Innocent Island, quel nom bien paradoxale pour une île abritant un pirate anciennement primé à 330 Millions de Berries. Si beaucoup de corsaire devait leur titre à leur puissance brute, ce n’était pas le cas d’Envy. Ce dernier avait compris comment fonctionnait la géopolitique et avait su se hisser de lui même chez les pirates « pardonnés » par le gouvernement. Si beaucoup s’était plié au jeu, conservant leur liberté d’agir hors des clous en échange d’une relative docilité vis à vis des exigences du Gouvernement Mondial, c’était encore difficile pour ce cher Edward Minaro. Malgré sa présence requise à Jaya pour protéger l’Impératrice Sainte Adela, il ne s’était pas présenté. Pourtant, d’autres corsaires fraichement promu telle que Méria alias Greed ou Mountbatten alias Pride avait répondu à l’appel. Cela ne pouvait être une erreur de communication.

Le fait est que son absence engendra un rapport disciplinaire et une mission de collecte d’information par le CP5 pour comprendre les agissements du corsaire. Pour réaliser cette mission, l’adminsitration avait fait appel à Fawkes, elle qui avait une certaine expérience avec les Minaro. Etait il comme son frère ? Plus gentleman ou plus calculateur ? Beaucoup de question auquelle la demoiselle n’avait aucune réponse à apporter pour le moment. Obtenir des réponses, faire des remontrances, rappeler les termes du contrat qui lie le capitaine de l’Ouroboros au gouvernement mondial. Sa mission devait se passer sans heurt, pourtant peu de monde enviait sa situation. Même si à l’heure actuelle, Edward était le plus faible des corsaires d’un point de vue puissance brute, il n’en demeurait pas moins un pirate digne du titre. Elle se retrouvait donc dans la tanière d’une personne bien plus forte qu’elle à devoir jouer les ambassadrices du gouvernement.

Cette mission lui plaisait beaucoup, elle qui aimait le pouvoir et qui aimait la liberté, c’était un doux plaisir à ses oreilles que de devoir rappeler à d’autres personnes les termes qui le lient à leur contrat. La liberté sans condition n’existe pas au gouvernement mondial, et l’agent était bien placée pour le savoir. A bord d’un navire de la marine réquisitionnée pour l’occasion, la jeune femme se tenait fièrement sur le pont affichant un sourire plein de bienveillance. La jeune femme irradiait de son aura d’innocence, et même les marines, pourtant méfiant vis à vis des agents du CP semblait bien l’appréciait. C’était son fort, elle passait partout. Qui plus est, elle savait se rendre utile en prodiguant des soins auprès des marines blessés ou malades. A la différence d’autres agents du Cipher Pol telle que Tarentule ou Alcea, Fawkes savait se faire appréciée et utiliser tout cela à son avantage. Quand on agit de façon condescendante ou méprisante à l’égard des autres, cela les rend distant et méfiant. Pour obtenir ce qu’elle voulait, cela ne lui coutait pas grand-chose d’être appréciable. Le capitaine du bateau, le commodore Blake vint annoncer.

Blake - « On est arrivée, Innocent Island, l’antre d’Envy. »

Fawkes - « Parfait Commodore, je vous remercie encore pour le transport et m’excuse pour le dérangement. »

Blake - « Ce n’est pas de votre faute, ne vous en faites pas. On va prévenir par escargophone de notre arrivée et ... »

Fawkes - « Ce ne sera pas la peine Commodore, je souhaiterais débarquer dans les plus brefs délais, puis-je vous emprunter une chaloupe ? »

Blake - « Vous êtes sûre de vous ? Nous n’avons aucune idée des intentions de ce corsaire. S’il ne répond plus aux ordres du gouvernement, il y a des chances pour qu’il prenne mal votre arrivée sur l’île sans le prévenir. »

Fawkes - « Ce n’est qu’une visite de courtoisie, rien de plus. Je ne suis pas une agent du Cipher Pol 9. Et d’après mes informations, il maitriserait le haki de l’observation. Je pense qu’il saura deviner très vite mes intentions sans même que je n’ai à ouvrir la bouche. Ne vous en faites pas, je ne suis là qu’à but d’enquête.»

