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Briser des rêves de liberté

Ordre de mission urgent
Chaque agent du Cipher Pol, quel qu'il soit, est attendu sur le ponton n°7 à réception de cette missive.

Dès qu'il avait lu ces quelques mots, Wolt s'était pressé vers l'extérieur de la base de la Marine. Il arpenta les longs couloir plus vite qu'il ne l'avait jamais fait auparavant. Il pris soin de ne bousculer personne, bien que cela eu été compliqué à l'intersection de deux couloirs du premier étage. Finalement, il fondit sur la baie où les navires, croisette, frégates et cuirassés étaient amarrés. Arrivant sur le port, il se repéra rapidement et remarqua que l'un des navires, de moyenne taille, était sur le départ. A son bord, les matelots s'affairaient en toute hâte, il compris qu'il devait les rejoindre. Effectivement, il s'agissait bel et bien du pont numéro sept. Posant enfin le pieds sur le bon ponton, il découvrit un homme aux larges épaules, au visage de séducteur et aux multiples médailles. A ses côtés, un homme légèrement plus petit, armé d'une machette qui pendait en bandoulière dans son dos, semblait attendre. L'agent du Cipher Pol n'avait jamais vu cet homme, mais au vu de leur disposition, il en déduisit qu'il s'agissait d'un confrère du Gouvernement. Alors qu'il arriva à leur hauteur, Wolt repris son souffle discrètement, avant de se présenter.

> Agent de IIIème catégorie Wolt, j'appartiens au CP2, attendons-nous quelqu'un d'autre, fit-il sobrement. En réponse, le soldat effectua un bref salue militiaire.
> Enchanté monsieur Wolt, je suis le Commodore Heed, James Heed. Je n'en sais rien, je n'ai pas accès à ces informations-là. J'ai simplement ordre de mettre les voiles d'ici.. il regarda le cadran d'une montre à gousset qu'il sortit de sa poche, d'ici 3 minutes. Montez à bord, je vous en pris, je vous en dirais plus là-haut.
> Salut, moi c'est OURS, Agent de IIème cat', si c'est moi le plus gradé, j'espère que t'auras les reins solides, fit le troisième homme, taquin.

Les deux agents à la solde du Gouvernement Mondial montèrent à bord par la passerelle branlante, puis prirent la direction de la proue, où il furent conduit par un marins. Ils étaient comme deux opposés. Wolt était de taille moyenne, blond comme les blés, aux cheveux plutôt longs et coiffés en queue de cheval, à la barbe parfaitement entretenu, mais fournie. Vestige de son passé récent de sbire, puis d'agent en formation, le trentenaire n'avait pas quitté son costume. Vêtu d'un pantalon à pince marron, d'une chemise blanche, d'un veston olivâtre et d'une veste anthracite, le nœud de sa cravate était parfait. Rien ne dénotait dans sa tenue, ses petites lunettes terminant parfaitement le portrait de ce que l'on aurait pu prendre pour un politicien. Au contraire, OURS était un homme plus trapu, ne portant qu'un débardeur noir qui laissait voir ses bras puissants. La machette qui pendait dans son dos était menaçante, tout comme son regard noir. Les cheveux presque rasés sur les côtés et un simili d’iroquois brun, son pantalon était ample, plein de poches et plutôt épais.

> T'es donc un jeune agent... enfin, plutôt vieux pour un nouveau, se moqua-t-il.
> Effectivement, je suis rentré tard au service du Gouvernement Mondial, mais j'aspire a être un bon agent, répondit simplement Wolt. Sauriez-vou...
> Pas de ça, je m'en fiche de qui tu es, de ton rang, fais ton boulot, je fais le miens. Du coup, tutoie-moi, ça c'est un ordre venant d'un supérieur, le coupa OURS. Surpris, l'ex-bureaucrate qui n'était pas habitué à tant de familiarité resta pantois un instant.
> D'accord, bon il semblerait que nous soyons que tous les deux, constata Wolt.
> Larguez les amarres !! Hurlèrent quelque soldats avant que le navire ne se mette effectivement en marche.
> Effectiveme... commença OURS, avant que tous ne furent surpris. Un homme apparu au milieu du pont, alors que le bateau était déjà à une dizaine de mètres du ponton.
> Allez, on décolle ! Fit l'homme en question.

Les soldats se mirent en branle, certains armèrent leur fusils, d'autres dégainèrent leur sabre, prêt à sauter au cou de l'intrus. Pourtant, les deux agents du Gouvernement étaient restés calme, ils avaient reconnu le Soru.

> C'est bon, c'est bon, calma le Commodore alors qu'il s'avançait lui même vers l'intrus. Agent Delta, un honneur, dit-il avant d'entamer une poignée de main vigoureuse avec celui-ci. Ils étaient amis, c'est ce que Wolt pensa immédiatement.

L'homme qui venait d'arriver, comme un cheveu sur la soupe, n'était pas n'importe qui. Un véritable vétéran du Cipher Pol deux, de ceux qui ont tellement d'anecdotes qu'il faudrait une vie entière pour toutes les raconter. Châtain, un mètre quatre-vingt à vue d'oeil, le regard bleu et vif, il avait le don de passer inaperçu. Il aurait pu paraître lambda, comme le laisse croire sa description, mais il émanait un certain charisme de lui, qui tournait les regards dans sa direction. La frégate quitta ainsi la baie, partant en mission. Les trois agents furent immédiatement invités par le Commodore Heed, qui ferma la porte derrière lui.
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Delta sortie un cigare de sa veste, un zippo et alluma le tabac dont les feuilles devinrent immédiatement incandescentes. Il aspira quelques profondes bouffées, avant de glisser son rouleau brun entre son pouce et son index. Il expira un gros nuage blanchâtre et odorant qui ne plut pas vraiment à ses homologues.

> Tu n'as pas demandé si tu pouvais fumer, lança le Commodore.
> Fais pas le rabat-joie, je me souviens de quelques beuveries où tu ne te faisais pas prier, hein, rétorqua aussitôt le vétéran. Alors, tu nous fais le topo ?
> Oui tout à fait, commença le gradé avant de s'assoir derrière sous bureau et invitant ses hôte à prendre place. Wolt resta debout, parfaitement droit les mains dans le dos, tandis qu'OURS s'assit sur la chaise qui faisait face au Commodore et que Delta avait une fesse posée sur le bureau. En début de matinée, un incident a eu lieu sur l'Ile aux esclaves. Un groupe s'est introduit dans les carrières, une dizaine d'individus et ils ont exfiltrés une cinquantaines de captifs. Puis, ils se sont échappés à bord d'un navire.
> Une affiliation ? Demanda Delta en soufflant une nouvelle volute de fumée.
> Des Révolutionnaires, ils ont ensuite engagés un combat contre un navire du Colonel local mais ils s'en sont sortis. Depuis, ils sont en fuite. A ce qu'il paraît, ils n'étaient pas indemne, leur navire du moins.
> Nous sommes censés les rattraper car ils sont sortie du périmètre de ce Colonel, pourquoi faire appel au Cipher Pol ? Questionna OURS, perplexe.
> Ils sembleraient qu'ils aillent vers l'Archipel Vert.
> Un choix de repli sûrement.. commenta discrètement mais perspicacement Wolt.
> Tout à fait, t'es qui d'ailleurs ? Demanda Delta.
> Agent de IIIème Catégorie Wolt, je suis du même Pol que vous et OURS monsieur.
> Oh parfait, un vieux nouveau si j'ai bien compris, alors montre-nous de quoi tu es capable.
> Hum, c'est à dire... fit Wolt décontenancé, pensant qu'il allait subir l'assaut de son supérieur.
> Nan mais pas maintenant, quand on sera en mission, se moqua Delta tandis qu'OURS se claqua le front devant la crédulité du nouveau.
> Le Cipher Pol ça rigole plus qu'avant j'ai bien l'impression, bon allez je termine, recentra le Commodore. Nous sommes à leur poursuite, il semblerait qu'aux commandes de l'équipe d'exfiltration se tient un Valet, Jamnel Felt, dit "l'Intrépide". On n'en sait pas vraiment plus pour le moment, mais il faut les arrêter.
> Je réitère, pourquoi nous ? Vous n'avez plus les moyens de faire votre boulot ? Demande OURS toujours méfiant.
> A cause de l'Archipel Vert, fit Delta. Ils ont les hommes, mais manquent de méthode pour traquer et éliminer des cibles précises dans ce genre d'environnement, expliqua-t-il, démontrant ainsi son expérience.
> Exactement, j'ai les hommes, nous sommes une centaine à bord, mais nous avons besoin de vous pour la traque.
> Vous êtes bien tombés, fit OURS, c'est ma spécialité, tandis qu'une motivation soudaine semblait l'animer. Wolt observait silencieux, apprenant de ses pairs.
> L'objectif est donc simple, trouver et récupérer les fugitifs, conclu le maître à bord. Delta toussota bruyamment, soufflant un énième nuage blanc. Qu'avez-vous à me proposer pour mener à bien cette mission ?
> Simple, cassa OURS, nous trois partirons en éclaireurs. En formant une flèche.. une formation à trois pour faire simple, expliqua-t-il voyant que ses termes techniques n'étaient pas forcément compris, nous débusquerons les Révos, l'objectif c'est de les repousser jusqu'à ce qu'ils soient face à un obstacle naturel, falaise, rivière, crevasse, montage etc.. Puis, on saisit nos proies !
> On voit là un vrai chasseur, commenta le Commodore.
> Le meilleur pisteur, il nous faudra être discret, donc vos hommes resteront à distance.
> Je dirais mieux, le coupa Delta. Il faudra que l'équipage soit scindé en trois parties. La première sera positionnée au niveau de leur navire à l'abandon pour qu'ils ne puissent y revenir. La deuxième se subdivisera elle-même en deux, longeant chacune la côte d'une direction opposée pour couvrir une fuite par les flancs et la troisième restera à un kilomètre derrière nous, afin de ne pas trahir notre position, mais pour pouvoir intervenir à notre signal et les choper, débita le vétéran. Wolt était ébahit, bien que son visage ne le laissait pas paraître. Il venait de prendre une véritable leçon par ses homologues, qui avaient chacun fait parler leur expérience.
> C'est parfait, je vous laisse donc à vos préparatifs personnels, je m'occupe de transmettre le plan d'attaque à mes hommes. Prenez l'air, le vent est bon aujourd'hui, nous arriverons là-bas aux alentours de 19 heures.

