mangé depuis trop longtemps, tu ne pouvais pas tenir plus, et les trois autres hommes sont obligé de te ramener dans ton lit d'hospice. Ça s'annonce bien.
            5 Mai 1570. 19H08

            A ton réveil, Miss muette se met cette fois ci directement à l'ouvrir et s'excuse rapidement pour l'attitude de son frère sans faire dans le mélodrame. Elle n'y passe pas deux heure et part vite sur un autre sujet. Tu ne vois pas l’intérêt de la couper et la laisse déblatérer. Assis sur ton lit à manger une assiette de viande qui se trouvait là à ton réveil, tu l'écoutes raconter son histoire. Elle est posée sur une chaise en face de toi et t'explique qu'elle fait partie de la révolution. Elle t'a sauvé la vie parce qu'elle a entendu parler de ton exploit, comme quoi t'aurais tué trois gardes avec une facilité déconcertante alors que tu tenais à peine debout. C'est ce genre d'homme qu'elle recherche, elle est chargée du recrutement et s'est installée sur cette île car justement, ici personne n'aime le gouvernement.

            Le reste du discours, tu ne l'entends plus. T'es obnubilé par ses yeux dans lesquels tu te perds. Tu comprends alors pourquoi on l'a chargé du recrutement, ça doit être facile pour elle de faire miroiter monts et merveilles à un homme, déjà la première fois que tu l'as vu, elle t'a mis mal à l'aise en un rien de temps. Là, avec sa douce voix, qui chante à tes oreilles tout en étant ferme et sûre, elle ne peut que te rallier à elle. Miss plusdutoutmuette se rend compte au bout d'un moment que tu ne l'écoutes plus depuis plusieurs minutes, enfin que tu ne l'entends plus pour être précis, et se met gentiment à rougir. Secouant ton esprit, tu t'obliges alors à reprendre un fil de pensées plus sain et t'excuses pour ton égarement, ça la fait sourire et cette fois vous discutez ensembles, de tout et de rien comme de vieux amis. Cette façon qu'elle a de sourire te rend à chaque fois dingue et lorsqu'elle prend une cigarette, pliant son bras et laissant la fumée s'échapper de ses lèvres, tu as du mal à garder le fil de la conversation. T'es encore naïf à cette époque, tu ne comprends pas trop ce qui t'arrive, ni pourquoi ton cœur bat si fort, ni même comment cela se fait que rester assis durant plusieurs heures à discuter ne te dérange pas. Dans une situation normale, tu serais déjà partis régler son compte à l'autre blondinet qui t'a cherché. Mais aujourd'hui, tu n'as le courage de rien, juste de rester là, à discuter avec ce joli brin de femme.

            Des jours, des semaines, peut être des mois se passent ainsi. Ça rend fou le blond que tu t'entendes si bien avec sa sœur, mais tu n'en as vraiment rien à faire. Dès que tu le voies, tu ne peux t'empêcher de te battre avec lui, et les noms d'oiseaux se remettent à voler. Tu crois bien qu'il regrette de t'avoir sortis de prison. Ce gars là te haït, et c'est réciproque. Vous avez tous les deux des tempérament qui ne pourront jamais s'entendre, même si, tu ne te l'avoueras jamais tu as quand même de la considération pour lui. Au fond, tu respecte son courage et sa force brute qui font de lui un soldat honorable. C'est un homme de front, qui ne fera jamais de coups bas et qui dit les choses en face, comme il le pense. En cela, il te ressemble beaucoup. Tu as aussi appris à mieux connaître ce qui se cache sous les jolies yeux verts de sa sœur. Elle s'appelle Nina. Tu ne sais pas trop bien ce que vous êtes en trin de faire, parfois elle te parle de mariages, d'enfants et ça te donne envie de courir loin, de partir te cacher de l'autre côté des Blues. Le fait est que malgré tous tes sentiments pour elle, le mot famille te donne toujours autant de frissons. Par ton passé, tu as maintenant une peur bleu de ce mot.

