Chaos en Prison | Pv Tarentule

“Puisque je vous dis que j’ai besoin du corps du prévenu en entier pendant l’interrogatoire. La qualité des informations se mesure aussi par l’analyse de sa gestuelle. Cessez donc votre caprice d’enfant.
-Vous ne savez pas vous amusez. Son corps est une manne formidable pour mes recherches... mais surtout, ce venin. Toutes les expériences à réaliser, c'est peut-être l'élément miracle qu'il me fallait...
-Calmez vos ardeurs, cela m'ennuie déjà. Vous me connaissez si mal, mon cher Docteur. Je m’amuse toujours à écrire un joli rapport sur le refus de coopération d’un médecin de prison. Surtout que celui-ci n’a pas le C.V. le plus réjouissant du système pénitentiaire. Hihi !
-Bah, que grand bien vous en fasse. Je suis la clé de voûte de cette prison. Sans mes expérimentations et mon savoir-faire, Kapharnaum s’écroulerait.
-Voyez-vous donc. Le savant fou se pense tellement précieux qu’il en tient tête au Cipher Pol lui-même.”

Dans un couloir, une femme blonde, croisant les bras, se chamaille avec le fameux medecin en chef de cette prison aux méthodes avangardistes. Une mallette noir à la main, habillé en robe noire, cette dame n’est autre que l’Agent Tarentule, de sa véritable identité Capulina Dubal. Membre du Cipher Pol envoyé pour assister l’affaire de la Comodore Pandore. Entrouvrant sa malette, la jeune femme en sort un fruit avant de s’incliner vers le scientifique avec un sourire mesquin.

“Docteur Franken Buchenwald. N'oubliez pas que vos privilèges ne vous sont jamais acquis. Vous n’êtes qu’un rouage remplaçable. Il me suffit de cette pomme et d’un mandat pour mettre fin à vos recherches définitivement. Couic. Hihi !”

L’agent croque à pleine dent son fruit après son ricanement. Elle reprend une distance acceptable de son interlocuteur. L’air hautain, son regard se pose sur la pomme un instant, avant de fixer son interlocuteur.  

“Cependant, vous êtes un homme intelligent. Vous n’oseriez pas entraver un agent de l’Institution la plus puissante du monde, n’est-ce pas?”

Le médecin soupire. Frustré, il ne s’adresse plus à l’agent Tarentule. Franken tourne ainsi les talons, préférant donner l’ordre à ses assistants.

“Allez chercher le reste des morceaux, la tête ne suffit pas, apparemment.
-Hihi ! Je le savais. On est fait pour s’entendre, mon cher Bubuch.”

Les quelques matons pouffent de rire avant de se reprendre rapidement. Les yeux sévères du médecin sont assez évocateurs pour intimider le personnel présent. Des bruits de pas résonnent dans le couloir. Guidée par des gardiens, celle que tout le monde attendait, est enfin arrivée. L’agent Tarentule se retourne vers la nouvelle venue tout en mâchant sa pomme.

“Oh, voilà donc l’héroïne du jour. Salutations et toutes mes félicitations pour vos exploits récents, Comodore Pandore. Je n’aurais jamais cru vous revoir un jour, même si nous sommes liés par l’expérience du Granit Marin. Et c’est bien notre seul point commun. Hihi !”

L’agent Tarentule aime souligner la distance qui la sépare d’une personne soit disant reconnue pour ses réussites. Une manière de sous-entendre que les on-dit ne lui suscite pas plus d’intérêt qu’auparavant. Après tout, on en a vu des marines chanceux au bon endroit au bon moment. Pour Capulina, ce n’est qu’une brute de la Marine parmi tant d’autres.

“Vous avez donc appelé à l’expertise de nos services. Le Cipher Pol semble beaucoup vous estimer pour vous envoyer l’une des meilleurs agents de cette génération.”

Bien évidemment, elle apprécie encore plus se jeter des fleurs. Il ne faudrait pas qu’une marine se sente plus poussée car quand elle demande une aide du Cipher Pol, il lui accorde sans broncher. Ce que ne s’avouera jamais l’agent Tarentule est qu’il probable que les coordinateurs l’aient envoyé justement car elle est la plus insupportable de tous les agents de sa génération.

“J’ai pu parcourir le dossier du malheureux pendant le trajet. On peut dire que je vous avez déjà bien cerné. Aussi brutale que sadique. Il ne manquerait plus que la perversité pour tirer le gros lot. Hihi ! Je n’aurais que deux questions en attendant que la salle d’interrogatoire soit préparée.”

