Un voyage, une mission feat. Alaaric Minaro [FB]

Edward Minaro, capitaine de l'équipage Ouroboros, me confiait une mission, à moi, Kitsuna Larocaille. Je devais me rendre seule au Royaume d'Alabasta, cette immense île connue pour ses chaleurs arides et son paysage couvert de sable à perte d'horizon. Nombreuses sont les légendes concernant ce royaume, mélangeant le mystique et l'antique.

Mais l'intérêt de ce voyage n'était nullement d'étudier le passé, même si cela restait bien tentant. Non, je devais me rendre à la ville de Rainbase, connue sous le nom de "la ville qui ne dort jamais". Cela allait grandement me changer d'Innocent Island. La population ne possédait pas seulement d'enfants, mais tout type d'individus... particuliers. Je devais l'admettre, une certaine anxiété montait au fur et à mesure que je m'approchais de cette île à bord du l'As de pique.

Je devais réussir la livraison du colis coûte que coûte. Un paquet important qui ne devait pas être confié à n'importe qui et dont je n'avais le droit de dire ce qu'il contenait. De ce fait, pour m'éviter de mentir, mon capitaine a prit le soin de ne pas me préciser le contenu de la boite. Dans quel but ? Je n'étais pas très bonne menteuse, donc pour rendre impossible toute bourde diplomatique avec notre contact. Plutôt ingénieux, comme à son habitude.

Pour le moment, je profitais de la douce mélodie que la mer me donnait. Elle tentait tant bien que mal de me bercer par ses doux sons d'eau en mouvement et claquait gentiment contre la coque du navire. Il faisait nuit, la prudence était donc de mise pour éviter de faire couler le bateau si proche du but...

[Bien des heures plus tard...]

Le jour commençait à montrer le bout de son nez et je pouvais enfin apercevoir l'entrée de la ville de Rainbase. Si la nuit était beaucoup plus fraiche, je pouvais déjà sentir la chaleur du matin me brûler les poils de mes oreilles. Même si la température allait augmenter au fil de la journée, il était tout de même préférable de se couvrir d'un foulard épais pour la tête, ainsi que le corps pour le préserver des coups de soleil. Une petite couverture supplémentaire pour moi, afin d'y camoufler mes oreilles et ma queue de loup. J'espérais ne croiser aucune connaissance pour que l'opération se déroule au mieux et sans réel embûche.

Cependant, grande habituée de l'improviste et des plans foireux, il était certain qu'un élément perturbateur se dévoilerait au cours de la journée. J'avais à la fois hâte de terminer la transaction et en même temps, je n'avais pas réellement l'envie de le faire... Inutile de continuer à pleurer sur mon sort, car les dès sont lancés depuis mon arrivée.

Je finissais enfin à arriver aux premières habitations, sous le regard indiscrets de quelques individus, malgré cette foule noire de monde.

- Oh... Théodor. Pourquoi je ne t'ai pas emmené avec moi cette fois-ci ?

Me murmurais-je.

Trêve d'inquiétude, il était temps pour moi d'avancer et de voguer jusqu'à ma destination finale dans la ville de Rainbase. Je devais me presser sans le montrer, rester impassible pour ne pas éveiller trop de soupçons alors que mon corps entier me hurlait de faire demi-tour depuis le début ! Bref. Cette journée s'annonçait rudement chaude et j'étais certaine que mon pelage ne serait pas à mon avantage. Le rapport ? Aucun. Seulement une appréhension de devoir subir cette intense chaleur qui n'était pas encore à son pic au petit matin.

Quelques minutes s'étaient déjà bien écoulées dans cette foule et je devais absolument me concentrer pour ne pas rater ladite petite maisonnette afin d'y déposer la marchandise. Mon capitaine, de par sa voix angélique, m'avait donné le maximum de précisions et de détails concernant cette petite "baraque", dit vulgairement. J'avais certainement oublié la moitié en cours de route, me rappelant uniquement que cette dernière n'était pas bien loin du célèbre Tam Tam Casino...

Vraiment, tous les astres étaient alignés pour me compliquer la route et je ne croyais pas si bien penser ! Je n'eus le temps de lever les yeux qu'une fraction de seconde que... Eh bien.

