La J'escouade!

Rappel du premier message :

Ma Lépreuse moulle tranquillement au large d'une petite île paumée de Grand Line. Des îles comme ça, il y en a plein sur la Route de Tous les Périls. Pas ou peu de champ magnétique, elles sont donc hors de la route indiquées par les Log Pose. Ce qui est rudement embêtant pour les habitants, mais fort pratique pour les pirates et autres aigrefins qui souhaitent se planquer paisiblement en dessous des radars de la Marine ou du Gouvernement. C'est ainsi que les pirates de la croix d'or pensaient être à l'abri sur ce charmant petit coin de paradis à profiter de l'hospitalité contrainte des locaux. Malheureusement pour eux, je passais par là, et bon, je ne vais pas vous faire un dessin…

Un peu de poison asservissant plus tard, ces loups de mer sont devenus de véritables agneaux : ils aident la population locale à réparer leurs habitations, travaillent la terre, participent à la pêche, bref, de véritables citoyens modèles … enfin, tant que la toxine fait effet! Ensuite, je les laisserais au bon soin d'Arès et de ses amis protogoniens. Après tout mon nouvel allié n'a pas eu son déchaînement de violence hebdomadaire, et je me vois mal l'en priver. D'autant plus que ces squatteurs méritent une bonne leçon. Ah… quel plaisir de déléguer! Grâce au mandrill, je peux me décharger de la partie violente du châtiment des coupables à laquelle je répugne pour me concentrer sur l'aide aux victimes qui me sied bien plus!

J'en profite donc pour siroter tranquillement un jus de fruits en terrasse. L'île jouit d'un climat printanier des plus agréables, et la journée est magnifique. J'ai eu Lola au den den il y a peu, elle devrait arriver aujourd'hui sauf si les vents lui sont défavorables. N'en ayant parlé ni à l'un, ni à l'autre, je me demande bien comment leur rencontre pourrait tourner. Après tout, ils étaient tous les deux avec Envy. Je me demande si le corsaire m'en voudra… j'espère que non, car j'apprécie beaucoup Edward Minaro.

Je me décroche la mâchoire dans un bâillement sonore. Je prends racine ma parole! Un peu d'activité me ferait le plus grand bien! Vivement que Lola arrive!

Mon équipage a l'habitude de mes lubies et en moins de temps qu'il ne faut pour dire Alabasta une musique douce et chaude faisait vibrer l'atmosphère. Puis un bar et un braséro se montèrent en un claquement de doigt et voilà une fête comme je les aime, des bonne grillades pour se remplir le ventre, des bons cocktails pour se rincer le gosier et du bon son pour se trémousser! Yay! Et alors que je me laisse porter par un air de bossa nova, allant de cavalier en cavalier sans me soucier du qu'en-dira-t-on, m'enivrant de danse et de Margaritas, mes amis discutent en marge de la fête.

"Lola et Arès vont bien, ils sont aux soins de leur propre équipe médicale." dit le médecin au cheveux roses. "Ils s'en remettront."

"On s'est bien défendu, non?" begaye Wolfgang.

"Mwais." tempère Héfy.

"Comment ça?" la reprend le sniper.

"Le souci, mes amis, c'est que Jeska n'a pas utilisé son fruit de démon …" soupire Diego.

"Tu veux dire qu'elle s'est juste amusée avec nous?"

"Non, ce n'est pas je genre de notre Jes'." corrige la borgne. "Je crois qu'elle voulait qu'on la pousse dans ses derniers retranchements et en ce sens, je crois qu'on a échoué."

"Le problème n'est pas la qualité individuelle." souligne l'homme-poisson masqué. "On a pêché par manque de cohésion. Face à Frost, cela pourrait s'avérer fatal."

"Que veux-tu dire, Diego?"

"Au point où en est Jeska, je pense qu'elle peut rivaliser avec le Fléau. Le souci c'est que même si elle réussit à le vaincre, il a une armée de puissants et fidèles lieutenants! Mother, Phillip Jones, Anto Kai, et El Capitain, pour ne citer qu'eux sont de gros morceaux et on ne pourra pas les vaincre seuls."

"Et si jamais un de ces gros poissons se mêle du duel entre les deux capitaines, ils feront pencher la balance en notre défaveur." poursuit la blonde.

"On est donc trop faibles et trop mal organisés pour l'aider?" soupire un Gaston défaitiste.

"Elle est partie trop loin, maintenant …" se lamente Diego. "Aucun de nous peut espérer la ratrapper."

"On ne va quand même pas l'abandonner?" se révolte Wolfgang.

"Non, non, on ne va pas faire ça." répond la stratège. "Mais vous vous souvenez de notre promesse. On la suit jusqu'au bout du monde."

Quelques heures plus tard, la nuit tombe comme le baiser d'une mère sur le front de son enfant. La fête bat encore son plein. Moi, je crois avoir épuisé presque tous les cavaliers potentiels. Il n'en reste qu'un avec qui je n'ai pas encore valsé. Diego, l'homme-poisson qui en plus est un excellent danseur. Il a beau se cacher derrière les autres, maintenant, il n'y a plus que lui, il ne peut plus se dérober. Me voilà alors dans ses bras au centre d'une piste de danse où nous sommes seuls à présent. Mon regard pétille de malice et j'habille mon visage du plus beaux de mes sourires.

"Tango des hommes-poissons?"

Il opine du chef et nous voilà partis. Mon cavalier plie légèrement les genoux et cale sa main dans le creux de mes reins pour me plaquer contre lui, si près que je sens la chaleur de son corps irradier le mien. Bassin contre bassin, on ondule au rythme de la musique, si près l'un de l'autre qu'on ne forme plus qu'un corps. D'abord langoureux, mon partenaire accélère le tempo au fur et à mesure. C'est étrange comme sensation. Je sais qu'avec Diego nous ne sommes pas seuls. Et pourtant, malgré ma sphère perceptive, malgré mon haki de l'observation, j'ai l'impression qu'il n'y a plus que lui et moi. La nuit, l'orchestre, les autres, tout ça disparait progressivement. Pour ne laisser que nous en train de danser. Ma perception du monde se réduit à lui, sa chaleur, son souffle, son cœur qui bat, le contact de sa peau qui fait frissonner la mienne … la douce fraîcheur de la nuit s'évapore peu à peu et je sens une douce chaleur se répandre en moi. Ça part de mon ventre et ça se diffuse dans tout mon être. Je suis bien. Et puis, comme on sort d'un rêve, la chanson s'arrête et je me retrouve seule au centre de la piste, dans les bras de l'homme que j'aime. Que j'ai toujours aimé. Le destin m'a fait faire des tours et des détours, mais là, je le sais, c'est lui, ça a toujours été lui. L'évidence me fait prendre mon courage à deux mains et ...

"Diego, je t'aime, je … "

Un doigt sur la bouche m'impose le silence.

"Je suis désolé, Jes', j'ai une femme, et des alevins."

Je ne lui laisse pas le temps de finir, le râteau me claque à la figure comme une gifle. Mon visage s'empourpre soudain, et je file en soru dans ma cabine, non sans claquer la porte bien plus fort que je ne l'aurais voulu puis je me jette dans mon lit en m'enfouissant le visage dans mon oreiller.

Diego, t'es vraiment un idiot!