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Contrat de confiance.

La pluie battante me crache tout son déplaisir au visage. Un fin crachin, guère plus qu’une rosée du matin, mais comme si cette foutue flotte nous entourant ne suffit pas, faut que le ciel nous pisse dessus. Temps de chien, même pas possible de s’allumer une clope sous le manteau gris du ciel, qui laisse percer quelques trouées opalescentes, guère plus qu’un espoir de retrouver le soleil sous peu. Je profite du transport d’un transport de marchandise pour me rendre à Saint Urea, du moins, voilà le plan de base. La guilde des bonimenteurs hein. Ceux là même qui empruntent à tour de bras, instaurent des taxes sur des territoires qu’ils ont payés avec la sueur des autres. Je crache sur le pont en bois, ma salive se confondant avec la pluie qui continue de déverser toute sa verve, et son inhospitalité.

Pas très accueillant comme coin. Du brouillard à couper au couteau, surplombe la mer du sud, et rend très peu praticable ses courants.

Pour autant, le capitaine m’a tranquillisé, en me disant que « Des gens bien attentionné apparaitront bientôt pour nous montrer le chemin, suffit de montrer patte blanche et blanc bonnet … » mais j’ai toujours ce mauvais pressentiment qui me colle au basque. Je ne suis pas divinatrice, mais je sens que la merde va bientôt s’ajouter à l’eau du ciel, et nous tomber comme une grosse bouse sur le coin du menton. Bon, j’ai mes armes, et même si le temps n’est pas avec moi, et ne me permet pas forcement de briller comme je le voudrai, j’ai de quoi appuyer mes arguments par d’autres moyens.

Après tout « c’est pas mes affaires … » tout ça, comment on traverse à travers la purée de pois, ni quel pattes on graisse. Tout ce que je sais, c’est que j’ai payé la traversée suffisamment cher pour avoir un bout de cabine planquée derrière des rideaux de fortunes –sans doute d’ancienne voilures abîmées, et pas d’emmerdes à venir.

On navigue encore jusqu’au point du jour, pas à vue mais avec les instruments antiques des marins d’eau salée. Les parfums d’iodes et l’odeur de sueur se mélangent, et moi je lézarde sur le pont avant, accrochée comme un koala au bastingage, tout en ayant un air décontracté. Bien sûr que je ne suis pas à l’aise, mais pas question de me mélanger au commun, au bateau, à l’incongru équipage du capitaine La Rascaille.

La lumière. Je vois de la lumière. Elle bat et flamboie difficilement, mais elle perce le manteau grisâtre qui fait notre paysage. Il fait nuit, mais je vois comme en plein jour. Quand on s’approche, je reconnais bien vite  les contours d’un navire, et des hommes poissons à son bord. On dirait une frontière, pourtant, mes connaissances basiques en mer du monde, s’arrête au fait qu’il ne devrait rien y avoir à ce point précis de la map-monde.

- Oh, La Rascaille ! Oh eh, viens voir vieille carne … Voilà comment commence ma phrase, jusqu’à ce que j’entende une cloche au loin, et des voix s’élever dans l’humidité de la brume.

Je vois à peine à trois mètre maintenant. Curieux phénomène qui me fait m’poser des questions. Comment peut-on y voir aussi peu ? En trois minutes, ce n’est pas trop rapide ? Elle est ou l’entourloupe ? Je passe en revu les objets qui coupent et qui piquent dans les différentes poches qui composent ma tenue du jour. De la résille et du noir, des vêtements proche du corps, et négligemment posé sur mes épaules, une veste sans aucune forme, quasi déformée par les années, avec des motifs underground … Je suis parée pour donner dans la street cred.

- Dis donc, ce ne serait pas La Rascaille qui revient au bercail !  crie plus fort que les autres un immonde homme poisson, avec des tentacules qui pendent de sa bouche, et un air de malotrus sur le visage. Qu’est-ce qui me vaut le déplaisir ?

Là, je commence à m’inquiéter et à m’approcher du Rascaille, jusqu’à pouvoir mettre la main sur son épaule en tendant le bras. Il se retourne avec un petit air satisfait sur le visage.

- J’ai de la chaire fraîche, si ça peut payer ma traversée en toute tranquilité. Son sourire édenté ? Ses cheveux gras ? Ses haillons comme vêtements, rien de plus que de pelures comme celles des oignions ? Tout ça avait l’air d’un traquenard. Toujours se méfier des mecs qui sont trop mielleux, mais qui ont l'air de vieux loups de mer.

- Enfoiré, c’est quoi ce plan de merde que tu me fais ? Ma voix résonne fort, la température en moi commence à monter, le feu en moi ne demande qu’à brûler… Mais la pluie battante ne fait que donner l’impression que je suis fumante.

La fumée se condense autours de moi, comme si mon sang lui même bouillonnait.

J’attrape deux armes blanches à bords aiguisés, plus communément appelés Kunaï par ceux de l’archipel.
Je suis entouré d’ennemis, à l’entrée de ce qui semble être un rassemblement de connards qui flottent. Je suis entouré d’ennemis, mais je souris pourtant. Mon nom n’est pas inconnu des pègres les plus informées. Seulement, ma personne, mon visage et mes exploits ne sont toujours pas connus  à leur juste valeur.  


Je vais remédier à ça tout de suite, me dis-je en souriant, derrière mes lunettes fumées. C’est l’heure de la bagarre. Et la lune sera rouge sang cette nuit, comme le veut la coutume après une bonne partie de lames en l’air.
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C’était bien compliqué d’comprendre que le capitaine de ce rafiot était un enculé d’la première heure. En même temps, faut avouer que j’étais moi-même une salopard d’la même espèce, ce qui m’avait aidé à flairer depuis bien longtemps l’entourloupe. En même temps, qu’est-ce que tu peux attendre d’un type qui ressemble à rien ? Y’avait qu’à voir son crane dégarni et les pustules qui couvraient son visage pour comprendre qu’il y aurait rien à tirer. Il y avait bien une maxime qui disaient que les apparences étaient trompeuses… C’qui était bien vrai jusqu’à un certain point seulement. Oui, parce que l’capitaine de ce tas de planches pourrie sur lequel j’m’étais planqué pour rallier les eaux du sud, il avait le physique de l’emploi : celui d’un traitre qui hésitait pas à penser à sa sale gueule, déjà que l’destin et les vicissitudes d’la vie ne l’avaient absolument pas loupé. Comment en vouloir à pareil homme quand on relativisait un tant soit peu ? Voilà la question que j’me posais pendant que des hommes poissons d’un navire local débarquait sur le notre comme si de rien était. Le modus opérandi semblait être bien huilé d’ce que j’voyais. Ouais… « La rascaille » n’en était pas à son coup d’essai et on pouvait même dire que c’était bien joué…

