Rencontre du mouette type

INDRA

Dans le bureau éclairé par une lumière blafarde, le Commandant Severin de la Marine contemplait les rapports épars sur son bureau. Ses sourcils roux froncés témoignaient de son irritation. Des pirates avaient capturé des civils sur l'île de Bera, mais ses troupes étaient occupées à divertir un Dragon Céleste de passage, une tâche aussi délicate qu'incontournable. Il soupira, puis tourna son regard vers INDRA se tenait immobile dans un coin de la pièce. Du Pacifista, avec son alliage aux teintes émeraude et ses sphères cuivrées à chaque articulation, émanait une présence à la fois imposante et rassurante. Bien que son exosquelette portât les marques de nombreuses batailles - rayures et impacts de balles inclus - il restait un exemple d'ingénierie avancée et de robustesse inébranlable.

« - INDRA, » dit Severin d'une voix autoritaire, rompant le silence pesant.

« - Nous avons une situation critique. Des civils de l'île de Bera ont été capturés par des pirates. Je ne peux pas envoyer mes hommes, ils sont requis ici pour une affaire ... plus urgente. »

Les capteurs oculaires d'INDRA s'illuminèrent en réponse à l'ordre implicite. Le commandant lui tendit une carte indiquant la dernière position connue des pirates.

« - Voici leur localisation. Ta mission est de sauver les victimes et neutraliser toute menace pirate. »

Le Pacifista acquiesça d'un mouvement fluide de la tête, ses articulations émettant un léger cliquetis métallique. Sans un mot de plus, il pivota sur ses talons et se dirigea vers la sortie, ses pas lourds résonnant dans les couloirs de la base.

Dans les vastes océans de Grand Line, mes ailes battent avec difficulté contre les vents tumultueux. L'air salé s'infiltre dans mes plumes, et les gouttes d'eau me fouettent le visage. Chaque rafale est un défi, mais je suis habituée à braver les tempêtes. Je suis Nautile, une mouette livreuse de courrier, et rien ne m'empêchera d'accomplir ma mission.

Aujourd'hui, le ciel est chargé de nuages sombres. Une tempête se prépare, et l'odeur de l'ozone l'intérieur du bec. Les éclairs zèbrent l'horizon, mais cela ne m'intimide pas. J'ai du courrier à livrer, et je suis déterminée. Mon regard perçant scrute les vagues agitées jusqu'à ce que j'aperçoive un navire. Je plonge en spirale vers le pont, espérant trouver quelqu'un à qui remettre le journal.
En me posant sur le mât, je ressens la rugosité du bois sous mes serres. Le navire tangue légèrement, et je me stabilise en déployant mes ailes immaculées. D'un œil globuleux, je remarque que ce navire est occupé par des pirates. Leur apparence et leurs rires rauques résonnent dans l'air chargé de sel. Ils sentent le rhum et la sueur. Je pince avec mon bec le premier journal mondial de mon sac et l'exhibe telle un chat avec une souris. Je descends prudemment vers le pont, d'un pas timide et craintif. Si mon instinct animal me crie de prendre la fuite, il est réduit au silence par ces années de dressage au sein de la Marine.
Alors que je m'approche, un cri de colère retentit, perçant le bruit de la mer. Un pirate à l'air menaçant m'observe avec mépris, ses yeux brillants d'une lueur hostile.

« - Tiens donc, qu'avons-nous là ? » grogne-t-il.

Avant que je ne puisse réagir, il lève un gourdin. Je vois le bois se précipiter vers moi, et une douleur fulgurante explose dans mon aile. Je pousse un cri strident, lâchant le journal qui glisse sur le pont crasseux.