Finissant de consommer son encas, elle pose son trognon de pomme dans les mains d’un maton posté par loin, puis sort de sa mallette deux fioles tendues à l’officière de la Marine.

“D’une, est ce que vous pourriez remplir dans l’une de ces fioles un antidote de votre poison et un échantillon de ce poison mortel dans l’autre? Ne vous inquiétez pas, ce sera pour le bien de l’interrogatoire. Hihi !”

Elle sort ensuite un calepin et un stylo plume pour prendre de jolies notes sur les objectifs et la stratégie à entreprendre dans cette interrogatoire.

“De deux, quels sont les informations que vous désirez obtenir, exactement?"

“Oh oh ! Je constate que vos mots peuvent aussi être teintés de venin. N'ayez aucune crainte, mes envies suicidaires disparaissent quand je ne suis plus seul en votre compagnie. Vous devriez consulter, d’ailleurs. Vous côtoyez fait prendre goût à la vie à une vitesse. Pfiou ! Je plains votre entourage… enfin ce qu’il en reste. Hihi ! “

Prenant les fioles entre ses doigts, elle les agite le liquide devant ses yeux. L’agent Tarentule mémorise les nuances entre le poison et l’antidote. Il serait dommageable de se tromper. Tout en rangeant cette collecte dans une poche intérieure, elle rive son regard sur ses notes pour les compléter.

“Hum. Donc il faudra le rendre très bavard. Il semble avoir une certaine résilience à la douleur. Au vu de son profil, ce n’est rien d’un enfant de cœur. Il pourrait se fermer à la moindre défiance. Jouons sur son narcissisme. Toutes les brutes comme lui aiment la complaisance de leur égo. Je parle des patrons d’organisations criminelles, bien entendu. Je le précise car je remarque que cette description peut correspondre tout aussi bien aux officiers de l'Élite. Hihi !”

Sa tête se penche vers Pandore. Elle ne connaît pas les détails des rapports entre la Régulière et l'Élite, mais, selon elle, c’est la même nuance qu’entre un marine étourdi pantouflard et un marine suicidaire sans cervelle. Elle tourne ensuite les talons vers une porte gardée par un maton.

“Le Docteur a-t-il réuni, enfin, la totalité de son corps?
-Oui.
-Avez-vous préparé du thé et du saké comme je vous es demandé?
-Oui.
-Vous avez d'autres mots à la bouche. J'ai l'impression de discuter avec un Pacifista.
-Non.
-Humpf. Et on se demande pourquoi les métiers carcérales n'attirent personne. Bref, nous allons pouvoir commencer. Commodore Pandore, essayez de bien analyser les gestes et le corps de notre interrogé. Il ne faudrait pas qu’il tente quelque chose de répréhensible. A part cela, vous pouvez continuer à faire partie du décor. Vous êtes parfaites pour installer une atmosphère morbide et répugnante. Hihi !”

Le maton ouvre ainsi lentement la porte de la salle d'interrogatoire.

L’agent Tarentule entre ainsi dans cette sombre pièce préparée par les matons. Scrutant d’abord les alentours, elle fait une mou. Déjà que la marine, Capulina a du mal à les estimer alors les gardiens de prison… et l’état de ce lieu lui donne raison. Ils n’ont absolument rien préparé, pas l’once d’un verre de saké, seulement une boîte de thé moisis sur le bord de la table. La lampe peine à illuminer la pièce de sa lueur maussade. Affligeant. L’odeur de moisi imprègne les coins. Nauséabond. Il y a encore du sang séché tachant les murs. Répugnant. La jeune femme avait pourtant été précise sur ses volontés.

Jetant un œil vers l’homme qu’elle doit interroger, elle constate qu’il est bel et bien en un seul morceau. Enfin, façon de parler, la Commodore Pandore n’a pas ménagé le bougre. D’une prospection rapide grâce à son haki de l'empathie et de ses compétences d’agent, une première analyse est effectuée par la blonde. Celle-ci observe une ténacité de fer malgré toutes les humiliations. Une hagne presque primitive émane de ce corps mutilé. Il est bien difficile de discuter avec un homme réduit à son animalité.

Ignorant dans un premier temps Pandore qui ose lui donner des ordres, l’agent Tarentule semble prendre son temps à s’installer. Dépoussiérant sa chaise, elle dépose sa mallette dessus. Agenouillé, sa main l’ouvre et plonge dedans. Une nappe aux styles de Wano est dépliée et déposée sur la table. La lampe est posée au sol pour être remplacée par une bougie. La boite de thé rouillé est mis à terre avec dédain, la jeune femme devra pioché dans ses réserves personnels. Les yeux interloqués du malfrat suivent les mouvements de cette étrange femme avec méfiance. La blonde dépose quelques pierres pour décorer cette table.

