Ma grand mère et moi, nous voyagions sur la mer calme d’East blue, surplombée par un magnifique ciel bleu sans nuage qui s'étendait à perte de vue sur l’océan, accompagné d’une légère brise marine douce et salée qui carressait mon visage imberbe. Vêtu de ma tunique familiale, un splendide gi orange, il m’était impossible de tenir en place, mon sang bouillonnait d’excitation, je bondissais d'un pied sur l'autre sur le pont usé du petit bâteau vendeur d’épice qui voguait tranquillement vers Logue Town. Mes yeux étincelaient d'excitation, non loin de moi, ma grand-mère Ayame, empreinte de sagesse, une femme à la crinière argentés et au regard perpicasse, observait l’horizon avec une sérénité à toute épreuve. Malgré son âge avancé, ma vieille peau de grand-mère dégageait une aura de puissance, mais aussi de sagesse, un dénouement de décennies de maîtrise des arts martiaux qu’elle m'avait transmis dès mon plus jeune âge.

« MAAAMMMMI ! » m’exclamai-je pour la énième fois, mes yeux brillants de curiosités. « Comment elle s'appelle cette grosse voile là-bas ? Et ça c’est quoi comme oiseau ? C’est pas l’animal totem de mouetteman, non ? J’avais la figurine de mouetteman il y ressemble ? il peut voler si haut ? » Ayame lâcha son meilleur rictus, amusée par mon euphorie infatigable. « Non..»Elle  m’écrasa violemment sa claquette sur mon front transpirant. « Natsu, calme toi pardis.. tu me fatigues… C’est un albatros. Ils sont populaires pour leur capacité à parcourir de longues distances sans s’épuiser. Et cette voile, c’est pour capter le vent et faire  avancer plus vite le navire. »

Le bateau marchand était robuste, mais totalement usé par le temps, il voguait malgré tout sereinement sur les flots, bercé par le rythme régulier des vagues s’écrasant sur la coque du navire qui contenait diverses réparations de fortune. L’équipage était étrangement composé exclusivement de femme toutes tannés par le soleil et la mer, toutes vaquaient à leurs occupations, souvent interrompus par mes questions incessantes et naïves. Pour n’importe quel autre homme, cela pouvait être une chance inouïe d’être à bord de ce genre d’équipage, mais pour moi celà n’en n’était aucunement. Je n’étais animé que par la soif d’aventure et de combat, non loin de là, ma grand-mère me regardait avec tendresse, se rappelant le jour où ma mère m'avait confié à elle. Le voyage jusqu’à Logue Town était une aventure en soi pour moi, qui n'avais jamais quitté notre île natale. Chaque nouvelle créature marine, chaque nuance de couleur dans le ciel, chaque parfum transporté par la brise était une découverte merveilleuse. Ma grand-mère se faisait un devoir de répondre à mes questions, partageant avec moi sa connaissance du monde extérieur. Lorsque le navire atteignit enfin Logue Town, j'étais sur le point d’exploser de joie. La ville, immense et grouillante de vie, s’étendait devant nous, avec ses rues pavées, ses bâtiments imposants et ses étals de marché débordant de marchandises en tous genre.

« Wow ! Grand-mère, regarde ça ! » m’émerveillai-je, les yeux écarquillés. « Il y a tellement de monde ! » Des étoiles dans les yeux, j'étais complètement fasciné par la nouveauté, ma grand-mère hocha la tête, tout en gardant un œil vigilant sur moi. « Tu restes prêt de moi, Natsu. La foule peut être dangereuse si tu te perds. »

Ayame eut raison, la foule était dense et agitée, et malgré ses précautions, je fus bientôt séparé d’elle. Paniqué au début, je me calmai rapidement en me rappelant ses enseignements, mais surtout l’excitation d’une première aventure prit le dessus sur la panique. Je scrutai la foule, cherchant désespérément un visage familier, quand soudain, quelque chose attira mon attention. Un homme, vêtu d’un costume bizarre et arborant un maquillage de clown sur le visage, traversant la rue avec grâce. Fasciné par les clowns depuis enfant, je décidai de le suivre, espérant qu'il pourrait m’aider à retrouver ma grand-mère. Le clown avançait tellement vite, se faufilant à travers la foule avec une aisance surprenante. Je le suivis, naviguant habilement entre les passants, jusqu’à ce qu’il arrive devant une auberge portant le nom intrigant de : La Spatule de Bronze. Sans hésiter, je me glissai à l’intérieur tel un lapin dans son terrier.

