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Le mystère de l'homme en chocolat noir

Rappel du premier message :

- “Camillius ?”

Dans un sursaut, l’homme se tournait rapidement. Il gardait une main dans son dos, un sourire en coin, comme un enfant qui aurait fait une bêtise. Là, au milieu de la petite cuisine du bateau des Trois Grâces, l’humain draconique fixait Arondel, leur navigatrice, avec attention.

- “Oui ?”  répondit-il simplement, faisant mine de rien.
- “Relâche Comus.”
- “Comus ?”
- “Le chat.”
- “Quel chat ?”
- “Miaou …”

Dans un miaulement étouffé, le fameux Comus exprimait sa présence. Ce cri, proche d’un appel “au secours”, provenait du dos de Camillius. Et si le regard de l’homme préférait s’élever vers le plafond de la pièce, celui d’Arondel restait fixé sur lui avec un air sévère.

- “M’oblige pas à me répéter.”

Dans un long soupire, l’homme dégagea son bras valide pour dévoiler le sphinx noir, maintenu par le cou, les pattes pendantes dans le vide et l’air apeuré gravé sur son visage. Dans un geste puissant, Camillius jeta l’animal à la navigatrice avant de grogner en passant à côté d’elle. La femme rattrapa la bête sans rien ajouter à l’encontre de son collègue ronchon.

- "Il fallait pas jeter le cadavre que j'avais ramené de Hat Island par dessus bord !"
- "Il était entrain de décomposer. Ca puait la mort !"
- "Normal ! T'as pas voulu que je le mette dans le frigo !"
- "On va pas mettre des morceaux humains dans le frigo, ça met du sang partout !"

- “De toute façon on ne peut rien manger sur ce bateau.”  finit par répliquer le dragon.

Il poussa alors la porte d’une main, l’autre toujours enroulé dans des bandages de fortune et maintenu contre son torse par un vieux tissu arraché à un drapé. Depuis qu’ils avaient quitté Hat Island, Camillius passait presque tout son temps à panser ses plaies. Ou plutôt, à se faire panser ses plaies car pour son plus grand malheur, il n’avait jamais eu à faire ça autrement qu’en se léchant les écailles sanglantes jusqu'à que la douleur ne s’évanouisse toute seule. Des tonnes de bandages parsemés son corps, couvrant son torse de blanc crème qui se teintait de rouge en absorbant le sang perdu. Il avait mal, mais bien moins qu’auparavant et cela était bon signe. Il guérissait doucement. Son bras lui traînait un peu plus. Jamais il n’aurait cru que prendre une balle dans une aile sous forme de dragon se retranscriverait dans son bras en reprenant forme humaine. Et maintenant, il se retrouvait bloqué dans cet état pour éviter de devoir refaire l’ensemble de ses pansements.

En débarquant sur le pont, Camillius eut un long frisson le parcourant. Il était de nature à aimer la chaleur et les rayons du soleil, mais voilà plusieurs jours que ces derniers l’avaient quitté pour se cacher timidement derrière des tonnes de nuages. Et la nuit remplaçant le jour était encore plus froide que celle du désert. Le dragon tremblait, se frottant son bras immobilisé pour essayer de se réchauffer un peu alors que les lanternes du pont éclairaient que quelques mètres devant la proue du bateau.

- “Putain on se les caille ici. C’est quoi ce temps de merde.”

Il faisait sombre et terriblement froid, et alors que le Trois-Yeux grondait son mécontentement et son inconfort, Arondel finissait elle aussi par sortir de la cuisine, un long et épais manteau de fourrure entre les mains. Elle le jeta sur son collègue grognon en disant :

- “Tiens, c’était dans une des caisses qu’on a embarqué. Sûrement une contrefaçon bon marché. Mais au moins c’est chaud.”

Puis elle fit le tour de l’homme tremblant encore sous son veston pour le dévisager devant la silhouette élancée que lui dessinait la pièce de vêtement.