Du reste, j’aurai pu me planquer dans un coin du navire et attendre que la « tempête » passe. C’était quelque part un bon plan malgré le fait que les ponts inférieurs puaient le poiscaille, la pisse, la merde et toutes autres joyeusetés du même acabit dont j’vous épargnerais les détails. Bref, une bonne cachette à n’en point douter. En plus, bien dissimulé, j’aurai pu assister à la scène qui s’dessinait sous mes yeux, à savoir la capture d’une nana qui avait presque juré aux derniers moments. Celle-là même qu’arrêtait pas d’appeler le capitaine « rascaille » et qui semblait être la marchhandise de qualité premium promise aux hommes poissons qui étaient maintenant une bonne dizaine, voire une quinzaine à vue d’nez. Enfin… Difficile d’se prononcer dans ce brouillard perpétuel. On devait certainement pas être loin du fameux « cimetières des épaves » comme m’l’avait confié l’un des membres de cet équipage réduit qu’avait vraiment l’air de rien. Certains étaient de gros tas de graisses, d’autres rachitiques… Bref, que de mochetés à l’image de leur rascaille… Ces derniers s’éloignèrent d’ailleurs de moi et de quelques autres passagers clandestins, comme pour nous mettre en évidence et signifier qu’on pouvait nous embarquer avec bon cœur.

- « Bah quoi… ? Elle vous suffit pas, l’autre nana ? J’aurai juré qu’avec elle, tu pourrais payer ton passage sans soucis, l’vioque ! » qu’avais-je presque gueulé à l’égard du rascaille qui lui aussi s’écartait du pont faisant maintenant office d’estrade…

- « Ouais mais y’a pas d’petits profits l’ami… Et puis quand j’vois vos gueules d’jouvenceaux, j’me fais la réflexion que vous avez pas assez souffert dans la vie, t’vois… »

Ce qui me sciait dans toute cette histoire, c’est que j’aurai pu faire pareil. Y’avait qu’à voir comment j’voulais vendre l’autre morveuse pour l’comprendre. D’ailleurs, j’étais assez surpris de voir qu’elle s’était déjà mise en posture de combat, prête à se défendre bec et ongles. Elle était, ma foi, assez courageuse. Les autres passagers, eux tremblaient et commençaient à pleurer leur destin. Moi ? Toujours stoïque, à la limite du rire, les mains dans les poches de mon pantalon de toile surplombé par une simple chemise noire et une cape sombre. Style Shanks le Roux. Quelque chose de simple mais aussi de bon gout, quoi. Devant les hommes poissons qui m’approchaient doucement avec leurs gueules merdiques et leurs sourires qui disaient rien qui vaillent, j’me retournai vers l’équipage qui nous trahissait allègrement, avant de claquer des doigts non sans dire : « Braves matelots, pourriez-vous me défendre, s’il vous plait ? ♪ » Et là, il se produisit l’impensable. En un rien de temps, les quelques matelots du coin s’armèrent de façon conséquente, avant de charger les poiscailles dans un cri de guerre, à l’unisson ; si bien qu’en un instant, l’estrade devint véritablement un champ de bataille sur laquelle s’effectuait une mêlée assez véhémente.

- « RASCAILLE ?! FUMIER, TU OSES NOUS TRAHIR ? » que vociféra un homme piranha en apparence. Ou Baudroie. Enfin, qu’importe, j’étais pas spécialiste de poissons moi, merde ! Le truc que j'notais cependant, c'est que tout l'monde le surnommait "rascaille", définitivement.

- « N-NON ! J’C-COMPRENDS PAS ! OY BANDE DE GUEUX ! ARRÊTEZ-MOI CE CIRQUE ! RESTEZ TRANQUILLE ! MERDE ! »

Non, ils n’arrêteraient pas. Faut dire en même temps qu’ils étaient tous victimes de mon bagou. Personne ne capterait immédiatement que j’venais de les hypnotiser, là. Tout du moins, c’est ce que j’croyais dur comme fer, mais va savoir… De notre camp comme de l’autre, il y avait peut-être des malins qui étaient habitués à voir çà. Enfin bref… Là n’était pas le plus important. Le plus urgent était de constater que ces hommes étaient non seulement moins nombreux que nos ravisseurs, mais aussi moins forts de ce que je constatais des affrontements violents qui se déroulaient. Autant dire que là, je gagnais du temps. Pas pour miss gros lolos plus loin cependant : elle était toujours encerclée par une bande de poiscailles friands de bonne chair fraiche. La plupart étaient même des hommes-poulpes avec leurs tentacules qui gigotaient salement dans tous les sens… Y’avait vraiment pas de hasard dans la vie. D’mon côté, c’est toujours aussi tranquillement que je me dirigeai vers des caissons pour voir ce qu’il y avait dedans : filets, hameçons… Jusqu’à ce que j’tombe sur une lance. J’étais plus pour des bâtons, mais ma foi, c’était pratiquement la même chose non ? Et puis, si j’pouvais harponner mes ennemis avec, c’était banco comme on dit !

Et une fois armé, j’me tournai vers les autres pigeons comme moi et l’autre meuf plus loin là…

- « M’est d’avis messieurs que vous devriez-vous aussi vous chercher des armes au cas où… »

Et les voilà qui coururent vers les caisses chercher de quoi s’agripper à la vie… A la liberté…

… Pendant que d’autres ravisseurs se déplaçaient vers nous, lentement. Quelle vie, hein ?
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Les regards s’échangent, la braises couvent sur le pont, le combat est à son point d’orgue, la tension est à son comble. De l’autre côté du navire, l’on entend vociférer, crier, et même chanter. Et tandis que de mon côté, on se regarde en chien de faïence, de travers et tutti quanti, ma prise sur les deux couteaux ninja s’affirmant … Je mire pour voir un gars à la mise en plie parfaite, aussi tatoué que moi par-dessous ses vêtements, une trogne de beau gosse et des cheveux aux reflets bleuté s’armer d’un harpon –il ne doit pas avoir d’armes s’il utilise les moyens du bords… Et des hommes de l’équipage se retourner contre leur « amis » de la mer. J’hausse les épaules, je suis entourée d’ennemis, et pas des moindres. C’est plein de dents, plein d’écailles et d’ailerons. Je suis pas raciste, mais c’est vraiment de la sale engeance, et plus vite je les enverrais retrouver leur ancêtres, plus vite je me sentirais mieux.

- Alors gamine, tu veux pas lâcher tes armes et venir t’amuser avec nous … Le gars qui dit ça est le plus grand, il a poussé les premières lignes pour s’approcher de moi … Tellement que son haleine fétide de poisson pourris me monte aux narines.

