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Il ne faut pas faire le boudin avant d’avoir tué le cochon

Enseigne, vérifiez notre vitesse s’il vous plait.
Nous avançons toujours à 6 nœuds, Commodore.
Bien. Comment est la météo ?
Parfaite. Mais sur Grandline, il est difficile d’avoir des certitudes à ce niveau-là…
Alors croisons les doigts…

La dernière fois que nous nous sommes mis en route vers l’élusive Île du Levain, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Nous nous y étions dirigés à la poursuite de mon frère et de son équipage des Ailes Noires, traître de la marine et ex-commandant de flotte du Malvoulant… Nous n’étions jamais arrivés jusqu’à l’île, bloqués par une puissante tempête comme seule la route de tous les périls sait en faire… Ce qui nous avait complètement empêché de l’atteindre, puisqu’il était impossible de la contourner. Car la méthode de navigation pour accoster à l’île du Levain n’est clairement pas traditionnelle : il faut maintenir une vitesse constante de 6 nœuds et garder le cap sur le soleil levant en partant depuis Nanohana. D’après les locaux de la ville portuaire Alabastaise, nombreux sont ceux qui n’y parviennent pas, parce qu’ils dévient de quelques degrés, notamment à cause des aléas météorologiques ou d’erreurs de navigation, et doivent effectuer une nouvelle tentative le lendemain…

Mais je ne compte pas avoir à m’y reprendre plusieurs fois. Il faut que nous atteignons l’île du premier coup, car le temps joue contre nous… En effet ma supérieure, la Vice-Amirale Harnam, nous a chargée, mon équipage et moi, d’enquêter sur la disparition inquiétante d’un de mes homologues, le Commodore Epinondas Miltiades. Il pourchasse un équipage de pirates depuis l’entrée de Grandline, et qui se serait dirigé vers l’île du Levain. L’île n’est peut-être pas un repaire de flibustiers et de criminels aussi réputée que Dead End, mais elle a l’avantage d’être mieux cachée et sauvage, et peut donc constituer la parfaite cachette pour des fuyards qui seraient traqués par un officier particulièrement obstiné.

Ses supérieurs ont bien eu confirmation que le Commodore Miltiades a accosté, et qu’il n’a pas disparu en mer à la suite d’une trombe fulgurante… Ce qui lui aurait peut-être valu d’éviter leurs foudres : ils ne semblent guère apprécier le fait qu’il soit parti à la poursuite des pirates en quittant la position à laquelle il était attribué, en ce qui constitue un excès de zèle qui n’est pas surprenant au vu de ce qui se dit sur son caractère… Toujours est-il que depuis que ses hommes et lui sont arrivés, il y a quelques jours… C’est le silence total, et il est impossible de joindre quiconque de son équipage par escargophone. Le plus étonnant, c’est que le Commodore Miltiades est le détenteur d’un fruit du démon de type logia, et ne devrait donc pas être inquiété par grand-chose, vu que les utilisateurs du Haki de l’Armement sont relativement rares… Surtout au tout début de Grandline. C’est sans doute pour ça que j’ai été choisi pour éclaircir cette histoire et lui prêter main forte s’il a des ennuis, outre le fait que mes hommes et moi stationnons dans les alentours d’Alabasta pour épauler la jeune Colonelle que j’ai contribué à installer à Nanohana. Et puis si la situation a tourné au vinaigre, ils seront heureux que ce soit moi qui m’en charge…

Terre en vue !

L’alerte du soldat qui se trouve à la vigie me happe hors de mes pensées et me ramène à l’instant présent, alors que tous mes hommes commencent à se mettre en position. Je sors de ma cabine et viens me rapprocher du bastingage contre lequel est appuyée ma seconde, la Commandant Moriarty.

C’est bien l’île du Levain, Commodore. Elle commence en ajustant la longue vue dans laquelle elle est en train de regarder. On reconnaît la baie en deux parties dont la Colonelle Bashir nous a parlé.
Faites voir ?

Alors qu’elle me passe sa lunette, mon œil ouvert se pose effectivement sur cette montagne traversée d’une immense fissure, véritable diptyque de la nature, et qui constitue la baie principale de l’île.

Que faisons-nous, Commodore… On se prépare à débarquer ?
Affirmatif, Enseigne. Maintenez le cap. Nous allons amarrer le navire dans la rade Twin Bay et allons passer la zone au peigne fin.

Nous continuons de nous rapprocher de l’île, et ses détails nous apparaissent désormais de plus en plus clairement. On commence donc à observer les divers cordages et plateformes qui parsèment les deux à-pics rocheux qui se dressent au-dessus de l’eau. Au centre, dans la gorge qui s’enfonce vers le cœur de l’île, des lueurs de torche fluctuent dans les ténèbres, comme des lucioles dans la nuit noire. C’est une île bien mystérieuse, autour de laquelle gravitent des pirates qui sont plus des aventuriers avides de trésors que des criminels endurcis. Pourtant, il ne faut pas se méprendre : l’île est sauvage et n’est pas sous l’égide et l’autorité du gouvernement mondial. D’après nos informations, elle y serait maintenue par des milices appartenant à deux familles rivales qui se disputent l’île, chacune retranchée sur sa moitié de la baie. Une guerre des territoires intestine et séculaire, dont la raison s’est probablement perdue au final des générations… Mais qui crée un semblant d’équilibre dans le chaos omniprésent. Toujours est-il que les hommes du Commodore Miltiades et les miens sont à priori les seules forces de la marine présentes sur l’île.

Alors quand au travers ma longue vue je commence à apercevoir les voiles blanches estampillées de l’emblème de la mouette, je sais qu’il ne peut s’agir que du navire de l’homme que nous sommes venus chercher.

Soldats, préparez-vous à accoster !


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:03, édité 2 fois
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Nous avons fouillé le navire à fond de cale, Commodore : il est désert.
Hmmmm… Je porte une main à mon menton puis reprends : Ils ont sans doute du pourchasser leur cible plus profondément dans l’île ou dans la jungle. Ce qui est étrange, c’est qu’ils n’aient laissé personne à bord pour garder le navire…

… Et c’est surtout contraire au protocole. Logiquement, quelques hommes auraient dû rester à bord pour assurer la liaison avec le quartier général auquel le Commodore Miltiades est rattaché… Mais également pour simplement surveiller le navire. Car à laisser un des magnifiques bâtiments dont nous avons la charge sans surveillance dans des ports remplis de forbans comme celui de Twin Bay, il y a fort à parier que les criminels sont venus s’y servir… Et effectivement, mon intuition a vu juste : le bateau a déjà commencé à se faire piller. Plusieurs planches ont été arrachées ça et là, le mobilier de la cabine du capitaine a disparu, et bien évidemment, les vivres et l’alcool se sont volatilisés. C’est comme si le navire avait été grignoté petit-à-petit par des nuisibles.

Et en parlant de nuisibles…

Héhé… Bonjour messieurs… Il marque une pause en apercevant la Commandant Moriarty et la Sergent d'élite Zaitsev du coin de l'œil. Et bonjour mesdames…

Il s’approche de la soldat d’élite aux cheveux argentés avec sa clope au bec, et essaie de lui attraper la main, baissant la tête et tendant ses lèvres pour la baiser. Zaitsev dégage son bras d’un revers du dos de la main.

(눈_눈)

Un sourire narquois se dessine sur le visage de l’homme, comme s’il s’amusait de la situation. J’ignore son comportement déplacé et ses manières de rustre qui semblent complètement concorder avec son apparence.

Bonjour. Je suis le Commodore Raines, de la 2ème division. Et vous êtes… ?

Mon regard s’attarde un peu plus sur l’homme qui jette sa cigarette à peine entamée au sol et l’écrase du talon de sa botte. Quelques instants plus tard, il en allume une nouvelle, qu’il coince dans le coin de ses lèvres. Son visage est buriné, sa peau est marquée et son corps présente de nombreux tatouages, et que je devine faits dans des conditions d’hygiène douteuse. Ses cheveux sont d’un blond semblable à celui de la paille, comme s’ils avaient été délavés par le sel, le soleil et le tabac. Impossible de s’y tromper : cet homme est un marin, un vrai de vrai, de ceux qui passent leur vie en mer à gagner un misérable pécule qu’ils dépensent une fois à terre en femmes et en alcool. Typiquement le genre d’individu qu’on trouve dans les ports comme celui de l’île du Levain. Il envoie le club de golf qu’il tient dans sa main gauche au-dessus de son épaule.

Eh… Un deuxième Commodore dans la s’maine ? Le gouvernement est en dèche de thunes et vous envoie à la chasse au trésor ?

Mes yeux se froncent en entendant ces mots. Il sait que Miltiades est dans le coin. Parfait, voilà qui va me faire gagner du temps. J’insiste en répétant ma question.

Et vous êtes ?
Kass Thet.

Comme le nom me dit vaguement quelque chose, lance un regard du coin de l'œil vers Zaitsev et hoche la tête d’une manière presque imperceptible. Cette dernière acquiesce en silence, comme à son habitude, puis s'éclipse discrètement.

C’est un nom peu commun.
Eh… Il a l’mérite d’prévenir…

Je hausse le sourcil dans sa direction.

C’est une menace ?
Oh non, j’menace personne, moi… J’suis quelqu’un d’sociable ! Mais surveillez tout de même où vous mettez les pieds, la marine n’est pas très appréciée dans le coin… Ce s’rait bête qu’il vous arrive que’qu’chose ! Les accidents sont si vite arrivés, c’est pour ça qu’mes gars et moi on protège ceux qui passent par ce port… Moyennant pécule, bien entendu.

Il frappe son club de golf dans sa main en prononçant ces mots, et ne récolte de ma part pour seule réaction qu’un regard dédaigneux.

Bien entendu. Ma seconde semble interloquée par ma réponse sarcastique, qui n’est pas dans mes habitudes. Je cherche le Commodore Miltiades et ses hommes, qui sont arrivés il y a quelques jours à bord de ce navire. Je pointe le sol du doigt. Ils ont eu un de ces fameux “accidents” ?
Il faudra me rafraîchir la mémoire… Il fait frotter son pouce sur son index pour me faire passer le message. Il souhaite me racketer les informations que je lui demande ? Très bien… Je m’avance vers lui et commence et commence à sortir ma main de la poche de mon veston. Héhé… Vous commencez à capter comment qu’ça marche, par…

J’envoie ma main à toute vitesse sur la sienne et lui attrape les deux doigts qu’il bouge. L’instant d’après, dans le bruit de craquement que fait une brindille lorsqu’on la casse, je les brise d’un coup sec.

Aaaaaaaaaaaaaaah ! Fils de p…

Il tente de me frapper avec son club de golf en m’envoyant un swing en pleine tête. Je bloque en l’interceptant avec mon avant-bras blindé au Haki de l’Armement. D’une rotation du poignet, je fais pivoter ma main et viens saisir son arme. D’un coup sec du poignet, je lui fais lâcher prise, et il recule en titubant, portant sa main valide à celle dont les os sont cassés. Je me saisis alors du manche de son arme à deux mains, et la plie en forme de “U” avant de le jeter par terre.

Maintenant, c’est vous qui “captez comment qu’ça marche”. Je marque une courte pause puis enchaîne, balayant du regard les quelques brutes qui se trouvent derrière lui et semblent hésiter entre prendre leurs jambes à leurs cous ou m’attaquer. C’est clair ?

Kass Thet hoche la tête en reniflant et en se tenant fermement la main.

P’tain… Vous êtes tous les mêmes dans la marine, des putains de psychopathes ! Comme l’autre ensanglanté là !

Les derniers mots qu’il prononce m’interpellent.

