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Au coeur du problème

KLONG !

       Les portes massives se referment derrière moi dans un bruit sourd, résonnant dans le couloir des condamnés. Privé de ma liberté, j'avance lentement, les mains menottées, un garde de chaque côté. Matt et Dale sont devant, avec la même escorte. Nos pas créent un écho, accentué par les coups de tonnerre au dehors, eux-mêmes étouffés par l'épaisse cloison qui nous sépare de l'extérieur. Le cliquetis de nos accompagnateurs, mi humains mi machines, ajoutent au malaise ambiant... C'est un amas de sons dissonants qui s'entrechoquent et qui battent dans nos têtes à un rythme semi-régulier. Mais le plus dérangeant, pour ne pas dire malaisant, c'est l'énorme pancarte lumineuse en hauteur face à nous, un genre d'enseigne bricolée et colorée jurant avec le reste. On y voit le buste d'un homme au visage de fer accompagné d'une simple phrase : "Bienvenue à Mile High Purgatory".

       Après avoir été arrêté à Water Seven par Alaaric Minaro, notre trio a été jugé à Enies Lobby. Sans grande surprise, notre destination était toute choisie. Après l'affaire Impel Down, la nouvelle prison - céleste cette fois-ci - était le lieu idéal pour tous les criminels du coin, avec une place de choix pour les condamnés dits "politiques". Cela inclut ceux dont on soupçonne l'implication avec la Révolution.
      Lors de la condamnation, j'ai interrompu la sentence en demandant si j'allais revoir ma famille là-bas, ce à quoi on m'a répondu par le silence. Mais lorsque la juge m'a questionné sur d'éventuelles dernières paroles en temps qu'homme libre, j'ai rétorqué :

"Mes hommages à Makuen. Puisse-t-elle dormir sur ses deux oreilles."

      Pour en revenir à l'instant présent, nous avons franchi le couloir, un premier poste d'identification et reçu nos tenues de prisonnier. Nous sommes ensuite séparés, contraints d'attendre chacun notre tour qu'on nous appelle. Mon tour vient en dernier :

- Faites entrer Arhye Frost.

    La voix est étrange, presque inhumaine. Il y a comme des grésillements à l'intérieur. Et elle provient des hauts-parleurs branchés sur les escarméras, à chaque coin de la pièce. Je m'exécute... Ou plutôt, on me force à me lever alors que je reste planté là, à tenter de comprendre ce qui peut produire un tel son. Ma réponse est presque immédiate.
    On me pousse à l'intérieur d'un bureau, aussi sombre et métallique que le reste. Quelques décorations mineures empêchent le lieu de paraître trop terne. Assis dans un fauteuil face à moi, l'homme au visage de fer, celui de l'enseigne, en chair et en... Enfin, disons que sa présence se remarque aisément. Une fois que je suis assis face à lui, la main de mes accompagnateurs sur chaque épaule, il se penche vers moi, son regard bleuté et synthétique sondant ma personne de part et d'autre. Une femme se tient à sa droite, debout et en retrait, les bras croisés. Elle aussi me regarde, l'oeil sévère. Le cyborg dit :

- Voilà un prisonnier de marque, cette fois-ci ! Arhye Frost, fils du colonel Kristian Frost et de Lady Orenna Crow, du royaume de Luvneel, sur North Blue.

     Face de robot marque une pause. Je pourrai presque le voir sourire, si son visage le permettait. Un chien - lui aussi cybernétique - saute alors sur ses genoux :

- Hé là ! Doucement mon trésor... Bien. Je suis Vayne Valentine, directeur de Mile High Purgatory, Ravi de faire ta connaissance. J'ai maintenant la famille au complet.

    Le responsable des lieux lâche un petit rire amusé, produisant des sons saccadés et mécaniques. Mais au lieu de m'énerver, je prends note. Il vient de confirmer que je ne me suis pas trompé :

- J'imagine que vous allez nous enfermer ensemble. Toute collection qui se respecte est rangée au même endroit après tout.
- Grand dieu non ! Que vas-tu chercher là ? Non, vos cas sont totalement différents. Tu es un pirate, primé à plus de cent millions de berrys, et tu possèdes un logia par dessus le marché. Ta place est dans le secteur Sept, où l'on entrepose ce que vous appelez les "rookies". Tes parents, eux, ont été jugés pour implication révolutionnaire... Mais au vu des faits d'armes de ton père et de la notoriété de ta mère, ils ont été envoyés dans un secteur plus... Avancé. Estime-toi heureux, tu t'en sors à meilleur compte !

