Un rougeur bien dangereux [Quête]

Fern, accompagné de son fidèle compagnon Vandal le sanglier, avait embarqué sur un navire marchand voguant sur les eaux paisibles de East Blue. Cela faisait maintenant quelques jours qu’ils étaient en mer, profitant de la tranquillité du voyage. Fern utilisait ce temps pour perfectionner sa maîtrise de l'arc, déterminé à devenir le meilleur tireur du monde. Tandis que Vandal se reposait paresseusement sous le soleil, Fern s'entraînait sans relâche, tirant flèche après flèche avec une précision croissante.

Le navire marchand, chargé de diverses marchandises, avançait sereinement lorsque l'équipage repéra le Baratie, le célèbre navire-restaurant tenu par certains des plus grands chefs du monde. Le Baratie était renommé pour sa cuisine somptueuse, et les marchands, désireux de savourer un excellent repas, décidèrent de s'approcher du navire-restaurant. Cependant, à mesure qu'ils se rapprochaient, ils furent surpris de voir peu de navires amarrés aux pontons du Baratie, habituellement animés par des visiteurs venant de tous horizons pour goûter à sa cuisine.

Intrigué par cette scène inhabituelle, l'équipage chercha à amarrer le navire marchand, espérant découvrir la raison de cette apparente désaffection. Alors qu'ils se rapprochaient, un homme au regard sérieux et aux vêtements de cuisto les rejoignit rapidement sur le ponton. Il leur fit signe de ne pas avancer davantage.

— Le Baratie est fermé pour l’instant, expliqua-t-il, visiblement préoccupé. Nous faisons face à un problème particulier et ne pouvons accueillir de clients pour le moment.

Cette annonce éveilla immédiatement la curiosité de Fern. Un problème particulier ? Que pouvait-il bien se passer sur un navire aussi prestigieux que le Baratie pour qu’il soit contraint de fermer ses portes ?

Sans perdre de temps, Fern, accompagné de Vandal, sauta agilement du navire marchand pour rejoindre le ponton du Baratie. Il se fraya un chemin vers l’homme qui avait fait l’annonce, déterminé à en savoir plus.

— Qu'est-ce qui se passe exactement ? demanda Fern, son ton mêlant curiosité et inquiétude.

Le cuisinier soupira, jetant un coup d'œil inquiet vers le navire-restaurant.

— Nous avons des problèmes avec un nuisible. Il attaque nos réserves, le mobilier, clients et personelles. C’est devenu dangereux de s’approcher. Nous avons dû fermer temporairement le restaurant pour assurer la sécurité de tous.

Fern fronça les sourcils. Un nuisible attaquant le Baratie ? ''Des'' voulait-il dire ? Cela ressemblait à une opportunité d’aventure, mais aussi à une occasion de prouver ses compétences de tireur et de protéger ceux qui en avaient besoin.

— Je suis un chasseur, dit-il avec détermination. Si vous avez des nuisibles, peut-être que je peux aider. Je suis venu pour un bon repas, mais si je peux faire quelque chose pour que le grand Baratie soit de nouveau sûr, je suis prêt à essayer.

Le cuisinier, surpris par l'offre de Fern, le regarda avec une nouvelle lueur d'espoir dans les yeux.

— Si tu es vraiment prêt à nous aider, gamin suis-moi. Je vais t'expliquer tout ce que nous savons sur cette créature et je te présenterais au Chef Kintoki.

Avec Vandal trottinant à ses côtés, Fern suivit le chef à bord du Baratie. La perspective d'une nouvelle aventure faisait battre son cœur plus vite. Il était prêt à affronter les dangers des mers et à prouver que son arc pouvait protéger aussi bien que nourrir. Cette aventure pourrait bien être la première étape pour devenir le meilleur tireur du monde, et pour écrire un nouveau chapitre épique dans sa propre saga.