Vous parlez du Commodore Miltiades ?
Eurgh…

Il affiche une moue de dégoût et de douleur en continuant à serrer ses doigts dans sa main. Zaitsev, qui revient de notre navire, s’approche de moi en me tendant un papier… Et qui s’avère être un avis de recherche.

( ̄^ ̄)ゞ
Ah, je vois ici que votre tête est mise à prix pour 15.000.000 de berries ?

Son visage se blêmit.

Et bien, c’est que…
Laissez-moi vous expliquer comment les choses se passer. Je prends une brève pause durant laquelle je me rapproche de lui, puis enchaîne sans le laisser parler. Vous allez me dire ce que je veux savoir et m’aider à trouver le Commodore Miltiades et ses hommes, je vais accomplir ma mission, et je vais repartir. Et vous pourrez continuer votre business de racket de la vermine locale et vos petites guerres de territoires. La Colonelle Bashir de la garnison de Nanohana m’a un petit peu briefé sur l’île et sur la querelle séculaire qui règnent entre les deux moitiés de villes qui s’y trouvent : Left Town et Right Town. Et si vous ne coopérez pas… Croyez moi, il vaut mieux que vous coopériez.

Il hoche la tête en silence. Bien. On avance. Bien que l’ancien Raines aurait également fait passer la mission en priorité, il aurait eu du mal à cautionner de laisser partir quelqu’un de recherché comme Thet s’il se montrait coopératif. Peut-être qu’il se serait ravisé, en se disant qu’après tout il s’agit d’une petite prime, et que tout le monde à le droit à une seconde chance… Mais tout ça n’a plus trop d’importance pour le Raines actuel. Kass Thet n’est qu’un détail sans importance dans mon histoire. Que je le capture ou non… Le monde continuera de tourner, alors ce n’est même pas la peine que je m’attarde sur son cas. Mon idéal de justice a toujours été celui d’une justice totale et absolue… Mais ce n’est qu’aujourd’hui que je m’y abandonne totalement. Et rien ni personne ne m’empêchera d’accomplir mes objectifs.


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:04, édité 3 fois
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Cuisiner Kass Thet aura finalement été plus simple que prévu : sa tête est mise à prix pour une somme assez faible, mais la mentionner suffit à le faire paniquer. Elle est le résultat d’une vie de larcins et de petits délits et non pas de l’activité d’un potentiel criminel en puissance… En somme, pas de quoi en faire une cible qui vaille la peine que je détourne mon attention de ma mission… Mais la possibilité de m’en servir pour lui mettre la pression. Après tout, quelle meilleure menace pour quelqu’un qui cherche la tranquillité et le confort du racket et des rapines que de lui faire planer au-dessus de la tête le meitou de Damoclès d’une justice qui pourrait venir le chercher à tout moment ?

Il finit donc par me raconter le déroulé des évènements de ces derniers jours… Des indigènes de l’île sont venus le trouver en lui proposant une coquette somme d’argent pour fermer les yeux sur leurs allées et venues. En tant “qu’individu généreux qui fait dans le social”, il n’a pas posé plus de questions… Et n’il n’en a pas non plus posé lorsqu’ils sont revenus avec un Commodore à leurs trousses. En bon “commerçant”, il a même tenté de racketer ce dernier. Après tout, la marine n’est pas chez elle sur l’île du Levain, alors pourquoi serait-elle exemptée de payer la taxe… Malheureusement pour Thet, le Commodore Miltiades ne s’est pas plus laissé marcher sur les pieds que moi, et il a prestement montré au maître du port pirate que face aux pouvoirs de son logia, toute tentative d’intimidation est vaine. Toujours est-il qu’il avait dû s'écraser face à lui et le laisser s’enfoncer dans la jungle à la recherche de ses proies et emmenant la totalité de ses hommes avec lui. Alors, quand personne ne l’a vu revenir depuis plusieurs jours, il a commencé à se servir sur son navire en guise de rétribution mesquine – ce qui lui ajoute des chefs d’inculpation pour atteinte à des biens gouvernementaux que je manquerai pas de mentionner dans mon rapport.

Au fur et à mesure qu’il me rapporte ses interactions avec le Commodore que je cherche, je me rends compte que ce dernier à l’air d’avoir un caractère bien trempé qui me fait un peu grincer des dents. Son entêtement et son mépris des règles élémentaires est ce qui nécessite que je l’épaule aujourd’hui… Un gaspillage de ressources et de moyens si la situation ne s’avère être qu’un simple manque de communication et un non-respect du protocole. Je finis par le congédier amèrement, en laissant mes hommes finir de prendre scrupuleusement sa déposition. Mon Enseigne s’approche de moi.

Quels sont vos ordres, Commodore ?

Je prends une grande inspiration et me tourne vers l’imposante montagne dont la gorge sépare l’île en deux, et je fais pulser mon Haki de l’Observation. L’onde empathique avale la distance, révélant les auras des êtres vivants qu’elle traverse. Alors que je ferme les yeux, d’innombrables lumières y scintillent, plus ou moins intenses et colorées. Celles qui se trouve à Twin Bay sont relativement insignifiantes, brillant d’une faible lueur à peine teintée de rouge : ce ne sont que des forbans ou des petits criminels. En somme, des auras qui ne peuvent pas être celles d’un Commodore zélé de la marine. Lorsque je me concentre vers les humains que je détecte plus profondément dans la jungle, c’est nettement plus intéressant… Je détecte un groupe d’individus qui se trouve tout au centre de l’île du Levain, et dont les dorikis sont particulièrement élevés… Mais leurs auras sont d’un blanc immaculé et leurs esprits paisibles, synonyme d’une neutralité exemplaire. Ce sont sans doute des ermites…

Je finis rapidement par trouver ce que je cherche. Une fois qu’on a isolé la multitude d’auras faibles de Twin Bay, l’amas puissant du centre de l’île, et tous les animaux de la jungle… Il ne reste plus qu’une poignée d’individus à détecter. Alors forcément, le cumul des auras d’une cinquantaine de soldats dévoués et d’un Commodore à 3600 dorikis, une masse d’énergie à la belle couleur azurée de la dévotion gouvernementale, ne passe pas inaperçu…

Je les ai trouvés. Ils sont quelque part dans la jungle, à plusieurs kilomètres par là.

Je pointe la direction du doigt. Ma seconde me dévisage avec une moue confuse.

Avec tout le respect que je vous dois, Commodore… Vous n’êtes plus vraiment humain depuis que vous êtes revenu de votre mois avec Sloth…

Je hausse les épaules sans lui répondre… Parce qu’il serait malvenu de ma part de lui donner tort. Le Haki de l’Armement est une capacité effroyablement puissante, et donne la puissance d’un surhomme à celui qui le maîtrise… Mais des surhommes, il y en a plein les mers. Fruits du démons aux pouvoirs surnaturels, capacités saugrenues… De la puissance brute reste de la puissance brute, même lorsque l’échelle devient démesurée. Mais le Haki de l’Observation… Les pouvoirs qu’il confère rapprochent son utilisateur d’une omniscience qui fait froid dans le dos. Combien, parmi les puissants de ce monde, sont capables comme moi de discerner sur des distances aussi formidables alliés et ennemis ? Forts et faibles ? Combien sont capables de bien plus encore ? J’en tremble rien que d’y penser. Ou plutôt, je frémis d’impatience à l’idée de me frotter à eux et de les égaler. Je suis happé hors de mes pensées par la Commandant Moriarty, qui ne sait pas trop quoi faire de l’information que je lui ai donnée.

Je vais ordonner à nos hommes de se préparer pour nous mettre en route.
Ce ne sera pas nécessaire. Je l’interromps en levant la main devant elle, sans cesser de regarder dans la direction des auras que j’ai ressenti. Ils semblent se trouver assez profondément dans l’île…  J’ai peur qu’une expédition pour les rejoindre ne prenne plusieurs jours. Je vais les rejoindre par les airs avec mon Rokushiki, ce sera bien plus rapide, et je vous tiendrai au courant de la situation par liaison escargophonique. Et puis… Je tourne la tête vers les quelques badauds et forbans, probablement affiliés à la bande de Kass Thet, qui rodent autour de nos navires. Ils détournent les yeux. ... Je préfère autant que vous soyez particulièrement vigilants pour qu’il n’arrive rien aux bateaux. Affectez Zaitsev et la moitié de nos hommes à bord du navire du Commodore Miltiades, et restez à bord du notre avec le reste des soldats.

Elle hoche la tête, et me salue d’un garde-à-vous avant de prendre congé et d’exécuter rapidement mes ordres. Je renvoie mon regard du côté de l’île où j’ai vraisemblablement senti le Commodore et ses hommes, et effectue une nouvelle pulsation d’Empathie. Ce n’est pas un mensonge de dire à ma lieutenante que je n’ai pas confiance dans les malandrins des environs et ne souhaite pas voir mon bateau désossé en mon absence… Mais ce n’est clairement pas la raison principale. Car les auras que je sonde me préoccupent, lorsque je capte leurs intentions et leurs émotions. Il y a de la colère, mais surtout une quantité non-négligeable d’anxiété et de peur qui ne me dit rien qui vaille. Et surtout, tout autour d’eux, il y a des individus qui leur sont de toute évidence hostiles. Ils sont tombés dans un piège ? C’est la théorie qui semble de plus en plus s’envisager, notamment lorsque je prends en compte ce que m’a raconté Kass Thet. Mais qui voudrait piéger un Commodore de la marine et ses hommes ? Et qui pourrait piéger un détenteur de logia ? Il y a quelque chose de louche dans cette histoire, et qui ne me dit rien qui vaille…

Et quand je sens une des auras qui accompagne celle que je présume être celle du Commodore Miltiades disparaître, je sais que le temps est compté. Je m’élance alors dans les airs sans hésiter, et enchaînant les Geppous et les Sorus, m’enfonce à une vitesse prodigieuse dans le lieu-dit au nom très charmant de la Gorge de l’Homme Mort., bien décidé à rejoindre le plus rapidement possible mes collègues pour les épauler…

Avant qu’il ne soit trop tard.