- “Si tu avais meilleur caractère, tu ferais un très bon partie. Milady.”  se moquait Arondel en cachant à peine son sourire derrière sa main.
- “Ahah très drôle.”

Et alors que la navigatrice avait laissé la direction aux silencieux, les larbins de l’équipage, l’un d’eux hurlait un traditionnel “terre en vue” alors que la connaisseuse annonçait au reste de l’équipage :

- “Ça doit être Boréa.”

La lune était haute dans le ciel et Arondel n'avait jamais besoin de plus que cet astre majestueux et des étoiles l'entourant pour se repérer sur North Blue.
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Il serait allé mentir de dire que Davinia n'avait pas été enchantée d'entendre parler d'or, mais encore plus lorsque ses yeux sombres s'étaient posés sur les différents objets de valeur cachés au fond des entrailles du château. Après avoir récupéré pour elle-même quelques bijoux, notamment un ou deux diadèmes aux pierres précieuses alléchantes, elle enveloppa ses épaules dans un nouveau manteau de fourrure sombre à la coupe somptueuse. Ensuite, Davinia prit les choses en main, guidant les femmes libérées vers des vêtements adéquats et ensuite les aidant à remplir les sacs. Elle était méthodique, veillant à ce que chaque sac soit chargé au maximum sans être trop lourd à porter. Les femmes, bien que secouées par leur récente captivité, obéissaient docilement, probablement encore sous le choc de leur libération. Tout en supervisant le remplissage des sacs, elle jetait des regards fréquents vers Bjorn et Camillius, s'assurant que tout se passait comme prévu. Une fois que tout le monde fut prêt, elle ordonna aux femmes de se mettre en rang et de se préparer à suivre le groupe vers le bateau. Elle savait que le retour ne serait pas sans difficulté, mais la promesse d'une récompense substantielle suffisait à galvaniser les troupes, elles devaient surement pensées qu’elles retrouveraient la liberté une fois cette tâche terminer, mais avec le ton de Bjorn, Davinia était sûre que l’homme avait une autre idée en tête.

‘’On se dépêche ! Le manoir ne tiendra peut-être pas longtemps avec ces flammes. Avançons rapidement et efficacement.’’

Elle prit les devants, ouvrant la marche tout en vérifiant constamment que personne ne traînait. En arrivant dans le hall, elle sentit la tension monter en voyant la quinzaine de hérauts de l'aube, leurs visages reflétant la stupéfaction et l'hostilité. Bjorn se tourna vers elle, soufflant des mots qui lui firent pincer les lèvres. Davinia finalement hocha la tête, un sourire aux lèvres. Elle s'avança de quelques pas, se plaçant en position de négociation, bien consciente que le combat semblait inévitable. Toutefois, elle espérait que ses mots et son attitude stratégique pourraient, au moins temporairement, désamorcer la situation.

‘’Messieurs,’’ commença-t-elle d'une voix claire et autoritaire. ‘’Nous ne cherchons pas la confrontation, mais nous ne la fuirons pas non plus. Le comte Acula est tombé, il s’en est pris à un des nôtres et il la payer. Je vous suggère de rentrer chez vous et de profiter de votre soirée ailleurs. Nous avons fait un grand service pour votre ville et il serait dommage que plus de sang coule…’’ Ses yeux sombres scrutaient leurs visages, cherchant des signes de faiblesse ou d'hésitation. ‘’Sinon, je vous promets que le combat sera rude, et vous avez tout à perdre.’’ Termine-t-elle avec fermeté.

Elle attendit leur réaction, prête à donner le signal à ses compagnons si la situation dégénérait. Toutefois, devant l’hésitation qui semble s’étirer, les soldats qui se regarde, finalement Camillius est le premier à lancer le commentaire qui fait voler en éclat ses efforts.