Elle sort finalement un service à thé traditionnel, une bouteille d’eau ainsi qu’une boîte d’allumette. Juste avant de s'asseoir, Capulina attache ses cheveux grâce à une baguette. Refermant sa mallette, toute sourire, quelques allumettes sont utilisées en silence pour allumer la grande bougie et les braises réchauffant la théière. Soufflant sur la dernière allumette, d’une posture droite, les mains jointes, la jeune femme s’incline respectueusement.

“Mes plus grands respects, Musashi-dono. Je suis reconnaissante de faire votre rencontre. Vous me permettez d’obtenir une merveilleuse occasion de savourer la plus raffinée des boissons. Quelles sont vos préférences ?
-...
-Oh ! Votre regard est assez éloquent. Le plus corsé qu’il soit, c’est évident. Moi aussi, j’apprécie la vigeur du thé noir. Hihi!”

La jeune femme au chignon sert ainsi trois tasses avec la même minutie et délicatesse d’une cérémonie de thé traditionnelle. Ses voyages lui ont montré les pratiques de nombreuses cultures. Se montrer connecté aux pratiques de l'intéressé permet de se rapprocher de lui facilement.

“Je dois vous dire que je déplore votre situation. Vous souffrez de stigmates qui doivent cesser. Il n’y a rien d’agréable à échanger dans ses conditions. Je vais donc tenter de vous comprendre.”

Capulina sort en évidence les fioles que Pandore a remplies. Un sourire d’ange adressé au prisonnier toujours plus intrigué par la situation.

“Voici, deux fioles qu’une brute au arrière plan sadique a eu l’amabilité de me confier. L’une est un échantillon de son poison, l’autre l’antidote.”

Elle verse ainsi la moitié de la fiole empoisonnée dans une tasse, puis sert sur les deux autres tasses l’antidote. Sa main s'empare de la tasse contaminée sans une once d’hésitation.

“Voyons quel goût a la douleur perpétuelle. Gnihihi !”

Respectant l’étiquette, la blonde se masque la bouche en buvant une pleine gorgée. Agitant le liquide dans sa bouche, elle jauge le goût en grimaçant.

“Beurk. je ne m’attendais pas à ce que cela gâche à ce point le… Errrk !”

Sa langue s’engourdit soudainement. Tout son corps réagit vivement à l’ingestion. Sa tête baissée, les yeux écarquillés, sa respiration s’affole. Contenant des cris de souffrance, des gouttes de sueur apparaissent sur son front. Elle peine à garder le sourire pendant cette expérience atroce. Restant quelques secondes dans cet état, son geste a déjà provoqué la stupéfaction escomptée. L’agent tarentule agrippe rapidement une tasse avec l’antidote pour le boire d’une traite.

“Pfiou ! Je suis forcé de constater mon admiration d’avoir préserver votre intégrité d’esprit avec une telle corruption vicieuse en vous. Je ne peux vous laisser avec un tel fardeau. Masashi-dono, permettez moi donc de vous offrir une gorgée.”

Tel une Geisha sortie d’une autre époque, la jeune femme tend la tasse pour que le criminel sans main puisse s’en abreuver. La douleur est devenu sa compagne depuis le temps que Pandore lui a inséminé son venin. La tentation de s’en débarrasser est assez grande, et la démonstration de Capulina assez convaincante pour qu’il accepte de siroter cette boisson.

“Quand dites-vous?
-A quoi tu joues, gamine?”

L’homme reste méfiant, malgré la gentillesse très inhabituelle de l’agent Tarentule. Cependant, celle-ci peut sentir que l’antidote fait son effet. Les nerfs plus détendus, elle fait à nouveau face à un être plus humain… avec toutes ses fragilités.

“Il n’est pas interdit de respecter ses aînés, même dans ce contexte. Vous piquez la curiosité de beaucoup de monde. On dit qu’au lieu de couper les phalanges de vos subordonnés incompétents, vous coupiez les mains. Est-ce vraiment le cas?
-Tss. C’est largement exagéré. Seulement deux fois.
-Oh ! Qu’on t’il fait pour mériter un tel traitement?
-Un avait laissé fuire une de mes maîtresses et l’autre… je me souviens plus. Surement un petit con qui a gaffé au mauvais moment.
-Toujours fidèle à votre réputation. Hihi ! Voulez vous une nouvelle gorgée?
-Hum.”