Paniquée, je tentai de prendre mon envol, mais mon aile blessée me faisait horriblement souffrir. Je réussis à voler maladroitement, mes plumes battant frénétiquement. Le pirate riait, appréciant ma détresse. Mon seul espoir était de trouver refuge dans la cale. Je plongeai vers l’ouverture, espérant échapper à mes poursuivants.
La cale était sombre et humide, l’odeur de sel et de bois pourri emplissait l’air. Je m’enfonçai dans l’obscurité, mes griffes cliquetant faiblement sur le sol. En volant bas, je tombai nez à nez avec un groupe d’humains enchaînés, leurs visages marqués par la peur et la fatigue. Leurs yeux s’agrandirent en me voyant, une mouette égarée et blessée. Ils murmuraient entre eux, des mots que je ne comprenais pas, mais je sentais leur désespoir. Je tentai de me cacher derrière des caisses, mais un pirate me repéra.

« - Ah, te voilà ! » dit-il, s’emparant de moi avec une poigne de fer.

Je me débattais, poussant des cris stridents, mais ma blessure m’affaiblissait. Il me souleva par les pattes et me porta vers la cuisine du navire, ses pas résonnant lourdement sur le bois. La cuisine était étroite et sale, l’odeur de graisse et de viande en décomposition flottait dans l’air. Je pouvais voir les flammes vacillantes de la cuisinière et entendre le cliquetis des ustensiles. Mon cœur battait à tout rompre, la panique me submergeait. Le pirate me jeta sur une table, ignorant mes tentatives désespérées de m’échapper.

« - Tu vas faire un bon dîner, toi, » grogna-t-il, sortant un couteau émoussé.

La peur envahissait mes sens, se répandant en moi comme une marée montante, inéluctable et terrifiante. Chaque détail de mon environnement devenait d'une netteté cruelle, accentuant mon angoisse. Le froid de la table en bois rugueux se propageait sous mes plumes, me glaçant jusqu'aux os. Le métal du couteau émoussé, manié avec négligence par le pirate, émettait un cliquetis sinistre à chaque mouvement. Les flammes vacillantes de la cuisinière projetaient des ombres dansantes sur les murs de la cuisine étroite, créant des formes grotesques et menaçantes. L'odeur âcre de graisse brûlée et de viande en décomposition me remplissait les narines, ajoutant à mon malaise. Mon cœur battait à tout rompre, résonnant dans ma poitrine comme un tambour de guerre, chaque pulsation marquant un compte à rebours inéluctable. La panique me submergeait, me laissant à peine capable de respirer. Je pouvais sentir la sueur du pirate, mélangée à l'odeur de rhum bon marché, alors qu'il se penchait sur moi, un sourire cruel déformant ses traits. Ses mains calleuses et sales me tenaient fermement, me privant de toute chance de fuite. J'étais prise au piège, incapable de me libérer de cette étreinte mortelle. Le pirate leva le couteau, et dans la lueur vacillante des flammes, la lame sembla briller d'un éclat sinistre. Le monde autour de moi se rétrécissait, chaque son, chaque odeur, chaque sensation se mêlait pour créer un cauchemar vivant.

Alors que le pirate se penchait sur moi, un sourire cruel déformant ses traits, il sembla soudain avoir une idée.

« - Non, pas tout de suite... Si je t'engraisse un peu, tu seras bien meilleure. »

Ses mains calleuses me maintenaient fermement tandis qu'il se dirigeait vers une caisse de provisions. Je sentais ses doigts rugueux me serrer avec force, empêchant toute tentative de fuite. Il revint avec deux fruits, l'un ressemblant à une pomme dorée et l'autre à une sorte de mangue aux motifs étranges et sinueux.

« - Mange ça, sale bête, » grogna-t-il, me fourrant le premier fruit dans le bec.

La pomme dorée avait un goût sucré et juteux. Ensuite, les doigts épais écartant mon bec, il me força à avaler le deuxième fruit, la mangue étrange. Dès que ma langue effleura la peau de ce fruit, une saveur amère et désagréable envahit ma bouche. Je tentai de me débattre, mais le pirate me maintenait fermement.

« - Avale, » ordonna-t-il, enfonçant le fruit plus profondément dans ma gorge.