            Tu t'dis que tu l'aimes quand même bien la petite. Vous formez un vrai p'tit couple de vieux grabataires. Tu passes ta journée à faire du sport, entretenir la maison et chasser pour remplir les assiettes. Le soir vous vous retrouvez en tête à tête pour le dîner et elle ta raconte sa journée. Si tu t'étais imaginé la scène il y a quelques mois de ça, tu te serais marré en te disant que c'était impossible. Faut croire que tu ne te connais pas si bien que ça. Parfois, tu t'engueules quand même avec les beaux yeux. Tu lui dis que tu feras pas ça toute ta vie et qu'un jour où l'autre, elle se réveillera un matin et tu seras partis. Ça finis toujours de la même manière : elle se met à tremper des yeux alors tu te sens mal et t'excuses, ça se termine sur la couette en réconciliation sportive. Le lendemain, tu retournes faire le même trin trin que les autres jours en te disant que t'es quand même un fichu con.


            Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Mer 23 Nov 2011 - 20:09, édité 1 fois
              12 Novembre 1570 7h09

              L'est tôt. Très tôt. Emmitouflé dans ton lit, la bave aux lèvres et le sourire montant jusqu'au haut des joues, t'entends brusquement la porte s'ouvrir à la volée. Réagissant à la seconde, tu agrippes ton six coups posé sur la table de chevet et le pointes vers l’inconnu. C'est le blondinet, toujours aussi poli il vient de rompre ton sommeil ainsi que celui de jolis yeux en un coup de pied sur la porte.

              _Baka, c'est moi ! Lève toi et vite, j'ai une mission pour toi ! Et réveille ma sœur aussi, vous n'serez pas trop de deux !

              Il a toujours aimer gueuler le blondinet. Pas que la gentillesse soit familiale chez eux, mais quand même. T'obéis pour n'pas chercher d'histoire dès le matin et sors lentement de la pièce accompagné de la miss. Le blondinet vous explique alors qu'un marine est arrivé sur l'île. Avec ses dix hommes, il est venu pour refaire des provisions et raconte à qui veut qu'il part bientôt pour Grand Line. En attendant il veut « faire retourner cette île dans le droit chemin » et r'donner un peu d'autorité. Il n'comprend pas pourquoi aucun marine ne se trouve ici. Les gardes ont eu beau tout essayer, il ne veut pas partir d'ici sans avoir donné raison aux habitants. Alors le blondinet veut que tu ailles lui montrer pourquoi ils n'ont pas à venir sur cette île. Il te dit même qu'il a géré avec l'autorité locale pour que tu n'aies plus à te cacher si tu fais bien l'boulot. C'est vrai que jouer au planqué et n'pas pouvoir aller en ville commence à t’énerver un peu. Tout l'monde sait où tu es, mais les soldats îliens n'osent pas venir te chercher. Ils te savent sous la protection de la révolution. A cette idée, tu t'mets souvent en rogne, alors t'es plutôt content d'apprendre qu'il te suffit de cogner un p'tit marine pour récupérer ta dignité. Il te faut trente secondes pour enfiler un pull à capuche et col roulé ainsi que pour mettre ton six coups dans ta poche intérieur. Tu montes dans la fourgonnette placée à l'entrée du bâtiment et ouvres la porte passager à la Miss. Durant le trajet pour aller en ville, vous ne discutez que très peu. Elle t'explique simplement comment elle veut que cela se passe et tu te contentes de répondre par un hochement de tête, trop préoccupé par ta récupération de dignité.

              _On fait ça proprement. Il est au Night Café, sur la terrasse. Quand je dirais révolution, tu sortiras ton flingue et tiras trois coups. Deux dans le torse, un dans la tête. Après, on remontra dans la camionnette sans courir, ni trop prendre notre temps. Tu garderas ton flingue en main jusqu'à ce que tu sois sur ton sièges, puis tu fonceras.

              _Mmm...

              […]

              _A gauche.

              _A droite.

              _C'est là.

              Vous descendez de la camionnette sans un mot puis vous avancez vers la terasse du café. Un marine y est avachi, une bière dans une main, un cigare dans l'autre. Il semble tenter lourdement d'inviter une serveuse dans son lit, et un sourire pervers s'installe sur ses lèvres lorsqu'il voit les jolis yeux de ta Miss. Âgé d'une trentaine d'année, il a ce regard des hommes sûrs d'eux, l'allure d'un homme qui sait où il va. Vous continuez à avancer vers lui tandis que son regard se transforme peu à peu, montrant sa curiosité. Lorsque vous n'êtes plus qu'à 5 mètres de lui, juste devant la terasse, Nina crie d'une voix assurée les mots que tu attendais :

              _Viva La révolution !