Suivant le cuisinier à travers les couloirs du Baratie, Fern écouta attentivement le récit des événements étranges qui avaient conduit à la fermeture temporaire du navire-restaurant. Le cuisinier, un homme à l'air sévère mais sincère, lui expliqua comment un navire en perdition avait failli percuter le Baratie avant d'être amarré aux pontons. Lorsque l'équipage et les membres du restaurant étaient montés à bord pour inspecter le navire, ils n'avaient trouvé aucun signe de vie humaine. Cependant, le navire portait des traces inhabituelles, comme si des morceaux en avaient été dévorés.

— Tout le monde a pensé à une attaque de pirates, mais il n'y avait pas le moindre corps, expliqua le cuisinier. Seul un rongeur a été aperçu descendant sur le ponton et rejoignant notre navire. On a essayé de l'attraper, mais il nous a échappé.

Fern, intrigué, fronça les sourcils. Un rongeur capable de semer la pagaille sur un navire aussi grand que le Baratie semblait peu probable, mais le cuisinier semblait convaincu de la véracité de son récit.

— Puis, les provisions ont commencé à disparaître, et des morceaux de mobilier étaient littéralement mangés. Plusieurs personnes ont vu ce rongeur à l'œuvre, mangeant avec une bouche disproportionnée. Certains pensent même qu'il pourrait détenir un pouvoir de fruit du démon.

À ces mots, Fern ne put s'empêcher d'éprouver un mélange de surprise et de suspicion. Les fruits du démon étaient rares, mais leurs pouvoirs étaient aussi variés que redoutables. Un rongeur doté d'un tel pouvoir pourrait effectivement causer les ravages décrits par le cuisinier.

— Si ce rongeur a vraiment un pouvoir de fruit du démon, il pourrait être très dangereux, murmura Fern, pensif.

Arrivant devant une grande porte ornée, le cuisinier frappa avant d'entrer. À l'intérieur, Fern rencontra Jazz "Saxyman" Kintoki, le chef des chefs et gérant du Baratie. Kintoki était un homme noir à l'allure de jazzman, vêtu d'un costume élégant, avec un saxophone toujours à portée de main, là où semblait-il être accroché sur un des murs du restaurant auparavant. Son regard pénétrant et son sourire confiant trahissaient un passé riche en aventures, bien que peu de détails en soient connus.

— Alors, c'est toi, le chasseur qui veut nous aider avec notre problème de rongeur ? demanda Kintoki, son regard scrutant Fern avec intérêt, après que le cuisinier lui est soufflé quelques mots à l'oreille.

— Oui, répondit Fern en s'inclinant légèrement. J'ai entendu parler de vos ennuis, et je pense pouvoir vous aider à résoudre ce problème.

Kintoki hocha la tête, satisfait de la réponse.

— Ce rongeur est un véritable fléau, poursuivit-il. Nous avons besoin de quelqu'un capable de le traquer et de l'éliminer avant qu'il ne détruise notre navire. Et si tu es prêt à relever ce défi, alors tu es le bienvenu à bord.

Fern acquiesça, déterminé.

— Je ferai de mon mieux. Où avez-vous vu ce rongeur pour la dernière fois ?

— J'espère... Dit-il sobrement avant de reprendre. Dans les cales, répondit Kintoki. C'est là que nous stockions nos provisions, et c'est là qu'il a causé le plus de dégâts. Mais, il pourrait très bien nous observer caché sous un table ou un buffet, du moins avant qu'elles aussi ne disparaissent.

— Ok. Je ferais en sort de préserver votre mobilier au mieux.

Sans perdre de temps, Fern, accompagné de Vandal, se dirigea vers les cales du Baratie. Il savait que cette mission ne serait pas facile, mais il était prêt à relever le défi. Avec son arc en main et son fidèle sanglier à ses côtés, il s'engagea dans un premier couloir, déterminé à débarrasser le navire-restaurant de ce rongeur aux pouvoirs mystérieux et à prouver, une fois de plus, ses compétences de chasseur.

Fern descendit dans les cales du Baratie, accompagné de Vandal, son fidèle sanglier. Ils parcoururent les corridors sombres et les compartiments de stockage, croisant de temps à autre des membres du personnel du navire-restaurant, également engagés dans la traque du rongeur mystérieux. La tension était palpable, et chaque recoin sombre semblait abriter des ombres menaçantes. Fern, déterminé, examinait minutieusement chaque étagère et chaque baril, ses sens en alerte.