L’égo de Yochiro toujours autant caresser, cette scène ressemble bien plus à ce que l’on pourrait voir dans des bars à hôtesse que dans un interrogatoire. Compliqué pour un taulard malmené de ne pas se laisser dorloter après la rudesse d’un tel séjour. Sachant que toutes les questions semblent en apparence anodines, le malfrat délie sa langue.

“Vous forcez le respect, Musashi-dono. Votre histoire me rend bien curieuse. Est-ce un talent acquis dès la plus tendre enfance? J’ai pu voyagé dans de nombreuses contrées et je n’ai jamais rencontré un Yakuza de votre trempe.”

Aux compliments de cette blonde, le Yakuza semble s’adoucir et se détendre. A moins que ce soit l’agitation dehors qui lui font cet effet. L’agent Tarentule pense être sur la bonne voie dans cet interrogatoire.

“Y a rien d’impressionnant à tabasser pour du blé. Le plus chiant, c’est d’avoir des gars prêts à tabasser pour te donner du blé. C’est aussi épuisant que monter un putain château de carte au moindre souffle, tout s’envole.”

L’homme mutilé fixe ses moignons, le symbole de sa chute. Pandore lui a pris les mains qui ont bâti son empire. Le labeur d’une vie partie en fumée. Une situation capable de dévaster n’importe qui. Mais, lorsqu'il redresse la tête, son expression mélancolique disparaît pour un rictus malsain.

“Mais, tu sais gamine, même si je dois arracher des gorges avec les dents, je peux tout reconstruire. Héhé.”

Sur fond de ce rire macabre, l’atmosphère devient lourde. L’agent Tarentule sent une assurance inhabituelle la mettant en alerte. Elle se redresse vivement.

“Commo… !”

Soudain, une lueure bleuté envahit la pièce.

“Scalpel !”

En un instant, une attaque lacère latéralement l’entièreté de la pièce. Chaque corps se retrouve en un instant sectionné en suspension. Le Docteur Franken Bechenwald déboule dans l’espace d’interrogatoire comme une furie. Touchant chacun des corps sectionnés, il leur détache le cœur avant de réunir leurs morceaux. Un assistant entre essoufflé à son tour, constatant la scène.

“Doc ! Que faîtes-vous? Il ne faut pas traîner, la forteresse va bouger !
-Ce Musashi va empirer les choses. Je pense même qu’il est dans le coup. Sans coeur, il sera échec et mat. Garde-le avec toi.
-Et l’officier de la Marine et l’agent du Cipher Pol?
-Dommage collatéral. Et puis, je préfère ne pas les voir dans mon collimateur. Surtout la petite blonde insupportable.
-Vous n’allez pas les laisser à la merci des pirates échappés !
-Mais non, je ne suis pas un traître. Je ne fais qu’expérimenter !”

Manipulant les cœurs de Capulina et Pandore, il les interchange avec un sourire narquois. Le siège de leur esprit dans deux corps différents, il jubile déjà des chimères qu’il vient de créer. L’agent Tarentule l’a rabroué, la voilà devenu un de ses jouets.


“TOREADOR ! TO-READOR !”

Un chœur résonne dans les couloirs du Kapharnaum en même temps qu’un brouhaha de cris d’animaux en tout genre et de combat acharné. La panique se lit dans le regard agité de l’assistant.

“Doc ! Ils arrivent !
-Shambels !”

D’un seul instant, le docteur et son acolyte disparaissent de la pièce. L’aura bleu se dissipe. Des bruits d’engrenage et de divers mécanismes lourds se font entendre. Le système Rubik de la prison labyrinthique s’actionne. Les salles de stockage des membres des prisonniers se déplacent.


Réveillé par ce fracas, Capulina émerge avec un haut-le-cœur. Une étrange sensation désagréable qui s’ajoute à une migraine fulgurante. Toisant les alentours, elle remarque Musashi dont le corps inerte à perdu son cœur. Cette marque ne fait aucun doute sur l’usage du Ope Ope no Mi.

“Buchenwald…”

Le son d’une voix qu’elle ne reconnaît plus. Elle ne résonne pas comme la sienne. Dans des octaves plus basses, la jeune femme commence à s’inquiéter.

“Ma voix.”

En analysant rapidement la pièce, elle aperçoit avec stupeur son propre physique étalé lui aussi, mais sans aucune blessure apparente. Des sueurs froides lui parcourant la nuque, Capulina observe ses mains, ses pieds, puis ses vêtements.

