Kazuya-dono pour toi, baka !

Hishin est une yakuza. Un tatouage qui mange son épaule et un morceau de poitrine l’identifie comme lieutenant des célèbres Kazuya de Wa . Enfin célèbres, on a juste entendu parler de ses criminels au sens de l’honneur poussé, dérivé des traditions samouraï de l’île, qui se coupe l’auriculaire en cas d’échec de leur missions. Souvent tatoués, souvent avec une mise en plis parfaite … Hishin n’est pas ce qu’on pourrait dire être la yakuza parfaite. Elle porte des jogging qui donnent l’impression qu’elle n'est qu'une racaille de plus, lui dit-on en rigolant … Mais on la respecte, sa musculature fine est développée, et son métabolisme  bien plus efficace que la moyenne, lui permet de se faire respecter, surtout dans les concours d’alcools. Lunettes rondes vissées sur le nez, elle fume plus que de raison, et on la voit presque toujours une clope au bec, des gants de cuir noir aux mains, et des bottes de bonnes factures aux pieds.

Sa coupe de cheveux en revanche, dénote d’un  grand sens de la féminité et de toute sa maniaquerie quand à sa routine capillaire. Elle attache ses cheveux en une longue tresse plaquée dans son dos, et même si elle ne mesure qu’un mètre quatre vingt, en impose par sa façon d’être, naturelle, violente, bourrue même parfois …

Elle porte des boucle d’oreille, du genre pas réglementaire mais comme elle fait partie du trio de tête que voient les hommes, on lui passe ses excentricités aux codes habituels de la famille. Pantalon cigarette moulant ses attributs quand il faut faire dans l'officiel, elle est aussi très fan des débardeurs. Elle ne se rase qu’en de très rare occasion. Féminine et joyeuse ? Non, plutôt féministe et gueularde ! Sa voix a un ton plutôt grave et bas, le genre qui interpelle.

Elle se déplace comme si tout lui appartiendrait. Les épaules en arrières, les hanches ouvertes et les pieds en canard. Pas compliqué, sans ses formes, on pourrait croire que c’est un mec. Pas féminine mais jolie, son visage gracieux est, à contrario des moues qui la traverse, plutôt gracieux. Pas le plus beau, mais jolie …

Si on oublie l’odeur, les manières et tout le reste … Elle ferait un bon parti.

Loyauté, honneur, famille. Les valeurs des Yakuzas elle a trempée dedans toute sa vie, étant fille du bras droit de la famille Kazuya. Elle reste, malgré ses mauvaises manières, capable de s’adapter à son auditoire pour arriver à ses fins, ou simplement pour plaire. Caractère brute de décoffrage,  elle est une maniaque du contrôle et possède une vivre card de toute la famille, quelque part, dans sa collection.

Elle n’arrive pas à décrocher de son taff, qui consiste à recouvrer les dettes, par la violence si c’est nécessaire, mais le plus souvent un petit discours et son nom suffisent à imposer le respect aux lambdas de Wa, là ou se trouve le Quartier Général de la famille. Il paraît qu’ils trempent dans pas mal de sales affaires, et elle reste une criminelle.. . Avec juste plus de  règles à respecter, et des codes à connaître par cœur. L’influence des Yakuza se fait sentir dans le monde entier, mais vu qu’elle n’est qu’une lieutenante qu’on appelle quand ça sent la mouise, elle ne connaît pas trop ce dernier –même si elle se documente, et que son job consistant à retrouver les mauvais payeur, lui donne l'occasion de découvrir de nouveaux trucs.

Généralement, Les Yakuzas fournissent argent et services, mais ne sont –légalement- pas responsable de ce que l’on en fait, donc si elle trempe dans de sales affaires, sont-elles, aux yeux du monde, que des affaires troubles, à la limite de la légalité.