Blake - « Entendu, nous vous fournirons deux marines pour ramer jusqu’à la terre ferme. Faites attention à vous, je n’ai aucune confiance dans ses pirates. »

La demoiselle afficha un sourire franc et s’inclina pour remercier son interlocuteur. De la manipulation bien évidemment. En réalité, la médecin ne souhaitait juste pas mêler la marine aux négociations. Le secret est la seule chose au monde où, plus il y a de gardien, moins il est gardé. On lui avait assigné deux hommes pour ramer à sa place, tant mieux, mais elle s’assurera que leur rôle se cantonne à cela. En effet, une fois arrivée sur la terre ferme, la jeune femme pria les deux hommes de surveiller la barque, promettant qu’elle n’en aurait pas pour longtemps.

L’homme qu’elle espérait voir n’était pas bien loin, une centaine de mètre tout au plus et semblait l’attendre de pied ferme. Comme elle se doutait, l’arrivée d’un navire de la marine au large de son île n’était pas passé inaperçu. Avançant dans sa tenue alabastienne très orientale, la jeune femme s’approcha de la raison de sa venue sur cette île : Edward Minaro. Nul doute qu’il devait être étonné de ne voir qu’une seule personne débarquer sur son île suite à cela. S’approchant de ce dernier sans geste brusque, la demoiselle le gratifia d’une révérence des plus formelles tout en se présentant.

Fawkes - « Bonjour Edward Minaro, ou préférez vous que je vous nomme Envy ? Je suis l’Agent Fawkes du CP5. Je souhaiterais m’entretenir avec vous concernant vos agissements récents en vertue de votre statut de grand corsaire. Avez vous quelques minutes à m’accordez je vous prie ? »

Le ton était cordial, il n’y avait pas de raison de ne pas l’être. L’homme savait ce qu’il risquait s’il s’en prenait à un agent du CP et le jeu n’en valait clairement pas la chandelle pour lui. S’il utilisait son haki de l’observation pour la jauger, il sentirait qu’il n’y a aucune trace d’animosité particulière à son égard, qu’il y a énormément de curiosité et une envie de trouver un terrain d’entente pour continuer la collaboration entre le corsaire et le gouvernement mondial. Toujours entourée de son aura d'innocence, la demoiselle paraissait bien pure pour quelqu'un se présentant comme étant du Gouvernement Mondial.

L’agent Fawkes écoutait les explications de son hôte avec un grand sourire innocent. Son explication quant à son enfant n’importait pas la jeune agent du Cipher Pol. Ainsi, l’homme avait choisi de la jauger. Ou peut être espérait il s’en sortir en montrant qu’il avait réalisé une partie de ce que le gouvernement lui avait confié de faire. A l’image de l’enfant qui réclame au moins un point sur sa copie parce qu’il a fait l’effort d’écrire son nom et prénom sur sa copie, Edward jouait à un jeu dangereux. Mais ce petit procédé de manipulation amusait davantage l’agent Fawkes qu’autre chose.

Cela soulignait déjà un bon point pour elle, c’est qu’il n’avait pas décidé de changer d’allégeance. Ensuite, le fait qu’il tente de se dédouaner de la sorte prouve qu’il a conscience de sa faute et qu’il essaie de trouver une raison valable pour ne pas subir une « punition » de la part du Gouvernement Mondial. Ainsi, il avait donc encore besoin de ses privilèges de grand corsaire, encore un point qui pourrait aider à appuyer la démonstration de la jeune femme. Elle n’était pas là pour faire un procès d’intention à l’ancien pirate, elle avait juste besoin de comprendre davantage la façon de penser de son interlocuteur.

A la fin de son explication, la demoiselle se prit d’un rire très distinguée et charmeur. Ses yeux verts venaient à se planter dans ceux d’Envy. Elle avait visiblement l’air de prendre beaucoup de plaisir à négocier avec un tel individu. Reprenant son sourire des plus amicale, l’agent du Cipher Pol commença son explication.

Fawkes - «  Comme c’est agréable Monsieur Minaro de commencer notre entretien avec légereté. Votre petite blague est fortement appréciée soyez en certain. »

Déposant son calepin sur le bureau du corsaire, la médecin sortit de sa tunique un stylo et appuya sur l’arrière de ce dernier pour faire sortir la mine. Cela pouvait lui donner un air autoritaire, comme un inspecteur des impôts à la recherche de la moindre faille, mais en réalité, son aura tellement innocente contrebalancer. Tapotant l’arrière du crayon contre sa joue, la native d’Alabasta fini par expliquer à son interlocuteur.