Je déglutis douloureusement, sentant des morceaux de fruit descendre lentement, presque avec une vie propre. Les effets furent immédiats. Une chaleur étrange se répandit dans tout mon corps, partant de mon estomac et irradiant vers mes ailes et mes pattes. Une sensation de picotement courait le long de mes plumes. Je poussai un cri étouffé, mon corps se contorsionnant sous l'effet de ce fruit mystérieux. Le pirate me regardait, intrigué mais satisfait, ignorant complètement ce qu'il venait de me faire ingérer. Soudain, je sentis une substance visqueuse couler le long de mes plumes. Du sang ? Non, il s'agissait d'une sorte de résine, argentée et brillante, suintant de ma peau. Mes plumes devinrent lisses et brillantes, comme enveloppées d'une morve protectrice. Chaque mouvement créait une fine couche de résine qui recouvrait tout ce que je touchais. Le pirate, surpris, lâcha prise en voyant cette étrange transformation.

Sans le savoir, je venais de manger un fruit du démon.

Soudain, un bruit sourd résonna à l'extérieur de la cuisine. Des cris de panique s’élevèrent des pirates sur le pont, suivis de sons inconnus : des explosions de lumière et des crépitements métalliques. La tension dans l'air devint palpable. Instinctivement, je sentis que quelqu’un, ou quelque chose approchait. Des pas lourds et mécaniques retentirent sur le pont du navire. Le pirate, toujours piégé dans la résine, se tourna vers la porte, la peur déformant son visage. Puis, la porte s’ouvrit brutalement, révélant une silhouette massive et intimidante.

" - Sauver les victimes. Une victime localisée. "

L’intrus était composé d’un alliage aux teintes émeraude, chaque mouvement produisant un cliquetis mécanique régulier. Ses articulations étaient ornées de sphères cuivrées, lui permettant des mouvements fluides et précis. Sa surface était marquée de rayures et d'impacts de balles, témoignant de nombreuses batailles. Ses yeux mécaniques balayèrent la pièce, s’arrêtant un instant sur moi avant de se fixer sur le pirate. Sans un mot, une lueur rouge intense s’alluma dans ses yeux. Des faisceaux de lumière concentrée, des lasers, jaillirent de ses yeux et de ses paumes, transperçant l'air avec une précision chirurgicale. Les cris du pirate furent étouffés par le bruit des lasers, et en un instant, le cuisinier fut réduit à un tas de chaires sanguinolentes.

Le Pacifista se retourna vers moi, ses yeux mécaniques semblant m'évaluer. Puis, sans un mot, il se dirigea vers la porte et sortit de la cuisine. Je restai là un moment, incertaine, avant de me décider à le suivre. La peur de rester seule avec d'autres pirates potentiellement hostiles était plus grande que celle de suivre cette créature étrange. En me faufilant hors de la cuisine, mes mouvements étaient prudents et rapides. Je suivais INDRA à une distance raisonnable, mes petites pattes martelant légèrement le sol du navire. Les sons de la bataille se rapprochaient de plus en plus. Sur le pont, la scène était chaotique. Des pirates couraient dans tous les sens, certains tentant désespérément de s’enfuir, d’autres cherchant à se cacher. INDRA, implacable, avançait lentement mais sûrement, chaque mouvement précis et calculé. Ses lasers fusaient de ses paumes et de ses yeux, ciblant les pirates avec une précision mortelle. Chaque coup était fatal, réduisant les assaillants à des tas de viande ou les projetant violemment à travers le pont du navire. Je me cachai derrière des caisses, mes plumes encore collantes de résine, regardant avec des yeux écarquillés la scène de destruction. Mon cœur battait la chamade, mais je restais immobile, tentant de me faire la plus petite possible pour éviter d’être prise dans la mêlée. L'odeur de poudre et de brûlé emplissait mes narines, mélangée à l'air salin de la mer.

INDRA continuait son carnage, sa programmation visant à protéger les victimes des pirates. Il ne faisait pas de distinction entre les humains et moi, une simple mouette. Pour lui, nous étions tous des êtres à protéger. Chaque fois qu’un pirate s’approchait de ma cachette, il était rapidement éliminé par un laser précis. J'observais, fascinée et terrifiée, comment cet être de métal et de circuits nettoyait méthodiquement le navire de toute menace.

