Le Piloulou Club

À l'annonce d'Onee-chan, mes yeux s'ouvrirent en grand, exprimant une joie immense. À peine sortie de mon sommeil, la petite blondinette me proposa de faire un super jeu. Bien évidemment que je voulais y participer. Il n'y avait rien de mieux pour une petite fille comme moi que de m'amuser avec ma super copine. De plus, cette dernière me proposait de jouer avec de la nourriture. Ce que ma maman refusait toujours que je fasse. J'étais vraiment trop contente et je ne tardais pas à lui en faire part.

- " Trop bien !! " M'écriais-je avec entrain tout en levant mes deux petits bras vers le ciel devant une Capulina qui souriait chaleureusement devant ma joie palpable.

Sans rien ajouté de plus, la super espionne s'installa à table avant de mettre un bandeau devant les yeux. Un sourire irradiant mon visage de bonheur, je regardais le plateau de fruit avec un petit doigt au coin de la bouche. Tandis que je réfléchissais le plus sérieusement du monde comme s'il s'agissait d'une mission cruciale pour l'avenir du monde entier, mon amie attendait patiemment, les mains posées sur les genoux.

- " Qu'est-ce que je vais prendre...? " Me demandais-je en balayant des yeux toutes les sortes de fruit qu'il y avait.

Le nombre était impressionnant. De toute ma vie de petite fille, je n'en avais alors jamais vu autant réuni au même endroit. Il y en avait de toutes les couleurs, et de toutes les formes différentes. Un ravissement pour la délicieuse enfant que j'étais et qui s'émerveillait devant tant de beauté. Rapidement, mes yeux se posèrent sur un fruit que je reconnaissais bien. Une mandarine ! Mon fruit préféré de tous les temps. D'ailleurs, je crois bien que c'était un peu le seul fruit que je mangeais tellement, il était crop crop bon. Faisant une petite moue des plus adorable en tordant mes petites lèvres roses dans une grimace enfantine, je me demandais si je pouvais commencer par celui-là.

- " Non... Elle va trouver tout de suite tellement, elle est forte ! " Me ravisais-je en soupirant avant que Capulina ne m'intime le silence en mettant un doigt devant sa bouche qui affichait un large sourire amusé.

Mettant mes petites mains devant la mienne, je fis silence avant de retourner à ma réflexion des plus importante. Soudain, je me décidais en attrapant un fruit rond est vert. Une jolie pomme qui semblait très appétissante. A tel point que mon petit bidou se mit à gargouiller au moment où je la saisis. Ricanant, je me frottais le vendre de ma main libre sans lâcher le fruit du regard. Alors que ce dernier me donnait tant envie, je jetais un regard en coin à ma grande amie qui s'impatientait légèrement. Réalisant qu'elle ne pouvait me voir, je portais le mets à ma bouche qui s'ouvrit en grand avant de croquer goulûment dedans.

Déchirant la chair du fruit avec mes petites dents de lait, je sentis le délicat jus caresser mes papilles. Les yeux à moitié clos et les joues faiblement empourpré par le plaisir que ça me procurait, je mâchais le morceau de pomme.

- " Yaya... " Me fit sursauter Onee-chan en entendant le bruit de ma mastication avant que ce dernier ne m'échappe des mains et ne roule sous la table.

La bouche grande ouverte d'effroi, je le regardais s'arrêter dans la poussière sans rien pouvoir y faire. Quelque peu paniqué par la grosse bêtise qui venait de se produire, je me glissais furtivement à mon tour sous la table sans rien dire. Ramassant rapidement l'aliment, je soufflais doucement dessus pour y retirer ce qui s'y était déposé. Malheureusement, le fruit restait encore très sale. Paniqué, je cherchais de ma cachette un moyen de le nettoyer. Frottant la pomme d'une de mes manches qui se salit au passage, je commençais à imaginer la tête de l'agente si elle l'apprenait.

- " Zut... Je vais me faire gronder... " Soufflais-je le plus bas possible entre mes dents tandis que je regardais les jambes nues de ma sœur de cœur qui était croisé l'une sur l'autre.

Ne voulant pas me faire disputer, je continuais d'astiquer le fruit en priant que cela suffise à le rendre tout propre. Seulement, celui-ci ne le devint pas beaucoup plus. Soudain, alors que je sentais les petites larmes perler à mes yeux, je vis quelque chose qui allait pouvoir me sauver la vie. Non loin de la porte d'entrée de l'auberge, se trouvait posé au sol, un récipient d'eau. Avançant à quatre pattes sous la table, je me dirigeais vers ce dernier sans me relever sans penser une seule fois au fait que je salissais mes beaux habits.