OURS et Wolt prirent congé du bureau du Commodore, tandis que Delta eu du nez et découvrit une bonne bouteille de whisky, cachée dans un placard. Il réussi à convaincre son ami de lui en servir un verre ou deux et ils y restèrent enfermés.


Dernière édition par Wolt Hender le Jeu 2 Mai 2024 - 20:51, édité 1 fois
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Pendant les quelques heures que durèrent le trajet, les agents OURS et Wolt discutèrent longuement. A peine avait-il accompli sa mission sur Kage Berg, le blond était donc à nouveau en mission. Pour mener à bien celle-ci, il demanda des conseils à celui qui le précédait dans la hiérarchie. Ayant terminé sa formation récemment, il n'avait encore jamais mené de traque ainsi nommée, ses connaissances étaient donc limitées. Le brun, lui, était rompu à la chasse. Agent ayant fait ses preuves, il était spécialiste du braconnage, pisteur d'exception et expert en survie. Aucune bête ne lui résistait bien longtemps et il avait, à son actif, de nombreuses missions de chasse d'espèces rares pour le compte de Dragons Célestes. Calme, posé mais passionné il donnait quelques astuces à son subalterne. Il lui expliqua alors la théorie en long, en large et en travers. Lui confiant ainsi qu'il fallait toujours chasser avec le vent dans le dos, pour contrecarrer le flaire supérieur dont sont dotés les animaux ou qu'au plus la trace est profonde, plus la bête est lourde. Mais cette fois-ci, la traque ne concernait ni félin, ni bovidé ni même une quelconque sorte de reptile fabuleux. La cible était humaine et cela rendait la chasse plus stimulante encore, selon les propres dires d'OURS. Il adorait rentrer dans l'esprit de ses proies et dans ce cas là, l'humain était absolument fascinant.

Une fois que les bases furent transmises, les espions se dirigèrent vers l'emplacement de la barre ou le timonier maniait le navire. Là, on leur confia une carte de l'archipel vierge qu'ils déplièrent sur le pont fraîchement briqué, du matin même. La carte était loin d'être aussi précise que ne l'étaient les cartes des autres îles de West Blue. Cependant, elle recélait assez d'informations pour qu'OURS ne fasse parler ses talents.

> En arrivant à 19 heures, il ne nous restera qu'environ une heure de lumière, hier la nuit était plutôt claire et je ne vois pas de gros nuages, constata-t-il. Ils ont une avarie, hum... selon moi, ils pourraient avoir mouillé là, là ou là, fit-il en pointant les trois points du doigt sur la carte. Studieux, Wolt s'abreuvait du savoir de son confrère. Ils doivent avoir appelé du renfort de la part de leur hiérarchie, mais depuis qu'Aeden est tombé leur logistique en souffrance, on devrait avoir environ une journée et demi, peut-être deux, d'avance sur leurs renforts.
> Sachant cela, ils doivent sûrement compter sur des réparations temporaires de leur navire, ils ont donc besoin de bois, poursuivit Wolt.
> Bonne déduction, ils devraient alors avoir établi un camps en lisière de la jungle. Cela leur permet d'avoir un visu à la fois sur la baie et d'être proche du lieu d'exploitation de la forêt. Je miserais sur ces points là, désigna-t-il en dessinant des cercles à l'aide d'un crayon que Wolt lui tendit. Buvant les paroles de l'agent de seconde catégorie, le blond était vivement impressionné par sa capacité d'analyse. Tu vois, il faudra qu'on avance en flèche, moi à l'avant et vous en retrait, jusqu'à parvenir à les débusquer. Car dans un premier temps, ils vont nous distancer, c'est obligé. Connais-tu le Soru ? S'inquiéta-t-il.
> Non je le regrette, je ne maîtrise pour l'heure que le Tekkai..
> Une masse rigide, aussi solide soit-elle ne nous servira à rien.. se lamenta OURS. Écoute, apprends et exécute mes ordres à la lettre, ce sera ton seul moyen de nous être utile pour cette mission, fit-il légèrement agacé. En son for intérieur, le chasseur d'exception pensa que l'ex-bureaucrate était autant un boulot que n'aurait pu l'être un vulgaire sbire. Pourtant, un bon agent devait savoir exploiter toutes les ressources à sa disposition, qui plus est, il n'avait aucune idée de la capacité de résistance des proies.

Les deux agents se rendirent auprès d'autres soldats qui discutaient de Jamnel Felt, le Valet de la Révolution. Ce dernier était donc derrière cette évasion, OURS en avait entendu parlé, mais pas Wolt. Les soldats les rencardèrent alors, confiant les maigres informations qu'ils avaient. Ils confièrent au brun l'avis de recherche de l'anarchiste tête-brûlée, primé pour dix-sept millions de berries. Le blond comprenait que la mission serait sûrement assez coriace, au vu du fer de lance de l'opération. Bien qu'il savait pertinemment que la mise à prix n'était pas synonyme de puissance, elle donnait généralement une bonne indication de celle-ci. Or, celle de Jamnel était habituellement accordé à des personnes bien trop fortes pour que Wolt n'ait une chance de faire quoi que ce soit. Loin d'avoir peur, il effectuerait son travail quoi qu'il arrive, mais il espérait avant tout ne pas être un boulot pour ses pairs.

Le trajets dura encore quelques dizaines de minutes avant que la vigie ne cri la présence de l'Archipel Vert. L'équipage se mit en branle et ils firent le nécessaire pour accoster. Cependant, la baie devant laquelle la frégate arriva était déserte, le premier point d'OURS était donc à écarter. Un choix devait être fait, car désormais les deux autres options se trouvaient en des points opposés sur l'île. Alors que chacun allait à son hypothèse, l'agent Delta sortie du bureau du Commodore, un verre presque vide à la main. Il bu d'une traite le reste de son breuvage et désigna l'ouest au même moment que le chasseur. Sans qu'ils ne se soient concertés ils en étaient arrivés aux mêmes conclusions. L'un par simple déduction, l'autre par ses talents d'observations qui avait repéré une légère fumée émanent de cette direction. Heed ordonna alors de mettre le cap vers la-dite source de cette fumée, à vitesse réduite pour ne rien louper. Selon lui, le navire devait avoir cinq ou six heures de retard sur les Révolutionnaires, qui auraient donc eu le temps de s'installer. Ces derniers étaient alors, toujours selon lui, sur leurs gardes. Wolt acquiesça, convaincu que c'était bien le cas. Les minutes se faisaient maintenant plus longues et cette côte semblait interminable. Finalement, ce n'était qu'à dix-neuf heures vingt qu'ils n'aperçurent au loin le navire des fugitifs. Celui-ci était en cale sèche dans une crique discrète, plus que la carte ne l'avait laissé pensée, à seulement quelques encâblures du l'endroit préalablement désigné par OURS. 