Fawkes - «  Je ne suis pas venue ici pour en savoir plus sur l’avancée de votre expansion. Le Gouvernement vous a donné un délais pour cela et vous êtes encore dans les temps. Nous n’avons aucun reproche à vous faire notamment quant à cette jeune femme dont vous semblez si bien vous occuper. Si vous voulez tout savoir, voici la raison de ma venue sur votre île. »

Sortant de son calepin une fiche, elle tendit cette dernière à Envy pour qu’il en prenne connaissance. Il s’agissait de la copie exacte de la lettre qu’il avait reçu l’invitant à rejoindre les autres corsaires pour la défense de Sainte Adela. Bien entendu, cette lettre lui était parvenue, le Gouvernement s’en était personnellement assurée. Lui laissant quelques secondes, la demoiselle du CP5 fini par ajouter d’une voix toujours aussi accueillante, comme une avocate à la recherche de la version des faits de son client.

Fawkes - « Voyez vous, le gouvernement est embêté que vous n’ayez pas répondu à l’appel. Nous avons actuellement trois nouveaux corsaires et nous avions hâte de jauger leur loyauté à notre cause. Greed, venue pourtant de Boréa a fait le déplacement pour honorer sa parole. Pride était présent lui aussi. En fait, il ne manquait qu’un seul corsaire. Je pense que vous êtes un homme intelligent Monsieur Minaro, je suis sûre que vous voyez où est ce que je veux en venir. »

Croisant les jambes et faisant tourner son stylo entre ses doigts. Pour Edward, la situation pouvait être très déconcertante entre l’importance de la discussion et le côté apaisant de Fawkes. La jeune femme avait toutes les raisons de croire que tout cela n’était qu’un malentendu et que l’homme saurait se racheter plus tard. Mais pour l’instant, elle voulait en avoir le coeur net. Elle voulait savoir vraiment ce qu’il y avait dans la tête de ce grand corsaire là. Marquant une petite pause pour lui laisser le temps d’assimiler les questions, la jeune femme pris son sourire des plus charmants avant d’ajouter.

Fawkes - « Je suis donc ici pour voir avec vous, pour comprendre, comment en sommes nous arrivé là Monsieur Minaro. Quelles sont les raisons qui ont justifié votre absence au côté de sa sainteté l’Impératrice Adela ? Je ne pense pas que cela soit la peur d’affronter des ennemis puissants, par conséquent j’aimerais savoir ce qui vous a retenu. »

Cette question pouvait sembler anodine mais en réalité, de cette réponse allait dépendre l’entièreté du reste de la conversation. Allait il nier son erreur ? L’assumer ? Botter en touche ? C’était un jeu d’esprit qui plaisait énormément à l’Agent Fawkes. En réalité, sous ce sourire des plus charmeurs se cachait une curiosité incroyable. C’est ce qu’Edward pourrait ressentir à l’heure actuelle avec son haki de l’observation. Elle le jaugeait, et c’était assez évident. Maintenant, tout allait dépendre de la réaction de ce dernier.

La jeune femme analysait tout chez son interlocuteur. Loin d’avoir le haki de l’observation, elle n’en demeurait pas moins une experte dans l’analyse non verbale et l’analyse de sa phraséologie. Pour le coup, volontairement ou non, il se présentait en victime dans cette histoire. Il était clairement en tord, et visiblement il le savait en trouvant un prétexte fantasque pour justifier son absence. Cette histoire ne lui semblait pas être une raison suffisante aux yeux de l’agent Fawkes. D’ailleurs cette dernière ne savait pas trop où le corsaire voulait en venir.

Un clone d’un puissant pirate qui aurait été mis entre les mains d’Edward par le gouvernement mondial ? Connaissant ce dernier il n’y avait que deux scénarii possibles. Soit le Gorosei attendait de voir ce que l’homme comptait en faire pour essayer de mieux le cerner, soit le prototype n’était pas encore au point et il voulait lui faire gagner de l’expérience. La jeune femme opta pour le deuxième cas, et tout en écoutant les paroles du pirate, la jeune femme prenait des notes sur son calepin. Chacune de ses phrases semblaient être préparer de sorte à justifier son impuissance à venir prêter main forte. C’était quelque chose qui exaspérait un peu Isis, elle qui était habituée à composer avec les contraintes que le gouvernement mondial lui imposait.