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:04, édité 1 fois
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J’avale les kilomètres à toute allure en survolant la jungle, ne m’arrêtant au sommet des arbres que quelques instants afin de reprendre mon souffle. Traversant ainsi la Gorge de l’Homme Mort et une zone complètement inondée que je devine être Green Lagoon, j’arrive logiquement à Damn Chest, une portion de l’île parsemée de ruines étranges qui me rappellent celles de l’archipel d’Hungeria et couverte d’une jungle épaisse. Au fur et à mesure que j’avance dans cette nature luxuriante et sauvage, la situation ne m’apparaît pas plus claire… Et surtout, je ne vois pas où pourraient se terrer plus d’une centaine de personnes, au fur et à mesure que je me rapproche des auras que je détecte. Quoique… Je n’en suis plus très loin, et il me semble qu’elles sont… Légèrement en dessous de moi… Ils sont sous le niveau du sol ? J’augmente la cadence de pulsation de mon Haki de l’Observation, en me concentrant sur les insectes et les petits animaux pour déterminer s’il y a un passage qui permet de rejoindre des souterrains… Et je finis par le trouver. Enfoncée dans la jungle et masquée par la végétation, je tombe sur les ruines d’une ancienne pyramide à degrés, dont je ne saurais dater l’ancienneté… Qui sait quand elle a été construite ? Et pour quel usage ? Est-ce le mausolée d’un roi, ou un temple solaire ? Je n’en ai aucune idée. Tant que ça ne devient pas le tombeau d’un Commodore, c’est tout ce qui m’importe… Les auras des marines que je sens s’affaiblissent encore, et trois viennent subitement de disparaître. Pas le temps de réfléchir, ou de me demander si je ne tombe pas moi-même dans un piège… Le temps m’est compté, alors je m’engouffre à toute vitesse dans le dédale de couloirs antiques plongés dans l’obscurité, utilisant mes seuls sens pour m’aiguiller dans les ténèbres…

J’esquive chausses-trappes, pièges à fléchettes empoisonnées, et lames dissimulées dans les murs, parfois avec grâce et agilité et parfois en restant immobile et en utilisant mon Tekkai. Je prends un embranchement en m’enfonçant dans un boyau taillé à même la roche, rejoignant une nouvelle section du temple qui n’était visiblement pas accessible avant qu’une galerie soit creusée pour la relier au reste de la structure. Sur le chemin, je passe quelques corps, qui n’ont que quelques jours. Certains sont ceux de soldats de la marine qui sont tombés dans des pièges ou ont été victimes de leurs assaillants… Et les autres corps sont ceux de ces derniers. Ce sont vraisemblablement les fameux pirates que le Commodore Miltiades et ses hommes pourchassent. Je me penche sur le corps de l’un d’entre eux, pour l’examiner. Sa peau est tannée, marquée par le soleil… Mais pas par le sel. Il ne présente pas de signes d’une vie de marin : il n’a pas de signe de maladie vénérienne, ni de trace de scorbut. Finalement, il n’a de pirate que des accessoires qui font presque cliché : bandana, tricorne, chemise bouffante, pantalon de toile… En revanche, il arbore des tatouages tribaux qui semblent plus anciens, ainsi que divers piercings réalisés à partir d’ossements… Ce qui tend à prouver qu’il s’agit d’un individu indigène à l’île du Levain, et qu’il s’agit également du cas de tous les autres que j’ai retrouvés. Quoiqu’il en soit, ils présentent tous des plaies béantes, comme s’ils avaient été découpés avec une hache aussi imposante que celle que manie la Commodore Grey… Et que leur mort a été sanglante. Car du sang, il y en a beaucoup… Beaucoup trop. Difficile de ne pas faire le lien avec le pouvoir du Commodore Miltiades…

Toujours est-il qu’en suivant les corps et le chemin indiqué de rouge, j’atteins enfin un immense escalier en colimaçon, particulièrement large, et qui semble s’enfoncer dans les profondeurs de la ruine et surplomber une salle immense. Alors que je me penche pour essayer d’observer ce qui se passe en contrebas, étant donné que j’y aperçois quelques lumières et entends du bruit – et plus étrangement, que je sens également comme l’odeur d’un ragoût, je me saisis de mon escargophone et contacte ma subordonnée.

Ici Raines. J’ai retrouvé leur trace dans une sorte de temple, enfoui sous des ruines à Damn Chest. Présence d’individus hostiles fortement présumée mais non confirmée, et la zone est remplie de pièges et… Je m’interromps de parler alors qu’en m’avançant pour mieux évaluer la situation, j’entends le cliquetis significatif de la dalle piégée sur laquelle je viens de poser le pied. Oh merd… Tout l’édifice se met à trembler, et de fins filins de poussière s’échappent des interstices entre les pierres qui constituent les murs… Mais rien ne semble se passer. Je soupire de soulagement. Les pièges qui parsèment ces ruines doivent être aussi anciens qu’elles, alors il n’est pas étonnant de penser que certains ne se déclenchent même plus suite à l’usure du temps… Juste après la dernière secousse, je reste immobile et silencieux quelques secondes de plus pour m’assurer que rien ne va se produire.

Qu’est-ce que c’était que ce bruit, Commodore ? Dois-je vous envoyer des renforts ?
Négatif, Enseigne, il semblerait que je me sois inquiété pour…

BRAAAAAAAAAAAAAM !

... Rien.

Une nouvelle secousse traverse l'édifice, provenant du mur derrière moi. Je me retourne vers ce dernier, et constate qu’une trappe vient de s’ouvrir… Et qu’une gigantesque boule de pierre est en train de rouler vers moi !

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Sans hésiter, je commence à dévaler l’escalier qui se trouve devant moi. Sans hésiter, certes, mais également apparemment sans réfléchir, puisque la largeur de l’escalier et sa forme légèrement évasée et arrondie laissent à penser qu’il est parfaitement taillé pour constituer une rigole dans laquelle une boule de pierre gigantesque peut très bien rouler… Je dévale alors les marches quatre par quatre… Non, plutôt dix par dix, poursuivi par l’énorme rocher sphérique qui tente de m’aplatir, comme si j’étais un de ces célèbres aventuriers des contes de mon enfance. Il ne me manque plus que le chapeau et le lasso…

Et puis, alors que je suis toujours poursuivi par la piège, la boule heurte une autre pierre qui dépasse d’une marche abîmée par l’usure du temps. Le rocher dévie de sa trajectoire, et bondit pour se heurter au pilier central de l’escalier… Qui commence à se morceler puis à s’effondrer sous la violence de l’impact. Dans un tremblement et un vacarme assourdissants, toute la structure explose et projette des morceaux de pierre dans toute la salle, où le bruit résonne encore plus. J’émerge de la poussière en toussotant dans la manche de mon veston d’uniforme.

Euh... Bonjour ?

Pour l’entrée en discrétion, on repassera…


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:04, édité 1 fois
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Réjouissons-nous, mes frères ! Un nouvel ingrédient du grand potage est arrivé ! Bientôt, nous festoierons ensemble !

Je plisse les yeux et je parviens à discerner l’individu qui vient de s’exclamer et de scander ces paroles. Je frissonne immédiatement en raison du mauvais goût de son accoutrement : outre la grande robe noire qui semble tout droit sortie d’un récit d’épouvante, il porte ce qui semble être le crâne d’un cervidé sur sa tête. J’espère qu’il a proprement été stérilisé, sinon bonjour les infections… Je balaie la salle du regard. Mes yeux, qui se sont désormais parfaitement adaptés à la pénombre des torches et des braseros, identifient que nous nous trouvons dans une immense chambre circulaire, située dans les profondeurs du temple, et au centre de laquelle se trouve l’escalier en colimaçon que je viens de dévaler. L’individu qui vient de parler, et qui au vu de sa tenue, de ses paroles et de ses dorikis est le chef des pirates, se tient sur un grand piédestal dans une alcôve au nord de la salle. Devant lui, sur un large socle en pierre, se trouve une marmite de taille correspondante, qu’il touille frénétiquement avec une grande louche en bois. Et dans le chaudron, quelque chose mijote… Une odeur ferreuse s’en échappe, et elle me semble familière, mais je ne parviens pas à mettre le doigt dessus… Un ragoût ou civet de bœuf… ? Non, de veau ? Ou ai-je déjà senti cette odeur ? Dans la cantine des garnisons où j’ai exercé ? Non, ce n’est pas ça non plus… Quelques gouttes vermeil, comme un écoulement d’eau le long d’une stalactite dans une caverne, tombent dans la mixture. Je lève la tête pour en déceler l’origine, et une vision d’horreur me traverse instantanément, avec la force de la foudre de Raijin Island.

Les gouttes ne perlent pas le long de stalactites, mais de corps qui sont accrochés à un gibet. Des corps, pendus par les pieds et égorgés, suspendus au-dessus du chaudron. Des êtres humains dénudés, auxquels on a arraché toute dignité, traités comme de la volaille qu’on saigne. Mon cerveau fait rapidement le lien avec l’odeur que je sens ; je ne l’ai que trop sentie dans les charniers des champs de bataille, et notamment à Koneashima et à Aeden : c’est l’odeur du sang qui brûle, du sang cuit par la chaleur. Je suis pris d’un haut le cœur. Mon expérience médicale m’a suffisamment désinhibé de la vue et de l’odeur du sang. J’ai l’habitude de la violence, des blessés, et des morts. Mais cette mise en scène est particulièrement macabre. Et quand je pose les yeux sur une pile de vêtements blancs tachés de sang, mais au travers desquels on peut reconnaître un écusson en forme de mouette, l’horreur se mêle à la rage. Je retourne lentement la tête vers l’homme au crâne de cerf, qui souffle sur le contenu de sa louche puis la porte à sa bouche.

Sluuuuuuuuuurp… Ce n’est pas suffisamment assaisonné ! Le paprika ! Où est le paprika ?!

Je peste intérieurement. Ce sont des putains de cannibales. Lorsque nos regards se croisent, il me pointe du doigt, sans cesser de touiller son chaudron.

Et capturez-moi cet intrus ! Bardez-le comme un rôti ! Il fera un excellent accompagnement pour le boudin sacré !
Oui, grand prêtre !

Quelques hommes, se trouvant proche de celui qui touille la marmite, se ruent alors rapidement sur moi, obéissant aveuglément à ses ordres.

Je suis le Commodore Raines, de la deuxième division de la marine… ! J’évite l’attaque d’un indigène qui tente de m’asséner un coup de hachoir. ... Et vous êtes en état d’arrestation pour… Et bien, le code pénal n’interdit pas expressément l’anthropophagie… Je commence à argumenter tout en continuant les esquives. ... J’imagine que ça rentre dans le cadre de l’article 222 et des actes de barbarie… Je riposte, frappant à plusieurs reprises mes assaillants et les envoyant valdinguer dans les airs. Bref, vous êtes dans tous les cas coupables de meurtres d’agents de l’ordre public ! Rendez-vous sans faire d’histoires !

Ils dérapent sur le sol et viennent percuter leurs camarades. Ils sont nombreux, mais ils sont particulièrement faibles. Seul leur chef semble avoir quelques dorikis, mais rien que je ne puisse gérer… Surtout si je parviens à obtenir l’appui des marines capturés, et que j’aperçois enchaînés le long du mur derrière moi. Je ne dois d’ailleurs pas me laisser submerger par l’émotion, comme à bord du Cuisino : ma mission est de secourir mes collègues avant tout, et ce doit être ma priorité absolue. Grâce à mon Soru, j’effectue alors un bond instantané en arrière pour me rapprocher d’eux, et en particulier de celui aux dorikis les plus élevés et dont les galons de de Commodore sont accrochés à l’uniforme.

Commodore Miltiades, je présume ? Je suis le Commodore Raines, on m’a chargé de vous secourir !
Uuuuuugh… Oui…

Il semble réactif mais est allongé par terre, complètement immobile. Est-il paralysé ? Aurait-il été drogué ? J’ai déjà entendu parler de tribus d’indigènes qui utilisent les toxines sécrétées par des dendrobates pour chasser… Est-ce qu’ils auraient pu utiliser quelque chose de similaire, ici ? C’est une hypothèse probable, et qui expliquerait comment les cannibales auraient pu soumettre un détenteur d’un puissant logia. Je me penche vers lui tentant d’apercevoir si ses pupilles sont dilatées, mais sans y parvenir.  

Ne vous en faites pas, je vais déjà vous libérer, vous et vos hommes ! Nous agirons ensuite !

Je donne un violent coup du talon dans le verrou qui cadenasse les chaînes qui le maintiennent immobilisé… Et ne récolte qu’une vive douleur à l’arrière du pied. Le métal, lui, est intact.