> Poursuivez la route jusqu'à leur navire, Wolt, à la lisière de la jungle d'ici trente minutes, compris ? Fit le pisteur, tandis que le trentenaire opina du chef.
> On prend de l'avance, renchérit l'agent Delta avant que les deux ne disparaissent du pont. Leur Soru leur permettant d'atteindre le sol de l'île en quelques secondes, ils enchainèrent ces déplacements à haute vélocité pour tenter de surprendre les Révolutionnaires.
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Dix minutes plus tard, l'équipage mené par James Heed jeta l'ancre dans la crique. Les soldats débarquèrent sous les invectives du Commodore mais ne trouvèrent personne dans les restes de la carcasse de bois. Wolt constata que le mas était abimé ainsi que le gouvernail, ayant subit l'artillerie des marins de l'Ile aux esclaves. Ne s'éternisant pas là, il recadra avec celui que l'on surnommait communément "Capitaine", les directives de l'agent Delta. Il s'assura alors que les soldats se séparent comme il était convenu puis il pris la direction de la jungle, droit devant. Le sable crissait sous ses chaussures en cuir, tellement pas adaptées à ce type de terrain. Il peinait à avancer, se languissant d'arriver sur un sol plus ferme. Puis, il se rendit compte de son erreur. La végétation luxuriante se dévoila à mesure qu'il avançait, fougères arborescentes, lianes, troncs et racines biscornues se révélant comme autant d'obstacles à son avancée. Pourtant, il fit mine de rien et brava cette forêt tropicale. Son point de rendez-vous devait le mener un peu plus loin et il ne serait pas en retard. Sous l'épais feuillage de la canopée, il faisait nettement plus sombre et le crépuscule aidant, il ne restait plus beaucoup de temps avant que la traque ne devienne nocturne. Ajustant ses lunettes, Wolt soupira puis dégagea son chemin, d'un amas de lianes filasses qui le lui barraient. Il entendit le sifflement évocateur d'un serpent, non loin, mais ne s'en inquiéta pas. Il était loin d'avoir l'expérience ou les compétences de ses homologues, mais il n'était pas un néophyte non plus. Malgré quatre années passées derrière son bureau de gratte-papier, il avait finalement réussi à compléter sa formation d'agent. D'ailleurs, son corps sec et musculeux témoignait de cette dualité. Confiant, il avança jusqu'à finalement tomber nez-à-nez avec ses pairs. Ceux-ci se tenaient debout au milieu d'un camp de fortune où des troncs fraîchement coupés gisaient, un petit feu y crépitait encore. Aux pieds de Delta, trois hommes étaient inconscient, neutralisés proprement.

> Ils ont eu le temps d'alerter leurs vermines de potes selon OURS, dit simplement le vétéran, qui fumait désormais la toute fin de son cigare.
> C'est sûr, les bruits que j'ai entendu ne me trompent pas, la fraîcheur des traces qu'on trouve partout non plus, affirma-t-il.
> Que dois-je faire ? Questionna Wolt qui souhaitait respecter les dires du brun.
> C'est simple, je suis à l'avant, environ trente mètre en amont et vous êtes désaxés. Nous couvrirons ainsi plus de surface et mes compétences nous orienteront mieux, expliqua le chasseur.
> Alors go, lança Delta d'un ton enjoué.

Les trois agents débutèrent leur traque, sous les directives d'OURS qui menait la marche. Débusquant des traces de pas que même le nouvel agent avait remarqué, ils prirent la direction du centre de l'île, vers lequel les fugitifs semblaient se diriger. A allure, soutenu, ils avancèrent pendant une heure, avant qu'il ne fasse nuit. Derrières eux, les soldats avaient pour consigne de dresser un camp et de ne reprendre la marche qu'au levé du jour, ce qu'ils firent assidûment. Selon son expérience, la profondeur des traces et les dégâts causés sur la végétation, le pisteur du groupe en déduisit qu'ils ne s'étaient pas encore séparés. Mais également qu'ils avaient environ deux heures d'avances. Malgré la nuit qui, sous l'ombre des arbres, était presque aussi profonde qu'elle n'aurait plus l'être dans une caverne, ils décidèrent de poursuivre leur chasse. Seulement, ils changèrent de stratégie. Car dans cette jungle, se perdre était bien plus simple que de retrouver son chemin. Alors, le chasseur désigna l'endroit où ils se trouvaient comme leur bivouac, un feu fut allumé, afin d'éloigner les bêtes sauvages et Wolt fut chargé de l'entretenir. De leur côté, les deux agents de seconde catégorie se relayèrent dans un "tour de garde" façon Cipher Pol. Ainsi, chacun leur tour ils exécutèrent deux Soru dans une direction, afin de chercher une trace des proies, puis ils revenaient au camp. L'objectif, étayer un maximum de terrain pour faciliter la reprise une fois l'aube levée. Ils s'exécutèrent ainsi jusqu'aux alentours d'une heure du matin quand, enfin, ils cessèrent leurs recherches. Jusqu'au petit matin, Wolt ne ferma pas un oeil, veillant sur ses pairs qui eux, suite à leur ballet nocturne, eurent besoin de quelques heures de sommeil.


___

Du côté des Révolutionnaires, le second jour de la traque s'annonçait bien plus compliqué que le premier. Ils avaient déjà réussi à échapper aux agents gouvernementaux grâce aux sages recommandations de Go Han Du, le prodige fraîchement libéré de l'Ile aux esclaves. Jamnel, lui, n'avait pour seule ambition que de confronter les poursuivants, avide de combat et d'adrénaline, il ne pensait qu'à court termes. Le natif de Ka no Kuni était lui bien plus réfléchi. C'était donc tout naturellement qu'il avait pris les rennes de cette fuite. Malgré sa jeunesse, il comprenait les enjeux autour de lui. Les dix soldats du mouvement révolutionnaire, envoyés par le célèbre Wayne Johnny, le Cavalier à la prothèse cybernétique, étaient armés de fusils et de sabres, tandis que les ex-esclaves n'étaient munis de rien d'autres que leurs poings, hormis Go Han, équipé de son bien-aimé bâton d'acier. Le groupe était trop nombreux et donc mal équilibré. Pensant qu'ils avaient à faire à de simples soldats de la Marine, le jeune homme cru pouvoir berner ses poursuivants avec un simple subterfuge.

Au matin, il incita ses camarades à tourner en rond pendant quelques minutes, avant de partir dans des directions différentes, avant de tous se regrouper quelques minutes plus tard, plus en aval. Il espérait ainsi que la multiplication des traces de pas et l'éclatement du groupe suffise à semer le trouble nécessaire pour qu'ils engendrent une avance confortable. C'était tout ce dont ils avaient besoin, car leurs soutiens, dont le Cavalier Wayne en personne, n'arriveraient que dans trois jours. C'était donc une course contre-la-montre qui débutait.


Dernière édition par Wolt Hender le Jeu 2 Mai 2024 - 20:52, édité 1 fois
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> Enfoirés, pesta Delta lorsqu'il vit l'enchevêtrement de traces de pas, ne ressemblant plus qu'à un gros amalgame informe. Ton flair te dit d'aller où, demanda-t-il à OURS.
> Si je peux me le permettre, je crois comprendre qu'ils ont cherchés à brouiller les pistes. Puis, après avoir tourné, il ont éclaté le groupe, comme en témoigne ces marques dans toutes les directions, remarqua Wolt, ce qui surpris le vétéran.
> T'es devenu un débusqueur de révo ? OURS, ça marche ta méthode, regarde le nouveau, vannait-il.
> Je dirais.. fit le brun pensif, s'accroupissant tout en observant les traces de plus près. Je dirais qu'ils ne s'agit que d'un piège, ils savent qu'on est à leur cul mais il est trop tôt pour qu'ils ne se séparent réellement.
> Si j'ai bien compris, c'est lorsqu'ils seront acculés qu'ils le feront, pour qu'un maximum d'entre eux survive, c'est bien ça ? Demanda studieusement le blond.
> Effectivement, comme le ferait un troupeau de gnous à trois cornes des plaines de Rhétalia, confirma OURS. En partant de ce principe, il nous suffit de suivre une trajectoire et elles devraient toutes converger, il semblerait néanmoins qu'il y ai quelqu'un qui tente de réfléchir dans ce groupe, ça rend la tâche un peu plus compliquée, tant mieux, jubilait-il.

Ils s'en tinrent donc à leur plan initial, reprenant leur formation et suivant l'une des pistes qui partait vers l'ouest. Après plusieurs minutes, ils décrivirent un arc-de-cercle et se réaxèrent par rapport à la direction du centre de l'île. Ils en déduisirent que la destination des fugitifs n'avait pas changée. Sous la houlette d'OURS, ils poursuivirent leur chasse pendant de longues heures, à alterner les déniveler, passer entre les troncs, écarter les lianes et enjamber des racines trompeuses. La faune les craignait, pour l'instant, mais les moustiques, eux, étaient assoiffés. Ils se précipitaient, en bande, puis piquaient en escadrons pour s'abreuver goulument. L'Agent Delta se frappait les avant-bras à répétition, comme un cinglé, tandis que Wolt pestait contre les insectes, qui semblaient être en nombre infini. Le chasseur, lui n'en avait cure, sa longue expérience d'aventurier et de chasseur l'avait rendu insensible à ces piqûres. Il était celui dont la concentration se maintenait le mieux, pleinement voué à la tâche qui l'incombait. Observant inlassablement, soucieux du moindre détails, il avait presque un sixième sens. Car bien que les évadés cherchent à le tromper, en marchant parfois à reculons, en marchant parfois sur les racines sur plusieurs mètres pour "effacer" leurs traces. Rien n'y faisait, rompu à la traque, l'agent du Cipher Pol deux ne les lâchait pas. Conduisant habilement ses deux homologues, il semblait ne pas faire le moindre faux pas. Si bien qu'au final, ils gagnèrent du terrain. Talonnant les fugitifs, ils n'étaient plus qu'à une heure derrière eux. Parfois, lorsque qu'un vent de face se levait, ils entendaient les bruits causés par l'avancé des révolutionnaires.

