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Fils indigne !

Année 1625 en mer, non loin de Koneashima.

La petite frégate logistique de la Marine fendait les flots sous un soleil resplendissant tandis que des oiseaux marins volaient autour de l’esquif. Sur le pont il faisait bon vivre à respirer à plein poumons l’air marin et dorer au soleil.

Les oiseaux indiquaient la présence d’une île non loin, ce que confirmait le brouillard sinistre qui obscurcissait l’horizon à tribord. Nul doute, il s’agissait de l’archipel de la défunte Mirador. Un lieu sinistre d’après les rumeurs que j’avais pu entendre. L’eau était bouillonnante et dépourvue de vie tandis qu’une brume grisâtre recouvrait la mer en permanence. Je savais qu’il y avait des colonies établies et notamment les célèbres artificiers de l’île principale dont la poudre était une arme de choix mais malgré ça, je me demandais comment quiconque pouvait vouloir finir dans ce trou souffreteux.

Un jeune mousse me héla depuis l’escalier menant au pont inférieur.

Mousse : “Agent Cai, vous avez un appel !!!”

Je haussais un sourcil face à la nouvelle.

Qui hormis le QG pouvait m’appeler ? Etant donné que j’étais en route pour le rejoindre, il n’y avait guère d’intérêt à me contacter. A moins que...

Dans la salle des communications humides du pont inférieur, le sous-officier en charge m’attendait d’un air patibulaire avec le combiné décroché.

Sans attendre il me le tendit et quitta la pièce pour me laisser toute l’intimité que mon statut d’agent du Cipher Pol requérait.

Cai : “Agent Cai à l’appareil.”

Ivern : “Ah Cai, je commençais à m’impatienter.”

Cai : “Que me vaut ce plaisir ?”

Ivern : “Il te vaut que j’ai une mission pour toi.”

Cai : “Etonnant ! Je croyais que vous en aviez déjà une de la plus haute importance et c’est précisément pour cette raison que je quittais East Blue pour venir en personne vous retrouver.”

Ivern : “Et c’est toujours d’actualité mais tu vas faire un petit détour. Tu as déjà entendu parler de Koneashima ?”

Je me raidis en comprenant que ce vieil enfoiré m’avait piégé.

Cai : “Drôle de hasard, j’en suis tout proche.”

Ivern : “Eh bien figure toi que tu vas même y aller ! Il y a eu du grabuge récemment, une maison locale a peu apprécié que la gouvernance de l’île soit annexée au Gouvernement et leurs hommes liges ont entamé un mouvement de guérilla.”

Cai : “L’armée révolutionnaire est impliquée ?”

Ivern : “Pas que l’on sache mais...

Cai “Dans ce cas pourquoi cela relèverait de notre bureau.”

Un silence plana un instant.

Ivern : “Tu sais Cai, je me souviens d’un gosse charmant qui ne discutait jamais les ordres. Une vraie perle ce gamin, c’est d’autant plus triste que je me retrouve désormais avec un casse-couille qui va finir en peloton s’il continue de me les briser !”

Cai : “Donc Koneashima...”

Ivern : “Koneashima.”

Le silence plana à nouveau.

Cai : “Vous disiez qu’il y avait un mouvement de guérilla.”

Ivern : “La Patrie qu’il s’appelle et ce qui est inquiétant c’est qu’il pourrait avoir mis en place un trafic de poudre. On a des preuves de détournement de petites quantités dans le port, une partie des livraisons pour la Marine disparaît et du peu que l’on sait, des dockers pourraient être de mèche avec la Patrie.”

J’eus un instant l'envie de demander à nouveau le lien avec la Révolution mais je m’abstins, le silence me donnait l’impression d’un énorme matou à l’affut à l’autre bout du fil.

Ivern : “Tu dois le savoir mais la poudre de Koneashima est unique, un véritable avantage militaire et ce que l’on craint c’est que la Patrie n’en fasse trafic et se mettent à fournir la Révolution. Il n’y a aucune preuve mais des agents de la Révolution pourraient déjà être sur place.”

Cai : “Sans vouloir me montrer insolent, je risque d’être un peu juste pour démanteler toute une organisation rebelle.”

Ivern : “Cela tombe bien, ce n’est pas ce qu’on te demande. La Patrie sera gérée par d’autres que nous, si je t’envoie là-bas c’est pour identifier les petits malins des docks qui détournent de la poudre et en faire des exemples.”

Cai : “Une banale enquête en somme.”

Ivern : “Un lundi. Maintenant, ne le prend pas mal mais je brûle d’écourter cette conversation.”

Cai : “Charmant.”

Le bruit caractéristique d’un combiné se raccrochant m’indiqua que l’appel était terminé.

Je remontais lentement sur le pont pour observer la brume pale au loin tandis que la silhouette d’une montagne se laissait deviner.