‘’Quel perte de temps ! On les tue tous et ces finit ! On est pirates pas des bon vivants !’’

Davinia soupire, tournant dos au soldats pour regarder Camillius, tirer une dague et la pointer vers lui. Sa colère et son mécontentement visible sur son visage.

‘’Camillius, il faut vraiment que tu apprennes à te taire…’’
‘’Attraper moi tout ce monde, ils sont trois pirates.’’ Lance finalement un des hommes ennemis qui semble infuser un nouveau courage dans les rangs des siens.
‘’Je te garde responsable Camillius,’’ annonce-t-elle en le pointant toujours de sa dague. ‘’si on sort vivant je te fou une de ces racler que tu ne vas pas oublier de sitôt ! Tu veux agir comme un animal, je vais te traiter comme-t-elle.’’

Terminant sur ses mots dure, elle se retourne rapidement, lançant sa dague qui vient se planter dans le cou de l’un des soldats, ce qui lance l’assaut finale de tout le monde. Elle en avait vraiment marre de cette île, de son froid, mais surtout de cette fatigue qui s’accumulait et qui rendait les combats difficile. Son corps semblait vouloir se rouler en boule et simplement dormir la douleur grandissante de ses muscles trop travaillés.
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La première attaque était lancée et malgré les menaces de Davinia, Camillius ne pouvait s'empêcher d’afficher un sourire satisfait. Cette femme ne pouvait rien contre lui, il le savait, et si elle voulait quand même essayer, elle se ferait battre à son propre jeu. Jetant son sac de berries à une des esclaves paniquée par la situation et en reprenant son apparence de reptile volant, le pirate sautait sur les représentants de la loi comme il l’avait fait plus d’une fois à Hat Island. Il n’y avait rien de plus agréable à ses yeux que de planter ses crocs pointues dans la chaire des bipèdes et sentir le goût du sang lui remplir la gorge. Presque aussi agréable que d'emmerder une femelle. D’un puissant coup de machoir, Camillius agrippa un garde qu’il jeta ensuite avec force sur Davinia. Une provocation nécessaire pour lui montrer qu’il était loin d’avoir peur des paroles de la trois-yeux.

- “Oups, il a glissé.” clama Camillius avec un sérieux absent.

Et si cet instant d'inattention lui tira un ricanement satisfait, il finit par vite le regretter lorsqu’un des hérauts vint lui planter le bout de son épais au travers de la plaie encore saignante. D’un pas de côté, le dragon hurla sa douleur avant de se tourner en vitesse vers le malheureux, les yeux menaçants tirant des regrets au jeune garçon simplement venu défendre sa vie. Les flammes recouvrirent l’animal qui n’hésita pas un instant à attraper le garde ayant lâché son arme pour fuir. S’il ne pouvait voler, il restait bien plus rapide qu’un humain. Et alors que le froid aurait pu le paralyser, la chaleur de ses flammes le couvraient suffisamment pour réchauffer ses muscles et le laisser attraper sa proie avant de lui dévorer la chaire. Il avait faim, les combats lui avaient tiré l’entièreté de son énergie mais par-dessus tout, il avait mal. Et cela, il le ferait payer au jeune garçon.


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Décidément, notre dragon arrogant se sentait provocateur ce soir. Alors que Davinia poussait un énième soupir de frustration quant à son attitude, le combat éclata comme prévu, malheureusement pour ces représentants de la loi. Si leur détermination ne faisait aucun doute, leur puissance en revanche laissait à désirer. Nous sortions affaiblis de l'affrontement, mais ce n'étaient pas ces quinze pauvres hommes qui allaient se mettre en travers de notre chemin. Je fis apparaître une main, lui transférant la hache fixée dans mon dos, quand celle-ci fit un mouvement vertical en se tournant vers moi.

"C'est pas parce que tu as un nouveau pouvoir que tu peux te la couler douce, on a déjà tout fait contre l'autre plein de pus, alors démerde toi avec ces branquignoles. Donne moi ça tiens."