Mais alors que je m'apprêtais à toucher du bout du doigt l'eau salvatrice, quelque chose me fit m'arrêter. À côté de cette gamelle d'eau se trouvait un énorme chien tout poilu. Un gros monstre qui dormait à poings fermés et qui devait facilement faire deux fois ma taille. Peu rassurée par l'énorme toutou, je m'étais figée pour ne pas me faire repérer. Voyant que ce dernier ne bougeait pas d'un poil, trop occupé à ronfler, je me décidais à avancer à plat ventre, telle la minie espionne que j'étais. En un rien de temps qu'il fallait pour le dire, je me retrouvais devant la gamelle d'eau bien fraîche de la grosse peluche.

Profitant que l'opération " Nettoyer la pomme de la soldate Capulina " se déroulait bien, je plongeais la pomme dans l'eau afin de la nettoyer en la frottant de ma main. En quelques secondes, le fruit retrouva sa belle couleur sans la moindre imperfection. Ravie du résultat, je m'apprêtais à repartir quand je sentis un souffle chaud sur mon visage. Mes muscles se paralysant en imaginant un énorme monstre qui voulait me manger, je ne parvins qu'à tourner mon regard dans la direction d'où cela venait.

Rapidement, je réalisais que le molosse encore allongé au sol s'était réveillé et s'intéressait à moi. Décidant de ne pas faire le moindre mouvement, je sentis mon petit cœur s'affoler tandis que le chien me renifler de sa grosse truffe humide. Pensant qu'il s'agissait de la fin de mes aventures, je me mis à repenser à tout ce que j'avais vécu depuis mon départ de Cocoyashi. De belles et chouettes péripéties que j'aurais tant aimé raconter à mes parents et à mon frère qui aurait été vert de jalousie. Seulement, il était évident que c'était la fin de la petite Yaya.

- " Hihihi... " Me mis-je à rigoler au moment où le gros poilu me lécha le visage de son énorme langue tout en battant de la queue de plaisir d'avoir trouvé une nouvelle amie pour jouer. " Arrête... hihihi... J'ai pas le temps de jouer espèce de grosse peluche ! " Lui signifiais-je tout en le repoussant comme je pouvais.

Libéré de sa langue baveuse, je m'essuyais le visage de ma manche avant de repartir en courant jusqu'à Capulina qui n'avait toujours pas bougé d'un cil. Lui prenant délicatement sa main dans la mienne, je lui donnais la pomme qu'elle porta enfin à sa bouche après tout ce temps. Croquant dedans à pleines dents, la blondinette grimaça quelque peu de dégoût au moment où elle mastiqua. Ne réalisant pas que c'était à cause de l'eau dans laquelle elle avait traîné, je la regardais en pensant qu'elle n'aimait tout simplement pas les pommes.

Au bout de quelques secondes de réflexion, cette dernière donna le nom de l'aliment sans la moindre hésitation. Sautant sur place, je la félicitais en frappant dans mes petites menottes tandis que celle-ci gonflait sa poitrine de fierté. Trouvant ce jeu très amusant, je me précipitais pour prendre un nouveau fruit sans hésiter cette fois-ci. Me saisissant d'une banane, j'étais sur le point de l'éplucher quand le toutou revient à la charge. De sa grande gueule, ce dernier attrapa la banane avant d'essayer de me l'arracher des mains.

- " Hé !! " M'emportais-je alors que je luttais pour lui reprendre le fruit que je n'avais pas toujours pas lâché.

Une terrible bataille débuta entre moi et le chien. Un duel de force que je ne pouvais malheureusement pas gagner. Seulement, il était hors de question que je le laisse déguster à sa guise un des précieux fruits de cette mission. Tirant de toutes mes forces à l'aide des mes tout petits bras, je tentais en vain de la reprendre. Rapidement, le cours des choses tourna en ma défaveur. Beaucoup plus coriace, le méchant chien parvint finalement à me l'arracher des mains avant de l'engloutir.

- " Nan.... " Pignais-je avec désespoir, les larmes me montant encore au yeux tandis que cet idiot me remettait un coup de langue, semblant heureux d'avoir pu manger une bonne banane.

Sentant la colère monter en moi, je comptais bien lui faire payer son acte impardonnable. Mes petits poings levés, je lui sautais dessus pour lui tirer les poils. Surpris, le chien pencha la tête sur le côté sans rien ressentir en se demandant ce que je pouvais bien lui faire. Après un bref instant à lui donner des coups, ce dernier compris de travers que je voulais jouer avec lui avant de se mettre à courir avec moi à ses trousses. Puis sans vraiment savoir le pourquoi, ce fut à mon tour de détaler les bras en l'air devant cette monstruosité. Ce cirque ridicule continua pendant plusieurs minutes jusqu'à ce qu'un petit râle se fit entendre venant de la table.