Qu’est-ce que… ? Je réitère, raidissant mes doigts et les recouvrant de Haki de l’Armement, et frappe la serrure avec un Shigan. Le résultat est meilleur, plusieurs fissures apparaissant et lézardant les entraves du Commodore Miltiades... Sans pour autant le briser. Comment est-ce possible ?
Ces salopards m’ont bloqué avec des liens en granit marin… Ce sont eux qui me vident de mes forces…

Je peste à nouveau. Voilà donc la cause la plus probable de son incapacité à se mouvoir. Lors de la bataille de Jaya, la marine a utilisé d’une stratégie employant ce matériau aux propriétés fantastiques pour contrer l’offensive pirate et leurs fruits du démon surpuissants… Dans sa forme minérale – ou métallique, difficile à dire – je savais que le matériau était résistant, mais au moins d’à peine l’égratigner avec mon attaque la plus puissante alors que je pulvérise l’acier ? C’en est presque humiliant… Mais en insistant un peu et en utilisant mon fluide combatif, je devrais pouvoir le détruire…

Cessez tout de suite et rendez-vous, si vous ne voulez pas que nous taillons vos camarades en julienne !

Je me retourne vers le grand prêtre qui a quitté son poste derrière l’immense chaudron, et qui désigne du doigt une partie de ses hommes, juste à côté de lui. Les lames aiguisées qu’ils tiennent sont appuyées sur les gorges de soldats du Commodore Miltiades. Je peste à nouveau, blâmant mon incompétence et ma vulnérabilité. Concentré sur la vision d’horreur de mes camarades, par le stress de cette situation, ma fortitude mentale a vacillé… Et mes sens et mon Haki de l’Observation se sont émoussés. Je ne me suis pas rendu compte que tous les marines que je suis censé secourir n’étaient pas enchaînés au mur, mais que certains étaient gardés près des cannibales, sans doute pour finir à leur tour dans la marmite… Je me raidis, serrant fermement le poing et les dents, puis cesse d’essayer de libérer mon homologue et enlève lentement mes mains de la chaîne qui le retient.

La situation est risquée, et l’issue la plus favorable serait que je parvienne à la désamorcer par le dialogue… Sans être dupe quant à ma capacité à raisonner toute une bande de fous anthropophages… Non, ce serait simplement le temps d’en gagner, de réfléchir à comment sauver tout le monde et nous sortir de cette situation…

Il doit y avoir une solution, alors réfléchis, Raines…


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:05, édité 1 fois
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… Mais j’ai beau me triturer les méninges, je n’en trouve pas. Déjà, je doute qu’ils soient sensibles au Décret n°2000-274 qui condamne ces pratiques… Alors il faut absolument que j’agisse. Mais je me trouve trop loin des otages… Je peux utiliser mes Rankyakus pour frapper à distance… Mais l’attaque n’est pas suffisamment précise ni rapide. Alors quoi d’autre ? Utiliser le Soru ? Le Kamisori ? Ce sont mes seules options si je veux pouvoir agir suffisamment rapidement et les prendre par surprise. Je pourrai en éliminer un, deux… Voire trois en une fraction de seconde… Mais ce ne sera pas suffisant : il y a trop d’otages. Mes options sont une fois de plus limitées. Bien trop limitées.

Qu’est-ce que vous attendez ? Saisissez-le, mes frères !
Dans du beurre ou de l’huile, grand prêtre ?
Quelle question idiote ! Sacrilège ! Rappelez-vous les textes sacrés ! “L’huile saisit, le beurre nourrit.” ! Le point de fumée de l’huile est bien plus élevé que celui du beurre, qui brûlera avant même d’avoir un beau Maillard… Leur chef commence à lui répondre en levant l’index en l’air puis en pointant la couverture du volume qu’il tient dans son autre main. ... Mais celà n’a rien à voir ! Quand je dis saisissez-le, je veux dire : capturez-le !

Une nouvelle horde de cannibales zélés se rue sur moi, alors que leurs comparses plaquent toujours le tranchant de leurs lames au cou des soldats de Miltiades.

Je ne dispose pas de capacités qui me permettraient de faire pencher la balance en ma faveur. Même en étant devenu plus fort, même en ayant décuplé ma puissance grâce à l’apprentissage du Haki… J’ai toujours cet arrière goût dans la bouche, cette amère sensation de ne pas être à la hauteur. Je pense à ces individus que je côtoie de plus en plus régulièrement et qui, eux, possèdent des capacités extraordinaires. Sloth pourrait se téléporter au contact des adversaires, et les envoyer valdinguer à travers le plafond tout en enveloppant les otages dans une patte d’air protectrice… Pandore pourrait attaquer simultanément tous les individus hostiles, déployant ses huit têtes pour frapper instantanément. Même Emilie Knox pourrait les ensevelir sous une épaisse couche de neige en un instant et secourir ces innocents… Les Amiraux… Les Empereurs… Le conseil des Dragons… Les corsaires… Le point commun de tous ces individus aux pouvoirs extraordinaires, c’est qu’ils possèdent des fruits du démon. Je le sais, j’en suis conscient… Et depuis quelque temps, la pensée m’obsède. Mes yeux glissent doucement vers le Commodore Miltiades. Lui aussi a mangé un de ces trésors maudit par le dieu des océans. Et je crois que je n’ai pas le choix que de m’en remettre à lui.

Si je vous libère… Vous pouvez agir ? Je lui chuchote en aparté.
Bien sûr…

Alors c’est décidé. Il va falloir agir vite, mais je suis confiant. Frapper une dizaine de cibles simultanément est peut-être impossible pour moi… Mais concentrer toutes mes forces pour briser un verrou, même s’il est en granit marin, c’est dans mes cordes ! Alors, quand nos adversaires sont pleinement concentrés dans leur ruée, je lance un regard du coin de l'œil au Commodore Miltiades. Un regard subtil, qui ne dure qu’un bref moment : c’est le signal que nous passons à l’offensive. En un instant, les cinq doigts de ma main droite se raidissent alors que cette dernière se recouvre de fluide offensif… Et je frappe les chaînes qui retiennent mon allié une troisième fois d’un Shugan destructeur, dans lequel je mets toute ma force. Ce troisième coup suffit à faire voler en éclats le granit marin de ses entraves, libérant mon allié et lui rendant ses forces… Et son pouvoir.

Aaaaaaah… Enfin ! Tu vas me le payer, salopard !
Je m’occupe de ceux qui viennent sur nous et de leur chef ! Occupez-vous de sauver vos hommes !

Alors que les morceaux de l’alliage aux propriétés inhibantes n’ont même pas fini de tomber et de toucher le sol, le corps de Miltiades prend une teinte rougeâtre et se distord dans tous les sens : il est littéralement en train de se liquéfier. Bientôt sa forme n’a plus rien d’humaine, et son corps se divise en une multitude de jets de sang qui fusent sur nos ennemis. Mais alors que je jubile par anticipation de ce qu’il va pouvoir faire avec sa capacité et que je me jette sur la bande de cannibales qui nous foncent dessus… Je déchante bien vite.

Hors de question, cet enfoiré est à moi !

Hein ?

Les excroissances sanguines qui sont devenues le corps de Miltiades, au lieu de continuer à se diriger vers les indigènes qui tiennent ses hommes en otage, se mettent alors à converger vers le prêtre.

Putain !
Égorgez-les ! Non ! Éviscérez-les, plutôt ! Faites en un tablier de sapeur !

Je peste à voix haute alors que je suis obligé d’altérer ma course. Réduisant l’amplitude de mes enjambées, je rapproche mes pieds et enchaîne deux Sorus en pleine course pour changer de direction et contourner le groupe qui me fonce dessus, tout en restant près du sol pour profiter de la couverture qu’ils m’offrent. Lancé à pleine vitesse, j’esquive mes assaillants et tente coûte que coûte d’arriver à temps pour sauver les marines captifs. Je frappe le premier preneur d’otage en pleine face, l’envoyant valdinguer dans le décor. J’enroule mon bras autour de la taille du marine qu’il détenait et l’écarte d’une main tandis que de l’autre, je me saisis du poignard que tenait le cannibale et l’utilise pour planter la cuisse de son voisin. Une autre frappe bien placée le désarme à son tour, sauvant un deuxième soldat. Attrapant cette seconde lame au vol alors qu’elle tournoie dans les airs, je me prépare à libérer le reste des....

Une gerbe de sang projetée dans les airs me happe hors de ma concentration. Pourtant, du sang, il y en a partout depuis que je me trouve dans cette sorte de chapelle indigène souterraine, entre les meurtres commis par la tribu anthropophages et les attaques de Miltiades qui sont relativement… Salissantes. Mais le sang qui vient d’éclabousser mon visage me marque tout particulièrement : devant mes yeux impuissants, six soldats viennent d’être simultanément égorgés, exécutés comme du bétail à l’abattoir. Mais l’effroi et la rage laissent vite place à une colère froide et calme. Et quelques instants plus tard, les six cannibales ayant commis ces actes ignobles sont hors d’état de se battre, immobilisés au sol par les nombreuses fractures que je leur inflige en l’espace de quelques instants. Et je me tiens là, debout, immobile, contemplant ces corps désarticulés qui gémissent à mes pieds. Je tourne la tête à droite. Le Commodore Miltiades continue d’affronter l’homme au crâne de cerf dans un déluge d’attaques toutes plus sanglantes les unes que les autres, sans même avoir réagi au massacre de ses hommes. Je serre les dents. Mais je n’ai pas le temps de l’assister, ou de vraiment comprendre et digérer ce qui vient de se passer. Car le premier groupe d’hommes que j’ai contourné, au lieu de se retourner et de m’attaquer à revers, ont continué leur course vers le reste des marines capturés. Mon sang ne fait qu’un tour.

Il est hors de question qu’ils tuent à nouveau…

Et il est hors de question que je laisse ne serait-ce qu’un seul de ces salopards en état de se mouvoir quand je les appréhenderai.


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:06, édité 1 fois
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Cela ne dure que quelques instants. Avec mon Kamisori, je virevolte dans les airs à une allure folle, frappant et immobilisant d’un coup net chaque cannibale dont l’esprit a été traversé de la mauvaise idée d’essayer de s’en prendre aux hommes de Miltiades. Finalement, je projette le dernier adversaire qui se tenait encore debout contre un mur, et il s’effondre en gémissant, sonné par le choc… Et je me rue au secours des blessés. Je relève la tête en vitesse pour apercevoir que Miltiades, de son côté, semble toujours se battre contre le chef des anthropophages… Sans même faire attention à ce qui se passe autour de lui. Tout autour, les autres cannibales semblent hésiter à intervenir, ne sachant pas ce qu’il vaut mieux faire entre aider leur chef à affronter un individu intouchable maintenant qu’il n’a plus ses entraves, suivre ses ordres et s’attaquer aux marines ou… Ne rien faire. Mais globalement, ils semblent privilégier cette dernière option… Et je tiens à m’en assurer.

Si vous ne voulez pas finir comme vos camarades, je vous conseille de ne pas faire un pas de plus !

L’intimidation semble fonctionner… Et c’est tant mieux pour eux. J’agis instinctivement, paniqué par cette situation que je ne comprends pas totalement, et les réactions de mon allié me déroutant complètement. Il semble obnubilé par sa rage, consumé par sa haine de son ennemi… Abandonnant au passage ses hommes, qui se vident de leur sang entre mes mains. Mon esprit est vide, absent, alors que je presse les plaies et masse le thorax de l’un d’eux de toutes mes forces, alors que je m’égosille en vain pour que Miltiades vienne m’aider à leur porter secours. Finalement, après plusieurs dizaines de secondes à m’épuiser, je cesse de m’évertuer à ranimer ce qui n’est désormais plus qu’un corps dont la vie a filé entre mes doigts. Ces dernières sont couvertes de sang. Encore. C’est encore cette même vision de cauchemar. Celle du sang de ceux que je n’ai pas pu protéger. Huit corps de plus, qui gisent à mes pieds sans vie, alors que j’aurais pu les sauver. Quand ? Quand serai-je assez puissant pour enfin être capable de sauver tout le monde ?