A mesure que la journée avançait, Wolt perfectionnait ses observations. S'abreuvant du savoir de son supérieur, il cherchait à en savoir toujours plus. Pas avare en questions, il voulait comprendre. Comment faire pour déterminer le poids, le profil d'une proie à son empreinte de pas, comment anticiper ses mouvements en fonction du terrain, comment masquer sa propre odeur, toutes ces questions donnaient lieu à de véritables exposés, mêlant théorie et pratique. Sans qu'il ne s'en rende compte, l'ex-bureaucrate apprenait vite. Ses déductions se rapprochaient de la vérité, il parvenait mieux à prévoir les mouvements du groupe de fuyards. De son côté, l'Agent Delta s'ennuyait profondément, suivant simplement les indications. Leader dans l'âme, il n'avait pas réellement l'habitude d'agir ainsi, bouillonnant de l'intérieur. S'allumant un nouveau cigare, il marchait un peu à la traîne. Il tira de nombreuses bouffées, qu'il expulsa en d'épaisses volutes. Le tabac qui s'infiltrait dans ses poumons semblait presque le revigorer, comme si son corps fonctionnait à l'envers. Soudain, il entendit un bruit qui ne le ravit pas. Il s'agissait d'un crissement dans les arbres, à gauche de sa position. Il eu à peine le temps de tourner la tête dans cette direction, qu'il vit une énorme masse noire lui fondre dessus. A peine eut-il le temps d'activer son Tekkai, que l'animal sauvage rebondit sur son corps devenu acier. Hébétée, la panthère, noire comme le jais, n'avait pas compris pourquoi ses crocs n'avaient pas percées la carotide du bipède qu'elle visait. Alerté, Wolt et OURS rappliquèrent, observant le combat express qui opposa le vétéran au félin. Express, car ce dernier évita le second assaut de la bête grâce au Kami-E, lui permettant alors une esquive instinctive, son corps semblant presque se déformer pour éviter les griffes acérées. Wolt arriva à cet instant, observant l'action qu'il décortiqua comme un cas d'école. L'instant d'après, Delta se baissa sur ses appuis, leva son index qu'il raidit d'un seul coup. Il l'abattit comme un coup de fusil, dans le cou de l'animal qui se fit transpercer immédiatement, agonisant alors au sol après qu'il eut retiré son doigt. Le Shigan avait été terriblement efficace, aussi létal qu'on pouvait l'attendre d'un agent comme le vétéran qu'il était. Attentif à chaque mouvement, le blond avait décomposé l'attaque dans son esprit. L'un des piliers du rokushiki, qu'il ne maîtrisait malheureusement pas encore.

> On pourrait presque croire qu'ils l'ont payés pour qu'il nous attaque, ricana Delta, avant de cendrer son cigare.
> Beaux mouvements, le félicita Wolt.
> Au moins, on pourra manger quelque chose ce soir, se réjouit OURS, qui voyait les choses de façon pragmatique.
> Arrête ta lèche, tu aurais pu le faire toi aussi le nouveau, le remballa Delta.
> Eh bien non, s'excusa l'ex-bureaucrate. Comme je vous l'ai dis, je ne maîtrise ni le Kami-E, ni le Shigan.
> Oh putain c'est vrai... pfff, tu vas vraiment nous servir à quelque chose si on doit les affronter de front ? Questionna le vétéran, non s'en réveiller de vieux soupçons d'OURS. Bon tu sais, quoi, je vais t'apprendre le Shigan en accéléré, parce que là, c'est plus possible, conclu-t-il.
> Vous en discuterez plus tard, pour le moment on doit continuer d'avancer, râla le brun avant qu'ils ne repartent, adoptant à nouveau leur formation triangulaire.
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> J'en peux plus de ces foutus moustiques, râla Jamnel dont les bras nus se faisaient dévorer par les moustiques, tandis qu'ils évitaient soigneusement Go Han. Se grattant à tout vas, il en avait la peau rougit, laissant voir de grandes griffures. On va pas continuer à fuir comme ça encore longtemps, faut qu'on agisse, on est pas des lapins merde ! Pesta-t-il à nouveau, comme il l'avait déjà fait cent fois depuis le matin.
> L'impatience n'apportera rien, nous ne savons ni qui sont nos poursuivants, ni combien ils sont, calma Go Han, d'une voix apaisante.
> J'espère au moins que c'est un Commodore, sinon je serais vexé, rétorqua le Valet dont l'égo guerrier était central.
> Mais chef, s'il s'agit d'un Commodore, y'a moyen qu'on se fasse balay..
> La ferme, je l'écraserai de mes poings, se vantait-il en mimant un crochet du droit.
> Ce sera inutile, nous n'avons que trois jours à tenir, les soldats de la Marine ne tiendront pas la cadence tout ce temps, il nous suffit de garder nos distances et nous pourrons rejoindre les hommes de Wayne, tempéra le kanokunien.

Les révolutionnaires poursuivirent leur fuite, cherchant à rallier le centre, sur les conseils de Go Han. Il s'imaginait qu'une fois arrivé là-bas, la tâche se compliquerait pour les poursuivants qui ne pourraient anticiper leur nouvelle trajectoire. Enfin, c'était sans compter sur OURS et ses dons. 
Le groupe d'ex-esclaves était un caprice, car ils n'étaient pas prévu dans les plans originaux du Cavalier Wayne. A l'origine, il avait ordonné à Jamnel, l'un de ses plus dévoués fers de lance, de s'infiltrer dans l'Île aux esclaves, afin de libérer Go Han. Ce jeune homme représentait un véritable enjeu stratégique à lui seul. Il était une véritable étoile montante, un prodige pour la Cause. Non pas par la force, qui régissait malgré tout souvent la hiérarchie dans les groupes de ce monde, mais par sa sagesse et son leadership. Il était capable d'emporter les foules grâce à ses mots et les gens se ralliaient à lui naturellement. Wayne l'avait compris et lorsqu'il entendit que Go Han avait été capturé puis envoyé trimer comme un esclave, sa certitude était qu'il fallait l'exfiltrer rapidement.
Malheureusement pour eux, les choses ne s'étaient pas déroulées comme prévu. Car lorsqu'on vint le libérer de ses chaînes, il força les hommes de Jamnel à en faire de même pour une cinquantaine de captifs qui partageaient son dortoir. Ainsi, ce qui aurait pu être une mission discrète se transforma en évasion rocambolesque. Attirant naturellement l'attention de tous, ils manquèrent de couler par le fond, lorsque les navires du Colonel Torrk Juids se lancèrent à leur poursuite. Ils en réchappèrent de peu, mais comme l'avait justement remarqué Wolt, leur mas était abîmé et leur gouvernail presque inutilisable. Ils échouèrent donc sur l'Archipel Vert, appelant des renforts, mais livrés à eux-même. Go Han ne pensait alors plus qu'à la survie du groupe, cherchant un moyen de semer les soldats jusqu'à l'arrivée de Wayne qui, selon lui, serait en mesure de repousser presque n'importe quel poursuivant.

Ils continuèrent à marcher encore de nombreuses heures, jusqu'à ce que le crépuscule ne vienne plonger les lieux dans la pénombre. La logistique d'un groupe de soixante était difficile à gérer, surtout dans un tel contexte. Ils établirent un camp de fortune, un feu et mangèrent un peu des provisions qu'ils avaient emporté avec eux. Go Han laissa sa part, exprimant ainsi son sens du sacrifice. Dans la position du lotus, il méditait, délaissant la vue pour se concentre sur l'ouïe, qui était sûrement son meilleur garde-fou, en cas d'intrusion dans leur périmètre. Pour le moment, les bruits étaient faibles, l'agitation lointaine. Car l'écart avec les chasseurs s'était encore réduit. Il y avait moins d'une heure, peut-être trente-cinq minutes, seulement, d'avance pour les révolutionnaires. Go Han l'avait compris, mais ne pouvait faire autrement qu'attendre et chercher une solution. Il ne pouvait surmener les esclaves comme il était capable de le faire un soldat, car ils n'étaient que de simples civils. Résolu à composer avec, le Valet savait qu'il faudrait séparer le groupe à un moment, mais comment maximiser les résultats, il en cherchait encore la réponse.