Sa famille est également responsable de la protection de la ville qu’ils occupent, et elle connaît chaque nom et chaque visages dans son quartier, ayant bonne mémoire. Et puis on l’apprécie pour son naturel, et sa façon bourrue d’être gentille. Elle donne des bonbons aux enfants, corrige ceux qui font du grabuge –pourquoi payer une taxe de « tranquillité » sinon ?  Et ne compte pas ses heures. Elle jure comme un charretier, et à cette façon très légère de prendre les affaires graves et compliquées, et inversement.

Jamais sur le bon timing, sa colère lui vaut le nom de Murasaki.

Oy ! Revient là sale gamine ! Fait le gars du marché ou j’viens de chiper des sucreries, comme une pauvrette des rues volerait une pomme. Il laisse son stand à son fils qui me regardait comme l’un des bonbons de sa boutique. On court. Et je suis plutôt douée en course. Sauf que j’ai cinq ans, et que même si j’arrive à me glisser dans des endroits plutôt exigus, entre des jambes et des gens que lui doit esquiver, je le vois bien, il va me rattraper, indubitablement. C’est lui sur mes talons qui doit provoquer cette réaction en chaîne … Parce que je suis une Kazuya. Quand le patron de la boutique posa sa main sur mon épaule, ça se corsait … Pour lui.

Une lame froide et aiguisée de manière consciencieusement se retrouve sous sa gorge … Il me lâche, et semble vouloir faire machine arrière. Sauf que la main de mon protecteur, l’attrape et le fait se tourner

- Tu sais ce qu’il peut t’arriver si tu touche le dernier rejeton des Kazuya ? On va te couper quoi ? Une main, ou carrément le bras ? Je ne sais que faire… Lâche Aries, le bélier, la créature duveteuse pour moi, mais un assassin d’élite pour le reste du monde, la créature cornue comme les diables et les démons.

- Heu … Mais, je ne savais pas, je ne savais pas … Fais l’homme, apeuré par le kunai dans une main, et l’autre qui le retiens sur place contre sa volonté. Heureusement arrive le responsable de ma naissance. J’ose à peine l’appeler père. « Créateur », semble plus approprié.

Il  semble d’abords profondément gêné, puis peiné, au final, il demande sans me regarder, s’adressant surtout à son assassin, mon protecteur.

-Que se passe-t-il encore ? Quel est ce remue ménage qui gêne le marché, et m’empêche d’en profiter calmement ? J’avais oublié de préciser, le marché du coin a toujours été son petit moment privilégié, celui ou il peut se lâcher, boire des canons, sentir les fragrances d’autres régions … Je reconnais dans la foule Gemini, Pisces et peut être même Scorpio…Bien qu’ils soient cachés. J’étais fier de moi, et n’avait rien suivit de l’échange …

- Elle m’a volé des marchandises, je ne savais pas que c’était votre fille Kazuya, sinon j’aurais été directement vous voir… Je mange les friandises en me disant que dans ce pays, personne ne vaut une cacahuète. Ils sont tous si apeurés dans le quartier d'Amakusa, c'est pas croyable… Et là, surprise générale, j’avale mon bonbon et voit mon père m’asséner un revers qui me fait reculer et rouler sur moi-même. Un revers, il a été sympa le vioque.

Il paye le marchand rubis sur ongle.

- Pour avoir touché une Kazuya, coupe lui un pouce pour l’exemple, Ariès.

- Bien monsieur, fit l’assassin entrainé pour obéir, et ne rien ressentir.

- Allons y, je n’ai plus de gout pour le marché … Hishin, relève toi plus vite que ça , et suis moi ou je te corrige à nouveau, fait Kaguya Kazuya, le bras droit du clan.

Et le temps reprends son cours comme si rien ne s’était passé, tout le monde retourne à sa conversation, son jeu de carte, sa bière ou son jus … C’est ça, mon monde.

Six ans plus tard ...  