“Mon corps !”

L’agent réalise qu’elle n’est plus l’hôte de son propre corps. Prise d’un vertige, elle reste un moment un genou au sol. Serrant les dents, la peste rage. Elle est devenue la brute de la Marine dont le corps se rapproche de la grâce d’un rugbyman.

“BUCHENWALD ! Vermine !”

“Commencez par arrêter de trébucher avec mon corps. Vous allez l'abîmer avec vos manières de gorille.”

Alors qu'elle tente de se redresser, une sensation de vertige lui prend. Se laissant tomber sur son genou, de soudaines bouffées de chaleur lui prennent la poitrine. Des picotements sur le col de l'uniforme agacent son cou.

“Pourquoi cela me démange autant? Est-ce une réaction allergique?”

Capulina gratte la peau de ce corps étranger. Du front au pieds, elle se déshabille pour faire respirer sa peau. Ne conservant que les sous-vêtements bien peu à son goût de Pandore. Ses ongles esquintent l'épiderme de plus en plus intensément. Une partie n'y résiste pas. Comme une feuille translucide qui se décrochent.

“De la peau… c'est hideux... mais cela soulage tellement.”

La jeune femme est en train de muer. Est-ce que son esprit s'adapte au fruit du démon qui hante ce corps ? Quoiqu'il en soit, Capulina ne peut s'empêcher de continuer ce processus. Il lui offre comme une douce sensation de purification. Mais ce qu'elle ne voit pas sont des modifications minimes du physique qu'elle vient d'hériter. Son visage se rapproche un peu plus de ses anciens traits. Sa hauteur est réduite de quelques centimètres. Sa taille et ses épaules s'affinent. Ses muscles s'amincissent légèrement.

Capulidore:

“Ouf… je respire enfin ! Étrange. Je me sens d'un coup bien plus… moi-même. Une robe, une robe, il me faut une robe.”

Se jetant sur sa mallette, elle y choisit une robe de rechange, un dos nue, normalement faite pour des soirées de gala, en espérant ne pas avoir à faire de retouches. Contre toute attente, seulement le jupon paraît plus court qu'à l'accoutumée. Enfilant des talons, l'ancienne blonde prend la pose comme si elle arborait fièrement un de ses costumes.

“C'est magnifique ! Dire qu'une brute cache autant de potentiels, il n'y avait donc que moi pour le dévoiler. Bahahah !”

Dans ce rire aux éclats, sa langue scindée en deux siffle. Des têtes de serpents naissent de son dos pour fixer leur hôte. Elle caresse la tête de quelques-unes.

“Hum. Coucou, toi. Ce sont mes petits? N'est-ce pas mignon tout plein? Haha !”

La situation commence à bien l'amuser, contrairement à sa comparse. Comme une couronne, les têtes de serpents encadrent le visage souriant de la jeune femme. D'un ton moqueur, le regard plein de jugement appuyé par celui de ses serpents, Capulina s'approche de son corps.

“Allons, allons. Ressaisissez-vous. Grimaçant autant avec mon visage risque de le rider. Souriez !”

Il n'y pas à dire. C'est assez perturbant de se voir en mauvaise posture et de contempler son propre visage bougon. Même si la nouveauté est grisante, la petite peste s'aime trop pour laisser son physique à autrui. Abandonnant l'épée, un meitou de souvenir qui n'intéresse pas l'agent Tarentule, pour sa malette noire, elle s'approche de la sortie.

“Cela ne va pas le faire. Laissez les choses inutiles et allons trucider Buchenwald. Oups, je me sens un peu plus sauvage avec ce corps. Ahah !”

Les têtes de reptiles semblent siffler pour signifier leur approbation. Effleurant une mâchoire écailleuse, Capulina rapproche sa joue pour cajoler l'une d'elles.

“Oooh ! Pourquoi sont-ils si mignons ces serpents !”

La jeune femme en était pourtant indifférente jusqu'à ce jour.

“Erk… Dois-je vraiment me concentrer sur ses odeurs nauséabondes jusqu’à trouver la bonne? Dire que je commençais à supporter ce corps.”

Découvrant les méandres de son odorat développé, l'agent Tarentule se concentre curieusement sur l'odeur qui l'enchante le plus, celle de son propre corps.

“Je sens si bon. Cet après-shampoing vaut vraiment son prix. Maintenant que j'y pense, plus longtemps nous restons ainsi, plus intensément je risque de tomber sous mon propre charme. Ahah !”