"Hé! Si je m'attendais à te voir ici! Comment ça va?"

Vous vous doutez bien qu'après la petite bagarre de la dernière fois, je n'avais pas oublié ce visage. Je pouvais tenter de l'ignorer, mais qui sait comment il allait réagir ? Si je connaissais bien Edward Minaro, il était certain que son frère aurait des traits similaires niveau caractère ! J'avais visiblement deux options, mais je me contraignais à celle que je préférais le moins... répondre bêtement alors que je n'étais pas à l'aise ! Je n'étais pas comme mon capitaine et je pouvais perdre très vite mon sang-froid et partir en courant loin d'ici !

En déglutissant, l'air peu rassurée de voir Alaaric ici :

"H... hey ! Ça fait... longtemps... dis donc ! Ah ah ah ah ah."

Ridicule, je me mettais à rire nerveusement, n'ayant pas oublié le méga coup de pied que je m'étais pris de sa part lors de notre dernière rencontre. Je suis perdue, paniquée et je manque de tomber dans les pommes, la chaleur n'arrangeant rien !

"Je ne... m'attendais pas à te voir ici... non plus ! Ah ah ah ah ah."

J'essayais tant bien que mal de sourire pour lui répondre le plus amicalement possible, mais je devais surtout avoir l'air très coincée, comme une personne en train d'évacuer sa grosse commission.

"Ça va !"

J'avais oublié sa question de "Comment vas-tu ?". Ma réponse soudaine ne devait avoir aucun sens à ses yeux, tout était déconstruit et je commençais à claquer des genoux.

"Et toi ?!"

Rétorquai-je brutalement, nerveuse, la sueur apparente sur mon front.

"Je vois, je vois !"

Un bref échange auquel je m'apprêtais à mettre un terme avant de poursuivre, mais la réalité était bien tout autre !

"Bon, ben... eu..."

Alors que j'effectuais les deux premiers pas pour m'éloigner, Alaaric avait une tout autre idée en tête. Une invitation ?! Il ne fallait pas grand-chose pour me déstabiliser, car de la dernière fois à aujourd'hui, sa personnalité n'était pas du tout la même ! Le jour et la nuit ! Et puis, avions-nous réellement des choses à nous dire ? Certainement, mais... C'est très étrange, pour moi. Je ne suis pas une habituée de la discussion avec le premier venu du coin. Enfin, je parlais d'Alaaric tout de même. Ce n'était pas n'importe qui non plus. Soit, j'ai quand même besoin de temps, d'analyse avant de me jeter dans la gueule du loup.

"C'est-à-dire que je suis..."

Occupée ? Pressée ? Pas disponible ? Mais aucun de ces mots n'eut le temps de sortir de ma bouche. Très vite, Minaro Alaaric, maître du fil, mais pas du temps, me faisait un signe de la main pour le suivre. Pensez-vous que mon anxiété avait disparu entre-temps ? ABSOLUMENT PAS ! Mes yeux s'écarquillaient... Et pour cacher ma réaction de surprise, si je puis dire, je baissais ma tête camouflée par ma capuche, bien trop honteuse de cette situation ambiguë à mon sens. La seule chose que je voyais désormais n'était autre que les pieds des passants. Pour le suivre, il me fallait seulement suivre son odeur, odeur qui était étrangement familière. C'est certainement le fait que mon cher et tendre capitaine soit le jumeau du magicien.

Quelques minutes passèrent avant que nous nous installions à un bar quelconque de la ville de Rainbase. Là encore, je faisais bien des manières. Même si nous étions installés l'un en face de l'autre sur cette terrasse ombragée par le parasol, je préférais garder ma capuche sur la tête. Cela représentait une sorte de refuge, au cas où. Un semblant de sécurité. Le barman, pendant ce temps, préparait un thé glacé pour monsieur, ainsi qu'un thé chaud pour moi. Parait-il qu'il est préférable de boire chaud avec les grandes chaleurs plutôt que frais. Bref, autant suivre ce conseil.