- Putain, ce que tu refoule la mer pas fraîche du gosier ! Ca y’est je commence à m’énerver, pourquoi j’suis obligé de subir ça ? Pourquoi tout part toujours en couille avec moi ? J’paris, en plus, qu’aucun n’est primé et je me bats pour la gloire c’est ça ? Putain d’enfoirés, venez donc tâter de quel bois j’me chauffe ! Approche si tu l'oses !

Je ferme les yeux, les mains le long du corps. Mes tempes palpitent comme une peau de chèvre sur un tambourin maltraité par son percussionniste. Je la sens qui monte, qui s’allume, comme si on avait frappé deux silex l’un contre l’autre, trop près d’un combustible : La colère gronde, et l’atmosphère éclate quand le grand gaillard fonce vers moi. Il est le premier mais ne sera pas le dernier … La bulle de silence dans laquelle je m’étais forcée à entrer pour me concentrer, éclate au même moment. La victoire sera mienne, je n’ais pas le droit de perdre, pas ici, pas comme ça. J’ai d’autres choses à faire, d’autre chat à fouetter, et surtout … Des ennemis bien plus puissants à combattre.

Un sourire atroce sur le visage, plus un rictus de haine qu’autre chose, je me glisse sous l’arme – une sorte de masse, qui a fait une courbe en ellipse au moment ou j’ai avancé vers le grand homme poiscaille, et de mon kunaï, je trace une ligne de feu sur son poitrail, d’où le sang coule mais semblable à de la sève, comme plus gluant, commence déjà à coaguler. Je sais pas de quelle race il est mais c’est de la mauvais herbe, de la mauvaise pousse et ça ruine mes efforts pour le mettre en terre. Ou en mer, plus exactement. A sa convenance.

Je le laisse et fonce sur la masse de menu fretin qui me rend la pareille. La bagarre éclate, je tranche dans le vif, mes armes s’enflamment quand je les frotte l’une contre l’autre, en parant une épée d’abordage manipulé par un énième homme poisson.

Je ne les compte même pas, même plus, sinon je risque de perdre le compte.

- Allez ramenez vous la racaille, aujourd’hui c’est barbecue de poissons au programme !

Mes armes dégagent une grande chaleur quand  le plus grand, un qu’ils appellent tous « chef » ou « Tortem », retourne à la charge. Pendant ce temps là, les autres invités de l’affaire, se battent contre les restes.

Pourquoi c’est toujours sur moi que ça tombe ? Pourquoi est-ce que j’ai la guigne, et pourquoi je suis la cible prioritaire ? Des questions, pas de temps pour les réponses, j’évite l’énorme masse d’arme qui aurait du me fendre le crâne. Le feu qui a entouré mes lames s’évanouis soudainement, le métal est presque blanchâtre sous la chaleur qu’elles ont dégagé.

- Allez, une bouchée pour maman !

Et son flanc exposé brûle en même temps qu’il est tailladé, lui arrachant une expression de douleur, et un grognement tout aussi caractéristique, tandis que l’odeur des chaires calcinées me monte au nez. Je continue, mon kunaï traçant des arabesques complexes, dans un motif qui m’est propre.

Quand j’en ai finis, mes armes ont retrouvées leur couleur d’origines, et quand je les range dans leurs étuis, me retournant vers les autres, le plus grand d’entre eux s’écroule.

- Bon, qui veut être le prochain sur ma liste ? Commençons, je n’ai pas le temps, je vous prie.

Un peu comme si je cherchais un nouveau partenaire de danse lors d’un bal …
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Eh, c’est qu’elle se débrouillait bien l’autre blondinette là ! En v’là une qui se laissait pas faire et qui mettaient des pains à qui voulaient trop l’approcher. C’était presque délirant de voir une aussi belle femme, de surcroit bien gaulée, tabasser des ennemis sans trop d’mal. Ses coups étaient presque désordonnés de mon point de vue, mais elle se débrouillait pas mal. J’aurai surement moi-même du mal à la terrasser, pour ne pas dire que c’était quasiment du 50-50 si jamais on venait à se battre entre nous. La perspective me fit sourire, avant que je n’esquive de justesse un coup d’estoc d’un homme-poisson qui avait passé le premier barrage des types que j’avais hypnotisé. Décidément, ces marins étaient de gros nullards. Derrière-moi, les civils maintenant armés tremblotaient toujours autant. C’était même pas la peine de compter sur eux. Y’avait plus qu’à mettre la main à la patte et se débarrasser de toutes cette poiscaille ! Personnellement, j’étais pas du tout raciste : je truandais et tuais tous ceux qui m’emmerdaient, tout simplement. Moche, beau, gentil, méchant, ça restait du pareil au même pour moi. Seuls mes intérêts et ma gueule comptaient. Et même dans cette traversée périlleuse, y’avait pas moyen que ça change…

- « Restez tranquille putain ! On va vous juste vous r’vendre, c’est pas bien compliqué ! »

L’homme-requin devant moi s’était mis à se poiler tout seul. Il était certain de pouvoir me casser la gueule et me ramener dans ce qui semblait être leur navire. Bien plus grand et plus sinistre, la silhouette du navire me disait rien qui vaille, d’autant plus qu’il s’avançait lentement vers notre rafiot qui était sur place. Je fronçai les sourcils : ça sentait l’roussi. En attendant, l’idée était de me débarrasser de mes assaillants présents. C’est donc avec bon cœur que j’me jetai également dans la mêlée. C’est avec précision que je visai les points faibles de mon adversaire. Museau, plexus, articulations… Autant dire que j’y allais pas de mains mortes. Bien plus rapides que le requin, j’esquivai sans mal ses coups de sabres et d’estoc, pendant que ma lance fracassait son corps. Au bout d’un moment, je réussis à emmêler ses pieds à l’aide de ma lance avant de lui trancher la gorge d’un coup sec à l’aide de la lame. Le pauvre poiscaille gigota dans tous les sens, avant de rendre son dernier soupir après quelques secondes d’agonie. Ses potes qui virent la scène se mirent à déglutir et hésiter, mais l’un d’entre eux fonça immédiatement sur moi. Malheureusement pour lui, il essuya lui aussi une mort toute aussi spectaculaire.