Après de longues minutes de recherche infructueuse, des cris retentirent soudainement depuis la salle principale du restaurant. Fern se précipita vers l’origine du bruit, Vandal trottinant derrière lui. En arrivant, il trouva un serveur monté sur une table, hurlant de terreur et pointant du doigt une autre table dont le pied disparaissait à vue d’œil, rongé par la mystérieuse créature.

— Là ! Le rongeur ! cria le serveur en panique.

Le personnel s’était rassemblé dans la salle, certains essayant de cibler le rongeur avec divers ustensiles de cuisine. Les fouets, casseroles et poêles volaient dans tous les sens, mais ils manquaient leur cible, alimentant par inadvertance le rongeur qui rongeait tout sur son passage.

— Arrêtez ! Cela ne sert à rien ! cria Fern en essayant de calmer la situation. Mais son autorité ne fut respectée qu’avec l’intervention du chef Kintoki.

— Laissez-le faire, ordonna Kintoki, sa voix imposante résonnant dans la salle. Fern a notre confiance. Indiquez-lui la cible et laissez-le s'en occuper.

La créature, un rongeur à la bouche disproportionnée, continua de ronger frénétiquement tout ce qu’elle trouvait. Heureusement, il semblait que l’animal n’avait pas conscience du plein potentiel de son pouvoir, se contentant de fuir le danger et de manger tout ce qui se trouvait sur son chemin.

Après une nouvelle traque de plusieurs minutes, Fern parvint enfin à isoler le rongeur. Il prit position, son arc prêt, et attendit avec patience et dextérité le bon moment pour agir. Lorsque le rongeur tenta de se frayer un chemin à travers un mur en utilisant ses crocs, Fern le cribla de quelques flèches bien placées, mettant un terme à sa menace.

Triomphant, Fern fut porté en héros par les membres du Baratie. Il reçut une gracieuse récompense : un repas digne d’un roi, concocté avec les provisions qui avaient échappé à la voracité du rongeur. Alors qu’il savourait son festin, à la fin du repas, on lui servit une salade de fruits. Bien que certains morceaux n’aient pas un goût fameux, le plus surprenant fut qu’il croqua par inadvertance la fourchette avec laquelle il mangeait.

Les spectateurs furent choqués, et des murmures d'inquiétude se propagèrent dans la salle. Kintoki, avec un regard sérieux, se tourna vers le cuisinier qui avait préparé le dessert.

— Avez-vous utilisé un fruit étrange dans la préparation de cette salade ? demanda Kintoki.

Le cuisinier, visiblement nerveux, hocha la tête.

— Oui, chef. Il y avait un fruit que je n’avais jamais vu auparavant. Je pensais qu’il ajouterait une touche exotique au dessert.

Kintoki se tourna vers Fern, une expression de regret sur le visage.

— Exotique...  Dit-il en ce retenant presque de passer son cuisinier à la casserole comme on dit si bien. Je crains que ce fruit étrange était un fruit du démon, Fern. Il semble que tu as ingéré le même fruit qui avait donné ses pouvoirs au rongeur.

Fern, abasourdi, regarda la fourchette qu'il avait mordue en deux. Il peinait à comprendre que sa vie venait de changer à jamais. Il avait désormais le pouvoir de ronger et de manger n’importe quoi, un pouvoir qui pourrait s’avérer utile, ainsi qu'également dangereux,  mais qui renfermer bien d'autres possibilités.

— Je suis vraiment désolé, Fern, dit Kintoki. J'espère que ce pouvoir, bien qu'inhabituel, pourrait te servir grandement. Quand à toi, tu sera de plonge pendant dix, nan quinze ans ! Lança-t-il à son maladroit cuisinier, bien énerver d'avoir ainsi mit le jeune garçon venu à leur secours dans un situation pareille.

Fern, encore sous le choc, hocha lentement la tête. Il avait désormais une nouvelle capacité à maîtriser et une nouvelle aventure à affronter, d'autant plus qu'à cette instant, l'un de ses doigts étaient devenu une fourchette, le rendant lui et les autres sur place encore plus circonspect.