___

Alors que les trois agents du gouvernements établirent leur camp pour la nuit, il fut décidé que seul OURS, par tranche de trente minutes, mènerait l'exploration nocturne des alentours. Pendant ce temps, Delta en profita pour enseigner les rudiments du Shigan à son élève. Wolt avait déjà suivi une formation, mais ce n'était généralement qu'au rang d'agent de seconde catégorie, que les espions parvenaient à la maîtriser. Or, en cas de besoin il fallait que le blond soit capable de tuer proprement. Face à un arbre, le vétéran durcit son doigt puis le ficha jusqu'à la tête du métacarpe en un instant. Le bruit était sec, glaçant le sang, car il évoquait effectivement ce que l'on pouvait se figurer d'un assassinat discret. Wolt s'y essaya, mais son doigt ne parvenait pas à prendre la dureté nécessaire pour devenir une véritable lance. Plusieurs fois son doigt se tordit, lorsqu'il entra en contact avec l'essence robuste de l'arbre. Il grimaça de douleur, mais ne dit rien, ne faisant que répéter les mêmes gestes inlassablement.

> C'est comme si tu déplaçais le Tekkai sur ton doigt, ou ta main même, mais le reste doigt rester mobile, expliqua Delta, qui avait déjà formé quelques jeunes éléments au rokushiki.
> J'ai du mal à concentrer la crispation de mon Tekkai sur ma main seule, constata Wolt. C'est au mieux sur tout le bras que j'arrive à le focaliser, poursuivit-il, montrant que son bras entier était raide comme un pique, lui empêchant tout mouvement.
> Bon, changeons de méthode, arrête de taper sur ce tronc. Tu vas visualiser, le rokushiki repose sur le contrôle de son propre corps, alors visualise ton Tekkai s'activer puis se dissiper de toute ton corps, sauf sur ta main. Une fois que tu auras terminé ça, nous passerons au reste de la technique, conclu Delta qui laissa alors l'ex-bureaucrate seul à sa méditation.

Ce n'est que plus tard, aux alentours de minuit, que Wolt réussi pour la première fois à durcir suffisamment son index. Il le sentait, le Shigan était à sa portée, mais il lui manquait encore un petit quelque chose. Il s'entraîna une petite dizaine de fois contre le tronc de l'arbre, troué comme un gruyère par Delta mais ne parvint pas à le percer. Il se rendit quelques mètres plus loin, là où les flammes dansaient dans un halo rougeoyant. Le crépitement couvrait un peu les bruits incessants de la faune nocturne, offrant un semblant de confort. Il souhaitait signaler à son maître qu'il avait terminé la première phase de l'apprentissage, mais ce dernier dormait. Craignant les conséquences d'un réveil déplacé, il se ravisa et s’essaya face au feu, aux côtés d'OURS, qui veillait pendant le repos de son confrère. Ils discutèrent longtemps, le pisteur narrant des anecdotes que lui seul avait pu vivre. Bien sûr, il ne raconta rien de sa vie personnelle, rompu aux pratiques du Cipher Pol, il savait à quoi s'en tenir. Wolt non plus ne racontait rien de lui, mais pour d'autres raisons. Ce n'était pas la discrétion imposée par le travail qui le faisait se taire, mais plutôt les épreuves de la vie. N'ayant plus d'humanité, ne ressentant ni joie ni haine, il était comme anesthésié par la vie, presque déjà mort en somme. Il n'avait donc plus rien à dire, son seul attache au passé étant sa montre à gousset, recelant en son sein une photographie de sa femme et sa fille, lorsqu'elles étaient encore de ce monde. Son seul bien, le seul objet qu'il semblait chérir, l'unique rempart qui le séparait définitivement du néant.

Il était trois heures du matin, lorsque Delta pris son tour de garde et que les deux agents s'endormirent enfin, sombrant immédiatement dans un profond sommeil.


Dernière édition par Wolt Hender le Jeu 2 Mai 2024 - 20:53, édité 1 fois
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Au lendemain matin, les agents du Gouvernement Mondial prirent leurs dispositions. La course-poursuite avait assez durée, il était temps qu'ils remplissent leur mission. Ils avancèrent en formation pendant la première moitié de la matinée, durant laquelle Wolt affina ses compétences dans la traque, tandis que les deux agents de seconde catégorie se "reposaient". Puis, sur les coups de dix heures, ils enchainèrent un balai incessant de Soru, afin de quadriller une zone plus large. Le terrain escarpé chevauchait quelques petites collines et ravines tandis qu'en s'enfonçant plus profondément vers le centre de l'île, la topographie s'élevait. Chacun pris une direction et ils disparurent à la vue de l'ex-bureaucrate qui lui, devait poursuivre les pistes classiques. Leur objectif : plier l'affaire avant quinze heures.
OURS, allait bon train, s'appuyant sur ses jambes puissantes pour parcourir la zone choisie à toute vitesse. Il rencontra quelques primates curieux, des serpents craintifs et des félins surpris par son allure. Il dévala des pentes, grimpa des monticules, mais partout où il cherchait ce n'était que de la jungle, rien de plus. Agacé, il intensifia sa cadence, cherchant sans relâche pendant que son homologue en faisait de même. Une sorte de compétition s'était installée entre eux et il ne voulait pas perdre.
De son côté, Delta avançait également à bonne vitesse. Il s'éloigna rapidement, puis découvrit une main de banane. Il en arracha une puis l'éplucha, la dégustant avec plaisir. Dans cette traque, malgré le repas constitué de viande de panthère qu'ils avaient mangé la veille, leur panse était mise à mal. Amateur de bonne chair, bon vivant, l'agent en souffrait tout particulièrement. Soudain, il reçu un coup derrière la tête, un petit "poc" accompagnant l'impact. Il se retourna et vit une sorte de noyau fraîchement rongé, gisant à ses pieds. Il chercha rapidement du regard et, alerté par des bruits venant d'en haut, découvrit qu'il s'agissait d'une grande bande de singe, l'un d'eux lui avait alors lancé les restes d'un fruit. Il les regarda, un surpris, jusqu'à ce qu'ils se mirent à hurler, tous les uns plus fort que les autres. Le vacarme devint tonitruant et d'un seul coup, ils se mirent tous à lui lancer des noyaux comme le premier l'avait fait. Une sorte de vague le surbmergea, il n'eut que le temps de se protéger le visage avec ses bras, avant d'être bombardé. Il s'échappa d'un Soru, mais l'un des noyaux lui avait déjà laissé une belle bosse sur le sommet du crâne.

> C'est encore bien ma veine, se lamentait-il en se frottant énergétiquement. Il le savait, il lui arrivait toujours quelque chose. Cette fois-ci, c'était une attaque de singe.

Il perdit ainsi un peu de temps, jusqu'à ce qu'il ne se décide enfin à repartir en chasse. Il ne savait plus exactement quelles zones il avait prospectées, il alla alors au hasard, ou plutôt à l'instinct. Heureusement pour lui, il avait à la fois du métier et une bonne étoile. Si bien qu'aux alentours de midi il apparu à quelques mètres sur la gauche des révolutionnaires. Camouflé par la jungle, il les observa discrètement, s'assurant de ne pas être démasqué. Il vit le groupe, mené par Go Han et fermé par Jamnel qui s'impatientait. Il eu l'impulsion d'y aller seul, mais su qu'il se devait d'être plus prudent. N'étant pas un amateur, il privilégia la raison et après avoir observé leur trajectoire, s'en alla retrouver ses pairs.

> Ils se dirigent vers là, dit-il à ses compères en montrant un point de la carte. A l'avant il y a un petit chauve armé d'un bâton d'acier, à l'arrière un mec en débardeur, il me semble que c'est Jamnel, leur rapporta-t-il.
> D'accord... analysa OURS, je pense qu'il faut jouer du terrain, fit-il confiant. Il y a un éperon rocheux, aux alentours de cette zone, dessina-t-il avec son doigt, je l'ai vu tout à l'heure dans un jour entre les branches. Ils ne pourront le traverser et devront forcément le contourner, que ce soit par l'est ou l'ouest. Il faudrait que l'un de nous joue les rabatteurs, tandis que les autres devront les intercepter avant qu'ils ne dépassent l'éperon, expliqua-t-il en mimant la prise.
> Il faut que ce soit l'un de nous deux, répondit Delta, car sans Soru, impossible de les y rejoindre à temps. Wolt se tenait silencieux, attendant que des ordres lui soient donnés.
> Alors j'y vais, se désigna le chasseur, Wolt a bien appris mes trucs de traqueur, il pourrait t'aiguiller convenablement pour trouver les révolutionnaires, au cas où ils se replient en faisant marche arrière.
> Agent Delta, vous devriez joindre les hommes du Commodore, pour leur signaler de se positionner tel un filet par l'ouest, dessina-t-il du bout du doigt sur la carte, ils nous aideront à capturer les fugitifs qui courront dans tous les sens, parce qu'il y a là juste là, à l'est une zone déboisée. Ils n'y passeront pas, car ils seraient trop à découvert, fit-il sûr de lui. C'était là le fruit de son apprentissage de terrain, qu'il mettait en application presque naturellement.
> Pas mal, au moins je parle pas dans le vent, répondit OURS, blâmant Delta avec un peu d'humour.