Mais, très vite, je relevais la tête lorsque le magicien me posait quelques questions au sujet de son frère. Un peu l'air hébétée, je penchais ma tête sur le côté comme un petit chien, plongeant mon regard lilas dans ses pupilles rougeâtres. J'avais beaucoup de mal à saisir ses pensées, un peu comme Edward. C'était très perturbant de se retrouver dans la même situation, mais avec une personne différente pourtant. Ils n'étaient pas frères pour rien...

"Excuse-moi."

Je me rendis compte que je le dévisageais dans l'instantané. Secouant vivement la tête pour reprendre mes esprits, je finissais par lui répondre :

"A vrai dire... je ne sais pas moi-même."

Cette simple phrase suffisait à faire comprendre qu'Edward Minaro changeait d'avis comme de chemise et qu'il était difficile à cerner dans sa façon de procéder, même pour son propre équipage.

"J'ai ce sentiment qu'il va falloir lui venir en aide, bientôt."

Je baissais tristement la tête, serrant mes poings contre mes cuisses, tandis que le serveur venait apporter les boissons. Alaaric eut le temps de prendre une gorgée rafraîchissante, alors que de mon côté, la grande anxiété que j'avais se déportait vers le sujet de mon capitaine adoré.

Cette phrase se greffait dans mon esprit : "Ça a comme un air de déjà vu." Elle se répétait en boucle, en écho dans ma tête. Était-ce naïf de ma part d'avoir cru que mon capitaine se portait bien jusque-là ? Et comment pouvais-je lui venir en aide ? Moi qui n'avais été qu'un fardeau sur ses épaules. Il est vrai que je ne m'attendais pas à une telle réponse de la part de son propre frère ; cela se dessinait sur mon visage. J'avais beaucoup de remords et je me reprochais certaines de mes actions passées. Mon bel Edward voulait la paix, mais à quel prix ?

Cependant, aucune réponse ne sortait de ma bouche. Alaaric l'avait bien remarqué et s'empressa de poursuivre dans sa lancée. Il ne pouvait pas être plus explicite dans ses propos, me lâchant la première bouffée de cigarette en pleine face. Je ne suis pas certaine que ce geste était volontaire, mais à part éternuer dans un "atchoum" miniature et avoir mon odorat complètement perturbé, je ne protestai pas mon dégoût pour autant. Hormis ce désagrément, j'avais écouté attentivement chaque mot que prononçait le magicien. Au final, il s'inquiétait lui aussi pour son frère. La dernière confrontation avait pour objectif de le faire revenir à la raison. Et pourtant, Edward ne l'a pas écouté. Il est vrai que mon capitaine a souvent tendance à manipuler, mentir et faire le mal autour de lui... Mais je sais aussi que c'est de cette façon qu'Edward a décidé de se protéger. Non, pas seulement lui. C'est sa façon de nous protéger, nous, les Ouroboros !

Cela me rendait triste pour Alaaric, qui, aux yeux de l'équipage, tenait le mauvais rôle alors qu'il ne souhaite que remettre son jumeau dans le droit chemin. C'était un discours triste, mais qui étrangement me faisait plaisir à entendre. Je n'étais pas la seule inquiète et je n'étais pas la première à avoir voulu lui tendre la main ou lui faire comprendre ma rétractation à ôter la vie d'innocents. Et pourtant... ce jour-là, blessée par le fait d'avoir été trompée par le jeu de mon capitaine, j'ai tué deux hommes. Le pire jour de ma vie.

Tout se mélangeait dans ma tête, l'odeur de cigarette me donnant la nausée. Malgré tout, je poursuivis sur le discours suivant :

"Je suis sincèrement désolée. Tu as dû porter ce lourd fardeau sur tes épaules durant tant d'années. Seul. Je ne peux promettre ce que je ne suis pas certaine de pouvoir accomplir, mais... quoi qu'il m'en coûte, je ferai de mon mieux pour protéger ton frère. D'abord de ceux qui voudront sa mort, puis de lui-même. Tu n'as pas tort sur le fait que son poste actuel ne lui permettra plus jamais aucune vraie liberté et cela nous inclut. Ça a été son choix, mais le nôtre aussi puisque nous le suivons sans réellement savoir ce qu'il a en tête."

Je marquai une courte pause en buvant mon thé.