Le désespoir laisse de nouveau rapidement sa place à la colère, lorsque je me relève et que je regarde le Commodore Miltiades se battre. Ses gestes sont imparfaits, imprécis… Et son adversaire effectue des moulinets à corps perdu avec son hachoir, possédé comme un fanatique, et utilisant un Haki qui semble éluder à mon camarade… Si bien que le combat semble tourner en sa défaveur. Et forcément, ce qui devait arriver arriva, et Miltiades finit par se faire trancher avant que je ne puisse le rejoindre. Un coup de taille, en plein dans l’abdomen, infusé de fluide combatif, et qui le propulse en arrière. Il s’effondre. Putain. Cela ne sent pas bon. Je serre les dents. Tout ça pour ça ? Quitte à obtenir ce résultat, il aurait pu venir m’aider… Non. Il aurait venir m’aider. Tant pis, je vais devoir m’en charger moi-même.

Avec mon Soru, je me retrouve instantanément à son corps à corps… Et nous commençons à échanger les coups. Je me mets rapidement à le déborder. Là où Miltiades parvenait à peine à l’égaler, notre combat est complètement à sens unique et je le domine très clairement. Bien que notre adversaire maîtrise le Haki, le mien lui est résolument bien supérieur, et je le surclasse également en force brute. Les coups s’enchaînent, et petit à petit je prends l’avantage… Même si mon adversaire se démène comme un diable. Mais malgré ma colère et la haine que je ressens envers cet individu, dont les actions viennent de causer la mort de huit marines et potentiellement de celle du Commodore que je suis venu secourir… Je ne dois pas la laisser me dominer. Je dois rester calme, et réfléchir.

Car outre le sauvetage qu’on m’a chargé de faire, il y a des éléments de cette histoire qui me semblent louches, et que j’aimerais bien tirer au clair. Je peux croire à l’histoire d’une troupe de cannibales qui part en mer chercher de nouvelles victimes, quand la supposée présence d’un trésor légendaire sur leur île ne suffit plus à attirer suffisamment de victimes… Mais pourquoi ne pas raider des villages peu défendus des îles alentour ? Ou s’attaquer à des navires marchands, et en dévorer l’équipage sur place ? Aller se frotter à des marines, surtout aussi belliqueux que les Broyeurs du Commodore Miltiades, aussi loin de chez eux… Je ne comprends pas la logique. Bon, peut-être que d’un côté il ne vaut mieux pas chercher à comprendre l’esprit torturé d’individus qui dévorent de la chair humaine… Mais d’un autre côté, mon empathie me pousse à croire que le prêtre n’agit pas pour une raison aussi simpliste que remplir son estomac. Je tente alors de l’inciter à parler. Je ne peux peut-être pas utiliser le Haki des Rois, mais la pression mentale que j’exerce sur lui n’est pas négligeable. C’est un effet que j’ai toujours eu sur les criminels et ceux qui avaient quelque chose à se reprocher… Et qui prouve une fois de plus son utilité aujourd’hui.

Toute résistance est futile, rendez-vous !
Jamais ! Je suis si près du but ! Je peux sentir l’umami du boudin sacré au bout de mes lèvres !
Qu’est-ce que c’est que ce charabia ?
La prophétie va s’accomplir ! Nous avons trouvé l’élu ! Sa saveur ferreuse fera évoluer nos palais et nous guidera vers la véritable Sainte Cène ! Vous ne m’empêcherez pas de le dévorer !
L’élu ? C’est le Commodore Miltiades ?

Que veut bien dire son langage cryptique ? Est-ce que cela cache quelque chose ? Est-ce qu’il s’agit simplement d’un fou manipulé dans le cadre d’un stratagème bien plus insidieux ? La tête de Miltiades serait mise à prix par la mafia ? Par un groupe de pirates ? Par un marine véreux ? Si l’une de mes hypothèses s’avère vraie… Alors les conséquences peuvent potentiellement être graves, et si des officiers de la marine ont leur tête mise à prix par des criminels… Alors je me dois de démanteler un tel réseau avant qu’il ne prenne une trop grande ampleur.

C’est écrit ! Le Cuisinecronomicon m’a révélé ses secrets et comment obtenir la vie éternelle en dévorant celui qui est fait de sang ! Il avoue en pointant du doigt le livre qu’il tient entre ses mains.

Ah.

Hein ?

Je me fige quelques instants.

Attendez… Vous voulez le cuire et en faire du boudin parce que son fruit du démon fait qu’il est composé de sang ?
C’est la prophétie !

Je me frappe le front avec la paume de la main et je fais glisser cette dernière le long de mon visage. Durant ma jeune carrière dans ce monde fantastique, j’ai entendu des histoires à coucher dehors… Mais celle-là, elle tient le pompon. D’un coup de pied rapide, je lui fauche les jambes d’une frappe dans sa rotule gauche, qui craque sous l’impact. Il bascule violemment sur le côté et se retrouve balayé dans les airs, parallèle au sol. J’agrippe alors son col avec ma main et le plaque avec violence au sol. Les dalles de pierre vieillie se fissurent sous la puissance du choc. Une gerbe de sang coule sous le crâne de cervidé qui lui sert de masque, accompagnée de quintes de toux qui s'accentuent lorsque je pose mon talon sur son torse et force pour l’immobiliser.

Kof ! Eurk… Lâchez-moi ! Je dois aller écumer le saint bouillon ! S’il est trop gras, le boudin sacré ne sera pas bon !
Vous êtes en état d’arrestation pour kidnapping, meurtre, acte de barbarie, et atteinte à l’intégrité d’un dépositaire de l’autorité du Gouvernement Mondial. Je vous déconseille de résister davantage, ou je me verrais dans l’obligation de vous incapaciter de manière plus… Permanente. L’intonation est volontairement plus marquée sur ce dernier mot, car il se veut le plus intimidant possible. Quand je pense que ces soldats sont morts pour une raison aussi stupide…
Kof… Ce n’est pas stupide… C’est le plat ultime ! Celui qui nous donnera la satiété éternelle !
Parce que vous allez manger une fois du boudin d’homme ? A moins que vous ne pensiez pouvoir absorber ses pouvoirs en le mangeant ? Vous croyez vraiment à ces sornettes ? Et puis, les fruits du démon cessent de transmettre leurs pouvoirs dès la première bouchée. Il commence à rire.
Hahahahahaha… Quelle naïveté ! Nous savons comment régénérer les fruits du démon, alors nous pourrons faire cuire et le déguster le boudin sacré encore et encore en en changeant simplement le réceptacle !

Je hausse le sourcil. Tout le monde sait effectivement qu’il n’y a qu’un seul exemplaire d’un fruit du démon présent dans le monde à la fois… Et lorsque celui qui en détient les pouvoirs meurt, le fruit réapparaît à nouveau mystérieusement dans le monde. Enfin, peut-être pas tant que ça. En le sondant avec mon empathie, je confirme qu’il ne semble pas mentir… Ou en tout cas, il croit de tout son être en ce qu’il me dit. Connaître une telle information pourrait s’avérer utile.

Régénérer les fruits du démon ? Comment ?
Le Cuisinecronomicon renferme des secrets anciens… Des arcanes culinaires sacrées pour cuisiner les fruits du démon et en faire des plats de légende ! Il stipule que quand le possesseur d’un fruit disparaît, ce dernier se réincarne dans le fruit de la même espèce le plus proche !

Toujours maintenu au sol sous ma botte, il pointe du doigt des paniers qui se trouvent à côté de la marmite et dans lesquels se trouvent des sortes d’oranges.

Nous allons cuire l’élu, en faire un boudin sacré et le dévorer ! Puis, le fruit du sang se réincarnera dans une de ces oranges sanguines, qu’un autre élu mangera… Et ainsi de suite ! Le cycle reprendra à nouveau et nous festoierons pour l'éternité !

J’écoute son histoire avec attention. Est-ce que les informations contenues dans ce livre – qui a quand même l’air d’être fabriqué en peau humaine vu qu’il y a un visage sur la couverture – sont fiables ? Là est la question…


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:07, édité 1 fois
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Qu’est-ce que vous racontez comme conneries, espèce de taré ?

Je sursaute et me retourne vers Miltiades, surpris qu’il se tienne debout derrière moi. Vu le coup qu’il s’est pris, je ne m’attendais pas à ce qu’il soit en aussi bonne forme… Ni même tout simplement en un seul morceau. Le coup de taille qu’il a reçu dans le ventre était suffisamment puissant pour le trancher en deux… Incrédule, je baisse les yeux vers sa taille et y constate qu’une plaie béante s’y trouve bien.

Une sale estafilade en plein milieu de l’abdomen, de laquelle une quantité importante de sang s’échappe. C’est difficile d’y voir quelque chose, à cause de tout le sang que son propre pouvoir laisse sur ses vêtements, mais je pense à première vue que la blessure est effectivement très mauvaise. Il semble ne pas s’en soucier… Mais il faut agir vite, ou il mourra dans quelques minutes.

Attendez, ne bougez plus. C’est une vilaine blessure, laissez-moi m’en charger, je suis médecin.
Ne vous en faites pas ! Grâce à mon pouvoir je ne peux pas être blessé !

J’esquisse une moue.

Non, vous n’avez pas compris… Son arme était infusée de Haki, ce qui permet de toucher et de blesser même ceux qui possèdent les capacités d’un logia… Votre blessure est réellement sérieuse ! J’en sais quelque chose pour l’avoir personnellement vérifié, lorsque mes attaques ont réussi à atteindre et à faire saigner Emilie Knox.
Haha, vous êtes hilarant ! Bien sûr que j’en suis sûr ! Il éclate de rire… Ce qui m’agace très sérieusement. Il trouve vraiment que cette situation se prête au rire ? Et puis, il se relève alors que le sang qui coule de sa plaie commence à remonter le long de sa jambe puis de son abdomen et à rentrer dans son corps. C’est comme si le temps se rembobine… Et ainsi, sous mes yeux ébahis, sa blessure guérit en quelques secondes.
Co… Comment ? Il gonfle sa poitrine comme un coq en affichant un air fier.
Tout va bien… Ce n’est pas la première fois que je combats des gens capables de me blesser, bien que je ne comprenne pas trop comment ils s’y prennent… Mais j’ai un contrôle total sur mon sang, qui accélère ma cicatrisation et guérit toutes les blessures !

L’admiration laisse rapidement la place à une forme de dédain. Si tout va bien, alors je peux parfaitement lui passer un savon pour ses actions irréfléchies et égoïstes qui ont coûté la vie à huit de ses hommes… Pire encore. Rien qu’en y repensant, mon sang ne fait qu’un tour. Je l’attrape par le col.

Tout va bien ? Tout va bien ?! Si vous savez que rien ne peut vous arriver… Pourquoi n’êtes vous pas allé sauver vos hommes, au lieu de mener votre pitoyable vendetta personnelle ?! Qu’est-ce qui vous a pris ? Je croyais que vous m’aviez compris, quand je parlais de vous libérer pour agir ! Maintenant c’est trop tard… Huit d’entre eux sont morts, et vous n’avez même pas essayé de l’empêcher ! Il tente de se dégager de ma poigne en liquéfiant son corps mais j’infuse immédiatement ma main de fluide combatif pour le maintenir au contact. Répondez-moi ! Vous avez un contrôle total sur votre sang ? Vraiment ? Vous pouvez faire votre propre aphérèse ? Isoler des concentrés érythrocytaires et les transfuser à autrui pour qu’ils guérissent comme vous ? Si vous n’aviez pas été si occupé à vouloir vous occuper de ce type, vous auriez sans doute pu les aider ! Les sauver !
Épargnez moi votre jargon de nerd, on s’en fout de tout ça ! Nos hommes savent dans quoi ils s’engagent, et pour quelle cause ils sont prêts à mourir ! Il me lance un regard mauvais en prenant une courte pause, puis continue. Ce qui compte, c’est de crever toute cette charogne… Tous ces pirates, et ceux qui leur ressemblent de près ou de loin ! Et mon pouvoir me rend invincible face à eux, c’est tout ce qui m’importe !