À ce simple son, mon sang se glaça et je m'arrêtais de courir, rapidement percuté par le gros chien qui me fit tomber à plat ventre avant de me lécher de nouveau le visage en secouant son espèce de plumeau.

- " Yaya ! " Gronda la blondinette, faisant s'arrêter le chien par la même occasion tandis que ses doigts pianotaient sur la table avec impatience et qu'elle me regardait d'un œil en colère tout en tenant son bandeau de l'autre main.

- " C'est lui qu'a commencé ! " Accusais-je le gros poilu pour me dédouaner en le pointant du doigt alors qu'il me regardait en penchant la tête sur le côté sans rien comprendre.

Une ambiance bien morne planait sur les côtés de l'île de Fushia. Une atmosphère dans laquelle la douce petite fille que j'étais, avait subitement perdu toute joie de vivre. L'air triste, je fixais mes pieds tandis que je marchais quelques pas derrière ma grande sœur de cœur avec pour seule compagnie, un bâton que je laissais traîner derrière moi, laissant un léger sillon sur mon passage.

Il faut dire, que depuis cette mésaventure avec le gros toutou plein de poils, Capulina ne m'avait pas adressé une seule fois la parole. C'était même limite si elle me portait la moindre attention. Ne cherchant même pas à savoir si je la suivais toujours, cette dernière avançait bien déterminée à accomplir sa mission.

- " Elle va me laisser toute seule et voudra plus jamais jouer avec moi... " Pleurnichais-je de ma petite voix fluette qui ne parvenait pas à porter jusqu'aux oreilles de la blondinette qui se trouvait bien trop occupé à chercher la trace de ses cibles.

Reniflant bruyamment, je sentis des petites larmes couler le long de mes joues avant de m'arrêter brusquement au milieu du chemin. Trop affligé par ce chagrin qui m'envahissait, je décidais de ne plus faire un pas de plus, laissant l'adolescente continuer sa route sans moi. Dans mon petit esprit de petite fille, je me persuadais que c'était peut-être mieux ainsi. Qu'elle n'avait tout simplement pas besoin de moi. Que je ne faisais que la ralentir, moi la présumée minie agente qui n'en avait finalement que le titre.

Me laissant submerger par la tristesse, je me laissais retomber sur mon petit derrière, repliant mes jambes de chaque côté de mon corps. Le cœur si lourd, je sanglotais tout en frottant mes grands yeux de mes mains pour essayer de contenir mes larmes.

- " Ooh... " S'exclama la voix mélodieuse d'une jeune fille plus âgée que moi qui me fit sursauter et arrêter mes pleurs tandis que je portais mon attention sur elle. " Pourquoi pleures-tu mon petit chou ? "

À ces mots, la demoiselle se pencha sur moi en me caressant les cheveux tout en me regardant de ses grands aux couleurs si particulières et dont les pupilles étaient semblables aux miennes. J'étais abasourdie par ce que je voyais. Cette adolescente dont l'âge devait se rapprocher de celui de ma meilleure amie, était haute en couleur. Ses cheveux parsemaient de bonbons ressemblaient à s'y méprendre aux délicieuses sucettes en spirales que ma maman m'achetait parfois.

- " O.. Onee... Onee-chan elle... elle... " Commençais à essayer de lui répondre à travers mes sanglots qui secouaient mon frêle petit corps de poupée avant que cette dernière ne m'aide à retrouver mon calme pour que je puisse poursuivre. " Elle m'aime pu... "

En évoquant cela, mes pleurs ne firent que s'accentuer, me ramenant à la dure réalité des faits. En voyant ma détresse, l'étrange inconnue qui portait sur moi un regard chaleureux et compatissant me laissa quelques instants me libérer de cette souffrance sans dire le moindre mot, continuant juste de me cajoler. Une fois la crise passée, celle-ci m'offrit un mouchoir dans lequel je me mouchais bruyamment, laissant un filet de morve relié mon nez à ce dernier au moment où je l'éloignais de mon visage.

- " Ahah... " Ricana ma bienfaitrice sans méchanceté avant de se saisir du bout de tissu pour me débarbouiller un peu. " Je suis sûre qu'elle reviendra te supplier de bien vouloir rejouer avec elle quand l'orage se sera calmé. " M'assura cette dernière avant de me tapoter le bout du nez de son doigt, récoltant un peu petit gloussement amusé de ma part. " Tu es trop cute pour qu'on ne puisse plus t'aimer ! "

Face à ce compliment, mes petites joues rougirent de plaisir tandis que mes yeux retrouvaient leur joie de vivre. Je n'avais absolument aucune idée de qui pouvait être cette personne. Mais ce qui était sûr, c'est qu'en plus d'être toute jolie, elle était très gentille avec moi. Une chose dont j'avais besoin pour oublier que ma sœur me détestait en ce moment-même.