- « C’est plutôt à vous de lâcher l’affaire, non ? »

J’eus un petit rire sur le coup ! Ça risquait d’être marrant ! Devant mon air narquois, plusieurs adversaires se ruèrent vers moi d’un seul coup. C’était déjà bien plus difficile comme ça. Des coups se mirent à pleuvoir de partout. Des battes, des masses cloutés, des épées… Autant dire que ça y allait et pas qu’un peu. J’esquivais certaines attaques et en contrait d’autres, mais j’étais pas assez surpuissant pour tout éviter. Du coup, des jets de sang se succédèrent. Les types me loupaient pas. Des blessures de tous types commençaient déjà à parcourir mon corps. Faut croire que contrairement à la blondinette, j’étais pas assez bon, putain ! Alors, j’ouvris la gueule et « AAAAAAAAHHH !!!! » Mon cri strident se répandit un peu partout et fracassa les tympans de tous ceux qui m’entouraient : alliés de circonstances, ennemis, neutres… Qu’importe. J’avais pas fait dans la dentelle et c’est tout ce qui comptait ! Déboussolés, plusieurs hommes poissons perdirent l’équilibre et tombèrent au sol les uns après les autres comme des mouches. Beaucoup préfèrent aller se jeter à l’eau. Quand au reste, à ma merci, je pris le soin de leur trancher la gorge et planter ma lame dans leur cœur ou ce qui s’y assimilait. C’était ça que d’être efficace.

- « Ça arrache la gorge mais heh, au moins les jobs est fait… »

Mais alors que j’pensais qu’on serait tranquille, une immense silhouette venue des airs, atterrit brutalement sur le pont du rafiot, ce qui le fit dangereusement tanguer dans tous les sens.  Là, autant dire que j’eus un sourire jaune, pour ne pas dire forcé. L’type qui venait de se présenter, un homme-poisson évidemment, était plutôt mastoc. Il faisait facilement dans les 3 mètres voire peut-être 4 même à vue de nez. Sa race était difficile à deviner, mais il avait une aura plutôt royale, clairement. Des coraux ? Des écailles ? Quelque part, sa prestance était plutôt bluffante et pas qu’un peu. « Bon… C’est quoi le problème par ici ? Où est la rascaille ? » La rascaille, encore ? J’avais dû oublier un épisode avec ce vioque. Mais là n’était pas l’plus important. Ce qui me faisait frémir, c’était qu’on avait pas b’soin d’avoir fait des études poussées pour comprendre que ce poiscaille à la voie caverneuse était le boss des poissons. Sans même m’être rendu compte, j’avais immédiatement adopté une posture défensive. Notre nouvel adversaire multicolore, lui, balayait les environs avant de darder son regard dans le mien qui était devenu presque craintif.

Drake, homme-poisson mandarin, 2500 dorikis.:

- « J’imagine que c’est toi et la blondasse qui ont fait ça à mes hommes, n’est-ce pas… ? »

Lui répondre ? Sauter dans l’eau, utiliser une nouvelle fois mon cri une nouvelle fois ? J’étais tellement embrouillé que je ne savais pas quoi faire.


Dernière édition par Nihil le Sam 11 Mai 2024, 21:04, édité 2 fois
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Tu vois le tableau ? Le duel de lieutenants, qui se finit avec le plus gros gargouillant dans une flaque de sang, et l’autre avec plein de fiel dans la voix, qui lance son défi à la tête du menue fretin. Quelqu’un reculent, les autres montrent les dents. Oh, bougez pas, je vais vous casser une ou deux molaires, quelques incisive si faut, et les quelques chicots qui resteront seront pas suffisant pour manger autre chose que de la soupe ! Ca lorgne sur mes formes, et on dirait qu’ils ont la mémoire courte, maintenant que j’ai rangé mes armes, ils se rapprochent comme si j’avais pas envoyé l’un des leurs au tapis en deux temps trois mouvements. Enfin bon, ils doivent faire partis de la catégorie qui pense que le nombre fait la force. Soit, je fais un petit mouvement de la main, leur intimant d’approcher … Venez, je vais vous confier un petit secret …  

Le premier attaque par le côté face, mais ma vitesse et mon agilité font qu’il rate sa prise, je me glisse dans son dos, et ses doigts passent à quelques centimètres de leur cible. Cela aurait pu être des mètres … Ce n’est  pas tant la distance que le niveau qui nous séparent. Un hoquet de  surprise traverse succinctement son visage quand je la balaye, un coup de coude appuyant la manœuvre le faisant pivoter de manière cocasse et acrobatique.

Sans tarder, je décale avec fluidité mon corps, l’arme qui aurait dû me décapiter fend un morceau du pont, et se coince dans ses veines granuleuses. Je m’appuis sur le côté de la hache de guerre de mon adversaire pour l’empêcher de la dégager, et porte trois coups lui coupant la respiration et le sifflet. Avec le bout de mes doigts, aussi dur que moi, je meurtris sa peau, et l’envoi au tapis. L’agitation gagne le reste de la troupe, qui se met enfin en formation, et me prend au sérieux.

Je virevolte entre les coups de sabre, d’estoc et de taille, mais aussi de lance, balayant à hauteur de mollet ou frappant en ligne droite ; Quelques entailles, niveau intercostal et ma veste déchirée témoignent de la violence du choc entre les six bonpoisscaille et ma trogne. J’réussis à me défaire du gros de la troupe, et les deux dernier reculent de plus en plus, jusqu’à ce le bastingage ne les mettent  à l’eau.
Je mire à droite à gauche, l’autre aux cheveux bicolores, laisse échapper un cri strident, comme un sifflement qui me désarçonnera et résonnera également à travers les épaves qui apparaissent  à nos yeux avec la levée de la brume durant l’avancé de la nuit. Le temps devient de plus en plus clément, de plus en plus clair aussi … Me tenant la tête d’une main, l’autre tendu vers mon homologue tatoué, je lui gueule dessus également :

- Putain, tu casses les oreilles ! Tu pourrais prévenir avant de faire ça … T’es qui d’abords ? Un chanteur d’opérette ou quoi ?

C’est le moment que choisit le chef de la troupe de gros balourds des mers, pour entrer en scène. Il a pas l’air commode, en même temps j’ai pas la tronche de mobilier qu’il espère trouver en face de lui, et dont peuple les mers bleus. Je suis dure. Pure et dure, en provenance direct de Wano, rien me fait plus peur que vivre dans le déshonneur. Alors quand il nous pose la question - « J’imagine que c’est toi et la blondasse qui ont fait ça à mes hommes, n’est-ce pas… ? » je ne peux que répondre d’une voix forte, malgré la peur, malgré la haine dans son regard qu’il me renvoi comme si je ne suis qu’une marionnette, une dame de papier, une colosse au pied d’argile.

-Ouai, c’est nous qu’on a fait ça, pas vrai… Bidule ?! Que je dis aux deux hommes encore en vie sur le bateau. Bizarrement, tout le monde a bougé, certains pataugent dans l’eau, le reste dans leur propre sang et excrément.

Je lui souris dans un grincement de dents.