Un monde de douleur et de devoir. Les entrainements commencent dès que j’ai l’âge de comprendre leurs intérêts, vers mes douze ans. Ariès  étant mon mentor, et par cette relation de confiance tissée entre nous, je préféré autant que ce soit lui qui me frappe, plutôt qu’un autre, que j’aurais détesté pour ça. Alors que mon garde du corps, lui, oui, lui a le droit de le faire, depuis le temps qu’il couvre mes conneries, et mes idées farfelues… Je commence par les entraînements de base, renforcer mon corps, en faire une vraie machine à tuer…

Je cours beaucoup, on m’entraîne à grimper aux bâtiments, avec des prises plus ou moins évidentes à crocheter. Je fais de la musculation, beaucoup de travaux physiques pour le clan aussi : L’exercice préféré d’Ariès, est de me faire couper des troncs de bois avec une arme quelconque. Au départ une hache aiguisée, qui ne me donnera pas trop de difficulté, puis ce sera le katana –normal à Wa no Kuni, et enfin la dague.

Et je peux vous dire que ça devient coton quand il me confie  un couteau de cuisine sans donner d'autre ordre qu'un hochement de tête en direction de la forêt ... J’y resterais des heures durant, des jours durant, des nuits entières passées dans les grandes forêts entourant le domaine des Kazuya, un grand manoir dont le style de Wa se fait sentir, avec ses longs couloirs comme des labyrinthes de papier, et ses portes coulissantes. Le tout tenait au milieu d’une forêt naturelle, pleine de sapins et de résineux particulièrement retors, vous pouvez me croire.

Puis vient le temps du pugilat, dans une arène, avec d'autre enfants issus du clans ou récupérés dans des orphelinats. Ils viennent avec la promesse d'une vie meilleure, et c'est souvent le cas. Tous n'ont  pas l'étoffe d'un Yakuza, entrer dans le clan demande certaines... Qualités et qualifications. La loyauté, évidemment, le devoir, viendrait ensuite, la tradition serait la plus vicieuse, tandis que de la plus dure restait l'honneur. Il fallait toujours se rappeler ses conditions pour rester sous la tutelle de la famille Kazuya.

L'arène. Une sphère de sable ou j'apprendrai l'humilité, et la résilience. Mon premier combat, est ... chaotique, désorganisé, presque pitoyable. J'ai  perdu. Et en beauté. L'autre fait le crâneur, ce qui lui vaut d'être corriger par l'un des "atouts" de la famille. Ariès n'est plus mon instructeur, c'était Scorpio qui a erprit la main.

- Ariès a toujours été trop gentil avec toi, Hishin, fait-il en m'aidant à me relever ... Mais le laxisme mène toujours à la faiblesse, et à la défaite, comme tu as pu le voir ... Ce sera dur, mais je vais faire de toi une guerrière digne de ce nom ...

Je n'aime pas sa façon de parler, mais il a raison. Je ne suis pas prête, peut être ne le serais je jamais sans son enseignement...

- Aries a fait ce qu'il a pu, mais je ne pense pas être si mauvaise, j'ai juste deux ou trois ans de moins que lui, et l'expérience qui va avec ... Donnez moi un autre adversaire, Scorpio.

Et ainsi, défilera toute la bande des orphelins, appelés à devenir les petites mains et les nouveaux "atouts", quand ceux qui officiaient à cette époque, ne le pourraient plus.

Quatre ans plus tard ...

Dans le clan des Kazuya, il n’y a aucun traitement de faveur, ni de pistons à actionner pour monter les échelons. J’ai personnellement fais l’expérience de cette coutume familiale.  C’est à la force du poignet que j’ai réussis à me hisser, petit à petit, au sommet de la cohorte de gueux et de pièces rapportées par mon père et ses hommes, des choses qu’il appelle des « talents bruts » … Des chiens affamés que l’on doit mater, éduquer et fédérer selon certains … Pour moi, ils devinrent petit à petit des amis, une famille, un patchwork qui formera mon foyer … Mon clan.

On mange ensemble, on souffre ensemble, on combat ensemble –l’un contre l’autre ou bien contre un ennemi commun… On prend des douches ensembles ! J’ai aucune honte à me montrer, et même si mes formes en affolent certains, mon tempérament de feu, mes méthodes et mes manières, les incitent à de la prudence dans leurs échanges avec moi.