Je serre les dents et le poing… Et ce dernier part tout seul, en plein dans sa figure. Merde. Même si les circonstances ne sont pas aggravantes, ça reste un outrage à agent tel que décrit dans l’article 222-14-5 du code pénal. Voilà qui n’est pas bon pour ma carrière…

Mais putain, qu’est-ce que ça fait du bien.


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:07, édité 1 fois
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Dans un grand bruit de détonation sec, Miltiades explose. Comme un ballon de baudruche rempli d’eau qu’un enfant jetterait au sol… Si ce n’est qu’au lieu de l’eau, c’est du sang qui est projeté dans toutes les directions. Pris de colère, je l’ai frappé sans me retenir… Mais tout de même sans infuser mon poing de Haki, alors ça devrait aller… Et effectivement, comme pour sa plaie, le sang répandu par terre et sur les murs commence à se résorber, et son corps se reforme rapidement.

Enfoiré… Pour qui tu te prends ?!! A défaut de mieux maîtriser son fruit, il m’aura au moins servi de punching-ball glorifié…  Mais sans pour autant me calmer. Car son énervement – cependant assez logiquement justifié – ne fait qu’attiser le mien.
Pour le marine qu’on a dû dépêcher pour vous sauver la mise, voilà pour qui je me prends ! Parce que si je puis me permettre, vous n’aviez pas du tout l’air d’avoir la situation en main lorsque je suis arrivé ! Il ne répond qu’avec un clic dental qui exprime son agacement. Qu’est-ce qui vous a pris de laisser votre bateau au port sans surveillance ? Et de poursuivre votre mission sans informer votre hiérarchie ?!
Parce que je suis un vrai marine, moi ! Un pirate qui me nargue et se joue de l’autorité du Gouvernement, je le traque jusqu’au bout du monde s’il le faut… Et avec mes Broyeurs, on l’éradique ! Je serre les dents encore plus fort.
Quitte à tomber dans le plus grossier des pièges ? Une bande de sauvage vous attaque à l’entrée de Redline et jouent au chat et à la souris avec vous jusqu’à vous attirer dans un temple truffé de pièges et vous ne vous doutez de rien ?! Savez-vous au moins pourquoi il vous ont pris pour cible ?
C’est simplement le hasard…

Mon sang bouillonne. Miltiades m’insupporte au plus haut point. Ceux qui ont dévoré des fruits du démon et reçu leurs pouvoirs et que j’ai rencontré… Ils m'ont tous laissé une forte impression. Mais lui… Il est médiocre. Tant dans ses capacités que dans ses réflexions. Son attitude désinvolte, son égocentrisme qui lui fait abandonner ses hommes… Mais aussi l’orgueil qu’il a à cause de son pouvoir. Son potentiel gâché dans les mains d’un homme qui se contente de trop peu. Et quand je lis son aura au travers de mon Haki de l’Observation… Mes sentiments sont confirmés, exacerbant l’animosité que je ressens envers lui. Tous ces éléments font que je l’antagonise peu à peu… Et que mon ton devient de plus en plus sec et caustique. Je suis en colère. Contre lui. Contre moi, aussi. Parce qu’au fond, je ne le jalouse pas… C’est bien pire : je l’envie.

Le hasard ? Vous pensez que les chaînes en granit marin ça court les rues ? Miltiades grogne pour seule réponse. Je l’attrape à nouveau par le col puis continue. Il m’a avoué vous avoir ciblé, vous en particulier ! Et vous êtes tombé droit dans le panneau ! Et encore… Je vous parle depuis toute à l’heure des huit de vos hommes que vous avez laissé mourir depuis mon arrivée… Mais il y a également ceux qui sont morts en pourchassant ces pirates, et dont j’ai trouvé les corps dans le temple… Et ceux que ces malades ont égorgé parce que vous avez foncé tête la première dans un piège ! Leurs morts sont votre responsabilité en tant qu’officier !
Ce n’est pas mon problème. Mes hommes ne questionnent pas mes méthodes, et vous n’en avez pas plus l’autorité, Commodore Raines. La seule chose qui compte, c’est que ce soir la terre soit plus légère de tous ces enfoirés qui ont osé défier l’autorité du Gouvernement Mondial…

Je peste intérieurement. Je le déteste… Parce qu’il a en quelque sorte raison. La force de la marine, c’est aussi sa tolérance envers des styles de commandement et des visions de la justice qui sont très différentes. C’est aussi selon moi sa plus grande faiblesse, son talon d’Achille. Miltiades n’est qu’une brute. Il ne vaut au final pas mieux que les criminels qu’il haït tant, et je ne comprends même pas qu’il n’ait pas été transféré de la régulière à l’élite. Mais c’est comme ça.

C’est comme ça ?

Ah bon ?

Non, la seule vérité c’est que la marine est pragmatique. Elle accepte le sacrifice de la minorité pour le bien de la majorité. Elle accepte et cautionne l’emploi du Buster Call. Elle accepte que l’Amiral Fenyang ait le droit de vie ou de mort sur tous ceux dont il croise le chemin. En fait, ce sont les forts qui décident. Mon regard tombe sur mon poing serré devant mon torse.

Mais moi… Je ne suis plus faible. Je suis plutôt fort, même, en fait. Bien plus que Miltiades. Bien plus que ce prêtre cannibale. Bien plus que n’importe qui d’autre ici. Est-ce que ça veut dire que moi aussi, je peux décider ?

Fumier. Miltiades me happe hors de mes pensées en frappant du pied le chef des anthropophages qui gît toujours au sol, immobile… Avant de lui cracher un glaviot ensanglanté dessus. Il continue. Je vais te faire regretter de t’en être pris à moi…

Son attention est toujours focalisée sur lui… Alors même que des individus hostiles se trouvent toujours debout, même s’ils n’osent pas bouger après ma démonstration de force.  Alors même que ses hommes sont encore attachés aux murs de l’alcôve dans laquelle nous nous trouvons. Et moi, je balaie la pièce du regard, complètement désemparé. Blasé par la médiocrité de l’individu que je me suis inquiété à sauver, et qui de surcroît est aussi gradé que moi. Et lorsque je le vois former des sortes de lames rouges avec son pouvoir, sans doute pour s’en servir comme armes et se venger du grand prêtre des cannibales… Je suis pris d’un haut le cœur : l’envie revient me consumer, me noue l’estomac.

Oh, ce que je pourrais faire, avec un tel pouvoir…

Mes yeux continuent de parcourir la salle, et se posent sur les caisses remplies des fameuses oranges… Et tout à coup, alors que je ferme les yeux, une idée sordide s’immisce dans mon esprit. Insidieusement, comme une larve parasite qui gangrène mes pensées.

Une pulsion de tentation. Et si… ?

Non, c’est impensable. Immoral. En complète contradiction avec les valeurs que je défends et qui me sont si chères.

Ce n’est pas grave, Raines. Ce n’est pas pécher que d’avoir simplement eu une pensée fugace et volatile, aussi noire soit-elle. D’avoir considéré l’opportunité…

L’opportunité ? Oui, c’en est une. Il faut appeler un chat un chat. C’est une simple opportunité, avec des avantages et des inconvénients. L’opportunité d’obtenir le pouvoir de concrétiser certains de mes rêves. De les rendre réalisables. Le pouvoir de ne plus jamais me sentir faible, impuissant.

N’était-ce pas ce que je m’étais promis de faire, lorsque j’avais terminé l’entraînement de Sloth ? De faire tout ce qui est en mon pouvoir pour accomplir ces desseins ? Je ne semble pas prêt à le faire. Alors, étaient-ce des paroles en l’air ? Certainement pas.

C’est du simple pragmatisme, Raines. Comme la marine. Combien de vies pourrais-je sauver, en échange de celle-ci ? Le calcul est vite fait. J’ai toujours défendu l’idéal d’une justice totale et absolue. Punir les criminels, sauver chaque innocent… Et ne jamais tolérer la perte d’une seule vie. Mais c’est une vision puérile. La vérité, c’est qu’il y a des vies que je ne peux pas sauver, et d’autres que je ne peux pas m’empêcher de prendre. J’en ai eu la preuve difficile à digérer avec Akutagawa… Mais j’en suis sorti grandi. Changé. Métamorphosé.

Et aujourd’hui, Raines, tu dois faire un choix. Alors que plus rien n'a de sens. Alors que ce qui était en bas est en haut, ce qui était chaud est devenu froid, ce qui était su est incompréhensible. Flottant librement, suspendu sans but dans le vide, je ne sens rien. Dès que je me retourne, convaincu que je suis sain et sauf, je sens mes deux pieds quitter le sol. Aspiré dans un trou noir dans ma propre tête. Je cherche dans l'obscurité ce qu'il reste de moi. Je lutte contre la gravité qui fait ressortir la pire partie de moi-même. Contre ce trou noir.

Jusqu’où es-tu prêt à aller pour ton but ? Es-tu prêt à piétiner tes idéaux ? Au fond de toi, tu connais la réponse.

Et quand je rouvre les yeux, mes doigts tâchés du sang du Commodore Miltiades me donnent la réponse.


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:07, édité 3 fois
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Je me tiens debout, juste à côté du Commodore Miltiades. Sans m’en rendre compte, je me suis rapproché de lui.

Il a un trou béant dans la gorge. Le genre de ceux que fait mon Shigan quand il perfore la chair. Je l'ai attaqué, comme tout à l'heure. Non, pas comme tout à l’heure. C’est différent. Ce n'était pas à nouveau un coup sous l'effet de la colère. La haine et l’envie ont disparu. C'était un coup froid, précis, calculé. Un coup porté suite à la conclusion d’une réflexion et pas d’une pulsion, même si mon corps a agi tout seul. Et surtout… C'était un coup infusé de Haki de l’Armement.

Un coup pour tuer.

Miltiades recule en titubant, et en commençant à s’étouffer dans le sang qui coule dans sa gorge.

K… Kof… Euuuargh… Raines… Qu’est-ce que vous branlez, putain ? Kof…
Je… Je suis désolé, Commodore. Je… Je suis obligé.
Kof… Qu’est-ce que vous racontez ? Votre premier coup, passe encore… Kof… La simple gifle capricieuse d’un enfant… Mais la, c’est de l’insubordination ! Vous êtes un traître !

Ces derniers mots, alors que sa blessure commence à se régénérer, me vont droit au cœur. Ils sont douloureux. Suis-je un traître ? Suis-je comme tous ces marines déserteurs ? Comme Red, Arashibourei, Khamalsson, Jacob ? Pire encore… Suis-je comme mon frère ? Non. Je suis différent. J’ai toujours les intérêts de la marine, du Gouvernement Mondial et du monde en tête. Ce n’est pas de la trahison, c’est du pragmatisme. Je me martèle cette pensée dans mon esprit. De la simple logique.

