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Le Serpent des Mers

Robina pianotait sur son bureau. Avec l’ouverture de sa carrière pour récupérer de l’or des Serpents, elle devait maintenant créer une nouvelle ligne de commerce pour la S.A.N.D.E.R.R. Compagnie. Et pour cela, elle devait acheter un nouveau navire. Elle n’avait pas de problème de finance, là n’était pas le souci. Ce qui coinçait, était qu’elle avait l’impression d’être devenue une véritable entrepreneuse qu’une aventurière. À chaque île qu’elle visitait, ou peu s’en fallait, elle y mettait une nouvelle entreprise ou deux.

Pour atteindre son but de devenir la meilleure cuisinière du monde, c’était un passage obligatoire. En-tout-cas selon elle. Toutefois, elle ne s’était pas attendue à devoir faire autant de dépenses, de papiers et de plans sur la comète. Elle regarda les différents commerces qu’elle commençait à avoir à travers la route de tous les périls. Ils se comptaient déjà à sept, de quoi vivre des jours heureux sans avoir à lever le petit doigt du reste de sa vie.

La majorité de son équipage aurait déjà arrêté toute cette aventure pour se mettre à la retraite. Elle y avait pensé aussi, après tout, elle gagnait assez d’argent pour couler des jours heureux. Néanmoins, elle n’était pas cupide, elle ne cherchait pas la richesse ou le pouvoir, elle cherchait à réaliser son rêve. Gagner des millions de berries à côté était un bonus. Qu’elle appréciait à sa juste valeur.

Elle avait reçu un appel de la part de son père, en tant que conseil royal et non membre de sa famille. Le roi était fier de ce qu’elle avait déjà réalisé sur Grand Line et espérait qu’elle continuerait sur cette voie. Elle avait rougi à l’idée d’être la fierté de son île. Le Royaume-Archipel de Sanderr méritait de gagner en poids politique à la table des négociations. En tant qu’ambassadrice de son pays, elle devait montrer à quel point ils étaient indispensables pour le Gouvernement Mondial.

Enfin, elle se concentra sur la feuille de papier devant elle. Les prix des navires vendus sur le port des Pythons Rocheux se trouvaient là. Il y avait plusieurs catalogues, selon les vendeurs, les prix étaient différents. Malgré tout, ils restaient sensiblement les mêmes, la concurrence ne semblait pas être violente. Le chantier Naval de Rowelhafen était toutefois le plus proche de la seconde île de la cinquième voie de la route de tous les périls. Les frais de transport étaient moindres et ils fournissaient plus rapidement.

De quoi arrêter la décision de la cuisinière qui regardait les papiers depuis maintenant une bonne heure. Elle appela le numéro noté en bas de page avec son escargophone. Une femme lui répondit après une sonnerie.

- Chantier Naval de Rowelhafen. Bonjour. Que puis-je faire pour vous ? La femme répétait encore et toujours la même phrase. On pouvait entendre au ton de sa voix que c’était devenu un automatisme.

- Bonjour. Je vous appelle pour vous acheter un navire. La Sanderrienne s’entortilla les cheveux qu’elle avait de nouveaux bleus entre ses doigts.

- Oui, bien sûr. Voulez-vous que je vous fasse parvenir notre catalogue par mouette postale pour passer votre commande ? Encore et toujours le même discours répété, appris par cœur.

- Non, merci. J’ai déjà toutes vos informations. Je me trouve sur les Pythons Rocheux et l’un de vos collègues m’a déjà tout donné. La chasseresse de primes avait hâte d’en avoir fini pour recommencer à faire quelque chose qu’elle aimait.

- Oh ! Surprise, la standardiste perdit son ton monocorde. Et puis-je connaître le modèle qui vous intéresserait ?

- Oui, je voudrais un Clipper, deux ponts, trois mâts. La capitaine des Glaciers suivait les indications qui se trouvaient sur le papier qui décrivait sa commande.

- Armée ou non madame ? La femme mûre prenait des notes. Son interlocutrice pouvait entendre sa plume gratter le papier de l’autre côté du combiné.

- Oui. Sept canons à chaque bordée, pour un total de quatorze. Robina regarda la liste des options que pouvait ajouter l’entreprise. Je voudrais aussi un système de récupération de pluie pour les douches, le plus de place possible pour le transport de marchandise et une cuisine tout équipée.

- Ce sera tout ? La plume s’arrêta de faire du bruit. La secrétaire n’avait que rarement des ventes qui se faisaient aussi rapidement et plus souvent des curieux, sa voix se fit curieuse.

- Oui. La cuisinière tourna les pages pour voir si quelque chose attirait son regard dans le catalogue, mais rien ne vint. Ça sera tout.

- Parfait. La femme de l’entreprise de fabrication navale se fit plus joyeuse. Je vais vous mettre en attente, le temps d’avoir les informations pour vous dire quand vous pourrez être livré. Vous m’avez dit que vous vous trouviez sur les Pythons Rocheux, c’est bien ça ?

- Exact. La Sanderrienne leva un sourcil en remarquant que la femme avait retenu ce détail.

- Je vous reviens dans un instant. La standardiste parlait vite, elle ne voulait pas faire attendre plus que nécessaire sa cliente. Cela aurait pu signer la fin de la vente.

Après quelques minutes d’attente, la vendeuse récupéra son escargophone.

- Mademoiselle Erwolf ? Vous êtes toujours là ? Elle était essoufflée, comme si elle avait couru un marathon.

- Oui. La chasseresse de primes était déjà fatiguée de cet échange, elle avait hâte d’en avoir fini.

- Nous pouvons vous livrer dans les prochains jours. Trois pour être exact. Elle semblait lire quelque chose en parlant à son interlocutrice. Il vous suffit de payer notre vendeur sur les Pythons Rocheux pour que la livraison se fasse. Nous avons déjà un modèle comme vous le souhaitez de prêt.

- Je me rends au Port immédiatement, que ça ne traîne pas. La commandante de l’Iceberg se leva de sa chaise et commença à se préparer pour sortir.

- Je vous remercie madame pour cela. Je peux faire quelque chose d’autre pour vous ? Le service après-vente commençait déjà, il fallait fidéliser les clients après tout.

- Non, ça ira merci. Bonne journée. La jeune femme aux longs cheveux bleus raccrochait déjà.

- Bonne journée. La voix de la vendeuse résonna pour la dernière fois dans la pièce avant que Robina ne repose le combiné.

Elle sortit de sa cabine et fit les papiers dans l’heure avec le vendeur des Pythons Rocheux. Un Clipper d’une valeur de cent vingt millions de berries, eternal pose inclus pour faire l’aller et le retour entre l’Archipel aux Eveillés et les Pythons Rocheux. Un geste commercial pour fidéliser la cuisinière qui appréciait la chose. L’équipage avait été trouvé par l’agence TouteChaussure sur le Port des Jumeaux. Un simple appel et ils avaient trouvé ce qu’il fallait à la jeune femme.

Quelques jours plus tard, la Vipère prenait déjà le large avec sa cargaison des Pythons Rocheux pour son premier aller-retour. Il allait être l’heure du départ pour Nebelreich pour la Sanderrienne, mais avant, une dernière chose restait à faire à la chasseresse de primes.
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