Cependant, son visage ne demeurait pas moins souriant, du début à la fin de l’explication d’Edward comme si elle était satisfaite des explications de ce dernier, tout du moins en apparence. Regardant l’androide qui était présente non loin de là, la jeune femme posa ses coudes sur la table et joignait ses doigts devant elle, lâchant le stylo qu’elle avait jusque là entre ses doigts. Cet homme avait émit une première explication qui ne lui convenait pas, ainsi elle ne put s’empêcher de rebondir dessus. Toujours aussi affable et souriante, elle continua.

Fawkes - « Ce ne sera pas nécessaire, je vous crois sur parole que cette arme est dangereuse. Je comprends vos inquiétudes vis à vis de cette jeune « fille » que nous vous avons confié et je ne doute absolument pas du soin que vous apportez à votre mission. Cependant, je dois avouer que c’est un peu léger pour tout justifier. Lorsque nous vous avons confié ce projet là, nous attendions de vous à ce que vous soyez apte à jongler entre votre mission et vos obligations de corsaire. Dois-je marquer sur mon rapport que la mission qui vous a été confiée est trop difficile pour vous ? »

Les mots étaient dits et ils pouvaient paraître violent venant de quelqu’un d’autre, mais pas venant de l’agent Fawkes. On pouvait sentir comme de la compassion, un côté presque maternelle à consoler un enfant n’arrivant pas à réaliser une tâche toute simple. A vrai dire, l’échec d’Edward demeurait dans la tête d’Isis. Elle se fichait éperdument de ses excuses, ce qu’elle souhaitait était simple : une preuve de sa loyauté envers le gouvernement et surtout un engagement de sa part. Dès lors, la jeune femme se décida à devenir un peu plus incisive qu’elle ne l’avait été jusqu’à maintenant. Se levant, la demoiselle contourna lentement le bureau pour s’asseoir dessus, de sorte à être au plus près d’Envy comme si elle souhaitait avoir une discussion plus intime avec le corsaire. Elle ajouta d’une voix calme et apaisée, toujours affichant son grand sourire.

Fawkes - « Vous savez, je crois que vous ne me dites pas toute la vérité. Ni moi, ni le gouvernement ne pensont qu’un pirate arrête sa carrière pour nous rejoindre dans le seul but d’obtenir l’absolution de ses crimes. Vous avez un intérêt à nous rejoindre, tout comme nous avons un intérêt à ce que vous nous rejoignez. Habituellement, nous avons trois profils bien spécifique pour choisir nos corsaires. Certains, comme Greed, sont des personnes faits pour le champs de bataille et nous offre un avantage offensif. D’autres, comme Pride, sont des personnes disposant d’un talent qui peut nous être profitable. Et puis il y a vous Envy, qui avait été recruté pour votre profil de pirate raisonnable et intelligent. »

La demoiselle prit un instant pour laisser intégrer les informations à son interlocuteur, se saisissant d’une pomme amenée par un des membres d’équipage de l’ouroboros. Le but de cette comparaison était de faire comprendre à l’homme qu’il se mettait tout seul en difficulté et se démarquait en mal par rapport aux autres qui avaient prouvés leur utilité au gouvernement. Coupant la pomme en deux avec un shigan bien placé, la jeune femme reprit son explication.

Fawkes - « Si vous avez eu un traitement de faveur par rapport aux autres en ayant en exclusivité une arme du gouvernement sur votre île, c’est parce que nous vous estimons apte à remplir vos missions. Du coup, ma question va se décomposer en deux parties bien distinctes. » Croquant dans la pomme pour laisser planer un peu de mystère, la jeune femme ajouta après avoir avalé le morceau. « Dites moi quel version vous préférez pour mon rapport : Que je dise qu’Envy n’est pas capable d’atteindre les objectifs qui lui sont fixés ? Que je dise que la mission d’entraînement de la jeune Apache est un frein à la réalisation de vos autres missions ? Ou que je suggère tout simplement au gouvernement de vous retirez cette dernière pour pouvoir mener à bien vos missions ? »

Le ton de la menace aurait pu être plus adéquat pour cette dernière phrase, mais elle continua d’énoncer les faits de façon très mielleuse. A un point que l’homme face à elle ne pouvait pas vraiment savoir sur quel pied danser avec cette dernière. C’était quelque peu destabilisant de voir un visage d’ange être à ce point incisif sur lui. Cependant, avant que la situation ne devienne tendue, l’agent du CP5 fini par ajouter pour détendre l’atmosphère.