L'instant d'après, OURS avait disparu et Delta utilisait son escargophone, lorsqu'il eu quelqu'un à la troisième sonnerie, il demanda à ce qu'on lui passe le Commodore. Il lui retranscrit alors le plan échafaudé par ses deux collègues, avant de raccrocher. Clair et directif, son leadership se traduisait même à distance. Aussi, avec Wolt ils se mirent en marche. Redoublant d'efforts, ils adoptèrent une cadence infernale pour être sûr d'arriver à temps. L'ex-bureaucrate peinait dans son costume, suffoquait presque mais s'accrochait. La chaleur humide était éprouvante pour les organismes, la topographie chaotique et leurs cuisses les brûlaient d'un feu inextinguible. Pourtant, ils serrèrent les dents. Selon les estimations de Wolt, ils n'étaient plus très loin.

Soudain, les oiseaux s'envolèrent en nombre, à plusieurs centaines de mètres, les singes se ruèrent d'arbres en arbres dans un brouhaha infernal. Puis, c'est un arbre qui s'effondra, causer un vacarme tonitruant. Les hostilités avaient commencées, les deux agents le surent s'en même se le dire. Il redoublèrent alors d'effort et, comme le blond l'avait prédit, tombèrent nez-à-nez avec les fugitifs, il ne manquait que Jamnel. C'était donc lui qui avait engagé le combat face à OURS, il n'y avait pas de doute possible.

> Fuyez, ordonna Go Han, d'un ton un peu trop calme pour un ordre. Delta ne se fit pas prié, il se déplaça si vite qu'aucun des fugitifs ne pu le voir, jusqu'à apparaître derrière l'un des hommes en arme et lui enfonçant le doigt dans la nuque. L'homme s'effondra sur place, semant l'effroi chez les civils. Fuyez, cria le jeune homme, qui perdit son calme pour la première fois depuis longtemps. Combattons-les, indiqua-t-il aux soldats de la Révolution.

Certains mirent en joue Wolt, qui eu le temps d'activer son Tekkai pour encaisser les balles. Celles-ci ne creusèrent pas sa peau, rebondissant mollement après avoir été comme compressées. Il n'hésita pas et se rua sur les soldats, qui crurent voir là une sorte de démon. Le vétéran, lui, évita les balles et les coups de sabres grâce aux mouvements instinctifs permis par le Kami-E.

> Ce sont des agents du Cipher Pol, faites attention, indiqua Go Han.

Ce dernier se jeta dans la direction de Delta, qu'il identifia directement comme la plus grande source de danger du duo. De son bâton, il effectuait de rapides et larges mouvements, cherchant ainsi une ouverture dans la défense de son opposant. Pendant ce temps, les six soldats restants se ruèrent sur Wolt, cherchant à le trancher ou lui coller une balle dans le crâne.
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> Tu l'utilises pas ?! se moqua Jamnel, en désignant la machette qu'OURS avait dans le dos.
> T'occupes, lui claqua l'agent gouvernemental avant de se déplacer dans le dos du Valet.

D'un coup de pieds dans les lombaires, il le fit basculer vers l'avant et se rouler dans la végétation luxuriante qui couvrait le sol. Le brun n'avait pas le temps de discuter, lorsqu'il tenta de mettre un grand coup de pieds dans le visage du Révolutionnaire, il heurta les avants-bras placés en croix de ce dernier. Cela le fit reculer, mais il avait évité le pire. Ils fondirent l'un sur l'autre, à coups de poings et de pieds. Le pugilat était d'une extrême violence, aucune classe, aucun panache, seulement du sang et la bave aux lèvres. Les déplacements d'OURS étaient les plus véloces, mais Jamnel n'était pas en reste. Ils s'écharpaient comme deux démons, ravageant les alentours. Les arbres troncs se brisaient sous leurs coups, les animaux fuyaient le plus loin possible de ces deux ouragans. Saisissant une opportunité, il arma son Shigan et d'un coup sec, son index vint se loger des les côtes flottantes du primé. Les sangs jaillit abondement, mais là où il aurait pu s'effondrer, celui que l'on surnommait à juste titre l'Intrépide, riposta. Il asséna un violent coup de crâne au visage de l'agent du Gouvernement, lui brisant le nez puis lui collant un crochet du gauche ravageur. Il termina par un coup de pieds frontal, éloignant l'espion de lui. Ours tituba, il était sonné mais son opposant n'était pas en meilleure forme. Les deux chancelaient, sans pour autant s'avouer vaincu. Ils s'élancèrent à nouveau l'un contre l'autre, hurlant leur rage.

Du côté de l'agent Wolt, le combat s'annonçait nettement moins complexe. Face à de simple hommes de main, il dominait clairement. Il arrêta une seconde salve de balles grâce à la technique de durcissement de son corps tandis que l'un des sbires brisa sa lame sur son cou. Reprenant toute sa mobilité, il pu donner un coup dans l'entrejambe de cet homme qui s'effondra en se tenant les parties. Puis, il accéléra le rythme. Coups de poings, de pieds, il survolait l'affrontement qui tournait au cauchemar pour les soldats. Évitant un coup de sabre de bas en haut, il fit un pas de côté et, d'un seul mouvement de contraction raidit son index. Il le sentait, son doigt était devenu une véritable arme. Il décocha d'un coup sec, perçant le torse du soldat qui tomba à la renverse. Le sang jaillissait, au rythme des battements de son cœur qui s'épuisèrent rapidement. Ses camarades enragèrent et harcelèrent de coups l'agent, qui lui, était satisfait d'avoir enfin réussi son Shigan.

Juste à côté, l'agent Delta menait également la barque. Son Kami-E tenait en échec l'ensemble des assauts du jeune prodige venu de Kanokuni, il dansait presque dans le vent, comme une feuille morte à l'automne. Le Ryankaku du vétéran manqua d'abréger la vie du Révolutionnaire, qui ne dû son salue qu'à la dureté de son arme de prédilection, que Delta n'était pas en mesure de trancher. Puis, il enchaîna un déplacement quasi-instantané et un Shigan. D'un vif mouvement de tête, Go Han évita l'attaque qui aurait dû lui être fatale, ne s'en tirant qu'avec une oreille déchiquetée, dont les lambeaux ensanglantés pendait misérablement. Delta recula de quelques pas, alors que le regard du jeune homme ne trahissait ni peur ni souffrance.

> Tu veux que je te donne l'occasion de me toucher ? Provoqua le vétéran. Allez, montre moi ce que tu as dans le bide, dit-il en bombant le torse. Frappe !
> Laissez les autres s'en aller, je viendrais avec vous.
> Impossible, tu le sais déjà !
> Prenez ma tête, je m'en fiche, mais laissez au moins les anciens esclaves s'enfuir, négocia-t-il une seconde fois.
> Frappe je t'ai dis, retenta Delta. Oups, je crois que ça va pas fort pour tes potes, dit-il en indiquant du doigt Wolt qui avait terrassé tous les soldats. Tu veux toujours pas frapper ? Il réalisa soudain qu'il ne voyait plus le kanokunien, qui s'était glissé sous son champs de vision. Lorsqu'il le vit, à moins d'un mètre, il usa de son Tekkai. Le bâton d'acier arriva cinglant, percutant le foie de l'agent gouvernemental avec une rare violence. Argh... fit le vétéran.

Malgré la technique de durcissement de son corps, il fut propulsé à plusieurs mètres et finit sa course contre un tronc d'arbre qui se brisa sur le coup. Du sang jaillissait de la bouche de Delta, dont les yeux étaient à moitié révulsés, une douleur atroce lui tordait les entrailles. Comme s'il avait pris un coup de canon, de l'intérieur.

> C'était quoi ça ?! Pesta-t-il alors que le jeune prodige arrivait pour lui en finir avec ce duel.
> Hasshoken, l'art martial de mon pays, tu étais trop prétentieux, énonça le Révolutionnaire, avant d'abattre son arme sur la position de son opposant. 

Heureusement, d'un Soru, l'agent de seconde catégorie avait évité le coup, mais encore sous le choc, il ne pu contre-attaquer, se contentant alors de maintenir une distance suffisante. D'un bon, Wolt s'élança mais fut cueilli par le bâton d'acier, qui le balaya vers la gauche. Le blond roula au sol, percutant les des racines saillantes.

> Je m'en occupe, allez récupérer les esclaves, ordonna-t-il à son supérieur. J'ai pas la possibilité de les rattraper, vous si !
> Non ! Hurla Go Han alors que Delta disparu de son champ de vision. Merde.. il faut que j'en finisse vite alors, s'emporta-t-il, faisant tournoyer son arme face à lui.

Ne pas se faire toucher, car aucune défense ne peut le contrer.

