Je rentrai au navire, pour me soigner un petit peu et me reposer quelques heures. Je ne dormis pas bien, car j’étais en train de réfléchir. Son aura était en accord avec la haine qu’il m’a crachée à la figure. Puis en rentrant et en relisant les notes de la section renseignement, il n’était nullement fait état de son fruit du démon. Or, c’était quelque chose qu’il aurait du mentionné dans l’un de ses rapports. Surtout qu’il continue à faire des rapports, mais qu’ils sont de plus en plus bizarres. Tout me laissait croire qu’il avait bel et bien changé de camps. J’allais lui rendre une deuxième petite visite et employer la manière musclée pour connaitre la vérité.
Je me réveillai après deux petites heures, une simple sieste. J’étais d’une humeur exécrable. J’étais résolu à faire ce qu’il faudrait, mais qu’est-ce que ça voulait dire faire ce qu’il fallait ? Etais-je apte à juger qui que ce soit ? Puis qu’est-ce que j’allais faire à la fin ?
Plein de doutes, je commençai à m’habiller. Je fouillai dans mes affaires et je me composai une tenue noire avec une de ces capes que j’aime acheter, mais que je ne porte jamais ou presque. Je ne sais pas pourquoi, mais au fur et à mesure que je m’habillais, les doutes se dissipaient petit à petit. Une fois revêtu de noir, je me sentais confiant. Comme si le fait de changer de peau, faisait de moi une autre personne. C’était ça la clé, si j’étais une autre personne, j’aurais moins besoin de me soucier des conséquences. Cependant, je ne pouvais pas devenir une autre personne et il y avait toujours des conséquences.
Je tournais en rond en ressassant mes derniers doutes. Lorsque je vis un masque que j’avais acheté en même temps que la cape. En mettant le masque, ma résolution s’affermit. En m’habillant, j’étais rentré dans le personnage du justicier de la révolution, droit et implacable. Ce justicier n’avait pas besoin d’avoir des dilemmes philosophiques. Il était l’incarnation de la justice.
Je ne pris pas d’armes qui me rendrait reconnaissable. Je portai juste Alliance mon armguard avec caché à l’intérieur Needle, comme toujours.
Je sortis de ma cabine au milieu de la nuit noir. L'ile était calme, les gens dormaient. Je respirai une grande bouffée d’air frais et lançai mon empathie sur toute la zone réservée aux humains. Elle rentrait largement dans ma sphère de perception. Je repérai l’aura que je cherchais au bout d’une petite minute. Je m’élançai, gagnant en vitesse. Puis me fondant dans les ombres, je gagnai les hauteurs. Le sentiment grisant de se déplacer si facilement vers son objectif renforça ma résolution.
Après dix petites minutes de déplacement, j’arrivai devant ma cible. Elle avait trouvé refuge dans les étages d’une boutique apparemment. Il y avait une vingtaine de personnes avec lui. Toutes dormaient. J’hésitai un instant sur l’approche à adopter. La discrétion ou la force ? J’optai pour la discrétion, les autres ne m’ayant rien fait.
Je m’approchai de la porte d’entrée et apposai ma main sur la serrure laissant le froid se répandre.
Minus One ! Lorsqu’elle eut refroidie, je brisai le loquet en le faisant vibrer.
Kyomei ! Je poussai la porte discrètement quand mon empathie me prévint qu’il y avait une clochette sur la porte. J’eus juste le temps de projeter un boulet d’air froid pour figer la clochette et étouffer le son qu’elle allait émettre. J’avais eu chaud. Je m’en tirais bien grâce à mon Haki, sans ça mon plan serait déjà tombé à l’eau.
La pièce dans laquelle, je rentrai étais une petite boutique d’armes. Leurs qualités laissaient à désirer, mais là n’était pas la question. Je gagnai la porte menant à l’arrière-boutique. J’y furetai un petit peu pour voir ce qu’elle contenait. Il y avait une caisse avec pas mal de coquillage bizarre, ou peut-être était-ce des coraux. Une feuille était coincée dans le tas. Dessus, je pus lire corail à bulle… Étrange. Un peu plus loin, un grand plan était étendu. Cela semblait représenter une partie de l’ile. Des traits rouges indiquaient le chemin de la garde et un rond vert semblait localiser leur cible. Bon, il ne fallait pas être grand clair, pour comprendre que ce groupe d’esclavagiste prévoyait d’aller enlever des sirènes pour les revendre. Si cela prouvait les intentions du groupe, ça ne me révélait rien sur Richard. Peut-être était-il juste bien infiltré.