- " Ça te dit de venir avec moi ?! " Me demanda cette dernière avec énergie avant de se relever brusquement tout en me tendant la main. " On va bien s'amuser, tu vas voir ! Il y aura plein de bonbons en plus ! "

La simple évocation de bonbons me fit ouvrir des yeux plein de gourmandise. Il n'en fallait bien évidemment pas plus pour une enfant de mon âge pour la ravir. Sans réfléchir au fait qu'il s'agissait là peut-être de la plus grosse bêtise de ma vie, j'acceptais volontiers. Me relevant avec son aide, je jetais un regard dans la direction que Capulina avait prise, découvrant que celle-ci avait totalement disparu à l'horizon. M'abandonnant à jamais derrière elle. Le cœur toujours brisé, je retenais mes larmes en souhaitant que ma nouvelle amie ait raison et que la super agente reviendrait me chercher. Pour l'heure, je décidais donc de la suivre, elle.

- " C'est quoi ton joli nom ? " M'interrogea-t-elle au moment de me prendre tendrement la main dans l'une des siennes qui était aussi blanche que de la crème.  

- " Hayase !! " Répondis-je avec entrain tout en levant mon autre petite menotte alors que je marchais en la regardant avec un radieux sourire sur mon doux visage d'ange. " Mais mes amis m'appellent Yaya ! Et toi ?! "

- " Piloulou ! " Déclara cette dernière avec le même engouement tout en me rendant mon sourire d'un air attendri par ma petite bouille avant de s'hasarder à me poser une question. " Moi aussi, je peux t'appeler Yaya ? "

- " Bah oui !! " Affirmais-je avant de me mettre à ricaner une main devant la bouche comme si elle venait de dire une grosse bêtise. " On est amie maintenant ! "

Heureuse que je la considère comme telle, Piloulou souriait de toutes ses dents avant de me poser plein de questions sur ce que j'aimais, ce que je détestais et tout un tas de sujet différent. L'ambiance qui était si morose il y a encore quelques minutes était devenu joyeux. Empli de joies et de rires.

Mais malgré tout, je ne pouvais m'empêcher de penser à Capulina. La seule véritable amie que je voulais avoir pour toute ma vie. Et avec qui je rêvais un jour de parcourir la mer en tant que véritable agente afin de chasser les gros méchants avec elle. Mais surtout, pour ne jamais qu'on soit de nouveau séparer.

L'heure n'était décidément plus à la fête pour la délicieuse enfant qu'était Hayase. Le cœur lourd de chagrin, le petit bout de chou faisait face à sa meilleure amie sans comprendre la raison de tels propos. Mais surtout de ce regard de mépris qu'elle lui jetait. Des yeux emplis de colère qui la firent reculer tandis qu'un sentiment de terreur s'emparer d'elle. Les larmes s'écoulant doucement de ses grands yeux étoilés, la petite Cocoyashoise ne parvenait pas à soutenir plus longtemps celui de Capulina. Portant son attention sur la cyborg, la petite se demandait même si la blondinette comptait aussi lui faire autant de mal.

Une question qui allait pour le moment rester en suspens, car quelque chose vint soudainement obstruer sa vue. Chutant lourdement dans le sable, la minie agente dont le petit fessier amortit la chute se retrouva dans le noir le plus total.

- " Hiiiiiiiiiiiiii !!! " S'écria la demoiselle prise de panique en sentant quelque chose couler sur ses cheveux et son visage. N'y voyant plus rien, cette dernière tendit les mains devant elle pour chercher de l'aide. " Qui a éteint la lumiiiiiiiiiière ?!! "

Seulement, malgré le bruit ambiant qui se faisait entendre autour d'elle, personne ne vint à son secours. Abandonnant l'adorable fillette à son sort, les nouvelles amies de Hayase étaient bien trop occupé à se battre contre leurs ennemis. Piloulou usant de ses pouvoirs du Fruit du démon pour harceler la blondinette à coup de boules de crème onctueuse qu'elle lui lançait. De leur côté, Francine et Céline chassèrent les deux garnements en charge des catapultes, détruisant par la même occasion ces dernières avant de rejoindre leur cheftaine pour lui donner un coup de main.