    Je sers les dents. Les menottes en granit marin drainent mes forces et annulent mes capacités. Sans ça, je me serai déjà jeté sur lui. Obligé de me contenir, je me tais et l'observe, furieux.

- Le fruit ne tombe jamais bien loin de l'arbre, n'est-ce pas ? Au final, j'avais raison Chiara : tous les criminels ont une source et celle-ci est héréditaire.
- Ouais ouais si vous l'dites... Bon, cessons de perdre du temps et allons à l'essentiel. J'ai un planning chargé aujourd'hui, contrairement à vous.
- Mais moi aussi j'ai des responsabili...
- Vous êtes connecté en permanence à c'te bâtisse. Moi non ! Il faut remettre les choses à leur place.

     Nouveau silence. Je sens comme un début de tension tout à coup. Même les gardes cyborgs se sont raidis, si tant est que ce soit possible :

- Remettons les choses à leur place en effet.

    Aussitôt dit, le directeur agrippe la femme par le col et de sa chemise et la plaque contre le mur :

- Ce n'est pas une "batisse". C'est ma moitié. Il serait temps que vous lui portiez le respect qui lui est dû !
- Je m'excuse monsieur Valentine...
- ... Bien !

    Et il la lâche. Celle que je prenais d'abord pour une secrétaire semble plus forte qu'il n'y parait, car elle se contente de remettre son col en place et reprend position à côté de mon "hôte", qui se rassied pour reprendre :

- Navré pour cela. Je te présente Chiara Lorn, la vice-directrice. Mon second, si tu préfères. Elle n'en a pas l'air, mais c'est une dure à cuire !

     Je n'en doute pas un seul instant. Par contre son visage me semble étrangement familier, pour une raison que j'ignore.

- Enfin bref. Maintenant que les présentations sont faites, et que tu sais où te rendre, je te laisse à ses soins : elle te conduira à ta cellule. Encore une fois, bienvenue à Mile High Purgatory ! Ce ne sont peut-être pas les vacances que tu voulais, mais je t'invite à t'habituer aux lieux. Tu risques d'y rester longtemps. Très longtemps. A moins bien sûr que nos activités n'aient raison de ta santé. Il faut dire qu'on tape dans le haut niveau ici... Mais après tout, c'est comme ça quand on veut jouer dans la cour des grands. Amuses-toi bien, et bon courage.

     Alors que les gardes me redressent sans délicatesse et que Chiara m'ouvre la porte qui mène à l'accès aux différents niveaux, j'entends le directeur rire à nouveau. Avant qu'il ne disparaisse de mon champ de vision, il ajoute :

- Je sens que je ne vais pas m'ennuyer, cette fois.
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- Rentre là-dedans.

    Chiara Lorn ouvre la porte de ma cellule. Celle-ci n'est ni spatieuse, ni minuscule. Juste petite, et aussi triste que le reste. L'un des gardes me pousse en avant et je titube jusqu'à atteindre une couchette sans confort. Je remarque que le matelas, à peine plus épais que les lattes sur lequel il est posé, est fixé par une petite plaque en métal en son centre. Celle-ci est grillagée et, en appuyant dessus, je remarque qu'elle est comme montée sur ressorts, ce qui rend la chose moins dérangeante qu'elle n'y parait... Mais je vois aussi qu'il y en a ailleurs : une plaque du même genre est visible sur chaque mur, et même au sol.
     La vice-directrice constate mon étonnement et sourit :

- J'vois que t'as remarqué la particularité de nos chambres d'hôtes, pirate. Comme cadeau de bienvenue, je t'invite à découvrir à quoi elles servent dès maintenant, histoire que tu saches ce qui t'attend.