Au même moment, le sac d'or que je tenais disparut, et fut interchangé par ma hache, le sac de richesses se trouvant désormais suspendu entre les doigts flottants du gant noir.

"Comment c'est possible d'avoir un ego aussi surdimensionné..."

Comprenant qu'il serait vain de tenter de négocier, et que de toutes manières ces pauvres gens ne représentaient pas tant une menace, je gelai la lame de la hache et je fonçai dans le tas, échangeant les coups de hache contre des coups de lance, mais répandant plus de sang que je n'en perdais. Après un court effort de notre trio, la boucherie était terminée. La scène était macabre, mais il y avait de grandes chances que la plupart des corps finissent ensevelis sous les débris de l'endroit. Au même instant une poutre tomba depuis le haut plafond, nous indiquant que notre temps était toujours compté.

"- Il n'y plus aucune menace, alors on se dépêche d'évacuer ! Accrochez vous à votre sac comme si votre vie en dépendait, car c'est le cas !" tentai-je de motiver les jeunes femmes encore sous le choc de l'affrontement sanglant qui avait éclaboussé celles au premier rang.

Après plusieurs longues minutes de marche, nous arrivions à nouveau dans la partie éclairée de la ville.

"- Tout le monde, capuche et on cache son sac sous son manteau." chuchotai-je alors que Davinia inspectait les rangs un à un pour s'assurer que rien ne pourrait nous trahir.

Nous dévalions les pavés enneigés, s'attendant à croiser un garde au moindre croisement. Fort heureusement la nuit était lourde, et le vent s'était bien levé, décourageant la plupart de sortir au milieu du crépuscule et du blizzard. Nous arrivâmes au niveau de l'auberge où Arondel et une partie des Silencieux logeaient encore.

"- Davinia, je compte sur ton esprit synthétique et ta discrétion pour faire revenir au bateau notre équipage dans les plus brefs délais." lui indiquai-je sans même prendre le temps d'arrêter notre cortège.

Nous foulions enfin le port, et seule une paire de gardes semblait garder l'endroit, il ne devait pas y avoir grand monde qui accostait de nuit.

"- Bonsoir messieurs, quel bon vent vous am-" fut coupé un héraut alors qu'une épée courte venait de sortir de sous ma cape, se plantant en plein dans l'œsophage du garde.

Camillius qui marchait à mes côtés fit connaître une décapitation en règle à l'autre compère, et nous poussâmes les cadavres dans l'eau, tentant de les dissimuler sous le pont grossièrement.

"- Mettez tout ça dans la cale, on fera le tri plus tard. Attendons que ma collègue revienne et on discutera de comment vous remercier." indiquai-je aux femmes encore lourdement chargées.

L'une d'entre elle tenta de prendre la fuite après avoir balancé notre butin à la mer. Une main flottante l'agrippa par la gorge fermement, faisant apparaître des engelures autour de son cou, puis elle se stoppa net après qu'un second gant lui ait asséné un coup sec derrière la nuque.

"- J'ai dit qu'on attendait, on est plus à quelques minutes près, non ?" souriai-je aux autres captives qui hochèrent la tête plus de peur que par acquiescement.

Je repêchai avec un gant le sac qui commençait déjà à couler lentement et je le jeta dans la calle avec les autres, attendant le retour de Davinia, scrutant l'horizon. Puis une fois faiblarde et gémissante émana du tas de trésor.

"- Pitié... laissez moi sortir" finis-je par comprendre.

"- Camillius, tu m'expliques ?" l'interrogeai-je en ouvrant son sac.

"- Quoi, j'allais pas le laisser brûler, il a plus personne alors autant qu'il me serve. Je l'ai mis dans MON sac alors il est à MOI c'est compris ?" commençait il à hausser le ton en appuyant du doigt sur mon torse en rythme avec ses mots, alors que la chauve-souris majordome émergeait de la calle en boitant.