Wolt se répétait cette phrase inlassablement, tandis que les deux ennemis se jetèrent l'un sur l'autre. Tant bien que mal, le blond esquivait les coups de bâton, mais se frustrait de ne pas trouver la moindre ouverture exploitable. Il évita un coup qui aurait pu lui enfoncer le milieu du visage et lorsqu'il leva son poing pour décocher un uppercut ravageur, l'esclave en fuite le repoussa un coup de pieds sur le thorax. Se propulsant en arrière, il fit un saut-périlleux arrière, se réceptionnant avec une certaine légèreté. Le coup n'avait pas été bien fort, mais une sensation dérangeait grandement Wolt. Une sorte de vibration s'était emparée de lui, faisant trembler ses entrailles et lui causant des douleurs internes. Il compris alors pourquoi le Tekkai n'avait pas fonctionné, le prodige passait outre les défenses et la résistance, un sacré problème.


Dernière édition par Wolt Hender le Jeu 2 Mai 2024 - 20:53, édité 1 fois
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Le trentenaire cherchait un moyen d'entrer dans la zone de son adversaire, mais les mouvements du bâton d'acier étaient trop rapides. Maniée à deux mains, cette arme était redoutable. Elle ne laissait que peu d'espace, pouvant partir dans un sens puis immédiatement dans l'autre d'un simple mouvement de poignet. Qui plus est, la menace constituée par le Hasshoken était trop grande pour être ignorée. Les possibilités de Wolt étaient très peu nombreuses, il lui fallait être astucieux. Alors qu'il esquiva d'un simple bond de côté, un coup semblable à celui d'un marteau, il cru bon de s'avancer, prêt à dégainer son Shigan fraîchement acquis, mais il fut surpris par l'autre extrémité du bâton, poussée par la main gauche du jeune prodige. Percuté, l'agent recula, sentant encore une fois les tremblements dans tout son corps. La douleur était encore présente, la seconde piqûre de rappel ne fit pas du bien. Il évita encore quelques coups, mais force était de constater qu'il n'avait pas la possibilité de riposter. Il devait trouver une solution et vite. Il feinta une charge vers l'avant, mais envoyé quelques feuilles dans le champs de vision du Révolutionnaire, avant de reculer d'un bond. Garder la distance lui était essentiel à cet instant. Il fit le vide, tenta de vaincre toutes les pensées parasites qui encombraient son esprit. Les yeux mi-clos, il expira profondément, comme il l'avait appris lors de sa formation. Enragé comme rarement il ne l'avait été auparavant, Go Han fonça, bâton en avant et asséna un coup descendant avec une force terrible.

Esquive.

Cette maigre pensée, bien que fugace, fut suffisante pour briser la concentration de Wolt, qui dû bloquer le coup avec ses avant-bras. Ses pieds s'enfoncèrent légèrement dans le sol, mais non content d'avoir parer le coup, il cracha du sang, l'onde de choc s'étant déjà déployée dans tout son corps. Meurtri, il sourit malgré tout, en profitant pour mettre un puissant coup de pieds dans les côtes du fugitif, qui grimaça de douleur avant que l'ex-bureaucrate ne lui mette un coup de paume dans son oreille déchiquetée, lui arrachant un cri sinistre. Déterminé, n'abandonnerai pas. Les échanges de coups furent musclés, montèrent en intensité au fur et à mesures qu'ils fatiguaient, comme si cela les rendait plus fort encore. Il évita un premier coup en se baissant, puis fit le vide à nouveau.

Gauche.

Il bloqua à peine le coup de pieds, qui lui fit à nouveau de lourds dégâts internes. En hurlant sa frustration de ne pas y arriver, il raidit son doigt et envoya un frappe chirurgicale dans le cou de son opposant. Son doigt traversa la trachée du kanokunien, qui fut sidéré. Les yeux exorbités, il n'arrivait pas à parler, sa respiration était difficile. Son air semblait s'échapper par la blessure, il sifflait à chaque inspiration. Déboussolé, il vit trouble quelques instants avant de se reprendre en s'infligeant un léger coup de bâton sur le sommet du crâne. 

> Tu veux pas mourir, se plaignit Wolt qui était exténué.
> Pas avant que tu tombes, ragea le sage jeune homme. 

De son côté, l'agent Delta enchaînait les Soru à vive allure. Il traversa une grande distance en l'espace d'un instant, parvenant ainsi à rattraper un premier groupe d'une dizaine d'ex-esclaves. 

> Ne compliquez pas les choses, attendez ici sagement que l'on vous récupère, conseilla-t-il.
> S'il-vous-plaît, nous ne voulons pas y retourner, les conditions... s'il-vous-plaît, gémissaient-ils les uns après les autres.
> Les ordres sont les ordres.
> Non !!!! hurlèrent les fugitifs. 

Habilement, le vétéran se déplaçait jusqu'aux esclaves qu'ils assommait rapidement. Il fit ça si vite qu'un seul eu le temps de prendre les jambes à son cou, mais fut rattrapé aussitôt et tué, d'un Shigan assassin dans la nuque. Il appela aussitôt les forces du Commodore Heed, leur indiquant globalement sa position. Les cibles étaient en marche, il ne pouvait donc pas traîner. Son objectif était alors de neutraliser les fuyards, tandis que les soldats les récupéraient. L'agent de seconde catégorie soupira, se frotta la bouche qui était encore couverte du sang qu'il avait craché un peu plus tôt. Puis, il reparti, accomplir sa mission en solitaire.
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Les coups s'enchainèrent, l'intensité avait néanmoins baissée, montrant que les adversaires arrivaient à leurs limites. Les coups de bâton faisaient mal, meurtrissaient Wolt de l'intérieur, mais il n'avait d'autre choix que de les encaisser pour taper en retour. Une stratégie ô combien coûteuse, mais la seule qu'il parvenait à mener à bien jusqu'à présent. Car à chaque fois qu'il retentait d'utiliser le Kami-E, son instinct de survie se manifestait et compromettait la technique. C'était alors une course contre la montre, vaincre avant de s'écrouler, voilà le paradigme qu'ils avaient fait leur à cet instant. Un coup dans l'estomac sécha l'ex-bureaucrate, qui se plia de douleur. Il avait utilisé son Tekkai, mais cela était vain. Le Hasshoken passait outre sa durabilité, il le savait, mais perdait en lucidité. Un mouvement circulaire allait le faucher avant qu'il ne se baisse, puis assène un nouveau Shigan, dans la cuisse gauche du Révolutionnaire. Il jubilait intérieurement. Il avait enfin réussi. Mais il pouvait tout aussi bien mourir la seconde d'après. Il pris un autre coup frontal sur le torse, il ne parvint pas à s'en défendre. Un second. Son corps entier trembla, ses jambes étaient flageolantes. Il fit le vide, une énième fois. Lorsque le bâton arriva, droit dans son visage, il ne pensait à rien, mais une lueur l'éclaira à l'instant fatidique et il se mangea le coup qui l'envoya valser à plusieurs mètres. Son visage tuméfié, couvert de sang et gonflé des coups qu'il prenait faisait peur. Les cheveux détachés, ébouriffés, il haletait bruyamment. Couvrant la respiration difficile de Go Han, qui s'étouffait quelque peu. Le bâton frappa à nouveau, dans l'estomac, alors que l'esquive instinctive ne fonctionna pas. L'acier allait encore tâter le visage de l'agent Wolt, quand celui déconnecta son esprit, repensant à la feuille d'automne, qu'il s'était figuré lorsqu'il avait vu Delta effectuer la technique. Il s'imagina frapper dans la direction de cette feuille morte, alors qu'elle esquiva son poing grâce à l'air déplacé par le coup. Son visage se décala vers la droite, laissant le bâton s'enfoncer dans le vide. Le trentenaire logea son poing dans le foie du jeune homme qui se plia de souffrance, crachant de la bile légèrement rougit. Il avait réussi, une fois de plus. Le blond allait donner un coup de pieds circulaire qui, s'il touchait sa cible le mettrait automatiquement ko, mais le fugitif opposa son bâton, puis d'un mouvement de balancier asséna un terriblement coup grâce à l'autre extrémité. 

Une feuille d'automne.

Le corps de l'agent gouvernemental fit un écart à gauche, puis il évita trois coups supplémentaires qu'il n'aurait jamais pu esquiver en temps normal. Son corps réagissait aux coups, sans que son esprit ne cherche à intervenir de manière logique. S'essouflant, le Révolutionnaire sifflait d'une façon de plus en plus inquiétante. Jusqu'à ce que Wolt lui donne un coup de talon dans la cuisse, là où son index avait percé le muscle. La jambe du fugitif se tétanisa un instant, puis d'un coup de poing dans l'estomac il le plia en deux. Les opposants soufflaient comme deux bêtes, le blond était complètement couvert de sang. Il allait éviter un coup de bâton quand il vit enfin l'opportunité. Il se décala à droite, couvrit ses côtes grâce à son bras et balança l'autre vers l'avant, l'index pourfendeur dressé. Il s'immisça jusqu'au cœur de sa victime, qui tomba à la renverse, vaincu. Un jet de sang puissant jaillis, propulsant l'hémoglobine à deux ou trois mètres de hauteur. Chancelant, l'espion tomba également à la renverse, s'affalant de tout son être dans le parterre de végétaux désormais vermillon. Sa cage thoracique se soulevait puis s'affaissait rapidement, au rythme de sa respiration difficile. Le corps du Révolutionnaire, lui, convulsait sous ses dernières impulsions cardiaques. Une fine pluie de sang couvrit la zone autour de lui, sur environ deux mètres de diamètre, comme une cible au cœur de la jungle. La vision de l'ex-bureaucrate se floutait, des bruits stridents lui perçaient les tympans. Il avait chaud, suffoquant presque sous l'écrasante chaleur humide de l'île. Puis d'un coup il eut froid. Son corps entier était douloureux, ses muscles étaient endoloris et chacun de ses membres semblait peser une tonne. Il tenta de se redresse, mais lorsqu'il fut stoppé par une grande douleur dans l'abdomen. Il cracha un peu de sang avant de s'affaler à nouveau, pour faire taire les hurlements de son corps. Il compris qu'il n'avait d'autre choix que de rester ainsi quelques minutes, le temps qu'il récupère suffisamment pour se lever. 