Aux premiers abords, l’auberge était bruyante et animée, mais le clown se dirigea immédiatement vers une porte discrète à l’arrière. Toujours sur ses talons, j'entrai à sa suite et descendis un escalier obscure qui menait à un sous-sol. L’atmosphère changea radicalement en bas, l’exploration de cette auberge menant à une autre pièce faiblement éclairée, le sous-sol était vaste, gorgeant de spectateurs aux regards avides de combat, entourant une arène improvisée avec des files barbelés en terme de cage où toutes sortes de combattants semblaient s’affronter violemment. Les yeux écarquillés, j'observai en silence le combat en cours, mon cœur battant à son paroxysme. Le combat prit fin et le clown que j’avais suivi jusqu’ici pénétra dans l’arène et emporta son combat en deux trois mouvements. Je ne pouvais pas retenir mon sourire de se dessiner sur mes lèvres en levant le poing en l’air.

Le clown que j'avais suivi sorta de l’arène et se retourna soudainement en ma direction, un sourire aux lèvres, il essaya de me dire quelque chose, mais avant que je ne puisse répondre, je fus bousculé vers l’avant par deux hommes costauds.

« Hé, oh doucement ! »

Mais il était trop tard, l'arbitre avait déjà annoncé mon combat face à « L'invaincu »et le public beuglait comme des tarés, réclamant de l’action, mais surtout du sang. Bien que plus jeune que l’ensemble des participants qui avaient croisé mon regard, je savais que j’étais largement capable de m'opposer à eux. J’inspirai profondément, gorgeant mes poumons puis j’expirai tout en fermant mes mirettes, me souvenant des multiples leçons de ma vieille peau de grand-mère, et me mis rapidement en garde. Les deux poings légèrement serrés, je me mis à sourire. Dans ce milieu clandestin, le combat semblait inévitable, je me pris au jeu et je décidai donc de prouver ma valeur en tant qu’artiste martial.  L'air devint lourd, une tension palpable se fit sentir dans l'arène de fortune. Les spectateurs beuglaient, impatients de voir le prochain combat.

« ALLEZ VAS Y BUTE LE MINOT !! »
« TU VAS RIEN COMPRENDRE, KEN L'INVAINCU VA T'ÉCRASER LA BOÎTE CR NIENNE ! ABANDONNE GAMIN ! »
«OH LE FOU ! IL VA FAIRE QUOI AVEC SON B TON LE NAIN DE JARDIN BAHAHAHAH ! »

Je me trouvais au centre de l'arène, je sautillais tout en m’échauffant les épaules en faisant des gestes en cercles, puis une fois fini,  je scrutai mon adversaire d'un regard perçant. En face de moi se tenait un homme grand et musclé, avec une moustache noire posé sur le haut de sa lèvre supérieure tel un anchois épais et un regard dur. Il adoptait une posture de boxeur, les poings levés devant son visage et les pieds solidement ancrés dans le sol. Je sentais monter en moi une excitation mêlée d'impatience. Malgré mon jeune âge et l'environnement inconnu, je savais d’avance que je pouvais gagner.

Les longues années d'entraînement rigoureux avec la vieille peau, ses enseignements résonnaient dans ma tête et de toute manière le prochain Roi des pirates ne pouvai pas perdre face à un homme anchois dans un vieux sous-sol tout crade. La foule bruyante hurlait le nom de mon adversaire, Ken suivi de son surnom «L'invaincu» avec une telle ferveur qu’elle en devenait presque palpable. Le célèbre combattant Ken s'avança vers moi, un sourire narquois dessiné sur ses lèvres. Il semblait certain de sa victoire, il devait sans doute me considérer comme un gamin lambda. Cependant, je restais impassible, mes yeux noirs fixant mon adversaire avec une concentration intense.

Le gong résonna subitement, il marqua le début du combat. Ken lança immédiatement l’offensive en envoyant une série de coups de poing rapides et puissants, visant à m'intimider et à mettre rapidement fin au combat. Grâce à mon agilité féline, j'esquivais les coups avec désinvolture, mon adversaire fut rapidement embarrassé par une telle facilité, mes mouvements étaient fluides et imprévisibles pour lui. Mon adversaire, frustré par l'efficacité de ses attaques, redoubla d'efforts, ses poings frappant l'air là où je me trouvais une fraction de seconde plus tôt. Je me déplaçais avec une rapidité telle que mon adversaire semblait lent et maladroit en comparaison. J'esquivais chaque coup avec une précision chirurgicale, ma vitesse et ma dextérité me rendant intouchable.

« Sale CAFARD ! Arrête de bouger et bats-toi comme un vrais bonhomme ! » grogna le boxeur, emporté par la colère et le visage rouge d'effort son front luisant de transpiration. « C’est tout ce que tu sais faire ? Shishishishi ! » m'exclamai-je en ricanant espièglement, la foule qui précédemment scandait le nom de Ken l'invaincu, commença subitement à m’encourager.

