Soigner son propre poison

L'entrainement s'était terminé et la commodore avait rendu son védique. Elle emmenait bien l'agent Viper pour sa prochaine mission. Cela n'avait pas manqué de la faire grogner lors de l'annonce et maintenant encore. Elle dévalait les couloirs de la base du G-5 aux côtés de l'agent Ibis. Elle était à fleur de peau depuis le décès de son père et l'impression de perdre toujours plus de temps dans ces locaux au lieu de suivre le chemin de sa vengeance ne l'aidait pas à se calmer. Pourtant, elle savait bien qu'elle était encore trop faible pour s'attaquer à l'empereur Red, mais elle ne pouvait s'empêcher de râler en son fort intérieur.

- "Pourquoi m'a-t-elle appelé ?" Demanda Ada à sa supérieure.

La commodore avait fais demander l'agent Viper sans lui donner plus de détail. C'était l'agent Ibis qui était venue la chercher pour la guider jusqu'à une salle de la marine scientifique. Le poing serré, Ada ne laissait pas transparaitre son agacement sur son visage. Mais l'agent Ibis le sentait bien, et cela l'amusait beaucoup.

- "Tu es notre expert en poison ! Peut-être qu'elle souhaite que tu l'aides à empoisonner un Vice-Amiral pour prendre sa place ! Après tout, que lui manque-t'il de plus pour monter en grade qu'un mort ! Ahahahah !"

L'humour de l'agent Ibis pointait toujours sur le vrai. Mais pour autant son statue de membre du gouvernement mondial et pire, de CP4, devrait la faire prendre au sérieux ce genre de remarques dangereuses.

- "Peut-être vise-t'elle le Vice-Amiral Shoga ? On raconte qu'il a fait de Hand Island un champ de bataille ? Les renards doivent porter la poisse ! Ahahah !"

Qu'elle insupportable commère pouvait faire l'agent Ibis, mais si elle prenait toujours le contre pied de l'humour sur les derniers faits qui arrivaient aux marines, c'était bien qu'elle était toujours au courant de ce qui ce passait dans ce morceau de l'institution mondiale. Un peu comme l'agent Tarentule. Elle était amie, c'était sûr.

- "Bon voilà, c'est ici. Labo 13. Veille à ne tuer aucun membre de l'état major ! Tu me le dirais si c'était le cas, hein ?"
- "Surement pas."
- "T'es pas sympas."

Une réponse presque inquiétante d'Ada mais que l'agent Ibis était bien loin de relever. Elle savait que tout cela n'arriverait jamais. Elle était certes rieuse, moqueuse mais elle était intègre. Tout comme Ada. Alors elle fit un clin d'oeil à la jeune agent avant de la quitter, les mains dans le dos en sifflotant d'un air enjoué, amusé de tout, presque enfantin. Ada, elle, soupira pour se détendre avant d'abaisser la poignée de la porte et d'entrer dans le laboratoire. Le vrombissement des machines faisaient un fond sonore déplaisant. Elle n'était pas ici pour échanger des banalité, ça, elle en était sûr.

- "Vous m'avez fais demander Commodore ?" Demanda Ada en entrant dans la pièce.

Laissant la commodore lui expliquer la raison de sa venue, Ada était allée se placer vers le fond de la pièce. Des paillasses étaient en place le long de presque tous les murs. Des tonnes de machineries occupés un espaces monstres sur ces espaces de travail mais Ada avait réussi à se faire une place en poussant d'un bras tout ce qui se trouvait sur la table pour les regrouper dans un coin. Puis elle se tourna pour admirer l'extraction du venin et récupérer le flacon que lui tendait la commodore. Plissant des yeux devant sa dernière remarque, Ada n'aimait pas vraiment qu'on remette en doute ses qualités en toxicologie. Pourtant, elle n'avait pas l'intention de se lancer dans un conflit verbale avec la marine.

- "Si vous avez déjà réussi un sérum une fois, pourquoi ne pas faire appelle à la même personne pour en refaire un nouveau ? Après tout, si cela vient simplement d'une évolution de votre pouvoir, la même méthode avec la nouvelle version devrait fonctionner."

Morte ou absente. C'était surement la raison qui l'avait poussé à se tourner vers Ada plutôt que vers son autre collaborateur. Et maintenant, elle devait trouver une solution au poison de la commodore. Il était si étrange pour Ada de voir une marine gradée faire autant de manière. L'Amiral Tetsuda avait toujours fait bien peu cas des membres du gouvernement qu'il entrainait à la mort par l'exposition à son fruit. Et c'était cette dureté, cette intransigeance, qui l'avait mené au poste d'Amiral.