"Cependant, s'il en est là aujourd'hui, c'est aussi notre faute à nous, son équipage. La piraterie n'a jamais été faite pour moi, mais quel argument pouvais-je avoir face à mes camarades ? La majorité ne peuvent pas supporter la marine et d'autres sont juste sanguinaires. Faire couler du sang ne les ennuie absolument pas. Il est donc évident que toute forme de piraterie proposée par Edward leur plaisait bien aussi. Je me suis sentie très seule, malgré le fait que je m'entende plutôt bien avec eux. Edward s'est entouré de ceux qui voulaient le suivre, mais..."

Je pris gentiment la main libre d'Alaaric entre les miennes, plutôt ironique quand on sait que j'ai cherché à le fuir depuis le début. Il était libre de la retirer ou de la laisser.

"C'est ce même Edward qui m'a sauvée malgré tout d'un autre groupe de pirates qui me maltraitait et me malmenait. C'est une personne qui n'a pas mauvais fond en soi, mais qui, selon moi, se trompe complètement de chemin pour arriver au sommet. J'admets aussi, comme pour mes camarades, que j'en suis en partie responsable. Je n'ai jamais osé m'opposer à ses idées, pensant que cela pouvait le rendre heureux. Ça me suffisait. Je me sens toujours redevable auprès de lui de m'avoir sauvé la vie. Bien évidemment que je lui ai juré une fidélité jusqu'à ma propre mort et que le voir s'auto-détruire me fait mal. Hélas, je ne peux lui parler à cœur ouvert comme je le fais avec toi maintenant, car je connais déjà sa réponse... Alors, je préfère me taire et rester le plus proche de lui possible en tant que dernier recours. Je ne veux plus que tu sois obligé de porter ce fardeau tout seul. Je prends un risque en te disant ça, mais je t'implore dès à présent de me laisser prendre le relai et de m'occuper d'Edward."

Mon regard en disant long sur ma détermination. J'étais sincère avec le magicien, car quel intérêt cela m'apporterait-il de vouloir lui faire du mal en parlant de son frère ?

Pour la première fois depuis notre rencontre, la louve semblait rassurer, voir même entreprenante. Elle me prenait la main, et si je décidais de la laisser faire, je sentais l'espace d'un instant que je n'étais peut-être pas le seul qui me faisait du soucis pour cette imbécile d'Edward. Se pourrait-il que?... J'écoutais attentivement chaque mot de la belle minks, et après qu'elle plonge son regard dans le mien avec une forte détermination, je finissais par exploser rire:

" Tu ne serais pas un peu amoureuse d'Edward par hasard? "

Je n'étais pas plus idiot qu'un autre, ca se voyait d'aussi bien que le nez au milieu de la figure. Et pourtant, si Edward avait de la chance d'avoir encore des gens qui tenaient a lui, avec le temps, je doutais du fais que celui que l'on appelle aujourd'hui le serpent soit capable de ressentir ce genre d'amour pour quelqu'un d'autre que lui-même... Elle disait qu'il n'était pas un homme mauvais, qu'il avait cherché a protéger les siens, pourtant, il n'avait pas hésité a ignorer les sentiments de cette louve et à la faire plonger avec lui dans ses rêves de grandeur. J’arrêtais de rire, avant de finir ma cigarette :

" - Tu sais... Je ne pense pas qu'Edward puisse te rendre heureuse... Je ne pense même pas qu'il puisse se rendre heureux lui-même. Il est amoureux d'une seule chose... De sa propre légende. Cela n'est pas par hasard qu'il est devenu le pêché de l'envie. Avec ton amour, tu pourrais lui offrir des plaisirs simples, mais tout ce que tu auras a lui ouvrir ne sera jamais assez bien pour lui. Si je peux te donner un conseil... Ne voue pas ta vie a quelqu'un qui ne te le rendra jamais. "

Je prenais une seconde de pause, je n'arrivais même pas a croire que j'allais dire ça a une pirate, mais je me devais d'être un tant soit peu honnête... :