     Elle regarde alors en direction d'un escarméra posté dans le couloir, sa vision branchée au système de sécurité de la prison. Chiara fait un signe de la tête et, une seconde plus tard, j'entends comme un vrombissement... Un peu comme si on mettait une machinerie en route. J'ai juste le temps de voir des étincelles jaillir des petits grillages et se propager dans la pièce que je me mets à geindre de douleur.
     Une décharge électrique me parcourt, de la plante des pieds jusqu'au sommet du crâne. Les menottes minérales me chauffent les poignets, mes membres tressautent et je ne parviens même pas à commander mes jambes de sauter, les signaux de mon cerveau bloqués par un choc à haute tension. Et cela dure longtemps, trop longtemps, plusieurs secondes peut-être... Mais elles me paraissent des minutes. Lorsque cela cesse enfin, je tombe à genoux, étourdi et tremblotant.
      Chiara attend quelques instants, par sécurité, puis s'approche de moi et m'agrippe par l'oreille :

- Voilà à quoi tu vas avoir droit en toute circonstance : lorsque tu te rebelleras, lorsque tu seras trop lent, lorsque tu ne répondras pas ou encore lorsque tu dormiras. Si tant est que tu déplaises au directeur, ou qu'il s'ennuie de te voir t'habituer à ta nouvelle vie, te pensant en sécurité, il n'aura qu'à appuyer sur un bouton et tu te rappeleras quelle est ta place, toi qui es sorti du droit chemin.

      La femme me lâche et s'éloigne. Les gardes ferment la porte de ma cellule, me privant définitivement de ma liberté. Je reste planté là, misérable au possible. Je ne parviens pas encore à réfléchir correctement... Mes sens sont brouillés et la faiblesse que m'inflige le granit marin n'arrange rien. Réduit à l'état de bête, je suis mon instinct premier, qui est la recherche de réconfort, et me traîne jusqu'à la couchette pour m'y asseoir. Reprenant peu à peu mes esprits, je m'habitue à l'engourdissement jusqu'à ce qu'il disparaisse. La première question que je me pose est "Est-ce que Matt et Dale ont subi la même chose ?".
      Alors que je fais le point sur ce qu'il m'arrive et les raisons de ma présence en ces lieux, une voix s'élève depuis la cellule voisine :

- Hoy ! Comment ça va le nouveau ? Bien remis de ton baptême ? T'as de la chance tu sais : la seconde de Vayne est plus sympathique que le reste de la bande. J'en sais quelque chose !

      Je l'entends s'esclaffer. C'est un rire gras et rauque, sans être moqueur ou agressif... Plutôt le rire d'un vieux braillard honnête envers lui-même. Avant que je ne pose la question, mon voisin enchaîne :

- T'es encore avec nous ? Apparemment oui... Ils t'auraient pas envoyé dans cette zone autrement. On a la peau dure par ici ! T'as un nom ? Moi c'est Cacao.
- ... Pas commun comme prénom.
- Ha ! C'est bien vrai ! Que veux-tu, on choisit pas... Mais on s'y fait ! Alors, le tien ?
- Arhye. Arhye Frost.
- Et c'est moi qui ait un nom pas commun ?

     Je me surprends à lâcher un petit rire. A peine un soufflement de nez, nerveux mais sincère.

- Par contre, Frost... Ca me parle bizarrement. Un lien de parenté avec l'Empereur ?
- Aucun. Du moins pas à ma connaissance.
- Parait que c'est un alias de toute manière... Mais j'suis sûr que ça me dit quelque chose.
- Un avis de recherche peut-être ?
- On est tous primés ici. Et j'suis là depuis un bon moment maintenant. A la voix, t'as pas l'air vieux. Pas sûr que tu sois en cavale depuis si longtemps que ça. Nan c'est autre chose... Tu viens d'où ?
- Luvneelgraad. Royaume de Luvneel, sur North Blue.
- Oh ! C'est ça ! T'es de chez moi !

      J'entends remuer lourdement derrière le mur. Cacao semble être un gaillard plutôt énergique. Savoir qu'il vient du même endroit que moi me rassure dans un sens... C'est un point qui nous rapproche. Un lien est en train de se créer entre nous.
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- Mouéhéhéhé...

     J'ai appris un tas de choses sur Cacao, comme le fait qu'il soit de la célèbre famille Montblanc. Un compatriote comme voisin de cellule, ça aide un peu à supporter la misère sociale à laquelle je suis condamné. Sans parler des coups de jus : Vayne Valentine ne s'est pas privé pour enclencher une décharge en remarquant que nous discutions trop longtemps de la sorte... Mais cela m'a permis d'apprendre également qu'il fait partie de la Révolution, et qu'il n'est donc pas étranger aux événements qui ont eu lieu sur l'île lorsque ma famille a été arrêtée...