"- Peu importe, tu régleras ça avec Davinia..." soupirai-je.
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L’indignation de Davinia monta en elle comme une vague brûlante lorsqu'elle vit le garde projeté par Camillius se diriger vers elle. Elle esquiva habilement le corps volant, ses mouvements gracieux démentant la rage qui bouillonnait sous la surface. Ses yeux sombres se plantèrent sur le dragon avec une intensité glaciale, son esprit déjà en train de planifier une manière de régler son comportement méprisable. Ce n’était pas la première fois que Camillius agissait de manière insupportable, mais ce soir, il avait franchi une limite à ne pas dépasser. Si d'ordinaire, son comportement pouvait être toléré – voire même ignoré – ce soir, l’espionne avait décidé qu'il était temps de mettre un terme à ses provocations. Elle se fit une note mentale : dès qu'ils seraient hors de danger, elle s'assurerait que Camillius comprenne les conséquences de ses actes. Pour l’instant, elle devait rester concentrée sur la bataille en cours.

‘’Bjorn, continue à avancer,’’ aboya-t-elle en donnant un coup de dague à un autre garde qui s’approchait. ‘’Camillius, si tu veux vraiment être utile, arrête de jouer avec la nourriture et brûle-les tous.’’

Elle fit un pas en arrière, reprenant sa position de leader stratégique, mais son regard ne quittait pas le dragon. Elle savait que cette bataille n’était pas seulement contre les hérauts de l'aube, mais aussi une lutte interne pour maintenir l'harmonie au sein de leur groupe. Camillius, quant à lui, continua à semer la destruction, inconscient ou indifférent à l’avertissement tacite que lui lançait Davinia. Elle serra les dents, sa décision ferme dans son esprit : une fois ce combat terminé, elle s'assurerait que Camillius comprenne qu'il n'y avait pas de place pour la désobéissance et l’insubordination dans leur équipe. La discipline et le respect étaient nécessaires pour survivre, et il apprendrait cela, même si elle devait lui graver cette leçon dans la peau. Une fois la bataille plus ou moins gagnée, Davinia, Bjorn, Camillius, et les ex-prisonnières quittèrent rapidement le manoir, les bras chargés de sacs de trésors. Le blizzard, de plus en plus épais, camouflait les flammes qui avalaient lentement les restes du domaine du comte Acula. Leur silhouette disparaissait dans la tempête, leurs pas s'enfonçant dans la neige glacée.

Arrivés à la séparation qui menait à l'auberge, Bjorn fit un signe de tête à Davinia, échangea quelques paroles. Elle acquiesça doucement, se séparant du groupe pour se diriger seule vers le lieu de repos. Davinia s'éloigna rapidement, ses pas rapides et silencieux dans la neige fraiche. L'auberge se dessinait peu à peu à travers le blizzard, sa structure rassurante contrastant avec le chaos laissé derrière eux. En arrivant sur place, elle se glissa à l'intérieur, refermant discrètement la porte derrière elle. Une faible lueur éclairait le comptoir, où un homme à moitié endormi somnolait. S'approchant doucement, elle posa une main ferme mais douce sur son épaule, le secouant légèrement pour le réveiller. L'homme sursauta, ses yeux embués de sommeil se levant lentement pour rencontrer le regard déterminé de Davinia.

''Monsieur, réveillez-vous,'' murmura-t-elle d'une voix basse mais ferme.

L'homme cligna des yeux, prenant quelques instants pour émerger de sa torpeur. Son regard devint plus alerte en voyant l'expression sérieuse de Davinia.

''Que puis-je faire pour vous, mademoiselle ?'' demanda-t-il, sa voix rauque et endormie.

Davinia sourit légèrement, appréciant la coopération immédiate. Les gens étaient beaucoup trop gentils pour leur bien.