Fawkes - « Sinon, pour répondre à mon autre question … J’aimerais savoir quelle est réellement la cause de votre immobilisme à Jaya. Sa sainteté a réclamé votre présence, et le fait est que vous n’y êtes pas. Et je vous en prie Monsieur Minaro, faites nous gagner du temps à tous les deux. Essayez la vérité, je commence à être lassée. »

Les derniers mots de la demoiselle ne semblait plus si mielleux que cela, il y avait une véritable lassitude dans ce jeu là. Elle avait encore quelques cartes dans la manche pour pousser le corsaire dans ses derniers retranchements, mais elle espérait pouvoir aboutir à une relation de confiance avec le capitaine corsaire sans avoir à lui montrer qu’elle pouvait lui pourrir la vie avec son rapport. L’allégeance du capitaine corsaire semblait bien faible à ses yeux, il semblait concocter quelque chose. Et cela ne lui plaisait pas. Dira t’il la vérité ou bien s’entêtera t’il dans un mensonge ? Dans tous les cas, il allait devoir se montrer convainquant.

Le corsaire se montrait enfin sous son vrai jour. Un homme qui a ses propres ambitions, son propre orgueil et surtout qui était prêt à se débarasser de ses alliés si cela pouvait lui obtenir un quelconque avantage. L’agent du Cipher Pol aimait beaucoup ce genre d’attitude. Cependant, cet homme avait osé la menacer, quand bien même elle aurait franchi les limites de sa patience, son statut lui permettait de pouvoir continuer de le narguer si l’envie lui prenait. Une chance pour lui que Fawkes n’était pas du genre à être susceptible pour si peu, au contraire, elle s’en amusait. Tout le temps de sa menace, elle l’avait fixé sans émettre la moindre particule de peur, et même mieux, il y avait une certaine défiance.

Envy avait beau faire l’orgueilleux, il n’en était pas moins très attaché à son rôle de grand corsaire et c’était là dessus que le gouvernement voulait jouer. Bien trop polie et bienséante pour se montrer en colère dans cette situation, la médecin fit mine de réfléchir. Comme il avait commencé son discours par une menace, il était temps de remettre les points sur les i. Se levant et mettant ses mains et son calepin au niveau de ses lombaires, la demoiselle prit un ton beaucoup plus professoral tout en passant son regard sur l’usine du corsaire.

Fawkes - « Envy, envy,envy … voyons, pas de menace entre nous. Je ne suis qu’un outil parmi tant d’autres du gouvernement mondial. Et si moi je suis disposé à vous laisser votre statut de corsaire, me tuer ne fera que vous compromettre. Tout cela pour avoir voulu me faire taire pour une blessure à votre orgueil ? Cela en vaut il vraiment le coup ? A croire que c’est vous que l’on aurait dû appeler Pride. »

Cette remarque l’amusa et l’impertinente commençait à comprendre ce que l’agent Tarentule ressentait quand elle torturait mentalement ses proies. Il y avait une sorte de satisfaction à exercer son pouvoir qui n’était pas pour déplaire à la jeune native d’Alabasta. Se retournant tranquillement pour voir l’expression faciale du corsaire, Isis ne pouvait que louer le côté impassible d’Edward. Alaaric était beaucoup plus expressif mais également plus enclin à tourner autour du pot que son ainé. C’était plutôt drôle de voir à quel point ils se tournaient autour comme le Yin et le Yang. L’un était un méchant au service des gentils, l’autre était un gentil traquant les méchants. Les Minaro sont vraiment une famille incroyable, se prit à penser l’agent Fawkes.

Sortant de sa tunique un dossier à son tour, la jeune femme le déposa sur le bureau d’Edward. Dans un premier temps, elle ne dit rien et se mit juste à fureté du regard les informations fournis par le corsaire sur sa coéquipière. C’était bien renseignée, peut être même trop. Mais il avait cité des membres bien placés d’Armada. La forteresse flottante était une cible qui faisait saliver une bonne partie du Cipher Pol, peut être qu’ajouter des informations à leur recherche serait bien vu. Habilement, Envy venait de sauver sa tête du billot en prenant cette initiative. Affichant un sourire satisfait, la jeune femme reporta son attention sur son interlocuteur.

Fawkes - « Et bien, quelle générosité Monsieur Minaro. C’est effectivement de ce genre d’information dont nous avons besoin. Il se peut donc que nous passions l’éponge sur votre manquement à vos obligations pour cette fois. Vous m’avez l’air bien sympathique, donc je ne vais pas mentionner dans mon rapport que vous déteniez des informations sur Armada sans nous les avoir communiqué au préalable.  Je pense que nous pouvons passer directement à la résolution du problème et surtout à quelques petits rappels élémentaires.»