Cai : “Donc Koneashima...”
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Tandis que les agents du CP6 profitent du bon temps et s’échangent des mots doux à l’escargophone, les navires se succèdent inlassablement au débardage du port de Koneashima. Sur les quais, portefaix et transporteurs se pressent, chargeant et déchargeant véhicules terrestres et bâtiments au mouillage. Un ballet qui, sous les ordres avisés de la capitainerie, ne semble pas s’émouvoir de l’épaisse couche de brume sulfureuse qui a envahi la baie. Seuls les bateaux de plaisance du CBV ont fui l’endroit comme la peste – ce qui n’est pas pour déplaire aux officiers du port.

Epongeant son front huileux, un acconier sort de la capitainerie, l’air contrit. Il pose un œil morne sur les deux contremaitres qui l’attendent à l’extérieur du bureau des fonctionnaires du port, puis secoue la tête. « Ils vont nous la faire à l’envers, j’le sens… Bordel mais c’est pas possible, les salauds ont dû perdre leur chargement en mer. Et v’là que c’est not’ faute maintenant. »

Perdre du fret, ça n’a rien d’exceptionnel ; tous les jours des tonnes de marchandises disparaissent en mer. C’est la magie des tempêtes et des mafias. C’est comme ça, tout le monde veut croquer un peu, même l’océan. Mais en général, c’est pris en compte dans les marges des compagnies privées. Alors ça ne devient vraiment important que lorsque cela concerne le gouvernement mondial et un chargement pour la Marine… parce qu’allez savoir pourquoi, le gouvernement ne prend jamais de marges.

« Z’ont mis quoi dans l’manifeste ? » demande l’un des deux contremaitres. Mais le bonhomme n’écoute pas, il se triture la cervelle, s’imaginant déjà perdre sa réputation, puis son entreprise. Main sur l’épaule de son employeur, le gaillard insiste. C’est que ce n’est pas la première fois que ça arrive, ce genre d’histoires. Il en a vu passer, des portefaix, des contremaitres, des acconiers et des officiers de port… Quinze ans qu’il fait ce sale boulot, à débarder au rythme des saisons. Quinze ans qu’il entend parler de chargements disparus. Mais tout ce qui compte, c’est ce qui est écrit dans le manifeste et le connaissement. C’est là-dessus qu’il ne faut pas se faire baiser. Malgré l’insistance de son subordonné, le pauvre entrepreneur secoue de nouveau sa bobine, l’air désespéré, incapable d’aligner deux mots. « Bon, t’bile pas. J’vais nous arranger ça. »

Quelques heures plus tard, les hommes se retrouvent dans un bar. Le contremaitre a ramené un fonctionnaire, qui a jugé bon de ramener un Marine, à toutes fins utiles. Quatre hommes, quatre professions. La belle tablée, plaisante le contremaitre. L’ambiance est plutôt légère ; tape dans le dos, coup à boire, les hommes parlent de leur dernière conquête – si on peut appeler la pauvre fille une conquête… Puis vient enfin le sujet de l’entreprise de manutention. Qu’est-ce qu’on leur reproche exactement ? Rien, rien vraiment. Mais voilà, ils devaient charger vingt tonnes et il en manque. Combien exactement, on ne dit pas. Difficile de trouver un coupable si on ne connait pas la quantité disparue, ironise à raison le contremaitre. Parce que selon qu’on parle d’un tonneau de poudre ou de dix tonnes, on ne parle pas des mêmes moyens, évidemment. Vous savez ce que c’est, dix tonnes, à transporter ? Impossible que les hommes de son équipe aient fait disparaitre dix tonnes sous son nez. Alors, on parle de combien, hein ?


Derrière la vitre sale de sa minuscule cuisine, le contremaitre observe les ombres se faufiler le long des quais, au clair de lune. D’un geste machinal, il écrase sa clope sur le rebord de la fenêtre. Ça ne sent vraiment pas bon, cette histoire… Pour la première fois depuis qu’il bosse sur le port, l’homme se sent véritablement menacé. Pour la première fois, il se dit que s’enfuir est peut-être une option…

Elle parait loin, la vie paisible des champs. Un instant, le souvenir fugace d’une femme dans la force de l’âge lui tire un sourire mélancolique. Pas sûr que sa vieille mère le reconnaîtrait.

Pas sûr qu’il la reconnaisse non plus.
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La frégate n'atteignit le port qu'au coeur de la nuit en se guidant précautionneusement parmi les récifs.
Contre toute attente, le port était remarquablement vaste pour un trou comme celui-ci et surtout il grouillait de navires gouvernementaux. Cela témoignait de l’importance qu’accordait le Gouvernement à ces précieuses cargaisons de poudre. Non pas que les huiles se souciaient réellement de l’approvisionnement des troupes mais plutôt qu’ils devaient mouiller leurs chausses à l’idée de voir leurs armes être retournées contre eux.

A peine débarqué, je remarquais que j’étais attendu. L’officier de la marine qui me fixait en tenant un garde à vous rigide portait un uniforme impeccable témoignant d’un soin quotidien.

??? : Officier Cai ? Je suis le lieutenant Galdor, officier logistique en charge des flux officiels qui transitent par ce port.

Je baillais nonchalamment en descendant du navire pour rejoindre la terre ferme.

Cai : “Enchanté officier, je suppose que vous avez été briefé sur ma venue.”