- "Quels sont les effets de votre poison ?"

Si Ada posait la question, elle n'allait pas attendre la réponse de la commodore pour commencer ses tests. Diluant quelques goutes de la substance donné dans de l'eau, elle préleva alors le mélange bien homogénéisé dans une seringue avant de s'en injecter un pauvre millilitre dans le dos de la main. Elle voulait connaitre tous les détails des effets et il était toujours plus efficace d'essayer sur soi-même. Surtout qu'elle n'avait ni le temps, ni l'envie d'exiger un cobaye.

Ada était loin d'écouter les recommandations des autres, et surtout des marines. Elle n'avait plus beaucoup d'estime pour eux depuis le décès de l'amiral et la catastrophe de Marine Ford. Cependant, le doute la prie alors qu'elle s'était déjà injecté une quantité infime du venin diluée. La douleur la parcouru très rapidement. Ce venin était bien agressif. Sa peau, sur une surface de dix centimètres de diamètre avait commencé à se nécroser rapidement. Puis la marque s'arrêta. La substance était bien trop peu concentré dans son organisme pour s'attaque à plus de la peau du dos de sa main. Cela lui tira tout de même une grimace de douleur et alors qu'elle passait son doigt sur la plaie rougeâtre elle réfléchissait à quel genre de poison cela pouvait être.

- "Est-ce que vous connaissez l'anthrax Commodore ?"

Une question étrange et à la fois si pertinente. Ada avait reconnu des effets presque parfaitement similaires à cette substance. Cependant, si l'anthrax était une substance découlant d'une bactérie, ici, l'origine était la commodore. Habituellement, ce problème était traité directement à la source, au travers d'antibiotiques visant à tuer la bactérie. Mais ici, il était difficile d'expliquer à la commodore que pour se prémunir au mieux contre ce poison, c'était sa mort le moyen le plus efficace.

- "Hmmm."

Mais Ada était loin de n'avoir aucune idée. Elle pouvait proposer une alternative efficace à la commodore. Efficace mais qui lui nécessiterait du temps. Et combien en avait-elle avant la prochaine mission ?

- "De combien de temps je dispose pour mettre au point un remède à votre poison ?"

Elle comptait créer un sérum immun. L'avantage de ce genre d'outil était que avant ou après exposition à la substance dangereuse, ils se montraient totalement efficaces. Cependant, si le pouvoir de la commodore progressait vite, il aurait fallu qu'elle en crée un nouveau plus régulièrement. Rien de bien sorcier et une fois la méthode donné à la scientifique, alors la commodore pourrait se fournir directement auprès d'eux.

Tenace ? C'était le cas de le dire. Ada sentait le produit agir dans sa main. Et si la face visible semblait s'être calmée, c'était maintenant à sa chair que la substance s'attaquait. Elle contenait des grimaces sous son masque, contractant ses muscles pour éviter que la commodore ne voit sa main infectée trembler.

- "Votre inquiétude à mon égard me touche Commodore mais vous n'avez pas à vous en faire. Cela ne me tuera pas."

Non, rien ne le pouvait plus. Pas tant que la tête de Red, et de tous ses partisans, ne prônait pas au bout d'une pique. Ada restait alors concentré sur son objectif, si elle avait un temps de réalisation relatif à sa puissance, alors elle pourrait agir consciencieusement. Si la commodore était reconnue, la concentration qu’elle s’était injectée la conforté dans sa capacité à réaliser le remède avant qu’elle ne perde sa main. Tout du moins, elle l'espérait. Mais elle ne laisserait pas transparaître une once d’inquiétude devant la commodore.

- “Je ne connais pas bien les conditions de conservation de votre venin. M’en donner une grosse quantité serait une perte de temps et d’énergie.” Répondit-elle.

Cependant, un deuxième pot lui serait sûrement utile. Elle voulait vérifier quelque chose. Elle fouilla dans le bordel organisé qu’elle avait finit par étaler sur la paillasse avant de sortir un nouveau flacon, semblable au premier, et de le tendre à la Commodore :

- “Cependant, je vais avoir besoin d’un deuxième flacon.”