Non, le traître c’est vous, Miltiades.
Hahaha… Kof… Hahaha ! Il laisse s’échapper un rire sardonique. Ce qu’il ne faut pas entendre… Vous attaquez un autre officier et c’est moi le traître ?
Vous trahissez les valeurs que nous nous efforçons chaque jour de défendre, avec votre comportement. Et dans la marine que je souhaite un jour diriger, vous n’avez pas votre place.
Pas ma place dans tamarine ?! Quel orgueil ! J’ai toujours œuvré pour épurer le monde de la vermine pirate ! J’ignore sa réflexion. Ce n’est pas de l’orgueil, c’est de la détermination. Des objectifs ambitieux et assumés, pour lesquels je suis prêt à tout. Gravir les échelons ne me suffit plus. Je veux bâtir un monde meilleur. Brique par brique. Et tant pis si certaines sont fragiles et s’effritent. Si le reste de la fondation est solide, alors c’est l’essentiel.
Et vous continuerez à y contribuer… Quand j’aurai pris votre pouvoir. Je suis désolé, Commodore. C’est pour le mieux.
Fils de pute… Et vous comptez vous y prendre comment ?!
Si je vous tue… Votre fruit se réincarnera. Comme voulaient le faire les cannibales. Grâce à mon Empathie, j’ai la certitude que le prêtre ne m’a pas menti, et croit à l’histoire qu’il m’a raconté… Est-ce que cela veut pourtant dire qu’elle est forcément vraie ? Non, et peut-être qu’il croit simplement dur comme fer à des balivernes. C’est un pari risqué… Mais dans tous les cas, il est trop tard pour faire marche arrière. Alors cela ne sert à rien de m’empoisonner l’esprit avec ça. J’ai pris ma décision. Je joue le tout pour le tout.
Alors ainsi vous vous ralliez à ces criminels ?! Raclure… Si vous pensez que ça sera aussi simple, vous vous trompez lourdement, sale traître !

Le corps du Commodore Miltiades commence à prendre une teinte rouge et à se déformer. Des membres tentaculaires se déploient sous ses bras, armés de lames de sang coagulé. Il se met alors à faire mouliner ces dernières et m’attaque avec des mouvements relativement bien coordonnés. Ce sont définitivement ceux d’un bretteur confirmé… Ce qui va rendre la chose plus compliquée que prévu. Les sabreurs sont pénibles à affronter : leur allonge et la létalité de leurs attaques fait qu’ils ont souvent l’ascendant en combat, et que chaque erreur peut-être fatale. Fort heureusement, leurs mouvements sont relativement prévisibles, et ils manquent surtout de manoeuvrabilité une fois qu’on les colle au corps-à-corps… Mais dans le cas présent, mon adversaire dispose de toute la souplesse conférée par son corps liquide ainsi que d’un nombre illimité de possibilités offensives. Toutes mes stratégies ne me seront donc d’aucune utilité, ici, et il va simplement falloir recourir à la force brute. Je revêts mon corps en intégralité de Haki de l’Armement et encaisse sa première série d’attaques en le doublant d’un Tekkai. Les armes générées par son pouvoir viennent s’exploser sur mon armure et mon corps rigidifié par le Rokushiki. Ses attaques, bien que versatiles et surprenantes, font piètre figure par rapport à celles d’Akutagawa, que Sloth m’a forcé à combattre dans le cadre de mon entraînement… Et comparées à la lame du sabreur Supernova, celles de Miltiades ne sont que des canifs émoussés.

Ceci étant dit… Je ne peux m’empêcher de rager intérieurement. Quand je vois de quoi Miltiades est capable… Je me dis que si je l’avais affronté l’année dernière, ou même simplement quelques mois en arrière… Je ne sais pas si j’aurais été capable de le vaincre. Et je ne peux compter que sur ma chance de ne pas avoir croisé plus tôt d’adversaire possédant un tel pouvoir. Mais aujourd’hui, ce n’est plus pareil. Et j’en ai la preuve lorsque je lui assène ma première riposte. Mon poing traverse une de ses épées, puis sa garde comme si ce n’était que du verre. Mes phalanges s’enfoncent dans ses côtes et il se tord en deux tout en étant propulsé violemment en arrière. Il y a du sang partout. Et avec son pouvoir, il est difficile de savoir s’il provient d’une blessure ou non…

J’ai pris ma décision, et je l’assume. Mais je ne suis pour autant pas à l’aise du tout avec ce combat. Pour la première fois de ma vie, j’affronte sérieusement quelqu’un qui n’est pas un criminel. J’ai beau mépriser Miltiades et ses méthodes, il reste un officier de la marine… Et j’éprouve des scrupules à le blesser inutilement. Je n’ai réellement rien contre lui : ce que je veux c’est son pouvoir, c’est tout. Alors pas question de mener un combat d’usure, ou de jouer avec lui. Je dois en finir rapidement, de manière nette et rapide. C’est de toute manière mon habitude en combat… Mais là où je ferais normalement preuve de prudence en regard des capacités secrète qu’il pourrait avoir… Là, je ne prends pas cette peine. La différence physique est telle que peu importe l’atout qu’il peut avoir dans sa manche, je sais que je pourrais le contrer. Alors, je raidis mes doigts et je frappe, en enchaînant les Shugan. Je frappe, encore et encore. Je frappe, sans penser à l’acte innommable, au parjure que je suis en train de commettre.

Il y a du sang partout. A chaque coup que je porte et qui touche, je mords sa chair et l’hémoglobine gicle dans la pièce. C’est un supplice. Physique pour lui, qui se régénère malgré les blessures que mes attaques infusées de fluide combatif lui infligent… Et mental pour moi, vu que ce combat ne finit pas. Et à chaque instant qui passe, chaque seconde de trop qui s’écoule, mes démons me tourmentent. Ils m’emplissent de doutes. Et je les fais taire à coups de poings, en espérant que le vacarme assourdissant des coups qui retentissent suffira à les rendre inaudibles. Pourtant, je ne peux m'empêcher de ressasser ce qu'ils me murmurent.

Ce n’est peut-être pas la bonne décision. Peut-être qu’il n’est pas trop tard pour arrêter. Peut-être qu’il y a d’autres options pour devenir plus fort, pour sauver les innocents, pour survivre à mes retrouvailles avec Sloth...

Peut-être que je peux implorer le pardon de Miltiades .

Commodore, je…

J'ai toujours cru qu'il n'était jamais trop tard pour bien faire.

C’est faux. Parfois, c’est trop tard. Et c’est les mains couvertes de sang et devant le corps inanimé du Commodore Miltiades que j’apprends cette douloureuse leçon.


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:08, édité 1 fois
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Mon cœur bat tellement fort que j’ai peur qu’il explose. Le ventre noué par le stress, tout mon corps rongé par l’angoisse, j’observe dans une certaine torpeur la vie quitter le corps de Miltiades. Il gît là, inanimé, dans une flaque de sang.

Et autour, le silence.

Ses hommes encore enchaînés tout comme les cannibales se retiennent de bouger, ou de prononcer la moindre parole, stupéfaits du retournement de situation qui vient de s’opérer sous leurs yeux. Les secondes passent… Et je commence à réaliser la gravité de mon acte, ses conséquences, et l’ampleur de la situation. Je me rue à genoux aux côtés du corps du Commodore, défaisant précipitamment sa chemise pour inspecter ses blessures. C’est difficile d’y voir quelque chose : il y a tellement de sang partout que les jambes de mon pantalon d’uniforme en sont entièrement trempées. Son corps présente de multiples entailles dues aux lacérations de mes Scalpels… Dans cette transe, cette folie sanguinaire dans laquelle j’ai été pris, l’instinct à pris le dessus : comme je frappais pour tuer, mes frappes sont devenues chirurgicales. Carotide, jugulaire, fémorale, rein, poumon, foie… J’ai enchaîné les coups au niveau de plusieurs points vitaux… Trop pour que Miltiades parvienne à se régénérer, surtout au vue de la puissance contenue dans ces dernières. Chaque attaque était trop forte, trop précise, trop mortelle pour lui… Si bien que finalement, il n’y a rien que je puisse faire. Aucune plaie que mes mains ne peuvent soigner, aucun acte que mes larmes et mes regrets ne peuvent annuler.

Le Commodore Epinondas Miltiades est mort.

Je reste planté là, à genoux dans son sang, immobile. Comme la vie qui a quitté son corps, la lumière semble avoir quitté le mien… Ne laissant au milieu de la pénombre projetée par les braseros allumés dans le temple qu’une carapace vide. Pourtant, je pensais déjà avoir mué, avoir laissé la peau d’une ancienne version de moi-même derrière moi. Peut-être que je pensais avoir changé… Mais peut-être que c’est plus dur que ça. Peut-être qu’en voulant brûler trop vite les étapes, qu’en voulant me rapprocher du soleil… Ce sont mes propres ailes qui se sont consumées.

Je ne sais pas quoi faire. Je suis seul au milieu de ce temple, sans savoir quoi faire ensuite. Sans savoir qui je suis vraiment. J’ai tué un allié, un homme de justice, par cupidité, par envie de ses facultés… Par manque de confiance en moi et par complexe d’infériorité. Est-ce parce qu’enfant, tout ce que je faisais n’était jamais assez bien par rapport à mon frère ? Parce que mes parents n’avaient d’yeux que pour lui ? Parce que même après sa trahison leurs regards ne se sont pas posés sur moi ? Devrais-je m’étonner d’avoir le cœur fané alors que j’ai passé le plus clair de mon temps dans son ombre, sans lumière pour le nourrir ? Non, Raines. Tu peux rejeter la faute autant que tu veux sur ton passé, te larmoyer sur cette enfance que tu veux castratrice, ou plaider la folie ou un syndrome post-traumatique pour tes actes… Tu as agi en ton âme et conscience, de manière préméditée.

Et tout ça pour quoi ?

Je relève les yeux, livide, perdu, désemparé, abattu… Et mon regard se pose machinalement sur les paniers remplis d’oranges qui se trouvent près de la grande marmite. Un des fruits qui se trouve sur le dessus pulse à intervalles réguliers, comme s’il était périodiquement parcouru par des vibrations. Puis, tout à coup, plusieurs quartiers de l’orange commencent à grossir et gonfler jusqu’à former de véritables lobes, qui déforment la peau du fruit… Qui n’a bientôt plus rien de sphérique et ressemble désormais plutôt à un amalgame difforme de plusieurs protubérances sphériques. Comme une grosse mûre… Ou plutôt… Un cœur, dont on peut clairement identifier les quatre cavités ? Des reliefs aux motifs spiralés se forment ensuite sur la surface du fruit, et me font penser à des galeries creusées par des vers qui se trouveraient sous l’écorce. Finalement, le fruit change de couleur, passant de l’orange au brun… C’est la première fois que j’en vois un, mais le fruit présente effectivement tous les signes distinctifs des fruits du démon tels qu’ils sont mentionnés dans les ouvrages que je lis depuis que je suis enfant.

Oui, c’est vrai… Tout ça pour ça.

Oui, Raines. C’est pour ça que tu as dû faire ce que tu as fait. Alors fais en sorte que ce ne soit pas en vain. Je me relève et avance lentement, le regard vide, vers le fruit du démon pour lequel j’ai commis cette atrocité. Le leader des cannibales ne m’avait bien donc pas menti, et les informations écrites dans son livre sont exactes. C’était un pari risqué de lui faire confiance… Ou un accès de folie complètement inconscient de ma part ? Difficile de le dire avec certitude. Et maintenant que je tiens le fruit du démon tant convoité dans ma main, la réponse à cette question n’a plus aucune importance.