Elle ne désire pas renifler toutes les odeurs putrides jusqu'à trouver sa cible. D'autant plus, qu'elle ne connaît pas exactement le parfum de ce médecin. Dans son corps, la finesse de son odorat lui permet de déceler une surdose mais pas de la reconnaître entre mille. Gardant cette information pour elle, Capulina use d’autres moyens de détection pour l’assister. Elle a une nouvelle sensibilité des vibrations et elle compte bien allier tous les indices possibles pour trouver cette vermine de médecin.

“Suis moi de près, il ne faudrait pas qu'une blessure sacrifie mon joli visage. Je n'ai pas le plaisir dégoûtant de muer.”

Sortant de la pièce avec l'assurance d'un officier de la Marine en tome de soirée - très spécifique, mais cela impressionne -, l'agent Tarentule et ses têtes de serpents agitent leurs cous comme des têtes chercheuses. Des bruits de luttes et les chants des assaillants se font entendre non loin. Est-ce que Buchenwald s'y trouve?


“Une minute. On y est presque. Il semble y avoir des combats.”

Collant ses doigts et ses oreilles sur un mur, elle perçoit les fameuses incantations du Ope Ope no mi prononcé et des êtres vivants coupés en morceaux à travers son Haki. Sa cible est trouvée. Elle se déplace en collant le mur tapant la pierre comme à la recherche d'un bouton caché. L'agent Tarentule s'arrête subitement.

“Ma chère Pandore. Il est temps d'utiliser votre force avec l'efficacité d'un agent CP. C'est à dire…”

Utilisant la force d'un corp, Capulina plante son bras d'une vitesse fulgurante imitant presque le Shigan.

“Là où on l'attend le moins. Mouahahah !”

Le mur se fracture. Son bras agrippe le cou de sa victime pendant que des pans de pierre s'écroulent. Extirpé rapidement de ces décombres, l'espionne vient de détruire un mur à main nue. Plaquant l'homme au sol fermement, ses têtes de serpent s'inclinent dangereusement vers sa cible. Écarquillés les yeux, la jeune femme semble s'être trompé d'individu. Et vu son accoutrement, cela a tout l'air d'un prisonnier évadé.

“Oh. A qui ai-je l'honneur ?
-Bordel de merde, une autre chimère ! RO…”

Sans lui laisser le temps de lancer sa technique, une des têtes de serpent mord brutalement l’épaule de ce pauvre homme. Marqué par le venin de Pandore, une douleur intense suivie d’un engourdissement progressif atteint celui-ci.

“ARGH !
-Tututu. Tout doux, mon cher. Reste immobile, j'ai quelques questions à te poser.”

Capulidore détourne un instant son attention sur le nouvel énergumène qui pénètre le trou qu’elle vient de créer. Les déboires de sa camarade de fortune l'amusent. Même si ses gestes présentent quelques maladresses, son corps conserve tous les moyens pour se défendre. Dire que même lorsqu'il est habité par un autre, ses réflexes pour sa préservation sont encore intacts.

“Haha ! Quelle technique redoutable. Combien de temps ne l'ai-je pas utilisé, celle-ci ? Hum… depuis mes toutes premières missions. Aaah ! Le bon vieux temps.”

Jetant un oeil sur l’individu barbue au sol tenant son entrejambe tordu de douleur, la nouvelle femme serpent aimerait préserver son enveloppe corporel du centre des agitations.”

“Bien, éloignons nous de toute cette agitation avec notre petite pri…”

Son instinct la pique soudainement. De justesse, elle esquive les crocs d’un cobra, la mâchoire claquant dans le vide. Rampant avec fluidité et vélocité, l’Agent Tarentule s’est éloigné de l’attaquant. Fixant son prisonnier, elle comprend bien vite qu’il vient littéralement de copier son attaque. Celui-ci se relève lentement, comme si son corps parvenait à annuler les effets du poison. L’homme paraît lui-même étonné de ses propres capacités

“Bordel. Un zoan.”

Dans une posture défensive, l’Agent du CP se poste au côté de son corps pour, non seulement, alerter Pandore, mais aussi pour se tenir prête à protéger son physique qu’elle aime tant.

“Je comprends mieux la cause de ce remue-ménage. Je crois bien qu'au lieu d'un docteur, nous avons rencontré l'imitateur.”

A peine sa phrase terminée qu’une détonation retentit de l’autre côté du mur. Un écran de fumée au niveau de la grande brèche se propage, et des silhouettes apparaissent. Des animaux en tout genre se dispersent, surement des chimères que le l’imitateur a défait avec les pouvoirs de Buchenwald, et une troupe de prisonniers les suivent en joie dans cette espoir d’évasion. La voix de ce qui semble être leur chef retentit en approchant du copieur de fruit démoniaque.