Rien ne pouvait échapper au radar de l’alabastienne. Le discours d’Edward ne lui inspira pas confiance en terme d’agent du Cipher Pol, mais les informations qu’il transmettait pourrait intéresser des pôles au dessus d’elle. Nulle doute qu’elle serait félicité pour cette mission. Positionnant le dossier remis par Edward sous le sien, la jeune femme sortie de ce dernier deux avis de recherches qu’elle disposa devant le grand corsaire. Nullement besoin pour lui de retenir les visages sur ces avis là, il ne les connaissait que trop bien : Lola et Arès, ces anciens équipiers.

Fawkes - « Vous m’excuserez si je ne vous laisse pas ces avis de recherche là, je n’ai pas pris la peine de les faire imprimer une deuxième fois. Je me suis dis que vous n’en auriez pas besoin pour reconnaître leur visage si vous les revoyez. Ces deux pirates et leurs équipages respectifs sont inscrits en tant qu’ennemi du gouvernement. Et je me dois de vous rappeler, que la présence de l’un de ses deux individus à vos côtés sans aucune intervention de votre part, se soldera par un retrait de votre titre de grand corsaire. Ces deux pirates ont jeté l’opprobre sur vous et sur votre loyauté envers nos leaders. Il sera fortement apprécié que vous soyez à l’origine de leur capture, sachez le. »

Puis, la demoiselle ouvrit un dossier où une feuille tomba « malencontreusement » devant le nez d’Edward. Il y était écrit « Retrait du titre de grand corsaire : Edward Minaro ». Isis attrapa ce papier et le remis dans la pile de papier avant de le mettre devant le visage d’Envy. Il s’agissait d’un papier récapitulant ses devoirs en tant que force allié du gouvernement. Tout en bas de ce dernier, une phrase en caractère gras stipulait : Par la présente, le Corsaire Envy déclare avoir compris la faute dont il est accusé et s’engage par la présente à honorer l’ENTIERETE de ses devoirs envers le Gouvernement Mondial. Sortant un deuxième exemplaire et tendant son stylo pour l’occasion, l’agent du gouvernement mondial ajouta d’une voix très protocolaire mais bienveillante.

Fawkes - « Je vais vous demander de signer ce document sur chacun des exemplaires. Il s’agit là d’un avertissement du gouvernement mondial qui n’aura aucune conséquence directe sur vous. C’est juste la preuve que vous avez été notifié de ce qui vous est reproché par mes supérieurs, et que vous vous engager à ce que cette situation ne se répète plus. Vous conservez votre titre de grand corsaire, vous aurez encore l’appuie du gouvernement mondial et nous vous laisserons vaquer à vos occupations. Si vous avez des questions, je serais ravie d’y répondre. »

Très professionnelle Fawkes joignit les mains devant elle et attendit patiemment la réaction de son interlocuteur.

La jeune médecin ne perdit pas son sourire malgré les menaces qu’elle venait de subir. Elle se savait intouchable pour le moment mais elle ne tenterait pas sa chance de nouveau, elle avait réussi à obtenir une réaction d’orgueil de la part de l’homme aux yeux rouges. Parfait, c’était le but recherché. Un homme blessé dans son orgueil pouvait avoir des réactions parfois surprenantes. En tout cas, son amour de son titre de corsaire était toujours présent, s’il s’en fichait, il aurait attaqué la demoiselle depuis longtemps. Au contraire même, il avait signé les documents sans même se préoccuper du contenu, se doutant bien qu’elle pouvait le contraindre à signer quasiment n’importe quoi dans sa situation. A dire vrai, ce genre de document était uniquement destiné à flatter l’ego des bureaucrates, Isis quant à elle ne considérait que les actes et non les paroles et promesses.

Souriant à la vue des deux pirates venus l’escorter jusqu’à son bateau, la jeune femme ne bougea pas d’un poil au départ, comme pour leur rappeler que c’est elle qui mène la danse et pas l’inverse. Elle n’en avait pas fini avec le grand corsaire, mais maintenant qu’elle avait obtenu ce qu’elle voulait, l’agent du Cipher Pol n’avait plus aucune raison de l’enfoncer davantage.  Bien au contraire, son rôle de tyran était désormais derrière elle. Elle pouvait reprendre une expression bien plus douce et une voix bienveillante.  Avant de partir, Fawkes ajouta à l’intention de l’arnaqueur sans avoir l’intention de rebondir sur sa remarque déplaisante.