" Personne ne mérite plus que tu dédies ta vie a lui que ta propre personne... Le sacrifice par amour? C'est une immense connerie. Pourquoi devrais-tu offrir ta vie a une personne qui ne donnera jamais plus de valeur a tes besoins qu'aux siens. Edward est a mon sens quelqu'un a qui la vie a tout offert... Crois-le ou non, mais nous étions modeste, mais pas pauvre, nous étions ni maltraité, ni a plaindre... Mais il a décidé qu'il en voulait plus, jusqu'a être aujourd'hui pris au piège de son propre rêve comme un serpent qui se mord la queue. Je te le dis et je le répète... Le seul qui puisse le sauver aujourd'hui, c'est lui-même. "

Je faisais revenir le serveur, en commandant une boisson légèrement alcoolisée aux doux arômes d'anis et de réglisse, avant de reprendre:

" Crois en l'expérience de quelqu'un qui a tout tenté, qui a même vendu son âme au diable pour lui... On ne peut pas sauver quelqu'un qui n'a juste pas envie d'être sauvé. "

Est-ce que je venais d'avouer quelque chose ou non ? Je ne le confirmais pas et ne le nierais pas... Le buvait mon verre avant de me lever en laissant les berries pour payer les consommations :

" Ce fut un plaisir Kitsuna Locaille... Pour que ca vaux, je suis content que mon frère ai rencontré quelqu'un comme toi. "

Je me lever avant de prendre la marche avec un léger sourire... Moi je n'avais pas réussi a le changer, mais peut-être que ca n'était pas l'amour d'un frère dont il avait besoin... Qui sais, peut-être qu'il n'était pas une cause perdu.

Je ne m'attendais pas à ce qu'Alaaric éclate de rire aussi bruyamment en me regardant. Les passants autour de nous nous lançaient des regards curieux avant de reprendre leur chemin et de finir par nous ignorer. Je me recentrais sur notre conversation, sans vraiment comprendre où le magicien voulait en venir au début. Puis, soudain, je compris...

Je manquai de m'étouffer en avalant une nouvelle gorgée de mon breuvage. Il y avait un énorme malentendu ! Minaro Alaaric ne semblait pas réaliser que je ne ressentais pas ce genre d'amour pour son frère ! Je ne pouvais m'empêcher de rougir, désemparée, en tentant d'expliquer que ce n'était pas ce qu'il croyait. Mais il ne me laissait pas en placer une !

Cependant, plus le frère d'Edward parlait, plus un sentiment étrange grandissait en moi. Je ne comprenais pas vraiment ce qui m'arrivait, mais les mots de cet homme me blessaient intérieurement. "Le sacrifice par amour ?" "Le seul qui puisse se sauver, c'est lui-même." Est-ce que j'avais encore ce genre de sentiments pour Edward, alors que je pensais avoir compris le lien qui nous unissait ? Je me sentais déboussolée, envahie par une multitude d'émotions : de la tristesse, de la colère, de l'amour, de l'incompréhension. Je voulais simplement bien faire, m'oublier et prouver à mon capitaine adoré que j'étais capable de lui être utile et de veiller sur lui. Mais au final, depuis notre rencontre, qu'avais-je réellement su faire pour lui ? Et pour moi-même ?

"Vendre... son âme au diable ?"

Me chuchotais-je. Ces mots suffirent à me ramener à la réalité. Que voulait-il dire par là ? Cet homme, qui m'effrayait, parvenait malgré tout à attiser ma curiosité. Comme pour étouffer sa compassion et son désir d'aider son frère, Alaaric vida d'un trait son verre d'alcool avant de se lever et jetant des Berrys sur la table pour régler les consommations.

"Att..."

Alors que je voulais le fuir au départ, je voulais maintenant le retenir, tendant le bras vers lui pour en savoir plus. Trop tard, il était déjà parti, me laissant seule avec mes tourments. Je soupirai, trop désorientée et perdue pour le moment. Cette rencontre m'avait plongée dans la mélancolie et je ne savais plus quoi penser. Peut-être était-il temps pour moi de me remettre en route et de poursuivre mon objectif ?

"Quelle drôle de famille..."

Je me demandais bien dans quoi je m'étais embarquée avec ces jumeaux. Une guerre fraternelle qui ne prendra jamais fin ? Allais-je perdre Edward à tout jamais à cause de ses ambitions titanesques ? Allais-je mourir pour avoir suivi l'homme qui m'a sauvé la vie ?