- Allez ! Bougez-vous tas d'larves ! Hé toi ! Viens par ici, qu'on voit si t'as les tripes bien accrochées.

     Nous avons été arrêtés une seconde fois par un garde nous invitant à sortir : apparemment les prisonniers du secteur Sept ont rendez-vous avec Radament, le tortionnaire. Personne ne m'indique ce à quoi m'attendre, pas même Cacao.
     Ce n'est qu'une fois en face de lui que je me fais une idée de ce qu'est l'horreur. L'homme - si tant est qu'on puisse l'appeler ainsi - est un amas de chair lacéré, aux traits difformes avec des implants mécaniques au premier abord aléatoires, mais qui deviennent censés lorsqu'on s'y attarde. Un canon à clous est incrusté dans son bras gauche ; sur l'autre, il y a une sorte de prise électrique plutôt menaçante, à la place de la main. Ses jambes se terminent par des bottes d'acier greffées à même la peau et sa mâchoire est avancée, comme si les plaques enfoncées à l'arrière de son crâne l'avait poussée vers l'extérieur... Cela le rend plus effrayant encore.
     Bizarrement, c'est là que je me dis que les bourreaux conventionnels ont raison de cacher leur visage.

- Mouéhéhé ! On a affaire à un récalcitrant hein... Ca fait longtemps que je m'suis pas amusé avec une forte tête. Amenez-le par là !

     Aussitôt, on me pousse en avant. Je comprends alors que c'est moi qu'il pointait du d... Du moignon ? J'étais tellement stupéfait par son apparence que je ne m'en étais pas rendu compte. Un cyborg me traîne par l'épaule jusqu'à une sorte d'échafaud en métal, avec plusieurs intruments plus dérangeants les uns que les autres sur une table à côté. On m'attache contre une croix de torture et Radament me rejoint, un oeil tourné vers les autres prisonniers :

- Que ça vous serve de leçon à tous ! Ici, on aime pas les rats de laboratoire qui s'prennent pour les affranchis d'la portée. Vous êtes tous coupables ! Condamnés à finir vos jours ici, privés de liberté, d'espoir et, surtout, de répit. Et j'suis là pour vous le rappeler.

       A peine a-t-il fini sa phrase que le tortionnaire me colle sa tige contre le torse et un arc électrique jaillit, me parcourant le corps. Je me mets à hurler de douleur, pris de convulsions, les yeux écarquillés. Pris de court, je n'ai pas eu le temps de m'y préparer... De toute manière, qu'aurais-je bien pu y faire ? Mes menottes me rendent vulnérable et faible. Mon temps de réaction est bien plus bas qu'à l'accoutumée, sans compter mon niveau de concentration. Mais cette souffrance est bien là, accentuée par mon état, et loin de me réveiller, elle me fait presque tourner de l'oeil. Si seulement il pouvait retirer son bras... Que ça s'arrête !
     Comme s'il avait entendu mes pensées, il retire la prise et je me mets à respirer fort, de manière si brusque que je me mets à tousser. Beaucoup en face grimacent. Cacao a l'air peiné pour moi... Mais il se contente de serrer les dents. Lui qui ressemble a un gorille de plus de deux mètres me parait bien trop robuste pour que ce supplice ait le moindre effet. Et je me sens d'autant plus misérable.

- Alors ? Ca t'a suffit ?
- Oui...
- Mmmmh... Pas convaincu mouéhéhéhé !

    Et il remet ça.
    La session dure ainsi cinq longues minutes. Durant ce laps de temps il m'aura électrifié dix fois, avec un temps très court entre chaque décharge. J'ai cru voir mon corps noircir par endroit, à cause de la brûlure... Mais au final ce n'était qu'une hallucination causée par le choc. A part de la vapeur et des plaques rougeâtres, rien d'étrange à signaler. Ma vue se voile un peu je pense...
     Le cyborg monstrueux s'approche de la table et plante son moignon dans l'un des instruments. Une pince en l'occurence. Armé de sa nouvelle main, il revient à la charge et m'enserre la gorge :

- Tu vas t'soumettre très vite, toi. J'y mets un point d'honneur ! Les autres, soyez heureux : il va prendre pour le groupe entier durant cette session. Mais ne soufflez pas trop vite : vous suivrez très vite son exemple. Nous avons tout l'temps qu'il nous faut pour nous amuser ensemble vous et moi... Personne n'y échappera.