“Oh putain ! El Ultimo, préviens quand tu fais un trou dans les murs. Je ne savais pas quoi foutre alors j’ai péter le seul baril qu’on avait. Les chimères ont morflés. Eheh.
-Pablo…”

L’imitateur est quelque peu dépité par cette nouvelle. Cela a l’air d’être lui le cerveau malgré qu’il ne soit pas le leader. Une femme plutôt accorte, malgré un manque d’apprêtement évident due à des années d’incarcération, approche du barbu au sol. Un pied au derrière sort le malheureux de sa position foetale.

“Oh, relève toi du con.
-Ta gueule ! Putain, je viens de me faire exploser les burnes. Je vais la bousiller cette salope, bordel de merde !
-C’est qui ces deux pétasses ?”

La prisonnière blonde et éborgnée pointe du doigt l’agent Tarentule et Pandore. L’homme  barbu se relève avec peine. La famille au grand complet lancent un regard défiant devant les deux femmes en robe. L’agent Tarentule avance d’un pas, toujours en jouant son rôle avec enthousiasme.

“Votre tentative d'évasion s'arrête dès l'instant où vous m’avez croisé. Vous ne savez pas qui je suis. Vous pouvez m'appeler Echidna, celle qui donne naissance aux monstres. Cela sonne tellement mieux qu’une autre porteuse de malheurs. Ahahah !"

Les têtes de serpents semblent gesticuler de manière imprévisible et, bien peu naturelle. Elles rient? Du moins, c’est le sentiment que ressent Capulina. Celle-ci commence à s'accommoder de plus en plus avec l’esprit du Zoan de Pandore. Les prisonniers regardent le spectacle avec perplexité. En réalité, elle n'a pas l'air d'un gardien, n'y d'un marin, personne sait ce qu'elle fout là prêt à combattre une foule de prisonniers en évasion.

"Aaah la saaalope... elle couche avec Buchenwald.
-Ce sans-couille?
-Mais oui ! C'était sur en fait. Elle protège son amant. Il a du se gréffer un truc pour la satisfaire.
-Héhé ! T'es con, putain.”

L'agent Tarentule tique quelque peu sur ses remarques, mais elle l'ignore trop concentré à contrôler son énergie intérieur. Pablo, tel le chef charismatique qu’il est, brandit son sabre, visiblement honoré de faire face à un détenteur de fruit avec autant de cran.

"Héhé ! Et bien, Echidna et la pète couille, les Toréadors vous écraseront avec leurs nouveaux camarades ! Deux contre nous tous ! Les gars, on a vu des chimères plus impressionnantes que ça.
-Fruit ou pas, on va leur faire zouker le sol.
-Ces putes auraient dû aller se rhabiller.
-A l’assaut !”

Soudainement, l’agent Tarentule tombe à genou. Son corps se déforme et sa mue se déchire. Sa mâchoire paraît se disloquer pour se remettre en place, ses têtes s'entremêlent pour devenir une masse d’écailles tel un nid de serpent. Une masse de salive sort de sa bouche.


“Errk…”

Capuliore finit englouti par sa propre création. Cette masse grossit progressivement jusqu’à être contenu par les murs du couloirs. Quelles fissures se forment par la force des mouvements des corps serpentins. Les frottements retirent la peau de cette nouvelle mue impressionnante.

“Qu'est ce qui lui arrive? C'est dégueux.”

Une seule tête de serpent immense surgit, tandis que le buste de la détentrice de ce corps émerge au milieu de cet entrelacement, comme siégeant sur un trône. Son physique a une nouvelle fois changé pour se rapprocher de l’identité de l’agent Tarentule. Si bien qu’à présent, on pourrait les prendre pour des sœurs. Ce n’est pas la seule chose que la peste du Cipher Pol est parvenu à moduler à sa guise. Un monstre est né.

Capulidore NvMax:

“GNIHIHIHI !”

Son rire caractéristique résonne dans tout le couloir. Prenant l'entièreté du passage, son corps de reptile géant fait aussi office de couverture pour Pandore qui possède sa précieuse enveloppe d’origine.

