Aujourd'hui était un jour important pour la boutique familiale. Pour toute l'île du Sultanat des pétales à vrai dire. En effet, cette journée marquait le début du festival des pétales, un évènement aillant lieu chaque année sur trois jours, marquant le passage du printemps à l'été. Cette période de transition offre en effet une grande diversité florale, les fleurs du printemps persistant tout en étant rejointes par de nouvelles espèces florales adaptées aux températures les plus chaudes de l'été. Les champs remplis de coquelicots qui tiennent bon, entremêlés aux roses qui s'épanouissent le mieux à cette période et qui se retrouvent complétées avec les lys et les bleuets qui commencent à pointer le bout de leurs bourgeons. Je pourrai rester devant ce spectacle des heures durant, observant ces couleurs se réfléchir de diverses manières au gré de la météo et de l'heure de la journée.
"- Mince il est déjà l'heure !" m'écriai-je en entendant mon père râler car je tardais à descendre.
En effet, je devais moi aussi donner du mien pour ce festival ! Si cet événement était une occasion rêvée de se retrouver entre proches, il représentait surtout une exposition au monde extérieur des produits locaux. Le festival faisait parler de lui-même à travers les blues, et nombreux étaient les touristes qui venaient, attirés par les promesses colorées que le sultanat avait à offrir. C'était donc un coche à ne pas rater pour tout commerçant, fleuriste comme artiste ! Et ça tombait bien, j'avais un pied dans chacun de ces domaines. Ainsi, j'avais aidé mes parents chaque matinée à prévoir les différentes compositions à exposer tout en faisant le stock de peintures et autres matières premières en tout genre pour mes propres œuvres.
"- J'arrive !" criai-je en dévalant les escaliers par quatre marches à chaque pas.
Je suivis alors mon père jusqu'à l'endroit que nous avions loué pour installer nos comptoirs, les yeux brillant comme à leur habitude en regardant les structures déjà en place et colorées de haut en bas. Dans l'allée principale de la capitale, je m'occupais alors de monter les différents étals du stand avec mon père, faisant attention à ne pas frapper mes doigts délicats avec le marteau de fortune, alors que ma mère apportait petit à petit les bouquets et couronnes de fleurs sur lesquelles nous avions passé toute notre soirée la veille. Puis lorsque les structures en bois les plus solides furent prêtes à accueillir d'autres fleurs, mon père apporta ce qui avait englouti notre temps libre dernièrement, à savoir un mélange entre charpenterie et fleuriste : une statue en forme de colombe, garnie de fleurs en tout part. Je pense que parmi toutes nos compositions, précédents festivals compris, celle-ci était la plus poussée et celle dont nous étions le plus fiers.
En parallèle je montais comme une grande ma petite boutique éphémère, composée d'un atelier de peinture improvisé, ainsi que d'une chaise tout droit sortie de la cuisine familiale, mais décorée de quelques fleurs pointant leurs pétales par dessus les épaules de ceux y prenant place. J'affichai une pancarte avec les modiques sommes en Berry demandées pour mes prestations, et j'attendis que les visiteurs venus de tout part trouvent leur chemin en suivant les routes et pavés décorés de moults fleurs, les guidant au centre des festivités.
L'éclosion d'une amitié
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