Soudainement, sans prévenir, je passai à l'offensive. Je me glissai sous un Jab de Ken, évitant son coup de poing de justesse, et je frappai mon adversaire au ventre avec une force surprenante. Ken recula, le souffle coupé, son expression passant de la confiance à la confusion. Je ne lui laissai pas le temps de se reprendre, j'enchaînai avec une série de coups rapides et précis, visant l’abdomen, plus précisément le foie de mon adversaire. Chaque coup atteignirent son buste avec une efficacité dévastatrice, Ken, complètement désorienté, ne pouvait malheureusement que subir mes assauts. Je frappais avec une maîtrise et une puissance témoignant de mes intenses années d’entraînements. Les spectateurs, d'abord bruyants et débordants d'enthousiasmes, se turent progressivement, ébahis par ma démonstration de supériorité. La scène ressemblait à un véritable spectacle devant énormément de spectateurs, chaque mouvement que je faisais semblait chorégraphié avec précision. Mon précédent coup au foie avait secoué mon adversaire, il ne tenait plus réellement bien sur ses appuis, la sueur qui dégoulinait abondement de son front en témoignait l'efficacité. Sans plus attendre je décida de mettre un terme à tout ça en lui assénant un puissant hight kick dans la mâchoire projetant l’ancien champion au fond de la cage. Le coup fut si puissant que quelques dents de mon adversaire furent projeté de sa mâchoire, Ken resta allongé sur le tatamis , haletant et incapable de se relever. Je le regardai avec une sérénité tranquille. Je savais que j'avais remporté ce combat en m’amusant.

Le silence fut brisé par une explosion d'acclamations. Le public, impressionné par ma performance, applaudissait et criait : « MINOT TES LE PLUS FORT. »

Le ventre de Natsu gargouillait bruyamment.

« Ha ha, je vois que ton estomac te parle aussi fort que moi ! Viens, petit gars, je connais un endroit où on peut se remplir la panse. »

Il l'entraîna à travers les ruelles, sous le regard intrigué des passants. Les rires de Joey et les pieds légers de Natsu résonnaient comme une mélodie étrange dans cette ville austère. Finalement, ils atteignirent une taverne aux lumières chaleureuses, où l'odeur des plats fumants les accueillit.

Le jeune Natsu, le regard émerveillé, les yeux complètement écarquillés, ne pouvait pas cacher son excitation en voyant les plats défiler devant ses petites mirettes bien rondes. Des assiettes débordantes de viandes rôties, de riz parfumé, de poissons grillés... Tout y était, comme si la table était déjà réservée pour son nouveau compagnon et lu. Il s'assit sans attendre et commença à dévorer sans aucune retenue les plats se trouvant devant lui, comme un véritable affamé qui n'avait rien mangé depuis des jours. Joey, amusé, le regardait se goinfrer tout en grignotant son propre repas.

Spoiler:

« Doucement, petit ! Ha ha, on dirait que t'as pas vu une assiette depuis des siècles ! »

Natsu leva la tête, la bouche pleine, et répondit avec un sourire enfantin.

« Je dois refaire le plein, j'ai dépensé toute mon énergie contre le grand monsieur moustachu ! Tu l'as vu ? il pensait vraiment pouvoir me coincer avec ses gros poings, mais BIIIIM je l'ai étalé shishishi.»

Joey éclata de rire, tapant sur la table avec un enthousiasme débordant.

« Eh bien, tu l'as bien remis à sa place, gamin. Mais, dis-moi, c'est quoi ton secret pour être aussi rapide et souple ? Je te jure, j'ai cru que t'allais finir par lui grimper sur les épaules pour lui tirer les oreilles ! »

Natsu avala une grande bouchée et, entre deux morceaux, lui répondit en toute simplicité.

« C'est l'entraînement ! Et puis... je dois bien devenir plus fort si je veux être le prochain Roi des pirates, pas vrai ? »

Le sourire de Joey se fit plus doux, presque nostalgique, tandis qu'il observait le jeune garçon avec une nouvelle lueur dans les yeux. Derrière son visage peint comme un gribouillage de Natsu se cachait une réelle admiration pour ce petit qui, malgré son jeune âge et sa naïveté apparente, semblait porter un grand fardeau sur ses épaules. Mais il n'insista pas davantage, préférant lui laisser le temps de savourer chaque bouchée de son festin.

« T'as raison, p'tit gars. Allez, mange ce que tu veux, c'est ma tournée. En suite, on trouvera un coin tranquille pour que tu puisses te reposer. »

La fin de journée continua ainsi, les rires de Joey et le son de la mastication de Natsu remplissaient la taverne. Pour le clown de Jade, c'était peut-être le début d'une drôle d'amitié, mais pour Natsu, c'était surtout une soirée où, pour une fois, il pouvait manger à sa faim, comme un mal propre sans que sa grand mère lui tape sur la tronche.

[b]« LA VIELLE PEAU ! » Hurla Natsu en crachant d'innombrables postillons au visage de Joey.

Prit par l'excitation du moment, le jeune garçon avait complètement oublié que sa grand mère Ayamé devait être à sa recherche. De la sueurs commença à perler de son petit front et un regard apeuré se dessina sur son visage enfantin recouvert de reste de nourriture.