L’une des têtes de serpent avec quelques membres des Toréadors dans sa gueule. Une manière de conserver les proies vaincues sans les tuer, car en prenant possession de ce corps, Capulidore doit lutter contre sa propre létalité. L’esprit de ce Zoan a une forte tendance au sadique morbide, même si cela ne se remarque pas elle maintient un tant soit peu de retenue. L’excés d’orgueil allant avec les accointances de ce Zoan, par contre, empire chez la jeune femme. Posant le talon au sol avec la grâce d’une princesse, ses têtes de serpent semblent la traiter avec délicatesse comme une reine. Au prolongement de son dos, elle possède le corps traînant du reptile comme un queue. Ce corps s’élargit pour se diviser et s'entremêler dans cet amas serpentin qui l'encadre comme le centre de leur monde. L’une des têtes s’approche de la main de Capulidore pour se faire caresser, tandis qu’une autre jette à ses pieds le fameux El Ultimo, le copieur et la source de tout ce chaos, inconscient. La blonde aux longs cheveux regarde avec suffisance son corps manipulé par l’esprit de Pandore.

“J’apprécie que tu te dépêches à ne rien faire, mais j’aimerais d’autant plus que n’use pas de mes méninges pour un constat aussi simplet.”

D’un regard dédaigneux vers le pirate au sol, elle continue malgré que son ton est devenu plus agressif, et s’ose à la familiarité comme si cette transformation la rapprochait de son animalité.

“Cette vermine est le point d’origine qui a permis tout ce bazar. Il est impossible de réaliser une invasion dans cette usine de démembrement malsaine, autrement. Ces déchets ont certainement eu l’intelligence de libérer d’autres minables pour augmenter leur chance dans le Chaos.”

Capulidore s’incline vers l’amas de corps serpentins qui s'entremêlent toujours autant, prenant l’espace du couloirs pour en faire son domaine. Ses mouvements sont plus lents et délicats, comme si la brutalité de la chasse avait laissé place au calme de la digestion.

“Toujours avoir un tour d’avance, ma chère. Maintenir l’ordre dans cette prison n’est pas notre boulot. Nous n’avons rien à endiguer, mais, une enquête à réaliser. Buchenwald doit être sur les lieux pour endiguer ce problème. Nous écraserons la gueule de ce médecin répugnant en temps voulu. La vengeance est un plat qui se dévore frais. Hihi !”

Elle finit par s'asseoir comme sur une throne les jambes croisées, ses serpents la surélèvent telle une souveraine. Son regard hautain scrute l’attitude minable que Pandore inflige à son propre corps. Observer un tel manque de confiance rend hideux sa propre apparence. Il n’y a pas l’aura sublimant ses manières et son physique gracieux. Tout n’est que pas d’homme maladroit, mécanique et sans aucune sensibilité, et cela en est affligeant comparer à ce qu’elle est capable de faire avec son propre corps.

“Hum, pauvre petite créature. Cesse de te plaindre. Ce n’est que le maximum que je puisse faire avec les capacités de ton fruit, et cela est loin de me satisfaire. La lourdeur de ta poitrine, l’épaisseur de ta peau malmenée par les combats, la chevelure trop fine et peu cadrée et cette volonté inhérente de tes muscles à vouloir exprimer la totalité de leur force sans retenue, ni maîtrise. Crois-tu que la situation m’est aisée? Si je lâche la bride, je sens la folie qui me guette.”

Les têtes de serpent semblent réagir pour réconforter leur dame. La femme les accueille avec une douceur presque maternelle.

“Mais oui, heureusement que vous êtes là, mes chéries. Moh !”

Son regard devient plus froid lorsque son attention se porte, à nouveau, sur celle qui possède son corps.

“Une marine qui a massacré des milliers de personnes ne parvient pas à se mouvoir sans peine dans une robe bien plus raffinée. N’est-ce pas un comble?”

Elle soupire en s’accoudant avec la nonchalance d’un roi sur les corps de serpents lui servant de trône. Une suffisance dans le regard, la mollesse soudaine de l’Agent Tarentule témoigne des efforts que lui ont demandés cette transformation.

“De toute manière, cherchons à comprendre comment ce pirate de bas-étage a pu élaborer une telle prouesse et s’accaparer un fruit de l'extérieur. Cela semble dans tes cordes, charmeuse de serpents déchue ? Hihi !”

Un simple rire, bien moins euphorique, mais méprisant, Capulidore effectue un geste las digne des plus désinvoltes des souverains, délégant doucement le travail d’un CP, le temps qu’elle observe et juge en silence l’utilité effective de sa partenaire, car elle commence à se dire que inconsciente, Pandore ne sera pas plus utile et, au moins, celle-ci ne pourra pas faire des siennes.

“Tu as mon mini-escargophone pour prévenir un coordinateur de la situation ou obtenir des dossiers en urgence.”