- " Héééééééé ! Venez m'aider !!! S'il vous plaît.... " Sanglota la petite chipie dont le frêle petit corps fut pris de tremblement par ses pleurs ainsi que par la peur qu'elle ressentait. " Lily au secours !! Mamaaaaaaan... "

Malheureusement, la Cocoyashoise ne trouva personne pour la réconforter en dépit de la détresse dans laquelle elle se trouvait. Un désarroi qui plongea Hayase dans une crise de larmes accompagné de complaintes déchirante. Mais alors que toute la tristesse de son petit corps s'évacuait, celle-ci sentit quelque chose couler sur ses petites lèvres rosées. Un bien étrange liquide qui n'avait rien à voir avec celui qui sortait de ses grands yeux. Trouvant cela sucré et des plus agréables, la fillette passe doucement le bout de sa langue sur sa bouche en essayant de chercher ce que cela pouvait être.

- " Mais... " S'interrompit la douce enfant en goûtant une fois de plus à ce nectar avant de réaliser enfin de quoi il s'agissait. " C'est de la pastèque !! "

En effet, Hayase ne s'était pas trompée. Il s'agissait bien là du goût savoureux de ce melon d'eau à la chair rouge. Un des fruits qui furent catapultés vers elle et les membres de Piloulou Club. Portant délicatement ses mains tremblotantes à sa tête, la minie agente découvrit que quelque chose l'englobait. Donnant de petits coups dessus, un écho qui résonna à l'intérieur se propagea dans ses oreilles qui en sifflèrent. Un bruit désagréable qui lui fit enfin comprendre une chose.

- " Je me fais manger la tête pas une pastèque carnivooooooooooooooore !!!!!! " S'époumona-t-elle en se relevant pour courir dans tous les sens, les bras levaient vers les cieux. " ASECOUUUUUUUUUUUUUUURS !!!!!!!! "

Sans voir où elle se dirigeait, la petite fille se laissa porter par ses jambes qui l'emmenèrent vers l'affrontement qu'il y avait entre les adolescentes. Dans sa course effrénée, cette dernière percuta avec violence Lady Lemonade dans les jambes. À l'impact, la coque du fruit se brisa tandis que l'assaillante de Capulina qui s'apprêtait à la frapper par-derrière avec une paille géante chuta dans les grains de sable. Un bruit se fit entendre au moment où la tête de la jeune fille toucha le sol où se dissimulé une grosse pierre qui l'assomma sur le coup.

- " JE SUIS LIIIIIIIIIIIIBRE !!! " Braya Hayase au moment où le fruit coupé en deux tomba au sol tandis qu'elle était heureuse d'avoir vaincu ce monstre que son imagination avait inventé de toute pièce.  

Cependant, alors qu'elle se réjouissait de cette victoire, quelque chose vint briser son enthousiasme. Encore aux prises avec Piloulou et Francine, la jolie petite blonde ne fit pas attention au fait qu'Hayase se trouvait juste à côté d'elle. Et alors que Capulina s'apprêtait à leur assener une attaque terrible, cette dernière balança sa batte en arrière pour armer son coup. De ce simple geste, un triste accident en résultat. Un accident qui n'échappa nullement à Piloulou qui se précipita vers la petite fille qui reçut le coup de plein fouet au coin de la tête.

Un drame qui assomma sur le coup la fillette qui s'écroula aux pieds de sa " sœur ". Bien qu'encore vivante, du sang commença à couler rapidement sur son visage. Provenant d'une plaie ouverte située sous ses beaux cheveux châtains.

Durant ce petit goûter improvisé durant lequel toutes les adolescentes y allèrent de leur commentaire sur l'état de santé de la petite fille, des signes de réveil se firent ressentir venant de cette dernière. Commençant à s'agiter sous les draps, le petit nez de la Cocoyashoise se mit à remuer en sentant les doux effluves qui se dégagèrent des pâtisseries dont elles se régalaient. L'une d'elles en particulier interpella la douce endormie. Une délicieuse odeur d'agrume vint jusqu'à se glisser dans ses narines qui se dilatèrent à son contact.

- " Mandarine... " Souffla paisiblement la fillette d'une voix inaudible encore légèrement dans les vapes tandis qu'un petit filet de baver se mit à couler au coin de sa bouche.

Continuant de humer l'air ambiant en frétillant du nez comme un petit lapin, Hayase ouvrit soudain ses grands yeux étoiles avant de se redresser brusquement sur sa couche. Sursautant pour la plupart, les jeunes filles à son chevet la regardèrent bouche. Faisant totalement fi du fait qu'on l'observait, la petite brune chercha le délicat met au doux parfum qui la faisait tant saliver. Tournant énergiquement sa tête bandée dans tous les sens, elle posa son regard sur Capulina qui la fixait sans rien dire.