J’entrepris de monter à l’étage. La chambre de ma cible était au bout du couloir, ce qui m’arrangeait parfaitement. Je visitai discrètement chaque chambre et assommai les occupants dans leur sommeil. Le petit Richard risquait de devenir bruyant pendant notre conversation. Mieux valait qu’il n’y ait personne pour venir nous interrompre. Avec une féline agilité, je m’acquittai de ma tâche. J’entrai dans la dernière chambre, refermai derrière moi, puis étendit mon aura de froid. De petit cristaux se formèrent et semblèrent capter les faibles rayons lumineux de la pièce. Cela semblait me faire littéralement luire. D’une voix ferme et posée, je commençai à parler.
« Bonjour Richard ! » Il se redressa comme le diable sort de sa boite. Il balança une volée de clou dans ma direction. Je les avais vu venir et esquivai sans problème. Je continuai de parler comme si de rien était.
« Ce n’est pas très poli ça ! » La fureur se lisait sur son visage. Alors qu’il faisait de grand geste avec ses bras pour s’étirer, un clou partit de chacun de ses orteils. C’était mignons, il espérait me prendre par surprise de la sorte. J’en déviai un avec la protection de mon avant-bras. J’en attrapai trois avec la main droite. Quant aux six autres, ils se fichèrent directement dans le mur, comme s’ils m’étaient passés au travers. Je lui relançai ses clous aussi vite que je les avais attrapés. Ils vinrent se ficher dans une de ses mains, lui épinglant sur le montant du lit.
« Est-ce que j’ai ton attention là ? » Il me servit un regard de pure haine alors qu’il regardait sa main fixée à son lit.
« Je suppose que ça veut dire oui. Est-ce que tu travail pour la révolution ? » Ma question sembla le rendre fou. Il arracha sa main prisonnière et fonça droit sur moi. Tout son bras droit se barda de clou et il m’envoya un crochet clouté. J’esquivai sans soucis pour me retrouver dans son dos.
« CREVE ! » « Non, mais c’est dangereux… de ne pas répondre aux questions que l’on te pose. » « Pour qui te prends-tu ? C’est toi qui vas morfler. » « Je ne pense pas. » Son dos devint celui d’un hérisson, mon Haki m’avertit de ce qu’il allait se passer ensuite. Il aurait propulsé tous ces piquants pour me faire la peau. J’aurais bien sûr esquivé, mais l’attaque aurait fait beaucoup de dégâts et brisé la fenêtre. Je tenais à rester discret. Je le saisi donc par la nuque avec ma main gauche, mettant en contact mes bagues en granite marin. Il retrouva son apparence humaine, ne laissant que trous dans son T-shirt.
La faiblesse induite par le contact le rendit plus docile. Son corps opposait moins de résistance, mais son aura, elle, brûlait d’une vraie colère.
« Alors Richard, reprenons. Si tu tiens vraiment à le savoir… Pour toi, je serai la révolution. Du coup si tu veux bien répondre à ma question. » Il tenta à nouveau de se débattre, mais cela était vain. Entre le granite qui l’affaiblissait et le fait que je sois beaucoup plus fort que lui, il n’avait aucune chance. Je resserrai ma poigne pour lui faire comprendre.
« Alors ? » « Je n’ai rien à voir avec eux. Je les exècre, eux qui se servent des naïfs comme de chair à canon. » « Hum ? Et toi, tu n’en es pas un ? » « Non ! » Il aurait pu essayer de me mentir, mais les auras, elles, ne mentent pas. Ce que son aura me disait, c’est qu’il a bel et bien rejeté la révolution de tout son cœur.
« Pourquoi l’avoir trahi, pour devenir esclavagiste ? » « Je fais ce que je veux. Je prends ce qui me revient de droit par la force. C’est ainsi que j’ai récupéré cette place. » « Est-ce que tu te rends bien compte que ce que tu dis aura des conséquences ? » « Je suis libre. Je suis fort. Je ne sais pas par quelle diablerie tu me fais ça, mais tu n’empêcheras pas de devenir riche. » Je fermai les yeux un instant. Le verdict était clair, il avait trahi la révolution pour son pire ennemi les esclavagistes. C’était un monstre assoiffé de pouvoir et de haine. Son aura était formelle. La révolution ne pouvait pas engendrer de telle monstre. Là, il était encore inexpérimenté, mais il ne fallait pas lui laisser l’opportunité de nuire. J’expirai profondément faisant encore descendre la température, alors que de ma main droite j’extirpai Needle. Avant que la détermination ne me quitte, je la lui enfonçai dans le cœur par le dos. Il lâcha un hoquet de surprise et puis plus rien.
Je retirai Needle qui était devenue tellement froide que pratiquement aucun sang ne jaillit de la plaie. Je le jetai sur son lit et repartis comme j’étais venu. A la porte, je ne pus m’empêcher de jeter un regard en arrière en me demandant si j’avais bien fait.
Je quittai les lieux, aussi discrètement qu’à l’aller, mais une fois sorti, je gravai esclavagiste sur la devanture de la boutique. Je pense que c’était le genre d’endroit où ce genre d’accusation faisait bouger.