Ainsi que l’on ne passe pas derrière un cheval sauvage, on n’essaye pas de m’approcher sous la douche. C’est comme ça, la légende raconte que celui qui arrivera à me battre en combat singulier, aura le plaisir de m’approcher après l’entrainement.

Heureusement c’est qu’une légende, et encore plus fort heureusement, je ne me suis plus fait battre depuis des années….

Trois ans plus tard ...

Le stress commence à monter, on a annoncé la mort du chef de proue. Mort de vieillesse dans son sommeil qu’à dit le médecin. Cela chamboule tout. Une réunion exceptionnelle rassemble tous les leaders de la famille.

. La réunion s’éternise en longueur, et j’attends à l’extérieur depuis une plombe. Il fait froid, il pleut et j’ai les pieds dans l’eau croupie du parc de notre domaine, depuis bien trop longtemps. Autant dire que je suis d’une humeur de chien … J’ai les yeux dans la vague, le visage fermé, je serre les dents. La réunion se terminera que lorsque les anciens auront statués sur le devenir du clan.

Le conseil est formé du grand argentier, qui tient les ficelles de la bourse, du commandeur, qui organise les défenses et planifie les attaques ainsi que tout le volet combat de notre clan, mais aussi du Chuchoteur, celui dont on ne sait rien de ses activités, même dans le secret du clan, ainsi que de la tête de proue, qui fait la pluie et le beau temps dans la politique et l’expansion de notre famille sur le plan publique… Et enfin le bras droit et le bras gauche, l’un s’occupe d’appliquer les décrets du conseil, de représenter, de parlementer, et peut parfois s’affranchir des avis du conseil des anciens. Tandis que l’autre, agit dans l’ombre, fait peur, et commande l’armée de l’ombre, celle dont l’on n’entend pas parler dans les livres d’histoire, ou les journaux officiels.

Et moi là dedans ? Je suis que la fille du bras droit depuis dix ans consécutif, et mon rôle bouge en fonction des besoins de mon père … Aujourd’hui, je fais la sécurité, mais plus tard, je pourrais accompagner nos percepteurs, ceux qui viennent encaisser les taxes et les intérêts des prêts de la famille. Bref, je suis un putain de couteau multifonction, polyvalent. Cela me convient, je vois un peu de tout, et peut être un jour je succèderai à mon paternel.

Comme lui-même a hérité de sa charge de son père avant moi.

Quatre heures plus tard …

La pluie a cessé. Elle laisse place à un fond de l’air mordant, froid comme un blizzard, avec du vent qui transperce les vêtements, et vous fait frissonner de l’intérieur, comme si vos os eux même deviennent glacials, congelés, secs. Heureusement que je ne vais pas rester planter là longtemps, après tout, je ne suis pas un arbuste, malgré que je sois du genre « belle plante » dans mon genre.

J’entends des bruits de pas avant de les voir arriver. Pendant ce temps là, les hommes de mon père sont planqués sur les toits, et dans d’autres points stratégiques de cette aile de la demeure. Je me met au garde à vous avec mon autre camarade, Kira, nous sommes tous les deux excités de savoir comment cela va se passer … Le premier à sortir, sera le nouveau leader, la « tête de proue » (nommé Seshu-zo) … Le visage sévère de mon créateur apparaît alors … Même aujourd’hui il ne se détends ni ne souris.

Il me scrute de ses yeux fauves, moi et mon grand sourire … Je le range aussitôt.

- Viens avec moi, ma fille, j’ai des choses à te dire … Promenons nous Hishin…

Il m’annoncera que ma place n’est plus dans sa garde personnelle sous le nom de Taurus, et qu’il me faudrait faire à l’idée. Je passe un ou deux rang au dessus, directement sous la tutelle du Grand Argentier, en tant que « Lieutenant de la monnaie ».

En gros mon boulot, c’est de presser les mauvais payeurs, de leur concasser si fort, que tout le jus et les sous en sortent … On ne me confiera que les tâches ardus et les cas les plus graves. Je devrai bientôt quitter Wa.

Ma première mission consisterait à poursuivre une dette jusque sur les mers bleus …