Fawkes - « Une dernière chose avant que je ne partes, Monsieur Minaro. Je ne me fais aucune illusion dans mes capacités de combat, un combat contre vous ou Apache ne sera jamais en ma faveur. Vous n’êtes pas le plus fort des corsaires certes, mais ça ne fait pas de vous un incapable pour autant. Si le gouvernement a pensé à vous et non aux plus puissants des corsaires pour l’entrainement de l’enfant, c’est que nous croyons en vous. »

Elle marqua une courte pause avant de se retourner, prête à partir avant finalement d’ajouter par dessus son épaule une phrase qui aurait son petit effet sur la psychée du corsaire. Ce n’était pas du tout dit dans le but de lui faire du mal ou de l’enorgueillir, mais juste de lui rappeler que ce n’était pas sans raison.

Fawkes - « Je me suis portée volontaire pour cette mission car vous m’intriguez. J’ai lu votre dossier en long en large et en travers. Devenir un commandant du Malvoulant puis devenir corsaire, j’avais du mal à saisir votre leitmotiv. Et notre rencontre d’aujourd’hui n’a fait que confirmer mes soupçons. Vous êtes un survivant Edward Minaro, et vous faites votre maximum pour survivre. Je respecte cela, mais sans vouloir en rajouter une couche, je pense que vous gâchez votre talent sur cette île. Vous êtes capable de bien plus, pour le gouvernement et pour vous même. »

Elle se mordit la lèvre, elle voulait ajouter qu’il aurait très bien suivre les traces de son frère Alaaric en ayant une carrière brillante au sein du gouvernement mondial mais elle se ravisa. Après tout peut être que leur lien était un sujet sensible et elle estimait avoir fait assez d’attaque psychologique pour aujourd’hui. C’était un véritable conseil sincère qu’elle venait de lui faire et non un discours pro-Gouvernement Mondial. Tirant sa révérence, la demoiselle se fit raccompagner à sa barque par les deux sbires d’Envy. Avec le sentiment du devoir accomplie, la jeune femme se prit à penser que cette dernière mission se déroulait sans échec.

Arrivant devant la barque, cette dernière remarqua un corps sans vie à côté de la barque alors que les deux marines manquaient à l’appel. C’était bizarre. Sur ses gardes, la jeune femme sentit l’air se fendre et les deux pirates d’Edward furent mis inconscient par un homme bien rapide. Ce dernier se précipita ensuite sur la jeune femme l’épée en main. La jeune femme eut tout juste le temps de contracter l’ensemble de ses muscles en un Tekkai des plus solides. La lame heurta son ventre et l’assassin recula de quelques pas. Il s’agissait de l’un des deux marines. Qu’est ce que ça pouvait bien vouloir signifier. Prenant le temps d’analyser, la jeune femme comprit alors à qui elle avait vraiment à faire.

Fawkes - « Je vois, tu es un infiltré de la révolution n’est ce pas ? Il est vrai que me tuer ici ferait rentrer le Gouvernement en guerre contre l’un de ses propres corsaires. C’est ingénieux. »

Marine - « Oui, et pour mener ça à bien tu vas devoir mourir ! »

Fawkes - « C’est embêtant, je n’avais pas prévu ça aujourd’hui… Tu oserais faire du mal à une demoiselle sans défense ? »

Usant de son aura d’innocence, la jeune femme fût surprise de voir la volonté de cet homme qui était bien décidé à lui ôter la vie. Sans son masque, elle n’aimait pas se battre de la sorte. Cherchant une faille dans la technique de son adversaire, la demoiselle se contenter de reculer, un soru après l’autre pour s’éloigner le plus possible de son adversaire. Mais ce dernier la suivait au pas. Reculant jusqu’à arrivée devant l’entrée de l’usine, la jeune femme aperçu la silhouette d’Envy devant sa porte. Qu’allait il faire ? S’interposer pour prouver sa loyauté, ou laisser la jeune femme payer son arrogance en la regardant se battre sans bouger ? C’était difficile d’imaginer ce qu’il pouvait y avoir dans la tête du grand corsaire à ce moment là. Le fait est que le corsaire devait prendre une décision.