     Je manque d'air... Sa pince desserre légèrement son emprise, mais encore une fois je me laisse surprendre. Un revers de l'implant gauche manque de me déboîter la mâchoire. Il enchaîne d'un coup dans l'estomac, puis d'un autre... Et encore un...
      Sa force est énorme, sa pitié inexistente. Il n'y a aucune logique, aucun sens véritable à cette torture, si ce n'est la raison mentionnée par ce dingue. Tout ce que je comprends, c'est qu'il y prend du plaisir. C'est tout ce que je vois. Tout ce que je ressens. La peine, la douleur, son horrible rire, mes gémissements, le cliquetis des gardes qui patientent aux côtés des spectateurs dégoûtés par la scène. Je pense à Matt, à Dale... Puis à mon père et ma mère. Plus que jamais, j'ai désespérément envie de les voir là, tout de suite.

      Lorsque cela cesse enfin, on me détache et je m'écroule comme un vieux chiffon sale sur le sol, le vêtement noirci par endroits, des plaies et des contusions sur tout le corps et la respiration saccadée. Encore conscient, je ne tente même pas de me relever, trop faible et trop méfiant quant à la sanction qui m'attend en essayant. Je remarque le regard de Montblanc, plutôt songeur.

- On en a fini. A bientôt pour une prochaine session !

      On m'aide à me relever et on m'emmène à ce qui s'apparente à une infirmerie. Là-bas, du personnel tout aussi robotisé que le reste so'ccupe de couvrir mes blessures sans délicatesse et me laisse allongé sur un lit tout juste confortable... Vu mon état, c'est un luxe dont je profite sans broncher. Les autres membres du secteur Sept sont au réfectoire à ce que je comprends, ce qui veut dire que je vais sauter un repas... Cela ne semble gêner personne. De toute façon je ne sais même pas si j'ai vraiment faim. Je n'ai plus la force de réfléchir.
     J'entends des pas dans le couloir juste à côté. On se met à dialoguer sans que je ne saisisse le contexte. Après un moment, la porte s'ouvre et une silhouette imposante s'approche. Je reconnais mon voisin de cellule :

- Alors ? Encore en vie ?
- Autant que possible.
- Tant mieux ! J'ai ta bouffe avec moi. Faut que t'avales un truc. D'ici ce soir, tu retourneras dans ta piaule. Ici, ils se contrefichent de savoir si tu es en état de marcher ou non. Tant que tu respires, tu ne vaus pas mieux que leur papier torchon à vaisselle.
- Me voilà étonné...
- Haha ! Allez, j'vais te donner la becquée. Les gardes sont d'accord.

     L'un d'eux est là, en arrière. Il se contente de nous regarder sans nier ni confirmer.

- Reprend des forces. On va avoir de quoi causer ce soir... Il semblerait que t'aies plus de ressources que je ne le pensais.

    Le grand gaillard se met à rire. Encore sonné, je ne saisis pas vraiment de quoi il en retourne... Cela devra attendre que je me repose un peu.
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- Alors ? Remis ?

    Il me demande ça à moi ? J'ai passé la moitié de la journée allongé sur un lit à attendre de pouvoir bouger les membres sans qu'ils soient engourdis ou me lancent dans tout le corps... Pour ce qui est de la douleur, elle est là, toquant contre mon épiderme en ricanant. Enfin, ça pourrait être pire non ? Je colle la tête contre le mur de ma cellule :

- On peut dire ça.
- Tant mieux, tant mieux... Il s'est bien défoulé hein. Bon, passons : j'voulais te demander un truc. T'sais ce que c'est, le....

     Il s'arrête, hésitant, puis je l'entends dire à voix basse :

- Le haki ?
- ... Le hak...
- Chut ! Tu sais, le... le truc quoi !
- J'en ai entendu parler oui. Et alors ?
- Tu sais t'en servir ?
- Non.

     Nouvelle pause. Le colosse remue derrière la paroi.