L’homme poisson ricane. Je compte pas lui laisser ni le beau rôle, ni la tâche facile. Je sens qu’on va s’entendre comme chien et chat. Je manie le feu, et lui l’eau. On a été fait pour se détester, se tester, se combattre et mourir pour au moins l’un d’entre nous. Je fais pas l’erreur de le sous estimer, ni de nous surestimer. Pas parce qu’on fait la paire, qu’on va vaincre.

Je dois sortir le grand jeu, pas le choix. J’enlève ma veste, toute façon, elle est trouée.

- Bon bah quand il faut y aller, faut y aller pas vrais ? Tu sais mon gros, j’ai jamais aimé les gars dans ton genre … Je rassemble le feu en mon cœur, je le fais miens, je suis le brasier, je suis la cendre, je suis la brûlure, je suis le feu. Munko no hono ! que je murmure et je m’enflamme. Tout mon corps dégage des flammes et une chaleur presque rassurante pour mon compagnon d’infortune, tandis que l’homme poisson y voit une menace.

- Je vais essayer de t’ouvrir une brèche dans sa garde, à toi de jouer après ça ! Que je lui dis en fonçant à une vitesse surprenante, me dédoublant en plusieurs fractions de moi, chacune des images rémanentes laisser derrière moi semblant avancer en même temps que moi.

C’est là. Le moment. La bagarre.

C’est ça. Le bon moment. J’arme ma frappe tandis que les flammes dévorent mon corps.

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- « T'as du cran, gamine. J't’aime bien. »

Drake eut un sourire comme Arlong aurait souri à Nami par le passé. Sans esquisser le moindre geste, il laisse la petiote venir à lui et encaisse salement le coup de brasier qu’elle avait armé. C’était lourd, ça chauffait et ça pouvait bousiller pas mal de choses… Mais pas l’homme poisson qui se plia légèrement en deux avant de sourire comme un enfoiré. J’aurai bien voulu crier à la blondinette d’attendre et de réfléchir à quelque chose d’autre, mais elle s’était laissée portée par l’adrénaline du moment… Ou peut-être était-ce finalement une peur panique ? Va savoir. De mon côté, j’avais bien vu que Drake avait courbé l’échine sans pour autant… Poser le moindre genou à terre. C’est dire. P’être bien que j’aurai du enchainer une frappe ensuite avec elle. P’être bien. Mais le souci, c’est que contrairement à elle, j’avais un instinct de survie. Une notion du danger bien accrue… Si bien qu’avec la peur qui m’avait cloué sur place, je n’avais pas bougé d’un iota. Alors, j’vis le gigantesque homme-poisson armer lui aussi son poing avant de l’enfoncer brutalement dans le bide de la blondinette aux gros loloches. Cette dernière aurait dû voler sur des kilomètres, mais il la retint de son autre main en chopant son crane et l’explosant sur le pont carrément. Game over pour la jeune femme qui dut certainement perdre conscience à ce stade…

De mon côté, j’étais tout simplement silencieux et médusé devant la force de cet homme-poisson. J’avais vu plus puissant que lui certes, mais sur le moment, je devais avouer que c’était la première fois que j’me sentais autant en danger vulnérable. Que faire ? Me planquer ? C’était trop tard ! Il m’avait déjà bien vu ! Fuir ? Où ? Si je sautais dans la flotte, il me rattraperait très facilement et me malmènerait encore plus. Lui où ses hommes qui avaient sauté dans l’eau pour faire passer les acouphènes que je leur avais causé en gueulant tout à l’heure. C’est là que j’eus une idée : refaire encore le coup. J’ouvris alors ma gueule et « AAAAAAAAAAAAAH !!!!! » J’avais gueulé de toutes mes forces et à plein poumons. Ça avait eu de l’effet puisque l’homme poisson remua sa tête dans tous les sens et tituba encore et encore. Sauf que voilà, il ne tomba pas. De quoi me dégouter complètement avant que je ne fonce droit devant vers lui en utilisant toute ma vitesse plutôt impressionnante dans le genre… Mais à peine avais-je armé ma lance qu’il sembla anticiper mon coup sans avoir vu puisqu’il ouvrit sa bouche et me cracha une grosse gerbe d’eau semblable à un boulet de canon qui me heurta de plein fouet la poitrine et m’envoya balader dans le décor sous un gros fracas assourdissant qui en disait long sur la violence de l’attaque…

Autant dire qu’au beau milieu de bris de planches pourris, j’ai immédiatement perdu connaissance…

***

- « Uuurrrggghh… »

Et voilà que bibi émergeait péniblement, sous une douleur atroce. J’avais réellement l’impression qu’il avait fendu mon crane en deux à coups de hache ou de batte de fer. La migraine était tellement intense que c’en était pratiquement insoutenable. Plusieurs gémissements de douleurs s’en suivirent encore et encore jusqu’à ce que j’revienne complètement à moi en clignant plusieurs fois des yeux. D’abord floue, ma vue se rétablit petit à petit et il me fallut un bon moment pour m’habituer à la pénombre du coin. Cinq à dix minutes. Va savoir. Et peu importait finalement. Mon odorat ne mit pas longtemps à être fonctionnel. Autour de nous, ça sentait la merde, le poisson pourri, l’odeur caractéristique d’eau croupie bien nauséabonde, la merde et tout c’que vous pourrez imaginer dans l’genre. Et là, j’eus enfin l’illumination, m’rappelant de tout. C’est alors que j’compris que j’étais ligoté, mes mains attachées derrière mon dos, sans doute par de grosses cordes bien solides. J’avais beau tirer dessus que niet. Couché sur le flanc, j’entrepris alors de tourner sur mon dos avant de redresser mon torse et constater que j’étais dans une espèce de cachot pourri mal foutu. Le tout était fait de bois et de morceaux d’aciers mal agencés les uns aux autres. De loin, mon ouïe capta des voies, mais aussi l’onde caractéristique d’une marée basse.

Nul doute qu’on devait être perdu au fin fond du fameux cimetière des bateaux. Etre en vie, c’était déjà pas si mal…

- « Putain… C’est bien ma veine… » Qu’avais-je dis, avant d’observer d’un peu plus près les autres prisonniers qui se trouvaient également dans la même cellule que moi… « Ah, ouais, j'reconnais ce gros cul… »

Quelle vie, putain.
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C’est comme frapper un mur de brique, un mur de brique de plus de trois mètres qui ricane et qui rends les coups aussi. Déjà que je sens les os de ma main se dessouder et se déformer sous l’impact, mais le pire c’est encore la riposte. Je n’ai jamais pris une correction pareille. Il frappe et frappe et frappe, faut dire qu’il a bien dit qu’il m’aimait bien après tout ; Qui aime bien, châtie bien. Je perds la conscience sur ses dernières pensées plutôt claires obscures.