Le regard de mépris que la jeune Yorha avait vu plus tôt chez sa sœur avait totalement disparu. Laissant place au soulagement, les yeux de la petite blonde s'éclairèrent en même temps qu'un large sourire se dessina sur ses lèvres. La petite bouille de la petite fille s'illumina à son tour en voyant cette personne chère à son cœur. Sans prendre garde à sa blessure encore fraîche dont elle sentait les fils de suture la tirailler, Hayase se releva d'un bond sur son lit en chassant le drap qui la couvrait

- " Onee-chaaaaaaaaaaan !!! " S'écria-t-elle avec une joie non dissimulé au moment de se jeter dans les bras de sa meilleure amie avec un large sourire.

Surprise par la réaction de sa petite protégée, l'agente Tarentule laissa échapper l'assiette de cadeau qu'elle tenait sur ses genoux. Alors que le bruit du verre se fit entendre à l'instant où il se brisa contre le sol, l'adolescente la réceptionna dans ses bras. Blottie contre elle, Hayase se mit à fondre en larmes le visage enfoui contre sa poitrine naissante. Un geste qui faillit faire basculer la chaise où se trouvait assise la jeune agente du Gouvernement qui retint de tomber en arrière de justesse.

- " Padon Lily... Padon... " Sanglota la délicieuse enfant dont le cœur empli d'amour pour elle était lourd en ce moment précis. " Veux pu que tu sois foché contre moi, Onee-chan... "

Continuant de pleurer dans les bras de son amie, la minie agente s'agrippa au maillot de bain de la jeune Duval. Bien qu'ayant failli mourir du coup malencontreux de son amie, la fillette ne lui en voulait pas le moins du monde. Pas même de l'attitude qu'elle avait eue envers elle. Non, cette dernière n'en voulait qu'à une seule personne. Elle-même. Car Hayase s'en voulait énormément d'avoir déçue sa meilleure amie de tous les temps. Et la seule chose que la Cocoyashoise redoutait, c'est que Capulina ne l'aime plus jamais.

Sentant une douce caresse au niveau de ses cheveux, la fillette commença à se calmer. Redressant la tête, elle regarda de ses yeux ambrés le visage souriant de la jolie blonde. Un visage sur lequel quelque chose attira l'attention de Hayase.

- " Tu as quoi là ? " Lui demanda-t-elle inquiète en pointant de son index une légère coupure qui se trouvait sur la joue de Lily tandis que ses larmes cessèrent de couleur tout en renfilant bruyamment.

Une petite égratignure sans conséquence qui fit froncer les sourcils de la petite fille qui n'appréciait pas qu'on ait cherché à faire du mal à son amie. Sans lui laisser le temps de répondre, la petite chipie tourna sa tête vers les membres du Piloulou club qui les regardaient toutes deux d'un air attendri.

- " C'est vous qui avez fait ça ?! " S'emporta contre toute attente Hayase qui gonflait ses joues d'écureuil de mécontentement devant des jeunes filles surprises par son regard de colère. " Pourquoi vous avez fait du mal à ma sœur ?! "

- " Mais Yaya... " Intervint la chef du gang qui fut choquée par la réaction de sa nouvelle amie. " C'est elle qui nous a... "

- " J'm'en fiche ! " Pesta la petite Yorha qui leur en voulait d'avoir fait ça alors qu'elle leur reprochait simplement d'avoir voulu se défendre contre la furie aux cheveux dorés. " Vous n'aviez pas le droit de la blesser ! "

À ces mots, cette dernière étreignit Capulina en passant ses petits bras autour de son cou. Un geste tendre accompagné d'un regard de lourd de sens. La tête posée sur l'épaule de celle qu'elle considérait comme sa grande sœur, la petite bouille les fixa avec mépris. Des yeux emplis de colère qui brisa le cœur de chacune des adolescente qui se voyait rejeté par elle.

- " Je vous aime pu ! " Déclara d'un ton sec la petite Hayase avant de leur tirer la langue avec malice tout en tirant sur une des ses paupière inférieure pour leur faire une grimace.

Ce succulent gâteau qui n'avait en rien avoir avec les délices que l'on pouvait trouver sur Cocoyashi ne fit pas long feu. À moitié dévoré, la jeune Yorha qui se régalait malgré tout avait les coins de la bouche recouverts de miette et d'orange démontrant ne pas être affecté par sa récente blessure. Les joues gonflées par la grande quantité qu'elle avait enfournée dans sa bouche, la fillette regardait sa meilleure amie la bouche entrouverte qui attendait de pouvoir d'y goûter à son tour.