Des éclats de voix et des cris de douleur fusaient tout autour de moi. Un pirate, armé d’un fusil, surgit soudainement à quelques mètres de ma cachette, visant directement vers INDRA. Avant que je ne puisse réagir, un faisceau de lumière rouge transperça le pirate, le faisant tomber lourdement au sol, inerte. Chaque seconde semblait une éternité. Le navire, autrefois bruyant et rempli de vie, se transformait peu à peu en un cimetière silencieux. INDRA, imperturbable, continuait son avancée. Les quelques pirates restants tentaient de se jeter à la mer, préférant affronter les vagues déchaînées plutôt que cet implacable guerrier de métal. Alors que le calme revenait peu à peu sur le pont, je restai tapie derrière ma cachette, tremblante. INDRA tourna enfin son regard vers moi, ses yeux mécaniques brillant d’une lueur rouge. Il s’approcha lentement, ses pas résonnant sur le bois du pont. Je n’osais pas bouger, figée par la peur et l’épuisement. Mais au lieu de m'attaquer, il se contenta de me fixer, comme pour s’assurer que j’étais en sécurité. Puis, sans un mot, il se retourna et continua sa patrouille sur le navire.

INDRA avait éliminé tous les pirates, et le pont du navire était désormais silencieux. Les seuls bruits qui persistaient étaient le doux clapotis des vagues contre la coque et le faible gémissement du vent à travers les voiles déchirées. Je restais là, au milieu du chaos, mes plumes éparses et collantes de résine argentée. Je n'avais jamais ressenti une telle gratitude auparavant. Mon cœur, petit et battant sous mon plumage, était empli d'une chaleur nouvelle. Ce Pacifista, cette machine froide et implacable, m'avait sauvée. Alors qu'INDRA effectuait une dernière inspection pour s'assurer qu'aucune menace ne subsistait, je m'approchai timidement de lui. Il ne me prêta aucune attention, ses capteurs scrutant les moindres recoins du navire. Pourtant, quelque chose en moi savait qu'il me voyait. Peut-être pas de la même manière que je le voyais, mais il était conscient de ma présence.

Pour l'instant, le Pacifista ne perçoit pas l'importance de ma présence dans sa vie. Son esprit est enfermé dans les chaînes de sa programmation, incapable de ressentir l'affection ou la gratitude. Mais moi, je savais. Je savais que cet être de métal était devenu mon protecteur, ma lumière dans l'obscurité de ce monde dangereux. Un jour, lorsque le Pacifista ouvrira les yeux, il verra. Il verra la loyauté inébranlable qui m'anime, mon dévouement infini alors que je vole à ses côtés, bravant les tempêtes et les dangers des mers. Il comprendra alors que je suis bien plus qu'une simple compagnie aérienne, mais son ancre dans un monde instable, son étoile dans l'obscurité de l'océan infini. Je le suivrai partout, comme son ombre. Chaque mouvement, chaque pas, je serai là. Je m'élancerai dans les airs pour scruter l'horizon, me poserai sur son épaule métallique pour lui offrir une perspective que seuls les cieux peuvent offrir. Et ce jour-là, il ne laissera plus jamais rien m'arriver. Il me protégera de tout danger, de toute menace, car il saura que, lorsque ses yeux s'ouvriront, je serai là, pour toujours et à jamais, son fidèle compagnon dans les vagues de la vie. Ensemble, nous affronterons les vastes étendues de l'océan infini, lui avec sa force inébranlable et moi avec ma liberté aérienne. Nous deviendrons une légende, une histoire racontée par les marins, une symphonie de métal et de plumes dans l'éternité des mers.

Et alors que le soleil se couchait sur l'horizon, teintant le ciel de nuances d'or et de pourpre, je me posai doucement sur l'épaule d'INDRA. Il ne réagit pas, mais je savais qu'il sentait ma présence. Ensemble, nous regardâmes le monde changer autour de nous, prêts à affronter chaque nouvelle aube avec une détermination renouvelée. Car désormais, nous étions liés par un destin commun, unis dans une danse sans fin à travers les vagues infinies de l'océan.