Galdor : “J’ai reçu un rapport par le canal officiel au sujet d’une mission d’enquête de catégorie B. J’ai d’ores et déjà pris l’initiative de rassembler l’ensemble de la documentation de transit sur les 3 dernières années.”

Cai : “Vous êtes nouveau sur l’île n’est-ce pas lieutenant ?”

Il resta un instant interdit.

Galdor : “Hum, en effet mais je ne vois pas le rapport avec votre enquête. Soyez assuré de mes compétences et de mon sér...”

Cai : “Il me suffit d’un instant pour observer que tous les membres de la Marine sur ce port sont fourbus et couvert de résidus de poudre et de poussière. Vous faites figure de petite attraction au milieu de tout cela lieutenant.”

Ses sourcils se froncèrent mais il persévéra dans sa posture guindée.

Galdor : “Je ne vois toujours pas l’intérêt de cette information.”

Cai : “L’intérêt c’est que je ne compte pas fouiner dans des bouquins poussiéreux car nous aurons plus vite fait de parler aux gens.”

Galdor : “Vous ne pouvez pas ignorer les documents.”

Cai : “Qui était le contremaître en charge de la dernière cargaison ?”

Le jeune lieutenant fulminait mais il s’abstint de me contredire et me répondit sur un ton contrit.  

Galdor : “Un certain Itô.”

Cai : “Où vit-il ?”

Galdor : “Il loue une chambre dans un dortoir communal, le grand dont on voit la silhouette se dégager au loin.”

Cai : “Voila déjà un bon début lieutenant. Je vous retrouverais à la caserne.”

Galdor : "Je ne vous accompagne pas ?."

Cai : "Et qui fera préparer ma chambre si vous m'accompagnez ?."

Toujours paré dans sa rigidité de jeune promu, Galdor fit demi-tour pour s’enfoncer dans la nuit d’un pas quasi mécanique.
Un nouveau bâillement me prit et après quelques étirements je pris la direction de l'imposant dortoir.

Le dortoir abritait aisément une bonne centaine de chambres dont les plus abordables pouvaient loger plusieurs ouvriers. A l'entrée un vieil homme décrépit pionçait sur son registre dans l'encadrement d'une fenêtre.
Esquissant un sourire, je tapotais sur le rebord en bois pour le tirer de ses rêveries.
Encore somnolant, il baragouina tant bien que mal une question pour obtenir mon identité mais je sus le rasséréner en laissant vagabonder un billet sous ses yeux encroutés. Un second billet vint aiguiser son appétit en échange du numéro de la chambre du contremaître Itô, appétit auquel il céda sans la moindre hésitation. Il prit même soin de me confirmer que celui que je recherchais était déjà rentré depuis plusieurs heures.

Sans attendre je pris soin d'escalader les escaliers spongieux jusqu'à la chambre 88. Tout était d'un calme de mort aux alentours mais je n'y voyais rien d'inhabituel pour une heure aussi tardive. Ce ne fut qu'arrivé devant la porte recherchée que mon instinct me titilla pour me signaler quelque chose. Il n'y avait rien de rationnel mais parfois certains agents mentionnaient que l'inhabituel avait comme sa propre odeur que l'on pouvait reconnaitre avec de l'expérience.
Par instinct et prudence je me calais sur le côté de la porte pour tapoter dessus.

Une longue minute s'écoula sans que rien ne bouge à l'intérieur de la chambre. Soit le bougre m'attendait de pied ferme à l'intérieur soit il n'y avait personne.
D'un coup sec et puissant, j'enfonçais la serrure et la poignée pour ne laisser qu'un trou béant. La porte coulissa douloureusement vers l'intérieur n'ayant plus d'attaches pour la maintenir fermée.

La pièce était plongée dans l'obscurité mais je ne distinguais pas de formes menaçantes et mes sens ne semblaient pas capter une quelconque respiration. Je m'enfonçais dans le noir à la lumière d'une allumette que je grattais d'un geste. Une lampe à huile usée par le temps me permit d'apporter un peu plus de lumière pour constater que l'endroit était bel et bien désert.
Si quelques affaires trainaient encore, il était criant de voir que celui qui vivait ici était parti dans la précipitation en emmenant le gros de ses possessions.

Je m'installais sur une chaise qui trainait pour réfléchir dans le calme nocturne. Dans un sens, c'était une bonne nouvelle. Je ne croyais pas aux coïncidences, si le contremaître en charge de la dernière cargaison disparue venait de disparaître également alors mon enquête commençait en plein dans le mille. La mauvaise nouvelle, en revanche, je n'avais aucune idée d'où pouvait bien se trouver désormais le fameux Itô. Il y avait peu de chance qu'il ait quitté l'île, le port étant étroitement surveillé mais s'il était de mèche avec cette organisation appelée la Patrie il finirait immanquablement par trouver une issue.
Je devais lui mettre la main dessus au plus vite et pour ça je devais trouver où il était allé se planquer. Cela me restait dans la gorge mais j'allais finalement devoir aller rejoindre Galdor et ses registres pour en apprendre plus sur mon homme et surtout savoir d'où il venait.
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