Légèrement hésitante au début, elle ricana au moment où l'agente lui chatouilla les hanches pour la faire réagir. Lui faisant presque recracher son mets avec lequel la Cocoyashoise faillie s'étouffer avant de toussoter une fois tout avalé. Remise de ses émotions à l'aide de sa sœur qui lui caressait le dos, elle découpa un morceau de ses petites mains qu'elle glissa ensuite jusqu'aux lèvres de Capuline. Alors que cette dernière s'en empara avec ses dents, la blondinette fit semblant de vouloir lui gober un doigt au passage. Ce qui fit beaucoup rire la délicieuse enfant.

- " Hé ! T'as pas le droit de me manger ! " Continuait de rire la petite fille qui tira doucement sur les joues de Tarentule qui en fit de même pour répliquer sans chercher à lui faire du mal.

Une petite lutte enfantine se déroula devant les yeux des membres du Piloulou Club qui souriaient attendrit par cette scène. Les heures s'écoulèrent durant lesquelles Katrina se réveilla à son tour pour écouter les deux petites complices rapporter leur rencontre avec la petite souris qu'elles avaient rencontré sur l'île natale de Hayase. Omettant bien évidemment l'avoir combattu et emmené au Centre Éducatif des Mineurs.

- " Elle était marante Clémentine ! " Ricana l'adorable brunette en repensant à ce qui s'était passé au moment où elle avait eu le malheur de manger une mandarine atteinte d'une maladie qui la rendait si particulière. " Surtout quand elle s'est fait ca... "

Ne pouvant finir sa phrase, Hayase fut interrompu par la main de l'agente du Cipher Pol qui la plaqua sur sa bouche pour la faire taire. Surprise, les autres adolescentes cherchèrent à savoir ce qu'avait voulu dire la petite. Par chance, en bonne espionne qu'elle était, la petite araignée leur donna une excuse toute trouvée pour couvrir la gaffe qu'avait failli faire sa jeune partenaire.

- " Mmh... " S'exprima un peu perplexe Piloulou en haussant un sourcil avant de hausser les épaules, convaincue par les dires de Capulina. " Mais vous savez si elle va bien ? "

- " Oh oui !! " Répondit énergiquement la petite demoiselle en repoussant la main de son amie pour retrouver l'usage de la parole. " Elle est avec Charlie ! C'est un gros toutou tout gentil malgré son air de vilain pas beau ! "

- " Charlie ? " S'étonna la leadeuse du Club en regardant tour à tour la blonde et la brune. " Un ami à vous ? "

Face à cette question, la blondinette pinça discrètement Hayase pour attirer son attention. Grimaçant légèrement en sentant les doigts de son amie sur sa chair, elle la regarda un instant. En croisant son regard, la jeune Yorha comprit rapidement le message qu'elle voulut lui faire passer. Ne souhaitant pas une fois de plus que Capulina la gronde et l'abandonne, Hayase réalisa qu'elle n'avait pas intérêt de dire de bêtise. Reportant son attention sur ses autres amis après un bref instant, elle réfléchit à une réponse à leur apporter.

- " C'est euh.... " Hésita-t-elle en grimaçant un doigt au bord des lèvres tandis que son esprit de petite fille cherchait un gros mensonge à leur sortir. " C'est un ami avec des supers pouvoir qui la protège contre les méchants qui lui voudraient du mal ! "

Sur ces mots, la Cocoyashoise descendit des genoux de sa sœur pour donner des coups maladroits dans le vide en imitant quelqu'un qui combat. Son imitation bien que ridicule au vu du manque d'expérience dont elle pouvait faire preuve, elle fut néanmoins touchante. Riant en cœur, la plupart des adolescentes qui la regardaient étaient amusées par sa petite représentation.

- " S'il est aussi fort que toi, je suppose qu'elle n'a rien à craindre en effet ! " Déclara Francine avec un large sourire qui étirait ses traits au moment de s'accroupir devant elle pour lui caresser le visage du bout des doigts afin de la débarbouiller un peu. " Vous pourriez nous dire où elle se trouve ? On aimerait beaucoup la revoir. "

Toutes les bonnes choses ont malheureusement une fin. Une délicieuse part de gâteaux dont il ne reste que des petites miettes en témoignages de son existence. Ou alors une magnifique relation d'amour qui ne laisse que des cœurs brisés par la séparation douloureuse. C'est l'amère expérience que la petite Yorha qui se trouvait à bord du Piloulou à voiles qui mouillait dorénavant au large de Cocoyashi allait vivre. La sienne bien que différente n'en était pas moins une source intense de souffrance.