              Les coup de feu, tu ne les entends pas. Tu ne sais trop combien tu en tires, tu enlèves ta capuche au moment de partir pour mieux voir les bouts de substance grise se répandre sur les dalles. Tu te mets à courir vers la camionnette dans laquelle tu montes rapidement. La porte passage claque peu après, ce qui te fait comprendre qu'il faut mettre les gaz. Tu es enfin libre. Tu as enfin payé ta dette et tu te sens alors délivré. Nina doit sentir ton soulagement, elle tend son coup pour t'embrasser tendrement, un joli sourire aux lèvres.


              Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Mer 23 Nov 2011 - 16:42, édité 1 fois
                Cette liberté retrouvée te fait sourire bêtement, mais tu recommences vite à retrouver ta trogne des mauvais jours. Tu n’as pas fait plus de trois kilomètres que tu vois apparaître une dizaine de marines au milieu de la route, 200 mètres devant toi. Sans trop réfléchir, tu écrases l’accélérateur, et fais ronfler le moteur au maximum. La jolie blonde, elle saisit un mousqueton posé devant elle et passe la tête en dehors de la fenêtre. Sans paniquer, elle vise rapidement et tu entends trois coups de feu avant de voir autant de marines s’effondrer. C’est du travail de précision, aucune fioriture, les trois hommes sont hors course sans avant eu le temps de réaliser ce qu’il leur arrivait. La donzelle t’impressionne pour ça, pour toujours faire les choses bien et rapidement. Elle réfléchit vite, et prend quasiment toujours la bonne décision. Là encore, elle a fait ce qu'elle avait à faire, et sans sourciller.

                Toi, t'appuies encore plus sur la pédale, le moteur est au bord de la surchauffe mais tu n'en as que faire. Ce qui te préoccupe, c'est ces marines qui vous tirent dessus. Vous baissez tous les deux la tête au plus près des sièges pour éviter les balles volant dans votre direction. L'un d'elle effleure tes cheveux, et une autre se fige sur la housse du fauteuil, à quelques centimètres des doux yeux de la donzelle. Au moment où vous croisez les marines, ceux cis n'ont d'autre choix que de sauter sur le côté pour ne pas se faire écraser. Les coups de feu continuent à voler, mais cette fois, Nina quitte sa semi cachette pour répliquer, et c'est tout aussi précis. Cinq coups de feu et autant d'hommes par terre.

                Les nerfs se relâchent avec la fin des tirs, et tu commences enfin à savourer ton bonheur, trop vite interrompu. Cette fois, c'est la donzelle qui casse ton bonheur, alors même qu'elle semblait si bien aller quelques secondes plus tôt, son visage tourne du gris au rouge en passant par le violet sans que tu comprennes pourquoi.


                _Nina ?!! Tu t'es faite toucher ?!

                Elle t'hurle de t’arrêter, et tu t’exécutes dans un grand crissement de pneu. A peine l'engin stoppé que la donzelle saute en dehors pour alléger son estomac par une magnifique giclée. A rien n'y comprendre, elle allait si bien juste avant. Tu n'penses pas qu'elle se soit faite toucher, puisqu'aucune tâche de sang ne décore l'endroit où la donzelle était assise. Sans un mot, elle retourne peu après à sa place, d'un pas titubant. Tu as beau lui demander ce qu'il se passe, ce qui ne va pas, elle ne desserre pas les dents et reste plongée dans le silence. Le retour se passe alors tout aussi bruyamment que l'allée. Tes quelques questions posées d'un air anxieux ne trouvent comme réponse que de pauvres marmonnements sans fond qui ne te rassurent en rien. Dès que tu arrives à votre résidence, tu cries au blondinet de ramener un médecin et plus vite que ça. L'a pas l'habitude de t’entendre lui demander un service, ça lui fait comprendre que c'est urgent.



                Tourner en rond. Voilà ton occupation depuis maintenant plus d'une heure. Des miches de tabacs s'accumulent à tes lèvres, se faisant consumer les unes après les autres. Tu tambourines des pieds, sans savoir que faire pendant que la donzelle se fait soigner. Alors t'attends, chose que tu n'as jamais sû faire, la patience ne faisant pas partie de tes rares qualités.Le toubib sort enfin de la pièce. L'a le sourire aux lèvres cet imbécile, ce qui te met littéralement hors de toi, tu te prépares à lui faire perdre ses lèvres lorsqu'il prend la parole :


                _Z'allez être papa dans quelques moi! Félicitation mon vieux, va falloir payer son coup!

