La pluie battante me crache tout son déplaisir au visage. Un fin crachin, guère plus qu’une rosée du matin, mais comme si cette foutue flotte nous entourant ne suffit pas, faut que le ciel nous pisse dessus. Temps de chien, même pas possible de s’allumer une clope sous le manteau gris du ciel, qui laisse percer quelques trouées opalescentes, guère plus qu’un espoir de retrouver le soleil sous peu. Je profite du transport d’un transport de marchandise pour me rendre à Saint Urea, du moins, voilà le plan de base. La guilde des bonimenteurs hein. Ceux là même qui empruntent à tour de bras, instaurent des taxes sur des territoires qu’ils ont payés avec la sueur des autres. Je crache sur le pont en bois, ma salive se confondant avec la pluie qui continue de déverser toute sa verve, et son inhospitalité.
Pas très accueillant comme coin. Du brouillard à couper au couteau, surplombe la mer du sud, et rend très peu praticable ses courants.
Pour autant, le capitaine m’a tranquillisé, en me disant que « Des gens bien attentionné apparaitront bientôt pour nous montrer le chemin, suffit de montrer patte blanche et blanc bonnet … » mais j’ai toujours ce mauvais pressentiment qui me colle au basque. Je ne suis pas divinatrice, mais je sens que la merde va bientôt s’ajouter à l’eau du ciel, et nous tomber comme une grosse bouse sur le coin du menton. Bon, j’ai mes armes, et même si le temps n’est pas avec moi, et ne me permet pas forcement de briller comme je le voudrai, j’ai de quoi appuyer mes arguments par d’autres moyens.
Après tout « c’est pas mes affaires … » tout ça, comment on traverse à travers la purée de pois, ni quel pattes on graisse. Tout ce que je sais, c’est que j’ai payé la traversée suffisamment cher pour avoir un bout de cabine planquée derrière des rideaux de fortunes –sans doute d’ancienne voilures abîmées, et pas d’emmerdes à venir.
On navigue encore jusqu’au point du jour, pas à vue mais avec les instruments antiques des marins d’eau salée. Les parfums d’iodes et l’odeur de sueur se mélangent, et moi je lézarde sur le pont avant, accrochée comme un koala au bastingage, tout en ayant un air décontracté. Bien sûr que je ne suis pas à l’aise, mais pas question de me mélanger au commun, au bateau, à l’incongru équipage du capitaine La Rascaille.
La lumière. Je vois de la lumière. Elle bat et flamboie difficilement, mais elle perce le manteau grisâtre qui fait notre paysage. Il fait nuit, mais je vois comme en plein jour. Quand on s’approche, je reconnais bien vite les contours d’un navire, et des hommes poissons à son bord. On dirait une frontière, pourtant, mes connaissances basiques en mer du monde, s’arrête au fait qu’il ne devrait rien y avoir à ce point précis de la map-monde.
- Oh, La Rascaille ! Oh eh, viens voir vieille carne … Voilà comment commence ma phrase, jusqu’à ce que j’entende une cloche au loin, et des voix s’élever dans l’humidité de la brume.
Je vois à peine à trois mètre maintenant. Curieux phénomène qui me fait m’poser des questions. Comment peut-on y voir aussi peu ? En trois minutes, ce n’est pas trop rapide ? Elle est ou l’entourloupe ? Je passe en revu les objets qui coupent et qui piquent dans les différentes poches qui composent ma tenue du jour. De la résille et du noir, des vêtements proche du corps, et négligemment posé sur mes épaules, une veste sans aucune forme, quasi déformée par les années, avec des motifs underground … Je suis parée pour donner dans la street cred.
- Dis donc, ce ne serait pas La Rascaille qui revient au bercail ! crie plus fort que les autres un immonde homme poisson, avec des tentacules qui pendent de sa bouche, et un air de malotrus sur le visage. Qu’est-ce qui me vaut le déplaisir ?
Là, je commence à m’inquiéter et à m’approcher du Rascaille, jusqu’à pouvoir mettre la main sur son épaule en tendant le bras. Il se retourne avec un petit air satisfait sur le visage.
- J’ai de la chaire fraîche, si ça peut payer ma traversée en toute tranquilité. Son sourire édenté ? Ses cheveux gras ? Ses haillons comme vêtements, rien de plus que de pelures comme celles des oignions ? Tout ça avait l’air d’un traquenard. Toujours se méfier des mecs qui sont trop mielleux, mais qui ont l'air de vieux loups de mer.
- Enfoiré, c’est quoi ce plan de merde que tu me fais ? Ma voix résonne fort, la température en moi commence à monter, le feu en moi ne demande qu’à brûler… Mais la pluie battante ne fait que donner l’impression que je suis fumante.
La fumée se condense autours de moi, comme si mon sang lui même bouillonnait.
J’attrape deux armes blanches à bords aiguisés, plus communément appelés Kunaï par ceux de l’archipel.