Il faut dire que la douce enfant en voyant les rivages de son île natale réalisait que cela signifiait la fin de ses aventures. Mais pire encore, que l'heure de dire au revoir à sa meilleure amie était venu. Un véritable déchirement pour Hayase qui ne voulait pas que cela arrive. La fillette était certes heureuse de s'imaginer revoir sa famille qui lui avait tant manqué durant ce périple.

Seulement, envisager ne serait-ce ne plus pouvoir passer de merveilleux moments avec Capulina lui était insupportable. Plus qu'une amie, l'agente du gouvernement était devenues à ce jour l'une des personnes les plus importantes pour la petite fille. Et que dire des joies qu'elle avait ressenti en partant en mer avec elle pour traquer les viles brigandes ? Ce furent les plus beaux instants de toute sa vie. Des moments qui nouèrent un lien indestructible entre les deux jeunes filles qui s'aimaient comme des sœurs.

Cependant, tout était aujourd'hui terminé. La mission de la blondinette fut menée à bien et le gang du Piloulou Club était tombé dans son piège. De ce fait, son amie n'avait plus besoin d'elle et il était grand temps de la ramener chez elle.

- " C'était vraiment chouette de faire ta connaissance Yaya ! " S'exprima la détentrice du fruit de la crème au moment de s'agenouiller pour la prendre dans ses bras. " Porte-toi bien surtout et j'espère qu'on se reverra bientôt pour jouer de nouveau ensemble et déguster de délicieuses pâtisseries. "

L'étreinte se voulait chaleureuse, néanmoins, Hayase n'avait pas le cœur à dire au revoir. Sans un mot, elle se laissa faire gardant les bras ballant le long de son petit corps. Totalement accablée par ce douloureux moment, cette dernière n'avait plus dit un mot depuis leur départ de Fushia. Elle n'avait plus ri à la moindre pitrerie de ses amies et en avait presque perdu l'appétit au point de refuser tous les bons gâteaux qu'on lui préparé.

Attristé par le moral de la fillette, les membres du Piloulou avaient tout fait pour essayer de le lui remonter. Malheureusement, rien n'y fit. Elle ne voulait pas qu'on la sépare de sa sœur. Malgré tout, aucune larme ne coula de ses magnifiques yeux étoilés. Gardant tout en elle afin de se montrer forte, la mini agente par intérim en avait perdu la joie de vivre.

- " Yaya... " Soupira tristement Piloulou en plongeant son regard dans le sien comprenant tout à fait ce qu'elle ressentait. " Je sais que c'est dur. Mais ce n'est pas un adieu, juste un au revoir. " Lui stipula-t-elle tout en caressant sa petite bouille chagrinée du bout des doigts. " Je suis persuadé que vous vous reverrez un jour toutes les deux et que vous pourrez de nouveau vivre de belles aventures. Et puis tant que tu la garderas dans ton cœur. " Rajouta l'adolescente en tapotant la poitrine de la petite fille en affichant un large sourire se voulant rassurant. " Elle sera toujours près de toi. "

Sur ces mots, chacune des membres du club lui fit ses au revoir en lui promettant un jour se revoir. Puis dans le plus grand calme, Capulina et la jolie brunette quittèrent le navire main dans la main. Sur la route les menant jusqu'à sa maison, Hayase ne pipa pas un seul mot, marchant la tête baissée vers ce triste destin. Jusqu'à ce qu'enfin leurs pas les amènent juste au bout du chemin où se trouvait la chaumière de la famille Yorha.

En apercevant sa demeure, la petite fille empoigna plus fermement la main de son amie en sentant son cœur se serrer. Ça y est, l'heure de la séparation avait sonné. Et en le comprenant, les larmes qu'elle s'efforçait de retenir depuis se mirent à couleur le long de ses joues.

- " Je ne veux pas... " Souffla-t-elle d'une voix presque inaudible alors que ses frêles épaules se secouaient par les sanglots. " Je veux rester avec toi !! " S'écria Hayase en portant enfin ses yeux ambrés sur sa sœur. " Ne me laisse pas toute seule s'il te plaît ! Je serai sage ! Je ferai tout ce que tu me demandes ! Je serai la plus grande partenaire du monde ! "

À cet instant, toute la misère du monde se déversa dans les propos de la Cocoyashoise qui donnerait tout pour continuer de jouer avec l'agente Tarentule. L'amour que la petite brune lui portait était si grand qu'elle ne voulait pas la perdre et son doux visage déformé par les pleurs en était la preuve même.  

- " O... Onee-chan... Je... Je ne veux pas que tu partes !!! " Sanglota Hayase en la serrant par la taille avant d'enfouir son visage contre son ventre.