- J'pense qu'on va pouvoir changer ça. Tu ne t'en es pas rendu compte, mais tu as montré des prédispositions à son usage ce matin. Ca n'a duré qu'un instant. Mais bon avec ces menottes... Ca va pas être simple. Tiens-toi prêt, parce que la leçon sera courte, et les risques importants. Mais au moins, t'auras moins mal à la prochaine entrevue avec Radament.

      Des prédispositions dit-il... Je me demande bien à quel moment il a pu voir ça. Personnellement, je n'ai rien senti de différent de d'habitude ! J'avais aussi mal que n'importe qui se faisant passer à tabac et électriser pendant des minutes entières. Mais c'est une autre question qui me vient :

- Et pourquoi tu m'apprendrais à m'en servir ? On est en prison, qu'est-ce que ça t'apporte ?
- Pas grand chose. Mais on est originaire du même coin nan ? Pi j't'ai à la bonne ! J'ai un faible pour les jeunots dans ton genre.
- ...
- ... Oublie cette phrase.
- Vaut mieux oui.
- Dans tous les cas, ça m'fera une activité. Toi, un support non négligeable... Alors ?

     Je réfléchis. Mais avouons-le, il ne me faut pas longtemps pour me décider. Cacao s'est montré très vite amical et il n'a franchement pas l'air du genre d'homme à retourner sa veste sur un coup de tête. Je commence à avoir confiance en lui. Après un soupir :

- J'accepte.

      Après une nuit de sommeil, on vient nous chercher pour une nouvelle sortie. Cette fois, ce sont des travaux forcés dans une aire close, à peine plus lumineuse que les autres. Nous devons manipuler des batteries et autres bouts de ferraille susceptibles d'être réparés, le tout disposé sur un tapis roulant. Une équipe se charge de trier les déchets du reste, une autre s'occupe de faire ce qu'elle peut avec ledit reste. Evidemment, le tout sous le regard avisé d'un groupe de cyborgs armés.
      En hauteur, sur un balcon, je reconnais la directrice en second, Chiara Lorn, laquelle observe notre travail sans laisser passer d'émotion. D'après certains, elle serait suffisamment compétente pour réaliser notre tâche commune à elle seule. D'après Cacao, sa présence peut être une bonne ou une mauvaise nouvelle. Je vois d'autres prisonniers frémirent en la remarquant. Intrigué, je demande ce qu'il se passe :

- Elle porte la poisse...
- Nan, c'est elle qui l'a, la poisse ! Avec un peu de chance, elle va se prendre un coup de jus à notre place.


       Nous voyant bavarder, un cyborg arrive et frappe aussitôt le malheureux avec qui nous discutions.
      Après quelques heures, on nous indique qu'il est temps de retourner en cellule. Tout le monde se relâche, soulagé que rien ne se soit produit.

       Une fois mon "repas" avalé, je commence à suivre les instructions du vieux Montblanc, lequel fait preuve de prudence, de peur que des gardes ne nous écoutent en passant. A travers ses escarméras, Vayne Valentine doit se demander ce que nous fichons, à marmonner debout, tournant en rond de temps à autre... C'est d'ailleurs cette simple pensée qui m'oblige à me calmer, de sorte à paraître le plus naturel possible.
      La première étape est la concentration... Et comme il me l'a dit, les menottes n'aident pas : le granit marin a cette faculté horrible d'affaiblir le corps et l'esprit des utilisateurs de fruit, et la maîtrise du haki n'est possible qu'en ayant le contrôle sur les deux.

- C'est vraiment difficile, j'vais pas t'mentir, mais pas impossible... Il faut que tu prennes conscience de cet état de faiblesse et que ton corps l'accepte. Pour ta caboche, ça paraîtra contre-nature, mais c'est bien là toute la finesse de la chose. Le haki est une force qui défie même la nature. A toi de dépasser tes limites.

     J'inspire, j'expire, je ferme les yeux. Me concentrer... Je dois me concentrer, puiser au fond de moi. Sentir ce qu'il s'y passe.
      Alors que je commence enfin à me détendre, le bruit caractéristique des grilles d'électrisation se fait entendre. Vayne s'ennuit. Le courant me traverse le corps et je me retrouve à genoux, quelques secondes plus tard. Enervé, je frappe contre le mur, sans force. Derrière, Cacao lâche sa remarque :

- Pour le dépassement des limites, j'pense qu'on est rodé.
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