‘’J’ai une amie qui se trouve sur place, Arondel. Elle devrait être accompagner de trois hommes.’’ Souffle-t-elle doucement, le visage toujours caché derrière son large capuchon.

L'homme hocha la tête, se frottant un peu le visage avant de prend son carnet de note.

‘’Hmm, ça me dit quelque chose… Attendez que je confirme la chambre… Ah oui ! Troisième chambre sur la droite pour elle et celle d’en face ce sont les hommes.’’ Marmonne-t-il.
‘’Merci, je vous conseille d’aller vous coucher maintenant, il y a un blizzard dehors, je ne crois pas que vous aurez d’autres monde.’’
‘’Mouais… Bonne idée.’’

Davinia se dirigea vers le deuxième étage. Les escaliers craquaient légèrement sous ses pas, mais elle restait silencieuse. Arrivée devant la porte de la chambre d'Arondel, elle frappa sommairement, le son de ses coups résonnant brièvement dans le couloir désert. Sans attendre de réponse, elle sortit son kit de crochetage de sa poche. Avec des gestes précis et rapides, elle fit sauter le loquet de la porte en quelques secondes. La serrure céda avec un léger clic, et elle tourna la poignée, pénétrant doucement dans la chambre. L'obscurité enveloppait la pièce, mais ses yeux s'ajustèrent rapidement à la faible lumière qui filtrait par les rideaux. Immédiatement, elle remarqua qu'Arondel n'était pas seule, mais plutôt accompagner non pas d'un, mais des trois Silencieux. Arondel, assise sur le lit, leva les yeux vers Davinia, un sourire mince sur les lèvres.

‘’Il se passe quoi ?’’ murmura-t-elle, sa voix à peine audible dans le silence de la chambre.
‘’Oui, malheureusement on doit quitter rapidement, disons qu’en récupérant Camillius, les choses on dégénérer.’’ Dit-elle sur un ton professionnel cachant à peine l'inquiétude sous-jacente.
‘’Et merde… Il ne peut pas se tenir celui-là.’’
‘’Et pour le congélo ?’’
‘’A l’heure qu’on est arrivé, les boutiques étaient fermées.’’
‘’Bon et bien on va se fournie chez l’aubergiste alors. Clairement il doit avoir ceci dans sa cuisine.’’
‘’… Pas fou…’’
‘’Vous aves trois minutes pour vous habillés et me retrouver en bas.’’
‘’Euh patronne…’’
‘’Arondel, je me fiche de ce que tu fais avec certains membres, tant que tu reste efficace, tu fais des galipettes avec qui tu veux. Aller dépêcher vous maintenant, j’ai un dragon à punir.’’

Davinia quitta la chambre d'Arondel, refermant doucement la porte derrière elle. Ses pas légers la conduisirent rapidement en bas, là où le comptoir de l'auberge était maintenant désert. Sans perdre de temps, elle se dirigea vers la cuisine, ses mouvements muet. La cuisine, faiblement éclairée par une lueur vacillante, était un labyrinthe de casseroles et de poêles suspendues. Davinia scrutait les lieux, cherchant le frigidaire ou le congélateur qui pourrait leur être utile. Après quelques instants de recherche, elle repéra enfin un grand congélateur dans un coin reculé de la pièce. Elle s'approcha, l'ouvrit pour vérifier son contenu. Satisfaite de trouver une réserve encore intacte de provisions congelées, elle referma le couvercle, notant mentalement l'utilité de cet appareil pour leur voyage. Quelques minutes plus tard, elle entendit des pas derrière elle. Se retournant, elle vit Arondel et les trois Silencieux entrer dans la cuisine.

"Parfait timing," dit-elle en leur faisant signe d'approcher. "Nous avons besoin de ce congélateur pour notre voyage. Vous pouvez le prendre ?"