                Tes dents se serrent, ton visage tourne au rouge cramoisie, tu t'demandes comment ça a pu arriver. Pourquoi toi? Qu'as tu bien fait à c'bon dieu pour mériter ça? L'bougre, en fâce, il ne semble pas voir ton désenchantement, et enfonce encore un peu le clou.

                _Pour les vomissements, ne vous inquiétez pas, ce devrait durer encore quelques semaines, pas plus, elle est déjà à trois mois de grosses. Je ne sais même pas comment elle a pu passer à côté. Il y a de ces gens quand même!
                  31 Décembre 1570. 21h30.

                  Ce soir est jour de fête. C'est une nouvelle année qui commence, et même dans la révolution, on fête ça. Malgré les faibles températures, et le vent qui vient chatouiller tes narines, ça se passera dehors. Une dizaine de longues tablées ont été installées devant votre maison, et vous attendez plus de deux cent révolutionnaires. Ces hommes et femmes, dont les journées consistent à combattre, tuer ou détruire semblent si joyeux. Ils ont enfin l'occasion de casser leur routine et d'oublier cette vie violente dans un festin de nourriture et d'alcool. Il est à peine vingt deux heure et le saké coule déjà à flot. Toi, tu n'as pas la tête à te soûler, tu risquerais d'en devenir méchant. Chaque fois que tu aperçois Nina, tes yeux se perdent sur ses formes pulpeuses qui laissent apparaître le grain de vie à venir. T'as eau essayé, tu n'arrives pas à t'y faire, dès que tu voies son ventre arrondis, tes nerfs se crispent. Tu crois bien ne jamais pouvoir supporter d'avoir une famille.

                  T'en es même certain, tu vas bientôt te faire la malle. C'est fichtrement lâche que tu t'dis, mais tu n'en peux plus, alors tu t'inventes des excuses aussi fausses les unes que les autres. Une chose est vrai tout d'même, c'est ce soir que tu t'en vas. Le brouhaha ambiant aidant, ce sera facile de s’éclipser discrètement. Le plus dur, ce sera quand même de n'pas la regarder en partant, de n'pas l'embrasser une dernière fois. C'aurait été trop beau qu'elle te comprenne... Tu t'doutes bien qu'elle le sait, que tu vas partir, mais tu t'rends aussi compte que ça la met dans un sale état que de n'rien pouvoir y faire. Depuis un moment déjà, vous n'vous parlez plus comme avant, ton air bougonnant l'a refroidie, elle a insisté quelques temps pour comprendre, avant de laisser tomber. Aujourd'hui, vous vous évitez, tout en faisant comme si de rien n'était, tu sens quand même son regard se figer de temps en temps sur ton visage, un regard interrogateur, apeuré.




                  Il est minuit. Tout l'monde s'embrasse et les accolades se multiplient de toutes parts. C'en est drôle de voir toutes ces brutes devenir d'un amour irréprochable, le temps d'une courte soirée. Ils vont te manquer un peu ces énergumènes. En 8 mois, t'as eu le temps de t’attacher, et t'as beau jouer au dur à cuire, tu t'es rendu compte grâce à eux, que ton cœur n'était pas fait que d'pierre. Mais ça, tu t'le caches. Prenant un sac dans lequel t'as mis ton peu d'affaires, tu te lèves de ton banc et pars vers la plage, sans un bruit. La duretée d'la chose, c'est de n'pas se retourner, de n'pas attirer le regard des autres sur toi. Rendu assez loin pour ne plus être entendu, tu te mets à fredonner une chanson apprise il y a peu, ça te détend.


                  « J’ai parcouru un long chemin entre cette Terre et Zion » 
                  Et le guerrier dit, 
                  « J’ai aussi parcouru mon chemin en roulant sur ce chemin d'argent 
                  Maintenant ces hommes s’en vont et ils doivent vivre pleinement 
                  Mais nous sommes tenus de rester pour faire face à cette guerre de dragons 
                  Alors qu'ils doivent partir et vivre pleinement 
                  Mais nous sommes tenus de rester pour faire face à cette guerre de dragons 
                  Car le livre dit que, 
                  Comme le sable des plages nous devons nous étendre  
                  Et le livre dit que le temps viendra où le cris du Dragon se fera entendre 
                  Eclatant sur les foules, que nous sommes nés du cœur de l'homme

                  Creux sont, Creux sont, Creux sont leurs cœurs 
                  Creux sont, Creux sont, Creux sont leurs cœurs
                  Non nous n’écouterons jamais leurs aboiements 
                  Revenant à eux nous crierons de les emportez loins des Blues