La dernière chose que je vois ? La gueule d’hurluberlu du mec qui sait pas ce qu’il fiche là, ni comment se sortir de ce pétrin. Putain, v’la le poseur.
Je sombre dans l’inconscience … Difficile de réfléchir avec plus de sang dehors que dedans, ou presque. Difficile de réfléchir avec cette douleur insoutenable, qui me tenaille les tripes, comme si on y fouillait avec une pince ou des outils…

Nuit éteinte, conscience de jais.

Les dernières braises de ma volonté s’envolent au vent.

- Eh … merde…alors… J’aurais aimé dire quelque chose de plus percutant, glorieux ou intelligent. Rien ne m’est venu d’autres. J’ai des excuses après tout …

[…]

C’est la dureté du bois contre ma joue qui me dérange le plus depuis quelques minutes. Je sens le coton dans lequel mon corps s’est enveloppé commencer à disparaître, et l’inconscience salvatrice de mon esprit s’estomper. La douleur … L’ignoble douleur de mon estomac, de ma tête jusqu’à mes plus petits doigts de pied, se réveille. Je jure. Je crache, je frappe enfin du poing contre le bois qui craque mais ne rompt pas au contact de mes phalanges. Je suis faible, ou les renforts en métal sont forts. Dans tous les cas, les mains liées devant moi, je suis entravée de manière forte habile.

On me laisse croire que j’ai un peu de contrôle, pour pouvoir plus tard réduire mon confort et mes droits, pour que j’ai quelque chose à perdre.
En tout les cas, la cage dans laquelle on nous a enfermés a été pensée pour retenir des gens dans notre genre. Enfin, dans le miens. Les dures à cuirs, les cogneurs et les guerriers. On entends des cris un peu plus loin, sans doute une autre cage remplie d’esclaves en devenir, des femmes, des hommes, des enfants … Je suis pas très jouasse, mais en même temps, chacun son destin.

Je finirai pas avec un collier et une chaine au bout du cou. On me trimballera pas comme de la vulgaire marchandise bon marché, ni comme une bonne chienne bien dressée. Nan, mais en revanche, je dois me coltiner l’autre petit …

- Ce ne serait pas mon petit chanteur d’opérette ? Alors, tu ne nous sifflerais pas un air un peu triste pour accompagner notre situation désastreuse ? Je dis ça, mais c’est même pas sûr qu’avec son aide on soit arrivé autre part que dans cette cage. Acide, oui, mais injuste ... Non.

Je puise dans mon mental une dernière lueur, et met le feu au cordage qui m’empêche de lui asséner une claque amicale, mais assez forte pour lui signifier mon mécontentement quand à ses propos sur mon arrière train.

- Plutôt que de mater, tourne toi, je vais te libérer … A deux cerveaux et à quatre mains on aura plus de chance, j’imagine …

A moins qu’il se décide à ne pas me suivre comme la dernière fois. Après pas sûr qu’on recroise le chef si on se débrouille bien. Et l’eau croupis, les gouttes qui ruissellent sur les flaques de cette même eau dégoutante, les rats … L’ambiance n’est pas des plus festives … Pas vraiment le paysage de carte postale, ni le lieu de villégiature rêvé.

- Je peux compter sur toi ? J’hausse les épaules tandis que dans un claquement de doigts, je libère ses poignets. Je m’appelle Hishin, et toi ? J’essaye de me radoucir. Après tout, si je dois coopérer avec lui pour survivre ou rester libre, je me dois d’essayer toutes les méthodes.
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- « Nihil, ma p’tite blondinette enflammée. Nihil pour te servir ! »

Dans d’autres circonstances, je l’aurai surement dragué avant de profiter de sa joliesse. C’est sûr qu’elle avait tout c’qu’il fallait là où il fallait. Mais vu comment elle savait cogner et où on était, j’préférais ne même pas me risquer à tenter ma chance. Avec une meuf pareille, on était pas loin des coups aux couilles. ‘Fin, c’était pas moi qui allait lui jeter la pierre vu comment j’étais prompt à effectuer des coups bas à tous ceux qui m’entouraient. Ça m’faisait d’ailleurs penser qu’elle n’était pas très méfiante, elle. Elle me donnait son blaze, semblait amicale et m’avait même aidé à me débarrasser de mes liens. On pourrait penser que j’avais fait pareil, mais Nihil n’était jamais rien qu’un pseudo. Pas ma vraie identité que j’avais temporairement abandonné l’temps de me faire un nom et pourquoi pas une équipe qui me serait fidèle. M’voilà entrain de cogiter comme un libre pirate. C’est beau… Mais pas très pratique. Ouais, parce que circuler avec une prime sur la tête, c’était pas ce qui me réjouissait le plus, vraiment. J’eus un soupir avant de frotter énergiquement mes poignets, suivi de quelques moulinets pour retrouver mes sensations, vu comment ils étaient engourdis. C’était une chance qu’ils aient utilisé des cordes et pas de vraies menottes. Avec du fer ou du granit marin, miss lolos n’aurait rien pu faire pour le coup…

- « C’est qu’on croirait que t’as mangé un fruit du démon, avec tes flammes et tout… »

Cette capacité était plutôt étonnante. Plutôt intéressante aussi, vu comment elle s’était rapidement libérée. Elle avait du potentiel et pas qu’un peu. Être son copain le temps qu’on trouve une solution était une très bonne chose. Seulement, que faire ? Nous étions en territoire ennemie et aucun de nous ne connaissais vraiment le coin, mis à part que… « Ce qu’on sait plus ou moins, c’est qu’on est surement dans le cimetière des bateaux… Et encore… » Là-dessus, je me remis à observer la cage dans laquelle nous étions. Il y avait quelques trous çà et là et j’me pris même au jeu de regarder à travers un trou… Mais rien à faire. Il y avait un perpétuel brouillard dégueulasse et le coin était réellement sombre. Impossible de se repérer… Ni même d’avoir une réelle idée de ce qui nous attend à l’extérieur, même si on vient à se libérer. Pour tester malgré tout, je dépassai la blondinette avant d’aller foutre un coup d’pied dans les barreaux cadenassés qui nous retenaient dans ce cagibi dégueu mais rien à faire. Ça bougeait pas d’un pouce. J’devais reconnaitre une chose : j’étais pas le plus costaud d’entre nous malgré mon gabarit imposant. Plutôt que d’être dans le bourrinage, j’étais plus technique, d’où le fait que toutes mes attaques visaient généralement les points vitaux et/ou faibles. C’était aussi ce qui influait mes tactiques fourbes.