Puis elle se leva et rejoignit un coin de la pièce où se trouvait un escargophone servant à communiquer entre les laboratoires de la marine scientifique. Au bout du fil, un membre de la base du G-5 et scientifique du gouvernement.

- “Ici l’agent Viper, Cipher Pol 5, je vais avoir besoin d’un lapin. Rapportez le laboratoire 13.”

Puis elle raccrocha. Pas un merci, elle n’avait pas l’intention de félicité le pauvre marine qui aurait respecté les ordres simplement. Elle retourna s'asseoir à sa place, continuant de diluer un peu plus la substance de la commodore. Elle voulait utiliser le lapin pour produire un sérum immun, mais elle voulait éviter que ce dernier ne meurt à la première injection. En revanche, il allait sûrement beaucoup souffrir.

- “Si vous êtes de nature à protéger les animaux, je vous conseille de quitter le laboratoire lorsque votre collègue arrive. Et si la souffrance vous fait tourner de l'œil, aussi.”

Se saisissant du produit, Ada le referma le flacon avec précaution. La douleur qui la parcourait lui avait enseigné qu'il fallait faire attention avec ce poison. Mais sans parler de la mort qu'il pouvait entrainer, il serait particulièrement utile pour torturer. Il lui fallait en garder.

Un marine de la scientifique entra donc avec un caisse de métal. À l'intérieur, un jeune lapin brun mâchait de la paille, bien loin de savoir ce qui l'attendait. Lorsque la cage fut déposer sur la paillasse, Ada avait fini de diluer au un dix millième la substance nocive de la commodore. Pour le petit corps du lapin, cela serait bien suffisant. L'agent ne devait le garder l'animal en vie suffisamment longtemps pour qu'il vienne à produire des immunoglobulines G, la molécule qui lui permettrait de contrer le poison. Ici, il était surtout question de savoir si tout cela fonctionnait mais surtout si elle pouvait utiliser le sérum provenant de l'animal pour se soigner elle aussi. Une semaine, c'était le temps qu'elle se donnait avant de perdre l'utilisation de sa main.

- " Etes-vous pas de la marine régulière commodore ? En choisissant cette voie, n'étiez-vous pas motivé par une vie rangée à vous occuper d'une garnison, grattant du papier sur une île paisible ? Si la mort ne vous affectez pas, alors l'élite ne vous auriez pas mieux sied ?"

Ada n'aimait pas vraiment la régulière. Elle les trouvait mou, risible, pathétique. Si son père n'en avait pas fait partie avant de devenir Amiral, alors elle aurait bien dit, qu'assurément, cette partie de la marine ne servait à rien. Mais parfois, elle devait avouer que des éléments en ressortait. Cependant, elle ne pouvait fermer les yeux sur les incidents de Marine Ford. Sans y être, elle avait perdu plus que tous les marines présents. De par la mollesse de la régulière, l'amiral en chef trop occupé à faire mumuse avec un dragon, et l'inactivité du vice-amiral Fenyang. Ils étaient tous responsable de la suite. La régulière ne valait plus rien à ses yeux dont la vision était depuis peu déformée par la haine.

Elle préleva finalement de la substance dans une seringue, avant de sortir le lapin de sa cage, le plaquant contre sa poitrine et lui injectant la dilution directement dans les veines. Des les premières gouttes dans l'organisme de l'animal, elle le voyait déjà se débattre, gémissant sous la souffrance de ses premières cellules attaquées. Il secouait sa tête avant de venir planter ses dents dans le cuir de la combinaison de l'agent.

- "Déshydratez cela pour moi." Ordonna l'agent Viper au scientifique qui n'avait pas encore quitté les lieux, en désignant le nouveau flacon remplit par la commodore.

Il était toujours un peu compliqué de se repérer hiérarchiquement quand un Agent du Cipher Pol ordonnait à un marine, mais ces derniers de la scientifique s'opposaient bien rarement aux directives. Peut-être que le Cipher Pol était, à leur yeux, composés de gens qu'il vallait mieux ne pas contrarier.

Une fois le produit finit de pénétrer dans le sang de l'animal, Ada le replaça dans sa cage et l'observa se tordre de douleur quelques secondes.

- "Si j'arrive à créer un sérum pour soigner les marines touchés par votre poison, me laisseriez vous garder le flacon que j'ai fais déshydrater ?"

Car tout n'était qu'un échange de bon procédé. Ici, Ada était bien loin de votre la Commodore comme un supérieur auquel il faut obéir bêtement, mais comme un collègue, travaillant pour la suprématie du gouvernement mondial. Et tout travail méritait salaire.