Oh, vous l’avez fait ! Vous avez fait taire ce porc indigne de son potentiel culinaire ! Et le rituel a fonctionné ! Le grand prêtre anthropophage se redresse et se relève péniblement et manque de tomber alors qu’il prend appui sur sa jambe blessée. Il continue. Donnez-moi le fruit, pour que nous puissions poursuivre la recette ! En guise de gratitude, je vous laisserai partir avec vos hommes ! Cela n’a pas d’importance, je vais le faire avaler à un de mes fidèles et nous pourrons le cuire et le déguster !
Je ne peux pas faire ça. Je lui réponds sans le regarder, mes yeux toujours vides et vissés sur le fruit du démon.
Oh… Oh ! Je comprends ! La saveur du boudin sacré vous met en appétence ? Vous fait saliver ? Vous en voulez, n’est-ce pas ? Comment résister à la perspective de vous délecter de cette saveur inoubliable, unique au monde ! J’avais de suite senti que vous étiez un fin gourmet comme moi ! C'est pour ça que vous avez tué votre allié, n'est-ce pas ? On ne peut pas faire d'omelette sans casser des œufs, en effet... Ou plutôt, dans ce cas précis, on ne peut pas faire de boudin sans tuer le cochon ! Venez, rejoignez-moi pour l’éternité et partageons le boudin sacré, repaissons-nous de sa chair savoureuse encore et encore !
Non, je voulais dire que je ne peux pas partir avec ces hommes. Le fruit toujours en main, je me retourne vers lui et marque une courte pause, avant de reprendre. Ils doivent mourir. Vous devez tous mourir. C’est la seule issue.
... Pardon ?
J’ai tué de sang froid un officier de la marine qu’on m’avait chargé de secourir pour m’approprier son pouvoir. Si ne serait-ce qu’une rumeur de ce qui s’est passé venait à se savoir, je serais jugé en cour martiale pour haute trahison, et je finirai au mieux mes jours en tant que criminel, ou au pire démembré dans une des cellules du Kapharnaum. Je ne peux pas laisser de trace, ni de témoin… Ni de survivant.

Est-ce que tu t’entends seulement parler, Raines ? Tu veux ajouter à la liste de tes péchés le massacre d’une soixantaine d’individus, dont la moitié sont des marines, des soldats que tu as juré de protéger et servir ? Tu veux prendre une soixantaine d’âmes à cette terre alors que tu as prêté serment, en tant que médecin, de rétablir, préserver ou promouvoir la santé ? D’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité ?

C’est simplement du pragmatisme. Tout ce que j’ai fait n’a aucun sens si je m’arrête maintenant. Tout serait vain. Et au final, seuls ceux qui se risqueront à peut-être aller trop loin sauront jusqu'où il est possible d'aller. Alors je croque dans ce fruit, et en avale l’infecte première bouchée, déterminé à aller le plus loin possible.

Nooooooooooon ! Qu’est-ce que vous avez fait, espèce de gaspill…

Il ne termine pas sa phrase, interrompu alors qu’un premier Scalpel sectionne sa trachée et ses cordes vocales. Une deuxième frappe, un Shigan infusé de Haki de l’Armement en pleine tempe, le réduit définitivement au silence. Il y a du sang partout. Du sang et des cris. Ceux des marines encore enchaînés, qui ne peuvent pas esquiver mes attaques d’une précision et d’une létalité comme je n’en ai jamais asséné. Ceux des cannibales, également, qui tentent de fuir sans succès. Où iraient-ils ? J’ai détruit l’escalier en colimaçon, unique accès de la grande salle de ce temple, en arrivant. Ils ne peuvent qu’essayer de se défendre d’une mort certaine qui les attend, sous la forme d’une tornade tranchante se déplaçant à une vitesse qu’ils peinent à suivre, grâce à mon Kamisori.

Deux minutes ne se sont pas écoulées, mais il ne reste désormais plus qu’une seule personne debout au milieu de ce carnage.

Il ne reste plus que moi. Et le spectre de la mort dont la main est posée sur mon épaule.


Dernière édition par Alex Raines le Mer 10 Juil 2024 - 12:09, édité 2 fois
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Rapport de mission préliminaire


Nous, Alex Raines
Commodore de la marine
En fonction dans la deuxième division, base G-1

– Agissant dans le cadre du soit-transmis n°P-09.241.286754, transmis par mouette postière
– Agissant conformément aux instructions reçues en complément par liaison escargophonique
– Mentionnons remonter la trace du Commodore Epinondas Miltiades jusqu’à l’île du Levain
– Procédons à la perquisition de son navire retrouvé déserté dans la port de Twin Bay
– Localisons le Commodore et son unité au niveau des ruines du lieu-dit Damn Chest et confirmons qu’il se trouve en situation de danger
– Agissant conformément aux Articles R411-1 à R413-26 du code de la sécurité intérieure
– Décidons d’intervenir en solitaire dans l’urgence de la situation
– Nous retrouvons dans les salles inférieures d’un temple indigène
– Constatons le décès du Commodore Epinondas Miltiades et d’une partie de ses hommes lors de notre arrivée, des mains de pirates indigènes leur ayant tendu un piège
– Mentionnons que l’objectif des-dits pirates est le fruit du démon du Commodore Epinondas Miltiades qu’ils sont parvenus à réincarner et que nous parvenons à perquisitionner
– Procédons à l’appréhension des criminels et au sauvetage des survivants conformément aux instructions données
– Constatons le déclenchement d’un piège par les criminels qui cause l’effondrement de la structure du temple ainsi qu’un départ de flamme
– Nous retrouvons piégé dans les débris de la structure et en danger de mort
– Conformément à l'article R434-19 du code de la sécurité intérieure : "Lorsque les circonstances le requièrent, l’officier de la marine, même lorsqu'il n'est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger
– Jugeant la situation critique, nous décidons de consommer le fruit du démon saisi pour nous extraire et tenter d’assister aux soldats blessés
– Constatons que nous sommes le seul survivant et procédons à rentrer à Twin Bay

Je termine d’écrire la dernière phrase du rapport préliminaire que je vais envoyer à mes supérieurs. Une sorte de simple procès verbal, qui relate des faits qui se sont déroulés au cours de ma mission, en préambule de recevoir toute la documentation et le rapport détaillé de mes actions. Ce n’est souvent qu’une formalité pour moi, qui suis particulièrement versé dans les arts administratifs. Mais ici… J’ai dû élaborer un mensonge pour couvrir la vérité. Et je dois faire en sorte que le récit soit crédible, si je ne veux pas tout perdre. Miltiades était déjà mort quand je suis arrivé, et les cannibales ont déclenché un piège qui a causé la destruction du temple lorsqu’ils se sont retrouvés acculés. La grande quantité de bois et d’huile présents pour alimenter leur cuisine impie se sont alors enflammés et ont causé la mort des quelques survivants. Coincé sous les décombres, je n’ai pas eu le choix que de consommer le fruit du démon que j’aurais dû remettre à mes supérieurs et utiliser ses propriétés de liquéfaction pour m’en sortir.

Est-ce que cette histoire se tient ? Je doute qu’on me questionne. Pour un simple Commodore, mes états de services dépassent très largement mes attentes. Je ne suis probablement d’ailleurs qu’à un petit coup d’éclat de rejoindre l’état-major. Je n’ai jamais failli à une de mes missions, que j’ai toujours exécuté avec une précision parfaite. Quant au fruit du démon… Il n’est même pas improbable qu’au vu de ma carrière ma supérieure, la Vice-Amirale Harnam, me le confie tout simplement. Ce qu’on retiendra ici, c’est que c’est l’entêtement et le manque de respect des procédures du Commodore Miltiades qui lui ont valu de foncer tête baissée dans un piège et ont causé sa perte… Si tant est que quelqu’un prenne la peine de lire les nombreuses pages des rapports de mission que j’écris et qui sont bien souvent ignorés… Je suis happé hors de mes pensées lorsqu’on frappe à la porte de mon bureau.

Commodore ?
Entrez, Enseigne.

Ma seconde ouvre la porte de ma cabine et se présente au garde-à-vous.

Je suis venue vous signaler que nos hommes ont terminé les préparatifs. Les deux navires sont prêts à partir dès que vous en donnerez l’ordre.

J’acquiesce en silence. J’ai, à mon retour, demandé à ce que là moitié de mes hommes monte à bord du navire des Broyeurs et se prépare à le ramener à Marineford. Une fois remis parfaitement en état, il sera ensuite sans doute confié à un autre officier.

Bien. Vous pouvez annoncer notre départ.

Elle me retourne un salut militaire et commence à tourner les talons. Cependant, elle s’interrompt et me lance un regard.

Commodore… Tout va bien ? Depuis que vous êtes rentré, vous êtes… Enfin… Je me doute de votre déception, de n’avoir pas pu les sauver. Je sais pertinemment que vous ne tolérez pas l’échec, en particulier quand il cause la perte de vies humaines. Mais ne soyez pas trop dûr avec vous-même. Vous avez fait tout ce que vous pouviez.

Je relève les yeux vers elle. Si seulement elle savait. Si seulement je pouvais lui dire. Partager ce fardeau avec elle. C’est évident que je ne peux rien lui dire. Mais au fond, je ne sais même pas si j’en aurais envie. Ce serait une fuite en avant, une tentative de soulager ma conscience en impliquant une personne supplémentaire dans le crime que j’ai commis. En essayant de me dédouaner de mes responsabilités.

Merci, Enseigne, ça ira. Vous pouvez disposer.

Elle salue une fois de plus puis quitte la pièce en refermant la porte. Je me lève et commence à marcher dans mon bureau alors que j’entends mes hommes s’affairer sur le pont, larguant les amarres et démarrant notre navire. Je m’arrête en passant devant le miroir, et je regarde la personne qui se trouve à l’intérieur. Que suis-je devenu ? Est-ce que je peux toujours me regarder dans cette glace ou est-ce que celui que j’y vois me dégoûte au point d’en détourner les yeux ? Est-ce que je dormirai la nuit, ou est-ce que les cauchemars me garderont dans l’insomnie ? Si c’est le cas, peut-être que ça ne sera qu’un purgatoire mérité. J’ai tué tous ces gens en toute âme et conscience. Les ennemis comme les alliés. J’ai enseveli leurs corps dans les roches et dans les flammes… En m'assurant avec mon Haki de l'Observation qu'il n'y ait ni témoin, ni survivant... Et pour quoi ?

J’observe, dans le miroir, ma main se changer en sang et commencer à couler au sol. C’est une sensation indescriptible. Je suis toujours le même qu’avant d’avoir mangé ce fruit du démon… Mais je suis également totalement différent. Oui, j’ai fait tout ça pour ce pouvoir. Pour me sentir différent. Pour devenir meilleur et mettre le plus de chances de mon côté pour accomplir mon but. C’est simplement du pragmatisme, voilà ce que je me martèle dans mon crâne pour faire taire les voix. J’ai pris soixante-douze vies aujourd’hui, donc vingt-huit sont des soldats de la marine. Si grâce à ces pouvoir je parviens à n’en sauver ne serait-ce qu’une de plus… Alors ça aura valu le coup. Si je suis bel et bien prisonnier du purgatoire… Alors ma pénitence sera chaque jour de mettre mes nouveaux pouvoirs au service du monde et de l’humanité.

Le sang qui s’est écoulé et s’est répandu sur le plancher de mon bureau remonte alors jusqu’à mon bras en combattant la gravité et ma main se reforme. Je ne peux pas me lamenter. Je n’ai pas de temps à perdre. Je dois connaître et m’entraîner à utiliser ces nouveaux pouvoirs. Je ne serai pas comme Miltiades, je ne me contenterai pas simplement d’en effleurer le potentiel… Non, j’en découvrirai tous les secrets, toutes les possibilités et je les maîtriserai…

Pour remplir mes objectifs. Pour le Gouvernement Mondial. Pour construire un monde meilleur.

Même s’il faut le bâtir sur des fondations ensanglantées.
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