- « Le souci, c’est que même si on sort de là, on sait pas à quoi s’attendre… Même si j’dirais que c’est bien mieux que croupir ici à attendre qu’on vienne nous chercher… »

D’ailleurs, nous n’étions pas seuls. Il y avait encore les passagers de l’autre abruti de capitaine qui avait voulu nous vendre. Ces derniers étaient toujours inconscients et eux aussi ligotés dans un coin de notre prison, mais je ne pensai même pas une seule seconde à essayer de les délivrer. Ils étaient bien trop faibles et bien trop pleutres pour nous servir même de chair à canon. Le mieux était de les abandonner à leur sort. J’me demandai aussi, pendant un bref moment, si la rascaille avait survécu, mais je fis vite de l’ordre dans mes pensées lorsque j’entendis des bruits de pas. Quelques secondes plus tard, un homme-poisson silure se pointa devant nous, non sans rigoler comme un demeuré. Il devait bien prendre son pied d’avoir l’ascendant sur des humains. La frustration et le complexe d’infériorité étaient tels qu’ils avaient presque tous les mêmes réactions, attitudes et comportements. Pas besoin d’être psychologue pour capter. Muni d’une torche enflammée d’une main, il avait un petit paquet dans l’autre main, qu’il jeta d’ailleurs dans notre cellule. De la bouffe surement. Va savoir si elle était bonne et surtout… Si elle n’était pas empoisonnée. Je craignais rien me concernant, mais quid de blondie ? La question était posée. En attendant, je remarquai à sa ceinture, un trousseau de clés. Notre porte de sortie se trouvait juste devant nous.

- « Allez, sales humains ! Voilà la bouffe d’aujourd’hui. Démerdez-vous entre v- »

- « Tu peux nous ouvrir la porte, s’il te plait ? ♪ »


Ma voix fut mielleuse, chantante, juste de quoi distiller mon hypnose dans un ordre qui pénétra très profondément les limbes de son cerveau presque vide. Mécaniquement alors, le poiscaille se tut et utilisa alors l’une des clés pour déverrouiller tranquillement notre cellule… Mais bien avant qu’il ne reprenne ses esprits, bibi fut encore à l’œuvre : « Donne gentiment ta torche à ma pote et tourne-toi pour que je te ligote les mains. ♪ » L’assommer aurait pu être une option non négligeable, mais bien avant, il nous fallait des renseignements sur les lieux. Le poiscaille ne résista point à mon ordre prouvant qu’il était bien plus faible que nous. Il passa donc sa torche à la blondinette et nous tourna le dos pour présenter ses poignets. Il me fallut pas beaucoup de temps pour le ligoter solidement, avant de lui intimer l’ordre de s’asseoir dans un coin de la pièce et de rester tranquille en attendant mes ordres. « Des idées, ma chère Kazuuuya ? » Que lui demandai-je, l’air un peu moqueur. L’idée était de savoir si elle était dégourdie pour sceller définitivement une alliance qui nous permettrait au moins de se casser d’ici. Oui parce que bon, si elle était bête comme son pied et seulement capable de foutre des taloches, j’aurai aucun remords à l’abandonner à la première occasion. Par contre, si elle s’avérait être un brin smart, y’avait moyen de faire quelque chose avec elle…
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Nihil. Nihil, un nom à coucher dehors ça. Je sais pas de quelle culture ni de quelle île ça peut venir, mais sûrement pas quelque part connu de ma personne. Après, il peut très bien s’appeler pierre paul ou jack… L’important c’est que j’ai besoin de lui pour sortir d’ici. L’entraide, la solidarité, c’est la base pour tous ceux qui sont en galère. Et là, j’ai comme l’impression que c’est le genre de bateau dans lequel on est réunit … On est dans le sac des victimes, et franchement, ça me met en colère. Toute rouge, soufflant pour calmer la furie de mon cœur qui tambourine dans ma poitrine, je laisse mon camarade d’infortune opérer, l’homme poisson dédaigneux qui semble si sûr de lui en jetant sa boite périmée depuis 1627 –tu me diras que les conserves sont bien conservées généralement, à travers les barreaux, s’est vite mis à changer de comportement. L’impulsion vocale de Nihil lui donnant l’ordre d’ouvrir la cellule dans laquelle nous sommes enfermés, permet de nous sortir temporairement d’une première épreuve. Il attache notre geôlier, et moi j’attrape par la même le gros trousseau de vieille clef qui semble être fait pour déverrouiller la plupart des serrures du navire.

- On ne s’en sortira pas sans un bon plan, Nihil-san. Je commence à sympathiser un peu trop, je me souviens qu’il ne m’a pas suivi sur le pont, et qu’il est un mateur arriviste ascendant flagorneur, avec une mentalité en rétrograde qui me laisse dubitative. J’ai été élevée avec le souci de rester honorable, et de ne jamais abandonner. On semble deux opposés aux antipodes l’un de l’autre, remarque, c’est peut être ça la complémentarité ? Alors on peut lui poser n’importe quelle question ?

Mon partenaire de fortune, acquiesce, et me voilà un peu perturbée. Disons que d’habitude je dois mettre quelques taloches, jusqu’au moment ou je suis sûr qu’on me dit la vérité pour récupérer des informations, je dois avouer que c’est plutôt pratique, utile et habile. Désarçonné je commence par des questions simples, nom, age, sexe, son plat préféré … Je me reprends, claquant mes joues de mes deux mains. Bon … On est ou la ? Sur un navire du nom d’Espadon … Sa voix est lointaine, presque un chuchotement, on sent qu’il voudrait bien résister mais qu’il y arrive pas. Trop faible d’esprit ou trop réceptif au charme de Nihil, il continue de me répondre …

- Alors on fait le topo, on est sur un des navires du cimetière d’épave, prisonnier de Drake le terrible homme poisson. Il y’a trois ponts inferieurs, et autant de cellule à chacun des étages, sur le pont supérieur se trouve les gardes, qui font une ronde matin midi et soir. Là on est midi, et Drake est sans doute entrain de dessouler de la soirée de la veille, comme tout les jours. J’ai oublié un truc, Nihil ?

Je me tourne vers le gars, avant d’enfoncer un morceau de tissus dans la bouche et d’assommer l’homme poisson.

- Bon comment tu veux la jouer ? J’ai deux plans en tête, soit on s’enfuit en toute discrétion, pendant que ce putain de Drake dors encore. Soit on la joue bordelique, et on libère tout le monde en profitant de la cohue pour nous en sortir …

J’hausse les épaules, et me dirige vers la porte qui nous sépare d’un semblant de liberté.

- T’as des idées toi ? On se la joue comment ?


Je vais laisser le plus avisé de nous deux m’aider à prendre la bonne décision, je suis un peu trop tête brulée pour ne pas foncer tête baissée dans un piège, même en sachant que c’est un piège, ou vers le danger, en sachant que c’est dangereux.