Les trois Silencieux hochèrent la tête. Ils s'approchèrent de l'appareil et, avec des gestes coordonnés, commencèrent à le soulever. Arondel resta en retrait, surveillant la manœuvre avec une attention soutenue. Davinia ouvrit la porte de la cuisine, jetant un coup d'œil à l'extérieur. Le blizzard s'était intensifié, mais cela offrait aussi une couverture parfaite pour leur départ.

"Allons-y, vite," ordonna-t-elle.

Une fois dehors, le vent glacé mordit leur peau, mais ils avancèrent sans souffler un mot. Davinia ouvrait la marche, ses yeux scrutant l'obscurité pour repérer d'éventuels dangers. Les Silencieux suivaient de près, portant le congélateur avec une aisance surprenante. Le chemin vers le bateau leur parut long, la neige rendant chaque pas ardu. Mais Davinia gardait le rythme, déterminée à ne pas ralentir. Enfin, après ce qui sembla une éternité, ils atteignirent le quai où leur bateau les attendait, ses contours sombres se découpant contre l'eau noire. L’Énigmatique se tourna vers Arondel et les Silencieux.

"Nous y sommes. Montez le congélateur à bord et préparez-vous à partir. Nous devons quitter cet endroit avant que quelqu'un ne remarque notre absence."

Les hommes hochèrent la tête et commencèrent à charger le congélateur sur le bateau, disparaissant en direction de ce qui servait de cuisinette. Davinia ne perdit pas une seconde après avoir donné ses instructions. Elle se dirigea immédiatement vers Camillius, qui semblait discuter avec une chauve-souris – et pas n'importe laquelle, celle qui avait tenté de les tuer. Silencieuse et en colère, elle s'approcha par-derrière, profitant de l'inattention de Camillius. Sans prévenir, elle agrippa ses cheveux avec une poigne de fer et lui fracassa le visage contre la rambarde de bois. Une fois, puis une deuxième fois, ses gestes implacables. Alors que Camillius commençait à réagir, ses tentacules saisirent une corde avec agilité. Sentant qu'il tentait de s'enflammer pour se défendre, elle enfonça sans hésiter deux doigts dans la plaie béante de son flanc, interrompant net son action. Camillius poussa un cri de douleur, ses flammes vacillantes s'éteignant sous l'agonie. la Faussaire en profita pour enrouler la corde autour de son torse, ses tentacules s'assurant que les nœuds soient solides.

D'un mouvement puissant, elle souleva Camillius et le jeta par-dessus bord sans la moindre cérémonie. Les spectateurs autour, stupéfaits, regardaient la scène sans oser intervenir. Dans l'eau glacée, le dragon se débattait, submergé par le froid et l'impuissance. Davinia le laissa patauger quelques secondes, voir une minute dans l'eau gelée, observant ses tentatives désespérées pour rester à flot. Elle voulait que la peur et l'impuissance s'insinuent profondément en lui. Ses yeux sombres étaient fixés sur lui, impassibles. Puis, avec une force calculée, elle tira sur la corde, le ramenant à bord. Camillius, trempé et grelottant, fut jeté sur le pont. L'espionne le regarda un instant, ses yeux brûlant de colère froide.

"Que ceci te serve de leçon," dit-t-elle, suffisamment fort pour qu'il l'entende malgré le tumulte. "La prochaine fois que tu agis sans réfléchir aux conséquences, je ne serai pas aussi clémente. Si tu n’aimes pas l’endroit la porte est ouverte, tu peux quitter, mais je ne vais plus tolérer ton comportement Camillius. Je peux être quelqu’un de généreux, mais ne mord pas la main qui te nourrir. Si tu veux être traité comme un être libre, mérite ta place. Continue d’agir comme un vulgaire animal de foire et je vais te traite de la sorte et sortir la cage. "

Puis, sans un regard en arrière, elle se tourna vers le reste de l'équipage, reprenant le contrôle de la situation avec une autorité inébranlable en annonçant le départ immédiat.
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