> Oh merde... entendit-il. Putain Go Han, fais chier, ragea Jamnel qui venait d'arriver dans la zone, couvert également de sang. 

Wolt ne comprenait pas se qu'il se passait, était-ce dans sa tête, une sorte d'illusion auditive causée par la fatigue de son corps et de son esprit, où bien était-il là ? 

Merde OURS, pensa-t-il alors. Si le Valet était là, cela ne pouvait qu'induire d'une défaite de l'espion chasseur. Pourtant, le trentenaire se refusa d'y croire. Il entendit les pas du Révolutionnaire, qui faisait les cents pas, cherchant à réveiller ses hommes qui étaient évanouis. 

> Réveillez-vous merde ! 
> Tu es bruyant, lâcha simplement Wolt qui se redressait avec une extrême difficulté. Il ne parvint à s'assoir, appuyant son dos contre une racine apparente.
> C'est toi ? Demanda le Révolutionnaire.
> De quoi ?
> Tu le sais très bien, est-ce toi ?! S'emporta l'Intrépide dont les poings se serrèrent puissamment. 


Wolt déglutit, il n'avait pu la moindre force, qu'importe l'assaut qu'il allait subir, il en mourrait. Peut-être que cela lui permettrait de rejoindre sa femme, ainsi que sa fille. Cet espoir fut doux à son esprit, l'espace d'un instant. Avant que ces vieux démons ne lui rappellent qu'elles ne voudraient peut-être même plus le voir, dans l'au-delà non plus. Une amertume infini imprégna son gosier, il n'eut pas la force d'exprimer un sanglot, mais celui-ci lui broyait la gorge.


> Crève ! Hurla Jamnel, qui fondit sur l'espion, prêt à en découdre, tel un aigle sur un vulgaire lapin. Le poing serré, il s'apprêtait à le tuer net. L'ex-bureaucrate tenta un Tekkai, mais son corps ne le suivit pas, bien trop exténué.
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Wolt ferma les yeux lorsque le poing du Révolutionnaire s'était approché à moins d'un mètre de son visage. Il n'attendait plus que le choc, celui qui mettrait fin à ses jours. Il n'entendit rien, mais sentit un secousse dans le sol. Puis plus rien. Le coup n'arrivait pas. Surpris, il ouvrit les yeux et découvrit Delta, debout et de dos. Les quelques rais de lumière qui perçaient la canopée vinrent éclairer son visage, sur lequel des éclaboussures d'un liquide carmin ne laissait que peu d'espace au doute. L'agent se releva, difficilement en s'aidant du sol et il vit Jamnel, gisant les yeux révulsés. Le vétéran l'avait sauvé d'une mort certaine, in extremis.

> Garde les yeux bien ouverts, fit-il cinglant, relevant ainsi l'abandon de Wolt. Au moins, t'as eu le petit chauve, rebondit-il. 
> OURS, articula difficilement Wolt, faut le retrouver.
> J'appelle le Commodore et on y va, tes gus' se réveillent, fit-il alors que les soldats de la Révolution qui était évanouis reprenaient leurs esprit. D'un coup sec dans la nuque, il les rendormit aussitôt, l'un après l'autre.

Les soldats ne mirent pas plus d'une dizaine de minute pour les rattraper. Le torse bombé, quelques poils dépassant de sa chemise blanche, James Heed supervisait les arrestations. Ses hommes triaient blessés et morts, s'assurant qu'aucun des premiers ne se fasse passer pour l'un des seconds puis ne s'échappe. Il félicita les deux agents, qu'il remercia pour leur traque plus qu'efficace dans ce milieu hostile. Il envoya ses deux troupes qui parcouraient les côtes de l'île, vers l'endroit où Delta avait trouvé puis neutralisé les derniers fugitifs. Puis, il ordonna le retrait de tout le monde, initia un retour vers la baie où se trouvait la frégate. La conclusion était claire, les leaders du groupe Révolutionnaire avaient été tués, mais l'agent OURS ne s'en était pas sortie. Le vétéran du Cipher Pol deux s'en assura lui-même, ralliant les lieux de son combat avec Jamnel grâce à son Soru. Il tomba sur le corps inerte du traqueur, le visage tuméfié, le nez, l'arcade, la mâchoire brisée. Aucun doute, l'affrontement avait été d'une violence inouïe, il avait chèrement vendu sa peau. Seulement, il avait perdu. Delta confirma ainsi le décès et, au vu de l'état de santé de chacun, l'ordre fut simple : retour immédiat au navire. Un brancard de fortune fut construit pour transporter Wolt, mais il n'apprécia pas.

> Je me débrouille, partez sans moi, fit-il alors que tout son corps démontrait qu'il n'était pas vraiment en mesure d'avancer. 
> Arrête, on rentre au navire, lui lança Delta.
> Prenez de l'avance, je vous rejoins, rétorqua l'ex-bureaucrate.
> Agent Wolt, comprenez que nous ne pouvons vous laisser là, vu votre état ce serait inconsidéré, tenta le Commodore, en lui posant la main sur l'épaule. 
> Ecoute-le, le nouveau.. Il est mort, maintenant il faut avancer, balaya Delta qui avait très bien compris les intentions de son subalterne.
> Merci à vous, mais je vais me débrouiller, vraiment, répondit Wolt en repoussant légèrement la main du gradé de la Marine. Je ferais en sorte de ne pas avoir plus d'une demi-journée de retard, sinon, partez sans moi ! 

Le Commodore allait s'y opposer avec plus de fermeté, mais Delta plissa les yeux, comprenant la détermination de son homologue. Il posa alors sa paume sur le torse de James, lui faisant comprendre que c'était vain. 

> Pas plus d'une demi-journée. Survie le nouveau c'est un ordre., lui dit-il compréhensif avant de s'en retourner, dans un silence de respect.

Les soldats ne restèrent alors pas plus longtemps et toute la troupe s'en alla vers la baie où ils étaient amarré. Wolt, lui, grimaça de douleur puis souffla un grand coup avant de marcher, vers le lieu du combat entre Jamnel et OURS. Il se souvenait grossièrement de la direction qu'il devait emprunter, peinant à mettre un pied devant l'autre. Pourtant, qu'importe la douleur, il avançait et il parvint enfin à ce qui fut le théâtre de ce mortuaire affrontement. Sa gorge se serra lorsqu'il vit le corps sans vie de ce qu'il pouvait presque considéré comme un "ami", lui qui n'en avait plus depuis la mort des siens et qu'il avait comme quitté ce monde. Dans sa poche, il vit comme une grosseur, alors il s'approcha de lui, puis enfouit sa main dedans. Alors il trouva un escargophone, qu'il fixa quelques instants. Comme tiraillé de l'intérieur, il ne fit rien, avant de finalement prendre l'objet et le mettre dans sa propre poche. Puis, il s'agenouilla et puisant dans des forces qu'il n'avait plus, il creusa dans la terre meuble de la jungle. Les doigts ensanglantés, tremblant à cause de l'effort qui était bien trop demandé à son corps épuisé, il haletait comme un animal mourant. Lorsque le trou fut profond d'une vingtaine de centimètre, il y déposa le corps de l'agent, peinant à le traîner. Puis, il amassa branches, lianes, feuilles et pierres qu'il trouva autour, pour édifier un monticule recouvrant le corps. Puis, il saisit la machette du traqueur, la plantant à son sommet. Un rayon du soleil perça le feuillage danse des arbres tropicaux, scintillant dans l'acier de la lame. Wolt baissa la tête quelques secondes, faisant ainsi ce qu'il n'avait pu faire pour les deux femmes de sa vie, puis il s'en alla, gravant cet instant dans son esprit à jamais.

Le lendemain, alors que la frégate s'apprêtait à lever les amarres, respectant ainsi la volonté de l'ex-bureaucrate, la vigie vint troubler le silence de la baie. Il cria "homme en vue", se qui rassura Delta. Il n'alla pas accueillir son confrère, que les soldats vinrent aider à monter à bord, mais il le félicita en son for intérieur.
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