Je suis comme ça, on me changera pas en trois minutes, ni sans me coller des mandales de l’espace.
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- « A moins d’une amélioration soudaine et magique sortie de nulle part, faire du boucan pour se casser, c’est le plan le plus risqué ! » Qu’avais-je répondu tout sourire.

C’était carrément le plan le plus con. Du moins à mon sens. Qui plus est, il comportait plusieurs failles. Même si on essayait de libérer les prisonniers du coin, rien n’indiquait qu’ils suivraient le mouvement et feraient du tapage. Avec la force de Drake, difficile de faire le con en même temps et j’étais d’avis que la plupart se feraient sur eux, un peu comme les autres passagers de la rascaille qui était avec nous. Drake était tout simplement infranchissable, du moins pour Kazuya et moi à l’heure actuelle. Aussi tête brulée et forte qu’elle soit, elle n’arriverait au mieux qu’à l’égratigner. C’était la même chose pour moi. Je pouvais lui briser les tympans avec plusieurs cris de suite (au risque de devenir aphone pendant plusieurs jours), mais rien ne disait qu’il ne résisterait pas à ça. Enfin, le plus compliqué de tout ça demeurait notre moyen de fuite. Dans un endroit comme celui-ci, on aurait au mieux qu’un rafiot dégueulasse et ressemblant à celui de l’autre vioque qui avait voulu nous vendre sans vergognes. Il n’y avait aucun doute sur le fait que les poiscailles nous rattraperaient et nous couleraient avant de nous tirer par la peau des fesses jusqu’à cette même cellule. Partir de façon discrète nous assurerait donc une avance confortable et la vie sauve. C’était con à dire, mais toutes les aventures ne finissaient pas par la mort du grand méchant…

Parfois, prioriser la survie de façon intelligente était la meilleure chose à faire !

- « On se barre sans faire de vagues. S’il est vraiment dans les vapes, il se réveillera pas avant une heure ou deux et le temps qu’il vaque à ses autres occupations, il se rendra pas compte de notre évasion avant trois bonnes heures minimum. »

Pour le coup, le poiscaille que j’avais hypnotisé ne pouvait pas mentir. Là, c’était notre chance de se barrer tranquillement. Est-ce que j’avais un semblant de plan pour atteindre le pont et avoir un rafiot pour se barrer ? Ouais. Un plan de merde, mais un plan quand même. Sur cette pensée, je m’étirai et fit craquer les jointures de mes mains avant de lui donner un nouvel ordre : « Très bien. Voilà ce qu’on va faire, mon pote : tu vas nous mener au pont et nous trouver une p’tite embarcation qui nous permettra de nous en aller. A chaque fois qu’on verra un garde qui demandera des explications, tu diras que Drake veut s’amuser un peu avec nous parce qu’on est plutôt résistants. Il nous offre à mon amie et moi une avance de plusieurs kilomètres et s’amusera ensuite à nous rattraper pour nous foutre en taule. Histoire de nous donner de l’espoir et une chance quoi. » Tel que j’avais vu le gigantesque homme-poisson, j’m’étais fait la réflexion que ça pourrait éventuellement coller à ses lubies. Il devait avoir une pointe de sadisme en lui, sinon bien plus même. Plus qu’à prier le ciel pour que ça marche et que miss gros lolos ne gâche pas tout. On sait jamais. Là-dessus, l’homme-poisson acquiesça docilement et se leva pour prendre le chemin de la sortie. C’est donc d’un signe de tête que j’enjoignis Blondie à nous suivre tranquillement.

- « Ouais, t’sais, c’est Drake qui blabla… »

Et voilà que quelques minutes plus tard, nous remontions tranquillement au pont dans le plus grand des calmes. L’homme-poisson de l’espèce des silures racontait le baratin à tous ceux qui nous croisait. Et comme on était jamais trop prudents, il m’arrivait d’hypnotiser les plus suspicieux pour qu’ils arrêtent avec leurs questions à la noix. A ce stade-là, je me dis la réflexion que je pouvais ordonner à tous les poiscailles d’attaquer en même temps leur chef ; mais le souci était que là encore, Drake pourrait les éliminer sans aucun souci ni remords. Vraiment, on parlait d’une muraille sur les blues-là. Y’avait pas à dire : il me fallait un entrainement intense pour améliorer mes compétences martiales. L’esbrouffe, l’intellect et la fourberie ne marchaient pas toujours, il fallait bien l’avouer. Parfois, foutre des patates enflammées comme Kazuya, ça avait tout simplement du bon ! C’est donc au bout de dix minutes que nous arrivâmes sur le pont et que notre guide à l’aide de quelques-uns de ses potes fit descendre dans l’eau un navire aussi minable que celui de notre passeur. C’est donc sans me faire prier que je sautai le premier à bord de ce navire, avant d’aller directement à la barre. Plus qu’à attendre Kazuya et on se barrait sans problèmes. Sans problèmes n’est-ce pas ? Tout du moins je l’espérais vraiment très fort…

Dans ce genre de situations, on était jamais vraiment à l’abri de soucis de dernières minutes…

Fort heureusement, il n’eut rien. Pas d’hommes-poissons ou de mauvaise surprise quelconque. Kazuya fut aussi anxieuse que moi. Il faut dire l’endroit était sacrément sinistre avec la brume perpétuelle qui recouvrait le tout et les carcasses de navires entassés çà et là. A un moment donné de la traversée (qui s’effectuait toujours avec notre homme-poisson hypnotisé tractant notre navire), il m’a semblé entendre des voix, mais j’essayai de ne pas trop y prêter attention. Pour penser à autre chose, je m’étais même mis à taquiner Blondie, mais elle garda avec brio son calme. Enfin bon… Tout était relatif si on partait du principe que la faire jurer et râler à certains moments était garder son calme. Pour ce que j’avais vu d’elle, ça s’y rapprochait clairement. Du reste, le fait de la provoquer me détendit moi-même jusqu’à ce que le navire pourri sur lequel nous étions ne quitte enfin la zone opaque du cimetière des bateaux. C’est à ce moment là que j’ordonnai au poiscaille de se barrer, ce qu’il fit illico. Le pauvre oublierait tout une fois auprès de Drake. C’est donc ainsi que nous échappâmes à un sort misérable, voire funeste. En moins d’une demi-journée, nous fumes repêchés par un navire de croisière. Fort heureusement, le navire fit ensuite escale sur une petite île sur laquelle je débarquai.

- « La prochaine fois qu’on se verra si prochaine fois il y a, j’t’inviterais à un restau ! Porte-toi bien blondie et au plaisir de revoir ton gros derche ! »

Et c’est sur cette boutade qui me valut tous les noms d’oiseaux que nos chemins se séparèrent.

Drôle d’aventure hein ?
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