Plusieurs jours plus tard,

La commodore avait laissé à l'agent le soin de terminer son expérience. Leur dernier échange était encore dans son esprit alors qu'elle rejoignait le laboratoire 13 avec hâte. Elle s'était entourée de membre de la marine scientifique pour l'aider par la suite. Elle ne pouvait passer son temps à surveiller l'état du lapin et la blessure sur la main s'était déjà bien étendue. Elle avait été présomptueuse, et le dosage était mauvais. Cependant, le plus important maintenant était que les marines qu'elle dirigeait avaient correctement accomplit leur tache.

- "Le sérum a-t'il été extrait ?" Demanda-t'elle en entrant dans la pièce.

Deux hommes s'activaient déjà sur des machines de la scientifique. Impatient et nerveux de présenter les résultats à l'agent du Cipher Pol qui avait été aussi intransigeante que froide pendant les nombreux jours à répondre à la demande de la commodore. Sur une paillasse au fond, le corps du lapin était étendu de tout son long. Ses poils étaient presque tous tombés, dévoilant une peau noircie par des nécroses profondes. Ce spectacle fit grimacer Ada. Non pas car la mort de l'animal l'attristait, mais car son décès lui faisait douter de la réussite de son entreprise.

- "Voilà Agent Viper, nous avons extrait son sang et extrait son sérum comme demandé. On a filtré les anticorps qui nous intéressez. Mais le cobaye est mort. Nous n'avons pas pu tester l'efficacité du produit."
- "Donnez le moi."

Ada se saisit avec rapidité du produit. Puis elle rejoignit le fond de la pièce. Elle sentait la douleur s'accélérer au sein de sa main et si la surface noircie était encore soignable, elle avait peur qu'attendre plus finisse par lui condamner définitivement son membre. Il fallait que cela marche. Elle s'injecta alors l'entièreté du sérum dans le dos de la main. Puis elle se détendit dans un soupire de soulagement. Une réaction instinctive bien que le produit n'ait pas encore eut le temps de se montrer, ou non, efficace. Elle y croyait, en ses capacités, en ces connaissance, en ses talents d'analyses des poisons. Cela allait marcher.

Et cela marcha. Au bout de plusieurs heures d'attente, vautré dans un fauteuil du laboratoire 13 avec pour seul surveillance, les deux marines qu'elle avait interdit de quitter la pièce. Elle se sentait mieux. La douleur décantée et depuis le moment où elle avait injecté le produit, la nécrose ne s'était pas étendue. La guérison semblait en de bonne voie mais elle pouvait difficilement ne pas reconnaitre la ténacité du venin auquel elle s'était exposé. La commodore n'était pas à prendre à la légère. Elle aurait été une adversaire redoutable si elle été dans le mauvais camp.

- "Combien de jour cela a pris pour que le lapin meurt ?"
- "Cinq jours."
- "Alors diluez encore plus le venin et injectez le à un cheval. Surveillez son état. Si cela s'envenime trop, abattez le. Sinon, suivez la procédure que je vous ais écrite."
- "Bien agent Viper."

Les marines de la scientifique était bien plus obéissants que ceux de la régulière ou que l'élite envers leur non supérieur. Loin de l'aspect combattif nécessaire au au deux autres groupes, ces marines là étaient avait tout motivé par l'expérimentation et le succès de leur recherche. Ada leur servait une réussite qu'il ferait beau d'inscrire sur leur CV alors ils ne discutaient pas. Ils reconnaissaient ses compétences, et cela suffisait à placer du respect entre eux. Pour le plus grand plaisir de l'agent.

Laissant alors les deux marines accomplir leur mission, Ada sortit du laboratoire aussi satisfaite qu'inquiète. Si la nécrose finirait par se résorbé lorsqu'elle aurait retiré tous les tissus morts, une puissante réaction inflammatoire était à prévoir. Elle venait d'injecter le sérum d'un animal dans son corps, et son organisme, surement reconnaissant de l'aide apporté, ne tarderait pas à reconnaitre ce produit guérisseur comme un agent extérieur à éliminer. Fièvre, fatigue, migraine étaient à prévoir ... elle espérait seulement que la commodore ne vienne pas l'appeler pour la prochaine mission d'ici les prochain jour, le temps qu'elle récupère de cette expérimentation téméraire sur son propre corps.