Je suis entouré d’ennemis, à l’entrée de ce qui semble être un rassemblement de connards qui flottent. Je suis entouré d’ennemis, mais je souris pourtant. Mon nom n’est pas inconnu des pègres les plus informées. Seulement, ma personne, mon visage et mes exploits ne sont toujours pas connus à leur juste valeur.
Je vais remédier à ça tout de suite, me dis-je en souriant, derrière mes lunettes fumées. C’est l’heure de la bagarre. Et la lune sera rouge sang cette nuit, comme le veut la coutume après une bonne partie de lames en l’air.
Pas très accueillant comme coin. Du brouillard à couper au couteau, surplombe la mer du sud, et rend très peu praticable ses courants.
Pour autant, le capitaine m’a tranquillisé, en me disant que « Des gens bien attentionné apparaitront bientôt pour nous montrer le chemin, suffit de montrer patte blanche et blanc bonnet … » mais j’ai toujours ce mauvais pressentiment qui me colle au basque. Je ne suis pas divinatrice, mais je sens que la merde va bientôt s’ajouter à l’eau du ciel, et nous tomber comme une grosse bouse sur le coin du menton. Bon, j’ai mes armes, et même si le temps n’est pas avec moi, et ne me permet pas forcement de briller comme je le voudrai, j’ai de quoi appuyer mes arguments par d’autres moyens.
Après tout « c’est pas mes affaires … » tout ça, comment on traverse à travers la purée de pois, ni quel pattes on graisse. Tout ce que je sais, c’est que j’ai payé la traversée suffisamment cher pour avoir un bout de cabine planquée derrière des rideaux de fortunes –sans doute d’ancienne voilures abîmées, et pas d’emmerdes à venir.
On navigue encore jusqu’au point du jour, pas à vue mais avec les instruments antiques des marins d’eau salée. Les parfums d’iodes et l’odeur de sueur se mélangent, et moi je lézarde sur le pont avant, accrochée comme un koala au bastingage, tout en ayant un air décontracté. Bien sûr que je ne suis pas à l’aise, mais pas question de me mélanger au commun, au bateau, à l’incongru équipage du capitaine La Rascaille.
La lumière. Je vois de la lumière. Elle bat et flamboie difficilement, mais elle perce le manteau grisâtre qui fait notre paysage. Il fait nuit, mais je vois comme en plein jour. Quand on s’approche, je reconnais bien vite les contours d’un navire, et des hommes poissons à son bord. On dirait une frontière, pourtant, mes connaissances basiques en mer du monde, s’arrête au fait qu’il ne devrait rien y avoir à ce point précis de la map-monde.
- Oh, La Rascaille ! Oh eh, viens voir vieille carne … Voilà comment commence ma phrase, jusqu’à ce que j’entende une cloche au loin, et des voix s’élever dans l’humidité de la brume.
Je vois à peine à trois mètre maintenant. Curieux phénomène qui me fait m’poser des questions. Comment peut-on y voir aussi peu ? En trois minutes, ce n’est pas trop rapide ? Elle est ou l’entourloupe ? Je passe en revu les objets qui coupent et qui piquent dans les différentes poches qui composent ma tenue du jour. De la résille et du noir, des vêtements proche du corps, et négligemment posé sur mes épaules, une veste sans aucune forme, quasi déformée par les années, avec des motifs underground … Je suis parée pour donner dans la street cred.
- Dis donc, ce ne serait pas La Rascaille qui revient au bercail ! crie plus fort que les autres un immonde homme poisson, avec des tentacules qui pendent de sa bouche, et un air de malotrus sur le visage. Qu’est-ce qui me vaut le déplaisir ?
Là, je commence à m’inquiéter et à m’approcher du Rascaille, jusqu’à pouvoir mettre la main sur son épaule en tendant le bras. Il se retourne avec un petit air satisfait sur le visage.
- J’ai de la chaire fraîche, si ça peut payer ma traversée en toute tranquilité. Son sourire édenté ? Ses cheveux gras ? Ses haillons comme vêtements, rien de plus que de pelures comme celles des oignions ? Tout ça avait l’air d’un traquenard. Toujours se méfier des mecs qui sont trop mielleux, mais qui ont l'air de vieux loups de mer.
- Enfoiré, c’est quoi ce plan de merde que tu me fais ? Ma voix résonne fort, la température en moi commence à monter, le feu en moi ne demande qu’à brûler… Mais la pluie battante ne fait que donner l’impression que je suis fumante.
La fumée se condense autours de moi, comme si mon sang lui même bouillonnait.
J’attrape deux armes blanches à bords aiguisés, plus communément appelés Kunaï par ceux de l’archipel.
Je suis entouré d’ennemis, à l’entrée de ce qui semble être un rassemblement de connards qui flottent. Je suis entouré d’ennemis, mais je souris pourtant. Mon nom n’est pas inconnu des pègres les plus informées. Seulement, ma personne, mon visage et mes exploits ne sont toujours pas connus à leur juste valeur.
Je vais remédier à ça tout de suite, me dis-je en souriant, derrière mes lunettes fumées. C’est l’heure de la bagarre. Et la lune sera rouge sang cette nuit, comme le veut la coutume après une bonne partie de lames en l’air.